jeudi 21 août 2014

Saïd Saleh (1938-2014)


سعيد صالح







L'acteur Saïd Saleh est mort le vendredi 1er août 2014 au Caire, à l'âge de 76 ans. Sa carrière a débuté dans les années 60. Il a joué dans des centaines de pièces et de films. Au cinéma, son talent était cantonné aux seconds rôles comiques.
Parmi ses films les plus connus, on peut citer :
El-Rasasa La Tazalu Fe Gaibi (La balle est toujours dans ma poche, 1974) الرصاصة لا تزال في جيبي de Hossam El Din Mostafa
Ala Bab El-Wazir (A la porte du ministre, 1982) على باب الوزير de Mohamed Abdelaziz
Salam Ya Sahby (Salut, mon ami, 1986) سلام يا صاحبي de Nader Galal

Au théâtre, sa contribution la plus célèbre fut le personnage de Morsi El Zanati dans la pièce Madrasat El-Moshaghbeen (l'école des cancres). Cette comédie d'Ali Salem fut l'un des plus gros succès du théâtre des années 70.
Saïd Saleh fut un ami très proche d'Adel Imam avec qui il a beaucoup tourné. Dans une interview donnée après son attaque cérébrale de 2011, il exprimait sa gratitude pour son vieux compagnon qui ne l'avait jamais abandonné même quand il était en prison. Cette année, les relations entre les deux hommes avaient singulièrement fraîchi. La maison de Saïd Saleh avait été totalement détruite par un violent incendie et celui-ci reprocha à Adel Imam de ne s'être à aucun moment manifesté. 
L'acteur avait une réputation sulfureuse : son goût pour la drogue et les femmes était public. Il n'hésitait pas non plus à dire tout haut ce qu'il pensait de la situation politique et religieuse de son pays. En 2010, le Conseil Suprême des Affaires Islamiques a porté plainte auprès du Procureur Général demandant à ce que Saleh ne puisse plus s’exprimer sur aucun média égyptien. En cause : ses déclarations récurrentes contre l’Islam et ses valeurs.

mercredi 30 juillet 2014

Danse : Nadia Gamal, 1955

نادية جمال 





Nadia Gamal danse dans le film d'Ahmed Badrakhan, Serment d'Amour (Ahd El-Hawa, 1955) dont les rôles principaux sont tenus par Farid Al Atrache et Mariam Fakhr Eddine. Elle a 21 ans. 
Nadia Gamal (rien à voir avec Samia) est née à Alexandrie d'un père grec et d'une mère italienne. Elle se produit pour la première fois sur scène à l'âge de quatorze ans et elle fait ses débuts au cinéma cinq ans plus tard dans le film La Route du Bonheur.  Sa rencontre avec Farid Al Atrache l'année suivante sera décisive pour sa carrière. Elle dansera et jouera dans un grand nombre de films égyptiens, libanais et même indiens. Elle meurt du cancer en 1990.
 

lundi 28 juillet 2014

la Lanterne Magique (Al Fanous Al Serhi, 1960)


الفانوس السحرى
إخراج : فطين عبدالوهاب


 
 
Fateen Abdel Wahab a réalisé la Lanterne Magique en 1960.
Distribution : Ismaël Yassin (Moustafa), Abdel Salam Al Nabulsi (Morsi, le directeur du magasin), Sherifa Mahear (Mimi, la femme de Morsi), Cariman (Nahed, la secrétaire), Ikram Ezzo (la petite fille), Mahmoud Farag (le génie), Khayria Ahmed (la femme de chambre), Nazim Sharawi (le président du conseil d’administration), Omar Afifi (le père de Nahed), Mohamed Reda (le psychiatre), Badr Nofal (le client qui souhaite acheter un pyjama), Nemat Mokhtar (danseuse), Zeinat Olwi (danseuse), George Yordanis (le serveur), Mimi Gamal (invitée à la fête donnée par Morsi)
Scénario : Abou Al Seoud Al Ebiary

Abdel Salam Al Nabulsi

Sherifa Mahear

Ismaël Yassin et Mahmoud Farag

Cariman

Mahmoud Farag


Synopsis

Moustafa travaille comme homme d’entretien dans un grand magasin. Il est amoureux de l’une des employées  qui s’est toujours montrée gentille à son égard. Malheureusement, le directeur du magasin, homme autoritaire et irascible, ne cesse de le persécuter. Un soir, Moustafa rapporte chez lui une lanterne. En sort un génie qui lui promet de réaliser tous ses rêves. D’abord incrédule, Moustafa finit par tenter l’expérience. Il commande un repas pantagruélique qui lui est aussitôt servi. Le génie n’a pas menti. Pour le petit employé, c’est la belle vie qui commence. Les soirs suivants, il sort dans des boîtes de nuit où il s’enivre et distribue des liasses de billets à tous ceux qu’ils rencontrent. Il finit par demander  à prendre la place de son  directeur. Evidemment, il l’obtient aussitôt. Mais l’ex-directeur n’est pas homme à se laisser faire sans réagir et Moustafa est trop bavard. Lors d’une soirée, ce dernier explique comment son destin a subitement changé grâce à une lanterne magique. Le directeur déchu s’introduit dans l’appartement du nouveau. Il dérobe la lanterne et le lendemain, il retrouve son fauteuil de direction. Mais le génie ne laissera pas tomber Moustafa…   


Critique

Comme pour  la plupart des films d’Ismaël Yassin, le scénario de la Lanterne Magique est signé Abou Al  Seoud Al Ebiary, une figure essentielle de la comédie égyptienne de la grande époque. Abou Al Seoud Al Ebiary  (1910-1969) fut scénariste, dramaturge, parolier et journaliste. On l’appelait le Molière de l’Orient. Il a écrit 64 comédies, 300 chansons et plus de 500 scénarios ! Avec Ismael Yassin, ils formèrent un duo inséparable.

de g à dr : Stephan Rosti, Abou Al Seoud Al Ebiary,
Ismaël Yassin, Mahmoud El Meleigy


Cette activité démentielle a conduit parfois ce scénariste de talent à user de certaines facilités. Par exemple, dans  La Lanterne Magique, toute la première séquence est la copie de la scène initiale du film la Huitième Femme de Barbe-Bleue  que réalisa Ernst Lubitsch en 1938 avec Gary Cooper et Claudette Colbert. Dans cette scène, Michael, le personnage joué par Gary Cooper souhaite acheter un haut de pyjama. Le vendeur lui explique que cela n’est pas possible. Il doit acheter le pyjama complet. Michael insiste. Le ton monte. On finit par téléphoner au grand patron qui est encore au lit. Quand  il en sort pour se saisir du combiné, on s’aperçoit que lui aussi ne porte qu’un haut de pyjama.(Le film est l'adaptation d'une comédie du dramaturge français Alfred Savoir mais cette scène est entièrement due à l'imagination du scénariste Billy Wilder.)
Cet emprunt d’Abou Al Seoud Al Ebiary est étrange car ce prologue n a aucun lien avec l'histoire qui nous est contée dans La Lanterne Magique !



Le procédé qui consiste à introduire  dans la société contemporaine des éléments appartenant au merveilleux des Contes des Mille et Une Nuits a été exploité  par de nombreux auteurs de comédies des années cinquante et soixante. Et le synopsis repris maintes fois est le suivant : un génie (ou une diablesse) vient perturber le quotidien d’un jeune homme pauvre (un employé modeste ou un artiste méconnu) en lui faisant bénéficier de ses pouvoirs magiques. Ainsi l’heureux mortel peut se venger de tous ceux qui prenaient plaisir à l’humilier (en général, un chef de bureau autoritaire et borné ou bien un collègue prétentieux) et récompenser ses compagnons les plus fidèles. Cerise sur le gâteau : la jeune fille dont il était amoureux mais qui restait inaccessible va miraculeusement tomber dans ses bras. Bien sûr, cette parenthèse enchantée est de courte durée car très vite le bon génie (ou la gentille diablesse) se retire. Il ne faudrait pas que le héros se mette en tête de subvertir les bases de la société ! Il bénéficie tout de même d’une promotion   (l’employé de bureau devient chef à son tour et l’artiste méconnu une vedette.) et se marie en présence de tous ses amis.
La Lanterne Magique suit de manière très scrupuleuse ce canevas. On serait bien en peine d'y trouver une seule idée originale. En 1960, date de sa sortie, ce film devait déjà paraître bien suranné. Mais c’est un produit de bonne facture. L’action progresse selon un rythme soutenu, les dialogues sont vifs et percutants. Tous les comédiens semblent beaucoup s’amuser. Personne ne se prend au sérieux. Et pour diriger tout cela, il y a Fateen Abdel Wahab, le maître incontesté de la comédie égyptienne.  

Appréciation :   3/5
***

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

samedi 19 juillet 2014

L'Inspecteur de Police (moufatish al-mabahith, 1959)

مفتش المباحث
إخراج :حسين فوزي





L'Inspecteur de Police a été réalisé par Hussein Fawzi en 1959.
Distribution : Rushdy Abaza, Sharifa Fadel, Nagwa Fouad, Zeinab Sedky, Youssef Wahby, Abdel Haffez Al Tatawy, Anwar Mohamed, Ahmed Saïd, Thuraya Fakhry, Roshdy Al Madhy, Zakaria Suleiman
Scénario : Hussein Fawzy, Kamal Mokhtar, Al Sayed Ziada
Musique : Sayed Mekawi, Al Sayed Ziada, Baligh Hamdy, Ahmed Fouad Hassan


Sharifa Fadel

Rushdy Abaza

Abdel Haffez Al Tatawy

Nagwa Fouad

Nagwa Fouad

Youssef Wahby




Résumé

Le mari d’une danseuse surprend celle-ci avec Hossam, son amant. Il sort un revolver de sa poche et s’apprête à tirer sur l’infidèle. Mais l’amant se jette sur le jaloux. Une détonation retentit. Le mari s’effondre. Hossam s’enfuit, persuadé d’avoir tué son rival. Il veut retourner dans son village natal. A la gare, il retrouve un inspecteur de police qui prend le même train que lui et s’installe dans le même compartiment. Hossam change de compartiment. Las ! L’inspecteur l’a suivi. Quand le meurtrier quitte le train pour prendre un car, le policier fait de même Il va jusqu’à s’asseoir en face de lui. Hossam en est convaincu : l’inspecteur  le poursuit et va l’arrêter. Alors il avoue tout et tente d’expliquer qu’il n’a pas voulu tuer l’homme mais que c’est un malheureux accident. Hossam comprend très vite que le policier ne savait rien de son crime. Il avait pris un congé pour assister au mariage de sa soeur. Après de tels aveux, l’inspecteur est bien obligé de l’arrêter pour le conduire  au commissariat le plus proche. Hossam parvient à s’enfuir et trouve refuge dans une maison du village. Cette maison ne lui est pas  inconnue : c’est celle de la famille de la jeune fille qu’il a autrefois séduite et qu’il a abandonnée alors qu’elle était enceinte. Mais l’inspecteur a retrouvé sa trace et s’est introduit dans la maison. Il devient le spectateur privilégié des retrouvailles d’Hossam et de Hoda, la jeune femme délaissée. Cette dernière raconte les événements qui se sont déroulés après la disparition de son séducteur : apprenant qu’elle était enceinte, son père, fou de rage, lui a tiré dessus avec sa carabine, la blessant à l’épaule, puis s’est effondré. Il est mort  peu après. Aidée par sa mère,  Hoda élève seule son enfant. Hossam est désespéré et exprime avec une sincérité non feinte ses remords. L’inspecteur est ému par ce qu’il voit et ce qu’il entend. Son sens du devoir vacille. Il propose à Hossam d’épouser Hoda et il ne l’arrêtera qu’après la cérémonie. Le jeune homme accepte. Lors du mariage, la liesse est générale. Même les parents d’Hossan sont présents. Ils lui ont pardonné d’avoir fui le domicile paternel et sont ravis d’être grands-parents. En revanche, les mariés et l’inspecteur ne peuvent dissimuler leur anxiété Le lendemain, Hossan et Hoda accompagnent le policier au commissariat. Alors que l’interrogatoire commence, un coup de téléphone leur apprend que le mari de la danseuse n’est pas mort et qu’il ne portera pas plainte. L’inspecteur est soulagé : Hossam et Hoda peuvent retourner au village. 



Critique

Construit sur l’opposition ville/campagne -la ville, lieu du vice et de la corruption, la campagne, celui  de l’innocence et de la vertu- l’Inspecteur de Police aborde de manière pataude le thème du repentir et du rachat.
On voit bien que Rushdy Abaza  fait de louables efforts pour jouer les mauvais sujets rattrapés par la morale mais on n’y croit guère.
C’est un film dans lequel on pleure beaucoup. Tout le monde s’y met. Même Youssef Wahby semble à deux doigts de verser sa petite larme. Et Sharifa Fadel qui joue la jeune mère séduite ne se contente pas de pleurer, elle chante. Les yeux levés vers le ciel, elle chante ses espoirs brisés et son amour pour son bébé.
Un seul personnage échappe  à l’épidémie lacrymale : c’est la danseuse incarnée par Nagwa Fouad . Non seulement, elle ne pleure pas mais quand son mari s’effondre touché par une balle de revolver, elle ricane. Et ça fait du bien.
Malheureusement, la méchante créature  n’apparaît que dans les dix premières minutes du film, les seules qui vaillent la peine d’être vues.  Après, on se noie dans les sanglots (très) longs.
Le titre l’Inspecteur de Police, traduction littérale du titre arabe, est trompeur. On s’attend à un thriller, une enquête policière qui verrait s’affronter de manière virile ces deux monstres sacrés du cinéma des années cinquante, Rushdy Abaza et Youssef Wahby  et on tombe sur un drame pleurnichard dans lequel le premier passe son temps à gémir devant le second qui arbore l’attitude sévère du représentant de l’ordre mais qui au fond de lui cache un cœur gros comme ça.  

Appréciation : 2/5
**

dimanche 13 juillet 2014

Les 100 films les plus importants (15) Les années quatre-vingt-dix (2)

Les années quatre-vingt-dix (2)



87) Ziyarat Al-Sayed Al-Ra’is (La Visite du Président, 1994, Munir Radi)
زيارة السيد الرئيس
 
 
Avec Mahmoud Abdel Aziz, Nagah al Mogui, Hayatem, Ahmed Rateb, Gihane Nasr, Hassan Al-Asmar, Youssef Daoud 
Le président égyptien reçoit son homologue américain pour une visite officielle. Parmi les habitants d’un petit village, la rumeur court que le train transportant les deux présidents doit faire une halte chez eux. Sous la direction du maire, tout le monde s’affaire pour recevoir dignement ces éminentes personnalités.

 
88)  Lahm Rikhis (De la chair bon marché, 1995, Inas El-Degheidy)
لحم رخيص


Avec Kamel Al Shennawi (Maître Mabrouk), Fouad Khakik (l’avocat corrompu), Elham Shahin (Tawida), Wafaa Mekky (Nagfa Hanafi), Abdel Hafiz El Tetawy (Cheikh Salem), Abdullah El Katib (Kamel, l’amoureux de Nagfa), Tarek al-Nahry (Zia Jamaan) , Mahmoud Kabil (Hecham), Mohamed Henedy (le chauffeur de taxi), Jihan Salama (Ikhalas), Osman Abdel Moneim (le père de Nagfa)
A travers l'histoire de trois filles de la campagne, la réalisatrice nous montre que le mariage consiste trop souvent à vendre son corps au plus offrant. Dans tous ses films, Ines Al Degheidy s’attaque aux tabous de la société égyptienne ce qui lui a valu bien des soucis avec la censure et les autorités religieuses. Elle est régulièrement l’objet des pires attaques de la part des conservateurs et des dévots parce qu'elle est une femme, qu’elle est progressiste et qu’elle parle du sexe sans fard.


89) Ya Dunia ya Gharami (O la vie, ma chérie, 1996, Magdi Ahmed Ali)
يا دنيا يا غرامى

 


 Avec Leila Eloui, Elham Chahine et Hala Sedki
Trois jeunes filles, la trentaine passée, cherchent à sortir de leur solitude et de leur misère quotidienne. La quête d'un mari, riche de préférence, les préoccupe toutes. Ce premier film de Magdi Ahmed Ali rencontra un succès considérable. Il récolta plus de vingt récompenses dans les différents festivals internationaux où il fut présenté.


90) Afarit Al-Asphalt (Les Démons de l’Asphalte, 1996, Osama Fawzi)
عفاريت الاسفلت



Avec Salwa Khattab, Mahmoud Hemeida, Abdallah Mahmoud, Gamil Rateb, Hassan Hosni
Une série de chassés-croisés amoureux impliquant collègues, voisins et parents :
Sayed, chauffeur de taxi a une liaison avec sa voisine, la femme du barbier.
Sa sœur sort avec Ringo, lui aussi, chauffeur de taxi.
Son père est l’amant de la mère de Ringo.
Sa mère est amoureuse du coiffeur.
Le premier film d’Osama Fawzi


91) Al-Qubtan (Le Capitaine, 1997, Sayed Said)
القبطان


Avec Mahmoud Abdel Aziz, AhmedTawfik, Hassan Mostafa Mazhar, Wafaa Sadik, Mostafa Shaban , Lotfy Labib
Le récit des aventures d’un capitaine excentrique, magicien à ses heures et grand amateur de femmes. L’action se déroule sans la ville de Port-Saïd, après la défaite arabe en Palestine (1948). Le choléra s’est développé de manière dramatique, la tension entre les colons britanniques et la résistance égyptienne est à son comble.
A ma connaissance, unique film de ce réalisateur.


92) Araq Al-Balah (La Sueur des Palmiers, 1999, Radwan El-Kashef)
عرق البلح

Avec Hamdy Ahmed, Fayza Amasaïb, Abla Kamel, Abdallah Mahmoud, Mohamed Nagati, Sherihan
Ahmed reste pendant une longue période le seul habitant mâle du village. Il sort à peine de l’adolescence et il découvre les plaisirs du sexe grâce à une femme plus âgée que lui. Sa grande ambition est de grimper au sommet du palmier magique dont les dattes apporteraient la joie à toute la communauté. Au risque de sa vie, il tente régulièrement l’ascension de l’arbre mais son rêve demeure inaccessible.