samedi 1 novembre 2025

Cléopâtre

كليوباترا


Taheya Carioca en Cléopâtre 
dans la comédie J'aime les Erreurs d'Hussein Fawzy (1942)






Depuis juin 2025, l’Institut du Monde Arabe consacre une exposition à Cléopâtre, dernière souveraine d’Égypte. Intitulée « Le Mystère Cléopâtre », cette manifestation explore les multiples facettes d’une figure historique dont la légende, tissée de faits et de fictions, continue de captiver plus de deux millénaires après sa disparition.

Le cinéma s’est très tôt emparé de ce mythe. Dès 1899, Georges Méliès réalise un court-métrage de deux minutes évoquant la reine égyptienne. Parmi les œuvres marquantes qui lui sont consacrées, citons La Reine des Césars (1917) de J. Gordon Edwards, avec Theda Bara, premier sex-symbol du grand écran ; Cleopatra (1934) de Cecil B. DeMille, portée par la flamboyante Claudette Colbert ; et bien sûr le somptueux Cleopatra (1963) de Joseph L. Mankiewicz, où Elisabeth Taylor incarne une Cléopâtre inoubliable et devient l’archétype de la reine d’Égypte pour des générations de spectateurs.

Paradoxalement, le cinéma égyptien s’est peu intéressé à cette figure pourtant emblématique. Peut-être jugeait-on que cette souveraine, jalouse de son pouvoir et farouchement libre dans ses amours, heurtait de manière trop provoquante les normes morales traditionnelles. Pourtant, le cinéma égyptien de l’âge d’or n’a pas hésité à mettre en lumière des héroïnes audacieuses, affirmant leurs désirs face aux hommes. Il est plus probable que des raisons économiques aient freiné les ambitions : les péplums exigent des budgets colossaux. Rappelons que le Cleopatra de Mankiewicz a failli précipiter la 20th Century Fox dans la faillite.

Il existe néanmoins une Cléopâtre égyptienne, réalisée en 1943 par Ibrahim Lama, aujourd’hui malheureusement perdue. En guise de consolation, on peut se tourner vers la comédie J’aime les Erreurs (1942) d’Hussein Fawzy. Ce film ne raconte pas directement la vie de Cléopâtre, mais suit l’ascension d’une jeune actrice, incarnée par Taheya Carioca, qui accède à la célébrité en jouant le rôle de la maîtresse de César et de Marc-Antoine. Une séquence mémorable montre la projection du film dans le film : une dizaine de minutes muettes, avec accompagnement musical, où l’on assiste aux dernières péripéties de l’existence de Cléopâtre. Le charisme, la beauté et le jeu de Taheya Carioca y sont éclatants, à la hauteur des plus grandes actrices ayant incarné la reine. On ne peut s’empêcher de regretter qu’aucun cinéaste n’ait songé à lui confier le rôle principal dans une véritable fresque dédiée à Cléopâtre.

 

 

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