mardi 1 octobre 2024

A la télé : les films du jour (Rotana Classic du 1er au 15 octobre)

روتانا كلاسيك

Quels films peut-on voir sur la chaîne Rotana Classic ? Les horaires donnés sont ceux de l'après-midi ou de la soirée (heure de Paris). La plupart des films sont ensuite rediffusés le lendemain matin.
Rotana Classic a remplacé Rotana Zaman en 2012. Cette chaine fait partie du groupe Rotana basé en Arabie Saoudite et spécialisé dans le divertissement (télévision et musique). Celui-ci a été créé par le prince Al-Walid ben Talal ben Abdelaziz Al Saoud, membre de la dynastie Al Saoud et petit-fils du fondateur de l'Arabie Saoudite. Comme son nom l’indique, Rotana Classic diffuse essentiellement les grands classiques du cinéma égyptien. Disponible en France.


Mardi 15 octobre à 14h

Tous Sont Mes Enfants d’Ahmed Diaa Eddine (Kollohom Awlady,1962)
avec Chukry Sarhan (Amin), Salah Zulficar (Salem), Hassan Youssef (Mehdat), Zizi Al Badraoui (Karima, la cousine des trois frères), Amina Rizq (la mère des trois frères), Tawfik El Deken (le chef des voleurs), Abdel Khalek Saleh (le père des trois frères), Mimi Gamal (une amie de Mehdat), Abdel Salam Mohamed (Izzat, un ami de Mehdat), Mahmoud Mustafa (Magdy, un ami de Mehdat), Abdel Rahman Abo Zahra (Ibrahim, un ami de Mehdat), Abdel Ghani El Nagdi (le serviteur)
Scénario : Farid Shawki et Kamal Ismaïl
Production : Naguib Khoury


Amin, Salem et Mehdat sont trois frères. Le premier est en dernière année de droit, le second est un tout jeune officier de police et le troisième, le plus jeune, souhaite devenir ingénieur mais dans ses études, il manque singulièrement de sérieux. Toute la famille est réunie pour le dernier déjeuner avant leur départ. C’est la fin des vacances, et ils doivent tous les trois retourner au Caire. Autour de la table, outre les trois frères, il y a leur mère qui les adore, leur père qui a toujours été d’une sévérité extrême et leur cousine Karima qui est amoureuse de Medhat. Le repas terminé, les trois jeunes gens prennent la route de la gare.
De retour au Caire, Medhat renoue avec ses mauvaises fréquentations. Il passe ses journées à boire et à jouer aux cartes. Il perd beaucoup d’argent. Très vite, il se retrouve dans une situation inextricable : il ne sait plus comment honorer ses dettes…

Notre avis : une chronique familiale qui évoque l’affrontement entre trois frères aux parcours divergents. Le dispositif paraîtra un peu schématique : l’opposition est frontale entre le cadet, jeune policier, et le benjamin qui a plongé dans la délinquance ; en revanche l’aîné qui est avocat (évidemment !) adopte une attitude de tolérance et de conciliation. « Tous sont mes enfants » est un film à thèse qui remet en cause l’autorité paternelle. Pour les auteurs*, l’autoritarisme du père est le premier responsable des dérives des enfants. Soit ! Malgré cette volonté de prouver et de démontrer que l’on retrouve dans chaque scène, ce film n’est pas aussi indigeste qu’on pourrait le craindre. Sans doute, est-ce dû à la qualité de l’interprétation et notamment au jeu si sensible de la jeune et frêle Zizi Al Badraoui.
*On est étonné de trouver comme scénariste pour ce film, l’acteur Farid Shawki qui a toujours incarné à l’écran les hommes virils et dominateurs !


Lundi 14 octobre à 16h

Histoire d'Amour d'Helmy Halim (Hekayat hub, 1959)
avec Abd El Halim Hafez (Ahmed Sami), Mariam Fakhr Eddine (Nadia), Abdel Salam Al Nabulsi (Refaat, l’ami d’Ahmed Sami), Mahmoud El Meleigy (docteur Abdel Wahab), Ferdoos Mohamed (la mère d’Ahmed Sami), Ahmed Yehia (Samir, le petit frère d’Ahmed Sami), Saïd Khalil (docteur Fahim), Edmond Tuema (garçon de l’hôtel Mina House), Abbas Rahmy (le directeur de la maison de disques), Kamal Anwar (Mamdouh Bey, l’ivrogne de la soirée), Ibrahim Khan (Adel), Fathia Ali (la voisine de la mère d’Ahmed)
Scénario : Ali El-Zorkani et Helmy Halim
Musique : André Ryder, Kamal El Tawil, Mohamed Al Mogi, Mounir Mourad, Morsi Gamil Aziz
Production : Helmy Halim
Première apparition à l’écran de Samir Sabri. On l’aperçoit quelques secondes parmi d’autres figurants quand Abdel Halim Hafez interprète la chanson « Bahlam Bik ».


Ahmed Sami est professeur de musique dans une école primaire d’Alexandrie. Grâce à son salaire, il peut subvenir aux besoins de sa mère aveugle et de son petit frère Samir. Ses moments de loisir, il les consacre à chanter et à composer. Son rêve serait de devenir un chanteur célèbre. La chance semble enfin lui sourire. Son voisin l’a conduit dans une soirée mondaine pour qu’il s’y produise. A peine commence-t-il à chanter qu’il est brusquement interrompu par un ivrogne. Profitant de cet incident, quelqu’un met un disque de jazz. Toute la petite société se lance dans une danse endiablée. Ahmed est humilié. Nadia, une jeune et belle aristocrate vient le consoler en lui prédisant un bel avenir dans la chanson. Les jours qui suivent sont occupés à retrouver cette belle inconnue. Ahmed la revoit sur la plage et ose lui adresser la parole. Ils ont une brève conversation et conviennent de se retrouver le lendemain au même endroit. Ahmed voudrait lui faire écouter une chanson qu’il est en train de composer. Mais le lendemain, plus de trace de Nadia. Elle est repartie subitement pour Le Caire…

Notre avis : le film s’intitule « Histoire d’Amour ». Ce titre passe-partout, d’une platitude radicale, annonce la couleur : dans ce mélodrame, pas une seule idée originale mais une accumulation de clichés surannés. La chose est étonnante quand on sait que le scénario est signé Ali El Zorkani, un auteur talentueux qui a écrit les scénarios de grands classiques du septième art égyptien. Sans doute le goût prononcé du réalisateur pour la romance a-t-il eu le dernier mot. Bien sûr, Mariam Fakhr Eddine est d’une beauté éblouissante et ce rôle d’aristocrate romantique lui va à merveille. On peut aussi apprécier les très jolies chansons interprétées avec passion par le « Rossignol Brun ». Mais on ne peut que regretter de voir ces deux grands artistes dans une œuvre aussi fade.

 
Dimanche 13 octobre à 16h

Sans Rendez-Vous d’Ahmed Diaa Eddine (Men Gheir Ma'ad, 1962)
avec Moharam Fouad (Kamal), Soad Hosny (Salwa), Nadia Lutfi (Nadia), Mohamed Sultan (Wahid), Khayria Ahmed (Fatima), Zouzou Madi (la mère), Fakher Fakher (l’oncle), Mimi Chakib (la tante), Samir Sabri (Samir), Salah Gahin (Fahmi),
Scénario et dialogues : Youssef Issa
Musique : Baligh Hamdy, Abdel Wahab Mohamed, Mohamed Al Mogi, Fouad El Zahry
Production : les films Khalil Diab


Romance. Salwa, Nadia et Fatima sont trois sœurs. Leur père est mort et elles vivent dans une grande maison avec leur mère, leur oncle et leur tante. La situation financière de la famille n’est guère brillante et la mère de famille voudrait marier ses trois grandes filles au plus vite. Fatima, l’aînée est déjà promise à un entrepreneur, fortuné mais énorme. En attendant, la veuve décide de louer le petit chalet qui se trouve dans sa propriété, juste en face de la villa que la famille occupe. C’est Wahid, un jeune artiste peintre très riche, qui s’y installe. Salwa, la plus jeune des trois filles, tombe aussitôt sous le charme de leur locataire mais lui n’est attiré que par Nadia. La situation se complique quand Kamal, un chanteur ami de Wahid, tombe lui aussi amoureux de Nadia…

Notre avis : dans une ambiance estivale -plages, maillots de bain et robes légères- « Sans Rendez-Vous » dépeint par petites touches délicates le drame des amours non réciproques : Samir aime Salwa qui aime Wahid qui aime Nadia qui aime Kamal. C’est un récit à l’eau de rose qui finit hélas ! par ressembler à un robinet d’eau tiède. Il y manque la passion, l’exaltation qu’on attend d’un film de ce genre. Mais ici, rien ne se passe : les personnages n’agissent pas mais se contentent de ruminer leurs déceptions ou leurs rancœurs. Et pendant près de deux heures, c’est long ! Il est vrai que nous n’avons jamais fait partie des admirateurs de Moharam Fouad : c’est un garçon très doux qui chante en souriant des chansons très douces mais on aimerait parfois un peu plus d’âpreté, un peu plus de rugosité pour ne pas sombrer comme ici dans un océan de mièvrerie.


Samedi 12 octobre à minuit

Monsieur Karaté de Mohamed Khan (Mister Karate, 1993)
avec Ahmed Zaki (Salah), Nahla Salama (Nadia), Ibrahim Nasr (Hassan, l’entraineur), Mamdouh Wafi (l’ingénieur Sherif), Othman Abdel Moneim (Omar, l’ancien collègue du père de Salah), Nader Nour Alddin (Samir), Amr Mohammed Ali (Fathi), Zouzou Nabil (la vieille dame), Azza Kamel (la fille de la vieille dame), Wagih Agamy (Mahmoud), Hassan El Adl (un policier corrompu), Adawy Gheith (Monsieur Aziz), Moustafa Darwish (un mari jaloux), Fouad Farghaly (le fonctionnaire)
Scénario : Raouf Tawfik
Musique : Yasser Abdul Rahman
Production : les films El Sobky


Salah quitte son village natal pour travailler au Caire. Il trouve un emploi dans le garage où son défunt père avait lui aussi travaillé. Près du garage, il y a un vidéo club tenu par Nadia, une jeune femme très jolie. Salah sympathise rapidement avec elle. Le matin, il l’aide à ouvrir sa boutique tout en conversant. Nadia lui fait découvrir les films de karaté. Salah est subjugué par les exploits des héros de ces films et il rêve de devenir lui aussi un champion de karaté comme Bruce Lee. Il fait alors la connaissance d’un ancien entraineur qui l’initie à cet art martial. C’est lui qui donne à Salah le surnom de « Mister Karaté ». Malheureusement, un terrible accident va mettre un coup d’arrêt aux rêves et aux projets du jeune homme. En essayant d’arrêter un véhicule conduit par un adolescent, il fait une chute et une roue de la voiture lui broie l’une de ses jambes. Il est hospitalisé. La convalescence sera longue, il pourra à nouveau marcher sans béquilles mais en boîtant...

Notre avis : une réflexion intéressante sur le caractère aliénant d’un certain cinéma commercial véhiculant des mythes trompeurs et des modèles illusoires. Après son accident, le héros du film devra abandonner ses rêves de gloire et affronter la misère et la corruption qui gangrènent la société. Le réalisateur nous invite à suivre son personnage dans ses pérégrinations à travers une capitale dont les rues et les bâtiments ne sont que décrépitude et délabrement, une capitale qui est devenue le terrain de jeu des trafiquants et des corrompus. En fait, Mohamed Khan dans ce film nous raconte l’histoire d’un homme simple qui s’est libéré de ses chimères pour se convertir au réel et à l’action.


Vendredi 11 octobre à 18h

Un Mari à la Demande d’Adel Sadeq (Zoug Taht Eltalab, 1985)
avec Adel Imam (Mamdouh Fatiah), Nabaweya Sayed (la mère de Mamdouh), Youssef Dawood (le chef de Mamdouh), Fouad El Mohandes (Zuhdi Bey, le directeur), Sally (Dawlat Hanem, la femme de Zuhdi), Wahid Hamdy (le premier témoin du mariage), Ali Al Sherif Al Saghir (le deuxième témoin du mariage), Othman Abdel Moneim (le mazoune), Mohamed Reda (Naïm Bey), Layla Olwi (Nahed, la femme de Naïm Bey), Sayed Abdel Ghani (Shaker Bey), Hala Sedqy (Hala), Mahmoud Rashad (le père de Zuhdi), Mona Darwesh (la secrétaire de Zuhdi)
Scénario : Helmy Salim
Musique : Hani Mehanna
Production : Wasif Fayez


Mahmoud est un petit employé qui vit avec sa mère dans un minuscule appartement sur le toit d’un immeuble. Son quotidien lui offre peu de satisfaction et, chaque jour, il subit résigné les mille soucis du citadin sans le sou. Un jour, il est convoqué par son directeur qui veut lui confier une mission très délicate. C’est le chef de bureau qui l’a présenté à leur supérieur comme un employé digne de confiance. Le directeur explique le problème à son employé : il a divorce trois fois de son épouse et il souhaite reprendre la vie commune. Mais comme l’exige la religion après un troisième divorce, la femme doit épouser un autre homme puis divorcer avant de pouvoir retourner avec son précédent mari. La mission de Mahmoud est simple : il doit se marier avec la femme de son directeur, passer la nuit à leur domicile puis au matin divorcer. Pour ce « service », Mahmoud empochera une grosse somme d’argent. Evidemment, il accepte. Le contrat est signé dans le salon du directeur mais en l’absence de sa femme. Avant de s’éclipser l’homme conduit Mahmoud dans une chambre en lui demandant de n’en sortir sous aucun prétexte puis il quitte son domicile pour passer la nuit dans un hôtel. Peu après, la femme du directeur fait irruption dans la chambre, mettant très mal à l’aise son nouveau mari avec qui elle a bien l’intention de vivre une véritable nuit de noces…

Notre avis : on retrouve Adel Imam dans un rôle que l'on connaît bien, celui du petit employé pauvre et sans talent qui subitement change de condition grâce aux femmes dont il satisfait tous les désirs. L’intrigue de cette comédie repose entièrement sur cette règle qui veut qu’après avoir divorcé trois fois, un couple peut à nouveau se reformer à la seule condition que la femme ait épousé un autre individu puis ait divorcé. Le mari doit donc trouver un homme de confiance qui acceptera contre une confortable indemnité d’épouser sa femme, de passer la nuit avec elle, sous le même toit mais pas dans le même lit, et au petit matin de divorcer. Evidemment, on peut imaginer le succès qu’une telle situation peut avoir auprès des auteurs de comédies pour toutes les péripéties plus ou moins scabreuses qu’elle autorise. Dans ce film, Adel Imam devient un professionnel du mariage éclair que des maris fortunés embauchent à leurs risques et périls. Cela donne lieu à des séquences un peu répétitives : à chaque fois, on assiste à la soirée, toujours un peu coquine, que le héros passe avec son épouse d’un soir tandis que le vrai mari passe la nuit seul, torturé par la jalousie. La séquence la plus réussie est sans doute la première : l’actrice Sally joue avec un grand naturel et une délicieuse sensualité l’épouse insatisfaite prête à tout pour profiter de son nouveau mari. Une comédie sans originalité mais distrayante.


Jeudi 10 octobre à 16h

Ismaël Yassin dans la Police de Fateen Abdel Wahab (Ismaïl Yassin fel Police, 1956)
avec Ismail Yassin (Zaki), Hussein Qandil (un officier de police), Ellen Deatto (la voisine de Zaki), Zahrat Al Oula (Sania), Zinat Sedki (la mère de Gamala), Roshdy Abaza (Roshdy, le fiancé de Gamala), Sherifa Mahear (Gamala), Reyad El Kasabgy (un agent de police), Mohamed Shawki (un soldat), Hassan Hamed (un voleur), Mohsen Hassanein (un agent de police), Ali Rushdy (le père de Sania), Noura (la danseuse), Ali Abd El Al (le pharmacien), Salah Abdel Hamid (le chanteur)
Scénario : Fateen Abdel Wahab, El Sayed Bedeir, Mahmoud Sobhy
Musique : Fouad El Zahery
Production : Abbas Helmy


Zaki est un policier débutant, plein de bonne volonté mais très maladroit. Une nuit alors qu’il patrouille, il tombe sur deux malfrats en train de dévaliser l’appartement de madame Shamma. Il arrête l’un des voleurs mais son complice parvient à s’échapper. De retour au commissariat, Zaki conduit son homme en cellule puis accompagne au bureau de l’officier enquêteur un autre individu. Il ne sait pas que ce dernier qu’il prend pour un malfrat travaille en fait pour la police. Il est justement chargé d’infiltrer le gang auquel appartient le voleur que Zaki a arrêté. Epuisé par cette nuit bien remplie, notre policier débutant rentre chez lui. Dans son immeuble, il retrouve la jeune femme dont il est amoureux. L’entrevue tourne à la dispute : la demoiselle lui reproche ses horaires de travail et elle ne lui cache pas qu’elle est très attirée par un autre garçon qui habite l’immeuble. Zaki est évidemment très déçu. Sur le plan professionnel, la situation va aussi se dégrader : une nuit, il arrête l’homme rencontré au commissariat alors que celui-ci a pris en filature le chef du gang qui terrorise la ville. Par son intervention, Zaki fait échouer toute l’opération…

Notre avis : Fateen Abdel Wahab et Ismaël Yassin vont tourner entre 1955 et 1959, six films à la gloire de l’armée et de la police. Le premier, c’est en 1955, « Ismaël Yassin à l’armée ». Le deuxième, c’est celui-ci, « Ismaël Yassin dans la police ». Il débute par un texte dans lequel les producteurs remercient le ministère de l’intérieur de son aide et déclarent que leur principal objectif a été de changer l’image des policiers en montrant qu’ils sont des citoyens ordinaires, des êtres humains avec leurs soucis et leurs joies. Effectivement, ce qui est tout à fait étonnant dans ce film, c’est qu’on n’assiste pas à une « héroïsation » des forces de l’ordre. Bien au contraire, le personnage principal incarné par Ismaël Yassin est un policier au bas de l’échelle d’une incompétence absolue (même si le dénouement lui donnera l’occasion de se racheter). De sorte que la comédie ne cède jamais devant les exigences de la propagande et que l’on peut encore apprécier ce film de commande. Une autre singularité d’ « Ismaël Yassin dans la Police », c’est son rythme débonnaire. Pas d’actions d’éclat, pas de courses poursuites, pas de bagarres mais on nous montre des policiers paisibles, au travail et surtout dans leur vie quotidienne. Et c’est ainsi que l’œuvre de propagande annoncée devient une chronique attachante sur des hommes et des femmes d’un quartier populaire de la capitale.

 
Mercredi 9 octobre à 16h

Une Lettre d’une Femme Inconnue de Salah Abou Seif (Resalah min emraa maghoula, 1962)
avec Farid Al Atrache (Ahmed), Lobna Abdel Aziz (Amal), Amina Rizk (la tante d’Amal), Mary Moneib (la mère d’Amal), Abdel Moneim Ibrahim (Menem, l’ami d’Ahmed), Layla Karim (Nifin), Fakher Fakher (Ibrahim, le serviteur d’Ahmed), Ezzat Al Alali (le médecin), Abdel Ghani El Nagdi (le gardien), Yacoub Mikhaïl (le beau-père d’Amal), Ahmed Shawki (le directeur de la compagnie d'assurance)
Scénario : Fathi Zaki et El Sayed Bedeir
Musique : Farid Al Atrache et André Ryder
Production : Ramsès Naguib et Salah Zulficar
D’après la nouvelle de l’écrivain autrichien Stefan Zweig publiée en 1922, Lettre d’une inconnue. Cette nouvelle a fait l’objet d’une première adaptation réalisée en 1948 par Max Ophuls avec Joan Fontaine et Louis Jourdan


Ahmed Sameh est un chanteur célèbre. C’est le jour de son anniversaire. Tous ses amis l’attendent chez lui pour fêter l’événement. Les heures passent et Ahmed n’est toujours pas arrivé. Lassés, les convives décident de rentrer chez eux. C’est après leur départ qu’Ahmed rentre enfin. Son moral est au plus bas. Son domestique lui remet une grande enveloppe qu’on a déposée plus tôt dans la journée. Elle contient une longue lettre. L’auteur en est une femme qu’il ne connaît pas. Elle s’appelle Amal et elle lui raconte son histoire. Elle habitait en face de chez lui et l’aimait à la folie. Ils passeront une nuit ensemble puis Ahmed la quittera pour d’autres aventures. Il ne saura jamais qu’après cette brève liaison, Amal donnera naissance à un petit garçon…

Notre avis : une adaptation très libre et un peu sirupeuse du texte de Stefan Zweig avec un happy end qui en efface la dimension tragique. Mais pour les fans de Farid Al Atrache, est-ce vraiment un problème ? D’autant plus que les chansons qu’il interprète ici sont de bien jolies pépites. « Mon Cœur et ses Clés » (Albi wa Moftaho) qu’il chante d’abord seul au piano puis accompagné par un orchestre constitue l’une des séquences les plus marquantes de ce film. La partenaire de Farid Al Atrache est la talentueuse Lobna Abdel Aziz qui joue avec une grâce et une fougue attachantes la jeune fille amoureuse du célèbre chanteur (un rôle comportant bien des écueils qu’un certain nombre de ses consoeurs n’ont pas toujours su éviter.)


Mardi 8 octobre à 18h

Des Bouches et des Lapins d’Henry Barakat (Afwah We Araneb, 1977)
avec Faten Hamama (Naema), Mahmoud Yassin (Mahmoud Bey), Farid Shawki (Abdel Maged), Magda El-Khatib (Raguia), Ali El Sherif (Maître Al Batawi), Ragaa Hussein (Gamalat), Abou Bakr Ezzat (Youssef), Hussein Asar (Oncle Mustafa), Wedad Hamdy (Fayza, l’amie de Naema), Hassan Mostafa (Fathy Al Faki), Mohamed Al Saqqa (Khalil), Ahmed Abaza (le marchand de fruits), Salah Nazmi (Ahmed), Enas El Dighade (Noha), Aleya Abdel Moneim (la mère de Noha)
Scénario : Samir Abdel Azim
Musique : Gamal Salamah
La chanteuse Fatima Eid (née en 1962) ouvre et ferme le film avec la chanson « Tota, Tota, Tota » qui deviendra un énorme succès.
Production : Compagnie des Films Unis
Des Bouches et des Lapins a reçu en 1978 le prix du meilleur film décerné par le Centre Catholique égyptien.


Naema est une femme qui vit dans un petit village, près de Mansoura. Elle réside dans la même maison que sa sœur Gamalat, son beau-frère Abdel Maged, et leurs neuf enfants. Abdel Maged est sans emploi et passe toutes ses journées à boire. C’est donc Naema qui entretient toute la famille grâce à son travail dans une usine de glaces. Un jour, le plus âgés de ses neveux vole deux poulets chez le marchand de volailles du village. Il s’est fait prendre par le commerçant et Naema intervient pour obtenir sa libération. Le marchand accepte de retirer sa plainte mais, en échange, il souhaite épouser la jeune femme. Bien que l’homme ait déjà trois femmes et vingt-deux enfants, la sœur et le beau-frère de Naema voient d’un très bon œil cette union car elle permettrait de résoudre les difficultés financières de la famille. Pour échapper à ce mariage dont elle ne veut pas, Naema quitte le village. Elle devient la gouvernante d’un riche et séduisant propriétaire terrien. La servante et le maître tombent amoureux l’un de l’autre mais pour se marier, ils devront lutter contre leurs deux familles…

Notre avis : ce film connut un succès considérable à sa sortie et il est régulièrement rediffusé par les chaînes de télévision arabes. C’est un conte de fée moderne qui a le mérite d’évoquer sans manichéisme le problème des relations entre les classes sociales et celui de la condition féminine dans l’Egypte des années soixante-dix . A travers le sort de Naema et de sa sœur Gamalat, Henry Barakat dénonce les archaïsmes qui continuent d’entraver le destin des femmes des classes populaires . Ce qui affaiblit son propos, c’est que les deux sœurs finissent par échapper à la misère grâce au jeune, riche et beau propriétaire terrien, futur mari de Naemat. Mais il est vrai qu’Henry Barakat est un éternel romantique ! Quant à Faten Hamama, elle reste une immense actrice et elle le prouve une nouvelle fois ici mais on pourra la trouver néanmoins un peu trop distinguée pour le rôle de Naema. Elle a beau s’être coiffée d’un foulard pour faire peuple, elle ne parvient pas à effacer sa grâce et son élégance naturelles. D’ailleurs on comprend pourquoi le propriétaire terrien désire épouser sa charmante employée : elle rivalisera sans peine avec les femmes de son milieu  


Lundi 7 octobre à 16h

7 heures de Togo Mizrahi (El sa'a saba, 1937)
avec Ali Al Kassar (Othman), Bahiga El Mahdy (la femme d’Othman), Zakia Ibrahim (la belle-mère d’Othman), Ibrahim Arafa (le muet de la banque), Ali Abd El Al (le voisin d’Othman), Hassan Rashid (Hassan Bey)
Scénario : Togo Mizrahi et Ali Al Kassar
Production : Togo Mizrahi
appréciation : 4/5


Othman est employé de banque : il s’occupe du courrier, renseigne les clients et fait le coursier quand il faut remettre ou récupérer des fonds de manière urgente. Pour cette dernière fonction, il a une magnifique bicyclette qui lui permet de se déplacer très rapidement par les rues d'Alexandrie. Il est marié à une couturière. La mère de cette dernière vit avec eux et elle est la propriétaire de l’atelier de couture. Le naturel autoritaire de sa belle-mère déplaît à Othman.
Ce jour-là commence comme tous les autres jours : il trie le courrier reçu, aide un jeune domestique muet à effectuer une démarche à l’un des guichets de l’établissement puis enfourche son vélo pour faire ses premières courses. Hélas ! à peine est-il entré dans une banque où il avait affaire qu’un voleur s’empare de sa bicyclette et disparaît. Quand Othman s’en aperçoit, il court à travers la ville pour la retrouver. Il finira par la récupérer grâce à l’imprudence de son voleur.
A la fin de sa journée, il rentre chez lui où il retrouve son épouse et son insupportable belle-mère. Il décide de sortir avec son voisin. Ils se rendent dans un café pour boire de la bière. Ils rentrent chez eux au milieu de la nuit totalement ivres.

Notre avis : c’est Ali Al Kassar qui a créé le personnage d’Othman, un nubien naïf, à l’accent très prononcé. On le retrouve dans plusieurs films que le comédien tourne sous la direction de Togo Mizrahi dont ce « 7 heures » de 1937. A chaque fois, la recette est à peu près la même : Othman est un pauvre bougre aux prises avec les vicissitudes de la vie quotidienne ; les procédés comiques sont empruntés à la tradition de la farce égyptienne comme le changement d’identité, la confusion rêve/réalité, la caricature des paysans de haute Egypte ou bien encore la satire des femmes toujours présentées comme des mégères autoritaires. Mais c’est aussi une œuvre d’une grande modernité par l’incroyable liberté de ton qu’adopte le réalisateur, notamment dans sa manière très audacieuse d’exploiter le thème du travestissement. Ce film aura une influence considérable sur ceux qui domineront la comédie dans les années cinquante et soixante : l’acteur Ismaïl Yassin et le réalisateur Fateen Abdel Wahab (voir le film "Mademoiselle Hanafi" de 1954).


Dimanche 6 octobre à 16h

Si j'étais riche d'Henry Barakat (Law kunt ghani, 1942)
avec Ehsane El Gazaerli (la femme de Mahrous), Abd El Fatah El Kosary (Younis, le cousin de Mahrous), Ibrahim Mostafa (le propriétaire de l’imprimerie), Beshara Wakim (Mahrous), Yehia Chahine (Kamal, l’amoureux de Wahiba), Samira Kamal (Wahiba, la fille de Mahrous), Mohamed Al Dib (Rachid, le fils de Mahrous), Thoraya Helmy (la chanteuse), Ibrahim Moheb (le serviteur)
Scénario et dialogues : Abou Al Saoud Al Ibiary
Musique et chansons : Izzat El Gahely et Ahmed Sabra
Production : les Films du Lotus (Assia Dagher)


Comédie. Mahrous est un modeste coiffeur qui vit dans un quartier populaire du Caire. Il a une femme et deux enfants. Son fils Rachid travaille comme ouvrier dans l’imprimerie du quartier, tout comme Younis son cousin. Sa fille Wahiba est en âge de se marier. Elle est tombée amoureuse d’un jeune homme qui se rend régulièrement dans le salon de Mahrous uniquement pour apercevoir sur son balcon l’élue de son cœur. Malheureusement, les parents de Wahiba refusent de les marier. Le papa coiffeur rêve de faire fortune et peste contre le destin qui l’oblige à vivre dans la pauvreté. Comme tous les habitants du quartier, il est révolté par l’égoïsme des riches. Si lui avait de l’argent, il n’hésiterait pas aider les nécessiteux. Un jour, ce rêve devient réalité. Un de ses cousins vient de mourir chez lui. L’homme vivait seul et Mahrous doit s’occuper de toutes les formalités. En entrant dans son appartement, il découvre le corps sans vie de son parent et tout autour des liasses et des liasses de billets de banque. C’est ainsi que Mahrous devient un homme riche. Avec toute sa famille il s’installe dans une maison de maître à Zamalek…

Notre avis : pour sa toute première réalisation, Henry Barakat se lance dans une évocation pittoresque d’un quartier populaire avec ses habitants hauts en couleur qui rivalisent de truculence et de forfanterie, malgré les difficultés et les privations de l’époque (Rappelons que le tournage se déroule durant la seconde guerre mondiale). Par certains côtés, l’atmosphère de ce film rappelle celle de la trilogie marseillaise de Marcel Pagnol. D’ailleurs, on retrouve le même dispositif théâtral avec des acteurs chevronnés qui cabotinent à plaisir. A cet égard, le couple formé par Ehsane El Gazaerli et Beshara Wakim domine toute la distribution par sa verve et sa pétulance. Certains déploreront le caractère simpliste de la morale : l’argent ne fait pas le bonheur et il est vain de vouloir quitter sa classe sociale d’origine. Il n’en demeure pas moins que « Si j’étais riche » constitue pour Henry Barakat une entrée éclatante dans la carrière !


Samedi 5 octobre à 18h

Désolé pour l’Erreur d’Hassan Seif El Din ( Nasaf lhdha alkhata, 1986)
avec Boussy (Thana, la voisine de Sadiq), Farouq Al Fishawy (Essam), Sayed Saleh (Sadiq, l’assistant d’Essam), Hassan Hosny (Shafiq, l’oncle de Thana), Farida Saif Al Nasr (la danseuse Hamdya, la femme de Shafiq), Fakry Sadiq (le propriétaire de la boutique), Elham Shahin (Ola Zaher), Mariam Fakhr Eddine (la mère d’Ola), Salah Nazmi (Fodil, le beau-père d’Ola), Imad Moharam (Rachid, l’amant d’Ola), Aziza Helmy (la mère d’Essam), Hussein Al Sherif (le policier), Rashwan Mustafa (un avocat)
Scénario : Mohamed Ragab, Sherif El Minyawi
Musique : Hassan Aobu El Saud, Yahya Al Mouji


Sadiq est un modeste employé qui travaille pour Essam, un jeune avocat très brillant. Il est amoureux de Thana, sa voisine qui vit avec son oncle et la femme de celui-ci. Thana travaille comme vendeuse dans une boutique mais elle ne supporte plus son patron qui la harcèle. Elle demande à Sadiq de lui trouver un autre emploi. Il parvient à la faire embaucher comme secrétaire dans le cabinet de son patron bien qu’elle n’ait aucun diplôme. Essam est au début un peu déconcerté par cette nouvelle recrue mais très vite il apprécie toutes les qualités qu’elle manifeste dans son travail. Entre temps, dans le cadre de son métier, l’avocat a fait la connaissance d’une jeune femme très séduisante qui a été impliquée dans un accident de la circulation. Pour le remercier de son intervention, Ola, c’est le nom de la jeune femme, l’invite chez ses parents. Ceux-ci se présentent comme un couple très pieux consacrant tout leur temps à la prière. Essam tombe sous le charme de sa nouvelle amie au point qu’il décide de la présenter à sa mère. Ce qu’il ne sait pas, c’est qu’Ola est la maîtresse d’un gangster et que ses parents tiennent un cercle de jeux…

Notre avis : Hassan Seif El Din a fait toute sa carrière à la télévision et « Désolé pour l’Erreur » est le seul film qu’il a réalisé pour le cinéma. C’est un drame insipide avec des gentils qui sont vraiment très gentils et des méchants qui ne sont pas vraiment méchants. On aime bien la ravissante Elham Shahin dans son rôle de garce ; en revanche, la grande Mariam Fakhr Eddine n’est guerre convaincante en tenancière de tripot ! Ce film offre à Sayed Saleh, l’un des acteurs comiques les plus populaires de son temps, son premier rôle dramatique. Du coup, pendant tout le film, il adopte un ton pleurnichard et scène après scène, il reproduit le même jeu sommaire, démarche hésitante et serviette de cuir serrée fébrilement contre son coude : crispant.


Vendredi 4 octobre à minuit

Illusions d’Amour de Salah Abou Seif (El Wesada Elkhalya, 1957)
avec Abdel Halim Hafez (Salah), Loubna Abdel Aziz (Samiha), Zahrat Al Oula (Douria), Ahmed Ramzy (Fayez), Omar El Hariri (le docteur Fouad), Abdel Moneim Ibrahim (Hassan), Abdel Wares Asr (le père de Salah), Kawthar Shafik (Sonia), Serag Mounir (le père de Douria), Rafia Al Shal (la mère de Salah)
D’après un roman d’Ishan Abdul Quddus
Scénario et dialogues : El Sayed Bedeir
Musique : Kamal El Tawil, Mamoun Al Shinnawi, Mounir Mourad, Mohamed Al Mogi, Ismaël El Habrouk
Production : Ramses Naguib


Drame chanté. Alors qu’il arpente les rues du Caire avec ses deux meilleurs amis, Salah fait la connaissance de Samiha. Entre eux, c’est immédiatement le grand amour. Mais leur bonheur est de courte durée car Samiha doit épouser un médecin. L’étudiant pauvre ne peut rivaliser. Il essaie d’oublier celle qu’il aime en passant ses nuits à boire dans les cabarets. Il rencontre une jeune femme qui est éperdument amoureuse de lui mais cela ne suffit pas à lui redonner le goût de vivre. Une nuit, alors qu’il a bu plus que de raison, il a un malaise. Il est hospitalisé. Le médecin qui le soigne est le mari de Samiha…

Notre avis : un grand film, romanesque en diable, que l’on doit à la réunion d’artistes parmi les plus talentueux de l’époque. Pour s’en tenir à l’interprétation, on trouve autour d’Abdel Halim Hafez trois jeunes actrices extraordinairement douées : Kawthar Shafik, Zahrat Al Oula et Loubna Abdel Aziz. Pour cette dernière, « Illusion d’Amour » est à la fois son premier film, son premier rôle principal et son premier succès. On aurait tort de considérer ce drame comme une simple bluette destinée aux coeurs sensibles. Salah Abou Seif a su nous plonger dans un mélodrame poignant tout en menant une réflexion sur la passion amoureuse et ses illusions. Instruire en plaisant, telle est la devise de nos grands classiques dont assurément fait partie ce maître du cinéma égyptien.


Jeudi 3 octobre à 14h

Mon Coeur me Guide d'Anwar Wagdi (Kalbi Dalili, 1947)

avec Layla Mourad (Layla), Anwar Wagdi (Wahid), Stephan Rosti (le chef du gang), Zouzou Chakib (Samira, la compagne d’Hamdy Soleiman)), Bashara Wakim (le père de Layla), Hassan Fayek (un collègue de Wahid), Farid Shawki (Farid, un gangster), Saïd Abou Bakr (un gangster), Abdel Aziz Al Ahmed (Hamdy Soleiman), Abdel Hamid Zaki (un gangster), Menassa Fahmy (le chef de la police), Ismaïl Yassin (Ismaïl Yassin), Reyad El Kasabgy (un gangster), Mahmoud Shoukoko (Shoukoko), Mohamed Salman (le chanteur), Nabawya Mostafa (la danseuse)
Scénario : Aboul Seoud Al Ebiary
Musique : Mohamed Al Qasabji et Mohamed Fawzi
Production : Abou Seoud Al Ebiary


Comédie musicale. La police est avertie qu’une jeune femme doit arriver au Caire par le train d’Alexandrie avec une valise remplie de drogue. Les enquêteurs ont la description précise de la criminelle. A la gare, l’officier de police Wahid et ses hommes font le guet. Des gangsters sont aussi présents pour récupérer la jeune femme et son précieux bagage. Quand le train arrive sur le quai, la complice des malfrats remarque immédiatement tous ces policiers qui l’attendent. Elle parvient à leur échapper en restant dans le wagon tandis qu’au même moment en descend Layla, une jeune étudiante en musique. Elle correspond exactement au signalement donné aux enquêteurs et aux gangsters. Elle porte elle aussi une robe blanche, tient une valise d’une main et de l’autre arbore une petite chainette. Les gangsters sont les premiers à l’aborder et elle s’engouffre avec eux dans un taxi. Wahid et ses collègues rejoignent aussitôt leur voiture et filent à leur poursuite…

Notre avis : c’est le troisième film qu’Anouar Wagdi réalise avec sa femme, la plus grande star de l’époque, Layla Mourad. « Mon Cœur me Guide » se présente à la fois comme une comédie musicale, un thriller et un film sentimental. Les auteurs ont su fondre ces trois dimensions avec un souci constant de l’équilibre et de l’harmonie. Le morceau de bravoure de ce film, c’est la grande fête costumée où se retrouvent tous les protagonistes de l’histoire. Anouar Wagdi, en homme de spectacle accompli, excelle dans la réalisation de ces scènes de foules qui chantent et dansent, s’amusent et s’agitent en tous sens, tout en parvenant à y insérer le plus naturellement du monde, les conversations intimes des héros du film.* Dans la dernière partie, il y a à nouveau une scène de fête avec chanteurs et danseuses mais cette fois-ci chez les bandits, donc beaucoup moins « élégante », beaucoup plus populaire mais réalisée avec le même brio. La carte maîtresse d’Anouar Wagdi reste évidemment sa femme, la sublime Layla Mourad qui illumine de sa présence et de sa voix cette comédie musicale tout à fait épatante.

*Une petite remarque en passant concernant le choix des costumes pour certains participants à cette fête : les policiers ont tous revêtu un uniforme d’officier d’opérette viennoise tandis que les gangsters, qui pourtant sont là incognito, ont tous des costumes de bagnards ! Avait-on peur que les spectateurs les confondent ?


Mercredi 2 octobre à 20h30

Le Monstre de Salah Abou Seif (El Wahsh, 1954)
avec Anwar Wagdi (l’enquêteur), Samia Gamal (la danseuse), Mahmoud El Meleigy (Abdel Sabour), Abbas Fares (Radwan Pacha), Samiha Ayoub (la femme de l’enquêteur), Mohamed Tawfik (le mari de la danseuse), Omar El Gizawi (le domestique de l’enquêteur), Tousoun Motamad (homme de main du monstre), Ibrahim Moheb (le maire), Ahmed El-Hamaky (Hindawi), Fifi Sayed (la femme d’Hindawi), Ibrahim Hechmat (le chef de la police locale), Soleiman El Gendy (le fils de l’enquêteur)
Scénario : Naguib Mahfouz, Salah Abu Seif, El Sayed Bedeir
D’après l’histoire vraie du tueur en série Mohamed Mansour (1907-1947)
Musique et chansons : Fouad El Zahry, Ahmed Sedqi, Abdel Halim Nawira, Abdel Fattah Mustafa
Production : Pierre Zerbanelli


Western. Abdel Sabour est à la tête d’un gang qui fait régner la terreur dans un petit village de Haute-Egypte. Il force les paysans à lui vendre leurs terres à vil prix. Si ceux-ci résistent, il fait enlever leurs enfants et réclame une rançon. Abdel Sabour jouit d’une totale impunité car il est protégé par Radwan Pacha à qui il rend de précieux services lors des élections. Les autorités finissent par s’émouvoir d’une telle situation. Un officier de police s’installe avec femme et enfant dans le village. Sa mission : démanteler le gang et rétablir l’ordre…

Notre avis : Un très grand film. L’année précédente, Salah Abou Seif et son scénariste, l’écrivain Naguib Mahfouz, avaient réalisé un thriller sur Raya et Sakina, les célèbres tueuses en série d’Alexandrie. Cette fois-ci, ils s’intéressent à un criminel qui terrorisa paysans et villageois en Haute-Egypte dans les années quarante. Pour ce second opus rural, les références sont clairement du côté du western américain avec cet officier de police qui va devoir affronter pratiquement seul le truand et ses sbires. Le film prend une dimension politique dans sa dénonciation de la complicité qui unit le criminel et le notable, chacun trouvant dans l’autre un allié de poids pour affermir sa puissance et accroître sa fortune. Dans le rôle de l’officier de police, on retrouve Anwar Wagdi dont le choix nous laisse perplexe comme pour le film précèdent. En revanche, Mahmoud El Meleigy et Samia Gamal sont remarquables en amants diaboliques.


Mardi 1er octobre à 16h

Criminel à l’essai d’Abdel Moneim Shoukry (Mogrem Taht Al-Ekhtebar,1969)
avec Hassan Youssef (Medhat Souleiman), Nelly (Nadia), Soheir El Morshedi (Aziza, la maîtresse d’Abdel Maqsoud), Hassan Hamed (Abdel Maqsoud/l’acteur Fawzi Salem), Hassan Mostafa (Abdel Khaleq, le producteur), Nabil El Hagrassy (le réalisateur), Seif Allah Mokhtar (Barai’), Hassan Hussein (le photographe de presse), Ahmad Abu Abiya (un membre du gang d’Abdel Maqsoud), Salama Elias (le directeur de la prison), Lola Mohamed (la danseuse), Mohamed El Helwa (un membre du gang), Galal El Masry (l’assistant du metteur en scène), Abdel Ghani El Nagdi (le portier de la société de production)
Scénariste : Ahmed Abdel Wahab
Musique : Salah El Din Mustafa


Abdel Maqsoud est un dangereux chef de gang. Lui et ses hommes sont poursuivis par tout un groupe de policiers et ils se retrouvent piégés dans la montagne. Abdel Maqsoud n’hésite pas à sacrifier ses hommes pour sauver sa peau. Le lendemain sa mort fait les gros titres de la presse. Il aurait péri dans l’incendie de sa voiture. En fait, c’était un stratagème d’Abel Maqsoud pour pouvoir vivre tranquillement dans la clandestinité avec sa maîtresse. Les seuls à le savoir, ce sont ses anciens complices qui sont bien décidés à se venger. Lors de l’affrontement avec la police, un jeune journaliste était présent sur les lieux avec son photographe. Il s’appelle Medhat Souleiman et l’histoire de ce terrible gangster l’a tellement impressionné qu’il décide d’en tirer un scénario. La maîtresse d’Abdel Maqsoud sera jouée par Nadia, sa fiancée qui travaille comme dompteuse et acrobate dans un cirque. Pour interpréter le gangster lui-même, il a trouvé un acteur du nom de Fawzi Salem. Il n’a aucun talent et il est d’une intelligence médiocre mais c’est le parfait sosie du héros. Dans sa planque, Abdel Maqsoud apprend le projet du film et pour en savoir plus, il fait enlever l’acteur qui doit jouer son rôle. Quand celui-ci lui révèle le cachet qu’il touchera pour sa prestation, le vrai gangster décide de séquestrer son double et de se présenter à sa place dans les bureaux du producteur…

Notre avis : l’idée de départ du scénario n’est pas mauvaise : un gangster en cavale joue dans un film qui évoque sa propre histoire mais le tournage sera bouleversé par le caractère très mouvementé de son existence. On devine les potentialités comiques d’une telle situation mais le résultat est bien décevant. On se retrouve devant une petite comédie mal filmée et mal jouée. Le double rôle du gangster et de son sosie a été confié à Hassan Hamed plutôt habitué aux seconds rôles et le film a sans doute pâti de son jeu limité. Mais le plus gênant ce sont les gags gâchés par une réalisation d’une rare maladresse. Dans le rôle de la maîtresse du gangster, Soheir El Morshedi constitue la bonne surprise de cette comédie mais c’est bien la seule.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire