samedi 5 septembre 2015

La Meurtrière (Al Qatila, 1992)

القاتلة
إخراج : إيناس الدغيدي


Inas El-Degheidy a réalisé La Meurtrière en 1992.
Distribution : Farouk El Feshawi, Eman, Fifi Abdo, Hassan Hosny, Hisham Abdalla, Nadia Rafik, Hamdy Youssef, Tawfiq Al Kurdi, Awatif Tikla, Nahla El Khatib
Scénario et dialogues : Magda Khiralla
Musique : Rageh Daoud


Farouk El Feshawi

Fifi Abdo

Eman et Farouk El Feshawi

Fifi Abdo


Fifi Abdo

Fifi Abdo



Résumé

Une petite fille en sortie scolaire dans un parc se perd. Un jardinier qui l’a repérée l’entraîne dans une cabane et la viole. Un vingtaine d’années plus tard,  l’inspecteur Houssam Salem  doit se rendre sur les lieux d’un crime. Un homme a été retrouvé mort dans sa voiture. Il a été poignardé dans le dos, comme la victime d’un précédent crime. Après son travail, le policier retrouve son appartement qu’il partage avec sa mère. Souvent il passe chez une fleuriste pour y acheter un bouquet. La fleuriste, madame Ragaa El Sayed est devenue une amie. Alors quand  des agents de la ville annonce à celle-ci qu’elle doit fermer son kiosque car il se trouve sur un emplacement illégal, elle s’adresse à Houssam  pour  qu’il intervienne en sa faveur. Il obtient un délai d’un mois. L’enquête sur les mystérieux crimes se poursuit. On soupçonne d’abord des homosexuels mais cette piste ne donne rien. Le spectateur découvre  la vérité avant Houssam : un soir, seule chez elle,  Ragaa regarde la télévision qui diffuse un film. On voit un couple qui s’étreint violemment. Un viol ? La fleuriste est bouleversée par le spectacle et sans doute excitée. Tout son corps semble la démanger. Elle revêt une tenue de soirée hyper sexy  et se rend dans un établissement de nuit. Elle y rencontre un homme d’affaires. Après une folle soirée, elle le poignarde dans sa voiture.  La victime suivante est Adnan El Mahdy, un ministre du gouvernement.   La situation est très embarrassante pour les proches du politicien. Ils veulent absolument que le crime soit le fait des adversaires politiques d’Adnan. Houssam Salem tente de faire comprendre aux autorités que l’auteur du crime est une femme avec qui El mahdy entretenait une relation amoureuse. Les officiels ne veulent rien savoir. Pour éviter le scandale, il est nécessaire de présenter ce meurtre comme une conspiration ourdie par des extrémistes. On arrête de très nombreux intégristes.  Houssam poursuit ses investigations. Lors d’un contrôle de nuit, il repère une suspecte. Il la prend en filature, il s'aperçoit que c'est sa gentille fleuriste. Il l‘arrête le lendemain alors qu’elle s’apprêtait à faire une nouvelle victime. Naturellement, Houssam est chargé de l’interrogatoire. Il comprend très vite qu’il a affaire à une malade qui a été très longtemps suivie par un psychiatre pour tenter de surmonter les traumatismes qu'elle a subis. Il se prend d’affection pour cette meurtrière malgré elle. Mais ses supérieurs veulent le transférer dans un autre commissariat. Il refuse et démissionne. Il devient l’avocat de Ragaa. Mais contre lui, il a la veuve du ministre qui est prête à tout pour obtenir l’exécution de sa cliente. En usant de procédés illégaux, la femme du ministre obtiendra ce qu’elle demande. Ragaa sera exécutée. 


Critique

La Meurtrière est le fruit de la rencontre de deux femmes à la personnalité bien trempée.
Inas El Degheidy, la réalisatrice, est née en 1953. Son premier film date de 1985. Dans ses différentes réalisations, elle évoque la condition féminine et la sexualité dans les sociétés arabes. Cela lui a valu d’être régulièrement l’objet de menaces de la part des islamistes. Malgré les risques encourus, elle n’hésite pas à prendre position publiquement sur des sujets « sensibles ». Il y a quelques années elle a notamment défendu la légalisation de la prostitution.
Fifi Abdo, l’actrice principale du film est née aussi en 1953. Avant d’être une actrice, elle est une danseuse. Elle commence sa carrière à l’âge de treize ans. Ses prestations deviennent très vite célèbres dans l’ensemble du monde arabe mais son style, d’une sensualité exacerbée, est la cible de très vives critiques. Elle est même condamnée à 3 mois de prison pour dépravation. Dans les années 2000, elle devient une vedette du petit écran en jouant pour de nombreux téléfilms.
Dans La Meurtrière, Fifi Abdo incarne une femme traumatisée par un viol subi dans son enfance. Alors que le jour elle mène l’existence d’une honnête commerçante, la nuit venue, elle erre dans les rues du Caire à la recherche d’hommes qu’elle séduit pour les tuer. Les intentions de la réalisatrice sont claires : il s’agit de dénoncer une société machiste dans laquelle des notables peuvent abuser des femmes grâce à leur argent ou à leur pouvoir, une société qui garantit l’impunité aux violeurs et condamne leurs victimes à sombrer dans la folie.
Les intentions sont louables. Il n’empêche que ce film est totalement raté. Pour faire passer son message féministe, la réalisatrice use des procédés les plus douteux du cinéma commercial. Elle affuble son héroïne de tenues vulgaires avec pour seul objectif d’émoustiller la partie masculine de son public. Le résultat est à ce point grotesque qu'on se demande si Inas El Degheidy ne prend pas les hommes pour des demeurés. Elle va même jusqu’à tourner une scène de strip-tease d’une telle maladresse qu’on pourrait la croire parodique. Impression renforcée par l’utilisation de la chanson You Can Leave Your Hat qui accompagne la fameuse scène entre Kim Basinger et Mickey Rourke dans 9 semaine ½. Bref Inas El Degheidy montre avec complaisance ce qu’elle prétend dénoncer. Mais la scène la plus insupportable est celle où l’on voit le policier défenseur de l’héroïne recevoir dans son bureau trois prostitués hommes. On nous les présente comme des êtres efféminés au caquetage ridicule et le bon flic leur manifeste tout son mépris par un bruit de bouche d’une grossièreté insondable.
Un film déplaisant.
 
Appréciation : 1/5
*
Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

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