dimanche 5 janvier 2014

Saladin (El Naser Salah el Dine - 1963)

الناصر صلاح الدين
إخراج: يوسف شاهين


Saladin est un film réalisé par Youssef Chahine en 1963.

Distribution :
 Ahmed Mazhar : Saladin 
Omar El-Hariri : Philippe II de France 
Mahmoud El-Meliguy : Conrad de Montferrat 
Leila Fawzi : Virginir, princesse de Kerak 
Hamdi Geiss : Richard Cœur de lion 
Nadia Lutfi : Louise de Lusignan  
Laila Taher : La reine Berengère de Navarre 
Salah Zulfikar : Issa
  
Scénario: Mohamed Abdel Gawad, Youssef Chahine, Abderrahman Charkawi, Youssef El Sebai, Ezzel, Dine Zulficar, Naguib Mahfouz

Concernant la participation de Naguib Mahfouz au scénario du film, voilà ce que déclare Raymond Stock, son traducteur et biographe : 
"Interestingly, one of his best known film credits — as the scenarist for Chahine's classic historical film, al-Nasir Salah al-Din (The Conqueror Saladin) — was misplaced, both he and Chahine told me, because Chahine had largely discarded the original screenplay that Mahfouz had worked on in favor of another, but still kept his name in the final product."

Nadia Lutfi
                              


Ahmed Mazhar
                                                                                                          


Hamdi Geiss
                            


Salah Zulficar
 


A la fin du  XIIe siècle, Saladin, vizir d’Egypte,  libère Jérusalem occupée par les chrétiens. Les Rois de France et d’Angleterre lancent la troisième croisade afin de récupérer la ville sainte.





Résumé 

Jérusalem est attaqué par les croisés et la population arabe souffre terriblement. Saladin arrive avec ses troupes pour libérer la ville sainte. L’espoir renaît. Le gouverneur d’Acre l’accueille chaleureusement alors qu’on retrouve celui-ci dans la scène suivante en compagnie du prince Renaud et de la princesse Virginie à qui il jure fidélité. Le prince Renaud  de Chatillon rencontre Guy de Lusignan, le roi de Jérusalem. Il lui demande de prendre les armes contre Saladin. Le roi souhaiterait négocier. Le prince affirme qu’il n’en est plus temps et annonce qu’il prend la direction des armées. Le roi s’incline. Violant les traités conclus avec les musulmans, le Prince ordonne l’attaque des caravanes des pèlerins pour financer la reprise de Jérusalem. Dans la scène suivante, on assiste à un massacre de pèlerins pendant la prière.
Les croisés se sont installés au sommet d’une colline près d’Hattin. Dans la vallée, les arabes commandés par Saladin. 120000 hommes d’un côté, 40000 de l’autre.
La nuit, Issa, l’un des seconds de Saladin surprend une chrétienne se baignant nue dans le lac de Tibériade. Elle lui demande de fermer les yeux afin de se rhabiller. Elle en profite pour lui planter une flèche dans l’épaule et s’enfuit. De retour au camp, il prétend avoir été attaqué par cinq croisés alors qu’il se baignait dans le lac. Il dit avoir vu les lumières du campement chrétien non loin de là. Saladin lance en pleine nuit une attaque contre les croisés. Issa s’apprête à tuer un seigneur chrétien quand il reconnaît l’inconnue du lac. Il lui laisse la vie sauve mais ramasse la croix qu’elle a abandonnée sur le sable. Avant de se retirer, les arabes ont crevé les citernes d’eau des chrétiens. Quand le soleil se lève, c’est un spectacle de désolation qu’offre le camp des croisés. Pour étancher leur soif, les survivants sont prêts à s'entretuer. Le roi de Jérusalem souhaite négocier avec Saladin mais Renaud veut poursuivre la lutte. Celui-ci jette ses troupes contre les arabes. La défaite est assurée. Lui-même est fait prisonnier.  Après la bataille, Isaa retrouve son inconnue. Il lui avoue qu’il est chrétien mais avant tout arabe. Elle lui révèle qu’elle est Louise de Lusignan.
Pendant ce temps là, la princesse Virginie charge le gouverneur d’Acre de se rendre auprès du prince Conrad pour le convaincre de venir en renfort contre l’armée de Saladin. Elle promet au gouverneur de le faire roi de Jaffa.
Saladin se rend chez le roi de Jérusalem pour lui signifier ses exigences. Le prince Renaud les refuse. Ce dernier et Saladin se battent. Le chrétien meurt.
Virginie, la veuve de Renaud se rend à la cour de Richard Cœur de Lion. Ce dernier est convaincu par le discours de la jeune femme. Il libérera Jérusalem au nom de la croix. La Prince Jean est ravi du départ de Richard car il y voit la possibilité de s’emparer du trône.
Elle se rend ensuite chez Philippe-Auguste, le roi de France qui lui aussi se laisse séduire. Ainsi commence la troisième croisade.
A Jérusalem, Saladin a confié Louise de Lusignan à Issa. Elle refuse cette condition d’esclave et préfère rejoindre les rangs chrétiens.
Les navires français et anglais  parviennent près des côtes palestiniennes et lancent l’attaque contre la ville d’Acre. Grâce à la trahison du gouverneur, les chrétiens s’introduisent dans la ville et massacrent soldats et civils.
Le soir même, les combattants du Christ fêtent leur victoire mais les dissensions ne tardent pas à apparaître : la cupidité des uns et la soif de pouvoir des autres ne sont guère compatibles et tout le monde s’apprête à trahir ceux qui étaient naguère des alliés.
Une entrevue a lieu entre arabes et chrétiens. Chacun reste sur ses positions : Saladin refuse de rendre Jérusalem mais promet que les Européens seront toujours la bienvenue. Ses interlocuteurs ne peuvent accepter une telle situation. La guerre reprend.
Après une première confrontation qui fut terrible pour les deux camps, on se déchire encore chez les croisés : Richard Cœur de Lion demande une trêve de six mois tandis que le roi de France soutenu par Virginie veut aussitôt reprendre la guerre quelque soit le prix à payer. Pour parvenir à leurs fins, les deux bellicistes enragés font tuer les émissaires que Richard avait envoyés auprès de Saladin afin d’obtenir une trêve. Convaincu que le responsable de ces morts est le chef des Musulmans, Richard ordonne qu’on exécute les trois mille prisonniers détenus par leur camp. Au même moment, apparaissent les prisonniers que Saladin a libérés. Trop tard : le roi de France donne l’ordre de tirer. Mais Richard a compris qu’il a été manipulé par Philippe-Auguste. Il lui ordonne de rentrer en son royaume.
Saladin charge Issa de rejoindre à Acre l’inventeur de l’explosif qui permettra de venir à bout des machines de guerre des chrétiens. Sur le retour  Issa est blessé par des soldats. Il ne doit la vie sauve qu’à sa qualité de chrétien. Dans le dispensaire où il est soigné, il retrouve Louise qui s’est mise au service de tous les blessés du conflit.
Pendant ce temps-là, Virginie tente de convaincre Conrad d’assassiner Richard Cœur de Lion.
Louise aide Issa à quitter Acre et à rejoindre le camp arabe. Malheureusement, on les a surpris. La jeune femme est traduite devant le tribunal militaire pour haute trahison. Au même instant le gouverneur d’Acre est présenté devant Saladin qui laisse éclater sa colère.
Conrad est chargé de l’accusation contre Louise. Il réclame le bûcher. De manière imprévue, Richard Cœur de Lion se retourne conte Conrad et l’accuse de haute trahison.  Du côté des Arabes, Saladin condamne à mort le traitre.
Avec le Duc Arthur, Virginie met en place une machination qui doit leur permettre de réaliser leur plan.
Issa a rejoint Jérusalem. Il est accueilli par Saladin. Ce dernier, fou de joie, invite Richard Cœur de Lion à venir à Jérusalem pour Noël. Le roi anglais accepte.  A peine a-t-il franchi la prote de la ville sainte, qu’il est transpercé par une flèche. Aussitôt chez les chrétiens, on crie vengeance et on veut passer tous les musulmans par le fil de l’épée. Virginie jubile et pour récompenser le duc Arthur, l’auteur de ce coup de maître, elle s’abandonne à lui.
Dans la nuit, Saladin rejoint la chambre de Richard pour le soigner. Il parvient à le soustraire des griffes de la mort. Au petit matin, s’engage une conversation animée entre les deux souverains. Richard réaffirme son désir de s’emparer de Jérusalem. Il est impensable pour lui de rentrer en Angleterre sans les clefs de la ville sainte. Saladin s’emporte : il accuse Richard de conduire à la mort ses hommes uniquement par vanité. Saladin repart pour Jérusalem. Richard rassemble ses hommes et passe à l’offensive. C’était sans compter le nouvel explosif que Saladin a fait produire en grande quantité. Les  machines des chrétiens qui leur avaient assuré un avantage certain lors des précédents  affrontements s’embrasent. L’une d’elles s’effondre sur Virginie. Cette dernière est secourue par Louise . Elle lui avoue tout. Apparait Arthur qui l’étrangle. C’est la nuit de Noël. Pour respecter la foi de ses adversaires, Saladin refuse de poursuivre le combat. Tandis que s’élèvent des chants religieux, les chrétiens s’agenouillent et prient.  Richard se rend chez Saladin et l’informe de son désir de cesser la guerre.
Le lendemain, Richard quitte la terre sainte mais autorise Louise à rester auprès de celui qu’elle aime.


Critique

On prend plaisir à suivre cette évocation en technicolor de la troisième croisade (1189-1192) qui vit s’affronter Saladin et les monarques chrétiens pour le contrôle de Jérusalem. Bien sûr, le point de vue adopté ici est celui des arabes. Les combattants musulmans sont en toute circonstance  exemplaires et le premier d'entre eux, Saladin, concentre en sa personne toutes les vertus du chef idéal (d’où l’idée souvent défendue qu’à travers le héros médiéval, c’est Nasser que le réalisateur aurait dépeint. Alors un Chahine courtisan ?)
On s'amuse aussi à voir les Chrétiens, à l'exception de Richard Coeur de Lion,  affublés des défauts que d'ordinaire on attribue à leurs adversaires : lâches, fourbes, cupides, intolérants.  Et celui qui remporte la palme de l’infamie, c'est sans conteste le Roi de France.
Très moderne dans ce film est le rôle déterminant joué par les femmes, notamment les deux chrétiennes incarnées par Nadia Lutfi et Leila Fawzi. Cette dernière est sans doute la figure la plus extraordinaire de ce Saladin.  Elle campe à la perfection le personnage de la princesse haineuse, prête à toutes les machinations pour faire triompher la cause des croisés.
Le film de Youssef Chahine a bien des qualités mais je trouve excessif l'enthousiasme de certains commentateurs qui le rangent parmi les chefs-d’œuvre du cinéma égyptien.
Les scènes de bataille qui ont pourtant fait la réputation de ce film  me semblent un peu figées. Et puis je n’ai guère gouté son manichéisme parfois outrancier et son ton édifiant, même si les intentions du réalisateur sont tout à fait louables et que Saladin est effectivement l’une des personnalités les plus remarquables de l’histoire du monde arabo-islamique.

Appréciation : 3/5
***
Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

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