إخراج: محمد عبدالعزيز
Mohamed Abdel Aziz a réalisé En été, il faut aimer en 1974.
Le docteur Nabil travaille dans un hôpital psychiatrique. L’été venu, il décide d’accompagner quatre de ses patients à Alexandrie pour un séjour au bord de la mer. Les quatre patients ont pour des raisons diverses sombré dans la dépression. Il y a Ahmed, un employé de banque qui a fait un burn-out ; Medhat, un chanteur amateur traumatisé par une expérience humiliante lors d’un concert ; Mohamed Youssef, un champion de natation qui a été attaqué par un crabe lors d’une compétition et enfin Ghedidi, un footballeur professionnel qui joue comme gardien de but et qui a laissé passer vingt-deux balles durant un match décisif pour son équipe.
Mohamed Abdel Aziz a réalisé En été, il faut aimer en 1974.
Distribution : Magda El-Khatib, Tawfik El Deken, Samir Ghanem, Lebleba, Amira, Abdel Moneim Madbouly, Wedad Hamdy, Nour Al-Sherif, Madiha Kamel, Samir Sabri
Une histoire de Mohamed Hassan
Scénario : Ali Salem, Mohamed Salem, Salama Hassan
Musique : Samy Ismaïl, Hussein El Sayed, Mounir Mourad
Production : Magda El KhatibLebleba et Samir Ghanem |
Tawfik El-Deken et Samir Ghanem |
Samir Sabri et Madiha Kamel |
Magda El-Khatib et Wedad Hamdy |
Nour Al-Sherif |
Résumé
Le docteur Nabil travaille dans un hôpital psychiatrique. L’été venu, il décide d’accompagner quatre de ses patients à Alexandrie pour un séjour au bord de la mer. Les quatre patients ont pour des raisons diverses sombré dans la dépression. Il y a Ahmed, un employé de banque qui a fait un burn-out ; Medhat, un chanteur amateur traumatisé par une expérience humiliante lors d’un concert ; Mohamed Youssef, un champion de natation qui a été attaqué par un crabe lors d’une compétition et enfin Ghedidi, un footballeur professionnel qui joue comme gardien de but et qui a laissé passer vingt-deux balles durant un match décisif pour son équipe.
Sur la route, ils font monter dans leur minibus, deux femmes dont la voiture est tombée en panne. La première s’appelle Maggie et elle est à la fois psychologue et professeur d’éducation physique. La seconde, c’est Aïcha, sa tante, qui l’accompagne pour les vacances. Par le plus heureux des hasards, elles se rendent au même endroit que les cinq hommes.
A l’hôtel, pour ne pas effrayer les résidents, les quatre patients du docteur Nabil se font passer pour des membres d’une association luttant contre la pollution. Très vite, ils font la connaissance de trois jeunes filles qui sont arrivées avec leur père. Celui-ci exerce une surveillance de chaque instant sur sa précieuse progéniture et lui interdit tous les plaisirs de la plage. Heureusement, les trois filles parviennent régulièrement à échapper à la vigilance paternelle pour rejoindre Medhat, Ghedidi et Mohamed Youssef. Tandis que ses trois compagnons s’amusent avec leurs nouvelles amies, Ahmed, l’employé de banque, a noué une tendre relation avec Maggie, la psychologue qu’ils ont secourue.
Grâce à l’amour, les patients du Docteur Nabil recouvrent vite la santé et tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si le responsable de la sécurité de l’hôtel n’avait pas cru bon de révéler aux trois jeunes filles la situation réelle de leurs soupirants. Pire : depuis quelque temps des maillots de bain féminins sont régulièrement volés dans l’établissement et tout naturellement on accuse les quatre garçons. Alertée, la police débarque pour les arrêter mais on découvre que le véritable auteur des vols de maillot n’est autre que le père des trois filles.
Critique
Que du beau monde pour cette comédie typique du cinéma commercial de l’époque ! On y retrouve (avec plaisir !) tous les acteurs qui depuis la fin des années soixante se croisent dans moult productions du même acabit.
Le scénario n’est pas d’une folle originalité. Il s’inscrit dans la tradition de la « beach comedy » dont le modèle est celui de certains films d’Elvis Presley au début des années soixante comme Sous le ciel bleu de Hawaii de Norman Taurog (1961), ou bien Des filles... encore des filles du même cinéaste (1962). L’Egypte n’a pas attendu longtemps pour s’en inspirer avec, par exemple, Le Rivage de la Gaieté de Houssam Al Din Mustafa (1967) ou Jeunesse Très Folle de Niazi Mostafa (1967). En Egypte comme ailleurs ces productions s’adressent avant tout à la jeunesse et le succès est au rendez-vous ! D’où la multiplication de ces comédies gentillettes qui à chaque fois dans une atmosphère « yéyé » proposent les mêmes séquences, les mêmes situations : jeux et danse sur la plage avec garçons torse nu et filles en bikini, baisers dans l’eau (la scène de baiser du film américain « Tant qu’il y aura des Hommes » est répliquée à l’infini), ruses des filles pour échapper à la surveillance de leurs parents, bagarres entre garçons etc. Et si aux Etats-Unis, ça se passe sur les plages d’Honolulu et en France à Saint-Tropez, en Egypte, c’est Alexandrie, le cadre obligé de ces films à l’ambiance estivale.
Sea, sex and sun. Topos de la modernité en ces années soixante et soixante-dix, la plage, la station balnéaire, sont des lieux emblématiques sur lesquels se focalisent tous les fantasmes, toutes les aspirations. Non sans naïveté, on a cette conviction qu’au bord de la mer, tous les verrous sautent, que tous les liens qui emprisonnent les individus se desserrent subitement. N’y voir rien de révolutionnaire cependant, comme si ces conduites que d’ordinaire la société réprouve, dans ce contexte balnéaire étaient accueillies avec une certaine bienveillance. Mais les règles du jeu sont clairement posées : ce qui est possible à la plage, ne l’est plus en ville. Au cinéma comme dans la réalité, ce séjour à la mer est une parenthèse enchantée. Certes, comme toutes les parenthèses, elle finira bien par se fermer mais en attendant, tout est possible ! Et ce constat vaut autant pour les sociétés occidentales que pour les sociétés arabes de l’époque. Certains diront sans doute que c’était l’effet pervers du colonialisme moribond poussant les ex-colonisés à adopter les modes de vie des ex-colonisateurs et que tout cela (Dieu merci ?) a bien changé !
En été il faut aimer date de 1974, c’est-à-dire qu’il appartient à la deuxième génération de ces comédies balnéaires. Rien n’a vraiment changé : à ma droite, une bande de garçons (4 dépressifs en convalescence), à ma gauche, une bande de filles (3 sœurs + 1 psychologue) : on se croise, on se rapproche, on échange, on s’embrasse et comme les auteurs ont veillé à ce que les deux bandes soient constituées exactement d’un même nombre d’individus, les événements et les êtres s’imbriquent parfaitement. Toute l’intrigue repose sur les stratagèmes mis en œuvre par les héros du film pour échapper à la surveillance des représentants de l’ordre, de la loi et de la morale. Pour les garçons, la figure de l’autorité à esquiver, c’est le médecin qui les accompagne, pour les filles, c’est leur père et pour les deux groupes c’est le gardien de l’hôtel toujours accompagné de son berger allemand. Mais l’élément central du film, c’est bien sûr le maillot de bain. Il est au centre de l’image : dans toutes les scènes de plage, la caméra s’attarde plus que nécessaire sur les bikinis portés par les héroïnes. Il est aussi au centre de l’intrigue : des vols de maillots de bain ont lieu dans l’hôtel et on suit toutes les étapes de l’enquête.
Avec tous ces ingrédients, on a donc un divertissement très léger réalisé cependant avec un certain talent. C’est le second film de Mohamed Abdel Aziz et il y manifeste déjà des qualités qui conduiront certains critiques à le considérer comme le digne successeur de Fateen Abdel Wahab. Malgré la collection de lieux communs que nous offre cette comédie, on ne s’y ennuie jamais car la mise en scène est précise, le jeu des acteurs d’un naturel constant et surtout le rythme du film est enlevé sans être hystérique comme dans certaines comédies des années soixante (Je pense à celles avec les Trois Lumières du Music-hall,dont l’agitation lasse très vite). Enfin c’est toujours un plaisir de visionner ce qui constitue sans doute un cauchemar absolu pour les intégristes de tout poil. La satire du père autoritaire n’est pas d’une grande finesse mais le spectateur est bien content quand il apprend que c’est lui le pervers qui collectionne les maillots de bains de jeunes filles.
Ce qui est tout de même un peu étrange dans ce film et ce qui le distingue des autres de même facture, c’est l’âge des protagonistes. Ce ne sont plus des adolescents et notamment les personnages masculins semblent avoir tous dépassé la trentaine. Cette maturité explique sans doute pourquoi les auteurs ont privilégié les scènes de couples au détriment des scènes de groupes et ça c’est plutôt bien ! Même si parfois, on est un peu déconcerté de voir ces hommes adultes se comporter comme de jeunes garçons faisant l’expérience de leur premier flirt à la plage.
Une dernière remarque : cette veine de la comédie balnéaire, que Max Pécas avait maintenue en vie dans le cinéma français des années quatre-vingt avec ses inénarrables Deux Enfoirés à Saint-Tropez ou bien On se calme et on boit frais à Saint-Tropez a été aussi réactivée par des cinéastes « sérieux » comme Eric Rohmer et plus récemment en Egypte par Mohamed Khan avec son ultime film Avant la cohue de l'été (Kabl Zahmet el Seif, 2015) ou bien en France, par Abdellatif Kechiche avec Mektoub My Love. On me rétorquera que tout cela n’a a aucun rapport. A voir…
Appréciation : 3/5
***
Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin
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