Mohamed Fadel a fait l'essentiel de sa carrière artistique à la télévision. A vingt-neuf ans, il réalise son premier feuilleton, Le Caire et les Gens, dont les quatre-vingt quatre épisodes rencontreront un succès considérable. En cinquante-cinq ans de carrière, il ne tourne que six longs métrages pour le cinéma. Le plus remarquable est sans conteste Nasser 56 réalisé en 1996. En revanche, il est aussi l'auteur de ce que certains critiques ont considéré comme l'un des films les plus ratés de l'histoire du cinéma égyptien, L'Etoile de l'Orient (1999). Dans ce biopic de la grande chanteuse Oum Kalthoum, il avait choisi pour incarner celle-ci sa propre épouse, Ferdoos Abdel Hamid. Le fim ne resta à l'affiche qu'une seule journée.
L’Amour en Prison (Hob Fel Zenzana, 1983)
avec Soad Hosny (Fayza Hassan), Adel Imam (Saleh), Yehia El Fakharany (Farouk, le faux-monnayeur), Gamil Rateb (Al Shirnwabi, l’homme d’affaires), Abdel Moneim Madbouly (le second d’Al Shirnwabi), Ali Al Sharif (un tueur à gages), Mohamed Ahmed Almasry (Shamshon, un prisonnier), Mohamed Kamel (Tawfiq, un des prisonnier), Samy Maghawry (Docteur Sami, le frère de Fayza), Naima El Sagheir (la gardienne de prison), Mohamed Shawky (le marchand de cuir), Badr Nofal (le gardien de la prison), Ahmed Al Badry (un inspecteur de police), Mahmoud Masoud (Houssam Ali), Mohammad Farid (l’agent d’entretien de la prison), Magda Zaki (la femme de Farouk)
Scénario : Mohamed Fadel et Ibrahim El Mougi
Musique : Ammar El Sheraie
Production : Wasif Fayez
Al Shirnawabi est un homme d’affaires sans scrupule. Il importe à très bas prix des denrées alimentaires impropres à la consommation humaine et il les revend sur le marché égyptien comme des produits parfaitement comestibles. Il vient d’acheter un vieil immeuble dans le but de le détruire afin de réaliser une opération immobilière. La présence de locataires met à mal son projet. Il prend alors une décision radicale : il fait incendier le bâtiment. Le résultat est à la hauteur de ses espérances : les locataires ont disparu et ce qui était leur logement n’est plus qu’un amas de cendres. Pour éloigner les soupçons de la police concernant le rôle d’Al Shirnwabi dans ce drame, son bras droit entre en contact avec Saleh, un résident de l’immeuble. Il lui demande de prétendre que c’est lui l’incendiaire et en échange on lui offrira un luxueux appartement. L’assistant de l’homme d’affaire est formel : il écopera au plus d’une peine de trois mois d’emprisonnement. Saleh se laisse convaincre. Malheureusement, au procès, les choses ne se passent pas comme prévu. Il est condamné à dix ans de détention. Ses protestations n’y font rien, il devra purger sa peine. Il se retrouve dans une cellule qu’il partage avec deux autres condamnés. Entre eux la bonne entente est immédiate. Saleh découvre que leur centre pénitencier fait face à celui des femmes. A heures fixes, les prisonniers et leurs consœurs de l’autre bâtiment se pressent devant les fenêtres pour tenter de communiquer entre eux. C’est ainsi que Saleh aperçoit une femme un peu à l’écart coiffée d’un foulard vert. Il en tombe aussitôt amoureux.
Notre avis : Dans les années soixante, de nombreuses comédies évoquent de manière pittoresque le monde de la prison. Dans ce film des années quatre-vingt, la description se veut beaucoup plus réaliste même si les conditions de détention du héros sont adoucies par l’amitié avec ses codétenus et l’amour avec une femme incarcérée dans la prison d’en face. Mohamed Fadel a fait sa carrière essentiellement à la télévision. Dans les années quatre-vingt, il ne réalise que deux films pour le cinéma dont celui-ci. On pouvait craindre le pire mais contre toute attente le film est d’une qualité tout à fait honorable. Mohamed Fadel a su restituer avec justesse et empathie le petit monde de la prison. Evidemment l’intérêt principal du film repose sur le couple formé par Adel Imam et Soad Hosny. Les deux stars sont parvenues à incarner magnifiquement ces deux êtres maltraités par la vie mais rendus plus fort par l’amour fou qui les unit. Cette comédie dramatique dénonce aussi la corruption sans bornes des puissants, notamment à travers le personnage de l’homme d’affaires joué avec une jubilation évidente par Gamil Rateb, magistralement odieux.

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