jeudi 16 janvier 2025

A la télé : les films du jour (Rotana Classic du 16 au 31 janvier)

روتانا كلاسيك

Quels films peut-on voir sur la chaîne Rotana Classic ? Les horaires donnés sont ceux de l'après-midi ou de la soirée (heure de Paris). La plupart des films sont ensuite rediffusés le lendemain matin.
Rotana Classic a remplacé Rotana Zaman en 2012. Cette chaine fait partie du groupe Rotana basé en Arabie Saoudite et spécialisé dans le divertissement (télévision et musique). Celui-ci a été créé par le prince Al-Walid ben Talal ben Abdelaziz Al Saoud, membre de la dynastie Al Saoud et petit-fils du fondateur de l'Arabie Saoudite. Comme son nom l’indique, Rotana Classic diffuse essentiellement les grands classiques du cinéma égyptien. Disponible en France.


Vendredi 31 janvier à 18h30

Un inconnu dans ma maison de Samir Séif (Ghareeb fi Baity, 1982)
avec Soad Hosny (Afaf), Moamen Hassan (le fils d’Afaf), Nour El Sherif (Shehata Abou Kaf), Ali El Sherif (un des acheteurs), Ibrahim Kadri (l’agent immobilier), George Sedhom (Saad Marzouk, l’ancien propriétaire de l’appartement), Hassan Mostafa (Ali Nachif, l’entraîneur du club), Nabila El Sayed (Kaouther, la collègue d’Afaf), Wahid Seif (le réceptionniste de l’hôtel de passe), Seif Allah Mokhtar (l’assistant d’Ali Nachif), Hayatem (la séductrice), Mohamed Abou Dawoud (l’officier de police)
Scénario et dialogues : Wahid Hamid
Remake d’Adieu, je reste (The Goodbye Girl), un film américain réalisé par Herbert Ross en 1977
Musique : Hany Shenouda


Comédie. Shehata est un jeune footballeur d’Al Minya, la capitale de la Moyenne-Egypte. Il a reçu un télégramme du prestigieux club de Zamalek qui a décidé de l’engager et qui lui demande de rejoindre au plus vite Le Caire. C’est la première fois que Shehata se rend dans la capitale et les difficultés commencent dès sa sortie de la gare. Il hèle un taxi et s’apprête à y monter mais une jeune femme (On apprendra plus tard qu’elle se prénomme Afaf.) prétend qu’elle lui avait fait signe avant lui. Tandis que la discussion s’envenime, un voleur s’empare du porte-monnaie de l'une et du portefeuille de l'autre puis s’enfuit en prenant le taxi que Shehata et Afaf se disputaient. Les deux antagonistes constatent la disparition de leur argent et s’accusent mutuellement. Ils se retrouvent au commissariat pour s’expliquer. L’officier de police est au départ assez mal disposé à l’égard de Shehata mais c’est l’entraîneur du club de Zamaleck lui-même qui vient le délivrer. Le policier est confus d’avoir rudoyé une future étoile du football. Shehata et Afaf ressortent libres du commissariat.
Afaf est une infirmière qui depuis la mort de son mari élève seule son fils. Après les mésaventures de la journée, la mère et l’enfant retrouvent la petite chambre qu’ils occupent dans une pension modeste. De son côté, Shehata s’est installé dans un hôtel sans savoir que celui-ci accueille essentiellement des prostituées et leurs clients. Le soir même, des policiers investissent l’établissement et embarquent tout le monde. C’est ainsi que le footballeur se retrouve encore une fois en cellule.
Afaf cherche à acheter un appartement qui puisse l’accueillir elle et son fils. Elle l’a enfin trouvé et a hâte de s’y installer. Pour le récompenser de ses bons résultats, le club de Zamaleck offre à Shehata un logement. Mais ce que vont découvrir Afaf et Shehata, c’est qu’ils ont été victimes d’un escroc et qu’ils vont devoir cohabiter dans le même appartement…

Notre avis : quand elle tourne dans ce film, Soad Hosny est âgée d’à peine quarante ans et elle se trouve déjà au crépuscule de sa carrière. Elle jouera ensuite dans quelques films sans grand intérêt et quittera définitivement le monde du cinéma en 1991. « Un Inconnu dans ma maison » est sa dernière comédie et on doit reconnaître qu’elle n’y brille pas de manière particulière. On est très loin de la star qui dans les années soixante et soixante-dix ravissait le public par sa sensualité, sa bonne humeur et son énergie. Dans ce film, Soad Hosny semble un peu l’ombre d’elle-même donnant consciencieusement la réplique à son partenaire Nour El Sherif. Il est vrai que le scénario n’offre rien d’excitant pour une actrice ou un acteur. On reste dans la comédie gentiment sociale et pleine de bons sentiments. A voir quand même pour la prestation explosive d’Hayatem à qui nous devons l'une des scènes les plus drôles du film. Signalons enfin que c’est l’un des très rares films dans lesquels Soad Hosny joue une mère de famille (Elle-même n’a jamais eu d’enfant, ceci expliquant peut-être cela.)


Jeudi 30 janvier à 22h

Ismaël Yassin chez les fous d'Issa Karama (Ismaïl Yassin fi mostashfa el maganen, 1958)
avec Ismaël Yassin (Hassouna), Hind Rostom (Tema), Zinat Sedki (la mère de Tema), Abd El Fatah El Kosary (le père de Tema), Reyad El Kasabgy (chef de service à l’hôpital psychiatrique), Hassan Atla (un fou), Fouad Ratab (un fou), Farhat Omar (le docteur Shadid), Abdel Moneim Ibrahim (un fou), Abdel Moneim Ismaïl (le marchand de légumes), Hussein Ismaïl (le boucher), Hussein Asar (Zaki Al-Qahwaji), Mohsen Hassanein, Kitty (la danseuse), Helen (la folle qui fait un strip-tease), Salha Kasin, Abdel Hamid Zaki (le propriétaire de la pâtisserie), Ezzedin Islam (le directeur de l’hôpital), Abdel Ghany Kamar (l’astrologue)
Scénario : Abbas Kamel, Abdel Fattah El SayedMusique : Attya Sharara
appréciation : 3/5


Comédie. Tout le monde dans le quartier veut épouser Tema. Son père a emprunté de l’argent aux uns et aux autres en leur promettant à chaque fois de leur donner la main de sa fille. Tema est amoureuses de Hassouna, le pâtissier. Malheureusement, un chef de service à l’hôpital psychiatrique s’engage à éponger toutes les dettes du père si celui-ci consent à faire de lui son gendre. Les deux hommes font affaire mais il faut se débarrasser d’Hassouna. Ils décident de le faire passer pour fou et de l’interner à l’hôpital psychiatrique.

Notre avis : c’est une comédie typique des années cinquante qui mêle le burlesque et le glamour avec un seul objectif, plaire au plus grand nombre. Mais l’intérêt majeur de ce divertissement tout public réside sans aucun doute dans sa critique virulente de la famille traditionnelle et de la condition faite aux femmes. On voit un père, cynique et sans scrupule, promettre sa fille à qui voudra bien rembourser ses dettes et on voit aussi d’honnêtes artisans ou commerçants proposer « généreusement » leur aide au papa contre les faveurs de la belle Tema, incarnée avec brio par l’affriolante (et dans ce film, le mot est faible !) Hind Rostom.
Cela étant dit, « Ismaïl Yassin chez les fous » comporte quelques faiblesses. Une grande partie de l’intrigue se déroule au sein d’un hôpital psychiatrique et cela nous vaut des scènes interminables avec des « fous » se livrant à des pitreries puériles et répétitives.


Mercredi 29 janvier à 18h30

Héros jusqu'au bout d'Houssam Al Din Mustafa (Batal lil Nihaya (1963)
avec Farid Shawki (Ibrahim), Laila Taher (la femme d’Ibrahim), Mahmoud El-Meleigy (Hafez Amin), Tawfik El Deken (un complice d’Hafez Amin), Zin El Ashmawy (Rashad, un membre du gang), Lotfi Abdel Hamid (un membre du gang), Nahed Samir, Ali Roshdy (l’ingénieur Ahmed Abdo), Helen (Helen, la maîtresse d’Hafez Amin), Nazim Sharawi (le chef de la police), Mohamed El Dafrawi (officier de police), Khristo Kladakis (le mari d’Helen), Ikram Ezzo (une petite fille), Abdel Badi El Arabi (Sayed Bey), Mohsen Hassanein (Omari membre du gang), Fayek Bahgat (vendeur de cigarettes, membre du gang)
Scénario et dialogues : Ali El-Zorkani
Musique : emprunt de la musique composée par André Previn pour le film de Vincente Minnelli Les 4 cavaliers de l’Apocalypse (1962)
Production : Les films Gamal Al Leithi


Thriller. Hafez Amin préside et finance une association qui gère un orphelinat à Alexandrie. C’est un homme estimé. En fait cette honorable fonction au sein d’une œuvre de bienfaisance est une couverture pour dissimuler ses activités criminelles : il est à la tête d’un gang dont la spécialité est le kidnapping des enfants de familles fortunées. Il s’en prend notamment aux personnalités qui composent le conseil d’administration de son orphelinat. Il les menace d’enlever leur enfant s’ils refusent de payer la rançon demandée. La plupart des familles accepte le marché et se garde bien de prévenir la police. Cette dernière finit par être alertée. On fait appel à Ibrahim, un ancien gangster qui a payé sa dette à la société, pour qu’il s’infiltre dans l’organisation criminelle…

Notre avis : un nouvel exemple de l’influence du cinéma américain des années cinquante sur le réalisateur Houssam Al Din Mustafa. « Héros jusqu’au bout » est une honnête série B avec une mise en scène qui privilégie l’action :des poursuites, des bagarres et pas de temps mort. Tawfik El Deken s’en donne à cœur joie dans son rôle de méchant pervers et sadique. Quant à Mahmoud El Meleigy, l’autre grand criminel du cinéma égyptien, il est excellent en chef de gang mené par le bout du nez par sa jeune maîtresse. Le héros du film, c’est Farid Shawki qui l’incarne et il défend avec toute l’énergie dont il est capable cette figure bien conventionnelle de l’ancien malfrat devenu le protecteur de la veuve et de l’orphelin.


Mardi 28 janvier à 22h

Ashour, Coeur de Lion d'Hussein Fawzi (Ashour Qalb Al Assad, 1961)
avec Abdel Salam Al Nabulsi (Ashour), Zahrat Al Oula (Nadia), Abdel Moneim Ibrahim (Abdo, l’ami d’Ashour), Taheya Carioca (la propriétaire du café), Nagwa Fouad (Amal), Samir Shedid (Fathi), Nahed Samir (la mère de Nadia), Rushdy Abaza (lui-même), Thuraya Fakhry (la mère d’Amal), Abdel Ghani El Nagdi, Kanaan Wasfy, Ibrahim Kadri, Samiha Mohamed
sur une idée de Rushdy Abaza
Scénario : Ahmed Kamel Hefnawi
Musique : Ali Ismaïl
Production : les films Rushdy Abaza


Ashour est étudiant à l’institut du sport. C’est un garçon fluet qui ne peut rivaliser avec les athlètes qu’il côtoie chaque jour. Pourtant il rêve de remporter les tournois dans lesquels s’affrontent les étudiants de l’école. Ainsi il pourrait séduire la jolie fille dont il est tombé amoureux. Un jour, il fait la connaissance d’un savant qui lui dit avoir inventé un sérum capable de décupler les forces. Ashour accepte de le tester. Et ça marche ! Il va devenir un champion !

Notre avis : un film curieux ! Le réalisateur Hussein Fawzi et l'acteur Abdel Salam Al Nabulsi sont deux artistes au crépuscule l'un et l'autre d'une très belle carrière, et ils se retrouvent pour tourner un gentil nanar qui se passe dans le monde des universités. Plus étonnant encore, Abdel Salam Al Nabulsi a décidé à plus de 62 ans d'incarner un jeune étudiant qui rêve exploits sportifs et records pour séduire la jeune femme incarnée par Nagwa Fouad qui dans la vraie vie a 40 ans de moins que lui ! Autre bizarrerie, le film est produit par l'acteur Rushdy Abaza et c'est aussi lui qui aurait eu l'idée de son intrigue assez simplette. Il apparaît même dans une scène de combat, plutôt ratée d'ailleurs. Bref,  que de talents réunis pour ce joli ratage ! Dans « Ashour, Cœur de Lion », Abdel Salam Al Nabulsi confirme ce que nous savions depuis « Coiffeur pour Dames » de Fateen Abdel Wahab : il est l'un des meilleurs seconds rôles comiques de toute l'histoire du cinéma égyptien mais lui confier le premier rôle dans un film est une regrettable erreur.


Lundi 27 janvier à 18h30

Histoire d'Amour d'Helmy Halim (Hekayat hub, 1959)
avec Abd El Halim Hafez (Ahmed Sami), Mariam Fakhr Eddine (Nadia), Abdel Salam Al Nabulsi (Refaat, l’ami d’Ahmed Sami), Mahmoud El Meleigy (docteur Abdel Wahab), Ferdoos Mohamed (la mère d’Ahmed Sami), Ahmed Yehia (Samir, le petit frère d’Ahmed Sami), Saïd Khalil (docteur Fahim), Edmond Tuema (garçon de l’hôtel Mina House), Abbas Rahmy (le directeur de la maison de disques), Kamal Anwar (Mamdouh Bey, l’ivrogne de la soirée), Ibrahim Khan (Adel), Fathia Ali (la voisine de la mère d’Ahmed)
Scénario : Ali El-Zorkani et Helmy Halim
Musique : André Ryder, Kamal El Tawil, Mohamed Al Mogi, Mounir Mourad, Morsi Gamil AzizProduction : Helmy Halim
Première apparition à l’écran de Samir Sabri. On l’aperçoit quelques secondes parmi d’autres figurants quand Abdel Halim Hafez interprète la chanson « Bahlam Bik ».


Ahmed Sami est professeur de musique dans une école primaire d’Alexandrie. Grâce à son salaire, il peut subvenir aux besoins de sa mère aveugle et de son petit frère Samir. Ses moments de loisir, il les consacre à chanter et à composer. Son rêve serait de devenir un chanteur célèbre. La chance semble enfin lui sourire. Son voisin l’a conduit dans une soirée mondaine pour qu’il s’y produise. A peine commence-t-il à chanter qu’il est brusquement interrompu par un ivrogne. Profitant de cet incident, quelqu’un met un disque de jazz. Toute la petite société se lance dans une danse endiablée. Ahmed est humilié. Nadia, une jeune et belle aristocrate vient le consoler en lui prédisant un bel avenir dans la chanson. Les jours qui suivent sont occupés à retrouver cette belle inconnue. Ahmed la revoit sur la plage et ose lui adresser la parole. Ils ont une brève conversation et conviennent de se retrouver le lendemain au même endroit. Ahmed voudrait lui faire écouter une chanson qu’il est en train de composer. Mais le lendemain, plus de trace de Nadia. Elle est repartie subitement pour Le Caire…

Notre avis : le film s’intitule « Histoire d’Amour ». Ce titre passe-partout, d’une platitude radicale, annonce la couleur : dans ce mélodrame, pas une seule idée originale mais une accumulation de clichés surannés. La chose est étonnante quand on sait que le scénario est signé Ali El Zorkani, un auteur talentueux qui a écrit les scénarios de grands classiques du septième art égyptien. Sans doute le goût prononcé du réalisateur pour la romance a-t-il eu le dernier mot. Bien sûr, Mariam Fakhr Eddine est d’une beauté éblouissante et ce rôle d’aristocrate romantique lui va à merveille. On peut aussi apprécier les très jolies chansons interprétées avec passion par le « Rossignol Brun ». Mais on ne peut que regretter de voir ces deux grands artistes dans une œuvre aussi fade.


Dimanche 26 janvier à 14h

Maître Boulboul d’Hassan Ramzy (Almelm boulboul, 1951)
avec Kamal El Shennawy (Wahid), Mahmoud Shoukoko (Donia), Mimi Aziz (Madame Flora, la propriétaire de la pension), Ismail Yassine (Gamil Abou Al Dahab), Hagar Hamdy (la danseuse Soheir/Bulbul), Soad Mekawi (Hahlouba, la sœur de Bulbul), Mohamed Kamel (Othman), Reyad El Kasabgy (Zalat, le propriétaire du café Al Yasmin), Mohamed El Deeb (Medhat, l’amant de Soheir), Lotfi El Hakim (Suleiman Bey, le mari de Soheir), Mohsen Hassanein (Hamido, l’un des hommes de Zalat)
Scénario : Al Sayed Ziada et Hassan Ramzy
Musique et chansons : Fathy Koura, Abdelaziz Mahmoud, Izzat El Gahely, Mohamed El Bakkar, Hassan Abou Zayed
Production : Kamal Al Shennawi


Comédie musicale. Wahid est un jeune réalisateur qui n’a pas un sou. Avec son ami Donia, il se rend chez le riche Gamil Abu Al Dahab qui accepte de financer un film dans lequel jouerait sa maîtresse, la très belle danseuse Soheir. Cette dernière est pour l’instant en tournée en Haute-Egypte mais dès son retour, Wahid pourra commencer le tournage. Hélas, peu après, on apprend que Soheir ne reviendra pas : elle s’est mariée avec un vieil homme très riche et elle a abandonné la danse. On découvrira plus tard qu’elle est la maîtresse du neveu de son mari et qu’elle s’est entendue avec lui pour accaparer la fortune du vieillard. Trahi, Gamil sombre dans le désespoir tandis que Wahid et son ami Donia voient leurs espérances s’envoler. Accablés, les deux amis errent par les rues de la ville quand par le plus grand des hasards, ils font la connaissance d’une jeune femme qui est le sosie de Soheir. Elle a repris avec sa sœur la direction du café de son père et elle se travestit en homme pour se faire respecter des clients et des concurrents…

Notre avis : à la fin des années quarante et au tout début des années cinquante, le cinéma égyptien offrit au public les plus belles comédies musicales de toute son histoire. Ce fut une période faste qui vit les artistes les plus talentueux travailler ensemble pour produire des chef d’œuvre comme « Afrita Hanem » d’Henry Barakat (1949) ou bien « Soir de Fête » d’Helmy Rafla (1949) ou encore « Le Tigre » d’Hussein Fawzy (1952). « Maître Boulboul » n’a certes pas les qualités de ces productions mais c’est un divertissement de bonne tenue qui vaut essentiellement pour ses chansons le plus souvent burlesques. Les numéros dansés pêchent parfois par une certaine approximation : les danseuses qui accompagnent la vedette n’ont pas toutes la même aisance et quelques-unes semblent bien gauches. La vedette, c’est Hagar Hamdy et c’est la première fois qu’elle joue le personnage principal féminin dans un film. Elle doit sans doute cet honneur à son mari, Kamal Al Shennawi qui est à la fois le héros et le producteur de « Maître Boulboul ». Le rôle qu’on lui a confié est ingrat : il lui faut jouer une jeune femme qui se comporte comme un homme et parfois elle surjoue maladroitement la virilité agressive. De sorte qu’on est soulagé quand enfin elle abandonne galabeya et turban pour nous laisser admirer sa beauté et sa grâce. Le duo que Hagar Hamdy forme alors avec la pétillante Soad Mekawi, la première à la danse, la seconde au chant, constitue l’un des agréments de cette comédie.

Hagar Hamdy et Kamal Al Shennawi ont tourné pour la première fois ensemble en 1947 mais ils se sont mariés peu avant le tournage de ce film. On raconte que la danseuse était d’une jalousie féroce et que les disputes étaient nombreuses. Ils se sépareront quelques mois plus tard et ne rejoueront plus jamais ensemble.


Samedi 25 janvier à 16h

Héros de Papier de Nader Galal (Batal Men Warq, 1988)
avec Mamdouh Abdel Alim (Ramy Qashoo), Athar El Hakeim (Sawsan), Salah Kabil (l’inspecteur Adel), Ahmad Bedir (Samir), Amaal Ibrahim (Soheir Wagdi), Youssef Dawood (le directeur de la banque), Hamdy Youssef (vice-ministre de l’intérieur), Youssef El Assal (le réalisateur)Scénario : Ibrahim Al Garwani
Musique : Hassan Abou El Sahoud
Production : Hussein Al Qala


Comédie policière. Ramy Qashoo est un jeune scénariste d’origine paysanne, un peu naïf. Il découvre que son dernier scénario a été volé. Le voleur est un déséquilibré qui a entrepris de commettre tous les crimes imaginés par Ramy. Ce dernier se rend à la police pour qu’elle se lance à la poursuite du fou dangereux et qu’elle l’arrête au plus vite mais l’inspecteur qui le reçoit n’accorde aucun crédit à son histoire. Avec l’aide de Sawsan, une jeune journaliste, Ramy décide de mener lui-même l’enquête...

Notre avis : une petite comédie avec des acteurs de second rang. A cette époque, Nader Galal nous a plutôt habitués aux productions prestigieuses avec les plus grandes stars comme Adel Imam, Yousra ou bien Nadia El Gendy. Cette fois-ci, il a confié les deux rôles principaux de son film à Mamdouh Abdel Alim et Athar El Akeim, deux jeunes acteurs sans véritable charisme et qui feront l’essentiel de leur carrière à la télévision. Nous reconnaissons sans difficulté que Mamdouh Abdel Alim a eu à cœur de bien faire et dans toutes les scènes, il se dépense sans compter : il crie, s’agite en tous sens et pour sur-signifier la détresse de son personnage, il arbore en permanence une cravate dénouée. Hélas, tous ses efforts sont vains : il n’est pas drôle (embêtant pour une comédie !) et surtout il n’est pas crédible (embêtant pour un thriller !). Ce film de Nader Galal est bien à l’image du cinéma commercial en cette fin des années quatre-vingt : quelconque.


Vendredi 24 janvier à 22h

L'épouse n°13 de Fateen Abdel Wahab (al-Zaawgah raqam talata'ch, 1962)
avec Rushdy Abaza (Mourad), Shadia (Aïda), Abdel Moneim Ibrahim (Ibrahim, l’ami de Mourad), Shwikar (Karima, l’ancienne fiancée de Mourad), Hassan Fayek (le père d’Aïda), Shihab Nassim (Kamal), Zeinat Olwi (Nani), Wedad Hamdy, Zeinab Sedky (la mère de Mourad), Mahmoud Lotfi (Abdel Ghafour), Helen (Sonia), Ahmed Amer (le directeur de l’hôtel)
Scénario et dialogues : Abou Al Seoud Al Ebiary et Ali El-Zorkani
Inspiré des Mille et Une Nuits (la relation entre les deux personnages principaux est calquée sur celle unissant le sultan Shahryar et Shéhérazade)
Musique : Fouad El Zahry
Production : Gamal El Leithy Films
Anecdote : la voiture dans laquelle ont pris place Rushdy Abaza et Shadia pour la chanson « Dans un Nid d’Amour » est une splendide Cadillac qui appartient à l’acteur.
appréciation : 3/5


Comédie. Mourad est un homme d’affaires qui dirige une usine de textile. C’est aussi un véritable Dom Juan. A Alexandrie, il rencontre Aïda, fille d’un ancien ministre. Il entreprend de la séduire mais celle-ci résiste à ses assauts répétés. Il décide alors de s’attirer les bonnes grâces du père : il l’aide à régler de petites dettes, l’invite au restaurant et lui demande la main de sa fille. Mourad a bien l’intention de divorcer aussitôt qu’il aura obtenu les faveurs de la belle. Aïda ne pouvant lutter contre la coalition formée par son père et son amoureux, finit par accepter le mariage. A peine mariée, elle a la visite de Karima, une ancienne épouse de Mourad qui lui apprend qu’elle est la treizième jeune femme à convoler avec celui-ci.

Notre avis : L’un des films les plus célèbres de Fateen Abdel Wahab, une comédie féministe menée tambour battant par Shadia et son compère Rushdy Abaza. Ce dernier qui a bâti toute sa carrière comme l’archétype du mâle égyptien accomplit ici une performance d’autodérision particulièrement savoureuse. « L’Epouse n°13 » représenta l’Egypte au Festival de Berlin de 1962 où il fut ovationné. Rushdy Abaza rata de peu le prix d’interprétation masculine qui revint à James Stewart (La concurrence était rude !)


Jeudi 23 janvier à 22h

Amira mon Amour d'Hassan Al Imam (Amira Houbi Ana, 1975)
avec Soad Hosny (Amira Salem), Hussein Fahmy (Adel Naguib), Soheir Al Babli (la femme d’Adel), Imad Hamdi (le directeur de l’administration et beau-père d’Adel), Karima Mokhtar (la mère d’Amira), Samir Ghanem (Taher Hamouda, un collègue d’Amira), Hassan Mostafa (le supérieur hiérarchique d’Amira), Hesham El Ashry (le frère d’Amira), Nabil Badr (Fathi), Mahmoud Shoukoko (Oncle Saqr), Helmy Hilaly (l’inspecteur de police)
Scénario : Hassan Al Imam, Mamdouh El Leithy, Salah Gahin
Adaptation d'un passage du roman de Naguib Mahfouz, Miroirs (1972). Ce roman est constitué de courts chapitres indépendants, chacun évoquant la vie d’un personnage que le narrateur a rencontré à un moment ou à un autre de son existence. Le chapitre qui est à la base du scénario de ce film est intitulé « Abda Souleimane » (en français, éditions Babel, trad. de Najet Belhatem)
Musique : Fouad El Zahry, Mohamed Al Mogi, Sayed Darwich


Comédie musicale. Depuis la mort de son père, Amira doit subvenir aux besoins de sa mère ainsi qu’à ceux de ses frères et sœurs. Elle a trouvé un emploi dans une grande administration, au département traduction. Elle a peu de travail car le service compte un trop grand nombre d’employés mais sa gaieté, son charme et son dynamisme ont transformé agréablement l’atmosphère du bureau. Même son chef n’est pas insensible à son charme. Elle fait la connaissance d’Adel Naguib, l’un des cadres supérieurs de l’établissement. Le jeune homme a épousé Amina, la fille du directeur mais lui et sa femme ne s’entendent pas. En fait, Adel ne s’est marié que par ambition professionnelle et il n’éprouve aucun sentiment pour son épouse. Au fil des rencontres, Adel et Amira tombent amoureux l’un de l’autre. Ils se marient en secret…

Notre avis : trois ans après « Méfie-toi de Zouzou », Hassan Al Imam réunit à nouveau Soad Hosny et Hussein Fahmy dans une comédie musicale mais cette fois-ci, le résultat est beaucoup moins convaincant. La mièvrerie imprègne tous les composants de ce second opus : les chansons ressemblent souvent à des comptines enfantines, les danses avec leur chorégraphie sommaire réunissent des « danseurs » dont le seul point commun est un amateurisme appliqué, l’intrigue sentimentale accumule les scènes de déclarations enamourées avec sourires timides et regards extatiques, et pour finir les robes de couleurs acidulées que porte Soad Hosny semblent empruntées à la garde-robes d’une poupée autrichienne. Inutile de préciser qu’il ne reste pas grand-chose de l’univers de Naguib Mahfouz dans cette romance sirupeuse.


Mercredi 22 janvier à 16h

La ruelle du Bergwan d’Hussein Kamal (Harat Borgwan, 1989)
avec Nabila Obeid (Zinat), Hanem Mohamed (la mère de Zinat), Ahmed Abdelaziz (Hassan), Youssef Shabaan (le contremaître), Hamdy Gheith (Saïd Al Prince, le propriétaire de la blanchisserie), Noha El Amrousy (Amal),Olfat Sukar (la mère d’Amal), Ali Omar (le père d’Amal), Adawy Gheith (Cheikh Ashour), Fouad Khalil (Ramadan), Aziza Rached (Fatima), Sana Soliman (Fawzia), Badria Abdel Gawad (Sadia), Salah Awad (le mari de la mère de Zinat), Laila Abdel Hakim (Lola), Abdel Salaam El Dahshan (Fathy), Omran Bahr (le portier)
Scénario et dialogues : Mostafa Moharam
D’après une histoire d’Ismail Waly Eddin
Musique : Ammar El Sherei
Production : Screen 2000


Drame. Zinat est une jeune femme qui vit dans un appartement délabré avec la famille de Ramadan, son mari. Elle ne supporte plus sa belle-sœur et sa belle-mère et elle souhaite déménager. Son mari lui dit qu’il a trouvé un petit appartement mais qu’il n’a pas l’argent nécessaire pour le louer. Zinat propose de vendre ses bijoux. Ramadan refuse mais la jeune femme veut absolument quitter l’appartement familial : elle se sépare de ses bijoux contre une belle somme d’argent qu’elle remet aussitôt à son mari. Mais ce dernier va dépenser le pactole pour s’installer avec la mère de son fils. Zinat surprend le couple alors qu’il est au lit et elle entre dans une fureur noire. La séparation est inévitable, ils divorcent. Elle se retrouve seule, sans travail, sans domicile. Sa mère qui vit misérablement ne peut l’aider. Elle finit par trouver un emploi dans une grande blanchisserie appartenant à Maître Saïd Al Prince. Son père y travaillait autrefois et le propriétaire ému par sa détresse, lui trouve même un logement L’atelier est dirigé par Medhat qui a pour habitude d’abuser de ses employées. Il est très vite attiré par sa nouvelle employée. Celle-ci, peu sensible au charme de son supérieur, repousse fermement ses avances incessantes…

Notre avis : Hussein Kamal met tout son talent au service de la star Nabila Obeid qui apparaît pratiquement dans toutes les scènes du film. En 1989, elle a quarante-quatre ans, près de trente ans de carrière et soixante-six films à son actif. A l'aube de la dernière décennie du siècle, elle tient à montrer à tous qu'il faut toujours compter sur elle et qu'elle peut encore endosser des rôles de femmes fortes et sexy dans de grosses productions. Elle y réussit parfaitement dans ce drame social qui par certains aspects peut sembler un peu convenu. Il n’empêche que cette « Ruelle du Bergwan » est bien supérieure à tout ce qui se produit à la même époque en Egypte et l’une de ses principales qualités réside dans ce portrait très attachant d’une femme qui résiste à toutes les humiliations et à toutes les agressions, sans jamais s’apitoyer sur elle-même.


Mardi 21 janvier à 16h

Eternel Amour de Zuhair Bakir (al houb al khalid, 1965)

avec Hind Rostom (Amina, la mère de Mansour), Imad Hamdi (docteur Lotfi Amin), Hassan Youssef (Mansour adulte), Mohamed El Dafrawi (Rabah, le père de Mansour), Galal Eissa (Hamdi, le fils d’Amina et du docteur Lotfi), Salwa Said (Jehan, la fiancée d’Hamdi), Gawaher (la danseuse), Nadia El Gendy (la maîtresse de Mansour), Ahmed Morsi (l’inspecteur de police), Khalil Badr Eddine (un malfrat concurrent de Rabah), Monir El Tony (Antar), Sherif Yehia (Mansour enfant)
Une histoire de Zuhair Bakir
Scénario : Abdel Salam Moussa, Anwar Abdul Malik
Dialogues : Mohamed Kamel Abdel Salam
Musique : Salah Attiah
Production : Les Films Omayya


Un couple vit avec leur fils Mansour dans un modeste appartement d’un quartier populaire de la capitale. Amina, la mère, déborde d’amour pour son enfant. Mais Rabah, le père, est un truand et il encourage Mansour à suivre sa voie. Il en fait même son assistant. Sur ce point, la mère est en total désaccord avec son mari. Lors d’une dispute plus violente que les autres, le père chasse sa femme du domicile familial. Elle trouve refuge auprès de son médecin, le docteur Lotfy Amin, qui lui propose de travailler dans son cabinet. Elle accepte. Dans le même temps, le père et le fils ont quitté leur appartement et semblent s’être volatilisés. Les années passent. Amina a épousé le docteur Lotfy Amin. Quant à Mansour, il a bien grandi et il est devenu un membre actif du gang de son père. Il n’a jamais cherché à revoir Amina car Rabah lui a toujours dit qu’elle était morte. Mais, un jour, alors que Mansour va voir son père qui se trouve en prison, celui-ci lui révèle la vérité : sa mère est toujours vivante…

Notre avis : c’est la deuxième fois qu’Hind Rostom joue une mère qui retrouve son fils après des années de séparation. La première fois, c’était en 1963 dans le film d’Hassan Al Imam, « Femme en Marge » et celui qui jouait son fils c’était aussi Hassan Youssef. Avec un tel titre, on pouvait craindre qu’ « Amour Eternel » verse dans un excès de pathos comme « Femme en Marge » mais il n’en est rien. Ici, pas de torrents de larmes, ni de longues confessions. En fait Zuhair Bakir nous a concocté un petit film d’action avec moult rebondissements et dans son genre c’est une réussite. Les acteurs sont tous excellents et on est étonné de retrouver Nadia El Gendy, dix-neuf ans à peine, dans un registre bien éloigné de celui qui fera sa gloire vingt ans plus tard (la femme d’action puissante et dominatrice). Une mention spéciale pour la bande son à la fois originale et entraînante.


Lundi 20 janvier à 18h30

Ismaïl Yassin dans l'aviation de Fateen Abdel Wahab (Ismaïl Yassine fil tayyaran, 1959)
avec Ismaïl Yassin (Ismaïl/Hussein), Amal Farid (Nawal), Nagwa Fouad (Soheir, la danseuse), Youssef Chahine (le réalisateur), Abdel Moneim Ibrahim (Abdel Moneim, un mécanicien chargé de l’entretien des avions au sol), Reyad El Kasabgy (Al-Shawish Attia, un collègue de Hussein), Gamalat Zayed (la femme d’Al Shawish Attia), Mahmoud El Meleigy (son propre rôle), Zaharat Al Oula (son propre rôle), El Sayed Bedeir (son propre rôle), Mohamed Shawky (son propre rôle)Scénario et dialogues : Abou Al Seoud Al Ebiary


Comédie. Ismaël et Hussein sont frères jumeaux et vivent ensemble. Ismaël travaille dans le cinéma comme doublure. C’est un métier difficile. En ce moment, il travaille pour Youssef Chahine qui lui fait tourner à plusieurs reprises une scène dans laquelle il doit tomber du haut d’un escalier. Heureusement, Soheir, une danseuse qui a aussi été embauchée pour le film, s’est prise de sympathie pour lui et ils passent beaucoup de temps ensemble. Ismaël aimerait bien la demander en mariage mais elle lui a avoué qu’elle rêve d’épouser un pilote d’avion. Justement, Hussein, le frère d’Ismaël, travaille dans l’armée de l’air comme mécanicien. Il est fiancé à Nawal, une jeune fille d’Alexandrie. Il a demandé à son administration une semaine de congé pour se rendre dans la station balnéaire afin de s’y marier avec l’élue de son cœur. Ismaël profite de l’absence de son frère pour revêtir son uniforme et se présente ainsi accoutré devant Soheir. Il dit être le frère d’Ismaël et prétend être pilote d’avion. La jeune femme est aussitôt conquise et accepte de l’épouser…

Notre avis : après « Ismaïl Yassin à l’armée » (1955), « Ismaïl Yassin dans la police » (1956), « Ismaïl Yassin dans la marine » (1957), « Ismaïl Yassin dans la police militaire » (1958), voici « Ismaïl Yassin dans l’aviation » ! A chaque fois l’objectif est double : divertir le public tout en faisant vibrer sa corde patriotique. Grâce au savoir-faire du réalisateur et de son scénariste, ce cinquième volet est à la hauteur de ses prédécesseurs, avec une tonalité un peu moins martiale cependant : la crise du canal de Suez s’éloigne et la guerre des six jours est encore loin.. « Ismaïl Yassin dans l’aviation » se présente comme une bonne comédie familiale avec en prime la participation exceptionnelle de Youssef Chahine dans son propre rôle (On raconte que lors du tournage, il se serait disputé avec la vedette du film, Ismaïl Yassin, pour une histoire de cigarette.)


Dimanche 19 janvier à 18h30

Mademoiselle Diablesse d'Henry Barakat (Afrita Hanem, 1949)
avec Samia Gamal (Kahramana), Farid El Atrache (Asfour), Ismail Yassin (Booh), Ali Kamel (Qilh), Mohamed Nabi (Halaq), Abdel Salam Al Nabulsi (Mimi Bey, le rival d’Asfour), Stephan Rosti (Abou Alyah, le directeur du théâtre), Lola Sedki (Alyah, la fille du directeur du théâtre), Zeinat Sedki (Warda, la directrice de la pension), Salah Kasin (une vieille dame), Zaki Ibrahim (le vieux sage), Mohamed Sobeih (le chauffeur de taxi), Mohsen Hassanein (le cireur de chaussures)
Scénario et dialogues : Abou Al Seoud Al Ebiary et Henry Barakat
Musique : Farid Al Atrache
Production : les films Farid Al Atrache/Studio Misr


Comédie musicale. Asfour est un chanteur sans le sou qui se produit sur la scène du Théâtre Crème. Il vit à la pension Warda avec ses collègues Booh, Qilh et Halaq. Il est amoureux de Alyah, sa partenaire mais aussi la fille du directeur du théâtre Crème. La jeune femme s’apprête à épouser un jeune homme riche, Mimi Bey. Asfour qui pourtant croit être aimé fait sa demande en mariage auprès du père d’Alyah. Ce dernier exige en dot une somme que le pauvre chanteur est incapable de réunir. Asfour est au désespoir mais le destin va lui porter secours. Alors qu’il erre sans but dans la campagne, un vieux sage vient à sa rencontre et lui donne rendez-vous dans une grotte. Asfour s’y rend accompagné de son ami Booh. Le vieil homme apparaît et remet au chanteur une lampe magique. En sort une petite diablesse du nom de Kahramana. Celle-ci peut exaucer tous ses vœux. Malheureusement, elle est tombée amoureuse d’Asfour et fera tout pour empêcher son mariage avec Alyah.

Notre avis : de 1947 à 1952, Samia Gamal et Farid Al Atrache vont partager le haut de l’affiche de sept comédies musicales. Cette « Mademoiselle Diablesse » constitue certainement l’acmé de leur carrière en couple. C’est une féérie visuelle et sonore dans laquelle les deux artistes semblent touchés par la grâce. La dimension fantastique du récit inspirée des Contes des Mille et Une Nuits n’est pas l’un des moindres charmes de ce film et le réalisateur a su revivifier la figure mythique de l’efrit en la dotant de toute la séduction et de toute la sensualité de son actrice principale.
Profitons-en pour souligner le rôle majeur joué par Samia Gamal dans l’évolution de la comédie musicale égyptienne. Son sens du mouvement et de la comédie a dépoussiéré un genre qui au départ s’inspirait largement de l’opérette traditionnelle d’où le caractère guindé des séquences dansées et chantées. Avec Samia Gamal tout change, le rythme s’accélère, la frénésie s’empare des corps, les répliques crépitent allègrement, la caméra elle-même semble danser comme entraînée par l’euphorie générale. Enfin, grâce à sa fougueuse partenaire, Farid Al Atrache se lâche et nous montre qu’il est bien meilleur acteur dans le registre comique que dans le drame.


Samedi 18 janvier à 14h

La Plus Chère à Mon Coeur de Youssef Maalouf (Aazz Al habayib, 1961)

avec Amina Rizq (Amina, la femme d’Ibrahim), Zaki Rostom (Ibrahim Effendi), Sherifa Mahear (la fiancée puis la femme d’Abdullah), Chukry Sarhan (Makhtar, le fils cadet), Soad Hosny (Kawthar, la petite amie de Makhtar), Samia Roshdi (la mère de Kawthar), Thuraya Fakhry (la servante), Hassan El Baroudi (le propriétaire du café), Nour El Demerdash (Abdullah, le fils ), Soheir Al Baroni (Soad, la fille), Mary Ezz El Din (la belle-mère d’Abdullah), Abdel Moneim Basiony (un employé), Eskandar Menassa (le mari de Soad)
D'après une histoire d'Henry Barakat
Scénario : Ibrahim Aboud et Youssef Issa
Production : les films Barakat


Ibrahim Effendi est un simple employé qui toute sa vie a travaillé pour que sa petite famille soit heureuse. Avec sa femme, il a eu trois enfants, deux garçons et une fille. Les années passent. Abdullah et Soad, les deux aînés, sont maintenant en âge de se marier. Mais Abdullah doit attendre que sa sœur ait trouvé un mari avant de pouvoir à son tour convoler avec la femme qu’il aime. Malheureusement, Soad ne parvient pas à attirer les prétendants : elle a un physique ingrat et la pauvreté de son père ne permet pas de compenser ce petit défaut par des atouts sonnants et trébuchants. La jeune fille ne supporte plus cette situation et sombre dans une grave dépression. Pour la guérir, il faut beaucoup d’argent et Ibrahim Effendi n’a pas d’économies. C’est à ce moment-là que le propriétaire d’un café lui fait une proposition. Pour arrondir ses fins de mois, ce commerçant s’est lancé dans le trafic de stupéfiants et il propose au petit employé de garder chez lui des sacs remplis de drogue contre un dédommagement qui mettra fin à tous ses soucis d’argent. Ibrahim Effendi accepte. A partir de là, tout change dans la famille : non seulement, Soad est soignée mais on finit par lui trouver un mari ; Abdullah de son côté peut enfin épouser sa bien-aimée. Comble de bonheur, le plus jeune de leurs enfants obtient son diplôme d’ingénieur. Ibrahim Effendi décide qu’il n’a plus besoin de continuer à travailler pour le trafiquant. Il veut mettre un terme à leur collaboration. Mais c’est trop tard : la police surgit dans la maison pour une perquisition. Afin de sauver l’honneur de son père, le plus jeune des fils s’accuse d’être le propriétaire des sacs de drogue. Il est condamné à 5 ans de prison. Ibrahim Effendi meurt peu après…

Notre avis : un film de 1960 reprenant tous les ingrédients du mélodrame des années quarante, avec deux acteurs talentueux qui ont très souvent incarné les parents assaillis par le malheur, Amina Rizk et Zaki Rostom. La seule originalité de cette histoire consiste dans l’inversion des responsabilités : c’est le père qui devient trafiquant de drogue et c’est le fils qui acceptera d’être condamné à sa place. Comme souvent dans ce type de récit, les personnages les plus intéressants sont les moins vertueux. Ici, c’est un couple : Abdullah, le fils aîné veule et égoïste, remarquablement interprété par Nour El Demerdash et son épouse, une insupportable mégère, jouée avec le même brio par la volcanique Sherifa Mahear.


Vendredi 17 janvier à 16h

Al Arafich de Niazi Mustafa (El-Tout wal Nabout, 1986)
avec Hamdy Ghaith (Assouna Al Sabaa), Amina Rizq (Halima Al Baraka), Ezzat Al Alaily (Ashour, le fils aîné d’Halima), Ali Hassanein (le cheikh aveugle), Taysir Fahmy (Aziza Radwan), Mohga Abdel Rahman (Morgana, la servante d’Aziza), Samir Sabri (Fayez, le deuxième fils d’Halima), Mohye El Din Abdel Mohsen (Mousa Al-Awar), Mona El Saeed (la danseuse Nousa), Mahmoud El Gendy (Dia, le plus jeune fils d’Halima), Salah Nazmi (le commerçant Hajj Abdul Rahim), Amal Ramzi (Salma), Samira Sedky (Fathia, la fiancée de Dia), Hafez Amin (Mohamed Al Ajl, le père de Fathia), Kamal El Dessouky (Rafqi, le joueur professionnel), Fawzi Al Sharqawi (le policier), Ahmed Abou Abiya (le cheikh Yunus), Mahmoud Abou Zeid (le cheikh Al Daldul), Amal Diab (Mabrouka), Hussein El Imam (Al Margoushi), Ahmed Akl (le maire), Atef Barakat (Mokhtar Bey), Sami Ali (le chanteur), El Rayyes Metqaal (le chanteur traditionnel)
Scénario : Essam Al Gamblaty et Naguib Mahfouz
D’après la dernière partie du roman (Le dixième livre intitulé La Trique et le Murier) de Naguib Mahfouz, La Chanson des Gueux publié en 1977. Dans le roman, Ashour est le benjamin de la famille alors que dans le film, il est l’aîné.
Musique : Mohamed Sultan
Production : Georges Fawzi


Nous sommes au Caire, au début du XXe siècle. A cette époque, dans les quartiers populaires régnaient les futuwas, sorte de chefs de gang respectés et craints pour leur force. Ils pouvaient se comporter comme des seigneurs protégeant les plus faibles ou comme des tyrans abusant de leur pouvoir.
Halima Al Baraka fut l’épouse d’un de ces futuwas mais à la mort de son mari, c’est Hassouna, l’un de ses anciens serviteurs, qui devint l’homme fort du quartier et il n’eut de cesse d’humilier ses anciens maîtres. Halima al Baraka vit modestement avec ses trois fils. Ashour est le fils aîné, il est berger et il est resté fidèle aux valeurs de son père. Il s’oppose à la brutalité des hommes d’Hassouna qui sans raison frappent tous ceux qui ont le malheur de croiser leur chemin. Il est tombé amoureux d’une jeune femme Aziza qu’il a secourue alors qu’elle et sa servante étaient agressées par deux hommes. Aziza ne cache pas l’inclination qu’elle ressent pour Ashour mais celui-ci refuse de se déclarer car il s’estime trop pauvre pour la demander en mariage. Fayez, le second fils, est charretier. Il ne supporte plus sa condition et souhaiterait changer radicalement d’existence. L’occasion lui en est enfin donnée quand dans la rue il est venu au secours d’un client d’un cabaret malmené par plusieurs individus. La danseuse Nousa, qui est la directrice de l’établissement, a vu la scène. Elle est séduite par la force et le courage de Fayez et elle ne tarde pas à en faire son amant. Elle lui apprend toutes les combines qui feront de lui un homme riche. Quant au plus jeune, Dia, il travaille comme homme à tout faire chez un commerçant. Les femmes constituent son unique préoccupation. Il est très attiré par la fille de son patron bien qu’il soit fiancé à Fathia, la fille de l’employé qui chez sa mère s’occupe des animaux. Il n’a de cesse de la harceler pour qu’elle lui cède mais la jeune femme se défend énergiquement…

Notre avis : on peut considérer ce film comme le dernier de Niazi Mostafa, le réalisateur le plus flamboyant du cinéma égyptien. Il meurt, assassiné dans des circonstances obscures, quelques mois après la sortie sur les écrans d’Al Arafich (Après sa mort, sortira en 87 un dernier film sans intérêt dont le tournage a été en grande partie assuré par son assistante.). Cette adaptation d’une œuvre du prix Nobel de littérature ne jouit pas de la même notoriété que celles réalisées par Hassan Al Imam ou par Salah Abou Seif et c’est bien injuste. Niazi Mostafa a restitué fidèlement l’univers et les péripéties de la dernière partie du roman de Naguib Mahfouz. Certes il a laissé de côté la dimension philosophique du texte original pour réaliser un thriller mais Niazi Mostafa est avant tout un homme de spectacle qui déteste ennuyer son public. Alors reconnaissons qu’il est arrivé à ses fins sans trahir le grand écrivain. « Al Arafich » se présente comme une superproduction aux couleurs vives et aux passions violentes. L’interprétation est remarquable aussi bien pour les premiers que pour les seconds rôles . On découvre un Samir Sabri auquel nous sommes peu habitués. D’ordinaire, il joue, avec une certaine décontraction, les jeunes fêtards insouciants et superficiels. Dans ce film, il nous prouve qu’il est aussi un très grand acteur dramatique.

Curieusement, Houssam Al Din Mustafa sort lui aussi en 1986 une adaptation d’une partie du même roman de Naguib Mahfouz.


Jeudi 16 janvier à 14h

Le Mari de ma Femme d'Abbas Kamel (A'ris Mirati, 1959)
avec Ismail Yassin (Somha), Lola Sedky (Lola), Abdel Salam El Nabolsi (Fawzy, le couturier), Zinat Sedki (Howida, la sœur de Fawzy), Fayza Ahmed (la chanteuse du cabaret), Hermine (la danseuse), Tawfik El Deken (Nabil, le candidat éconduit et rancunier), Fouad El-Mohandes (Mahmoud, le voisin de Somha et Lola), Khayria Ahmed (la femme de Mahmoud), Soheir El Baroni (la femme de chambre d’Howida), Gamalat Zayed (Oum Kamal, la voyante), Mohamed Abu El Sa'ud (un candidat obèse)
Scénario : Abbas Kamel, Ismail El-Habrouk
Musique : Ibrahim Haggag, Fouad Helmy, Mohamed Abdel Wahab
Le générique nous informe que les toilettes portées par Lola Sedky sont de la maison Sabrina.
Production : Lola Sedky


Somha et Lola forment un couple heureux mais Somha a perdu son travail et ne fait pas grand-chose pour en retrouver un. Lola découvre une petite annonce postée par le directeur d’une maison de couture qui recherche un secrétaire. La femme exige que son mari postule à cet emploi. Quand Somba arrive dans la maison de couture, il découvre qu’ils sont plusieurs candidats pour ce poste de secrétaire et que c’est Howida, la sœur du couturier, qui se charge de la sélection. Somba devine qu’une seule condition est requise : il faut être impérativement célibataire. Il décide donc de cacher sa situation familiale et c’est ainsi qu’il devient l’assistant du couturier Fawzi. Il comprend assez vite pourquoi le célibat était une condition indispensable à l’embauche : la sœur de Fawzi, plus âgée que ce dernier, n’est toujours pas mariée. L’intention secrète du frère et de la sœur, c’est de faire du nouveau secrétaire le mari depuis si longtemps espéré. Evidemment, la situation devient très embarrassante pour Somha qui doit sans cesse affronter les avances de la vieille fille. Un jour, Lola se présente sur le lieu de travail de son mari. Paniqué, Somba lui demande de surtout ne pas révéler qu’elle est sa femme. Arrive Howida, dont le comportement très affectueux à l’égard de son mari déconcerte Lola. Cette dernière décide de se venger en réservant une surprise à son mari : lors du défilé organisé par Fawzi, Somba découvre que le mannequin vedette qui ouvre la présentation de la collection n’est autre que Lola, sa propre épouse. A l’issu de la manifestation, le couturier montre tout l’intérêt qu’il porte à sa nouvelle recrue. Somha a bien du mal à maîtriser sa colère contre celle qui se fait passer pour sa sœur. Fawzi n’a plus qu’un seul désir : épouser Lola. Ce mariage, évidemment ne pourra avoir lieu qu’après celui de sa sœur et de son secrétaire…

Notre avis : une comédie échevelée dans laquelle se succèdent les scènes les plus extravagantes, au mépris de la logique et de la vraisemblance mais pour la plus grande joie des spectateurs. Lola Sedky, qui est aussi la productrice du film, s’est octroyée le premier rôle féminin et on ne peut que lui donner raison : elle nous ravit en épouse qui se métamorphose en redoutable séductrice et flirte outrageusement avec son patron pour rendre fou de jalousie son mari. Elle nous gratifie même d’une danse complétement folle dans le plus pur style latino-américain. Zinat Sedky quant à elle est désopilante (comme toujours !) en femme passionnément amoureuse du pauvre Ismaïl Yassin. A voir aussi pour le plaisir d'entendre Abdel Salam El Nabolsi parler en français !



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