vendredi 10 juillet 2015

Elle vécut pour l'amour (Achat li al Hob, 1959)

عاشت للحب
إخراج : السيد بدير



Elle vécut pour l'amour a été réalisé par El Sayed Bedeir en 1959.
Distribution : Aziza Helmy (la mère de Zaynab), Zubaida Tharwat (Zaynab), Kamal Al Shennawi (Hosny), Abdel Moneim Ibrahim (l’ami d’Hosny), Wedad Hamdy (la femme de chambre), Laïla Taher (Rachida, la sœur de Zaynab), Hermine (la danseuse), Salwa Mahmoud (la belle-mère d’Hosny), Abdallah Gheith (le cousin et le jeune amant de la belle-mère d’Hosny), Mary Ezz El Din (la mère de famille qui tente de séduire Hosny), Abdel Aziz Hamdy (le père d’Hosny)
Scénario : El Sayed Bedeir
D’après un récit de l’écrivain Mohamed Abdel Halim Abdallah
Musique : Abdel Aziz Mahmoud et Fathy Qoura Production : Abbas Helmy

Aziza Helmy

Zubaïda Tharwat

Kamal Al Shennawi

Zubaida Tharwat



Abdel Moneim Ibrahim

Zubaida Tharwat et Laïla Taher

Kamal Al Shennawi et Mary Ezz El Din

Abdallah Gheith et Salwa Mahmoud

Abelaziz Hamdy et Salwa Mahmoud


Résumé

Hosny passe son enfance dans un petit village avec son père et la seconde femme de celui-ci. Son père ne lui accorde aucune attention et sa belle-mère le traite comme un serviteur. Adolescent, il surprend celle-ci dans les bras de l'un de ses cousins. Dès lors, il considère toutes les femmes comme des créatures du diable qui n’ont de cesse de tromper leurs maris. Il est décidé à ne jamais tomber amoureux. Les années ont passé. Hosny s’est installé au Caire pour suivre des études de médecine. Dans l’appartement au-dessous du sien vit une jeune fille avec sa sœur et sa mère. Elle s’appelle Zaynab. Il l’aperçoit souvent sur son balcon. On échange des regards puis des petits mots. La jeune fille est conquise par son séduisant voisin. Ce dernier, malgré ses résolutions passées, ne peut plus se mentir : il aime. Alors que la sœur et la mère sont absentes pour quelques jours, les deux amoureux passent une nuit ensemble. Hosny est retourné par l’expérience : Zaynab a trop vite cédé et il craint qu’à l’avenir elle se montre aussi rapide avec un éventuel amant. Il préfère rompre. La jeune fille est au désespoir. Malgré les interventions de l’entourage, Hosny refuse de revenir auprès de Zaynab. Cette dernière finit par accepter d’épouser un autre homme. Lors de la cérémonie, Hosny refait son apparition. Bien lui en a pris car la future mariée a avalé du poison pour échapper à une union qui sera forcément malheureuse. Le jeune médecin sauve celle qui l’aime si passionnément. Happy end : le fiancé se retire sans protester, Zaynab et Hosny se marieront.


Critique

Elle vécut pour l’amour est l'un des meilleurs films d'El Sayed Bedeir. Cette comédie dramatique est construite de manière très classique et on y retrouve des personnages et des situations que le cinéma égyptien a exploités jusqu’à la corde. Néanmoins le réalisateur a su les utiliser de manière personnelle et avec un brio que ne possèdent pas la majorité de ses confrères. 
Dans son film, El Sayed Bedeir observe la libération des mœurs qui atteint la société égyptienne à la fin des années cinquante et il montre que tout le monde n’est pas favorable à cette évolution. Hosny, son jeune héros la refuse et s’en tient à une misogynie traditionnelle. Il se promet de ne jamais succomber à l’amour. Son expérience l’a convaincu que la femme est toujours infidèle et qu’il ne faut pas s’en approcher si l’on souhaite vivre sans souci. Pourtant il se laisse séduire par sa jeune voisine mais quand celle-ci accepte de passer la nuit avec lui, il décide de rompre car c’est une preuve supplémentaire que la femme n’écoute jamais la raison mais se laisse conduire par ses pulsions. Zaynab, la voisine du héros, est jouée par Zubaïda Tharwat. C’est une jeune fille moderne qui refuse d’étouffer ses désirs et quand l’occasion lui en sera donnée, elle foncera tête baissée vers le plaisir. Face à elle, Hosny, (incarné par l’excellent Kamal El Shennawi ) semble bien veule dans sa terreur du sexe et de l’amour, un personnage pas du tout à la hauteur de sa partenaire. 

Le cinéma égyptien a toujours eu des difficultés à représenter la jeune fille. Il est évident qu’il a toujours été plus à l’aise avec la femme mûre (Voir les personnages incarnées par Taheya Carioca, Hind Rostom ou même Chams Al Baroudi) La jeune fille est souvent dépeinte comme une fillette trop vite grandie : un corps de femme avec des socquettes et des couettes. C’est notamment Soad Hosny que l’on découvre ainsi affublée dans ses premiers films : une caricature. Avec Zubaida Tharwat, rien de tel. Ce mélange unique qu’on trouve chez elle de sensualité et de candeur lui permet d’incarner à merveille la jeune fille arabe à l’aube des années soixante, une jeune fille moderne qui rêve de liberté et d’amour et n’hésite pas à braver l’ordre établi. 
Dans Elle vécut pour l’amour, Zubaida Tharwat est admirablement photographiée et plus d’une fois on pense à certaines stars hollywoodiennes dans leur prime jeunesse. C’est frappant dans l’une des plus belles scènes du film, juste avant le dénouement. Zaynab seule dans sa chambre et en robe de mariée avale le poison qui la délivrera d’une union sans amour. Ensuite elle se précipite sur son balcon. Le point de vue est alors celui d’Hosny qui se trouve sur le balcon supérieur : Zaynab, souriante a le haut du corps renversé pour contempler une dernière fois celui qu’elle n’a pas cessé d’aimer puis très lentement, elle s’effondre.

Appréciation : 4/5
****
Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

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