إخراج : محمد عبدالعزيز
Mohamed Abdel Aziz a réalisé Un homme qui a perdu l'esprit en 1980.
Distribution : Adel Emam (Zaki/Zico, le fils aîné), Farid Shawki (Ahmed), Soheir Ramzy (Suzy), Ekramy (Ekramy, le fils cadet), Karima Mokhtar (Fahima, l’épouse d’Ahmed), Isma Farid (la petite dernière), Rawaa El Kateb (Camelia), Rashwan Mustafa (le juge), Layla Fahmy (la tante de Suzy), Salama Elias (le cousin de Suzy), Sayed Tarabik (l’avocat de Zaki)Scénario : Ali El Zorkani
Musique : Gamal Salamah
Production : Abbas Helmy
Farid Shawki |
Karima Mokhtar et Ekramy |
Soheir Ramzy et Layla Fahmy |
Adel Imam |
Layla Fahmy, Farid Shawki, Soheir Ramzy |
Soheir Ramzy |
Rawaa El Kateb |
Soheir Ramzy |
Résumé
Ahmed est un ingénieur d’âge mûr qui mène une existence très confortable. Il est marié et a trois enfants dont deux grands fils, Zaki et Ekramy, qui sont de célèbres joueurs de football. Ahmed est ce qu’on appelle un homme à femmes. Il collectionne les conquêtes. Son épouse préfère fermer les yeux sur ses escapades Un jour son dévolu tombe sur Suzy, une artiste de music-hall. Il lui offre une voiture et l’installe dans l’appartement qu’il a acheté pour recevoir ses « invitées ». Pour la séduire, il prétend être célibataire. Malgré sa générosité, Suzy se refuse toujours à lui. N’y tenant plus, Ahmed la demande en mariage. En espionnant leur père, Zaki et Ekramy sont au courant de toute l’affaire. Ils comprennent que cette nouvelle aventure peut mettre en péril toute leur petite famille et faire le désespoir de leur mère. Ils échafaudent un plan : Zaki entre en relation avec Suzy et la courtise, en se gardant bien de lui dire qu’il est le fils d’Ahmed. La jeune femme n‘est pas insensible à son charme. Zaki est déjà engagé auprès de Camilla à qui il a promis le mariage mais il est prêt à se sacrifier pour ramener le père prodigue dans le droit chemin. Celui-ci ne s’avoue pas vaincu : il annonce dans la presse le mariage de son fils avec Camilla si bien que Suzy revient vers lui et accepte de l’épouser. Tout est prêt pour la cérémonie, les invités sont tous présents mais il manque le futur marié. Il est dans son lit plongé dans un profond sommeil : Ekramy lui a administré un puissant somnifère. Suzy téléphone chez lui. C’est Ekramy qui décroche. Il se présente comme l’un des neuf enfants d’Ahmed. La jeune femme comprend que son prétendant lui a toujours menti, qu’il est marié et père de famille. Alors qu’elle désespère et que les invités s’impatientent, Zaki se présente à son domicile. Après une rapide entrevue, ils décident ensemble que Zaki prendra la place d’Ahmed et signera l’acte de mariage. Une fois les invités partis, le jeune marié invente une histoire extravagante pour échapper à son devoir conjugal. Le lendemain matin le père furieux fait irruption dans l’appartement et assomme d’un coup de poing son fils.
Enfin, tout le monde se réunira pour une franche explication qui débouchera, contre toute vraisemblance, sur un étonnant happy end : Zaki divorce de Suzy et retrouve Camilla toujours aussi amoureuse de son footballeur, Ahmed semble guéri, pour un temps, de son infidélité chronique et Suzy est devenue l’amie de toute la famille !
Critique
Une petite comédie à l’égyptienne qui rappelle nos sympathiques navets des années soixante-dix. On retrouve parfois le style du Claude Zidi des Charlots ou des Sous-doués. C’est aussi un sommet de l’esthétique kitch. A cet égard on appréciera tout particulièrement le numéro chanté et dansé de Soheir Ramzy au début du film : elle se trémousse dans des robes western (une nouvelle à chaque plan !) tandis que des danseuses en tenues de footballeuse passent et repassent en lançant des ballons. Détail pittoresque : le plateau est si étroit qu’on a l’impression que cela a été tourné dans un couloir (sans doute pour ne perdre aucun des ballons !). Kitch et Cheap, donc. A propos des robes de l’actrice principale, ma faveur va plutôt à celle qu’elle porte lors de son mariage raté : cela lui donne un petit côté pièce montée en pâte à sucre assez appétissant.
Pendant tout le film, Soheir
Ramzy arbore un air chagrin comme si elle ne comprenait pas qu’elle jouait dans
une comédie sans (vraiment aucune) prétention et que la bonne humeur y est de rigueur. Mais il est vrai que
ce film nous parle de la condition féminine dans l’Egypte de la fin des années
70 et que le tableau n’est guère réjouissant (La seule manière de trouver un intérêt
à cette comédie c’est de la considérer comme un document sociologique).
Derrière son caractère très léger, Un
Homme qui a perdu l’esprit nous montre à quel point hommes et femmes ne
jouissent pas des mêmes droits ni des mêmes devoirs. La libération des mœurs que
connaîtrait le pays dans les années 60-70 est toute relative. Au sein de la
famille, rien n’a changé : la femme vit sous la férule du chef de famille
dont l’égoïsme semble sans limite. Mohamed
Abdelaziz n’essaie même pas d’atténuer le caractère révoltant d’une telle
situation en lui donnant une tonalité « romantique ». Il la filme
dans toute sa crudité avec même parfois un certain cynisme. Par exemple, les
deux fils du père volage vont tenter de rendre leur mère à nouveau désirable en
lui faisant faire du sport et en la déguisant en danseuse de cabaret.
Evidemment, l’échec est complet ! On en déduit que la
première responsable de l’infidélité de l’homme, c’est la femme elle-même. L’homme
jouit d’une liberté totale dans le domaine amoureux et la femme doit éviter de
s’en offusquer : son mari pourrait lui imposer la présence d’une seconde
épouse ou la répudier. L’infidélité du mari est donc toujours considérée comme
un moindre mal. Dans le film, c’est vrai pour le père comme pour le fils. La
fiancée de ce dernier ne lui tient pas rigueur de son mariage éclair avec Suzy,
toute à la joie de le retrouver. Les femmes font preuve d’un amour exclusif
qu’aucune épreuve ne peut entamer. Ainsi le happy end repose sur la versatilité
des hommes (Ils finissent toujours par revenir !) et la constance des
femmes (Elles ne bougent pas !)
Appréciation : 2/5
**
Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin
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