إخراج أحمد خورشيد
Monsieur Lion a été réalisé par Ahmed Khourchid (1913-1973) en 1951. C'est son seul film en tant que réalisateur. Il fera l'essentiel de sa carrière cinématographique comme directeur de la photographie.
Distribution : Serag Mounir, Shadia, Farid Shawki, Saïd Abu Bakr, Souad Fawzi, Omar El Hariri, Toufiq Al Deken, Rashad Hamed
Scénario : Farid Safadih, Zaki Youssef
Dialogues : Ali El-Zorkani
Musique : Mustafa Abdel Rahman, Ibrahim Hussein, Ricardo Credi
Production : Ahmed Khourchid
Saïd Abu Bakr |
Shadia |
Souad Fawzi |
Seraj Mounir |
Ce film est une adaptation de la nouvelle de Marcel Aymé intitulée Le Passe-Muraille (1943).
Monsieur Lion a été distribué par Les Films Régence, société créée en 1934 par Jacques Haïk*.
C'est aussi en 1951 que sort sur les écrans français l'adaptation de la nouvelle réalisée par Jean Boyer avec Bourvil.
Résumé
Monsieur Sakira Abboud (Sakira = Sucre. Rappelons que le nom
du héros de Marcel Aymé est Dutilleul) est un petit homme frêle mais élégant
qui vit seul dans un modeste appartement. Chaque matin, il se rend à son bureau. Il est employé dans une
administration dirigée par un chef irascible qui le harcèle à tout propos. Un
jour, à la pause du déjeuner, alors qu’il
se promène dans la ville, il tombe sur un bonimenteur qui vend des pilules aux
pouvoirs extraordinaires : elles redonnent joie et repos aux âmes fatiguées
et déprimées. Monsieur Sakira Abbou en achète un flacon. De retour au bureau,
il retrouve son enfer quotidien et pour
supporter les ordres incessants de son supérieur, il avale l’intégralité du
flacon. En rentrant chez lui, il s’aperçoit qu’il a la faculté de traverser les
murs. Affolé, il va consulter un psychiatre qui lui explique que ce sont des
hallucinations causées par la haine qu’il éprouve à l’égard de son chef.
Monsieur Sakira Abbou sait que le diagnostic est faux. Quand il retourne au bureau, il comprend tout
le parti qu’il peut tirer de son nouveau pouvoir. Devant son patron, il s’amuse
à apparaître et à disparaître à travers les murs. Tout le monde croit le grand chef atteint de
folie subite et il est envoyé en maison de repos.
Un soir, un jeune collègue invite Monsieur Sakira Abboud
dans un cabaret. Après avoir bu plus que de raison, le jeune homme s’enfuit
laissant seul notre héros. Ce dernier doit régler l’addition. Malheureusement,
son portefeuille a disparu. Le personnel du cabaret le passe à tabac. Auparavant, Monsieur Sakira Abboud refusait d’user
de son don pour s’enrichir, désormais, il abandonne tout scrupule et dévalise
les banques. Il signe chacun de ses forfaits d'une périphrase énigmatique : « Le Lion
Nocturne ». La presse se déchaîne. La police promet une récompense à
quiconque permettra son arrestation.
Un autre soir, il se
présente à nouveau dans le cabaret où on l’avait battu. Il s’y conduit en
client richissime et capricieux. Il y entend une jeune chanteuse dont il tombe
aussitôt amoureux. Ils font connaissance. Monsieur Sakira Abboud comprend que
le patron de la boite est un escroc qui a réussi à éloigner le père de la
chanteuse. Son projet est d’épouser celle-ci pour mettre la main sur sa
fortune. Le Lion Nocturne promet à la jeune fille de la sauver. Malheureusement,
Chérif, le patron de la boite, parvient
à déjouer ses plans, en le dénonçant à la police. Monsieur Sakira Abboud est
incarcéré. Chérif pense en être définitivement débarrassé. Evidemment, il n’en
est rien. Le Passe-Muraille reparaît dans le cabaret déguisé en fakir. Grâce aux
confidences d’une danseuse, il apprend que le père de la chanteuse est retenu
contre son gré dans la clinique du psychiatre qu’il avait lui-même consulté.
Dénouement : une série de péripéties (confuses et peu vraisemblables) conduisent tous les personnages au pied d’une pyramide. Monsieur Sakira Abboud s’y
dissimule et en sort à l’arrivée de la police. Il s’aperçoit qu’il a laissé sa
veste à l’intérieur de la pyramide. Il y retourne mais quand il veut en
ressortir, impossible : son pouvoir magique l’a abandonné. C’est alors qu’on
retrouve Monsieur Sakira Abboud dans son bureau, terrassé par le sommeil. Tout
cela n’avait été qu’un rêve. Mais on n’échappe pas au happy end de rigueur. En
effet, l'employé soumis se révolte et menace son
patron de démissionner. Ainsi, il obtient considération, augmentation de salaire
et vacances. Enfin, il épouse la jeune fille de son quartier qui est la copie
conforme de la chanteuse de ses rêves.
Critique
Une petite comédie sans prétention et un peu brouillonne qui
alterne les scènes réussies (l’évocation de la triste condition d’un simple employé dans
une grande administration) et celles qui le sont beaucoup moins (la satire
balourde de l’univers psychiatrique avec ses faux médecins et ses fous
excentriques). Saïd Abou Bakr fut un immense comédien qui fit une carrière exceptionnelle au théâtre et au cinéma. Il n’empêche qu’il n’est guère convaincant quand il s’essaie
comme dans ce film au jeu burlesque et
outrancier qui fera la gloire d’un Ismaël Yassin. Je pense notamment à cette
scène un peu pénible où son personnage feint d’être un fou se prenant pour
Hitler. Grotesque ! Heureusement, il y a la présence lumineuse de la toute jeune Shadia qui chante merveilleusement bien.
**
* Jacques Haik (1893-1950) fut en France l'un des plus grands producteurs de cinéma de l'entre deux guerres. On lui doit notamment la construction de la grande salle du Rex. Juif et antinazi, il est arrêté en 1940 puis déporté dans son pays d'origine, la Tunisie. C'est à cette époque qu'il s'intéresse au cinéma égyptien. En 1945, de retour en France, il se consacre notamment à la distribution des films égyptiens dans l'ensemble des pays du Maghreb.
Jacques Haik |
Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin
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