vendredi 28 février 2025

La Femme de mon Mari (Emra'at Zawgy, 1970)

امرأة زوجي
إخراج: محمود ذو الفقار


Mahmoud Zulficar a réalisé La Femme de Mon Mari en 1970.
Distribution : Salah Zulficar (Adel), Nelly (Samia), Naglaa Fathy (Wafaa), Hassan Mostafa (Mamdouh), Mimi Gamal (Nani), Hussein Ismael (le père de Wafaa), Anwar Madkour (le médecin), Mokhtar El Sayed (le serveur), Layla Yousry (la bonne)
Scénario : Abou El Seoud El Ebiary
Musique : Ted Heath (Hot Summer Night), Marty Gold (How High the Moon), Mounir Mourad
Paroles des chansons : Fathy Koura
Production : Naguib Khoury

Nelly et Mimi Gamal



Salah Zulficar et Layla Yousri





Nelly et Salah Yousri





Hassan Mostafa et Salah Zulficar





Nagla Fathy et Salah Zulficar





Résumé

Cela fait trois ans que Samia mène une vie heureuse avec Adel, un pilote de ligne. Un jour, son amie Wafa se présente à son domicile : celle-ci vient de quitter Alexandrie pour des raisons professionnelles et elle est à la recherche d’un logement. En attendant d’en trouver un, Samia lui propose de s’installer chez elle. Peu après, Samia subit un examen médical et apprend que son cœur est très malade. Il ne lui reste que quelques mois à vivre. Elle n’en parle pas à son mari mais elle décide de faire chambre à part. Puis elle entreprend de trouver une remplaçante auprès d’Adel et son choix se porte tout naturellement sur Wafa. Elle va tout faire pour rapprocher son amie d’Adel. Pour cela, elle peut compter sur le soutien de Mamdouh qui est son cousin et le collègue de son mari. Elle prétend que son état la contraint de rester au lit pour laisser Wafa et Adel sortir seuls des journées et des soirées entières. Evidemment, ils finissent par tomber amoureux l’un de l’autre. Wafa ne supporte pas la situation et elle décide de quitter ses amis pour s’installer dans un appartement. Adel ne lui cache pas sa déception de la voir partir. Il l’accompagne dans son nouveau logement et c’est là qu’ils échangent leur premier baiser. Au même moment, Samia apprend qu’elle avait reçu par erreur des résultats d’examen qui concernaient un autre patient. En réalité, elle se porte à merveille. Désormais, Samia n’ a plus qu’une idée en tête : récupérer son mari. Elle met sa robe la plus sexy et au retour d’Adel, elle parvient sans mal à le séduire. Mais son mari lui annonce qu’il doit au plus vite partir car il est attendu à l’aéroport. Pour le garder près d’elle toute la nuit, Samia lui sert un thé dans lequel elle a versé un puissant somnifère. Le lendemain matin, Adel est aux quatre cents coups : son patron est furieux et surtout leur femme de ménage lui apprend que c’est Samia qui est la cause de son endormissement de la veille. Cette fois-ci, la séparation entre les deux époux est consommée. Adel peut désormais publiquement s’afficher avec Wafa tandis que Samia prétend être fiancée avec son cousin Mamdouh. La situation se complique quand Samia informe tout le monde qu’elle est enceinte. Bien qu’amoureux de Wafa, Adel est constamment préoccupé par la venue prochaine de son enfant. A tel point que sa nouvelle compagne finit par s’en inquiéter. Retournement de situation : en fait, Samia n’est pas enceinte. Elle a menti. Elle décide enfin de se confesser devant tout le monde : c’est parce qu’elle croyait que ses jours étaient comptés qu’elle avait poussé Adel et Wafa dans les bras l’un de l’autre. Elle aimait trop son mari pour envisager qu’il soit malheureux après son décès. Cet aveu bouleverse Adel qui décide de retourner auprès de sa femme.


Critique

C’est le dernier film de Mahmoud Zulficar (Il meurt le 22 mai 1970 à l’âge de 58 ans.). Pour cette comédie romantique, il a réuni autour de son frère Salah, deux jeunes actrices à l’aube d’une grande carrière, Naglaa Fathy et Nelly. L’année précédente, il avait déjà fait jouer celles-ci ensemble dans « Les Secrets des Filles » qui était, il faut bien l’avouer, l’un de ses plus mauvais films. « La Femme de mon Mari » est bien plus réussi. Il y a certes quelques longueurs (les scènes de disputes qui suivent la consultation chez le médecin sont un peu répétitives.) et le mélange des genres ne fonctionne pas toujours. Il n’empêche que les acteurs sont formidables et qu’on a plaisir à suivre les tribulations de ce singulier trio amoureux. La vedette du film est incontestablement Nelly qui nous enchante par son entrain et sa sensualité (sa danse en costumes constitue l’un des atouts de cette comédie). Et puis, Mimi Gamal est irrésistible en bonne copine qui ne rate jamais une occasion pour pourrir la vie de ses amies. Les censeurs se sont émus que dans les premières minutes du film, les deux jeunes époux échangent un nombre incalculable de baisers. C’est sans doute pour cette raison que nous apprécions tout particulièrement cette séquence initiale.

Appréciation : 3/5
***

dimanche 16 février 2025

A la télé : les films du jour (Rotana Classic du 16 au 28 février)

روتانا كلاسيك

Quels films peut-on voir sur la chaîne Rotana Classic ? Les horaires donnés sont ceux de l'après-midi ou de la soirée (heure de Paris). La plupart des films sont ensuite rediffusés le lendemain matin.
Rotana Classic a remplacé Rotana Zaman en 2012. Cette chaine fait partie du groupe Rotana basé en Arabie Saoudite et spécialisé dans le divertissement (télévision et musique). Celui-ci a été créé par le prince Al-Walid ben Talal ben Abdelaziz Al Saoud, membre de la dynastie Al Saoud et petit-fils du fondateur de l'Arabie Saoudite. Comme son nom l’indique, Rotana Classic diffuse essentiellement les grands classiques du cinéma égyptien. Disponible en France.


Vendredi 28 février à 22h

L’Amour en Prison de Mohamed Fadel (Hob Fel Zenzana, 1983)
avec Soad Hosny (Fayza Hassan), Adel Imam (Saleh), Yehia El Fakharany (Farouk, le faux-monnayeur), Gamil Rateb (Al Shirnwabi, l’homme d’affaires), Abdel Moneim Madbouly (le second d’Al Shirnwabi), Ali Al Sharif (un tueur à gages), Mohamed Ahmed Almasry (Shamshon, un prisonnier), Mohamed Kamel (Tawfiq, un des prisonnier), Samy Maghawry (Docteur Sami, le frère de Fayza), Naima El Sagheir (la gardienne de prison), Mohamed Shawky (le marchand de cuir), Badr Nofal (le gardien de la prison), Ahmed Al Badry (un inspecteur de police), Mahmoud Masoud (Houssam Ali), Mohammad Farid (l’agent d’entretien de la prison), Magda Zaki (la femme de Farouk)
Scénario : Mohamed Fadel et Ibrahim El Mougi
Musique : Ammar El Sheraie
Production : Wasif Fayez


Al Shirnawabi est un homme d’affaires sans scrupule. Il importe à très bas prix des denrées alimentaires impropres à la consommation humaine et il les revend sur le marché égyptien comme des produits parfaitement comestibles. Il vient d’acheter un vieil immeuble dans le but de le détruire afin de réaliser une opération immobilière. La présence de locataires met à mal son projet. Il prend alors une décision radicale : il fait incendier le bâtiment. Le résultat est à la hauteur de ses espérances : les locataires ont disparu et ce qui était leur logement n’est plus qu’un amas de cendres. Pour éloigner les soupçons de la police concernant le rôle d’Al Shirnwabi dans ce drame, son bras droit entre en contact avec Saleh, un résident de l’immeuble. Il lui demande de prétendre que c’est lui l’incendiaire et en échange on lui offrira un luxueux appartement. L’assistant de l’homme d’affaire est formel : il écopera au plus d’une peine de trois mois d’emprisonnement. Saleh se laisse convaincre. Malheureusement, au procès, les choses ne se passent pas comme prévu. Il est condamné à dix ans de détention. Ses protestations n’y font rien, il devra purger sa peine. Il se retrouve dans une cellule qu’il partage avec deux autres condamnés. Entre eux la bonne entente est immédiate. Saleh découvre que leur centre pénitencier fait face à celui des femmes. A heures fixes, les prisonniers et leurs consœurs de l’autre bâtiment se pressent devant les fenêtres pour tenter de communiquer entre eux. C’est ainsi que Saleh aperçoit une femme un peu à l’écart coiffée d’un foulard vert. Il en tombe aussitôt amoureux.

Notre avis : Dans les années soixante, de nombreuses comédies évoquent de manière pittoresque le monde de la prison. Dans ce film des années quatre-vingt, la description se veut beaucoup plus réaliste même si les conditions de détention du héros sont adoucies par l’amitié avec ses codétenus et l’amour avec une femme incarcérée dans la prison d’en face. Mohamed Fadel a fait sa carrière essentiellement à la télévision. Dans les années quatre-vingt, il ne réalise que deux films pour le cinéma dont celui-ci. On pouvait craindre le pire mais contre toute attente le film est d’une qualité tout à fait honorable. Mohamed Fadel a su restituer avec justesse et empathie le petit monde de la prison. Evidemment l’intérêt principal du film repose sur le couple formé par Adel Imam et Soad Hosny. Les deux stars sont parvenues à incarner magnifiquement ces deux êtres maltraités par la vie mais rendus plus fort par l’amour fou qui les unit. Cette comédie dramatique dénonce aussi la corruption sans bornes des puissants, notamment à travers le personnage de l’homme d’affaires joué avec une jubilation évidente par Gamil Rateb, magistralement odieux.


Jeudi 27 février à 22h

Monsieur Omar de Niazi Mostafa (Si Omar, 1941)
avec Zouzou Chakib (Lola, la sœur d’Omar), Naguib Al Rihani (Gaber/Omar), Mohamed Kamal El Masry (Gamil Bey, l’oncle d’Omar), Abd El Fatah El Kosary (Abdul Majid Sattour, le complice de Berlanta), Mimi Chakib (Berlanta), Stefan Rosti (l’avocat), Serag Mounir (le cousin d’Omar), Eglal Zaki (la chanteuse), Ali Kamal (l’employé indélicat), Mary Moneib (la tante d’Omar), Victoria Hobeika (la mère d’Omar), Abdel Aziz Khalil (le directeur de la pension), Abdel Aziz El Gahely (le vieux serviteur), Ali Abd El Al (le commerçant), Ahmed Shoukry (l’astrologue indien), Abdel Aziz Al Ahmed (Kawara, le voleur de rue), Eskandar Menassa (le traducteur de l’astrologue)
Scénario : Naguib Al Rihani et de Badie Khairy d’après la pièce du premier Si j’étais beau (1938). L'épisode du collier volé semble inspiré du film américain The Desire réalisé en 1936 par Frank Borzage avec Marlène Dietrich et Gary Cooper.
Musique : Mohamed Hassan Al Shugai, Riad Al Sonbati, Badyah Sadek, Ibrahim Hussein, Mohamed El-Kahlawy
appréciation : 3/5


Gaber est un modeste employé travaillant dans l’exploitation agricole du très puissant Omar Al Alfy. Un jour il découvre dans les comptes du domaine de nombreuses irrégularités. Il en informe la direction. On le licencie aussitôt. Gaber décide de monter au Caire pour trouver du travail. Dans le train il se retrouve en compagnie d’une jeune femme très séduisante et d’un homme à la mine patibulaire. Ce dernier est un chef de gang du nom d’Abdel Majid Satour. Il est recherché par la police et pour échapper à l’arrestation en gare du Caire, il glisse un collier de très grande valeur dans la poche de Gaber. La jeune femme a surpris la manœuvre du voleur. En descendant du train, Abdel Majid Satour est intercepté par la police. La jeune femme en profite pour entraîner chez elle Gaber afin de récupérer le collier. Elle parvient à faire croire au pauvre employé qu’elle est la propriétaire de ce bijou et qu’elle pourrait très bien le dénoncer pour ce vol. Gaber la supplie de n’en rien faire. Cette femme qui se prénomme Berlanta est à la fois amusée et intriguée par sa « victime ». Elle est amusée par sa naïveté mais aussi intriguée par sa ressemblance frappante avec le milliardaire Omar Al Alfy dont elle prétend être l’épouse mais qui vit depuis plus de vingt en Inde. Elle est bien décidée à exploiter cette similitude. En attendant, Gaber se retrouve à la rue, ne sachant où dormir, et c’est la malchance qui le poursuit impitoyablement : il tombe entre les griffes d’un voleur qui le dépouille de tout ce qu’il possède, puis il se retrouve nez à nez avec Abdel Majid Satour. Ce dernier est très heureux de cette rencontre : il a cherché Gaber dans tous les hôtels de la ville afin de récupérer son collier. Quand Satour comprend que Gaber ne l’a plus, il décide de le séquestrer dans son repaire. Il va même le forcer à devenir un voleur comme lui. Un jour, Gaber voit par la fenêtre Berlanta monter dans une voiture. Avec Satour, il décide de la suivre. C’est ainsi qu’ils se retrouvent devant le palais de la famille d’Omar Al Alfy. Les domestiques qui les reçoivent sont convaincus d’être en présence de leur maître de retour après une si longue absence…

Notre avis : Si Omar est la deuxième collaboration entre Naguib Al Rihani et Niazi Mostafa. La première était Salama fi Khair (Salama va bien, 1937) qui figure dans la liste des cent meilleurs films de l’histoire du cinéma égyptien. Cette comédie se compose de deux parties aux styles très différents. Dans la première heure du film, on assiste à l’arrivée de Gaber au Caire après son renvoi. Il tombe sous la coupe du terrible Abd Al Majid Satour et progressivement devient son complice. Le réalisateur a fait ses études cinématographiques en Allemagne et l’influence de certains cinéastes européens est évidente dans la manière d’évoquer le petit peuple, honnête ou pas, de la capitale égyptienne. Les scènes se déroulant dans le repaire d’Abd Al Majir Satour rappellent aussi bien le réalisme poétique français que l’expressionnisme allemand. La seconde partie, moins originale que la précédente, se passe dans un lieu unique : Gaber et son mentor s’installent dans l’hôtel particulier de la famille de Si Omar. Nous retrouvons l’atmosphère des comédies conventionnelles se déroulant dans un milieu aisé avec domestiques, jeunes femmes élégantes et messieurs en smoking. Le tout est un peu théâtral mais le talent du grand acteur Naguib Al Rihani nous fait bien vite oublier ce petit défaut.


Mercredi 26 février à 14h

La Femme de mon Mari de Mahmoud Zulficar (Emra'at Zawgy, 1970)
avec Salah Zulficar (Adel), Nelly (Samia), Naglaa Fathy (Wafaa), Hassan Mostafa (Mamdouh), Mimi Gamal (Nani), Hussein Ismael (le père de Wafaa), Anwar Madkour (le médecin), Mokhtar El Sayed (le serveur), Layla Yousry (la bonne)
Scénario : Abou El Seoud El Ebiary
Musique : Ted Heath (Hot Summer Night), Marty Gold (How High the Moon), Mounir Mourad
Paroles des chansons : Fathy Koura
Production : Naguib Khoury


Cela fait trois ans que Samia mène une vie heureuse avec Adel, un pilote de ligne. Un jour, son amie Wafa se présente à son domicile : celle-ci vient de quitter Alexandrie pour des raisons professionnelles et elle est à la recherche d’un logement. En attendant d’en trouver un, Samia lui propose de s’installer chez elle. Peu après, Samia subit un examen médical et apprend que son cœur est très malade. Il ne lui reste que quelques mois à vivre. Elle n’en parle pas à son mari mais elle décide de faire chambre à part. Puis elle entreprend de trouver une remplaçante auprès d’Adel et son choix se porte tout naturellement sur Wafa. Elle va tout faire pour rapprocher son amie d’Adel. Pour cela, elle peut compter sur le soutien de Mamdouh qui est son cousin et le collègue de son mari. Elle prétend que son état la contraint de rester au lit pour laisser Wafa et Adel sortir seuls des journées et des soirées entières...

Notre avis : c’est le dernier film de Mahmoud Zulficar (Il meurt le 22 mai 1970 à l’âge de 58 ans.). Pour cette comédie romantique, il a réuni autour de son frère Salah, deux jeunes actrices à l’aube d’une grande carrière, Naglaa Fathy et Nelly. L’année précédente, il avait déjà fait jouer celles-ci ensemble dans « Les Secrets des Filles » qui était, il faut bien l’avouer, l’un de ses plus mauvais films. « La Femme de mon Mari » est bien plus réussi. Il y a certes quelques longueurs (les scènes de disputes qui suivent la consultation chez le médecin sont un peu répétitives.) et le mélange des genres ne fonctionne pas toujours. Il n’empêche que les acteurs sont formidables et qu’on a plaisir à suivre les tribulations de ce singulier trio amoureux. La vedette du film est incontestablement Nelly qui nous enchante par son entrain et sa sensualité (sa danse en costumes constitue l’un des atouts de cette comédie). Et puis, Mimi Gamal est irrésistible en bonne copine qui ne rate jamais une occasion pour pourrir la vie de ses amies. Les censeurs se sont émus que dans les premières minutes du film, les deux jeunes époux échangent un nombre incalculable de baisers. C’est sans doute pour cette raison que nous apprécions tout particulièrement cette séquence initiale.


Mardi 25 février à 22h

Le Voyage sur la Lune d'Hamada Abdel Wahab (Rehla Ela Al Qamar, 1959)
avec Ismaël Yassin (Ismaïl, le chauffeur du minibus), Rushdy Abaza (l’ingénieur Ahmed Roshdy), Safia Tharwat (Stella), Edmond Tuema (Monsieur Charvin), Ibrahim Younes (Monsieur Cosmo), Soad Tharwat (Tula), Gihan (Dana), Hassan Ismaïl (Farid)
Scénario : Hamada Abdel Wahab
Production : Delta Film Productions (Hamada Abdel Wahab)


Monsieur Charvin a terminé la construction de sa fusée. Tout est prêt pour ce grand voyage vers la Lune dont il rêve depuis si longtemps. Il compte bien être le premier homme à s’y poser et à l’explorer. Apprenant l’imminence du décollage de la fusée, l’ingénieur Ahmed Roshdy se rend au centre spatial de Monsieur Charvin afin de récolter un maximum d’informations sur ce qui s’annonce comme une avancée majeure dans la conquête de l’espace. Il est accompagné de journalistes du quotidien Al Akbar al Youm et de leur chauffeur Ismaïl. Sur la base, ils sont accueillis par Monsieur Charvin lui-même qui ne veut absolument pas qu’on photographie son invention. Seul, Ahmed est autorisé à le suivre et à monter dans la fusée. Mais Ismaïl le chauffeur a réussi à échapper à la surveillance des gardiens et il entre lui aussi dans l’engin. Sa présence est aussitôt repérée. Monsieur Charvin le prenant pour un espion, brandit un revolver et s’apprête à tirer. En voulant lui échapper, Ismaïl actionne par inadvertance des manettes du tableau de bord. Catastrophe ! Il vient d’allumer les moteurs. La fusée décolle. Ses trois passagers perdent connaissance. Quand ils retrouvent leurs esprits, la Terre est déjà loin. La suite de l’histoire aura pour cadre la Lune. Les trois astronautes découvriront que le satellite de la Terre est déjà habité par un certain Monsieur Cosmo qui y séjourne avec ses sept filles, aussi jolies les unes que les autres.

Notre avis : un film qui mériterait de devenir culte. Nous sommes très proche de l’esthétique des nanards d’Ed Wood : des décors en carton-pâte, une fusée et des robots tout droit sortis d’un dessin d’enfant, des effets spéciaux « faits maison ». Bref, de la science-fiction considérée comme un art naïf mais dans son genre, « Le Voyage sur la Lune » constitue une réussite éclatante. Les auteurs se sont visiblement inspirés du film américain « Fusée pour la Lune » (Missile to the Moon) de Richard Cunha sorti l’année précédente. Il n’empêche que la "copie" égyptienne nous semble bien supérieure à son modèle.
Et pour ne rien gâcher, les sept actrices qui incarnent les filles de Monsieur Cosmo sont d’une beauté à couper le souffle. Dans l’une des séquences du film, cinq d’entre elles exécutent une danse incroyable, très loin du style oriental habituel. La jeune femme au corps de déesse qui joue Stella, l’amoureuse de l’ingénieur Ahmed Rushdy, s’appelle Safia Tharwat. Elle fera une carrière d’actrice très brève car elle était avant tout une sportive de premier plan. Elle sera notamment à l’origine du développement en Egypte de la nage synchronisée. Tant pis pour le cinéma...


Lundi 24 février à 22h

Triste Oiseau de la Nuit d'Yehya Al Alami ( Tayr el leile el hazine, 1977)
avec Mahmoud Abdel Aziz (Adel), Mariam Fakhr Eddine (la femme d’Hazem), Mahmoud Morsi (Hazem Al-Mughrabi, le procureur), Adel Adham (Talat Morgan), Nelly (Iman), Nazim Sharawi (chef de la police), Salah El Sadani (Samir), Enaam Salosa (Salwa), Mohamed Hamdy (le beau-frère d’Adel), Shwikar (Derya, la femme de Talat)
Scénario : Wahid Hamed (c’est son premier scénario pour le cinéma)
Musique : Fouad El Zahry
Musique du générique interprétée par le groupe dans lequel le personnage joué par Mahmoud Abdel Aziz est à la batterie : That's the Way (I Like It) de KC and the Sunshine Band


Thriller. Adel, un musicien, est accusé du meurtre de sa compagne. Bien qu’il ait toujours nié être l’auteur de ce crime, il est condamné à la peine capitale. Le fourgon qui le ramène du tribunal à la prison a un accident. Adel en profite pour s’échapper. Il veut recouvrer sa liberté non pour fuir mais pour prouver son innocence. Il se rend au domicile du procureur qui a instruit son affaire. Devant ce dernier, il répète qu’il n’est pas un assassin et il lui demande de l’aider à reprendre l’enquête. Contre toute attente, le juge est convaincu par son visiteur. Les deux hommes retrouvent la femme avec qui Adel avait passé la nuit. Malheureusement, celle-ci refuse de témoigner devant un tribunal : elle est l’épouse d’un célèbre homme d’affaires et elle ne peut concevoir que sa liaison adultère d’un soir devienne publique.

Notre avis : un scénario qui comporte des idées intéressantes mais la mise en scène est sans relief et l’image d’une laideur constante. La plupart du temps, les acteurs sont filmés en plan rapproché avec derrière eux un bout de porte ou un bout de mur, de préférence de couleur verdâtre. Un film qui annonce ce que sera le cinéma des années quatre-vingt : des préoccupations sociales affichées mais une indifférence totale pour la dimension esthétique de l’œuvre.


Dimanche 23 février à 22h

Quatre filles et un officier d'Anwar Wagdi (Arba banat wa dabit, 1954)
avec Negma Ibrahim (Sakina, la directrice de la maison de correction), Naïma Akef (Naïma), Anwar Wagdi (Wahid), Zinat Sedki (Oum Samaka), Wedad Hamdy (une pensionnaire de la maison de correction), Abdel Wares Asr (Marzouk), Amina Risk (Amina Hanem), Ragaa Youssef (Ragaa), Awatef Youssef (Awatef), Fouad Fahim (Abdel Kader), Ahmed Darwich (le juge), Zizi El Badraoui (une petite fille), Lebleba (Suzanne)
Scénario et dialogues : Abou Al Seoud Al Ebiary et Anwar Wagdi
Musique : Mounir Mourad, Ahmed Sabra, André Ryder, Fathy Qoura
Production : Ramsès Naguib et Anwar Wagdi
Quatre filles et un officier est le dernier film d’Anwar Wagdi. Il sort en mars 1954. Peu après, Anwar Wagdi divorce de Layla Mourad et se rend en Suède afin d’être soigné pour la maladie qui l’emportera l’année suivante. Il meurt le 14 mai 1955 à Stockholm. Il s’était remarié quelques mois auparavant avec Layla Fawzi.


Comédie musicale. Naima est une jeune orpheline qui a été placée dans une maison de correction dirigée d’une main de fer par Madame Sakinah. Elle est tombée amoureuse de Wahid, l’officier chargé de la discipline et de la sécurité au sein de l’établissement. Celui-ci s’oppose aux méthodes brutales de la direction et fait preuve de bienveillance et de générosité à l’égard de toutes les pensionnaires. Naïma trouve tous les prétextes pour se retrouver en tête-à-tête avec Wahid. Un soir au dortoir, Naima montre à ses trois meilleures camarades la photo que l’élu de son cœur a accepté de lui donner. Pour échapper à la surveillance de la gardienne, elles se sont réfugiées sous un lit et l’une des filles tient une bougie allumée. Soudain, la literie s’embrase. En quelques secondes, les flammes se propagent à l’ensemble des lits du dortoir. C’est l’incendie…

Notre avis : Anwar Wagdi est un homme de spectacle et il le démontre une dernière fois ici. Dans « Quatre filles et un officier », l'influence de la comédie musicale américaine est patente. Une séquence du film est clairement inspirée d'"Un Jour à New-York" de Gene Kelly et Stanley Donen (1949). A voir pour Naïma Akef bien sûr mais aussi pour les deux soeurs Ragaa et Awatef Youssef qui sont épatantes au point d'éclipser leur célèbre consoeur dans certaines scènes. En revanche je serai beaucoup plus réservé sur la prestation de la toute jeune Lebleba qui nous rappelle un peu trop sa petite collègue Fayrouz.


Samedi 22 février à 22h

Les Hommes et les Djinns de Mohamed Radi (Alans wa al gins, 1985)
avec Adel Imam (Galal Sultan), Yousra (Docteur Fatima Ismaïl), Ezzat Al Alaily (docteur Oussama), Amina Rizq (la mère de Fatima Ismaïl), El Sayed Radi (Idriss), Nahed Gabr (Nadia, la sœur de Fatima), Hussien El Sherbiny (Hussein), Samira Mohsen (la mère de Galal Sultan), Mamdouh Wafi (Mohamed, le beau-frère de Fatima), Magdy Emam (Galal Khalifa), Nadia Shams El Dine (la belle-mère de Nadia)
Scénario : Mohamed Othman
Musique : Shaban Abou El Sayed
Production : Mohamed Radi


Le film s’ouvre avec une citation coranique, le verset 56 de la sourate « Ad-Daryiat » : « Et je n’ai créé les djinns et les hommes que pour qu’ils m’adorent. »
Le docteur Fatima Ismaïl est dans l’avion qui la ramène en Egypte après un long séjour aux Etats-Unis où elle a passé son doctorat. Lors du voyage, elle s’aperçoit qu’un homme l’observe avec insistance. A leur arrivée au Caire, il lui adresse la parole. Il s’appelle Galal Sultan et il travaille dans le tourisme. Il affirme qu’ils se sont déjà rencontrés. A l’aéroport, Fatima est attendue par ses parents, sa sœur et son mari ainsi que par son oncle Hussein. Chose étrange : aucun d’eux n’a remarqué qu’elle était accompagnée par un homme. Une fois chez ses parents, elle se rend compte qu’elle a avec elle la mallette que portait son mystérieux interlocuteur. Elle se promet de le retrouver afin de la lui remettre. Dans sa chambre, elle découvre au fond d’un tiroir un vieil album de photo. Il rassemble des clichés d’elle et de son fiancé Galal. Leur relation s’était terminée tragiquement. Ils s’étaient disputés à propos de sa carrière professionnelle juste avant qu’il ne meure dans un accident de voiture en essayant de poursuivre le taxi dans lequel elle avait pris place. Depuis, elle est rongée par le sentiment de culpabilité. Le lendemain, elle se rend dans le centre de recherche qui doit l’employer. Elle y retrouve le docteur Othman, son ancien professeur, qui lui avoue son amour et la demande en mariage. Fatima est déconcertée par cette démarche et elle souhaite attendre avant de se prononcer. Elle a commencé à travailler depuis quelque temps quand elle a la visite de Galal Sultan. L’entretien est cordial mais son visiteur reste toujours aussi mystérieux. Il prétend venir chercher sa mallette qui contient des documents importants concernant sa mère. Fatima lui dit qu’elle est chez ses parents mais qu’elle pourra la lui restituer le lendemain. Le soir, alors que la jeune scientifique a décidé avec sa sœur d’ouvrir la fameuse mallette, les deux jeunes femmes constatent que celle-ci a disparu…

Notre avis : difficile de faire moins angoissant que ce film d'"horreur". Des effets spéciaux au rabais et une interprétation mollassonne. Adel Imam à contre-emploi et à contresens.


Vendredi 21 février à 22h

L’histoire d’une vie d'Helmy Halim ( hikayet el omr kulluh, 1965 )
avec Farid Al Atrache (Farid), Leila Fawzi (Layla), Faten Hamama (Nadia), Ahmed Ramzy (Mamdouh), Maha Sabry (Chouchou), Mohamed Idriss (le serviteur de Farid), Abdel Moneim Ibrahim (Moneim), Abdel Khalek Saleh (le médecin), Farhat Omar (Sami)
Scénario : Helmy Halim
Dialogues : Mohamed Abou Youssef
Musique : Farid Al Atrache et Johannes Brahms (3ème mouvement de la symphonie n°3)
Production : Ramsès Naguib


Farid est un musicien qui mène une vie intense et insouciante, entouré d’amis. Parmi eux, il y a Layla, une actrice. Elle l’aime en secret mais elle sait qu’il n’est pas disposé à renoncer à sa liberté pour le mariage. Un jour, une jeune femme se présente chez lui. Elle s’appelle Nadia et elle est la fille de son ancien professeur de musique qui vient de mourir. Farid invite l’orpheline à s’installer chez lui. Peu après, le musicien est victime d’un infarctus. Il s’en sort par miracle et c’est Nadia qui s’occupe de lui lors de sa convalescence. Progressivement, Farid tombe amoureux de sa belle infirmière. Il ne sait pas qu’elle est éprise de son jeune frère, Mamdouh, qui est rentré depuis peu de l’étranger…

Notre avis : Helmy Halim est le spécialiste de la romance et du drame sentimental. Farid Al Atrache joue ici son rôle de prédilection, celui du chanteur célèbre mais malheureux qui retrouve soudain la joie de vivre grâce à l’amour. Malheureusement, au dénouement il devra y renoncer et restera seul. Le film atteint des sommets dans le sentimentalisme facile et avec la meilleure volonté du monde il est impossible de sauver quoi que ce soit dans cette « Histoire d’une Vie » si mièvre. Farid Al Atrache est un grand chanteur et un grand compositeur. Comme acteur, il a toujours été plus inégal. Dans ce film, on ne peut même pas prétendre qu’il joue mal car il ne joue plus du tout ou à peine. La gloire et l’âge l’ont définitivement pétrifié et pour exprimer la joie comme la tristesse, il se contente d'esquisser un rictus indéfinissable. Afin de souligner la complicité de ses deux héros, le réalisateur qui, hélas, est aussi le scénariste, multiplie les scènes à deux dans les différentes pièces de leur maison. Pendant une grande partie du film, Farid et sa gentille infirmière bavardent gentiment tandis qu'ils vaquent à leurs occupations quotidiennes. Difficile de faire plus soporifique !


Jeudi 20 février à 14h

Le Rivage de la Gaieté d'Houssam Al Din Mustafa (Chatei el Marah, 1967)
avec Nagat El Saghera (Norah), Hassan Youssef (Houssam), Youssef Fakhr El Din (Hamada), Samia Shokri (Riri), Samir Ghanem (ami d’Houssam), George Sedhom (ami d’Houssam), El Deif Ahmed (ami d’Houssam), Abdel Moneim Madbouly (le professeur Raafat), Nahed Yousri (Nahed), Shahinaz Taha (Salli, la sœur de Norah), Sanaa Mazhar (Sanaa, l’amie d’Hamada), Mimi Chakib (Aziza, la femme du professeur), Adly Kasseb (le père d’Houssam)
Scénario et dialogues : Abdel Fattah El Sayed et Adli El Moled
Musique : Mohamed Abdel Wahab
Le Rivage de la Gaieté est une adaptation de La Stripteaseuse effarouchée (Girl Happy), un film américain réalisé en 1966 par Boris Sagal avec en vedette Elvis Presley.

Une curiosité : dans l’une de leurs chansons, les Trois Lumières du Théâtre (Samir Ghanem, George Sedhom, El Deif Ahmed) reprennent le refrain de Can’t Buy Me Love des Beatles.

Le film sort en avril 1967. La guerre des six jours éclate deux mois plus tard. En septembre, Ismalïa est soumise à des bombardements intensifs causant de lourdes pertes parmi la population civile. Le Rivage de la Gaieté est devenu le Rivage de la Mort.


Comédie musicale. Un professeur laisse ses deux grandes filles, Norah et Sally, partir seules pour quinze jours de vacances à Ismaïlia avec leur club. Craignant pour leur vertu, l’universitaire demande à Houssam, le fils de son meilleur ami, de les accompagner pour les surveiller discrètement. Le jeune homme qui est musicien accepte la mission. Il se rend à Ismaïlia avec les trois membres de son groupe. Le voyage est long et pénible car leur vieux tacot tombe constamment en panne. Une fois arrivés, les quatre garçons s’installent dans le même hôtel que Norah, Sally et leurs camarades. Ils ont obtenu un logement gratuit, en échange, ils doivent se produire en soirée devant les clients de l’établissement. Mais Houssam n’oublie pas sa mission. Avec ses camarades, il part aussitôt à la recherche des deux sœurs et il ne tarde pas à découvrir que Norah est courtisée par Hamada, un incorrigible coureur de jupons. Celui-ci est très vite parvenu à gagner l’amitié de la jeune fille…

Notre avis : un film à destination des adolescents. Dans une ambiance « yéyé », on flirte, on chante et on danse en maillot de bain sur la plage, loin des parents restés au Caire (à noter qu’on retrouve tous ces ingrédients ainsi qu’une partie des acteurs dans le film de Niazi Mustafa, « Une Jeunesse Très Folle », sorti la même année). Un divertissement bon enfant même si les gags des Trois Lumière du Théâtre nous semblent parfois bien laborieux. Mais ce qu’on retiendra de ce film ce sont avant tout les très belles chansons interprétées par Nagat El Saghira et composées par Mohamed Abdel Wahab. Rien que pour cela, ce « Rivage de la Gaieté » mérite d’être vu.


Mardi 18 février à 18h30

Samara de Hassan El-Seifi (Samara, 1956)
avec Taheya Carioca (Samara), Soad Ahmed (la mère de Samara), Mahmoud El-Meliguy (le chef du trafic de drogue), Stephan Rosty (un gangster), Serag Mounir (chef du service de lutte contre la drogue), Mahmoud Ismaïl (Soltan), Mohsen Sarhan (l’indicateur de la police), El Sayed Bedeir (complice de Soltan), Abdel Aziz Khalil (complice de Soltan), Mohamed Tawfiq (complice de Soltan), Awatef Youssef (la danseuse), Shafik Nour El Din (le père de Samara), George Yordanis (le barman du cabaret)
Scénario : Mahmoud Ismaïl
Musique : Attiah Sharara
Producteur : Hassan El Seifi
figure dans la liste des 100 films les plus importants de l'histoire du cinéma égyptien


Thriller. Soltan, un trafiquant de drogue, épouse Samara, une danseuse dont l’enfance fut bouleversée par des événements dramatiques. Il l’initie à ses affaires et la jeune femme devient une pièce maîtresse du gang. Mais la police parvient à introduire dans le réseau un indicateur qui se fait passer pour un criminel en cavale du nom de Sayed Abou Shafa. Samara en tombe aussitôt amoureuse. Soltan est en relation avec un personnage mystérieux, très puissant et très riche. Cet homme est à la tête du marché de la drogue mais la police n’a jamais pu l’arrêter car personne ne connaît son identité. Samara, par le plus grand des hasards, découvre qui il est. Elle fait part de sa découverte à Sayed Abou Shafa qui prévient aussitôt ses collègues…

Notre avis : Mahmoud Ismaïl fut un excellent scénariste et un très bon acteur. Il le prouve à nouveau dans ce thriller très sombre qui n’a rien perdu de son pouvoir d’envoûtement. On retrouve Taheya Carioca dans l’un de ses plus grands rôles (même si, pour cette année 1956, la postérité retiendra surtout sa prestation dans « La Sangsue » de Salah Abou Seif). Seule femme dans un monde d’hommes, elle campe ici un personnage alliant la force et la séduction, très éloigné des stéréotypes de l’époque. Hassan El Seifi et son scénariste reprendront ce type d’héroïne dans plusieurs films avec Taheya Carioca mais aussi avec d’autres actrices. Dans les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix, Nadia Al Gendy connaîtra la célébrité en incarnant des femmes qui ont bien des traits en commun avec cette Samara.


Lundi 17 février à 18h30

Histoire d’un Mariage d'Hassan El Seifi (Hekayet Gawaz, 1964)
avec Soad Hosny (Adila Mansour), Shukry Sarhan (Mohamed), Mary Moneib (Aziza, la mère d’Adila), Amina Rizq (Karima, la mère de Mohamed), Hassan Youssef (Hassan Mansour), Hassan Fayek (Mansour), Amal Farid (Mona), Aziza Helmy (la mère de Mona), Seham Fathy (Seham), Kawthar Shafik (Kawthar), Soheir Zaky (danseuse), Baligh Habashy (docteur Shouqi), Engy Ismail (une amie d’Adila)
Scénario : Mohamed Othman
Production : Naguib Khoury Films


Mohamed est amoureux de sa voisine, Adila Mansour. Ils sont fiancés et Mohamed a hâte que le mariage soit célébré car c’est un homme très jaloux qui enrage de voir sa promise sortir seule dans des tenues légères. Hassan, le frère d’Adila lui aussi fréquente une jeune fille mais la mère de celle-ci s’oppose à cette union : elle souhaite que sa fille épouse son cousin, le docteur Shouqi. Pour Adila et Mohamed, le grand jour est arrivé. Ils se marient enfin. Leur bonheur est total mais une nouvelle vient tout bouleverser. Alors que la fête bat son plein, on apprend que Mohamed doit pour des raisons professionnelles s’installer au Mont Ataqah sur la Mer Rouge. La mère d’Adila refuse catégoriquement que sa fille suive son mari pour une destination si lointaine. Afin d’empêcher la consommation du mariage, la vieille femme s’installe dans la chambre des deux jeunes mariés qui devront passer leur première nuit séparés. Le lendemain matin, Mohamed se rend accompagné de sa mère chez ses beaux-parents pour chercher Adila mais sa belle-mère reste intraitable et entre eux le ton monte. La mère de Mohamed est bouleversée par la violence des échanges. Elle s’évanouit…

Notre avis : une comédie gentillette sur un thème rebattu : la tyrannie que les mères exercent sur leurs filles même après le mariage de celles-ci. Toute l’intrigue repose sur les stratagèmes mis en place par Adila et Mohamed pour échapper à la surveillance de la mère de la jeune fille. Et après bien des échecs, l’amour finira par l’emporter. Mais pour cela, il faudra que le père d’Adila enfin se dresse contre sa femme et lui ordonne de ne plus s’opposer au bonheur de leurs enfants. La morale est claire : quand l’homme s’en mêle, les choses s’arrangent. On pourra légitimement trouver cette morale « un peu » misogyne. A ce propos, on pourra aussi s’étonner qu’Adila ait choisi comme époux ce Mohamed qui est d’une jalousie maladive. Dans la première scène, alors qu’elle joue au tennis, il se précipite sur elle et lui prend violemment le bras car il ne supporte pas de la voir arborer une tenue aussi légère en public. Et dans l’une des dernière scènes, il la gifle car elle a osé danser avec un inconnu. Elle lui pardonne mais tout cela n’augure rien de bon ! Malgré ces réserves, on peut se laisser tenter pour Soad Hosny qui est parfaite dans ce rôle de jeune fille à l’aube de sa vie de femme.


Dimanche 16 février à 22h

Le Puits de la Trahison d'Ali Abdel Khalek (Bir El-Khyana, 1987)
avec Nour El Sherif (Jaber Abdel Ghaffar), Ezzat Al Alaily (colonel Ahmed Ezzat), Dalal Abdel Aziz (Ghazala, la femme de Jaber), Hoda Ramzi (Bossi, la secrétaire, agent du Mossad), Abdel Aziz Makhyoun (officier du Mossad), Ahmed Loxer (un dirigeant du Mossad), Marwa Al Khatib (employée du Mossad à Rome), Hosny Abdul Jalil (sergent dans l’armée égyptienne), Mohamed Abu Hashish (Maître Anwar), Tamer Ashraf (Khamis, le fils de Jaber), Ibrahim Masoud (directeur du renseignement égyptien), Ahmed Al Adal (le beau-frère de Ghazala)
Scénario : Ibrahim Masoud
Musique : Mohamed Ali Soliman
Production : Saad Chahab


Jaber est un pauvre homme sans emploi qui vit dans une misérable baraque avec son fils et sa femme. Pour nourrir sa famille, il erre sur le port d’Alexandrie à la recherche de quelques sous ou d’un peu de nourriture. La plupart du temps, il vole, ce qui révulse sa femme. La police finit par l’arrêter. C’est ainsi qu’on découvre qu’il n’a jamais accompli son service militaire. Il est aussitôt affecté dans la marine. Jaber n’y reste pas longtemps. Il déserte et part pour l’Italie avec un faux passeport. Il s’installe à Rome dans un petit hôtel mais ne trouve aucun travail. Il erre dans les rues de la capitale italienne et pour gagner un peu d’argent, il organise des parties de bonneteau. Il est rapidement repéré par la police qui tente de l’interpeller. Il fuit et trouve refuge à l’ambassade d’Israël. Il ne se doute pas encore qu’il vient de faire son premier pas sur le chemin de la trahison au profit d’une puissance ennemie…

Notre avis : l’égyptien qui trahit son pays pour devenir un espion à la solde des services secrets israéliens est un thème rebattu du cinéma des années soixante-dix, quatre-vingt. Ce "Puits de la Trahison" l’exploite de manière très conventionnelle, il s’agit avant tout de faire oeuvre patriotique pour l'édification des foules. Aucun suspens, un dénouement hautement prévisible et une esthétique de téléfilm insipide.



Danse : Soad Hosny, 1972

سعاد حسني






Soad Hosny (1943-2001) est l'actrice principale de la comédie musicale Méfie-toi de Zouzou réalisé en 1972 par Hassan Al Imam. Elle chante, danse et joue dans ce qui deviendra le film le plus marquant de toute sa carrière. Celui-ci restera à l'affiche pendant plus d'une année battant tous les records d'entrées. 
Dans cette comédie musicale, la Cendrillon de l'Ecran (son surnom) incarne une jeune étudiante qui essaie de concilier sa vie à l'université et son activité de danseuse au sein de la troupe dirigée par sa mère et son beau-père. Contrairement à d'autres grandes actrices de l'âge d'or, Soad Hosny n'avait pas une formation de danseuse orientale et elle s''est entraînée de manière intensive dans cette discipline pour ce rôle de Zouzou. La mère de l'héroïne est interprétée par Taheya Carioca qui elle fut une très grande danseuse. Elle étair devenue célèbre dès 1940  en participant aux spectacles de Badia Masabni, une artiste et une femme d'affaires qui forma les  danseuses les plus talentueuses des années quarante et cinquante. 

dimanche 2 février 2025

A la télé : les films du jour (Rotana Classic du 1er au 15 février)

روتانا كلاسيك

Quels films peut-on voir sur la chaîne Rotana Classic ? Les horaires donnés sont ceux de l'après-midi ou de la soirée (heure de Paris). La plupart des films sont ensuite rediffusés le lendemain matin.
Rotana Classic a remplacé Rotana Zaman en 2012. Cette chaine fait partie du groupe Rotana basé en Arabie Saoudite et spécialisé dans le divertissement (télévision et musique). Celui-ci a été créé par le prince Al-Walid ben Talal ben Abdelaziz Al Saoud, membre de la dynastie Al Saoud et petit-fils du fondateur de l'Arabie Saoudite. Comme son nom l’indique, Rotana Classic diffuse essentiellement les grands classiques du cinéma égyptien. Disponible en France.


Samedi 15 février à 18h30

Ismaël Yassin dans la Marine de Fateen Abdel Wahab (Ismaïl Yassin fil ustul, 1957)
avec Ismaël Yassin (Ragab), Zahrat Al Oula (Nadia), Ahmed Ramzy (Mounir), Mahmoud El Meleigy (Abbas Al Zafer), Zinat Sedki (la mère de Nadia), Abdel Wareth Asr (le père de Nadia), Zeinat Olwi (la danseuse), Abdel Moneim Ibrahim (Abdul Bar), Reyad El Kasabgy (le sergent instructeur à bord du navire), Malak El Gamal (l’entremetteuse), Layla Karim (la petite amie de Mounir), Layla Hamdy (épouse d’Abbas Al Zafer), Mary Bay Bay (épouse d’Abbas Al Zafer)
Scénario : Hassan Tawfik et El Sayed Bedir
Musique : Mounir Mourad Production : Films Memphis/Ramsès Naguib
appréciation : 3/5


Comédie navale. Ragab est un gentil garçon dont le seul défaut est la peur de la mer. Il aime sa cousine Nadia qui est infirmière à l’Hôpital de la marine. Hanfi, le père de Nadia, accepterait que sa fille épouse son neveu, en revanche la mère souhaite que sa fille épouse Maître Abbas Al Zafer, un homme d’âge mûr riche et puissant. Nadia exhorte son amoureux à surmonter sa peur de la mer et l’incite à s’engager dans la marine pour impressionner sa mère. Ragab se rend au centre de recrutement de la Marine. Là, il rencontre deux autres engagés, Abdul Bar et Mounir, avec qui il sympathise tout de suite. Après la visite médicale, les trois jeunes gens commencent leur formation.

Notre avis : nous sommes en 1957, c'est-à-dire juste après la crise du canal de Suez qui a débouché sur sa nationalisation. « Ismaël Yassin dans la Marine » se présente comme un hommage à tous ces marins qui ont rendu possible cette restitution du canal à la mère patrie. Comme « Ismaël Yassin à l’Armée » réalisé deux ans auparavant, ce film ne sombre jamais dans la pure propagande car avec Fateen Abdel Wahab, la comédie ne capitule jamais ! Malgré les uniformes et les canons, il est parvenu à créer un monde plein de fantaisie et de fraîcheur où les éléments les plus opposés cohabitent naturellement. Il faut dire que cette réussite est aussi due au grand talent de ses actrices et de ses acteurs, et notamment de ses deux vedettes, Zahrat Al Oula et Ismaël Yassin. Ce dernier a quarante-cinq ans quand il tourne dans ce film et pourtant il joue le jeune matelot amoureux avec un naturel qui emporte l’adhésion du spectateur. (Un jour viendra où l’on reconsidérera la place d’Ismaël Yassin dans le cinéma égyptien comme ce fut le cas pour Louis de Funès dans le cinéma français.)


Vendredi 14 février à 16h

Amira mon Amour d'Hassan Al Imam (Amira Houbi Ana, 1975)
avec Soad Hosny (Amira Salem), Hussein Fahmy (Adel Naguib), Soheir Al Babli (la femme d’Adel), Imad Hamdi (le directeur de l’administration et beau-père d’Adel), Karima Mokhtar (la mère d’Amira), Samir Ghanem (Taher Hamouda, un collègue d’Amira), Hassan Mostafa (le supérieur hiérarchique d’Amira), Hesham El Ashry (le frère d’Amira), Nabil Badr (Fathi), Mahmoud Shoukoko (Oncle Saqr), Helmy Hilaly (l’inspecteur de police)
Scénario : Hassan Al Imam, Mamdouh El Leithy, Salah Gahin
Adaptation d'un passage du roman de Naguib Mahfouz, Miroirs (1972). Ce roman est constitué de courts chapitres indépendants, chacun évoquant la vie d’un personnage que le narrateur a rencontré à un moment ou à un autre de son existence. Le chapitre qui est à la base du scénario de ce film est intitulé « Abda Souleimane » (en français, éditions Babel, trad. de Najet Belhatem)
Musique : Fouad El Zahry, Mohamed Al Mogi, Sayed Darwich


Comédie musicale. Depuis la mort de son père, Amira doit subvenir aux besoins de sa mère ainsi qu’à ceux de ses frères et sœurs. Elle a trouvé un emploi dans une grande administration, au département traduction. Elle a peu de travail car le service compte un trop grand nombre d’employés mais sa gaieté, son charme et son dynamisme ont transformé agréablement l’atmosphère du bureau. Même son chef n’est pas insensible à son charme. Elle fait la connaissance d’Adel Naguib, l’un des cadres supérieurs de l’établissement. Le jeune homme a épousé Amina, la fille du directeur mais lui et sa femme ne s’entendent pas. En fait, Adel ne s’est marié que par ambition professionnelle et il n’éprouve aucun sentiment pour son épouse. Au fil des rencontres, Adel et Amira tombent amoureux l’un de l’autre. Ils se marient en secret…

Notre avis : trois ans après « Méfie-toi de Zouzou », Hassan Al Imam réunit à nouveau Soad Hosny et Hussein Fahmy dans une comédie musicale mais cette fois-ci, le résultat est beaucoup moins convaincant. La mièvrerie imprègne tous les composants de ce second opus : les chansons ressemblent souvent à des comptines enfantines, les danses avec leur chorégraphie sommaire réunissent des « danseurs » dont le seul point commun est un amateurisme appliqué, l’intrigue sentimentale accumule les scènes de déclarations enamourées avec sourires timides et regards extatiques, et pour finir les robes de couleurs acidulées que porte Soad Hosny semblent empruntées à la garde-robes d’une poupée autrichienne. Inutile de préciser qu’il ne reste pas grand-chose de l’univers de Naguib Mahfouz dans cette romance sirupeuse.


Jeudi 13 février à 22h

La Famille de Zizi de Fateen Abdel Wahab (Aelit Zizi, 1963)
avec Soad Hosny (Sana), Fouad El-Mohandes (Sabawi), Ekram Ezo (Zizi), Aqeila Rateb (la mère), Ahmed Ramzy (Sami), Layla Sheir (Layla, la fille de l’homme d’affaires), Mohamed Sultan (le réalisateur célèbre), Adly Kasseb (l’homme d’affaires), Salwa Saïd (Fawzia), Omar Afifi (Shabrawi), Soheir Zaki (la danseuse)
Scénario : El Sayed Bedir et Lucien Lambert
Musique : Youssef Shouki
Production : Abbas Helmy


Chronique familiale. Zizi est une petite fille de cinq ans, vive et débrouillarde. Elle nous présente sa famille. Sa mère s’occupe seule du foyer et des enfants depuis la mort du père. Ce dernier lui a légué une pension qui permet de faire vivre toute la petite tribu. Sabawi est le frère aîné. Il est ingénieur et il a transformé sa chambre en atelier où il peut réaliser un tas d’expériences. Il vient d’inventer une machine qui transforme le coton en vêtement. Le deuxième fils est Sami, un étudiant en commerce qui délaisse les études pour les bagarres et les filles. Il tombe amoureux de leur voisine Layla et pour lui plaire, il s’initie au yoga. Et enfin, il y a Sana, la grande sœur qui rêve de devenir une actrice célèbre. Elle rencontre un réalisateur dont on devine très vite les mauvaises intentions…

Notre avis : un jour, on s'apercevra que Fateen Abdel Wahab fut l'un des chroniqueurs les plus fins de son époque et qu'à ce titre il doit figurer dans la liste des plus grands réalisateurs du cinéma égyptien. Pour preuve, cette comédie pétillante qui nous conte, avec ironie mais aussi avec empathie, les tribulations de tous les membres d'une famille de la "middle class" aisée. La petite fille est jouée par Ekram Ezo. Celle-ci manifeste une aisance et un naturel peu communs et le succès du film lui doit beaucoup. Grâce à sa prestation, elle va devenir une star du jour au lendemain. Malgré cela, elle mettra un terme à sa carrière trois ans plus tard. Elle avait dix ans ! Dans la dernière partie, on appréciera la reconstitution satirique d’un tournage de film en costumes avec prince et princesse roucoulant dans un palais en carton-pâte.

 
Mercredi 12 février à 22h

Le Retour de l’Homme le plus Dangereux du Monde de Mahmoud Farid (Awdat Akhtar Ragol fil Alam, 1972)
avec Fouad El-Mohandes (Monsieur X/l’employé de la compagnie d’assurance), Mervat Amine (la fiancée de l’employé de la compagnie d’assurance), Brigitte Omar (Rita, l’assistante du représentant d’Interpol), Samir Sabri (le Major Wahid), Souad Hussein (Madame Soussa), Salah Nazmi (le chef de la police), Salama Elias (le directeur de la compagnie d’assurance), Kanaan Wasfy (Marcelo, le bras droit de Monsieur X), Wafik Fahmy (le maharaja indien), Ali Gohar (le représentant d’Interpol), Afaf Wagdy (Mona), Samir Rostom (Luciano)
Scénario et dialogues : Anwar Abd-Allah
Musique : Bakhit Bayoumy, Fathy Qoura, Khaled El-Amir


Comédie. Mister X et ses hommes quittent Chicago pour se rendre au Caire. Ils ont appris qu’un très riche Maharajah était descendu dans un grand hôtel de la capitale égyptienne avec dans ses valises, le plus gros diamant du monde. Les redoutables gangsters s’installent dans le même hôtel et préparent leur hold-up. Pour assurer la protection du richissime indien, des membres de la police américaine sont venus aider leurs collègues cairotes. Mais au même moment, un employé d’une société d’assurance fait son apparition dans l’hôtel : il souhaite contacter le Maharajah afin de lui faire signer une police d’assurance. Ce qui va singulièrement compliquer la situation pour toutes les parties en présence, c’est que l’assureur est le sosie de Mister X…

Dans ce film, Fouad El Mohandes reprend le rôle de Mister X qu’il avait joué une première fois en 1967 dans le film de Niazi Mostafa, L’Homme le Plus Dangereux du Monde.

Notre avis : les auteurs de ce film se sont visiblement inspirés d’ "Attention à votre portefeuille" de Mahmoud Ismaïl (Eweaa al Mahfaza, 1949) dont ils reprennent un certain nombre d’éléments. Cela dit, « Le Retour de l’Homme le Plus Dangereux du Monde » n’est absolument pas un remake mais une comédie originale, ancrée dans son époque et multipliant les références. L’atmosphère rappelle certaines séries anglo-saxonnes comme « Mission impossible », pour le recours aux technologies « modernes », ou « Chapeau Melon et Bottes de Cuir » pour l’humour et le ton parodique. Fouad El Mohandes et Mervat Amine forment un duo épatant et ils sont entourés de toute une équipe aussi sympathique que talentueuse. Mervat Amine ne se contente pas d’être la plus belle actrice des années soixante-dix ; elle est aussi une très grande comédienne qui peut tout jouer quel que soit le genre ou le registre. Dans ce film, elle nous gratifie même d’un numéro de danse orientale. On aurait vraiment tort de passer à côté.


Mardi 11 février à 18h30

Tuha d’Hassan El Seifi (1958)
avec Hind Rostom (Tuha), Mohsen Sarhan (Rashad, le chauffeur de bus), Zahrat Al Oula (Safaa, la sœur de Rachad), Mahmoud Ismail (Fagla, l’assistant de Tuha), Mohamed Sobeih (Sayed, le boulanger), Mohamed El Sabaa (Nahla), Abdel Ghani El Nagdi (Baqlaz, l’épicier), Nagwa Fouad (la danseuse), Mohamed Abdel Moteleb (le chanteur), Mohamed Tawfiq (Daqa, le boulanger), Qadria Kamel (la femme de Fagla), Abdel Moneim Ismail (Alula, le gérant de la compagnie de taxis), Ahmed Saïd (Cheikh Ibrahim), Abd Al Azim Kamel (le médecin de Tuha), Aly Abd El Al (le serveur du restaurant), Hussein Ismael (le vendeur de fruits et de légumes), Ali Kamal (le voisin de Tuha)
Scénario : Mahmoud Ismail
Production : Abdel Fattah Mansi


Tuha est une jeune femme belle et puissante. Elle règne sur tout un empire : elle possède une boulangerie, une épicerie et une compagnie de taxi. Dans le quartier, on la craint et elle exige une soumission totale de tous les hommes qui travaillent pour elle. Elle mène sa vie amoureuse comme sa vie professionnelle. Elle ne supporte pas qu’un homme sur lequel elle a jeté son dévolu puisse lui résister. Elle a été mariée onze fois et elle s’attaque aussi bien aux célibataires qu’aux hommes mariés. Rashad est un jeune homme qui vient de s’installer dans le quartier avec sa jeune sœur. Tuha a tout de suite repéré ce nouveau résident. Elle n’a plus qu’une idée en tête : le séduire. Malheureusement Rashad n’est pas du tout attiré par cette Dom Juan en jupons et il n’a de cesse de repousser ses avances. Tuha devient folle de désir : avec l’aide de son assistant Fagla elle est prête à tout pour conquérir le nouvel élu de son cœur…

Notre avis : Hassan El Seifi avec son scénariste Mahmoud Ismaïl tournera quatre films autour d’une héroïne forte qui parvient à s’imposer dans un monde d’hommes. C’est d’abord en 1956, «Samira» avec Taheya Carioca, et «Zanuba» avec Samia Gamal, puis en 1958, il y a «Mon Amour Brun» avec Taheya Carioca et Samia Gamal réunies et enfin «Tuha» avec Hind Rostom. Nous avons toujours apprécié le talent de Mahmoud Ismaïl, comme acteur mais surtout comme scénariste. Si dans ce film nous retrouvons bien son univers sombre et violent avec ses personnages sans scrupule uniquement préoccupés par la satisfaction immédiate de tous leurs désirs, le scénario comporte néanmoins certaines facilités et surtout certaines invraisemblances. Le jeu outré d’Hind Rostom, pourtant plus belle que jamais, n’évite pas toujours la caricature. Dans ce type de rôle, Taheya Carioca s’en sort bien mieux : elle ne se sent pas obligée de surjouer la virilité bourrue pour incarner l’autorité et la puissance.


Lundi 10 février à 22h

Le Passage des Miracles d'Hassan Al Imam (zoqaq el madaq, 1963)
avec Shadia (Hamida), Salah Kabil (Abbas), Hassan Youssef (le fil de Maître Karsha, frère de lait d’Hamida), Youssef Chabane (Farag), Samia Gamal (Shukria), Hussein Riad (le professeur d’anglais), Aqeila Rateb (Adilah, l’amie chez qui vit Hamida), Abdel Moneim Ibrahim (Sangar, un employé de Maître Karsha), Abdel Wareth Asr (Hadj Kamal), Mohamed Reda (Maître Karsha, le propriétaire du café), Thoraya Helmy (Hassaniah, trafiquante de drogue), Adli Kasseb (Salim Alwan, l’homme le plus riche du passage), Hassan El Baroudy (un commerçant), Mahmoud Shoukoko (le chanteur), Tawfik El Deken (Maître Zeita), Victoria Cohen (la voisine)
Scénario et dialogues : Saad Eddin Wahba
D'après le roman éponyme de Naguib Mahfouz paru en 1947. Cette œuvre traduite en français en 1970 évoque le quotidien d’une ruelle du quartier Khan Al Khalili dans les années quarante.
Musique et chansons : Hussein El Sayed, Mohamed Al Mogi, Fathy Qoura, Ali Ismaïl
Production : Naguib Ramsès


L’histoire débute en 1944 alors que l’Egypte est toujours occupée par les Britanniques. Hamida est une jeune ouvrière qui vit avec Adila, une amie de sa mère décédée. Elle rêve de quitter son quartier pour accéder à une vie meilleure. Abbas le coiffeur souhaiterait l’épouser mais il est trop pauvre. Alors pour accroître ses revenus et obtenir la main de la jeune fille, il se résigne à travailler dans un camp militaire britannique. Malheureusement, Abbas n’est pas le seul homme à convoiter Hamida. Salim Alwan, l’homme le plus riche du quartier lui aussi est séduit par la jeune femme. Il finit même par la demander en mariage bien qu’il ait déjà une première épouse. Adila et Hamida sont aux anges. Malheureusement, le bonheur des deux femmes est de courte durée : le riche commerçant est terrassé par un malaise. Un autre homme tourne autour d’Hamida : Farag, un séducteur aux intentions louches. Il lui fait miroiter une existence luxueuse et insouciante. Un jour, Hamida disparaît…

Notre avis : le roi du mélodrame se lance dans l'adaptation de l'un des chefs d'oeuvre de Naguib Mahfouz. On pouvait craindre le pire mais il faudrait être de mauvaise foi pour ne pas reconnaître toutes les qualités de ce film. L’évocation du quartier où se déroule l’action avec ses personnages pittoresques, ses bruits et son animation permanente est tout bonnement magnifique : c’est à la fois d’un grand réalisme et d’une délicieuse poésie. Les scènes de groupes comme celles dans le café de Maître Karsha impressionnent par leur naturel et leur fluidité. Hassan Al Imam est un très grand directeur d'acteurs et dans la seconde partie, il permet à ses deux actrices principales, Shadia et Samia Gamal, de déployer toute l'étendue de leur immense talent. Les admirateurs de la première nous pardonneront d'avoir un faible pour la seconde, bouleversante en vieille maîtresse bafouée. Contrairement à ce que certains critiques ont pu affirmer, cette adaptation d’une œuvre de Naguib Mahfouz compte parmi les plus réussies de tout le cinéma égyptien.


Dimanche 9 février à 14h

Ali Baba et les quarante voleurs de Togo Mizrahi ( Ali Baba wel Arba'in Haramy, 1942)
avec Ali Al Kassar (Ali Baba), Layla Fawzi (Princesse Morgana), Mohamed Abdel Moteleb (Hassan, le fils d’Ali Baba), Ismael Yassin (Belout), Abdel Meguid Choukry (Barakat), Zakeya Ibrahim (femme d’Ali Baba), Reyad El Kasabgy (Hafez Shaalan, le chef du gang), Zaki Ibrahim (Prince Nasser), Abdel Halim Khattab (Prince Nazir), Hassan Baroudi (le frère d’Ali Baba), Rafia Al Shaal (la belle-sœur d’Ali Baba)
Scénario : Togo Mizrahi
Musique : Izzat El Gahely et Riad El Sonbati
Production : Bahna Films


L'adaptation cinématographique du célèbre conte tiré des Mille et Une Nuits.
A l’origine, Ali Baba et les quarante voleurs n’appartient pas au corpus des contes des Mille et une Nuits mais il y a été incorporé par Antoine Galland dans sa traduction française.
Togo Mizrahi prend beaucoup de liberté avec le conte original. Il a inventé la rivalité entre les princes Nasser et Nazir, il a transformé le personnage de Morgiane, une esclave au service du frère d’Ali Baba en une princesse enlevée par les quarante voleurs.
La capitale du royaume du prince Nasser est mise à sac par des bandits qui tuent, pillent, détruisent tout ce qui se trouve sur leur passage. Le prince Nasser connaît bien cette fameuse bande des quarante voleurs : quinze ans auparavant, ils s’étaient emparés de sa fille, la Princesse Morgana et on ne l’avait jamais revue. Cette fois-ci, le monarque est bien décidé à mettre hors d’état de nuire ces brigands et il promet une forte récompense à quiconque sera en mesure de donner des informations sur eux. Ce qu’il ne sait pas , c’est que celui qui a commandité l’enlèvement de sa fille, c’est son propre cousin, le prince Nazir qui rêve de lui ravir le trône. En faisant disparaître la princesse, il devient le seul héritier de la couronne. Morgana a été élevée par un membre du gang et sa femme, deux braves gens qu’elle a toujours considérée comme ses parents.
Parmi les sujets du Prince Nasser, il y a Ali Baba, un pauvre bûcheron qui mène une existence misérable avec sa femme, son fils Hassan et son fidèle employé Belout. Ce jour-là, le bûcheron et son commis sont revenus du marché sans un sou : ils se sont fait escroquer par un filou qui leur a pris des bûches sans rien payer. Pour aider son père, Hassan se rend seul dans la forêt afin d’y couper du bois. C’est là qu’il rencontre Morgana. Le coup de foudre est immédiat mais la jeune femme disparaît aussi vite qu’elle était apparue. Pendant ce temps-là, la femme d’Ali baba a demandé à son mari de se rendre chez son frère, le richissime Qassim pour obtenir quelques sous. Le vieux grigous est intraitable : il ne donnera rien. Mais le soir même, sa belle maison est incendiée par les quarante voleurs. Qassim et sa femme sont contraints de demander secours auprès d’Ali Baba qui les accueille chaleureusement dans sa pauvre mansarde…

Notre avis : cette adaptation du conte d’ « Ali Baba et les Quarante Voleurs » est la première réalisée en langue arabe. Elle séduit le spectateur par sa fraîcheur et une certaine forme de naïveté. Mizrahi a mis l’accent sur l’aspect farcesque du récit, il nous restitue ainsi tout l’univers des contes et fabliaux de la littérature populaire du temps des Abbassides. Mais la poésie est aussi présente, notamment lorsque le fils d’Ali Baba et la princesse Morgana se retrouvent la nuit dans la forêt : instants magiques magnifiés par le chant de Mohamed Abdel Moteleb. C’est le quatrième film que tourne Ismaïl Yassin. A trente ans passés, il a conservé la silhouette frêle d’un adolescent. Au fil des années, il va s’épaissir (son jeu aussi !) et sa carrière prendre son envol jusqu’à faire de lui le roi de la comédie qui régnera sans partage durant près de deux décennies.


Samedi 8 février à 18h30

La Pension des Surprises d'Issa Karama (Luakanidat almufajat, 1959)
avec Ismaël Yassin (Katakawa), Hind Rostom (Nabila), Abdel Moneim Ibrahim (Zaghloul), Soheir El Bably (Fella, la fille de Qandil), Mohamed Tawfiq (Mishmish), Reyad El Kasabgy (Zarif), Fahmy Aman (Qandil, l’amant de Nabila), Layla Hamdy (Rafia Hanem, la femme de Qandil), Abdel Ghani El Nagdi (un villageois), Hassan Atla (Hassan), Salha Kasin (la vieille femme), Mohsen Hassanein (Mohsen), Ibrahim Hechmat (le directeur de la pension), Ezz Eddin Islam (l’avocat Ahmed Rashad), Tousoun Motamad (un complice de Zarif, Hassan et Mohsen)
Scénario : Issa Karama
Dialogues : Abdel Fattah El Sayed
Musique : Hussein Guenid, Tita Saleh
Production : Mostafa Hassan


Katakawa et Zaghloul ont ouvert une agence de détectives privés. La danseuse Nabila accompagnée de l’un de ses soupirants se présente dans leurs bureaux. Elle a perdu son chien Kiki et souhaite que les deux amis se chargent de retrouver sa trace. Afin de les aider dans leur enquête, la danseuse leur remet une photo de l’animal. Pour s’éviter des efforts inutiles, Zaghloul et Katakawa décident de se procurer un chien de même race et de lui ajouter avec de la peinture des taches afin qu’il ressemble exactement au Kiki perdu. Ensuite, Katakawa se rend avec le chien dans l’hôtel où travaille Nabila. Cette dernière est en grande conversation avec son patron. Quand elle voit arriver le détective avec son Kiki, elle explose de joie. Katakawa s’apprête à repartir avec son argent quand le directeur de l’établissement le retient pour lui proposer une mission : démasquer les malfaiteurs qui régulièrement dépouillent ses clients. Un peu plus tard, Katakawa se présente à la réception de l’hôtel avec Zaghoul. Il est déguisé en hindou, et son camarade en femme indienne. Ainsi accoutrés, ils commencent leur nouvelle enquête…

Notre avis : dans ce film, on retrouve dans les premiers rôles Hind Rostom et Ismaël Yassin comme dans la précédente réalisation d’Issa Karama « Ismaël Yassin chez les fous ». On doit à ce cinéaste un grand nombre de comédies grand public et on ne peut lui contester un certain savoir-faire dans ce genre même s’il n’a pas le talent de son contemporain Fateen Abdel Wahab. « La Pension des Surprises » repose sur des ficelles éprouvées de la comédie et, contrairement à ce que pourrait laisser entendre son titre, on reste constamment en terrain connu : Issa Karama n’aime pas déconcerter son public et son film ressemble à un collage d’idées puisées dans d’autres productions à succès. Quelques exemples : l’idée de l’hôtel avec ses voleurs et ses détectives est empruntée à « Attention à votre portefeuille » de Mahmoud Ismaïl (Eweaa al Mahfaza, 1949) ; celle de la danseuse qui a perdu son petit chien et qu’on remplace par un autre identique est tirée de « C'est Toi que j'aime » d’Ahmed Badrakhan (Ahebbak Inta, 1949) ; celle de l’homme qui se travestit et doit affronter les avances d’individus trop entreprenants, vient bien sûr de « Mademoiselle Hanafi » de Fateen Abdel Wahab (Anissa Hanafi, 1954). Malgré cela, on peut tout de même voir cette « Pension des Surprises » pour Hind Rostom qui entre deux grands films vient illuminer cette petite comédie de toute sa sensualité explosive.


Vendredi 7 féfrier à 18h30

Hassan et Naïma d'Henry Barakat (1959)
avec Muharam Fouad (Hassan), Soad Hosny (Naïma), Wedad Hamdy (Fatima), Hassan El Baroudy (l’oncle Abdulaq), Mahmoud El Sabba (Atwa, le cousin de Naïma), Hussein Assar (Metwali, le père de Naïma), Naïma Wasfi (mère d’Hassan), Lotfy El Hakim (le maire), Layla Fahmy (servante), Neimat Mokhtar (danseuse), Mohamed Tawfik (Ibn Sabiha), Abdelalim Khattab (Cheikh Abdoul Basit), Ibrahim Saafan (Kamal Abou Hussein)
d’après un récit d’Abdel Rahman El Khamisy
Scénario : Henry Barakat et Abdel Rahman El Khamisy
Musique et chansons : Mohamed Abdel Wahab, Morsi Gamil Aziz, André Ryder, Mohamed Al Mogi, Abdel Rahman El Khamisy
Production : Les Films Abdel Wahab et Henry Barakat
figure dans la liste des 100 films les plus importants de l'histoire du cinéma égyptien


Drame. Metwaly est un riche paysan qui ne pense qu’à accroître sa fortune et agrandir son domaine. Sa fille Naïma est tombée amoureuse d’un jeune chanteur du nom d’Hassan. Régulièrement, ils se retrouvent en cachette et se promettent l’un à l’autre. Malheureusement Metwaly a d’autres projets pour sa fille. Il souhaite qu’elle épouse Atwa, un cousin. Cet homme n’a rien d’aimable et il a demandé la main de Naïma uniquement pour devenir le propriétaire des terres de son oncle. Metwaly pour se débarrasser du jeune amoureux de sa fille décide de précipiter la date du mariage. Naïma ne peut l’accepter : elle s’enfuit et trouve refuge chez la mère d’Hassan. Mais on la retrouve bien vite et elle doit retourner chez son père…
C'est le premier film de Soad Hosny. Elle a seize ans.

Notre avis : un Roméo et Juliette égyptien mais qui à l’inverse de son modèle britannique se termine bien. Une histoire d’amour parfois émouvante même si on pourra regretter le jeu un peu mièvre de la toute jeune Soad Hosny. Pour nous, l’intérêt principal du film repose essentiellement sur sa peinture très réaliste des mœurs rurales de l’époque. Une bande originale somptueuse due à la collaboration de trois grands compositeurs.


Jeudi 6 février à 14h

Si j'étais riche d'Henry Barakat (Law kunt ghani, 1942)
avec Ehsane El Gazaerli (la femme de Mahrous), Abd El Fatah El Kosary (Younis, le cousin de Mahrous), Ibrahim Mostafa (le propriétaire de l’imprimerie), Beshara Wakim (Mahrous), Yehia Chahine (Kamal, l’amoureux de Wahiba), Samira Kamal (Wahiba, la fille de Mahrous), Mohamed Al Dib (Rachid, le fils de Mahrous), Thoraya Helmy (la chanteuse), Ibrahim Moheb (le serviteur)
Scénario et dialogues : Abou Al Saoud Al Ibiary
Musique et chansons : Izzat El Gahely et Ahmed Sabra
Production : les Films du Lotus (Assia Dagher)


Comédie. Mahrous est un modeste coiffeur qui vit dans un quartier populaire du Caire. Il a une femme et deux enfants. Son fils Rachid travaille comme ouvrier dans l’imprimerie du quartier, tout comme Younis son cousin. Sa fille Wahiba est en âge de se marier. Elle est tombée amoureuse d’un jeune homme qui se rend régulièrement dans le salon de Mahrous uniquement pour apercevoir sur son balcon l’élue de son cœur. Malheureusement, les parents de Wahiba refusent de les marier. Le papa coiffeur rêve de faire fortune et peste contre le destin qui l’oblige à vivre dans la pauvreté. Comme tous les habitants du quartier, il est révolté par l’égoïsme des riches. Si lui avait de l’argent, il n’hésiterait pas aider les nécessiteux. Un jour, ce rêve devient réalité. Un de ses cousins vient de mourir chez lui. L’homme vivait seul et Mahrous doit s’occuper de toutes les formalités. En entrant dans son appartement, il découvre le corps sans vie de son parent et tout autour des liasses et des liasses de billets de banque. C’est ainsi que Mahrous devient un homme riche. Avec toute sa famille il s’installe dans une maison de maître à Zamalek…

Notre avis : pour sa toute première réalisation, Henry Barakat se lance dans une évocation pittoresque d’un quartier populaire avec ses habitants hauts en couleur qui rivalisent de truculence et de forfanterie, malgré les difficultés et les privations de l’époque (Rappelons que le tournage se déroule durant la seconde guerre mondiale). Par certains côtés, l’atmosphère de ce film rappelle celle de la trilogie marseillaise de Marcel Pagnol. D’ailleurs, on retrouve le même dispositif théâtral avec des acteurs chevronnés qui cabotinent à plaisir. A cet égard, le couple formé par Ehsane El Gazaerli et Beshara Wakim domine toute la distribution par sa verve et sa pétulance. Certains déploreront le caractère simpliste de la morale : l’argent ne fait pas le bonheur et il est vain de vouloir quitter sa classe sociale d’origine. Il n’en demeure pas moins que « Si j’étais riche » constitue pour Henry Barakat une entrée éclatante dans la carrière !


Mercredi 5 février à 16h

Amour et Orgueil d’Hassan Al Imam (Hob wa Kibria, 1972)
avec Nagla Fathy (Zizi), Mahmoud Yassin (Hussein), Hussein Fahmy (Adel), Samir Sabri (Ahmed, le frère de Zizi), Madiha Kamel (Kawthar), Madiha Salem (Fatima, la sœur d’Hussein) Imad Hamdi (le père de Zizi), Salah Nazmi (le père de Kawthar)
Scénario : Mohamed Mostafa Samy et Youssef Issa
Musique : Sanaa El Barony, Helmy Bakr, Sami Sabri, Salah Gahin, Fouad El Zahry
Production : Ramsès Naguib
appréciation : 2/5


Zizi, la fille d’un vieux chef d’entreprise, attend avec impatience le retour de son fiancé qui a fait un long séjour à l’étranger. Ils doivent bientôt se marier. Malheureusement, la situation économique s’est assombrie et la société du père de Zizi connaît de sérieuses difficultés. Adel, le fiancé, préfère s’éloigner de celle qui n’est plus un si bon parti. Il épouse Kawthar, la fille d’un homme d’affaires fortuné qui fut une camarade de classe de Zizi. Blessée, cette dernière se marie avec Hussein, le jeune chef d’entreprise qui est venu aider son père à redresser les comptes de son affaire. Le soir même de ses noces, elle avoue à son mari qu’elle aime toujours Adel. D’un commun accord, les deux jeunes gens resteront ensemble un certain temps puis divorceront.
Amour et Orgueil est un remake de Pitié pour mes Larmes de Henry Barakat (1954) avec Faten Hamama.

Notre avis : malgré la participation de la très belle et très talentueuse Naglaa Fathy, ce film d’Hassan Al Imam déçoit. On y retrouve bien des éléments déjà exploités dans d’autres productions de la même époque. Les personnages, les situations ne présentent pas la moindre originalité et tous les comédiens se contentent de faire ce qu’ils ont déjà fait ailleurs.
Pour ne rien arranger, on a l’impression que les personnages d’ »Amour et Orgueil » ont des semelles de plomb. Le réalisateur alterne scènes debout et scènes assises avec des comédiens toujours statiques. C'est un bel exemple de cette esthétique roman-photo qui est peut-être le défaut le plus commun du cinéma égyptien.
Pourtant au début, le film s’annonçait un peu plus trépidant. Dans les quinze premières minutes, se succèdent danses et chansons au point qu’on a l’impression d’assister à une comédie musicale. Mais cette alacrité ne dure pas : danses et chansons disparaissent très vite pour laisser la place à une atmosphère morne qui se maintiendra jusqu’à la fin.


Mardi 4 février à 18h30

Vous êtes témoins d'Hassan El Seifi (Eshado ya nas, 1953)
avec Shadia (Fatima), Mohsen Sarhan (Hassan), (Mahmoud El Meleigy (Fadhel), Ismail Yassin (l’ami d’Hassan), Mimi Chakib (la femme de Khalid), Serag Mounir (Khalid Abdel Wahab), Kitty (la danseuse), Amina Rizk (Hassania, la femme de Fadhel), Soheir Fakhry (Amal, la sœur de Fatima), Zaki Ibrahim (le comptable de la société), Wedad Hamdy (Hamida la servante), Adly Kasseb (un partenaire de jeu de Fadhel), Lotfi El Hakim (le médecin), Kawthar Shafik (l’amie de Fatima)
Scénario : Abou Al Seoud Al Ebiary
Musique et chansons : Mounir Mourad, Kamal Al Tawil, Mahmoud Al Sharif, Fathy Qoura, Abou Al Seoud Al Ebiary
Production : Aflam Misr Algadida


Après avoir dilapidé toute sa fortune au jeu, Fadhel trouve une place de directeur dans une entreprise de construction. Cette société appartient à une grande compagnie dirigée par Khalid Abdel Wahab, un homme à la fois rigoureux et bienveillant. Malgré ses revers, Fadhel n’a pas changé sa manière de vivre : il continue à négliger sa femme et ses deux filles et il passe ses soirées à boire dans un cabaret où il retrouve une danseuse qui qui l’a littéralement ensorcelé. Pour lui complaire, il dépense sans compter et à la table de jeu, engage des sommes importantes. Afin de financer ses « menus plaisirs », il détourne les fonds de son entreprise. Entre temps, Fatima, sa grande fille, fait la connaissance d’Hassan, le fils de Khalid Abdel Wahab. Le jeune homme étudie la médecine en France et il est revenu en Egypte pour les vacances. Les deux jeunes gens tombent très vite amoureux l’un de l’autre et ils projettent de se marier. C’est à cet instant que le drame se noue : Khalid Abdel Wahab est informé par l’un de ses employés des irrégularités qui apparaissent dans les livres de comptes de Fadhel. Le chef d’entreprise veut en avoir le cœur net. Il se rend dans le bureau de son directeur et surprend celui-ci alors qu’il vient de mettre dans la poche de son veston toute une liasse de billets…

Notre avis : quand Hassan El Seifi tourne « Vous êtes Témoins » il a vingt-cinq ans et c’est sa deuxième réalisation. Les producteurs ont fait appel pour le scénario à Abou Al Seoud Al Ebiary, un scénariste chevronné ; et pour l’interprétation, ils ont engagé les plus grands noms de l’époque. Il n’empêche que ce film comporte bien des défauts : un récit mal construit avec des scènes qui se répètent (dans la première partie, les deux héros semblent rejouer plusieurs fois la même séquence en voiture.), une interprétation inégale (Shadia minaude de manière excessive, Mahmoud el Meleigy surjoue le forcené rendu fou par la débauche et Ismaïl Yassin semble se demander ce qu’il vient faire dans cette histoire.), un happy end tellement forcé que les acteurs semblent eux-mêmes ne pas y croire. Même le talent de la pétulante Kitty est bien mal utilisé : on assiste à une succession de danses endiablées filmées à la va vite. Bref, une déception.


Lundi 3 février à 18h30

Fatma d'Ahmed Badrakhan (1947)
avec Oum Kalthoum (Fatma), Anwar Wagdi (Fathy, le plus jeune frère du pacha), Suleiman Naguib (le pacha), Hassan Fayek (Fatouh, le frère cadet du pacha), Zouzou Chakib (la petite amie de Fathy), Saneya Shawky (la danseuse), Abdel Fatah El Kosary (Maître Mustafa, le boulanger), Ferdoos Mohamed (la mère de Fatma), Nabil Khairy (le cousin de Fatma), Mohamed Al Dib (Munir), Mohamed Kamel, Hussein Asar (le cuisinier), Edmond Tuema (le réceptionniste de l’hôtel), Mohamed Kamel El Masry (le professeur Fasih)
Scénario : Mustafa Amin, Badie Khairy
Musique et chansons : Abdul Hamid Abdel Rahman, Abdel Halim Noweira, Riad El Sonbati, Zakaria Ahmed, Mohammed Al-Qasabji, Ahmed Rami, Bayram Al-Tunsi
Dernière apparition d’Oum Kalthoum à l’écran.


Drame. Fatma est infirmière chez un pacha dont l’état nécessite un traitement lourd. Fathy, le frère cadet du maître de maison, est tombé amoureux de la jeune femme. Il multiplie les tentatives pour la séduire mais Fatma reste de marbre. Fou de désir, Fathy se résout à la demander en mariage. L’infirmière accepte. Après un voyage de noces qu’ils passent à Alexandrie, ils sont obligés de s’installer dans le modeste logement des parents de Fatma. En effet, le père de Fathy n’a pas accepté ce mariage et il est furieux contre son fils. Très vite, le jeune marié se lasse de cette existence austère dans un quartier populaire. Le luxe et les plaisirs de sa vie d'antan lui manquent. Il finit par abandonner Fatma pour retourner dans sa famille. Quelques mois plus tard, l’épouse délaissée donne naissance à un enfant. Fathy refuse de le reconnaître…

Notre avis : c’est le dernier film d’Oum Kalthoum et elle chante neuf chansons composées par ses auteurs habituels. Cela suffit à faire de « Fatma » une œuvre précieuse pour tous les amoureux de la culture arabe. On doit tout de même reconnaître que ce film n’est pas le plus réussi des six dans lesquels a joué la diva. Le scénario se présente comme un mélodrame très conventionnel et on se demande ce qui a conduit les producteurs à faire jouer à la chanteuse le rôle d’une jeune mère abandonnée alors qu’elle a au moment du tournage plus de quarante-neuf ans. Et c’est d’autant plus déconcertant qu’Oum Kalthoum ne recourt à aucun artifice pour masquer son âge. Le film aurait été beaucoup plus fort s’il avait présenté Fatma comme une femme mûre qui découvre l’amour avec son nouvel amant mais on se doute que la morale de l’époque (qui est peut-être aussi la morale d’Oum Kalthoum) ne l’aurait pas admis.


Dimanche 2 février à 14h

Les Trois Démons d'Houssam Al Din Mustafa (El Shayateen El Talata, 1964)
avec Rushdy Abaza (Saadawi), Ahmed Ramzy (Ezab), Hassan Youssef (Fatouh), Nasr Seif (Samiha), Samy Tamoum (l’officier de police), Nawal Abou El Fotouh (Zeinab), Berlanti Abdel Hamid (Hamia), Mohamed Sobeih (Madlouly), Hussein Ismaïl (Monsieur Wahdan), Saleh Al Eskandarani (Hanafi Al Sayad), Abdel Alim Khattab (Monsieur Abdel Razaq), Abdel Hamid Nasr (le père de Zeinab)
Scénario : Bahgat Amar, Mohamed Kamel Abdel Salam, Lucien Lambert
Production : Abbas Helmy


Saadawi, Ezab et Samiha sont trois amis qui ont été ensemble détenus pendant plusieurs années dans le centre pénitentiaire d’Abou Zaabal. Leurs conditions de détention étaient éprouvantes : ils passaient toutes leurs journées dans des carrières à casser des pierres sous un soleil accablant. Puis, un jour, ils apprennent qu’ils font l’objet d’une grâce exceptionnelle. En sortant de prison, ils sont bien décidés à reprendre une existence honnête. Ezab retourne à Suez où l’attend Zeinab, sa fiancée. Le père de celle-ci l’accueille comme un fils et l’installe dans un petit appartement sur le toit de leur immeuble. Ezab veut récupérer le camion qu’il a acheté à Monsieur Abdel Razaq, un puissant marchand de poissons de la ville. Durant sa détention, il lui a laissé le véhicule mais maintenant il veut récupérer ce qui lui appartient. Le marchand de poissons ne l’entend pas de cette oreille et refuse de restituer le camion. Pour intimider l’ancien prisonnier, il lui envoie ses hommes de main qui le passent à tabac. Ezab décide d’appeler à son aide ses deux anciens camarades qui se rendent aussitôt à Suez. Le trio réuni est prêt à affronter Abdel Razaq. Dans leur lutte, ils vont trouver un partenaire inattendue : Hamdia, une jeune femme qui possède un bateau de pêche et qui s’est toujours opposée aux méthodes du marchand…

Notre avis : un petit film d’action très sympathique qui exalte le mythe de la camaraderie virile entre hommes soudés par des épreuves communes. L’atmosphère rappelle parfois celle de certains films français de la même époque avec Lino Ventura ou Jean-Paul Belmondo. Comme il se doit, la réalisation est nerveuse, sans fioriture. Toutes les scènes d’affrontement sur le port, au milieu des bateaux et des marins, constituent les moments forts de ces « Trois Démons ». Bref, c’est du Houssam Al Din Mostafa à son meilleur. Dans ce film, les femmes ne brillent guère par leur présence. Il y a tout de même Berlanti Abdel Hamid mais avec un personnage de femme d’action à l‘opposé des séductrices qu’elle a incarné jusqu’alors. On est même étonné de la voir arborer des toilettes si sévères et surtout de la voir adopter une attitude si distante avec son « amoureux » Roshdy Abaza. Cette réserve inattendue sera mieux comprise si on précise que cette même année 1964, Berlanti Abdel Hamid épouse le maréchal Abdel Hakim Amer, vice-président de la République arabe d’Egypte ! (Une idylle qui se terminera tragiquement trois ans plus tard.)


Samedi 1er février à 18h30

Le Secret du Bonnet Invisible de Niazi Mostafa (Ser Taqya el Ekhfa, 1959)
avec Tawfik El Deken (le bijoutier Amin), Berlanti Abdel Hamid (Lola, la maîtresse d’Amin), Abdel Moneim Ibrahim (Asfour), Mohamed Abdel Qodoos (le père d’Asfour), Ahmed Farahat (le frère d’Asfour), Zahrat Al Oula (Amal), Gamalat Zayed (la mère d’Asfour), Adli Kasseb (Salem, le rédacteur en chef), Samia Roshdi (la mère d’Amal)
Scénario : Abdel Hay Adib et Niazi MostafaDialogues : El Sayed El Bedir
Musique : Mounir Mourad et Fathy Qora
Production : Khalil Diab


Comédie fantastique. Asfour est un reporter naïf et maladroit. Son incompétence notoire exaspère son rédacteur en chef. Il est amoureux d’une collègue, Amal. Malheureusement cette dernière doit épouser Amin, un cousin méchant et sournois, bijoutier de son état.
Asfour vit avec son petit frère Fasih et ses parents. Son père est un excentrique qui se consacre à l’alchimie. Il multiplie les expériences dans l’espoir de fabriquer un jour de l’or.
Amin ne supporte pas qu’Amal fréquente Asfour. Il menace son rival afin qu’il s’éloigne de la jeune femme. Le bijoutier a le soutien de la mère de celle-ci et rien ne pourra empêcher leur mariage. Asfour est désespéré.
Un soir, Fasih est resté seul dans le laboratoire de leur père et il entreprend de jouer au petit chimiste. Il provoque une explosion qui libère d’une jarre un génie. L’enfant s’évanouit puis l’être surnaturel prend feu, ne laissant de son passage qu’une fine poussière qui s’est déposée sur un bonnet appartenant à Asfour.
Peu après, on s’aperçoit que le bonnet a le pouvoir de rendre invisible celui qui le porte. Asfour comprend tout de suite le parti qu’il va pouvoir en tirer. Tout d’abord, tourmenter Amin et empêcher son mariage avec Amal…

Notre avis : le seul film où l’éternel second rôle Abdel Moneim Ibrahim obtient le premier rôle. Même s’il peine à convaincre dans certaines scènes qui auraient exigé de sa part un petit grain de folie supplémentaire, reconnaissons qu’il propose un jeu très personnel, tout en retenue, bien loin de l’outrance de ses petits camarades. « Le Secret du Bonnet Invisible » est une comédie inégale : l’invisibilité du héros est prétexte à une accumulation de gags convenus et de farces pour potaches boutonneux. Heureusement, Berlanti Abdel Hamid, la Sza Sza Gabor égyptienne met du piment dans cette potion « magique » un peu fade. Sa danse du Hula Hoop est l’une des scènes les plus savoureuses du film.