lundi 28 juillet 2014

la Lanterne Magique (Al Fanous Al Serhi, 1960)


الفانوس السحرى
إخراج : فطين عبدالوهاب


 
 
Fateen Abdel Wahab a réalisé la Lanterne Magique en 1960.
Distribution : Ismaël Yassin (Moustafa), Abdel Salam Al Nabulsi (Morsi, le directeur du magasin), Sherifa Mahear (Mimi, la femme de Morsi), Cariman (Nahed, la secrétaire), Ikram Ezzo (la petite fille), Mahmoud Farag (le génie), Khayria Ahmed (la femme de chambre), Nazim Sharawi (le président du conseil d’administration), Omar Afifi (le père de Nahed), Mohamed Reda (le psychiatre), Badr Nofal (le client qui souhaite acheter un pyjama), Nemat Mokhtar (danseuse), Zeinat Olwi (danseuse), George Yordanis (le serveur), Mimi Gamal (invitée à la fête donnée par Morsi)
Scénario : Abou Al Seoud Al Ebiary

Abdel Salam Al Nabulsi

Sherifa Mahear

Ismaël Yassin et Mahmoud Farag

Cariman

Mahmoud Farag


Synopsis

Moustafa travaille comme homme d’entretien dans un grand magasin. Il est amoureux de l’une des employées  qui s’est toujours montrée gentille à son égard. Malheureusement, le directeur du magasin, homme autoritaire et irascible, ne cesse de le persécuter. Un soir, Moustafa rapporte chez lui une lanterne. En sort un génie qui lui promet de réaliser tous ses rêves. D’abord incrédule, Moustafa finit par tenter l’expérience. Il commande un repas pantagruélique qui lui est aussitôt servi. Le génie n’a pas menti. Pour le petit employé, c’est la belle vie qui commence. Les soirs suivants, il sort dans des boîtes de nuit où il s’enivre et distribue des liasses de billets à tous ceux qu’ils rencontrent. Il finit par demander  à prendre la place de son  directeur. Evidemment, il l’obtient aussitôt. Mais l’ex-directeur n’est pas homme à se laisser faire sans réagir et Moustafa est trop bavard. Lors d’une soirée, ce dernier explique comment son destin a subitement changé grâce à une lanterne magique. Le directeur déchu s’introduit dans l’appartement du nouveau. Il dérobe la lanterne et le lendemain, il retrouve son fauteuil de direction. Mais le génie ne laissera pas tomber Moustafa…   


Critique

Comme pour  la plupart des films d’Ismaël Yassin, le scénario de la Lanterne Magique est signé Abou Al  Seoud Al Ebiary, une figure essentielle de la comédie égyptienne de la grande époque. Abou Al Seoud Al Ebiary  (1910-1969) fut scénariste, dramaturge, parolier et journaliste. On l’appelait le Molière de l’Orient. Il a écrit 64 comédies, 300 chansons et plus de 500 scénarios ! Avec Ismael Yassin, ils formèrent un duo inséparable.

de g à dr : Stephan Rosti, Abou Al Seoud Al Ebiary,
Ismaël Yassin, Mahmoud El Meleigy


Cette activité démentielle a conduit parfois ce scénariste de talent à user de certaines facilités. Par exemple, dans  La Lanterne Magique, toute la première séquence est la copie de la scène initiale du film la Huitième Femme de Barbe-Bleue  que réalisa Ernst Lubitsch en 1938 avec Gary Cooper et Claudette Colbert. Dans cette scène, Michael, le personnage joué par Gary Cooper souhaite acheter un haut de pyjama. Le vendeur lui explique que cela n’est pas possible. Il doit acheter le pyjama complet. Michael insiste. Le ton monte. On finit par téléphoner au grand patron qui est encore au lit. Quand  il en sort pour se saisir du combiné, on s’aperçoit que lui aussi ne porte qu’un haut de pyjama.(Le film est l'adaptation d'une comédie du dramaturge français Alfred Savoir mais cette scène est entièrement due à l'imagination du scénariste Billy Wilder.)
Cet emprunt d’Abou Al Seoud Al Ebiary est étrange car ce prologue n a aucun lien avec l'histoire qui nous est contée dans La Lanterne Magique !



Le procédé qui consiste à introduire  dans la société contemporaine des éléments appartenant au merveilleux des Contes des Mille et Une Nuits a été exploité  par de nombreux auteurs de comédies des années cinquante et soixante. Et le synopsis repris maintes fois est le suivant : un génie (ou une diablesse) vient perturber le quotidien d’un jeune homme pauvre (un employé modeste ou un artiste méconnu) en lui faisant bénéficier de ses pouvoirs magiques. Ainsi l’heureux mortel peut se venger de tous ceux qui prenaient plaisir à l’humilier (en général, un chef de bureau autoritaire et borné ou bien un collègue prétentieux) et récompenser ses compagnons les plus fidèles. Cerise sur le gâteau : la jeune fille dont il était amoureux mais qui restait inaccessible va miraculeusement tomber dans ses bras. Bien sûr, cette parenthèse enchantée est de courte durée car très vite le bon génie (ou la gentille diablesse) se retire. Il ne faudrait pas que le héros se mette en tête de subvertir les bases de la société ! Il bénéficie tout de même d’une promotion   (l’employé de bureau devient chef à son tour et l’artiste méconnu une vedette.) et se marie en présence de tous ses amis.
La Lanterne Magique suit de manière très scrupuleuse ce canevas. On serait bien en peine d'y trouver une seule idée originale. En 1960, date de sa sortie, ce film devait déjà paraître bien suranné. Mais c’est un produit de bonne facture. L’action progresse selon un rythme soutenu, les dialogues sont vifs et percutants. Tous les comédiens semblent beaucoup s’amuser. Personne ne se prend au sérieux. Et pour diriger tout cela, il y a Fateen Abdel Wahab, le maître incontesté de la comédie égyptienne.  

Appréciation :   3/5
***

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

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