lundi 19 octobre 2015

C'est Moi l'Amour (Ana Al Hob, 1954)

أنا الحب
إخراج :  هنري بركات


Henry Barakat a réalisé C'est Moi l'Amour en 1954. 
Distribution : Mohsen Sarhan (Nagy), Shadia (Olfat), Yehia Chahine (Mourad, le cousin de Nagy), Hussein Riad (Amin Azmi), Mona Fouad, Zahrat Al Oula (Hoda, l’amie d’Olfat), Zaki Al Harami (le père d’Olfat), Zaki Ibrahim (le médecin), Mona Fouad (Linda), Zinat Sedky (la présidente de l’association féministe)
Scénario : Ibrahim Al Wardani et Henry Barakat
Musique : Abdel Aziz Mohamed
Production : Mohsen Sarhan


Mona Fouad et Mohsen Sarhan






 










Shadia et Hussein Riad

















Shadia et Mohsen Sarhan

















Yehia Chahine et Mohsen Sarhan

















Shadia et Mohsen Sarhan

Shadia, Zahrat Al Oula et Mohsen Sarhan



















Résumé

Nagy est un jeune ingénieur qui revient à Alexandrie, sa ville natale, après six ans passés à l’étranger. En flânant sur la corniche de la cité balnéaire il fait la rencontre d’une jeune femme, Olfat. Ils se revoient à plusieurs reprises et progressivement l’amour naît entre eux. Malheureusement Olfat disparaît brutalement sans aucune explication. Nagy est au désespoir : sa bien-aimée ne lui a laissé ni son nom ni son adresse. 
Entretemps, il a été embauché dans une grande entreprise d’Alexandrie. Celle-ci appartient à Amin Azmi, un industriel, ami des parents de Nagy. C’est grâce à lui qu’il a pu faire ses études à l’étranger après la mort de son père. Mais un jour, le jeune ingénieur découvre le portrait de sa bien-aimée posé sur le bureau d’Amin. Il est persuadé que c’est sa fille mais il découvre très vite que c’est en réalité sa femme. Nagy est bouleversé. Il est aussi furieux contre Olfat qui a sans vergogne trompé son mari pour flirter avec lui. La jeune femme décide de se rendre chez l’ingénieur pour lui raconter son histoire : son père avait toujours été très sévère à son égard et quand elle est devenue en âge de se marier il a voulu qu’elle épouse un homme qu’elle n’aimait pas. Elle avait demandé de l’aide à Amin, l’associé de son père. Pour la soustraire à la tyrannie paternelle, celui-ci lui propose un mariage blanc. Olfat accepte et devient la femme d’Amin. Mais jamais, ils n’ont partagé le même lit. Nagy est soulagé. 
C’est à ce moment-là qu’Amin fait son apparition dans l’appartement de son subordonné. Il est au courant depuis le début des tendres sentiments que partagent les deux jeunes gens. Il propose de se retirer pour les laisser librement s’aimer. Nagy refuse et décide de s’éloigner d’Alexandrie afin d’oublier Olfat. Il part travailler dans le désert. C’est dans sa retraite qu’Amin le rejoint et finit par lui avouer un lourd secret : Olfat est sa propre fille, elle est le fruit de la relation adultère qu’il a entretenue avec celui qui fut autrefois son partenaire. Et s’il a accepté de l’épouser, c’est pour qu’elle hérite légalement de toute sa fortune. Désormais, grâce à Nagy, Amin peut réaliser son rêve : partir en voyage vers des destinations lointaines. Il sait que sa fille sera heureuse.


Critique

Dans la carrière d’Henry Barakat, l’année 1954 est particulièrement bien remplie. Il réalise pas moins de cinq films, record qu’il avait déjà atteint en 1952. L’actrice principale, Shadia, est, à 25 ans, au faîte de sa gloire. Cette même année 1954, elle tourne dans une dizaine de films.  Barakat et Shadia ont déjà travaillé ensemble avant ce Je suis l’Amour et leur collaboration se poursuivra bien après. Le dernier long métrage qui les réunira s'intitule Le Doute, mon Amour et il date de 1979 !
Je suis l’Amour est un drame de facture classique qui est un peu à l’image de son réalisateur : sensible et  élégant, ne tombant jamais dans l’outrance malgré le caractère scabreux du sujet. Un père qui épouse sa fille pour qu’elle échappe à un mariage forcé, avouons que ce n’est pas banal  et qu’il faut avoir bien du talent pour faire un bon film avec un scénario pareil. Heureusement, Henry Barakat n’en manque pas et il nous offre une œuvre légère et lumineuse nimbée de mélancolie, très loin du mélodrame lourdaud que l’on pouvait craindre.  Henry Barakat, c’est le Douglas Sirk du cinéma arabe. 
Je suis l’amour se présente comme une déclaration d’amour à Alexandrie. Le héros revient dans la ville de son enfance après des années d’absence. Au début du film,  il prend sa voiture, une décapotable aux formes arrondies, et longe la corniche de la station balnéaire la plus célèbre d’Egypte. Les images sont d’une beauté stupéfiante, le personnage semble évoluer dans un décor irréel comme ceux peints par Giorgio de Chirico. Un peu plus tard, pour une scène se passant à la terrasse d’un café face à la mer, on peut entendre l’orchestre reprendre La Mer de Charles Trenet. Concordance parfaite entre l’univers du chanteur français et celui du réalisateur égyptien.
Le film comprend de nombreuses  scènes d’anthologie comme celle dans laquelle Nagy sur le pont du roi Farouk fait la rencontre d’Olfat et de son amie, deux jeunes femmes graciles en robe légère, ou bien celle de la réception que donne dans sa demeure Amin, le patron de Nagy,  et qui est l’occasion d’échanges de regards éloquents entre les différents protagonistes du drame,  ou bien encore,  celle dans laquelle chante Shadia, le visage uniquement éclairé par la flamme des allumettes  successives que tient Mohsen Sarhan.

Appréciation : 4/5
****


Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

3 commentaires:

  1. Petite rectification : "Ne me demande pas qui je suis" n'est pas de Henry Barakat mais de Ashraf Fahmi.

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    1. Bardin Philippe9 mars 2018 à 09:16

      Bonjour, Merci beaucoup de me signaler cette erreur.Je corrige immédiatement !

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    2. De rien, merci à vous pour ce blog. Vos critiques sont toujours très intéressantes, d'autant plus qu'elles m'aident grandement dans mes choix de films à regarder.

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