mercredi 1 octobre 2025

A la télé : les films du jour (Rotana Classic du 1er au 12 octobre)

روتانا كلاسيك

Quels films peut-on voir sur la chaîne Rotana Classic ? Les horaires donnés sont ceux de l'après-midi ou de la soirée (heure de Paris). La plupart des films sont ensuite rediffusés le lendemain matin.
Rotana Classic a remplacé Rotana Zaman en 2012. Cette chaine fait partie du groupe Rotana basé en Arabie Saoudite et spécialisé dans le divertissement (télévision et musique). Celui-ci a été créé par le prince Al-Walid ben Talal ben Abdelaziz Al Saoud, membre de la dynastie Al Saoud et petit-fils du fondateur de l'Arabie Saoudite. Comme son nom l’indique, Rotana Classic diffuse essentiellement les grands classiques du cinéma égyptien. Disponible en France.


Dimanche 12 octobre à 15h

Le coeur a ses raisons d'Helmy Halim (al-'alb lu ahkam, 1956)
avec Zinat Sedki (Zenobia), Abdel Salam Al Nabulsi (Anwar), Ahmed Ramzy (Hamdy), Faten Hamama (Karima), Soleiman El Gendy (l’enfant hospitalisé), Stephan Rosti (Wasif), Mimi Chakib (la femme de Wasif), Serag Mounir (le père d’Hamdy), Samia Ayoub (la fille de Wasif), Samia Mohamed (une danseuse), Lotfy El Hakim (un supporter), Mokhtar El Sayed (un camarade d’Hamdy), Zeinab Sedki (la grand-mère), Abdel Azim Kamal (le médecin), Fathia Ali (la femme de chambre), Ibrahim Khan (l’ami d’Hamdy), Ibrahim Hechmat (le directeur de l’hôpital), Abd El Fatah El Quossary (Al Hanouti), Soad Ahmed (la femme d’Al Hanouti)
Scénario : El Sayed Bedeir, Hassan Tawfik, Ali El Zorkani
Production : Helmy Halim
appréciation : 2/5


Karima est une jeune orpheline pauvre qui étudie à la faculté de médecine. Elle aime Hamdi, l’un de ses condisciples qui appartient à la classe aisée. Il est en outre un footballeur de renom. Toutes les tentatives de la jeune femme pour entrer en relation avec lui échouent lamentablement. Elle se confie à une vieille amie qui tient une boulangerie. Celle-ci lui donne des conseils pour attirer l’attention de celui qu’elle aime. Karima les met en pratique aussitôt et ça marche ! Hamdi lui propose un rendez-vous. Mais très vite, l’étudiante comprend qu’elle a fait l’objet d’un pari entre l’élu de son coeur et ses camarades. Elle est désespérée et refuse désormais de lui adresser la parole. Progressivement, les sentiments du jeune homme changent.

Notre avis : "Le Cœur a ses raisons" est un film mineur dans la filmographie de Faten Hamama. Certes, le jeu sobre et naturel de celle-ci permet de supporter les conventions d’un scénario réunissant tous les ingrédients dont se délecte le public de l’époque. On peut aussi apprécier l'évocation du petit peuple de Boulaq qui n'est pas sans rappeler le réalisme d'un Salah Abou Seif. Et puis, il y a quand même Zinat Sedky magistrale en boulangère qui enseigne à sa petite protégée les techniques de la séduction. Mais cela ne suffit pas à corser le goût insipide de ce roman-photo pour midinettes.


Samedi 11 octobre à 19h30

Le Crime Comique de Nagdi Hafez (El Garima el Dahika, 1963)
avec Ahmed Mazhar (Medhat), Soad Hosny (Layla), Fathia Ali (la mère de Medhat), Mahmoud El Meleigy (Salman, l’assassin du père de Medhat), Abdel Moneim Ibrahim (le frère de Layla), Stephan Rosti (le psychiatre), Mimi Chakib (la mère de Layla), Mohamed Reda (l’oncle de Medha), Saïd Khalil (le cousin de Layla), Omar Afifi (Izzat Sami, l’auteur de romans policiers), Mohsen Hassanein (le frère de Salman), Thuraya Fakhry (la nourrice), Ahmed Loxer (l’inspecteur de police)Scénario : Abdel Aziz Salam
Musique : Youssef Shawki
Production : les Films de la Tour du Caire
appréciation : 3/5


Medhat est un réalisateur de télévision et il doit dans quelques jours épouser Layla. Il se rend dans le village où réside sa mère pour annoncer à celle-ci la bonne nouvelle. Après une fin de voyage mouvementée, il arrive enfin à destination. Son oncle et sa mère lui apprennent que l’assassin de son père est sorti de prison et qu’il voudra certainement se venger d’avoir été dénoncé par Medhat. La vieille femme et l’oncle incitent le réalisateur à tuer le meurtrier avant que celui-ci ne tente quoi que ce soit contre lui. Il refuse. De retour au Caire, il essaie de reporter son mariage mais la famille de sa fiancée ne veut rien savoir. Medhat et Layla se marient donc à la date prévue. La jeune femme s’installe dans la maison de son époux. Medhat sait que l’assassin de son père connaît son adresse. Délaissant son épouse, il passe toutes ses nuits dans le salon face à la porte d’entrée, un fusil entre les mains. Une nuit, un inconnu s’introduit dans la maison. Medhat tire aussitôt. L’homme s’effondre. Il est mort. Medhat enterre le corps dans son jardin. Avertis, des policiers se présentent au domicile du réalisateur…
Ce film est une adaptation de la comédie The Gazebo réalisé par George Marshall en 1959 (d’après la pièce d’Alec Coppel) avec Glenn Ford et Debbie Reynolds.

Notre avis : c'est une comédie au rythme trépidant, servie par une bande-son d'une grande inventivité. On ne s'ennuie pas une seule seconde, les péripéties et les gags s'enchaînent sans temps mort. Ahmed Mazhar qui semble tout droit sorti d'un film de Billy Wilder déploie une énergie contagieuse, entraînant dans son sillage tous ses partenaires . Cette année-là, l'acteur fait le grand écart puisque quelques mois auparavant le public avait pu le voir jouer Saladin dans la fresque historique de Youssef Chahine. Une mention spéciale pour les décolletés de Soad Hosny : la scène de la cuisine est restée dans toutes les mémoires !


Vendredi 10 octobre à 23h

L'Evasion d'Atef El Tayyeb (Al Huroub, 1991)
avec Medhat El-Sherif; Ahmed Zaki (Montasser), Abdel Aziz Makhyoun (Major Salem Abdel Razek), Zouzou Nabil (la mère de Montasser), Hala Zedki (Sabah, la danseuse), Mahmoud El Bezawy (le frère aîné de Montasser), Nermin Kamal (la sœur de Montasser), Layla Sheir (la directrice de l’école), Mohamed Wafik (Colonel Fouad Al-Sharnoub), Abu Bakr Ezzat (le Général), Youssef Fawzy (Medhat, le directeur de la société), Samir Wahid (Farid Ezzat, l’agent de change), Aïda Fahmy (Zeinab, la cousine et la femme de Montasser), Salah Abdullah (le fabricant de faux papiers), Ezzat Al Machad (le rédacteur en chef du journal), Ahmed Adam (Aziz, le journaliste), Soheir Tawfiq (la femme de Medhat)
Scénario et dialogues : Mostafa Moharam
Inspiré du roman Le Comte de Monte-Cristo, un roman d’Alexandre Dumas
Musique : Modi Al Imam
Figure dans la liste des 100 films les plus importants du cinéma égyptien.


Drame. Montasser travaille pour une société qui s’occupe d’envoyer des ouvriers égyptiens dans les pays du golfe. Ne supportant plus de voir ces travailleurs exploités et escroqués par son patron qui leur délivre des faux visas, il veut dénoncer ces pratiques frauduleuses à la police. Mais son chef est plus rapide que lui : il parvient à faire arrêter son employé pour détention de drogue. Montasser est condamné à deux ans de prison. Pendant sa détention, il n’a plus aucune nouvelle de sa femme. Quand il est enfin libéré, il veut la retrouver et se venger de son ancien patron. Il se rend au domicile de ce dernier et le tue dans son lit sous les yeux de son épouse. Le soir même, il fait la connaissance d’une danseuse avec qui il passe la nuit. Le lendemain matin, il part à la recherche de sa femme. Celle-ci a été manipulée par une entremetteuse qui l’a convaincue de partir en Turquie pour s’y prostituer. Il retrouve très vite cette mère maquerelle. Elle occupe une fonction fort honorable : directrice d’une école pour jeunes filles. La dame refuse de lui dire où se trouve sa femme. Alors Montasser tente de la faire avouer par la force. En tentant de résister, la directrice chute et sa tête vient frapper violemment l’accoudoir du canapé. Elle meurt sur le coup. Montasser doit fuir…

Notre avis : un drame social très sombre qui se présente un peu comme la version moderne du film de Kamal El Sheikh «Le Voleur et les Chiens » réalisé trente ans plus tôt (le rôle d’Hala Zedki dans « L’Evasion » semble même copié sur celui de Shadia !). Mais la situation du héros d’Atef El Tayyeb est encore plus tragique que celle du voleur de Kamal El Sheikh car lui sera trahi par ses amis et condamné par la société pour s’être élevé contre la corruption des puissants et l’exploitation des plus faibles. Ahmed Zaki incarne avec une grande vérité cet individu traqué et happé par un engrenage dont il ne sortira pas vivant. Cette tragédie moderne est l’un des meilleurs films d’Atef El Tayyeb, le réalisateur le plus doué de sa géneration qui sut à la fois plaire à la critique et au grand public.


Jeudi 9 octobre à 15h

Illusions d’Amour de Salah Abou Seif (El Wesada Elkhalya, 1957)
avec Abdel Halim Hafez (Salah), Loubna Abdel Aziz (Samiha), Zahrat Al Oula (Douria), Ahmed Ramzy (Fayez), Omar El Hariri (le docteur Fouad), Abdel Moneim Ibrahim (Hassan), Abdel Wares Asr (le père de Salah), Kawthar Shafik (Sonia), Serag Mounir (le père de Douria), Rafia Al Shal (la mère de Salah)
D’après un roman d’Ishan Abdul Quddus
Scénario et dialogues d’El Sayed Bedeir
Musique : Kamal El Tawil, Mamoun Al Shinnawi, Mounir Mour ad, Mohamed Al Mogi, Ismaël El Habrouk
Production : Ramses Naguib


Comédie musicale. Alors qu’il arpente les rues du Caire avec ses deux meilleurs amis, Salah fait la connaissance de Samiha. Entre eux, c’est immédiatement le grand amour. Mais leur bonheur est de courte durée car Samiha doit épouser un médecin. L’étudiant pauvre ne peut rivaliser. Il essaie d’oublier celle qu’il aime en passant ses nuits à boire dans les cabarets. Il rencontre une jeune femme qui est éperdument amoureuse de lui mais cela ne suffit pas à lui redonner le goût de vivre. Une nuit, alors qu’il a bu plus que de raison, il a un malaise. Il est hospitalisé. Le médecin qui le soigne est le mari de Samiha…

Notre avis : un grand film, romanesque en diable, que l’on doit à la réunion d’artistes parmi les plus talentueux de l’époque. Pour s’en tenir à l’interprétation, on trouve autour d’Abdel Halim Hafez trois jeunes actrices extraordinairement douées : Kawthar Shafik, Zahrat Al Oula et Loubna Abdel Aziz. Pour cette dernière, « Illusion d’Amour » est à la fois son premier film, son premier rôle principal et son premier succès. On aurait tort de considérer ce drame comme une simple bluette destinée aux coeurs sensibles. Salah Abou Seif a su nous plonger dans un mélodrame poignant tout en menant une réflexion sur la passion amoureuse et ses illusions. Instruire en plaisant, telle est la devise de nos grands classiques dont assurément fait partie ce maître du cinéma égyptien.


Mercredi 8 octobre à 15h

Le Grand Amour d'Henry Barakat (Alhabu alkabir, 1968)

avec Farid El Atrache (Farid Ezzat), Faten Hamama (Hanan), Youssef Wahby (Ibrahim, le photographe), Abdel Salam El Nabolsi (Marwan), Eman (la femme de Marwan)
Scénario : Henry Barakat et Kamel Al Telmissani
Remake du film américain Ariane (Love in The Afternoon, 1957) de Billy Wilder avec Audrey Hepburn et Gary Cooper
Musique : Farid Al Atrache
Production : Henry Barakat


Ibrahim est photographe, il vit seul avec sa grande fille Hanan qui travaille dans le commerce. Elle est chargé de la conception des vitrines d’un grand magasin de Beyrouth. Un jour, Ibrahim reçoit, un homme qui lui propose une mission. Cet individu s’appelle Marwan, c’est un millionnaire qui doute de la fidélité de sa femme. Il la soupçonne d’entretenir une relation extra-conjugale avec Farid Ezzat, un chanteur très célèbre. Il demande à Ibrahim de prendre des photos du couple adultère. Le vieux photographe a besoin d’argent et il accepte cette mission. Mais quand il développe les photos qu’il a pu prendre grâce aux indications données par Marwan, il s’aperçoit qu’on ne voit jamais le visage de la femme. Pourtant, le mari trompé en est sûr : c’est bien sa femme dans les bras du chanteur. Il décide de passer à l’action : il va se rendre à l’hôtel de Farid et tuer les deux amants. Hanan qui a tout entendu, veut empêcher le drame. Elle court en direction de l’hôtel de Farid mais Marwan est déjà là lui aussi et il brandit un revolver. Il n’y a plus un instant à perdre : Hanan trouve la chambre du chanteur. A travers la fenêtre, elle voit les amants s’embrasser fougueusement. Elle frappe du poing contre la vitre tandis que Marwan approche à grandes enjambées. .. Le mari hésite quelques instants devant la porte de la chambre puis entre enfin. Comme il s’en doutait, il découvre Farid Ezzat tenant une femme dans ses bras. Il profère des menaces en pointant son arme en direction du couple. L'homme se retourne découvrant le visage de sa partenaire : ce n’est pas l'épouse déloyale mais Hanan, la fille du photographe !

Notre avis : une comédie romantique comme les aime Henry Barakat, et dans son genre, c’est une indéniable réussite. Le cinéaste a toujours su capter l’air du temps, ce qui lui permit les années passant de rester un « moderne ». Ce « Grand Amour », malgré son titre à la fois intemporel et suranné, est ancré dans les années soixante. On y retrouve cette douceur de vivre, cette liberté et cette légèreté qui fait tout le prix de cette époque. L’histoire d’amour qui se noue entre Farid Al Atrache et Faten Hamama pourrait semble à première vue une fausse bonne idée : le chanteur, amaigri et fatigué, doit jouer un séducteur aux multiples conquêtes tandis que Faten Hamama, qui a près de trente-sept ans lors du tournage, doit incarner une toute jeune femme vivant encore chez son père. Eh bien, contre toute attente, cela fonctionne, grâce à l’immense talent de l’actrice mais aussi au jeu de Farid Al Atrache plus nuancé et plus juste qu’à l’ordinaire. Un seul bémol : comme le rappelait Faten Hamama dans l’un de ses entretiens (je ne me souviens plus si c’est à propos de ce film), les chansons de Farid Al Atrache sont parfois vraiment très longues. La première dure sept minutes !
« Le Grand Amour » est l’un des premiers films dans lequel joue Eman. Elle n’est pas encore blonde mais déjà d’une beauté stupéfiante.


Mardi 7 octobre à 23h

La Grande Dame d'Hassan El Seifi (Sahibat El Esma, 1956)
avec Ismail Yassin (Ghazal), Mahmoud El Meleigy (Mahmoud, frère de Munira), Zinat Sedki (Zenouba, la première femme de Ghazal et la mère de son fils), Taheya Carioca (Munira), Hassan Atla (un acteur, ami de Ghazal), Zeinat Elwy (danseuse), Adly Kasseb (le procureur), Hassan Fayek (Hassan, frère de Munira), Ibrahim Hechmat (le juge), Abdel Halim Elqalawy (le metteur en scène), Ellen Deatto (une danseuse), Abdel Moneim Basiony (un journaliste), Fahmy Aman (Fahmy, frère de Munira), Abdel Ghani El Nagdi (un paysan), Zaki Mohamed Hassan (le propriétaire du cabaret)
Scénario : William Basely, Hassan El Seifi, Abou Al Seoud Al Ebiary
Musique : Fouad El-Zahiry, Attya Sharara, Mahmoud El Sherif, Mounir Mourad, Fathy Qoura
Production : Hassan El Seifi


Munira est une jeune veuve dont le mari lui a laissé une grosse fortune. Ses trois frères espèrent un jour en hériter mais, pour leur malheur, leur sœur est bien décidée à se remarier et avoir un enfant. Elle a trouvé son prochain mari : c’est Ghazal, un artiste de cabaret qui n’est certes pas très beau mais qui a des qualités de cœur. Dans un premier temps, Ghazal refuse de se marier mais il finit par accepter quand Munira promet de faire de lui une star de cinéma. Le mariage a lieu et Ghazal devient un homme riche. Les trois frères dépossédés n’ont pas dit leur dernier mot. Ils décident de tuer leur beau-frère lors du tournage du premier film que leur sœur produit pour son bien-aimé mari…

Notre avis : un film déconcertant qui débute comme une comédie burlesque et finit dans le drame absolu avec l’assassinat d’un enfant et le procès d’une mère injustement accusée d’infanticide. Et celui qui fait le lien entre ces deux parties si dissemblables, c’est Ismaïl Yassin qui doit jouer sur différents registres et qui s’en tire fort honorablement. Sa partenaire Taheya Carioca est comme toujours éblouissante et elle incarne avec brio une femme énigmatique et pour finir monstrueuse. Dans la seconde partie, apparaît un nouveau personnage interprété par Zeinat Sedki. Cette dernière, d’ordinaire cantonnée aux emplois comiques nous prouve ici qu’elle est tout aussi à l’aise dans le registre pathétique. Un film donc intéressant pour la prestation de ses acteurs principaux qui ont su se plier aux errements d’un scénario quelque peu décousu.


Lundi 6 octobre à 19h30

La Matrone d'Hassan Reda (El moallema, 1958)
avec Taheya Carioca (Tuha), Yahia Chahine (Maître Abbas), Mahmoud El Meleigy (Maître Hafez), Omar El-Hariri (Fathi, le jeune comptable de Tuha), Wedad Hamdy (la servante de Tuha), Mohamed Tawfik (Madbouly), Nagwa Fouad (la fille de la patronne de la maison close), Rafia Al Shal (la patronne de la maison close), Roheya Jamal (une prostituée), Nawal Attia (une prostituée), Suzi Khairy (la danseuse)
Scénario : El Sayed Bedeir et Hassan Reda (d’après Othello de William Shakespeare)
Musique : Fouad El Zahry, Ahmed Fouad Hassan, Saïd Morsi
Production : les films Taheya Carioca


Hafez est un commerçant véreux qui se livre au trafic de drogue. Il est amoureux de Tuha, une commerçante elle aussi. C'est une femme d'âge mûr au caractère bien trempé. Elle dirige la petite boutique d’épices que son père avait fondée. Ses affaires sont prospères et elle a toute confiance en Fathi, son jeune comptable honnête et dévoué. Hafez lui a manifesté sa flamme de manière insistante mais, malheureusement pour lui, le cœur de Tuha est déjà pris : elle aime Abbas, un bel homme qui travaille avec elle. Hafez ne renonce pas : le jour de leur mariage, il provoque une bagarre qui se conclut par l’arrestation d’Abbas et sa condamnation à deux ans de prison. Pendant l’absence du mari de sa bien-aimée, Hafez va multiplier les tentatives de séduction, en vain. Tuha reste une femme fidèle. Quand Abbas est enfin libéré, Hafez change de stratégie. Feignant d’être son ami, il fait croire à Abbas que sa femme le trompe avec leur jeune comptable. Sous son influence pernicieuse, le mari de Tuha devient alcoolique, violent et infidèle…

Notre avis : un drame de la jalousie avec trois monstres sacrés du cinéma des années cinquante : Taheya Carioca dans un rôle de femme puissante, un peu semblable à ceux qu’elle incarne dans d’autres films de la même époque (ex : la Sangsue se Salah Abou Seif, 1956), Mahmoud El Meleigy en méchant qu’on adore détester et Yahia Chahine en brave homme crédule. Certes, on retrouve dans ce film un certain nombre de stéréotypes mais la réalisation et l’interprétation impressionnent par leur justesse et leur vigueur. Et puis, on aime tout particulièrement la reconstitution très soignée d’un quartier populaire avec ses commerçants, ses employés, ses drogués et ses prostituées, un univers très proche de celui de certains romans de Naguib Mahfouz.


Dimanche 5 octobre à 19h30

L’amour n’a pas de remède de Youssef Maalouf (al-hawa maloush dawa, 1952)
avec Shadia (Samara), Kamal Al Shennawi (Latif), Ismail Yassin (Khafif), Thoraya Helmy (Shahala), Fakher Fakher (Bahjat Bey), Reyad El Kasabgy (un des hommes de Bahjat Bey), Aida Kamel (Layla), Abdel Ghany Kamar (le président du conseil d’administration), Lotfi El Hakim (le président de la société des Tramways)
Scénario : Abou Al Seoud Al Ebiary et Youssef Issa
Auteurs et compositeurs des chansons : Abdel Aziz Salam, Ahmed Sedqi, Saleh Jawdat, Sedqi Al-Hawa, Fathi Qawra, Mahmoud Al-Sharif, Izzat Al Jahili
Production : Henry Barakat


Comédie chantée. Latif et Khafif sont deux amis qui travaillent dans la même entreprise. Un jour, ils sont chargés de représenter leur société lors de l’inauguration d’une nouvelle ligne de tramway. Malheureusement durant cette mission , Khafif assomme un officiel d’un violent coup de maillet. Le directeur licencie les deux compères sur-le-champ. Latif et Khafif décident de jouer aux courses tout le montant de leurs indemnités. Ils commencent d’abord par perdre mais lors de la dernière course ils gagnent enfin alors qu’ils pensaient avoir à nouveau joué de malchance. En fait, cette bonne fortune, ils la doivent à une jeune femme avec qui Latif s’est disputé à propos d’une prétendue erreur concernant l’attribution des tickets par l’employé de la société hippique.
Les deux amis retrouvent l’inconnue dans un cabaret où ils sont allés dîner. Elle est la chanteuse de l’établissement et elle s’appelle Samara. Latif la rejoint dans sa loge. Une conversation s’engage et le jeune homme fait tout pour dissiper l’animosité que la jeune femme semble encore éprouver à son égard. Apparaît le directeur du cabaret qui met aussitôt Latif à la porte. Cet homme, cruel et malhonnête, est amoureux de Samara et il souhaite l’épouser : il ne souffre la présence d’aucun rival…

Notre avis : Youssef Maalouf tourne une nouvelle fois avec le trio vedette qu’il avait réuni l’année précédente dans « Egaux dans le Malheur », à savoir la jeune Shadia accompagnée de ses deux compères Ismaël Yassin et Kamal El Shennawi. La recette est à peu près la même : des chansons, des gags et de l’action. Le film ne manque ni de punch ni de fantaisie et la première partie, l’inauguration de la ligne du tramway, nous rappelle la verve satirique de certaines comédies françaises ou américaines des années trente. Cela dit, certains gags ont beaucoup vieilli (Je pense à la scène dans laquelle les deux garçons se sont grimés en noirs et jettent des peaux de banane sur la piste de danse pour faire tomber les danseurs). Cette comédie est certes distrayante mais elle n’a pas la qualité de « Egaux dans le Malheur». Une raison possible à cela : le scénario cette fois-ci n’est pas signé Henry Barakat qui se contente pour ce second opus d’être le producteur.


Samedi 4 octobre à 15h

Ne le Dites à Personne d'Henry Barakat (Ma Takulshi la hada, 1952)
avec Farid Al Atrache (Wahid), Samia Gamal (Walaa), Nour Al Hoda (Noussa), Stephan Rosty (Ghazal Bashraf, l’oncle de Noussa), Abdel Salam Al Nabolsi (le professeur de danse), Aziz Othman (Amin Bashraf, le père de Noussa), Omar El Hariri (Nabil, l’amoureux de Noussa), Aïda Kamal (Aïda), Lotfy El Hakim (le producteur), Talaat Alam (le directeur du théâtre), Abdel Moneim Basiony (le présentateur du théâtre), Ali Kamal (Lulu, l’avocat), Alya Fawzy (Fatima, la bonne), Abdel Badih El Arabi (le directeur de l’hôtel), Mahmoud Azmy (l’inspecteur), Ibrahim Fawzy (le professeur de chant)
Scénario et dialogues : Henry Barakat et Abou Al Seoud Al Ebiary
Musique : Farid Al Atrache, Mamoun Al Shinnawi, Abdel Aziz Salam, Mahmoud Fahmy Ibrahim, Ismaïl Abdel Mahin
Production : les Films Farid Al Atrache
appréciation : 4/5


Comédie musicale. Wahid est un chanteur réputé, propriétaire d’un grand théâtre. Il a une liaison avec Walaa, la danseuse vedette de son établissement. Celle-ci doit s'absenter deux mois pour se produire à Paris et ils ont décidé de se marier à son retour. Mais c’est sans compter la ténacité d’une jeune admiratrice qui est prête à tout pour devenir la femme de Wahid. Cette jeune personne s’appelle Noussa Bashraf. C’est une jeune étudiante en musique et en chant et elle est aussi la fille de l’ancien professeur de Wahid, défenseur sans concession de la tradition musicale. Nabil, un condisciple de Noussa, lui a déclaré sa flamme mais la jeune femme a été catégorique : son cœur appartient à Wahid. Nabil tente de la raisonner en lui démontrant qu’il n’y a aucune chance que ce chanteur célèbre tombe amoureux d’une petite étudiante mais rien n’y fait. Noussa n’a de cesse de poursuivre son idole et elle parvient même à se faire engager dans le spectacle que prépare Wahid. Elle manœuvre si bien que des photos compromettantes finissent par paraître dans la presse. Wahid est bel et bien pris : il doit épouser Noussa, à la plus grande satisfaction de Ghazal, l’oncle de la jeune fille qui nourrit une passion dévorante pour Walaa. C’est alors qu’est annoncé le retour de la danseuse qui n’a pas souhaité renouveler son contrat parisien. Elle est accueillie par Ghazal qui lui apprend sa mauvaise fortune. Pour se venger, Walaa quitte le théâtre de Wahid et annonce ses fiançailles avec Ghazal …

Notre avis : dernier film du couple légendaire du cinéma de l’âge d’or, Samia Gamal et Farid Al Atrache. Le scénario très drôle est signé par l’un des maîtres de la comédie, Abou Al Seoud Al Ebiary. Il est bâti autour d’ un personnage de petite peste joué avec beaucoup de conviction par l’actrice et chanteuse Nour Al Hoda. Les danses de Samia Gamal, toutes aussi étourdissantes les unes que les autres sont comme un dernier feu d’artifice offert au public égyptien. Après le tournage de ce film, la danseuse s’envolera pour les Etats-Unis où elle retrouvera l’homme d’affaires texan qu’elle épousera, pour le meilleur et pour le pire.


Vendredi 3 octobre à 17h

Le Halal l’emporte d’Ahmed Al Sabawi (Alhilal yaksib, 1985)
avec Athar El Hakeim (Shams), Hussein Fahmy (docteur Fouad Hanafi), Younes Shalaby (Ali Hanafi, le frère aîné de Fouad), Zizi Moustafa (Zoubah, la femme d’Ali), Maaly Zayed (Nargis, la sœur de Zoubah), Salah Nazmi (Docteur Hamdi), Salah El Saadani (Lami, le rival de Fouad), Badriya Abdel Gawad (la servante de Shams), Ibrahim Kadri (le vieux mari), Saleh Yahya (le serviteur)
Scénario : Farouk Sayed, Masoud Masoud
Musique : Farouk Salama


Fouad Hanfy, jeune cardiologue issu d’un milieu modeste, partage son quotidien avec son frère Ali qui a repris le garage familial. Ali est marié à Zoubah, dont la sœur, Nargis, vit également sous leur toit. Fouad et Nargis sont amoureux l’un de l’autre et ils doivent prochainement se marier. La carrière du jeune médecin prend un tournant décisif lorsqu’il est convié à participer à la première transplantation cardiaque réalisée dans le monde arabe. L’intervention, dirigée par le célèbre docteur Hamdy, son professeur, concerne une patiente nommée Shams. Elle a été élevée par le docteur Hamdy lui-même après la mort de ses deux parents. L’opération est un succès éclatant, mais la convalescence s’annonce délicate. Contraint de s’absenter pour un colloque médical, le docteur Hamdy confie à Fouad la responsabilité de veiller sur l’état de santé de Shams. Ainsi débute une série de visites régulières entre le jeune médecin et sa patiente. Peu à peu, Shams développe des sentiments profonds pour Fouad, jusqu’à lui déclarer son amour et lui demander sa main. L’embarras de Fouad est extrême. Il est déjà engagé auprès de Nargis, la sœur de Zoubah, mais il n’ose pas contrarier Shams dont la santé reste précaire…

Notre avis : une comédie signée Ahmed Al Sabawi, cinéaste aussi prolifique qu’inégal. En 1985, il réalise pas moins de six films, dont celui-ci. Il s’agit d’une production typique des années 80, vite tournée, vite sortie, vite oubliée. Les actrices et les acteurs déploient tous une belle énergie, notamment Maaly Zayed dont l’abattage finit même par lasser (trop de pleurs !), mais on reste froid devant toute cette agitation.
Et pourtant, le film mérite qu’on s’y attarde, ne serait-ce que pour observer l’évolution de la comédie égyptienne sur une décennie. « Le Halal l’emporte » est le remake d’un film de 1974, « L'Important, c'est l'Amour » (Al Mohem El Hob) d’Abdel Moneim Shoukry avec Nahed Sherif et Adel Imam. A noter que les deux films ont été écrits par le même scénariste, Farouk Sayed. « L’important, c’est l’amour » est sans doute l’une des comédies les plus osées de son époque (qui pourtant n’en manque pas !) et on constate que dans le film des années 80, toute l’atmosphère érotique de son prédécesseur a totalement disparu. Il ne reste plus rien de l’aimable libertinage auquel s’adonnaient sans réserve les personnages du premier opus. Plus frappant encore : « Le Halal l’emporte » ne comporte pas le moindre baiser. Comme le titre l’annonçait : rien d’illicite dans cette comédie dont les auteurs semblent avoir eu le souci de se conformer à une certaine morale. Le dénouement prône même la polygamie !


Jeudi 2 octobre à 15h

Mademoiselle Hanafi de Fateen Abdel Wahab (Anissa Hanafi, 1954)
avec Ismail Yassin (Hanafi), Magda (Nawam), Soliman Naguib (Hassouna Bey), Zinat Sedki (la belle-mère d’Hanafi), Abd El Fatah El Kosary (le père d’Hanafi), Omar El-Hariri (Hassan), Reyad El Kasabgy (Al Wady, le boucher), Wedad Hamdy (Zakia, l’ex-femme d’Al Wady), Gamalat Zayed (Oum Al Saïd), Abdel Ghani El Nagdi (le policier), Mohamed Shawky (le marié), Shafik Galal (le chanteur), Nemat Mokhtar (une danseuse), les deux danseuses Liz et Lynn, Thurya Salem (une danseuse), Hassan Abou Zeid (le mathoun)
Scénario : Galil El Bendary
Musique : Ibrahim Haggag, Mohamed El Kahlawy, Kamal Ahmed Ali
Production : Galil El Bendary


Hanafi est un jeune garçon très conservateur. Il vit avec son père, un patron boucher, sa belle-mère et la fille de celle-ci, Nawam. Hanafi exerce sur ces deux femmes une autorité sans faille, leur interdisant de sortir et même de regarder par les fenêtres. Nawam aime un jeune homme qui réside sur le toit de leur immeuble. Il s’appelle Hassan et est étudiant à l’école vétérinaire. Le père d'Hanafi l'a chargé de s'occuper des nombreux pigeons voyageurs qu'il possède. Nawam rejoint souvent Hassan sur la terrasse et ils n’imaginent pas l’avenir l’un sans l’autre. Malheureusement, selon les volontés de son beau-père et de sa mère, Nawam doit épouser Hanafi. Ce dernier ne souhaite pas non plus ce mariage mais lui aussi est obligé de se plier à la décision paternelle. Le jour des noces, le jeune marié est pris de violents maux de ventre. Il est hospitalisé et subit une intervention chirurgicale. Le médecin qui l’a opéré a commis une erreur : il l’a transformé en femme. Hanafi est devenu Fifi…

Notre avis : un monument de la comédie égyptienne. Avec ce film, Ismaïl Yassin devient le roi du rire dans le monde arabe et il le restera pendant de longues années. Le tour de force de Faten Abdel Wahab consiste à aborder dans une comédie familiale une réflexion sur le genre qui impressionne par sa modernité et son audace. Progressiste dans l’âme, le réalisateur nous offre une satire sans concession des défenseurs de la tradition et de la vertu. « Mademoiselle Hanafi » connut un triomphe bien mérité à sa sortie et depuis les chaines de télévision continuent à le diffuser très régulièrement. En revanche, qu’il ne soit même pas mentionné dans bon nombre d’Histoires du cinéma égyptien rédigées par des « spécialistes » nous semble profondément injuste.


Mercredi 1er octobre à 17h

Le Prince de la Ruse d'Henry Barakat (Amir Al Dahaa', 1964)
avec Farid Shawki (Hassan/le Prince de la Ruse), Abdel Halim Khatab (Abdul Jalil), Shweikar (Yasmine), Tawfik El Deken (Gafar), Naima Akef (Zumarad), Mahmoud Morsi (le chef de la police), Hussein Asar (Sheikh Fadel), Omar Afifi (Sheikh Al Mansour), Abdel Rahim El Zarakany (le gouverneur), Ahmed Loxer (Chahine), Hassan Al Baroudi (Metwali), Ibrahim Hechmat (le père d’Hassan), Mohamed Faraj (l’assistant du Prince de la Ruse), Kanaan Wasfy (Raïs Ismaïl), Shafik Nour El Din (Sheikh Galal), Shaladimo (le gardien de prison)
Seconde adaptation réalisée par Henry Barakat du Comte de Monté Christo, roman d’Alexandre Dumas (La première date de 1950.)
Scénario et dialogues : Youssef Issa et Henry Barakat
Musique : Michel Youssef et Ahmed Sedky
Production : Henry Barakat


Hassan El Hilaly est arrêté le jour de son mariage à la suite d’une dénonciation calomnieuse de trois de ses ennemis. Il est emprisonné sans jugement dans un cachot. En creusant un trou dans l’un des murs de sa cellule, il parvient à entrer en communication avec un autre prisonnier. C’est un très vieil homme à la vaste culture. Pendant toutes ses années de détention, Hassan va acquérir grâce à lui des connaissances dans tous les domaines du savoir. Avant de mourir, son compagnon lui révèle l’emplacement d’un trésor qu’il a caché avant d’être condamné. Hassan est libéré. Il récupère le trésor de son ami et retourne dans sa ville pour se venger de ceux qui l’avaient dénoncé.

Notre avis : Henry Barakat propose une nouvelle version de son film de 1950, en technicolor et avec tout le faste des superproductions hollywoodiennes. Le titre a changé, « Le Prince de la Vengeance » est devenu « Le Prince de la Ruse », mais l’intrigue est la même. Farid Shawki est le seul acteur de la première équipe que l’on retrouve dans cette version de 1964. Et il bénéficie d’une belle promotion puisqu’il obtient le rôle principal alors que dans le film de 1950, il jouait Gafar, l’un des ennemis du héros. Farid Shawki apporte au personnage d’Hassan toute sa puissance, toute son énergie et surtout un naturel qui tranche avec le jeu grandiloquent d’Anwar Wagdi dans la version précédente. Malgré cela, cette seconde adaptation n’égale pas la première : il y manque le souffle romanesque et l’atmosphère poétique qui faisaient le charme du « Prince de la Vengeance ». Naïma Akef , l’une des plus grandes stars de la comédie musicale des années 50, fait sa dernière apparition à l’écran dans ce film. Elle reprend le rôle de Samia Gamal et elle danse avec la même sensualité et la même virtuosité que son aînée. Elle meurt deux ans plus tard, en 1966, vaincue par le cancer à l’âge de trente-six ans.