روتانا كلاسيكQuels films peut-on voir sur la chaîne Rotana Classic ? Les horaires donnés sont ceux de l'après-midi ou de la soirée (heure de Paris). La plupart des films sont ensuite rediffusés le lendemain matin.
Rotana Classic a remplacé Rotana Zaman en 2012. Cette chaine fait partie du groupe Rotana basé en Arabie Saoudite et spécialisé dans le divertissement (télévision et musique). Celui-ci a été créé par le prince Al-Walid ben Talal ben Abdelaziz Al Saoud, membre de la dynastie Al Saoud et petit-fils du fondateur de l'Arabie Saoudite. Comme son nom l’indique, Rotana Classic diffuse essentiellement les grands classiques du cinéma égyptien. Disponible en France.
Jeudi 15 mai à 15h
La Plus Chère à Mon Coeur de Youssef Maalouf (Aazz Al habayib, 1961)avec Amina Rizq (Amina, la femme d’Ibrahim), Zaki Rostom (Ibrahim Effendi), Sherifa Mahear (la fiancée puis la femme d’Abdullah), Chukry Sarhan (Makhtar, le fils cadet), Soad Hosny (Kawthar, la petite amie de Makhtar), Samia Roshdi (la mère de Kawthar), Thuraya Fakhry (la servante), Hassan El Baroudi (le propriétaire du café), Nour El Demerdash (Abdullah, le fils ), Soheir Al Baroni (Soad, la fille), Mary Ezz El Din (la belle-mère d’Abdullah), Abdel Moneim Basiony (un employé), Eskandar Menassa (le mari de Soad)
D'après une histoire d'Henry Barakat
Scénario : Ibrahim Aboud et Youssef Issa
Production : les films Barakat

Ibrahim Effendi est un simple employé qui toute sa vie a travaillé pour que sa petite famille soit heureuse. Avec sa femme, il a eu trois enfants, deux garçons et une fille. Les années passent. Abdullah et Soad, les deux aînés, sont maintenant en âge de se marier. Mais Abdullah doit attendre que sa sœur ait trouvé un mari avant de pouvoir à son tour convoler avec la femme qu’il aime. Malheureusement, Soad ne parvient pas à attirer les prétendants : elle a un physique ingrat et la pauvreté de son père ne permet pas de compenser ce petit défaut par des atouts sonnants et trébuchants. La jeune fille ne supporte plus cette situation et sombre dans une grave dépression. Pour la guérir, il faut beaucoup d’argent et Ibrahim Effendi n’a pas d’économies. C’est à ce moment-là que le propriétaire d’un café lui fait une proposition. Pour arrondir ses fins de mois, ce commerçant s’est lancé dans le trafic de stupéfiants et il propose au petit employé de garder chez lui des sacs remplis de drogue contre un dédommagement qui mettra fin à tous ses soucis d’argent. Ibrahim Effendi accepte. A partir de là, tout change dans la famille : non seulement, Soad est soignée mais on finit par lui trouver un mari ; Abdullah de son côté peut enfin épouser sa bien-aimée. Comble de bonheur, le plus jeune de leurs enfants obtient son diplôme d’ingénieur. Ibrahim Effendi décide qu’il n’a plus besoin de continuer à travailler pour le trafiquant. Il veut mettre un terme à leur collaboration. Mais c’est trop tard : la police surgit dans la maison pour une perquisition. Afin de sauver l’honneur de son père, le plus jeune des fils s’accuse d’être le propriétaire des sacs de drogue. Il est condamné à 5 ans de prison. Ibrahim Effendi meurt peu après…
Notre avis : un film de 1960 reprenant tous les ingrédients du mélodrame des années quarante, avec deux acteurs talentueux qui ont très souvent incarné les parents assaillis par le malheur, Amina Rizk et Zaki Rostom. La seule originalité de cette histoire consiste dans l’inversion des responsabilités : c’est le père qui devient trafiquant de drogue et c’est le fils qui acceptera d’être condamné à sa place. Comme souvent dans ce type de récit, les personnages les plus intéressants sont les moins vertueux. Ici, c’est un couple : Abdullah, le fils aîné veule et égoïste, remarquablement interprété par Nour El Demerdash et son épouse, une insupportable mégère, jouée avec le même brio par la volcanique Sherifa Mahear.
Mercredi 14 mai à 17h
Kit Kat de Daoud Abdel Sayed (1991)
avec Mahmoud Abd El-Aziz (cheikh Hosny), Sherif Mounir (le fils de Sheikh Hosny), Aida Reyad (Fatima), Amina Risk (la mère de Sheikh Hosny), Nader Abdel Ghani (Subhi Al Faraji), Salah Sadeq (Ramadan), Ali Hassanein (cheikh Obaïd), Najah Al Mujy (le trafiquant de drogue), Mohamed Jibril (Al Housta Hassan), Ayman Abdel Rahman (Salem), Nadia Shams Eddin (la mère de Fatima), Galila Mahmoud (Fathia, la femme d’Al Housta Hassan), Othman Abdel Moneim (Attia, le propriétaire du café), Amel Ibrahim (Awatif, la mère de la femme du bijoutier), Ahmed Kamel (le bijoutier), Jihad Nasr (la femme du bijoutier)
Scénario : Daoud Abdel Sayed
d’après une histoire d’Ibrahim Aslan
Musique : Rageh Daoud, Saïd Mekawi, Saïd Hejab, Salah Gahin, Ibrahim Ragab, Mahmoud Abdel Aziz
Production : Hussein Al Qala
figure dans la liste des quinze meilleurs films égyptiens de tous les temps
Comédie sociale. Sheikh Hosny est un aveugle d’une quarantaine d’années. Il vit avec sa mère et son fils dans le quartier de Kitkat à Giseh. Veuf et sans travail, il ne désespère pas de l’existence. C’est un conteur hors pair et il aime chanter accompagné de son oud. Ses talents font le bonheur de ses amis qu’il réunit dans un ancien local commercial qui appartenait à son père. La petite bande passe des nuits entières dans ce lieu à bavarder, à rire et à fumer de la marijuana. Pour sa consommation de drogue, Sheikh Hosny a besoin de beaucoup d’argent. Il a résolu de vendre la maison familiale à un trafiquant de drogue qui en échange lui fournit toute la marijuana dont il a besoin. Youssef, le fils de Sheikh Hosny, a terminé ses études et il ne supporte plus de rester sans emploi. Il rêve de s’installer à l’étranger mais il n’a pas d’argent. Fatima, une jeune divorcée du quartier, est tombée amoureuse de lui. Malgré les réticences du jeune homme, elle finit par le séduire…
Notre avis : une chronique sociale qui porte un regard sans complaisance sur l’Egypte de son temps. Ce que dépeint Daoud Abdel Sayed, c’est le délabrement généralisé de la société égyptienne : délabrement physique et moral des êtres, délabrement des conditions matérielles de leur existence (les intérieurs comme les rues présentent le même aspect misérable et disloqué, à la limite de l’effondrement final.). Tout semble tomber en ruine inexorablement, et pour oublier cette sinistre réalité, les personnages du film s’évadent dans les paradis artificiels (le père) ou bien rêvent de fuir à l’étranger (le fils). Mais les auteurs, refusant tout fatalisme, montrent aussi comment ces hommes et ces femmes qui ont tout perdu n'ont jamais renoncé et comment ils gardent intact leur appétit de vivre (le personnage de Fatima, la jeune femme divorcée incarnée par l’excellente Aïda Reyad, nous apparaît emblématique à cet égard.). Tous les critiques ont loué la prestation de Mahmoud Abdel Aziz dans ce film. Effectivement, ce grand acteur accomplit ici une véritable performance mais nous trouvons que son jeu pêche parfois par une certaine grandiloquence.
Mardi 13 mai à 19h30
Le Fils de Hamido de Fateen Abdel Wahab (Ibn Hamidu, 1957)
avec Ismaïl Yassin (Ibn Hamido), Hind Rostom (Aziza), Ahmed Ramzy (Hassan), Abd El Fatah El Quosary (Hanafi, le père d’Aziza et Hamida), Zinat Sedki (Hamida), Tawfik El Deken (El Baz Effendi, négociant en bateaux et trafiquant de drogue), Nelly Mazlom (Latania, complice des trafiquants de drogue), Helen Diatto (Maryse, partenaire de Latania), Soad Ahmed (Tafida, la mère d’Aziza et Hamida), Reyad El Kasabgy (l’agent de police), Nemat Mokhtar (la danseuse du cabaret), Rashad Hamed (le chef de la police locale), Hassan Atla (un soldat), Abdel Ghani El Nagdi (un soldat)
Scénario et dialogues : Abbas Kamel
Musique : Atyah Sharara

Comédie. Ibn Hamido et Hassan sont deux policiers en mission à Suez pour démanteler un important trafic de drogue. Ils se font passer pour de simples pêcheurs et c’est sur la plage, qu’ils font la rencontre de deux sœurs, Aziza et Hamida. Elles reviennent de la pêche avec un panier rempli de poissons. Alors que les deux jeunes femmes se baignent, Ibn Hamido et Hassan s’approchent du panier et s’emparent de deux poissons. Aziza et Hamida s’en aperçoivent. Une dispute éclate. Il faut l’intervention du père des deux sœurs pour que tout s’arrange. Le vieil homme comprend tout le parti qu’il peut tirer de ces deux garçons. Il leur loue une chambre dans sa maison et leur vend une barque portant le nom prémonitoire de « Normandy 2 ». L’embarcation coulera le jour même de son baptême et de sa mise à l’eau. Nonobstant, l’amour naît très vite entre Hassan et Aziza ainsi qu’entre Ibn Hamido et Hamida. On parlerait déjà mariage sans Al Baz Effendi, un notable véreux qui souhaite depuis longtemps épouser Aziza. Pour se débarrasser des deux jeunes gens, Al Baz Effendi a une idée : il les dénonce à la police comme étant de dangereux trafiquants de drogue. Ibn Hamido et Hassan sont arrêtés alors qu’ils prennent un verre au cabaret de la ville. Au commissariat, ils découvrent que lors du numéro de danse, on leur avait remis une serviette de table dans laquelle quelqu’un avait placé une barrette de haschich. La preuve est irréfutable : ils passent la nuit en prison. Mais le lendemain, ils déclinent leur véritable identité au directeur de la police et ils sont aussitôt libérés…
Notre avis : l'une des comédies les plus célèbres de l'âge d'or. Un classique du cinéma populaire archi rediffusé mais toujours revu avec le même bonheur. On ne se lasse pas des aventures de ces deux policiers d’opérette qui s’installent dans une famille de pêcheurs particulièrement pittoresque. Hind Rostom et Zinat Sedky jouent les deux sœurs et elles forment un duo effervescent. La première est au comble de son insolente beauté et la seconde au sommet de sa « vis comica ». Le père de ces deux filles, c’est Abd El Fatah El Quosary, impayable en pater familias grincheux mais naïf. Et puis la danse qu’exécute l’éblouissante Nemat Mokhtar sur la scène du cabaret est restée dans toutes les mémoires !
Lundi 12 mai à 19h30
Histoire d’un Mariage d'Hassan El Seifi (Hekayet Gawaz, 1964)
avec Soad Hosny (Adila Mansour), Shukry Sarhan (Mohamed), Mary Moneib (Aziza, la mère d’Adila), Amina Rizq (Karima, la mère de Mohamed), Hassan Youssef (Hassan Mansour), Hassan Fayek (Mansour), Amal Farid (Mona), Aziza Helmy (la mère de Mona), Seham Fathy (Seham), Kawthar Shafik (Kawthar), Soheir Zaky (danseuse), Baligh Habashy (docteur Shouqi), Engy Ismail (une amie d’Adila)
Scénario : Mohamed Othman
Production : Naguib Khoury Films

Mohamed est amoureux de sa voisine, Adila Mansour. Ils sont fiancés et Mohamed a hâte que le mariage soit célébré car c’est un homme très jaloux qui enrage de voir sa promise sortir seule dans des tenues légères. Hassan, le frère d’Adila lui aussi fréquente une jeune fille mais la mère de celle-ci s’oppose à cette union : elle souhaite que sa fille épouse son cousin, le docteur Shouqi. Pour Adila et Mohamed, le grand jour est arrivé. Ils se marient enfin. Leur bonheur est total mais une nouvelle vient tout bouleverser. Alors que la fête bat son plein, on apprend que Mohamed doit pour des raisons professionnelles s’installer au Mont Ataqah sur la Mer Rouge. La mère d’Adila refuse catégoriquement que sa fille suive son mari pour une destination si lointaine. Afin d’empêcher la consommation du mariage, la vieille femme s’installe dans la chambre des deux jeunes mariés qui devront passer leur première nuit séparés. Le lendemain matin, Mohamed se rend accompagné de sa mère chez ses beaux-parents pour chercher Adila mais sa belle-mère reste intraitable et entre eux le ton monte. La mère de Mohamed est bouleversée par la violence des échanges. Elle s’évanouit…
Notre avis : une comédie gentillette sur un thème rebattu : la tyrannie que les mères exercent sur leurs filles même après le mariage de celles-ci. Toute l’intrigue repose sur les stratagèmes mis en place par Adila et Mohamed pour échapper à la surveillance de la mère de la jeune fille. Et après bien des échecs, l’amour finira par l’emporter. Mais pour cela, il faudra que le père d’Adila enfin se dresse contre sa femme et lui ordonne de ne plus s’opposer au bonheur de leurs enfants. La morale est claire : quand l’homme s’en mêle, les choses s’arrangent. On pourra légitimement trouver cette morale « un peu » misogyne. A ce propos, on pourra aussi s’étonner qu’Adila ait choisi comme époux ce Mohamed qui est d’une jalousie maladive. Dans la première scène, alors qu’elle joue au tennis, il se précipite sur elle et lui prend violemment le bras car il ne supporte pas de la voir arborer une tenue aussi légère en public. Et dans l’une des dernière scènes, il la gifle car elle a osé danser avec un inconnu. Elle lui pardonne mais tout cela n’augure rien de bon ! Malgré ces réserves, on peut se laisser tenter pour Soad Hosny qui est parfaite dans ce rôle de jeune fille à l’aube de sa vie de femme.
Samedi 10 mai à 19h30
Monsieur Omar de Niazi Mostafa (Si Omar, 1941)
avec Zouzou Chakib (Lola, la sœur d’Omar), Naguib Al Rihani (Gaber/Omar), Mohamed Kamal El Masry (Gamil Bey, l’oncle d’Omar), Abd El Fatah El Kosary (Abdul Majid Sattour, le complice de Berlanta), Mimi Chakib (Berlanta), Stefan Rosti (l’avocat), Serag Mounir (le cousin d’Omar), Eglal Zaki (la chanteuse), Ali Kamal (l’employé indélicat), Mary Moneib (la tante d’Omar), Victoria Hobeika (la mère d’Omar), Abdel Aziz Khalil (le directeur de la pension), Abdel Aziz El Gahely (le vieux serviteur), Ali Abd El Al (le commerçant), Ahmed Shoukry (l’astrologue indien), Abdel Aziz Al Ahmed (Kawara, le voleur de rue), Eskandar Menassa (le traducteur de l’astrologue)
Scénario : Naguib Al Rihani et de Badie Khairy d’après la pièce du premier Si j’étais beau (1938).
L'épisode du collier volé semble inspiré du film américain The Desire réalisé en 1936 par Frank Borzage avec Marlène Dietrich et Gary Cooper.
Musique : Mohamed Hassan Al Shugai, Riad Al Sonbati, Badyah Sadek, Ibrahim Hussein, Mohamed El-Kahlawy
appréciation : 3/5

Gaber est un modeste employé travaillant dans l’exploitation agricole du très puissant Omar Al Alfy. Un jour il découvre dans les comptes du domaine de nombreuses irrégularités. Il en informe la direction. On le licencie aussitôt. Gaber décide de monter au Caire pour trouver du travail. Dans le train il se retrouve en compagnie d’une jeune femme très séduisante et d’un homme à la mine patibulaire. Ce dernier est un chef de gang du nom d’Abdel Majid Satour. Il est recherché par la police et pour échapper à l’arrestation en gare du Caire, il glisse un collier de très grande valeur dans la poche de Gaber. La jeune femme a surpris la manœuvre du voleur. En descendant du train, Abdel Majid Satour est intercepté par la police. La jeune femme en profite pour entraîner chez elle Gaber afin de récupérer le collier. Elle parvient à faire croire au pauvre employé qu’elle est la propriétaire de ce bijou et qu’elle pourrait très bien le dénoncer pour ce vol. Gaber la supplie de n’en rien faire. Cette femme qui se prénomme Berlanta est à la fois amusée et intriguée par sa « victime ». Elle est amusée par sa naïveté mais aussi intriguée par sa ressemblance frappante avec le milliardaire Omar Al Alfy dont elle prétend être l’épouse mais qui vit depuis plus de vingt en Inde. Elle est bien décidée à exploiter cette similitude. En attendant, Gaber se retrouve à la rue, ne sachant où dormir, et c’est la malchance qui le poursuit impitoyablement : il tombe entre les griffes d’un voleur qui le dépouille de tout ce qu’il possède, puis il se retrouve nez à nez avec Abdel Majid Satour. Ce dernier est très heureux de cette rencontre : il a cherché Gaber dans tous les hôtels de la ville afin de récupérer son collier. Quand Satour comprend que Gaber ne l’a plus, il décide de le séquestrer dans son repaire. Il va même le forcer à devenir un voleur comme lui. Un jour, Gaber voit par la fenêtre Berlanta monter dans une voiture. Avec Satour, il décide de la suivre. C’est ainsi qu’ils se retrouvent devant le palais de la famille d’Omar Al Alfy. Les domestiques qui les reçoivent sont convaincus d’être en présence de leur maître de retour après une si longue absence…
Notre avis : Si Omar est la deuxième collaboration entre Naguib Al Rihani et Niazi Mostafa. La première était Salama fi Khair (Salama va bien, 1937) qui figure dans la liste des cent meilleurs films de l’histoire du cinéma égyptien. Cette comédie se compose de deux parties aux styles très différents. Dans la première heure du film, on assiste à l’arrivée de Gaber au Caire après son renvoi. Il tombe sous la coupe du terrible Abd Al Majid Satour et progressivement devient son complice. Le réalisateur a fait ses études cinématographiques en Allemagne et l’influence de certains cinéastes européens est évidente dans la manière d’évoquer le petit peuple, honnête ou pas, de la capitale égyptienne. Les scènes se déroulant dans le repaire d’Abd Al Majir Satour rappellent aussi bien le réalisme poétique français que l’expressionnisme allemand. La seconde partie, moins originale que la précédente, se passe dans un lieu unique : Gaber et son mentor s’installent dans l’hôtel particulier de la famille de Si Omar. Nous retrouvons l’atmosphère des comédies conventionnelles se déroulant dans un milieu aisé avec domestiques, jeunes femmes élégantes et messieurs en smoking. Le tout est un peu théâtral mais le talent du grand acteur Naguib Al Rihani nous fait bien vite oublier ce petit défaut.
Vendredi 9 mai à 19h30
L’Oppresseur et l’Opprimé d'Houssam Al Din Mustafa (Alzaalim wal Mazlum, 1989)
avec Nour El Sherif (Jaber/Morsi, le fils de Jaber), Elham Shahine (Badour), Hassan Hosny (Ibrahim Al Nas, l’ami de Jaber), Gamal Ismail (Al-Qusi Abdul Salam), Youssef Dawood (Salem), Farouk Naguib (Birouqouq), Sarah (le docteur Wafa, la fille de Salem), Ahmed Abdel Hady (le docteur Nazia), Youssef Fawzy (le chef de la police), Kamal El Zeiny (le directeur de la prison), Moheb Kaser (le serviteur d’Al Qusi), Hussein Arar (l’aveugle)
Scénario : Farouk Sabry
Inspiré du Comte de Monté Cristo d’Alexandre Dumas
Musique : Abdel Hamid Toutou
Production : Farouk Sabri
Le film a été tourné en 1989 mais il n’est sorti sur les écrans que dix ans plus tard.

Jaber travaille sur le port d’Alexandrie comme grutier. Il a épousé une jeune fille prénommée Badour et ils ont un fils Morsi. Ils avaient tout pour être heureux. Malheureusement, Badour a croisé le chemin de Salem, un notable de l’Union, Socialiste qui depuis se consume de désir pour elle. Grâce à ses hommes de main, celui-ci parvient à l’enfermer dans une chambre et à la violer. Une fois le forfait commis, Badour parvient à se réfugier sur la terrasse de l’immeuble mais un complice de son violeur la jette dans le vide. Elle meurt sur le coup. Jaber paraît. Il se rue sur les criminels mais il est très vite maîtrisé. La police puis la justice s’en mêlent. C’est la version du notable qui prévaut : Jaber a tué sa femme car il l’avait surprise en compagnie de son amant. Il est condamné à vingt-cinq ans de détention. Quand il est enfin libéré, Jaber n’a qu’une seule idée en tête : se venger.
Notre avis : souvent présenté comme le dernier film d’Houssam El Din Mostafa car sorti en 1999. En réalité, il a été tourné en 1989 et on pourrait s’interroger sur les raisons d’un tel délai entre sa réalisation et sa diffusion. Selon toute apparence, aux yeux des producteurs et des distributeurs, la sortie de cette énième adaptation du Comte de Monte Cristo ne représentait pas une priorité. A cela au moins deux raisons. La première, c’est qu’en cette même année 1989, Nour El Sherif est à l’affiche, d’une autre adaptation du roman d’Alexandre Dumas, « Le Peloton d’Exécution » (katibat al iedam) d’Atef El Tayeb. La seconde, c’est que ce film d’Houssam Al Din Mostafa ne brille ni par son originalité ni par son style. Certaines invraisemblances trahissent le manque de rigueur de la réalisation (notamment dans cette scène où le héros chloroforme la conductrice d’une voiture dans laquelle il a pris place : non seulement la jeune femme ne se débat pas mais, malgré son inconscience, elle parvient à immobiliser, sans le moindre cahot, son véhicule sur le bas-côté de la route !). Pour ne rien arranger, les scènes de vengeance sont filmées de manière laborieuse avec des effets aussi appuyés que prévisibles. Des critiques ont certes loué la prestation de Nour El Sherif jouant à la fois l’ancien prisonnier qui a entrepris de tuer tous les responsables de la mort de sa femme et le jeune policier qui le poursuit et qui n’est autre que son fils. Mais pas sûr que cette performance suffise à compenser la platitude de ce thriller qui a très mal vieilli.
Jeudi 8 mai à 15h
Fils d’Aristocrates d'Hassan El Seifi (Ibn Zawat, 1953)
avec Ismail Yassin (Ismaïl), Kitty (Kitty), Abdel Salam El Nabolsi (Sharif, l’ami d’Ismaïl), Nagah Salam (Nagah), Serag Mounir (Hafez), Mimi Chakib (Amina, la femme d’Hafez), Zouzou Chakib (une femme de ménage), Stephan Rosty (Shimon Licha), Mohamed El Tabei (Kabir Al Rahimiya, l’oncle d’Ismaïl), El Sayed Bedeir (Abdel Moujoud, le cousin d’Ismaïl), Omar El Gizawy (le serviteur de Kabir Al Rahimiya), Mohamed Kandeil (le chanteur)
Scénario et dialogues : Zaky Saleh, Stephan Rosty, Hassan Al Seifi
Paroles des chansons : Fathy Koura, Galil Al Bendary, Abdel Wahab Youssef
Musique : Abdel Aziz Mahmoud, Kamal Al Taweil, Mohamed Abdel Wahab, Ali Farrag,
Production : Les films Misr Algadida et les films Seraj Mounir

Comédie musicale Ismaïl est un jeune homme qui mène la grande vie au Caire. Il dépense sans compter et accumule les dettes. Son oncle, un homme de la campagne attaché aux traditions veut y mettre bon ordre. Il décide de se rendre au Caire avec son fils et l’un de ses serviteurs pour trouver à son neveu fantasque une épouse qui saura le remettre dans le droit chemin. Quand les trois campagnards se présentent chez Ismaïl, celui-ci donne une grande fête avec la participation de la danseuse Kitty. L’oncle présente à son neveu la lettre qu’il a reçue de l’un de ses créanciers. Ce dernier menace de porter plainte et son oncle n’aidera pas Ismaïl si celui-ci ne se marie pas au plus vite. Le jeune homme ne peut que se soumettre. L’oncle se rend aussitôt chez un ami qui a une fille à marier. Il va tout entreprendre pour que le père accepte son neveu comme gendre. Pendant ce temps-là, Ismaïl a retrouvé son ami Sharif dans le cabaret où se produit la danseuse Kitty. C’est là qu’il découvre une jeune chanteuse dont il tombe aussitôt amoureux …
Notre avis : en 1953, Hassan El Seifi sort ses trois premiers films comme réalisateur à part entière. Ce « Fils d’Aristocrates » est donc l’œuvre d’un tout jeune cinéaste (même s’il a commencé à travailler comme assistant dès 1945, huit ans auparavant). Tout n’est pas réussi dans cette comédie musicale. L’intrigue repose sur un quiproquo qui traîne en longueur, les scènes de conciliabules se succèdent au détriment de l’action, et Ismaïl Yassin fait du Ismaïl Yassin sans modération. Heureusement, il y a Kitty ! Dans son précédent film « Vous êtes témoins », Hassan El Seifi avait très mal exploité le talent de la danseuse d’origine grecque. Cette fois-ci, il lui a confié un véritable rôle et ses chorégraphies sont beaucoup plus élaborées que dans le film précédent (Elles rappellent en plus modeste et en moins glamour celles des comédies musicales de Naima Akef.). La présence de Kitty apporte une fougue à un récit qui sans elle en aurait cruellement manqué. Au final, un ensemble plutôt sympathique.
Sans un Adieu d'Ahmed Diaa Eddine (Min ghair wadaa, 1951)
avec Aqila Rateb (Samia, la seconde épouse de Magdi), Imad Hamdi (Magdi), Madiha Yousri (Fatima, la première femme de Magdi), Soheir Fakhry (Magda, enfant), Mohamed Fadel (Mounir Bey, le beau-père de Magdi), Awatef Ramadan (Aïcha, la femme de chambre), Ibrahim Hechmat (le premier mari de Samia), Abdel Aziz Al Ahmed (Abdel Aziz), Zinat Sedki (Ghandoura), Mahmoud El Sabaa (Tawfiq), Mohamed El Dib (Salim), Abbas El Daly (le juge), Tawfiq Ismaïl (le médecin)Scénario : Mohamed Kamal Hassan Al Mouhamy
Musique du générique empruntée à la B.O du film américain « Pour Qui Sonne le Glas » (1943), une composition que l’on doit à Victor Young
Drame. L’action se passe durant la seconde guerre mondiale dans la région d’Alexandrie. Magdi Abdel Hamid est un chef d’entreprise à qui tout réussit. Ses affaires sont florissantes, il a épousé la femme qu’il aime et ensemble ils ont eu une adorable petite fille. Malheureusement, la chance tourne soudain. A cause d’irrégularités commises dans le plus grand secret par son ami Tawfiq, Magdi est condamné à plusieurs années de prison pour retard de paiement. Lors de sa détention, il apprend que sa maison a été détruite par un raid allemand. Sa femme serait morte et sa fille a disparu. Quand Magdi sort de prison, il recherche partout sa fille, en vain. Il accepte un emploi dans un grand domaine agricole. La propriétaire est la sœur de Tawfiq. Elle est veuve et souffre de graves problèmes cardiaques. Grâce à l’arrivée de Magdi, elle retrouve goût à la vie et sa santé s’améliore. Ils finissent par tomber amoureux l’un de l’autre et ils se marient…
Notre avis : un mélodrame classique qui respecte les lois du genre mais sans manichéisme ni caricature. La grande force du scénario, c’est d’avoir représenté les deux « rivales » qui se partagent le cœur du héros comme deux femmes aussi « admirables » l’une que l’autre, si bien que le spectateur est jusqu’à la fin ballotté par des sentiments contradictoires. Aqila Rateb est bouleversante dans son rôle de femme qui croit enfin atteindre le bonheur et qui doit brutalement y renoncer. Par son interprétation inspirée, notamment dans le dénouement, elle atteint le sublime de la tragédie. C’est la première fois qu’Imad Hamdi et Madiha Yousri tournent ensemble. Les années suivantes, on les retrouvera à plusieurs reprises dans des drames comme mari et femme ou comme amants. Ils formaient un couple dont l’élégance aristocratique fascinait aussi bien les réalisateurs que le public.
Mardi 6 mai à 19h30
Ismaïl Yassin et le fantôme d'Hassan El Seifi (Afrita Ismaïl Yassin, 1954)
avec Ismail Yassin (Ismaïl), Kitty (Kitty, le fantôme), Farid Shawki (Hamido), Mohamed Kamal El Masry (le père de Zilabia), Zinat Sedki (Zilabia), Mary Moneib (la mère de Zilabia), Serag Mounir (Adel Kamal), Ferdoos Mohamed (la mère de Mohamed), Khristo Kladakis (le partenaire de Kittie), Liz et Lynn (danseuses)
Scénario : Hassan El Seifi et Abou Al seoud Al Ebiary , d’après la pièce du dramaturge britannique Noël Coward, L'esprit s'amuse (Blithe Spirit, 1941)
Musique : Munir Murad, Izzat Al Jahili, Mohamed Salman
Production : Films Masr Al Jadidat
Kitty travaille comme danseuse dans un nightclub dirigé par Adel Kamal. Celui-ci dépense tout son argent au jeu et cela fait des mois qu’il est incapable de payer ses employés et de régler son loyer. Il est au bord du gouffre. Hamido, son collaborateur, lui souffle une idée : pourquoi ne pas supprimer Kitty et ainsi récupérer son assurance vie ? Adel est prêt à tout pour échapper à la faillite. Il accepte la proposition de son conseiller diabolique. Après plusieurs tentatives infructueuses, Hamido parvient enfin à tuer Kitty mais le fantôme de celle-ci entre en communication avec Ismaïl et lui demande de l’aider à se venger. Ismaïl est un jeune homme un peu naïf que la danseuse avait rencontré dans des circonstances dramatiques : en raison d’un fâcheux concours de circonstances, il avait été la victime de la première tentative de meurtre d’Hamido et avait failli perdre la vie au volant de sa voiture. C’est ainsi qu’ils étaient devenus amis…
Notre avis : l’un des sommets de la comédie des années cinquante. Le duo formé par Ismaïl Yassin et Kitty fonctionne à merveille. Les gags, les chansons et les danses se succèdent à un rythme endiablé. Entourant les deux vedettes, on retrouve des actrices et des acteurs parmi les meilleurs de l’époque. Comme toujours, Zeinat Sedky est désopilante et ici elle se surpasse en grosse fifille à couettes, braillarde et pleurnicharde. Mais le film ravira surtout les admirateurs de Kitty qui enfin se voit offrir un rôle à la mesure de son grand talent, comme danseuse bien sûr mais aussi comme actrice. Dans ce film, c’est elle la star ! Pour finir, un mot sur Ismaïl Yassin : phénoménal.
Lundi 5 mai à 15h
Eternel Amour de Zuhair Bakir (al houb al khalid, 1965)
avec Hind Rostom (Amina, la mère de Mansour), Imad Hamdi (docteur Lotfi Amin), Hassan Youssef (Mansour adulte), Mohamed El Dafrawi (Rabah, le père de Mansour), Galal Eissa (Hamdi, le fils d’Amina et du docteur Lotfi), Salwa Said (Jehan, la fiancée d’Hamdi), Gawaher (la danseuse), Nadia El Gendy (la maîtresse de Mansour), Ahmed Morsi (l’inspecteur de police), Khalil Badr Eddine (un malfrat concurrent de Rabah), Monir El Tony (Antar), Sherif Yehia (Mansour enfant)
Une histoire de Zuhair Bakir
Scénario : Abdel Salam Moussa, Anwar Abdul Malik
Dialogues : Mohamed Kamel Abdel Salam
Musique : Salah Attiah
Production : Les Films Omayya

Un couple vit avec leur fils Mansour dans un modeste appartement d’un quartier populaire de la capitale. Amina, la mère, déborde d’amour pour son enfant. Mais Rabah, le père, est un truand et il encourage Mansour à suivre sa voie. Il en fait même son assistant. Sur ce point, la mère est en total désaccord avec son mari. Lors d’une dispute plus violente que les autres, le père chasse sa femme du domicile familial. Elle trouve refuge auprès de son médecin, le docteur Lotfy Amin, qui lui propose de travailler dans son cabinet. Elle accepte. Dans le même temps, le père et le fils ont quitté leur appartement et semblent s’être volatilisés. Les années passent. Amina a épousé le docteur Lotfy Amin. Quant à Mansour, il a bien grandi et il est devenu un membre actif du gang de son père. Il n’a jamais cherché à revoir Amina car Rabah lui a toujours dit qu’elle était morte. Mais, un jour, alors que Mansour va voir son père qui se trouve en prison, celui-ci lui révèle la vérité : sa mère est toujours vivante…
Notre avis : c’est la deuxième fois qu’Hind Rostom joue une mère qui retrouve son fils après des années de séparation. La première fois, c’était en 1963 dans le film d’Hassan Al Imam, « Femme en Marge » et celui qui jouait son fils c’était aussi Hassan Youssef. Avec un tel titre, on pouvait craindre qu’ « Amour Eternel » verse dans un excès de pathos comme « Femme en Marge » mais il n’en est rien. Ici, pas de torrents de larmes, ni de longues confessions. En fait Zuhair Bakir nous a concocté un petit film d’action avec moult rebondissements et dans son genre c’est une réussite. Les acteurs sont tous excellents et on est étonné de retrouver Nadia El Gendy, dix-neuf ans à peine, dans un registre bien éloigné de celui qui fera sa gloire vingt ans plus tard (la femme d’action puissante et dominatrice). Une mention spéciale pour la bande son à la fois originale et entraînante.
Dimanche 4 mai à 19h30
Les Oiseaux des Ténèbres de Sherif Arafa (Toyour elzalam, 1995)
avec Adel Imam (Fathi Nofal), Riyad Al-Khouly (Ali Al-Zanati, l’un des amis de Fathi ), Ahmed Rateb (Mohsen, l’un des amis de Fathi), Yousra ( Samira Rashwan), Jamil Rateb (le ministre Rushdi Al-Khayal), Nazim Shaarawy (l’avocat Shawkat Atiya), Izzat Abu Aouf (Farouk, le secrétaire de Shaukat Atiya ), Nihal Anbar (Fayza Sharkas), Fouad Farghaly (un avocat), Kawthar Ramzy (la mère de Fathi), Lotfy Abdel hamid (le père de Fathi), Mahmoud Al Bezawy (le juge), Fathi Abdel Wahab (le terroriste)
Scénario : Wahid Hamed
Musique : Modi Al Imam
Production : Wahid Hamed
Mohsen, Ali et Fathi sont trois amis qui se sont connus sur les bancs de la faculté de droit. Après leurs études, leurs trajectoires ont divergé. Mohsen a abandonné le droit et travaille comme comptable dans une entreprise. Le deuxième, Ali, a choisi de défendre les intérêts des Frères Musulmans lors de leurs
procès contre l’Etat. Enfin, Fathi, le troisième, est le héros de cette histoire. Lui aussi exerce le métier d’avocat. Il défend tous types de clients mais il a souvent bien du mal à se faire régler ses honoraires. Un jour, il doit défendre Samira, une prostituée. Il comprend que le juge chargé de l’affaire est un membre des Frères Musulmans. Il demande à son ami Ali d’intervenir et ils obtiennent l’acquittement de Samira. Cette dernière devient la maîtresse et la collaboratrice de Fathi. Le jeune avocat a tout pour réussir : de l’ambition et une absence totale de scrupule. Sa rencontre avec un ministre va être décisive…
Notre avis : c’est la troisième fois que Sherif Arafa réunit le couple star de l’époque, Yousra et Adel Imam. A chaque fois, le film est écrit et produit par le grand scénariste Wahid Hamed. « Les Oiseaux des Ténèbres » est dans la veine du premier, « Terrorisme et Kebab ». Il s’agit de dénoncer de manière virulente les travers de la société égyptienne. Ici, il est question de la corruption qui gangrène les plus hautes sphères du pouvoir et aussi l’emprise de l’islamisme sur un grand nombre d’institutions et plus particulièrement la justice. Comme d’habitude, Adel Imam excelle dans son rôle de ripoux cynique et sa partenaire Yousra dans celui de la jeune femme de petite vertu . « Les Oiseaux des Ténèbres » est un bon film (malgré son esthétique très VHS) même s’il n’a pas l’envergure de » Terrorisme et Kebab ». Certains commentateurs ont souligné le caractère superficiel de la critique du pouvoir, les auteurs se gardant bien d’attaquer le régime. Et on expliquerait cette frilosité par la proximité du réalisateur et du scénariste avec le Raïs de l’époque, Hosny Moubarak.
Samedi 3 mai à 15h
Je ne peux pas le faire d'Ahmed Badrakhan (ma akdarshi, 1946)
avec Farid Al Atrache (Farid), Taheya Carioca (Ilham, la danseuse), Fouad Shafik (l’huissier), Abdel Salam El Nabolsi (l’assistant de l’huissier), Hassan Fayek (le père de Farid), Aziza Badr (Oum Abdou, la logeuse de Farid), Nagwa Salem (la fille du millionnaire Abdoul Karim Pacha), Gamalat Zayed (la voisine de Farid), Ahmed El Haddad (l’ivrogne), Fouad Fahim (Abdoul Karim Pacha)
D'après une histoire de Soliman Naguib
Dialogues : Badie' Khairy
Musique : Farid Al Atrache, Youssef Badrous, Mamoun Al Shinnawi, Mahmoud Fahmy Ibrahim
Production : les films Ahmed Darwish

Comédie musicale. Farid Zaher n’a qu’une passion : la musique et le chant. Son père exige qu’il y renonce mais il ne peut se résigner à un tel sacrifice. Après une dernière dispute, Farid quitte la demeure familiale pour voler de ses propres ailes. Au Caire, il trouve un modeste appartement dans un immeuble appartenant à Madame Oum Abdou. Farid fait la connaissance de ses voisins et parmi eux, il y a Ilham, une danseuse. Cette dernière a des problèmes d’argent et a contracté des dettes qu’elle ne peut honorer. Les huissiers s’apprêtent à vendre aux enchères tout ce qu’elle possède. Tout naturellement, Farid lui vient en aide et règle les cinquante livres demandées. Pour le remercier, Ilham le fait embaucher comme chanteur dans le cabaret où elle danse. Ils se produisent ensemble sur la scène de l’établissement et leurs numéros rencontrent un grand succès. Ils vont très vite tomber amoureux l’un de l’autre. Malheureusement, Ilham se dispute avec le patron du cabaret et celui-ci les renvoie. Les deux jeunes artistes doivent repartir de zéro…
Notre avis : cela fait pratiquement dix ans qu’Ahmed Badrakhan enchaîne les comédies musicales avec les plus grands noms de la chanson égyptienne : Oum Kalthoum, Asmahan, Nour Al Hoda et bien sûr Farid Al Atrache. Ce dernier est la vedette principale de « Je ne peux pas le faire » et il a pour partenaire féminine Taheya Carioca. Dans la filmographie du réalisateur et du chanteur, c’est une œuvre mineure. Certes, les chansons de Farid Al Atrache ont tout pour nous séduire mais le scénario n’est pas d’une folle originalité : il recycle des situations et des thèmes déjà exploités dans des productions antérieures. Le plus décevant est certainement la prestation de Taheya Carioca. Ses quelques numéros dansés étonnent par leur maladresse voire leur amateurisme. Bref, cette comédie musicale fait bien pâle figure devant celles que va tourner Farid Al Atrache avec Samia Gamal à partir de 1947.
Vendredi 2 mai à 17h
Tata, Rika et Monsieur Kazem de Sherif Shaban (Tata, Rika & Kazem Bey,1995)
avec Kamal El Shennawi (Kazem Bey), Jala Fahmi (Rika), Najah Al Muji (Tata), Kamal Al Sherif (l’assistant de Kazem), Milad Awad (Bashir, le domestique de Kazem), Jasmine (Hikmet Bakhtiari), Ghada Ibrahim (Malika), Amr Moselhy (l’officier de marine)
Scénario : Nihad Moharam
Musique : Mohamed Al Banna
Production : Sherif Shaban
Adaptation ou plutôt copie de la comédie américaine Le Plus Escroc des Deux (Dirty Rotten Scoundrels, 1988) réalisé par Frank Oz. Ce film est lui-même un remake des Séducteurs (Bedtime Story, 1964) réalisé par Ralph Levy avec Marlon Brando et David Niven.

Kazem, un Dom Juan d’âge mûr, gagne sa vie en séduisant des femmes riches. Un jour, il découvre qu’un rival opère sur son terrain de chasse favori, les salons d’un hôtel de luxe. L’homme qui se nomme Tata est moins élégant, moins raffiné que Kazem mais il ne manque pas d’audace auprès de la gente féminine. Les deux séducteurs décident de travailler ensemble. Kazem enseigne à son jeune confrère toutes ses techniques de tombeur professionnel. Mais leur collaboration prend fin quand Tata découvre que Kazem ne lui donne qu’une part infime de leurs « revenus » communs sous prétexte qu’il a profité des leçons de son aîné. Peu après, Rika, une femme d’affaires fortunée, fait son apparition dans l’hôtel. Les deux hommes vont déployer tout leur talent de séducteurs pour être le premier à la conquérir. Tata décide de jouer la carte de la compassion : il se présente à la jeune femme comme un ancien officier de marine handicapé cherchant de l’argent pour faire opérer sa vieille tante…
Notre avis : une comédie médiocre, adaptation inutile d’une grosse production américaine. La seule vertu de ce film est de nous donner des nouvelles de l’acteur Kamal Al Shennawi, l’un des derniers géants de l’âge d’or du cinéma égyptien. Il a alors soixante-quatorze ans et il semble se porter comme un charme. Il rivalise d’énergie et de bagou avec ses deux partenaires, Nagah Al Mugi et Gala Fahmy qui ont respectivement vingt et quarante ans de moins que lui. Kamal Al Shennawi poursuivra sa carrière encore plusieurs années, essentiellement à la télévision. Les rares films qu’il tournera pour le cinéma auront aussi peu d’intérêt que celui-ci.
Jeudi 1er mai à 15h
La Fille des Aristocrates d'Anwar Wagdi (Bint Al Akkabir, 1953)
avec Layla Mourad (Layla), Anwar Wagdi (Anwar), Ismail Yassin (Chafchaq, le collègue d’Anwar), Zaki Rostom (Shawkat, le grand-père de Layla), Soliman Naguib (l’oncle Toufiq), Zinat Sedki (Alawyat, sœur d’Anwar), Ibrahim Emara (l’avocat), Mohamed Abdel Moteleb (chanteur), Kitty (danseuse), Mohamed Kamel (Idriss le serviteur)
Scénario : Abou Al Saoud Al Ebiary et Anwar Wagdi
Musique : Ryad Al Sonbati et Hussein El Sayed
Production : Anwar Wagdi

Layla vit avec son grand-père dans un immense palais. Elle souffre de la solitude qui lui est imposée : les visites et les sorties sont rares. Un jour son grand-père lui annonce qu’il doit s’absenter pour faire le pèlerinage. Pendant son absence, il lui interdit de sortir de la maison car, prétend-il, le monde extérieur est plein de dangers effroyables. Pour lui tenir compagnie, il a fait appel à son frère, oncle Toufiq qui résidera au palais jusqu’à son retour. Avant son départ, le grand-père a une discussion très vive avec celui-ci. Toufiq ne comprend pas la discipline de fer qu’il impose à sa petite fille. Il trouve cette éducation cruelle et archaïque. Le grand-père reste intraitable. Il ne veut pas que Layla connaisse le destin tragique de sa mère qui s’est donnée la mort par amour et pour cela il tient à contrôler tous les aspects de son existence. Après avoir accompagné son frère à l’aéroport, Toufiq constate que le téléphone du palais fonctionne mal. Il prévient la compagnie des télécommunications qui lui envoie deux réparateurs. Entre Layla et Anwar, l’un des deux ouvriers, c’est le coup de foudre instantané. Le jeune homme cache d’autant moins ses sentiments qu’il pense avoir affaire à l’une des domestiques de la maison.
Dernier film
que Layla Mourad et Anwar Wagdi tournent ensemble. Ils divorcent la même année
pour la troisième et dernière fois.
Dernier film que Layla Mourad et Anwar Wagdi tournent ensemble. Ils divorcent la même année pour la troisième et dernière fois.
Notre avis : il est amusant de constater que ce dernier film d’Anwar Wagdi avec Layla Mourad s’intitule « La fille des aristocrates » alors que le premier s’intitulait « Layla, fille de pauvres ». Dans ce film de 1953, une jeune fille « de la haute » s’éprend d’un jeune homme pauvre ; dans celui de 1945, une jeune fille pauvre s’éprenait d’un garçon « de la haute ». Mais comme de bien entendu, les deux opus se terminent par le triomphe de l’amour avec comme dernière image, le baiser des deux héros. Au-delà des clichés inévitables dans ce type de productions, « La fille des aristocrates » offre quelques agréments. Layla Mourad chante toujours aussi divinement. Son jeu peut sembler limité mais quand sa voix s’élève, toutes les réserves tombent. Les séquences musicales du film sont restées dans toutes les mémoires. Les facéties d’Ismaïl Yassin ainsi que l’improbable duo formé par Soleiman Naguib et Zinat Sedki empêchent le film de sombrer dans le sentimentalisme lénifiant. Et puis, pour tout dire, nous adorons cette scène incroyable dans laquelle Layla Mourad chante assise sur une balançoire au beau milieu d’un temple grec. Elle est entourée de danseuses en short agitant des voiles blancs et de petits cupidons tremblotants. Sans doute l’un des sommets de l’art kitsch ! Un regret pour finir : la grande danseuse Kitty n’apparaît que quelques secondes dans les dernières images du film. Frustrant !
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