jeudi 6 avril 2017

Samir Farid (1943-2017)

سمير فريد

Samir Farid est mort mardi dernier à l'âge de 73 ans. C'était un historien du cinéma et un critique dont l'influence a été considérable.
Il est né au Caire en 1943. Il étudie le cinéma à l'institut supérieur des arts dramatiques et en 1965, il commence sa carrière de journaliste. Pendant 38 ans il travaille pour le journal Al-Gomhurya (quotidien créé en 1954, proche du pouvoir) qu'il quitte en 2004 pour  rejoindre Al-Masry Al-Youm (quotidien fondé en 2002, indépendant et plutôt d'opposition).
Il dirige à plusieurs reprises le festival de cinéma du Caire.  Il a écrit ou traduit une soixantaine d'ouvrages sur le septième art.
Sur sa page Facebook, le réalisateur Yousry Nasrallah écrit : "J'ai perdu un ami cher. Adieu, Samir, tu me manqueras. "

Quelques ouvrages :

Naguib Mahfouz et le cinéma, 1990
Réflexions sur le cinéma de Chahine, 1992
Le Nouveau Réalisme dans le cinéma égyptien, 1992
Faten Hamama, 1995
Le Cinéma Arabe Contemporain, 1998
Stars et légendes dans le cinéma égyptien, 2000
Introduction à l’Histoire du Cinéma Arabe, 2000
L’histoire de la censure cinématographique en Egypte, 2002

On peut retrouver certains de ses écrits sur la toile : 

Naissance et Développement du Cinéma Egyptien (1922-1970)

Introduction au Cinéma Egyptien 

Samir Farid  évoque quelques souvenirs de sa jeunesse cinéphilique dans l'ouvrage de Marie-Claude Bénard paru en 2016 aux éditions Parenthèses La Sortie au Cinéma, palaces et cités-jardins d'Egypte 1930-1980.

mardi 4 avril 2017

Festival international du cinéma méditerranéen de Tétouan (Maroc)

مهرجان تطوان الدولي للسينما المتوسطية


La 23ème édition du festival international du cinéma méditerranéen de Tétouan (Maroc) s'est tenue la semaine dernière. 
Le Prix du Meilleur Acteur a été décerné à l'acteur égyptien Amr Saad (né en 1971) pour son rôle du Sheikh Hatem Shenawi dans Mawlana, un film réalisé en 2016 par Magdy Ahmed Ali.


Manwala est l’adaptation d’un roman  du journaliste Ibrahim Issa. C’est l’histoire du Cheikh Hatem Shenawi, un prédicateur  islamiste devenu une star grâce à ses émissions de télévision. Sa crédibilité chute brusquement quand le public apprend ses liens très étroits avec le pouvoir. 



mercredi 29 mars 2017

A la télé : le film du jour (Rotana Classic du 29 mars au 12 avril)

 روتانا كلاسيك


 Ma sélection personnelle parmi les films diffusés par la chaîne Rotana Classic. Les horaires donnés sont ceux de l'après-midi ou de la soirée. La plupart des films sont ensuite rediffusés le lendemain matin.

Mercredi 29 mars à 19h30

Les Deux Orphelines d'Hassan Al Imam (Al Yatimatayn, 1948)
 avec Negma Ibrahim, Soraya Helmi, Fakher Fakher, Faten Hamama


Mélodrame, adaptation du roman Les Deux Orphelines (1877) des deux auteurs français Adolphe d'Ennery et Eugène Cormon. Le scénario est du réalisateur Henry Barakat.


Jeudi 30 mars à 19h30

La Chanson de la Fidélité d'Ibrahim Emara (Lahn el Wafaa, 1955)
avec Abdel Halim Hafez, Hussein Riad, Shadia


Comédie musicale. Allam est un musicien célèbre qui souffre d'avoir été abandonné par sa femme. Il est attiré par Siham, une jeune chanteuse, mais n'ose lui déclarer sa flamme. Un de ses amis lui demande de prendre son fils Galal à ses côtés pour lui enseigner le chant. Très vite, Galal et Siham vont tomber amoureux l'un de l'autre, au grand désarroi d'Allam. 


Vendredi 31 mars à 19h30

La Course des Fauves d'Ali Abdel Khalek (Gary El Wohosh, 1987)
avec Mahmoud Abdel Aziz, Nour El Sherif, Noura


Fable politiqueOn retire une partie du cerveau à un homme pauvre pour le greffer sur un autre homme souffrant de stérilité.


Samedi 1er avril à 23h

L’Amour de mon Cœur d'Anwar Wagdi (Habib El Rouh, 1951)
avec Layla Mourad, Youssef Wahby, Anwar Wagdi, Wedad Hamdy


Comédie sentimentale. Une chanteuse doit choisir entre sa carrière artistique et son mari.


Dimanche 2 avril à 19h30

Ismaël Yassin dans la Marine de Fateen Abdel Wahab (Ismaïl Yassin fil ustul, 1957)
avec Ismaël Yassin, Ahmed Ramzy, Zinat Sedki, Zeinat Olwi, Abdel Moneim  Ibrahim


Comédie navale. Pour obtenir la main de sa cousine, un jeune homme s'engage dans la marine.


Lundi 3 avril à 23h 

 Je suis seule d'Henry Barakat (Ana wahdi, 1952)  
 avec Souad Mohamed, Magda al Sabbahi, Omar El Hariri


Comédie musicale. Nawal et Afaf sont deux sœurs. Elles se sont installées au Caire et travaillent comme couturières chez un tailleur. Afaf a une très belle voix. Elle souhaite faire une carrière de chanteuse mais maints obstacles se dressent  sur sa route. Un jour les deux sœurs rencontrent deux  garçons de la meilleure société. Ehsan tombe amoureux de Nawal et son camarade Atef s’éprend d’Afaf. Au début, tout se passe au mieux mais quand les deux amis apprennent que leurs deux amoureuses sont couturières, ils les abandonnent aussitôt. Nawal fait une tentative de suicide…


Mardi 4 avril à 23h

Mon amour pour toujours de Hussein Kamal (Habibi da'iman, 1980)
avec Nour al Sherif, Poussi, Saïd Abdel Ghani


Mélodrame. Farida doit épouser l’homme d’affaires fortuné Ossama bien qu’elle soit amoureuse d'un autre homme. Son mariage est un échec. Elle finit par divorcer mais peu après elle découvre qu’elle est atteinte d’un cancer. Elle retrouve Ibrahim qui l’aime toujours. Malgré la maladie, ils se marient et s’installent à Londres...


Mercredi 5 avril à 19h30
 
Rendez-vous avec le Diable de Kamel El Telmissany (Maw’id ma’ iblis, 1955)

avec Zaki Rostom, Mahmoud El Meleigy, Abdel Moneim Ibrahim, Cariman


D’après le Faust de Goethe
Un médecin dirige une clinique au Caire. Les affaires ne sont pas très bonnes. Un jour, un collègue nommé Nabil se présente à lui. Il lui propose de l’aider à soigner ses malades. En fait, ce Nabil est Satan en personne…


Jeudi 6 avril à 19h30

Aziza d'Hussein Fawzi (1954)
avec Imad Hamdi, Naima Akef, Zeinat Sedki, Farid Shawki

 

Drame. Aziza est danseuse dans un cabaret afin de financer les études de sa petite soeur dans un pensionnat très réputé. Personne dans l'institution scolaire ne connaît sa véritable profession et personne dans le cabaret où elle travaille ne sait qu'elle a une soeur. Un gangster qui la harcèle découvre son secret et menace de tout révéler.


Vendredi 7 avril à 19h30


Mon Coeur me Guide d'Anwar Wagdi (Kalbi Dalili, 1947)
avec Laïla Mourad, Anwar Wagdi, Stephan Rosti


Comédie musicale. La police est avertie qu’une fille doit arriver par le train au Caire avec une valise remplie de drogue. Les enquêteurs ont la description précise de la criminelle.  A la gare, ils font  le guet. Des hommes appartenant à un gang sont aussi présents pour récupérer la fille et son précieux bagage.  Quand le train arrive à destination, la complice des gangsters remarque tous ces policiers sur le quai. Elle parvient à disparaître dans la foule. Laïla, une jeune étudiante, descend du train. Elle correspond au signalement donné aux enquêteurs. Ils l’arrêtent. ..


Samedi 8 avril à 23h

La Mère Célibataire d'Elmy Rafla (al-anisa mama, 1950)
avec Ismaël Yassin, Sabah, Mohamed Fawzy, Soliman Naguib


Comédie musicale. Une jeune chanteuse Nimra est amoureuse d’un musicien célèbre nommé Monir Yousri. Ce dernier prépare une comédie musicale et Nimra se présente au casting. Elle est sélectionnée. Le père de Monir est tout de suite charmé par la jeune fille mais il comprend qu’elle est attirée par son fils. Il devient son allié et ensemble, ils conviennent d’un stratagème pour provoquer la jalousie de Monir. Tous les deux vont prétendre qu’ils ont décidé de se marier. Monir est bouleversé…


Dimanche 9 avril à 17h

Le Règne de Karakush de Fateen Abdel Wahab (Hukum Karakush, 1953)
avec Zaki Rostom,  Omar El Hariri, Zouzou Chakib, Mimi Chakib, Serag Mounir


Drame historique. Le Sultan Karakush tombe amoureux d'une fille du peuple. Pour l'épouser, il nomme son père ministre. Celui-ci utilise sa nouvelle situation pour soutenir la résistance contre la tyrannie du Sultan tandis que sa fille s'éprend d'un rebelle qui prépare une insurrection.


Lundi 10 avril à 23h

Avec les Souvenirs
de Saad Arafa (Mala zekrayat,1961) 
avec Ahmed Mazhar, Nadia Lutfi, Mariam Fakhr Eddine, Salah Mansour, Fattoh Nashaty


Sharif  est devenu inconsolable après avoir tué accidentellement celle qu’il aimait. Malgré le soutien d’Amal qui essaie de lui redonner goût à la vie, il s’enfonce dans la dépression. Grâce à  la confession de l’un des acteurs du drame, il finira par comprendre que la personnalité de sa bien-aimée était plus trouble qu’il ne croyait. 



Mardi 11 avril à 23h

Le Criminel de Kamal Ateyya (Al Mougrim, 1954)
avec Mahmoud al Meleigy, Samira Ahmed, Chukry Sarhan


Une riche famille est victime d’un accident de voiture. Les parents sont blessés, le petit garçon meurt. La petite fille qui a survécu est enlevée par un bandit. Celui-ci espère une rançon mais la famille ne paie pas. Le criminel finit par déposer l’enfant devant la porte d’une mosquée. Elle est recueillie par le fils d’un modeste cordonnier. Les parents du garçon adoptent la petite fille et l’élèvent comme leur propre enfant…


Mercredi 12 avril à 23h

Kahraman d'El Sayed Bedeir (1958)
avec  Hoda Soltan, Ferdoos Mohamed, Yehia Chahine, Abdel Moneim Ibrahim


Drame. Hamid vit à Damanhour  avec sa mère et son frère aîné qui est l’imam de la mosquée. Hamid est un élève brillant. Après le lycée, il suit des cours  à l’université d’Alexandrie. Avec des camarades, il se rend dans une boîte de nuit où danse Kahraman. Hamid est tout de suite attiré par cette danseuse. Il fait sa connaissance et noue une relation amoureuse avec elle. Pour le jeune étudiant, c’est le début d’une descente aux enfers…



dimanche 26 mars 2017

L'Ecole des Filles (Madrasat Al Banat, 1955)


مدرسة البنات
ﺇﺧﺮاﺝ: كامل التلمساني


Kamel El Telmissany a réalisé L'Ecole des Filles en 1955. 
Distribution : Naïma Akef, Zeinat Olwi, Serag Mounir, Kwathar Shafik, Aziza Helmy, Abdel Salam Al Nabulsi, Kamal Al Shennawi, Zinat Sedki, Reyad El Kasabgy, Safa El Gamil, Thuraya Fakhry,  Aziza Helmy, Abdel Ghani El Nagdi, Layla Hamdy
Scénario : Ali El Zorkani et Helmy Halim
Musique : Mounir Mourad, Kamal El Tawil, Saïd Mostafa, Fathy Qoura


Serag Mounir et Kwathar Shafik



Abdel Salam El Nabulsi et Kamal Shennawi


Kamal Al Shennawi


Aziza Helmy


Abdel Salam El Nabulsi


Zinat Sedky et Reyad El Kasabgy



















Abdel Salam El Nabulsi et Naïma Akef


















Résumé

Kamal est un jeune homme qui mène une vie de Dom Juan multipliant les conquêtes. Il doit épouser sa cousine et malgré l’empressement de son oncle, il n’est pas disposé à s’assagir. Le jour même de son mariage alors que tout le monde l’attend, il préfère passer du bon temps dans son appartement avec une maîtresse. Et c’est son meilleur ami qui a la mission délicate de calmer la fureur de l’oncle et le dépit de la fiancée. La cérémonie est annulée. Un jour, Kamal fait la rencontre de Nadia. Elle est étudiante dans un pensionnat de jeunes filles où l’on enseigne le chant et la danse. Les deux jeunes gens sont séduits l’un par l’autre. Le bourreau des coeurs éprouve pour la première fois le véritable amour. Malheureusement, tout  s’oppose à leur union. Si Kamal est déjà engagé auprès de sa cousine, Nadia doit aussi épouser un cousin resté au village avec toute sa famille. Ce cousin est un gentil demeuré au physique repoussant. Jamais elle ne pourra l’aimer mais son oncle est un homme brutal dont on ne peut discuter les décisions. Elle doit se soumettre. Le jour des noces est arrivé. Alors que Nadia s’apprête à signer l’acte de mariage, ses amies de pensionnat, entraînées par Kamal et la directrice de l’école, font irruption dans la salle. Une bagarre s’ensuit. Heureusement, l’oncle de notre héroïne n’est pas un mauvais bougre et il  finit par renoncer à son projet insensé. Kamal et Nadia peuvent se marier.


Critique
 
Dans ce film nous retrouvons Naima Akef dans l’un de ses rôles de prédilection : la jeune orpheline au passé douloureux mais dont le dynamisme et la joie de vivre finissent toujours par triompher des épreuves. Cette Ecole des Filles exploite le filon que représente à l’époque la danseuse. Elle a été découverte en 1949 par Hussein Fawzi. Ce dernier l’a aussitôt épousée pour la faire tourner chaque année dans une nouvelle production qui à chaque fois devient un gros succès commercial. Ce film de Kamel El Telmissany est en fait un intermède entre deux réalisations du mari mais il aurait très bien pu être tourné par celui-ci : même style, mêmes personnages, même univers…
Si comme danseuse, Naima a un talent incontestable, avec une sensualité qui se manifeste dans chacun de ses gestes, en revanche, comme actrice, elle est beaucoup plus limitée. On sent chez elle un désir de bien faire mais son jeu est plus celui d’une meneuse de revue avec des effets un peu grossiers que celui d’une comédienne capable d’exprimer toute la gamme des sentiments avec naturel et sincérité. Et il faut bien admettre que le jeu de Naima Akef n’est jamais sincère et n’est jamais naturel. Mais sans doute n’a-t-elle pas appris. Elle vient du cirque et du cabaret, c’est là qu’elle s’est formée et dans ces deux arts du spectacle, l’énergie compte davantage que l’émotion.
Ce film a eu comme scénariste Ali El Zorkani. Ce n’est pas le premier venu : il apparaît au générique de très grands films et il a été professeur de scénario à l’Institut Supérieur du Cinéma du Caire. Et peut-être est-il bon de rappeler que Kamel El Telmissany, le réalisateur, n’est pas n’importe qui non plus : il a réalisé en 1945 le Marché Noir qui figure dans la liste des quinze plus grands films égyptiens de tous les temps).
Ce prestigieux tandem n’a pourtant pas brillé avec cette comédie musicale. Même Naima Akef a été mieux servie dans d’autres films. Ici elle est réduite à jouer la petite demoiselle qui cabotine sans cesse et que l’on voit danser avec ses amies de pensionnat dans de gentilles fêtes réunissant élèves et parents. On avait déjà assisté à ces mêmes scènes dans Aziza réalisé l’année précédente par Hussein Fawzi mais au moins, grâce à sa double identité, Naima Akef avait eu la possibilité d’exprimer toute la sensualité dont je parlais plus haut, notamment dans les séquences se déroulant au cabaret. Dans ce nouveau film, on ne quitte pas l’école et c’est bien triste.
Ce qui sauve en partie cette petite comédie, c’est la prestation d’Abdel Salam Al Nabulsi. Il a un rôle secondaire, comme d’habitude, mais quel talent ! Il joue un personnage qui est depuis longtemps secrètement amoureux de l’héroïne. Il la présente à Kamal, son meilleur ami, et c’est donc lui qui est à l’origine de leur amour. Il devra, désespoir au cœur mais en ami fidèle, œuvrer pour le bonheur de Kamal et de Nadia, sans jamais rien dire de ses affres. Un personnage comique mais infiniment malheureux qu’Abdel Salam Al Nabulsi incarne avec une telle conviction qu’il le hisse au niveau des types créés par Molière dans ses grandes comédies.

Appréciation : 2/5
**
Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

dimanche 19 mars 2017

Le Festival du Cinéma Africain de Louxor (Egypte)

مهرجان الأقصر للأفلام الأفريقية

 


La sixième édition du festival du cinéma africain de Louxor s'est ouverte le jeudi 16 mars 2017. C'est l'écrivain Sayed Fouad qui eut l'idée de cette manifestation en constatant que les films africains n'étaient jamais projetés en Egypte. Il a souhaité que le festival se déroule à Louxor car cette cité de Haute-Egypte n'accueillait jusqu'alors aucun événement culturel d'envergure, tout se passant au Caire ou à Alexandrie.
Malgré les difficultés financières auxquelles ont été confrontés les organisateurs, la manifestation a été maintenue. Il a fallu tout de même s'adapter à un budget en très nette diminution. La veille de l'ouverture du festival, les organisateurs diffusaient un communiqué annonçant la suppression pour cette année de la partie financière de tous les prix décernés par les différents jurys.
La part du cinéma égyptien dans cette sixième édition est assez maigre : quelques courts métrages, des documentaires et un seul long-métrage de fiction (le Prêcheur de Magdi Ahmed Ali)
Lors de la cérémonie d'ouverture, un hommage a été rendu au réalisateur Yousri Nasrallah et à l'acteur décédé cette année, Mahmoud Abd El Aziz.
Cette édition du festival du cinéma africain de Louxor est dédiée à la grande actrice  Taheya Carioca (1919-1999).