jeudi 17 août 2017

Ismaël Yassin et Fernandel


إسماعيل ياسين و فرنانديل
المصدر :- مروة بدوي – روتانا

Fernandel (1903-1971)


Ismaël Yassin (1912-1972)


On trouve sur le site de la société Rotana un article intéressant qui étudie très précisément tout ce que doit Ismaël Yassin à l’acteur français Fernandel.

Le titre et le sous-titre, un peu provocateurs, sont  très sévères pour le comédien égyptien : « Ismaël Yassin a-t-il vendu une illusion à son public ? Il a construit sa célébrité sur les décombres d’un comique français. »
Il est vrai que les ressemblances sont parfois un peu troublantes et l’on peut se demander si Ismaël Yassin ne s’est pas contenté d’adapter pour le public arabe tous les procédés qui ont fait le succès de Fernandel.

Comme le remarque l’auteur au tout début de son article, il ya en premier lieu  des similitudes sur le plan physique (visage aux traits caricaturaux, grande bouche à la dentition chevaline).  A partir de là on peut imaginer qu’Ismaël  Yassin a bien étudié les films de son aîné et qu’il  s’est efforcé d’imiter son  jeu  fondé sur la grimace et l’outrance.
Fernandel, né en 1903, devient une vedette de cinéma dans les années trente.  Ismaël Yassin, né en 1912,  fait ses débuts d’acteur dans les années quarante et accède au statut de star dans les années cinquante. Ainsi, il n’est pas rare de retrouver dans les films tournés par le second des situations, des dialogues, des jeux de scène  qui apparaissaient quelques années auparavant dans  les comédies du premier.

L’auteur de l’article donne quelques exemples :
Il y a la visite médicale du film Ignace réalisé par Pierre Colombier en 1937 qui est reprise dans Ismaël Yassin dans la Marine, un film de Fateen Abdel Wahab datant de 1957.
L’emprunt est plus flagrant avec Coiffeur pour Dames de Jean Boyer en 1952  qui devient en 1960, Coiffeur pour Dames de Fateen Abdel Wahab. Avec deux scènes « comiques » quasiment  identiques : les deux héros doivent coiffer un animal.
Et enfin on peut se demander si  l’idée des deux faux frères jumeaux que l’on trouve dans Ismaël Yassin dans l’aviation tourné en 1959 par Fateen Abdel Wahab n’est pas emprunté à Raphaël le Tatoué réalisé par Christian-Jaque en 1939.
L’auteur, à qui rien n’échappe, évoque aussi la reprise du nom Don Camillo dans le film La Police Secrète de Fateen Abdel Wahab (1959), allusion évidente au Petit Monde de Don Camillo de Julien Duvivier (1952) mais dans ce cas il serait quand même excessif de parler d’un plagiat.

Heureusement, la dernière partie de l’article souligne l’originalité d’Ismaël Yassin par rapport à son modèle. Elle réside dans un éventail  plus large et plus audacieux des rôles incarnés à l’écran. Fernandel n’aurait sans doute pas accepté de se travestir comme le faisait régulièrement la star égyptienne, notamment dans Mademoiselle Hanafi de Fateen Abdel Wahab (1954).


Coiffeur pour Dames de Jean Boyer


Coiffeur pour Dames de Fateen Abdel Wahab




dimanche 13 août 2017

Rendez-vous avec Satan (Maw’id ma’ iblis, 1955)


 موعد مع إبليس
ﺇﺧﺮاﺝ: كامل التلمساني 


Rendez-vous avec Satan de Kamel El Telmissany (Maw’id ma’ iblis, 1955)
avec Zaki Rostom (le docteur Ragab Ibrahim), Mahmoud El Meleigy (le docteur Nabil/Satan), Abdel Moneim Ibrahim (Hassan, l’assistant du docteur Ragab Ibrahim), Cariman (Nadia, la fille du docteur Ragab Ibrahim), Wedad Hamdy (la servante), Abdel Ghani El Nagdi (le concierge), Soleiman El Gendy (Adel, le fils du docteur Ragab), Mounir Mourad (Mounir, le neveu du docteur Ragab), Lotfi Al Hakim (le fabricant d’appareils médicaux), Mohamed Shawki (le vendeur de bicyclettes)
Scénario : Galil El Bendary, d'après Faust de Goethe.
Musique : Mahmoud Al Sharif et Mounir Mourad + Rossini, l’Ouverture de l’opéra Guillaume Tell
Production : Films Ahmed Darwish
 
Mahmoud El Meleigy

Mounir Mourad

Zaki Rostom

Cariman et Zaki Rostom

Zaki Rostom et Mahmoud El Meleigy

Soliman El Gendy

Mounir Mourad et Cariman

Abdel Moneim Ibrahim et Zaki Rostom

Mounir Mourad, Wedad Hamdy et Mahmoud El Meleigy

Cariman et Mahmoud El Meleigy





Résumé


Le docteur Ragab Ibrahim dirige une clinique privée dans le quartier de la mosquée Hussein. Les affaires ne vont pas bien, les patients aisés se font soigner dans d’autres établissements plus réputés. Les maigres honoraires du docteur suffisent à peine à payer les charges de la clinique. Ragab vit avec sa fille Nadia, son petit garçon, Adel et son neveu Mounir qui s’est installé chez eux depuis la mort de son père. Mounir rêve de devenir chanteur et il très amoureux de sa cousine. Le médecin a perdu sa femme il y a longtemps déjà et après son travail il se consacre tout entier à ses enfants qu’il ne peut gâter comme il le souhaiterait. 
Un soir sa voiture tombe en panne sur une route isolée. Il est secouru par un certain docteur Nabil qui en réalité est Satan. La voiture redémarre et le docteur Ragab propose à son confrère de le ramener en ville. Pendant le trajet les deux hommes discutent et sympathisent. Ils promettent de se revoir. Le docteur Ragab se rend chez son nouvel ami. Ce dernier lui fait entrevoir les pouvoirs extraordinaires dont il dispose. A son tour, Nabil est reçu dans la maison de Ragab. Il fait la connaissance de toute la famille. Nadia est tout de suite attirée par la personnalité mystérieuse de leur invité. Elle ne tardera pas à avouer qu’elle est amoureuse de lui. Mais Satan ne perd pas de vue son objectif : faire signer un contrat à Ragab. Il parvient à ses fins en assurant sa victime qu’elle deviendra ainsi riche et célèbre. Dès que le médecin trop naïf a signé, Nabil révèle sa véritable identité. A partir de ce moment, tout change dans la vie du docteur : la clientèle de sa clinique ne cesse de croître, il peut offrir à son fils la bicyclette dont celui-ci rêvait depuis si longtemps, il achète une grosse voiture et il pense agrandir sa clinique. Cette réussite soudaine fait oublier au docteur à qui il la doit : lui et les siens sont enfin heureux et cela lui suffit. Pourtant, ce « bonheur » apparaît tout de suite bien fragile. Nadia, sa fille, revient traumatisée d’une soirée passée chez Nabil. Elle délire toute la nuit. Heureusement, elle se remet vite grâce à son père et à son cousin. Le coup de grâce arrive avec Adel : il tombe gravement malade et il est condamné. Ragab comprend que c’est le prix à payer pour sa fortune soudaine. Mais il ne capitule pas. Il décide de combattre Satan et grâce à Dieu, il finit par le vaincre : son fils est sauvé.


Critique

Nous avions un Faust expressionniste -le Faust de Murnau (1926)-, un Faust dans un style réaliste poétique-La Beauté du Diable de René Clair (1950)- voici le Faust patchwork égyptien.

Ce Rendez-Vous avec Satan, c’est plusieurs films en un :

C’est d’abord une chronique sociale proche du néo réalisme italien avec ce médecin généreux qui soigne les pauvres gratuitement et qui n’a pas les moyens d’offrir à son fils le vélo dont il rêve.
C’est aussi un mélodrame avec un petit enfant, gravement malade et condamné à une mort certaine, dont le père devient aveugle en luttant de toutes ses forces pour le sauver.
La comédie n’est pas non plus oubliée avec le personnage du neveu, un artiste de cabaret qui semble tout droit sorti des Branquignols de Robert Dhery
Mais bien sûr, c’est avant tout une fable fantastique avec notamment le château du Diable, décor en carton-pâte dans la grande tradition des films d’horreur de série B et un dénouement qui vire au grand-guignol en multipliant les trucages simplistes et les gros plans sur des visages grimaçants. Evidemment, tout cela n’est pas à prendre au premier degré : l’intention parodique est évidente et les nombreuses séquences chantées et dansées nous rappellent qu’il ne faut pas prendre trop au sérieux ce Rendez-vous avec Satan.
Et on termine par la touche de glamour hollywoodien avec l’actrice Cariman qui arbore tous les attributs de la pin-up pour GI’s, notamment la poitrine généreuse magnifiée par ce soutien-gorge conique en forme d’obus inventé par le milliardaire Howard Hugues pour Jane Russell. Le cinéaste, un peu espiègle, nous montre Satan le Tentateur lui-même très tenté par les charmes de Nadia, la fille du docteur incarnée par Cariman. Parmi les scènes les plus audacieuses du film, on trouve celles où la jeune femme et Satan se retrouvent dans un café au bord du Nil. Oubliant tous les autres clients de l’établissement, ils sont l’un contre l’autre, Nadia écrasant sa poitrine contre le torse de son séducteur. La première donne tous les signes de l’abandon imminent tandis que le second, frémissant de désir, contemple avec ravissement la créature qui par sa beauté et sa sensualité lui fait perdre tout contrôle de lui-même. Méphistophélès vaincu par Marguerite ?

En dépoussiérant le mythe de Faust et en mélangeant les genres et les registres, Kamel El-Telmissani a réussi à créer une œuvre unique, ne ressemblant à aucune autre. Il ne s’est pas laissé impressionner par l’ombre tétanisante de Goethe, le grand écrivain allemand du XIXe siècle dont les deux Faust constituent des œuvres majeures de la culture universelle. Contournant les références littéraires ou cinématographiques, Kamel El Telmissani a su s’approprier la légende germanique avec une totale liberté et une certaine impertinence pour nous offrir une œuvre pleine d’intelligence et d’humour. Ce Rendez-vous avec Satan constitue l’une des plus belles réussites d’un cinéaste égyptien dont la carrière a été gâchée par bien des vicissitudes.
Appréciation : 4/5
****
Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

jeudi 10 août 2017

Histoire du cinéma égyptien - Le cinéma parlant, première période (1932-1952)

تاريخ السينما المصرية


Histoire du cinéma égyptien

Le cinéma parlant, première période (1932-1952)



Chronologie  



1932
Fils à Papa (Awlad al Dhawat) de Mohamed Karim avec Youssef Wahby (qui est aussi l’auteur de la pièce de théâtre dont le film est l’adaptation) et Amina Rizk, est le premier film parlant égyptien. Les scènes parlantes ont été tournées à Paris.

Fils à papa de Mohamed Karim

Sortie de la Chanson du Cœur (Ounchoudat al Fou'ad) réalisé par Mario Volpi avec la chanteuse Nadra et l’acteur Georges Abyad. Ce film a été entièrement tourné à Paris au Studio Eclair.

Sortie du film muet Les Victimes (Al Dahaya) d’Ibrahim Lama avec Leila Mourad dont c’est la première apparition à l’écran.


1933
Sortie de la Rose Blanche (al Warda al Bayda) réalisé par Mohamed Karim avec le chanteur et compositeur Mohamed Abdel Wahab dont c’est la première apparition à l’écran. Le film a un succès considérable. Les responsables religieux d’Al-Azhar dénoncent l’immoralité de la scène dans laquelle Mohamed Abdel Wahab embrasse l’héroïne, le tarbouche sur la tête (ce couvre-chef est considéré comme le symbole de la patrie.)

La Rose Blanche de Mohamed Karim

Talaat Harb (la Banque Misr) envoie en Europe Ahmed Badrakhan pour étudier la réalisation.

Naguib al-Rihani joue dans Yaqout, un film français réalisé par Emile Rosier.


1935
Création des studios Misr. En août, début du tournage dans ces studios du premier film produit par la société Misr pour le théâtre et le cinéma. Il s’intitule Wedad, le rôle principal est confié à Oum Kalthoum et il est réalisé par le cinéaste allemand Fritz Kramp. 

Les Studios Misr

Youssef Wahby sort son premier film La Défense (al-difa), adaptation de l’une de ses pièces. Il a comme assistant Niazi Mostafa et les acteurs principaux sont Hussein Riad, Anwar Wagdi et Amina Rizq


1936
Farouk 1er devient Roi.


Traité anglo-égyptien assurant l'indépendance de l'Egypte

Sortie de Wedad de Fritz Kramp. Il représentera l’Egypte au Festival de Venise.


1937
Ahmed Badrakhan sort son premier film Le Chant de l’Espoir (Nachid al Amal) avec Oum Kalthoum.

Niazi Mostafa sort Salama dont le rôle principal est tenu par Naguib Al Rihani.


1938
Le film Lachine de Fritz Kramp est interdit le jour même de sa sortie. Le pouvoir lui reproche de s’en prendre à la personne du Roi. Le studio Misr modifie certaines scènes et le dénouement : le sultan est devenu un homme bon aimé de son peuple. Le film peut enfin sortir. 

Lachine de Fritz Kramp


1939
Sortie de La Volonté (Al Azimah) de Kamal Selim. C’est un film important car l’un des premiers à décrire la réalité sociale de l’Egypte des années trente avec la misère et le chômage. Georges Sadoul, lui si sévère à l’égard du cinéma égyptien, louera le réalisme sans concession de cette œuvre.


1940 
Première apparition à l’écran de l’actrice Faten Hamama. Elle joue le rôle d’une enfant dans le film Jour Heureux  (Yom Saïd) de Mohamed Karim. Elle a neuf ans.


1941
Sortie de la Victoire de la Jeunesse (Intisar al chabab) réalisé par Ahmed Badrakhan, une comédie musicale qui réunit Farid Al Atrache et sa sœur Asmahan.

Victoire de la Jeunesse d'Ahmed Badrakhan

Sortie de L’Usine Aux Epouses (Mazna al zawgat) de Niazi Mostafa, une comédie musicale dont toutes copies ont disparu.

Sur les 12 films sortis cette année-là, 4 ont été réalisés par Togo Mizrahi.


1942
Henry Barakat sort son premier film, le Vagabond (al Charid).

Sortie d’Aïda d’Ahmed Bardakhan avec Oum Kalthoum. Cette adaptation de l’opéra de Verdi est un échec complet.

Salah Abu Seif réalise un court-métrage intitulé Numéro 6 avec Ismaël Yassin. Le film est interdit par la censure.


1943
En novembre, création du syndicat des cinéastes professionnels.


1944
Asmahan meurt noyée avant la fin du tournage d’Amour et Vengeance (Gharam wa intiqam) de Youssef Wahby.

Amour et Vengeance de Youssef Wahby


1945
Kamal Al-Telmessani (1915-1972) écrit et réalise Le Marché Noir (al souq al sawda) qui explore le thème des profiteurs de guerre enrichis par le trafic illégal. Le message est explicitement révolutionnaire. Le film est produit par les Studios Misr. Premier grand rôle pour Imad Hamdi

Mort de Kamal Selim, le réalisateur de La Volonté. Il avait 32 ans.


1946
Cette année-là, 52 films sont réalisés et projetés dans les salles. C’est le début de l’âge d’or du cinéma égyptien.

Sortie du Procureur Général (Al Na'ib al 'amm) d’Ahmed Kamel Morsi, d’après une pièce de Schiller. La censure en avait interdit la projection car il mettait en cause le fils d’un procureur accusé de crime. Un accord avait été trouvé avec le ministère permettant l’exploitation commerciale d’une œuvre aujourd’hui considérée comme un classique.

Le Procureur Général d'Ahmed Kamel Morsi


1947
Sortie de Fatma d’Ahmed Badrakhan. C’est le dernier film dans lequel apparaît Oum Kalthoum.

Suite à des manifestations dans tout le pays, le gouvernement édicte de nouvelles ordonnances sur la censure.

Naguib Mahfouz écrit son premier scénario pour le film Le Vengeur de Salah Abou Seif.


1948
Conflit Egypte/Israël. Défaite de l'Egypte.

Malgré la situation politique et économique très difficile, sortie de 49 films.


1949
Sortie de Flirt de jeunes filles d'Anwar Wagdi, dernier film dans lequel apparaît Naguib Al-Rihani qui meurt en juin. Cette comédie est considérée comme l'un des quinze meilleurs films égyptiens de tous les temps. 

l'équipe de Flirt de Jeunes Filles. Naguib Al-Rihani est à gauche.

Les Aventures de Antar et Abla de Salah Abou Seif représentent l’Egypte au Festival de Cannes.


1950
Sortie du premier film de Youssef Chahine, Papa Amine.

Nahhas Films présente ses deux premières productions entièrement en couleur : Papa se Marie (Baba Aris) de Hussein Fawzi et la Belle (Sitt al Housn) de Niazi Mostafa

La Belle de Niazi Mostafa

1951
Le ministre des affaires sociales organise un concours afin « d’encourager les cinéastes à élever le niveau de leurs films. »

Première apparition au cinéma de Mariam Fakhr Eddine dans Nuit d'Amour (laylat gharam) d'Ahmed Badrakhan.

1952
Les lauréats du concours du ministère des affaires sociales : Ahmed Badrakhan, Faten Hamama et Hussein Riad

Déclenchement de la révolution nationale. Dans la nuit du 22 au 23 juillet 1952, un groupe de jeunes « Officiers libres » prend le pouvoir en Égypte et renverse le roi Farouk 1er. Ils installent à la tête du pays le général Naguib.

le général Naguib
 
Une année exceptionnelle pour le cinéma : sortie de 59 films.

Petit souci pour les réalisateurs qui ont tourné un film avant la chute de la monarchie et qui l'ont sorti en salle juste après : dans les scènes se passant dans un commissariat, un palais de justice ou un ministère, on voit accroché au mur, le portrait de Farouk 1er. Solution trouvée pour effacer ce qui pourrait être considéré comme un affront lès-république et le signe d'une fidélité au régime déchu : sur la pellicule, rayer au stylo noir le portrait du "tyran". Economique mais pas très joli...




Références
Egypte, 100 ans de cinéma, catalogue de l'exposition de l'I.M.A, sous la direction de Magda Wassef
Naissance et développement du cinéma égyptien (1922-1970) de Samir Farid
Dictionnaire des cinéastes africains de long métrage de Roy Armes
Site elcinema
Site Alex cinema



mardi 8 août 2017

A la télé : le film du jour (Rotana Classic du 8 au 21 août)

روتانا كلاسيك

 Ma sélection personnelle parmi les films diffusés par la chaîne Rotana Classic. Les horaires donnés sont ceux de l'après-midi ou de la soirée (heure de Paris). La plupart des films sont ensuite rediffusés le lendemain matin.


Lundi 21 août à 23h

Les Fleurs Charmantes de Gamal Madkoor (El zuhur el fatina, 1952)

avec Taheya Carioca, Faten Hamama, Chukry Sarhan, Ferdoos Mohamed, Hussein Riad, Farid Shawki 


Deux sœurs vivent avec leur mère. Les trois femmes mènent une existence misérable depuis la mort du père. Pour s’en sortir Ratiba, l’ainée, décide de devenir danseuse tandis que Karima, la cadette, travaille comme infirmière et s’occupe de leur mère. ..


Dimanche 20 août à 23h

La Folie de l’Amour de Mohamed Karim (Gounoun al hob, 1954)
avec Raqiya Ibrahim, Anwar Wagdi, Imad Hamdi, Suleiman Naguib, Abdel Waress Assar, Ferdoos Mohamed


Drame. Nadia et Soheir sont deux sœurs. Leurs parents manifestent une affection beaucoup plus grande pour la première que pour la seconde. Soheir finit par croire que le monde entier la déteste. Les garçons qui la courtisent se détournent d’elle dès qu’ils font la connaissance de Nadia. Le conflit entre les deux sœurs devient une véritable guerre. A la mort de leurs parents, Soheir n'a de cesse de tyranniser Nadia qui ne sait comment se défendre…


Samedi 19 août à 23h

La Fin du Chemin de Kamal Attiya (Nihâyat al tariq, 1960)
avec Hoda Soltan, Rushdy Abaza, Tawkik El Deken, Wedad Hamdy, Abbas Fares, Omar el Hariri
Scénario et dialogues : Kamal Hafnawi
appréciation : 4/5


Drame. Sharbat, une jeune femme d’origine modeste vit seule avec sa mère dans un petit appartement. Elle est tombée amoureuse d’Hussein, un jeune ouvrier qui réside dans le même immeuble que le sien. Elle multiplie les occasions de rencontres et parvient à s’introduire dans le logement de son bien aimé. Celui-ci cède aux avances réitérées de Sharbat. Ils se marient. Au début, l’entente entre les deux jeunes mariés est totale. Fathi, un jeune étudiant riche, tourne autour de la jeune femme. Il n’hésite pas à venir la voir chez elle quand Hussein est à l’usine mais Sharbat reste insensible à ses propositions. Avec son mari, elle est heureuse, d’autant plus que celui-ci a repris des études à l’université : il veut devenir avocat...

Vendredi 18 août à 19h30

Héros jusqu'au bout de Houssam Al Din Mustafa (Batal lil Nihaya (1963)
avec Lotfy Abdel Hamid Farid Shawki, Laila Taher, Mahmoud El-Meleigy, Tawfik El Deken
Scénario et dialogues : Ali El-Zorkani


Thriller. On suit d’abord  Hafez, un homme qui  s’occupe activement d’un orphelinat à Alexandrie.  On découvre ensuite qu’un gang sévit en ville : il s’est spécialisé dans le kidnapping des enfants de familles fortunés. En fait,  le chef de la bande n’est autre qu’Hafez.  La police retrouve sa piste. La situation du criminel devient très délicate d’autant plus qu’il doit en même temps combattre son principal rival…


 Jeudi 17 août à 17h

La Lumière de la Nuit de Raymond Nassour (Nour El Liel, 1959) 
avec Mariam Fakhr Eddine, Ahmed Mazhar, Salah Zulficar, Ragaa El Geddawy, Kamal Hussein
Scénario et dialogues : Youssef Gohar


Mélodrame. Un pilote d’avion fréquente régulièrement une bibliothèque. Il est très attiré par l’une des employées de l’établissement. Cette jeune femme est aussi secrètement amoureuse du pilote mais ni l’un ni l’autre n’ose se déclarer. En revanche, la cousine du garçon a compris  ce qui unissait les deux jeunes gens et elle fait tout pour les séparer. Elle parvient à convaincre son cousin que l’élue de son cœur aime un autre homme.  Celui-ci  part à la guerre où il est gravement blessé. Il a perdu la vue…


Mercredi 16 août à 19h30

Le Marché Noir de Kamel El Telmissany (Al-Souq Al-Sawdaa, 1945)

avec Imad Hamdi, Aqila Ratib, Zaki Rostom 
figure dans la liste des 100 films les plus importants de l'histoire du cinéma égyptien


Classique. Nous sommes au Caire durant la seconde guerre mondiale. Hamid et Nageh doivent se marier. Mais le bonheur semble définitivement s’éloigner des deux amoureux quand ils apprennent que le père de Nageh s’est lancé dans le marché noir. Hamid s’oppose au vieil homme…
Considéré comme l'un des premiers films politiques du cinéma égyptien. Il a été réalisé en 1943 mais à cause de la censure du roi Farouk et des Anglais, il ne sortira en salle que deux ans plus tard. Le film dénonce ceux qui profitent de la guerre pour spéculer sur les produits de première nécessité.


Mardi 15 août à 19h30

Le Rivage de la Gaieté de Hossam El Din Motafa (Chatei el Marah, 1967)
avec Nagat El Saghera, Hassan Youssef, Youssef Fakhr El Din, Samia Shokri, Samir Ghanem, George Sedhom
Scénario et dialogues : Abdel Fattah El Sayed
Musique : Mohamed Abdel Wahab


Comédie musicale. Un professeur laisse ses deux grandes filles partir seules en vacances au bord de la mer. Craignant pour elles, il demande au fils de son meilleur ami de les accompagner pour les surveiller discrètement. Mais celui-ci tombe amoureux de Norah , l’une des deux filles. L’amour est réciproque jusqu’au jour où les deux soeurs découvrent la raison de la présence du garçon auprès d’elles.  Norah décide de se venger…


Dimanche 13 août à 19h30 

Salama va bien de Niazi Mostafa (Salama fi Kheir, 1937)
 avec Naguib al Rihani, Raqiya Ibrahim, Rawhiyya Khaled
figure dans la liste des 100 films les plus importants de l'histoire du cinéma égyptien


Comédie. Salama, employé dans un grand magasin de tissus, doit porter à la banque une grosse somme d’argent. Celle-ci étant fermée, il décide de passer la nuit dans le luxueux Nefretiti Palace Hotel pour protéger son trésor d’éventuels voleurs. Les problèmes surviennent lorsqu’à la suite d’un quiproquo il est pris pour le richissime Prince Kindahar du Bloudestan.


Samedi 12 août à 23h

Viens saluer d’Helmy Rafla (Taala salim, 1951)
avec Farid Al Atrache, Samia Gamal, Ismaël Yassin, Abd El Fatah El Kosary, Farid Shawki, Abdel Salam Al Nabulsi
Scénario et dialogues : Aboul Seoud Al Ebiary
Musique : Farid Al Atrache


Comédie musicale. Meshmesh est un chanteur pauvre qui travaille comme serveur dans un night-club. Il est amoureux de Sokara, la danseuse vedette de l’établissement qui est aussi la fille du directeur.  Meshmesh n’ aucun espoir d’épouser l’élue de son cœur jusqu’au jour où il hérite de son oncle très fortuné. ..


Vendredi 11 août à 19h30

Rendez-vous avec Satan de Kamel El Telmissany (Maw’id ma’ iblis, 1955)
avec Zaki Rostom, Mahmoud El Meleigy, Abdel Moneim Ibrahim, Cariman
Scénario : Galil El Bendary, d'après Faust de Goethe.


Fantastique. Un médecin dirige une clinique au Caire. Les affaires ne sont pas très bonnes. Un jour, un collègue nommé Nabil se présente à lui. Il lui propose de l’aider à soigner ses malades. En fait, ce Nabil est Satan en personne…



Jeudi 10 août à 19h30

Le Millionnaire Amoureux d'Atef Salem (Gharam el milioner, 1957)
avec Samia Gamal, Kamal El Shennawi, Said Abu Bakr, Thuraya Fakhry, Laila Hamdy, Abdel Moneim Ibrahim
Scénario et dialogues : Elsayed Bedir
Musique : Kamal Al Tawil


Comédie musicale. Salwa est la vedette d’une compagnie de danse qui connaît un succès grandissant. Une rumeur se répand selon laquelle Salwa aurait une liaison avec  un millionnaire. Le directeur de la troupe est bien décidé à tirer parti de cette « information ».


Mercredi 9 août à 17h

Leila, Fille de la Plage d'Hussein Fawzi  (Laila bent el shateaa, 1959)
avec Leila Fawzi, Abbas Fares, Mohamed Fawzi, Fayza Ahmed, Anwar Mohamed, Wedad Hamdy, Kamal Hussein
appréciation : 2/5


 Mohsin Ahmed travaille comme pêcheur sur un bateau appartenant au vieux Aweys. Il est amoureux de la fille de son patron tandis que son meilleur ami Karmouti fréquente Narguis, la femme de chambre de celle-ci. Le soir, Mohsin chante dans un café du village. Son talent a fait de lui une personnalité très populaire.
Un jour apparaît dans cette petite communauté de pêcheurs, le jeune Attia, fils de Maître Abu Saïd, un ancien collègue du vieux Aweys. Ce dernier l’accueille chaleureusement. Attia est arrivé avec des projets bien précis : prendre la direction des affaires d’Aweys et épouser Leila. Ce qu’il n’a pas dit à l’ami de son père, c’est qu’il travaille pour un gang dirigé par Maître Hassouna. Son intention est d’utiliser le bateau pour convoyer de la drogue...

 
Mardi 8 août à 19h30 

Filles d'aujourd'hui d'Henry Barakat (Banat Al Youm, 1956)
avec Ahmed Ramzy, Abdel Halim Hafez, Magda Al Sabahi, Serag Mounir, Cariman, Thuraya Fakhry
Scénario : Henry Barakat et Youssef Issa
Musique : Mohamed Abdel Wahab


Comédie musicale. Khaled flirte avec Layla mais progressivement il se sent attiré par Salwa, la sœur cadette de celle-ci. Dans le même temps, le jeune homme découvre que Fathy, son meilleur ami, est aussi tombé amoureux de Salwa.



lundi 7 août 2017

Tawhida (1976)

توحيده
إخراج : حسام الدي مصطفى


Houssam Al-Din Mustafa a réalisé Tawhida en 1976.
Distribution : Magda El Khatib (Tawhida), Nour Al-Sherif (Hussein), Rushdy Abaza (Saïd Bey), Sanaa Gamil (la mère de Tawhida), Hussein Abdel Fattah (le fils de Tawhida), Farid Shawki (le père d’Hussein), Farouk Youssef (l’ami d’Hussein), Amira (Hasnah) 
Scénario de Naguib Mahfouz d'après la pièce de théâtre Fanny (1931) du dramaturge et cinéaste français Marcel Pagnol 
Musique : Mohamed Noah
Magda El Khatib

Nour Al-Sherif

Magda El-Khatib

Rushdy Abaza

Sanaa Gamil

Nour Al-Sherif et Magda El-Khatib

Nour Al-Sherif et Magda El-Khatib

Hussein Abdel Fattah

Rushdy Abaza et Magda El-Khatib

Nour Al-Sherif et Magda El-Khatib

Farouk Youssef et Nour Al-Sherif

Nour Al-Sherif et Farid Shawki

Amira et Magda El-Khatib


Résumé

Tawhida et Hussein résident à Alexandrie, ils s’aiment et souhaiteraient se marier. Malheureusement, Hussein n’a pas un sou. Il décide de partir à l’étranger pour travailler. Il espère ainsi devenir riche ce qui lui permettrait d’épouser Tawhida. La veille de son départ, ils font l’amour. Avec son meilleur ami, Hussein embarque sur l’ Achille Lauro (paquebot resté célèbre en raison du détournement dont il fut l’objet en 1985). Quelque temps après, Tawhida a un malaise alors qu’elle est en grande conversation avec le père d’Hussein : on découvre qu'elle est enceinte. La mère de la jeune femme est atterrée. Un ami, Saïd Bey,  propose d’épouser la future maman. C’est un homme d’âge mûr, fortuné et d’une grande gentillesse. Tawhida accepte la proposition. Les années passent. Tawhida est heureuse : elle mène une vie aisée et consacre tout son temps à l’éducation de son fils. Mais un jour, Hussein reparaît. Il tente de reprendre contact avec celle qu’il a toujours aimée.  Celle-ci  accepte de le recevoir chez elle mais rejette toute idée d’abandonner Saïd Bey pour reprendre la vie avec lui, même si ses sentiments n’ont pas changé. Hussein découvre l’existence de leur enfant. Il veut le récupérer  et le ton monte entre les deux ex-amants. Entrent dans la maison les parents de Tawhida puis Saïd Bey. La situation devient très délicate. Malgré l’amour qu’il porte à son épouse et l’affection toute paternelle qu’il éprouve pour le jeune garçon, Saïd Bey décide de se retirer. Hussein  pourra vivre avec  son fils et la mère de celui-ci.
L'année précédente, en 1975, la même pièce de théâtre de Marcel Pagnol avait fait l'objet d'une adaptation sous le titre Mélodie dans ma vie. Elle était signée Henry Barakat et le rôle principal était tenu par Farid Al Atrache. Signalons que la première adaptation arabe de cette oeuvre de Pagnol est un film libano-égyptien de 1967, Un Homme sur le Chemin (Fil Tariq Rajul), réalisé par Saïd Tatawi avec l'actrice libanaise Randa.



Critique 

Pour ce film, nous trouvons à la réalisation Houssam El-Din Mustafa et au scénario, Naguib Mahfouz. Le premier est un spécialiste du film d’action et l’un des représentants les plus prolifiques du cinéma populaire. Le second est l’emblème de la littérature égyptienne, prix Nobel de littérature. Cette association qui put sembler contre-nature a fonctionné pendant une vingtaine d’années et nous a donné des films très divers. Parfois ce sont des adaptations des œuvres romanesques de Naguib Mahfouz ; d'autres fois ce sont des scénarios originaux conçus par l’écrivain pour le cinéaste. Avec Tawhida, nous sommes devant un troisième cas de figure : Naguib Mahfouz adaptant l’oeuvre littéraire d’un autre écrivain pour Houssam El Din Mustafa. 
Des critiques se sont désolés de cette union entre un écrivain prestigieux et un réalisateur pour le moins inégal (franchement médiocres diront certains), la considérant comme le mariage de la carpe et du lapin. Pourtant on doit à ce partenariat de belles réussites comme La Quête en 1964, avec Rushdi Abaza et Shadia et comme ce Tawhida en 1976. 

L’œuvre de Marcel Pagnol fut souvent adaptée par les cinéastes égyptiens et tout particulièrement, comme nous le rappelions plus haut, les deux premières parties de sa trilogie marseillaise. 
L’auteur provençal écrit Marius (1929) et Fanny (1931) pour le théâtre mais peu après leur création, ces pièces font l’objet d’une adaptation cinématographique, à chaque fois sur un scénario de l’auteur. Marius est réalisé en 1931 par Alexander Korda et Fanny en 1932 par Marc Allégret. Pour écrire son propre scénario, Naguib Mahfouz a réuni les deux drames de Pagnol mais en privilégiant le second, d’une plus grande intensité narrative que le premier. 

Si l’on compare le film d'Houssam Al Din Mustafa à la version tournée l’année précédente par Henri Barakat avec Farid Al Atrache, on voit combien il lui est en tous points supérieur. En effet, avec Mélodie dans ma vie, Henri Barakat s’est servi de l'histoire du dramaturge français pour réaliser un mélodrame conventionnel, laborieux et excessivement figé. Mais sans doute, a-t-il été embarrassé par la santé vacillante de son acteur principal ( Ce film sera le dernier de Farid Al Atrache). 
Naguib Mahfouz et Houssam Al Din Mustafa, eux, ont tout misé sur le mouvement, la couleur et la lumière naturelle. 
Tawhida est une œuvre méditerranéenne, plus grecque qu’égyptienne ; il est vrai que nous sommes à Alexandrie ! La mer est donc omniprésente : à la fois cadre et thème central. Les scènes où les deux héros se retrouvent pour leurs colloques amoureux face à la mer agitée sont parmi les épisodes plus mémorables du film. Tout naturellement, Ibrahim Saleh, le directeur de la photographie magnifie la couleur bleue qu’il sature à plaisir : le bleu du ciel et de la mer, le bleu du vélo de Magda El Khatib, le bleu des murs et des façades. 
Le cinéaste et son scénariste ont dégraissé le mélodrame de Pagnol, lui insufflant un rythme nerveux, sans temps morts ni longueurs. Ainsi, ils lui donnent une fraîcheur et une vigueur qui, avouons-le, faisaient défaut aux films de Korda et d'Allégret. On pourrait avancer, sans attenter au génie de Marcel Pagnol, que Naguib Mahfouz et Houssam Al Di Mostafa ont « corrigé » le caractère théâtral (dans le sens péjoratif du terme) et un peu suranné de Marius et de Fanny pour adopter une esthétique résolument cinématographique (situation paradoxale quand on connaît le goût prononcé des cinéastes égyptiens pour les scènes statiques et bavardes.). Les deux artistes ont réussi ce tour de force de suivre scrupuleusement la trame des deux pièces de l’auteur français tout en parvenant à faire un film très personnel qui ne doit rien aux adaptations précédentes. 
Enfin, l’interprétation d’une grande qualité dans son ensemble est néanmoins dominée par Magda El Khatib. L’actrice est au zénith de sa beauté et de son talent. Chaque plan est comme une déclaration d’amour du cinéaste à sa vedette féminine (qui rappelle à maintes reprises Sophia Loren au début de sa carrière), ce qui nous vaut des scènes d’une très grande sensualité, comme celle qui ouvre le film. Magda El Khatib fut l’une des plus douées et des plus belles actrices égyptiennes, aussi à l’aise dans le drame que dans la comédie. Ce Tawhida en est une illustration éclatante. 

Appréciation : 4/5
****
Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin