dimanche 31 mai 2020

Les Maris Diaboliques (Al'azwaj alshayatin, 1977)


 الازواج الشياطين
ﺇﺧﺮاﺝ : أحمد فؤاد





Ahmed Fouad a réalisé Les Maris Diaboliques en 1977. 
Distribution : Nahed Sharif (Naïma Abbas), Adel Imam (Mamdouh), Saïd Saleh (Kamal), Youssef Fakhr Eddine (Fathy), Layla Taher (Karima, la femme de Kamal), Hayat Kandel (Samia, la femme de Fathy), Wedad Hamdy (Wedad Hamdy), Madiha Kamel (Magda, la belle sœur de Kamal), Tawfik El Deken (le voleur en prison), Ahmed Nabil (un autre voleur en cellule), Zayan (le policier), Ibrahim Saafan (le voisin de Mamdouh), Buthaïna Nassar (Afaf, la servante), Ahmed Nabil, Mohamed Hamdy (l’officier de police)
Scénario : Ahmed Abdel Wahab


Adel Imam et Madiha Kamel

Layla Taher et Saïd Saleh

Adel Imam et Buthaïna Nassar

Tawfik El Deken et Ahmed Nabil

Youssef Fakhr Eddine, Saïd Saleh, Adel Imam

Wedad Hamdy

Nahed Sherif

Hayat Kandel

Layla Taher


Résumé

Fathy, Mamdouh et Kamal sont trois amis travaillant dans la même fabrique de réfrigérateurs. Kamal est marié à Karima, Fathy à Samia. Mamdouh est célibataire. Il vit dans une péniche où le rejoignent régulièrement Fouad et Fathy pour passer du bon temps loin de leurs épouses. Un jour, Mamdouh prend dans sa voiture une jeune femme qui semble désemparée. Ce que Mamdouh ne sait pas c’est qu’elle vient de voler des bijoux au domicile de sa patronne qui n’est autre que la comédienne Wedad Hamdy. Cette dernière s’en est aperçue et, avec l’aide son jardinier, elle s’est lancée aux trousses de son employée indélicate. Peine perdue ! Grâce à la voiture de Mamdouh, la voleuse échappe à ses poursuivants. Elle parvient même à apitoyer son chauffeur qui accepte volontiers de l’accueillir sous son toit, non sans avoir quelques arrière-pensées. La jeune femme qui s’appelle Naïma prend tout de suite ses aises dans la péniche : elle se sent comme chez elle. Surviennent les deux amis de Mamdouh. Ils sont enchantés de faire la connaissance d’une invitée aussi séduisante. Pour fêter, cet « heureux événement », on débouche une bouteille de vin, on met un disque et Naïma danse pour les trois garçons. Malheureusement, ils sont interrompus par l’irruption de la police qui est à la recherche des bijoux volés. Naïma a juste le temps de les dissimuler dans le canapé du salon. Tout le monde est emmené au poste et placé en cellule. Si Naïma reste en prison, les trois hommes sont vite relâchés. Mais cette mésaventure a mis Kamal et Fathy dans une situation délicate : leurs épouses ont été informées des circonstances de leur arrestation et elles n’ont guère apprécié la plaisanterie. Les deux hommes mariés ont décidé de rompre avec Mamdouh et de tout faire pour regagner l’affection de leurs femmes. Kamal a même tenu à reprendre le canapé qu’il avait prêté à son camarade, sans savoir que s’y trouvaient les bijoux volés par Naïma. Mamdouh n’a pas l’intention de se faire oublier et il n’hésite pas à reparaître aux domiciles de ses ex-camarades. C’est ainsi qu’il fait la connaissance de Magda, la belle-sœur de Kamal. Il en tombe immédiatement amoureux tandis que la jeune fille est conquise par la joie de vivre et la fantaisie de Mamdouh. Mais Kamal et Fathy veillent : il est hors de question que le célibataire endurci fréquente Magda sans s’engager. Mamdouh finit par accepter l’idée de mariage. Le jour des noces, Naïma sort de prison et se rend sans perdre un instant à la péniche pour récupérer son magot. Elle tombe sur Mamdouh qui doit rejoindre au plus vite sa future femme et leurs invités. Elle n’en a cure et veut le retenir. L’homme a le plus grand mal à lui échapper de telle sorte qu’il arrive en retard à son mariage. Naïma ne s’avoue pas vaincue et s’invite à la noce . Elle propose aux trois amis un marché : soit ils acceptent de la revoir le lendemain, soit elle fait un scandale. Et voilà comment les trois amis, malgré leurs bonnes résolutions, se retrouvent dans la péniche avec Naïma. Cette dernière a décidé de racheter l’embarcation mais elle s’aperçoit que le canapé a disparu. Ils font tout de même la fête et les trois hommes rentrent chez eux ivres morts. Pour expliquer son retour tardif, chacun invente un mensonge qui ne trompe aucune épouse. Les trois maris tiennent à leur femme et sont rongés par le remords. Pour se débarrasser définitivement de Naïma, ils ont compris qu’il fallait lui restituer le canapé auquel elle tient tant. Ils vont le chercher chez Kamal et le rapportent à sa nouvelle propriétaire. Malheureusement, ils ont été suivis par leurs épouses qui font irruption dans la péniche. Elles se jettent toutes les trois sur Naïma pour la corriger. C’est alors qu’arrive la police. Pendant la bagarre, le sac de bijoux qu’avait réussi à récupérer Naïma s’est éventré et tout ce qu’il contenait s’est répandu sur le canapé. Tout le monde est emmené au commissariat pour une grande explication.



Critique


C’est peu de dire que nous sommes en terrain connu ! Une comédie typique des années soixante-dix qui tourne autour d’histoires de couples menacés par le comportement volage des maris. Les personnages et les situations nous rappellent maintes productions dans lesquelles nous retrouvons à peu près les mêmes comédiens qui connaissent sur le bout des doigts la partition qu’on leur demande de jouer. Après avoir vu le film, on peut s’étonner du titre choisi, les Maris Diaboliques, alors que les trois personnages masculins sont de braves bougres dont le comportement est bien inoffensif. Au contraire de ce que pourrait suggérer le titre, ce ne sont pas des héritiers de Dom Juan et encore moins du Marquis de Sade. Notons au passage l’usage immodéré que font les réalisateurs et scénaristes égyptiens de mots "démon", "diable" ou "diabolique". La plupart du temps, nous avons affaire à des hyperboles trompeuses, à la limite du contresens, pour la plus grande déception du spectateur. Ce film d’Ahmed Fouad n’échappe pas à la règle. Loin d’être des débauchés immoraux et cyniques, les trois amis font preuve d’un grand sens moral. Après leur écart de conduite -qui a consisté à boire de l’alcool en compagnie d’une femme (On a connu plus sulfureux !)- les deux personnages qui sont déjà mariés sont assaillis par les remords et se promettent de ne plus jamais recommencer. ils vont même finir par inciter leur ami resté célibataire jusque-là, à les rejoindre dans le droit chemin, celui de la conjugalité heureuse. Car c’est bien toute la morale du film : le bonheur réside dans le mariage, pour la femme comme pour l’homme. Mais Ahmed Fouad est un moraliste de son temps qui parle à ses contemporains et pour lui, au cœur du bonheur conjugal, il y a la sexualité. Celle-ci doit concourir à l’épanouissement mutuel des deux époux et pour cela le consentement de la femme est un impératif comme l’est l’entretien du désir au sein du couple. C’est ainsi que dans les Maris Diaboliques, les épouses sont toujours dotées d’un sex-appeal affriolant alors que, paradoxalement, la femme de mauvaise vie incarnée ici par Nahed Sharif arbore des tenues beaucoup plus sages. On comprend alors pourquoi la plus grande peur des maris, c’est un jour que leurs femmes puissent décider de se soustraire à leurs étreintes. Ce qu’elles font dans un autre film d’Ahmed Fouad, 24h d’amour tourné en 1974. C’est une comédie qui conte l’histoires de trois camarades dont les compagnes se refusent à eux pour les punir de leur supposé infidélités.

Jusque dans les années soixante, le cinéma égyptien nous proposait deux figures antithétiques de l’épouse : la femme tyrannique et la femme martyrisée. 
La première fait vivre un enfer à son mari et celui-ci cherche par tous les moyens à échapper à son autoritarisme et à son mauvais caractère pour s’offrir des instants de liberté et de plaisir avec ses camarades. Il sait néanmoins que cela finira par lui coûter très cher. 
La seconde vit un enfer avec un mari despotique qui passe ses nuits loin du domicile conjugal avec des prostituées. Humiliée, trompée, rudoyée, l’épouse vit cloîtrée, souvent seule, et sans espoir d’une libération prochaine. 
Dans les deux cas, la femme ne suscite plus aucun désir chez son mari. 
Avec Ahmed Fouad, on est très loin de ces archétypes. Dans ses films, non seulement, l’épouse reste désirable aux yeux de son mari mais c’est elle qui décide de leurs relations. Elle garde toujours la liberté de dire oui ou non et si la conduite de son mari lui déplaît, elle n’hésite pas exercer de terribles représailles. 
Ahmed Fouad est donc un réalisateur de comédies bourgeoises pour citadins éduqués et aisés, qui se montre conservateur sur le plan social mais progressiste sur le plan moral. Par certains côtés, ses films peuvent nous rappeler ceux de Claude Lelouch ou bien ceux du tandem Yves Robert Jean-Loup Dabadie. 

Les Maris Diaboliques n’est certes pas un grand film mais c’est une comédie honnête et agréable qui se laisse voir sans déplaisir. 

Appréciation : 3/5
***


Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin


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