Quels films peut-on voir sur la chaîne Rotana Classic ? Les horaires donnés sont ceux de l'après-midi ou de la soirée (heure de Paris). La plupart des films sont ensuite rediffusés le lendemain matin.
Rotana Classic a remplacé Rotana Zaman en 2012. Cette chaine fait partie du groupe Rotana basé en Arabie Saoudite et spécialisé dans le divertissement (télévision et musique). Celui-ci a été créé par le prince Al-Walid ben Talal ben Abdelaziz Al Saoud, membre de la dynastie Al Saoud et petit-fils du fondateur de l'Arabie Saoudite. Comme son nom l’indique, Rotana Classic diffuse essentiellement les grands classiques du cinéma égyptien. Disponible en France.
Mardi 31 décembre à 18h30
Le Chant Immortel d'Henry Barakat (Lahn Al-Khuloud, 1952)
avec Farid Al Atrache (Wahid), Faten Hamama (Wafaa Riad Hamdy), Salah Nazmi (Rashad Riad Hamdy), Serag Mounir (Abdel Halim, le père de Siham), Magda (Sana Riad Hamdy), Madiha Yousri (Siham Abdel Halim), Zaki Ibrahim (Riad Hamdy), Thurya Salem (la danseuse Houria, maîtresse de Rashad)), Kittie (danseuse), Adly Kasseb (le cardiologue), Abdel Hamid Zaki (le barman)
Scénario : Henri Barakat et Youssef Issa
Musique : Farid Al Atrache et Abdel Aziz Salam
Auteurs des chansons : Mamoun El Shenawy et Saleh Jawdat
Wahid est musicien et pour trouver l’inspiration il se rend souvent chez son vieil ami Riad Hamdy qui habite une grand maison au bord de la mer. C’est là qu’il retrouve les deux filles de son hôte, Wafaa et Sanah ainsi que son fils Rashad. Les trois enfants sont devenus de jeunes adultes et l’amour que Wafaa éprouve pour Wahid n’a fait que croître au fil des ans. Malheureusement pour elle, le musicien continue à la considérer comme la petite fille d’autrefois. De son côté, Rashad est devenu un jeune homme peu recommandable. Il a sans cesse besoin d’argent notamment pour gâter sa maîtresse, la danseuse Houria. Il a promis la main de Wafaa à l’un de ses créanciers mais celui-ci s’impatiente et se montre moins généreux. Le drame survient : Riad Hamdy est retrouvé mort dans son bureau. Le tiroir de la table a été fracturé et l’argent qui s’y trouvait a disparu. Cet argent était destiné à financer le mariage de Wafaa et de Sanah. C’est ce vol qui a causé l’arrêt cardiaque dont est mort Riad Hamdi. Wahid prévient l’oncle des trois enfants. Celui-ci accueille ses nièces et son neveu dans sa grande maison. Avec lui, vit sa fille, Siham, une ravissante demoiselle qui est tombée sous le charme du musicien. Ce dernier n’est pas non plus insensible à la beauté de Siham. On parle de mariage, au grand désespoir de Wafaa…
Notre avis : « Le Chant Immortel » est le premier film dans lequel joue Farid Al Atrache depuis sa rupture avec Samia Gamal. Ils étaient encore ensemble en cette même année 1952 pour l’excellente comédie musicale « Ne le Dis à Personne » elle aussi réalisée par Henry Barakat. Avec ce nouveau film, changement radical d’atmosphère : nous sommes dans le drame, dans l’émotion avec des histoires d’amours croisées et des jeunes filles sentimentales au cœur trop fragile. Le récit est ponctué de nombreuses chansons mélancoliques composées et interprétées par Farid Al Atrache. Pendant le tournage, Henry Barakat avait confié à Faten Hamama qu’il trouvait les chansons un peu longues et qu’elles risquaient de plomber le rythme du film. Sur ce point, on ne peut lui donner tort.
Lundi 30 décembre à 18h30
Histoire d’un Mariage d'Hassan El Seifi (Hekayet Gawaz, 1964)
avec Soad Hosny (Adila Mansour), Shukry Sarhan (Mohamed), Mary Moneib (Aziza, la mère d’Adila), Amina Rizq (Karima, la mère de Mohamed), Hassan Youssef (Hassan Mansour), Hassan Fayek (Mansour), Amal Farid (Mona), Aziza Helmy (la mère de Mona), Seham Fathy (Seham), Kawthar Shafik (Kawthar), Soheir Zaky (danseuse), Baligh Habashy (docteur Shouqi), Engy Ismail (une amie d’Adila)
Scénario : Mohamed Othman
Production : Naguib Khoury Films
Mohamed est amoureux de sa voisine, Adila Mansour. Ils sont fiancés et Mohamed a hâte que le mariage soit célébré car c’est un homme très jaloux qui enrage de voir sa promise sortir seule dans des tenues légères. Hassan, le frère d’Adila lui aussi fréquente une jeune fille mais la mère de celle-ci s’oppose à cette union : elle souhaite que sa fille épouse son cousin, le docteur Shouqi. Pour Adila et Mohamed, le grand jour est arrivé. Ils se marient enfin. Leur bonheur est total mais une nouvelle vient tout bouleverser. Alors que la fête bat son plein, on apprend que Mohamed doit pour des raisons professionnelles s’installer au Mont Ataqah sur la Mer Rouge. La mère d’Adila refuse catégoriquement que sa fille suive son mari pour une destination si lointaine. Afin d’empêcher la consommation du mariage, la vieille femme s’installe dans la chambre des deux jeunes mariés qui devront passer leur première nuit séparés. Le lendemain matin, Mohamed se rend accompagné de sa mère chez ses beaux-parents pour chercher Adila mais sa belle-mère reste intraitable et entre eux le ton monte. La mère de Mohamed est bouleversée par la violence des échanges. Elle s’évanouit…
Notre avis : une comédie gentillette sur un thème rebattu : la tyrannie que les mères exercent sur leurs filles même après le mariage de celles-ci. Toute l’intrigue repose sur les stratagèmes mis en place par Adila et Mohamed pour échapper à la surveillance de la mère de la jeune fille. Et après bien des échecs, l’amour finira par l’emporter. Mais pour cela, il faudra que le père d’Adila enfin se dresse contre sa femme et lui ordonne de ne plus s’opposer au bonheur de leurs enfants. La morale est claire : quand l’homme s’en mêle, les choses s’arrangent. On pourra légitimement trouver cette morale « un peu » misogyne. A ce propos, on pourra aussi s’étonner qu’Adila ait choisi comme époux ce Mohamed qui est d’une jalousie maladive. Dans la première scène, alors qu’elle joue au tennis, il se précipite sur elle et lui prend violemment le bras car il ne supporte pas de la voir arborer une tenue aussi légère en public. Et dans l’une des dernière scènes, il la gifle car elle a osé danser avec un inconnu. Elle lui pardonne mais tout cela n’augure rien de bon ! Malgré ces réserves, on peut se laisser tenter pour Soad Hosny qui est parfaite dans ce rôle de jeune fille à l’aube de sa vie de femme.
Dimanche 29 décembre à 18h30
Fils d’Aristocrates d’Hassan El Seifi (Ibn Zawat, 1953)
avec Ismail Yassin (Ismaïl), Kitty (Kitty), Abdel Salam El Nabolsi (Sharif, l’ami d’Ismaïl), Nagah Salam (Nagah), Serag Mounir (Hafez), Mimi Chakib (Amina, la femme d’Hafez), Zouzou Chakib (une femme de ménage), Stephan Rosty (Shimon Licha), Mohamed El Tabei (Kabir Al Rahimiya, l’oncle d’Ismaïl), El Sayed Bedeir (Abdel Moujoud, le cousin d’Ismaïl), Omar El Gizawy (le serviteur de Kabir Al Rahimiya), Mohamed Kandeil (le chanteur)
Scénario et dialogues : Zaky Saleh, Stephan Rosty, Hassan Al Seifi
Paroles des chansons : Fathy Koura, Galil Al Bendary, Abdel Wahab Youssef
Musique : Abdel Aziz Mahmoud, Kamal Al Taweil, Mohamed Abdel Wahab, Ali Farrag,
Production : Les films Misr Algadida et les films Seraj Mounir
Comédie musicale Ismaïl est un jeune homme qui mène la grande vie au Caire. Il dépense sans compter et accumule les dettes. Son oncle, un homme de la campagne attaché aux traditions veut y mettre bon ordre. Il décide de se rendre au Caire avec son fils et l’un de ses serviteurs pour trouver à son neveu fantasque une épouse qui saura le remettre dans le droit chemin. Quand les trois campagnards se présentent chez Ismaïl, celui-ci donne une grande fête avec la participation de la danseuse Kitty. L’oncle présente à son neveu la lettre qu’il a reçue de l’un de ses créanciers. Ce dernier menace de porter plainte et son oncle n’aidera pas Ismaïl si celui-ci ne se marie pas au plus vite. Le jeune homme ne peut que se soumettre. L’oncle se rend aussitôt chez un ami qui a une fille à marier. Il va tout entreprendre pour que le père accepte son neveu comme gendre. Pendant ce temps-là, Ismaïl a retrouvé son ami Sharif dans le cabaret où se produit la danseuse Kitty. C’est là qu’il découvre une jeune chanteuse dont il tombe aussitôt amoureux …
Notre avis : en 1953, Hassan El Seifi sort ses trois premiers films comme réalisateur à part entière. Ce «Fils d’Aristocrates» est donc l’œuvre d’un tout jeune cinéaste (même s’il a commencé à travailler comme assistant dès 1945, huit ans auparavant). Tout n’est pas réussi dans cette comédie musicale. L’intrigue repose sur un quiproquo qui traîne en longueur, les scènes de conciliabules se succèdent au détriment de l’action, et Ismaïl Yassin fait du Ismaïl Yassin sans modération. Heureusement, il y a Kitty ! Dans son précédent film « Vous êtes témoins », Hassan El Seifi avait très mal exploité le talent de la danseuse d’origine grecque. Cette fois-ci, il lui a confié un véritable rôle et ses chorégraphies sont beaucoup plus élaborées que dans le film précédent (Elles rappellent en plus modeste et en moins glamour celles des comédies musicales de Naima Akef.). La présence de Kitty apporte une fougue à un récit qui sans elle en aurait cruellement manqué. Au final, un ensemble plutôt sympathique.
Le Retour de l’Homme le plus Dangereux du Monde de Mahmoud Farid (Awdat Akhtar Ragol fil Alam, 1972)
avec Fouad El-Mohandes (Monsieur X/l’employé de la compagnie d’assurance), Mervat Amine (la fiancée de l’employé de la compagnie d’assurance), Brigitte Omar (Rita, l’assistante du représentant d’Interpol), Samir Sabri (le Major Wahid), Souad Hussein (Madame Soussa), Salah Nazmi (le chef de la police), Salama Elias (le directeur de la compagnie d’assurance), Kanaan Wasfy (Marcelo, le bras droit de Monsieur X), Wafik Fahmy (le maharaja indien), Ali Gohar (le représentant d’Interpol), Afaf Wagdy (Mona), Samir Rostom (Luciano)
Scénario et dialogues : Anwar Abd-Allah
Musique : Bakhit Bayoumy, Fathy Qoura, Khaled El-Amir
Comédie. Mister X et ses hommes quittent Chicago pour se rendre au Caire. Ils ont appris qu’un très riche Maharajah était descendu dans un grand hôtel de la capitale égyptienne avec dans ses valises, le plus gros diamant du monde. Les redoutables gangsters s’installent dans le même hôtel et préparent leur hold-up. Pour assurer la protection du richissime indien, des membres de la police américaine sont venus aider leurs collègues cairotes. Mais au même moment, un employé d’une société d’assurance fait son apparition dans l’hôtel : il souhaite contacter le Maharajah afin de lui faire signer une police d’assurance. Ce qui va singulièrement compliquer la situation pour toutes les parties en présence, c’est que l’assureur est le sosie de Mister X…
Dans ce film, Fouad El Mohandes reprend le rôle de Mister X qu’il avait joué une première fois en 1967 dans le film de Niazi Mostafa, L’Homme le Plus Dangereux du Monde.
Notre avis : les auteurs de ce film se sont visiblement inspirés d’ "Attention à votre portefeuille" de Mahmoud Ismaïl (Eweaa al Mahfaza, 1949) dont ils reprennent un certain nombre d’éléments. Cela dit, « Le Retour de l’Homme le Plus Dangereux du Monde » n’est absolument pas un remake mais une comédie originale, ancrée dans son époque et multipliant les références. L’atmosphère rappelle certaines séries anglo-saxonnes comme « Mission impossible », pour le recours aux technologies « modernes », ou « Chapeau Melon et Bottes de Cuir » pour l’humour et le ton parodique. Fouad El Mohandes et Mervat Amine forment un duo épatant et ils sont entourés de toute une équipe aussi sympathique que talentueuse. Mervat Amine ne se contente pas d’être la plus belle actrice des années soixante-dix ; elle est aussi une très grande comédienne qui peut tout jouer quel que soit le genre ou le registre. Dans ce film, elle nous gratifie même d’un numéro de danse orientale. On aurait vraiment tort de passer à côté.
Vendredi 27 décembre à 18h30
avec Adel Imam (Capitaine Galal, le professeur de plongée), Yousra (Fatima l'institutrice), Ahmed Rateb (Bibars), Hatem Zulficar (Mahmoud, le collègue de Fatima), Noha El Amrousy (Hamido), Gamal Ismail (Hamed, le propriétaire du bateau des plongeurs), Nader Galal (le directeur du centre de plongée), Mustafa Metwali (le contrebandier propriétaire du navire coulé), Saïd Tarabik (le capitaine du navire des contrebandiers), Aiman Abdel Rahman (un officier de police), Adel Helal (un contrebandier)
Scénario : Khaled Al Banna
Musique : Moudi Al Imam
Production : Nader Galal et Saïd Shimi
Adaptation du film américain Les Grands Fonds (1977) de Peter Yates
Une institutrice se retrouve en possession d’une carte qui indique l’emplacement d’une épave gisant au fond de la mer Rouge, près de l’île du Diable. Dans la carcasse du navire, des trafiquants ont dissimulé tout un trésor. Celui qui lui a remis ce précieux document, c'est le capitaine du bateau qui était son voisin et qui sera exécuté par ses anciens complices. Avec un petit groupe d’amis, l’institutrice décide de récupérer le butin. Ils s’installent à Hurghada et s’initient à la plongée sous-marine sous la direction d’un plongeur professionnel très expérimenté malgré son alcoolisme. Les gangsters, propriétaires légitimes du magot sont eux aussi à sa recherche et leur route ne tardera pas à croiser celle de nos chasseurs de trésor amateurs…
Notre avis : ce remake a tous les défauts de l’original américain : un rythme très lent, une intrigue convenue et des séquences sous-marines qui se distinguent par leur absolue platitude. Dans la version de Nader Galal, l’esthétique de ces séquences est très proche de celle des petits films tournés autrefois en super 8 par des touristes passionnés par les poissons et les algues. Voir Adel Imam en plongeur professionnel avec bandana autour du crâne peut surprendre mais il faut reconnaître qu’il parvient à incarner son personnage avec une certaine conviction. Cela ne suffira pas à justifier ce remake poussif d’un film insignifiant.
Jeudi 26 décembre à 22h
Wakalet Al Balah d'Houssam Al Din Mustafa (1982)
avec Nadia El Gendy (Naïma), Mahmoud Yassin (Abdallah), Mahmoud Abdel Aziz (Abdoun), Wahid Seif (Maître Riad Al-Dabash), Sayed Zayan (Maître Haloumi Al Gach), Somaya El Alfy (Mervat), Ahmed Loxer (Amgad Bey), Mohamed El Shewihy (le sorcier), Hafez Amin (Cheikh Makhlouf), Medhat Ghaly (le médecin)
Scénario : Mostafa Moharam
D’après une nouvelle de Naguib Mahfouz (tirée du recueil L’Amour au Pied des Pyramides)
Musique : Gamal Salamah
Naïma est une commerçante fortunée qui domine le grand marché de Wekalet Al Balah. C’est une femme dure en affaires et elle est prête à tout pour se débarrasser d’un concurrent. Malgré sa réussite professionnelle, elle n’est pas heureuse : la solitude lui pèse. Elle jette son dévolu sur Abdallah, un jeune homme pauvre qui est l’un de ses employés. Elle l’épouse et lui confie la direction de ses affaires. Progressivement, Abdallah découvre la vraie personnalité de Naïma et il décide de la quitter…
Notre avis : dans les années 80, Nadia EL Gendy est l’une des actrices les plus populaires d’Egypte et tous ses films battent des records au box office arabe. On va voir le dernier Nadia El Gendy comme en France on va voir le dernier Belmondo. Entre 1980 et 1985, l’actrice va tourner quatre films avec Houssam Al Din Mustafa. Et à chaque fois, on retrouve le même canevas : grâce à son ambition et à sa ténacité, une femme parvient à s’imposer dans le monde des affaires (licites ou non) et à dominer les hommes qui travaillent pour elle. L’intérêt de cet opus réside essentiellement dans la seconde partie qui nous conte la chute de l’héroïne. Nadia El Gendy y adopte un jeu plus nuancé, plus vrai qu’à l’ordinaire.
Mercredi 25 décembre à 18h30
Héros jusqu'au bout d'Houssam Al Din Mustafa (Batal lil Nihaya (1963)
avec Farid Shawki (Ibrahim), Laila Taher (la femme d’Ibrahim), Mahmoud El-Meleigy (Hafez Amin), Tawfik El Deken (un complice d’Hafez Amin), Zin El Ashmawy (Rashad, un membre du gang), Lotfi Abdel Hamid (un membre du gang), Nahed Samir, Ali Roshdy (l’ingénieur Ahmed Abdo), Helen (Helen, la maîtresse d’Hafez Amin), Nazim Sharawi (le chef de la police), Mohamed El Dafrawi (officier de police), Khristo Kladakis (le mari d’Helen), Ikram Ezzo (une petite fille), Abdel Badi El Arabi (Sayed Bey), Mohsen Hassanein (Omari membre du gang), Fayek Bahgat (vendeur de cigarettes, membre du gang)
Scénario et dialogues : Ali El-Zorkani
Musique : emprunt de la musique composée par André Previn pour le film de Vincente Minnelli Les 4 cavaliers de l’Apocalypse (1962)
Production : Les films Gamal Al Leithi
Thriller. Hafez Amin préside et finance une association qui gère un orphelinat à Alexandrie. C’est un homme estimé. En fait cette honorable fonction au sein d’une œuvre de bienfaisance est une couverture pour dissimuler ses activités criminelles : il est à la tête d’un gang dont la spécialité est le kidnapping des enfants de familles fortunées. Il s’en prend notamment aux personnalités qui composent le conseil d’administration de son orphelinat. Il les menace d’enlever leur enfant s’ils refusent de payer la rançon demandée. La plupart des familles accepte le marché et se garde bien de prévenir la police. Cette dernière finit par être alertée. On fait appel à Ibrahim, un ancien gangster qui a payé sa dette à la société, pour qu’il s’infiltre dans l’organisation criminelle…
Notre avis : un nouvel exemple de l’influence du cinéma américain des années cinquante sur le réalisateur Houssam Al Din Mustafa. « Héros jusqu’au bout » est une honnête série B avec une mise en scène qui privilégie l’action :des poursuites, des bagarres et pas de temps mort. Tawfik El Deken s’en donne à cœur joie dans son rôle de méchant pervers et sadique. Quant à Mahmoud El Meleigy, l’autre grand criminel du cinéma égyptien, il est excellent en chef de gang mené par le bout du nez par sa jeune maîtresse. Le héros du film, c’est Farid Shawki qui l’incarne et il défend avec toute l’énergie dont il est capable cette figure bien conventionnelle de l’ancien malfrat devenu le protecteur de la veuve et de l’orphelin.
Mardi 24 décembre à 16h
Le Pain Quotidien de Niazi Mostafa (Lukmet el aish, 1960)
avec Salah Zulficar (Mohsen), Maha Sabry (Samia), Adel Khairy (Fathy), Zouzou Madi (Madame Monira, la propriétaire de la pension), Hassan Fayek (le père de Samia), Said Abou Bakr (Basiony, le cousin de Samia), Abdel Halim Khattab (Ghazal, l’ancien gestionnaire du domaine), Houda Tawfiq (Kawthar, la fiancée de Fathy), Salwa Mahmoud (Mabrouka, une paysanne), Abbas Rahmy (le médecin)
Scénario : Abdel Fattah El Sayed, Mostafa Fouad, Niazi Mostafa
Musique de générique : Steve Bretton (Becky)
Production : Les Films du Nouveau Monde (Mostafa Hassan)
Fathy et Moshen sont deux amis sans emploi. Il leur faut trouver de l’argent au plus vite pour payer la pension dans laquelle ils résident. Mohsen tombe sur une petite annonce dans un journal : une entreprise agricole recherche un responsable technique. Il se rend à l’adresse indiquée. En chemin, il sauve une jeune femme qui s’apprêtait à être piétinée par un troupeau de vaches. Ils font connaissance. Elle s’appelle Samia et elle est la fille du propriétaire du domaine où se rend Moshen. Elle est aussitôt tombée amoureuse de son sauveur et elle espère bien qu’il sera embauché. Mohsen passe avec succès les épreuves auxquelles on soumet tous les candidats mais pour obtenir le poste, il doit remplir une dernière condition, être marié. La solution est toute trouvée : Fahti s’habillera en femme et se fera passer pour l’épouse de son compagnon…
Notre avis : une comédie divertissante reposant sur un procédé qui n’est pas bien original : le travestissement de l’un des héros. Cela nous vaut un certain nombre de gags qu’on a déjà vus et qu’on reverra, les auteurs de comédies ne se lassant pas de ce ressort comique depuis la fameuse prestation d’Ismaïl Yassin dans "Mademoiselle Hanafi". Dans notre film, c’est à Adel Khairy* qu’échoit la charge de revêtir la robe et il ne s’en sort pas si mal. Ce « Pain Quotidien » se regarde sans déplaisir, en grande partie grâce à la présence de Maha Sabri, l’une des plus jolies actrices de l’époque, qui joue et chante à ravir.
*Adel Khairy est une figure attachante du monde artistique. Multi diplômé en droit, en économie et en théologie, il choisit la carrière théâtrale au milieu des années cinquante. Il jouera dans une quinzaine de pièces mais dans deux films seulement. Il mourra à l’âge de trente-deux ans.
À la recherche du scandale de Niaizi Mostafa (Albahth A'n Fediha, 1973)
avec Adel Imam (Magdy), Mervat Amine (Hanan), Samir Sabri (Sami), Hamdi Salem (le père de Sami), Youssef Wahby (le père d’Hanan), Nagi Anglo (Rico, le cousin d’Hanan), Ahmed Ramzy (Fakry), Imad Hamdi (le père de Sana), Zizi El Badraoui (Sana), Mohamed Reda (Abou Sari), Nawal Abou El Foutouh (la femme mariée), Salah Nazmi (le mari de la femme mariée), Tawfik El Deken (Saber), Hassan Hamed (le cambrioleur), Nagwa Fouad (elle-même), Zouzou Madi (la mère de Sana), George Sedhom (Abdel Azim), Mimi Chakib (la mère de Hanan), Angel Aram (Mona), Sayed Ibrahim (le père de Mona), Mohamed Awad (Aziz), Rakia Damati (la secrétaire), Mohamed Farid (le barman), Naguib Abdo (le dentiste)
Scénario : Farouk Sabry et Abou Al Seoud Al Ebiary
Musique : Samir Sabri et Ahmed Hamouda
Production : Gamal Al-Leithi
Ce film est inspiré d'une comédie américaine réalisée par Gene Kelly en 1967, Petit guide pour mari volage (A Guide for the Married Man).
Magdy quitte son village pour travailler au Caire comme ingénieur. Avant son départ, son père lui donne ses dernières instructions : pour l’honneur de la famille, il faut qu’il se marie au plus vite. Dans la capitale, c’est son collègue Sami qui va l’aider à trouver une fiancée. Celui-ci invite Magdy à l’accompagner dans un club de loisirs qu’il fréquente régulièrement. Le petit provincial repère aussitôt une jeune fille très belle. Il en tombe amoureux fou. Ce sera sa future femme ! Sami lui conseille d’abord de s’assurer qu’elle est bien libre. Après une petite enquête, ils apprennent que la jolie inconnue s’appelle Hanan, qu’elle est célibataire et qu’elle vit chez ses parents. Détail plus embêtant : sa mère souhaite qu’elle épouse l’un de ses cousins.
Sami propose à Magdy une première méthode d’approche. Alors que la jeune femme quitte le parking du club au volant de sa voiture, il s’agit de se jeter devant le véhicule, de rouler sur le capot et enfin de tomber à terre en feignant d’éprouver mille souffrances. Rien ne se passe comme prévu : la chute de Magdy est si maladroite que Hanan n’a aucune pitié pour sa « victime ». Elle est même furieuse. Pire encore : deux jeunes hommes qui ont assisté à la scène prennent notre héros pour un fâcheux sans éducation et le rossent de façon sévère. Evidemment, l’aspirant au mariage et son conseiller ne s’avouent pas vaincus.
Notre avis : pour la première fois dans sa carrière, ’Adel Imam obtient le rôle principal dans un film. Et pour cette comédie romantique, sa partenaire n’est autre que la sublime Mervat Amine, plus belle que jamais. Voilà un jeune acteur comblé ! Si "A la Recherche du Scandale" comporte quelques bons moments, la succession de gags faciles et donc prévisibles finit par lasser. On notera aussi un défaut de structure. Le film ressemble un peu à une comédie à sketches. En effet, le cinéaste et son scénariste ont inséré dans leur récit de courtes séquences réalisées avec la collaboration de « guest stars ». Mais cela fonctionne mal : ces saynètes d’un intérêt très inégal (Celle avec George Sedhom est particulièrement inepte.) cassent le rythme de l’histoire principale sans lui apporter grand-chose.
On remarquera enfin que Niazi Mostafa a fait des emprunts évidents à "Chuchotements d’Amour" de Fateen Abdel Wahab, notamment avec le personnage du père, joué dans les deux films par Youssef Wahbi et celui du cousin « yéyé ». "A la Recherche du Scandale" nous aura au moins permis d’entendre Samir Sabri chanter une version arabe du tube des Middle of The Road, "Chirpy Chirpy Cheep Cheep". Il est à la piscine entouré de nombreux danseurs et la scène rappellera aux plus anciens les émissions de variétés des années 70 conçues par les producteurs français Maritie et Gilbert Carpentier !
Dimanche 22 décembre à 18h30
La Lanterne Magique de Fateen Abdel Wahab (Al Fanous Al Serhi, 1960)
avec Ismaël Yassin (Moustafa), Abdel Salam Al Nabulsi (Morsi, le directeur du magasin), Sherifa Mahear (Mimi, la femme de Morsi), Cariman (Nahed, la secrétaire), Ikram Ezzo (la petite fille), Mahmoud Farag (le génie), Khayria Ahmed (la femme de chambre), Nazim Sharawi (le président du conseil d’administration), Omar Afifi (le père de Nahed), Mohamed Reda (le psychiatre), Badr Nofal (le client qui souhaite acheter un pyjama), Nemat Mokhtar (danseuse), Zeinat Olwi (danseuse), George Yordanis (le serveur), Mimi Gamal (invitée à la fête donnée par Morsi)
Scénario : Abou Al Seoud Al Ebiary
Musique : on peut entendre dans le film, Bob Azzam et son orchestre interpréter leur tube international « Chérie Je t’aime Ya Mustafa ». C’est l’adaptation d’une chanson traditionnelle égyptienne dont plusieurs compositeurs se sont disputés la paternité.
Production : la Compagnie du Cinéma Arabe
appréciation : 3/5
Comédie fantastique. Moustafa travaille comme homme d’entretien dans un grand magasin. Il est amoureux de l’une des employées qui s’est toujours montrée gentille à son égard. Malheureusement, le directeur du magasin, homme autoritaire et irascible, ne cesse de le persécuter. Un soir, Moustafa rapporte chez lui une lanterne. En sort un génie qui lui promet de réaliser tous ses rêves. D’abord incrédule, Moustafa finit par tenter l’expérience. Il commande un repas pantagruélique qui lui est aussitôt servi. Le génie n’a pas menti. Pour le petit employé, c’est la belle vie qui commence. Les soirs suivants, il sort dans des boîtes de nuit où il s’enivre et distribue des liasses de billets à tous ceux qu’ils rencontrent. Il finit par demander à prendre la place de son directeur. Evidemment, il l’obtient aussitôt. Mais l’ex-directeur n’est pas homme à se laisser faire sans réagir et Moustafa est trop bavard. Lors d’une soirée, ce dernier explique comment son destin a subitement changé grâce à une lanterne magique. Le directeur déchu s’introduit dans l’appartement du nouveau. Il dérobe la lanterne et le lendemain, il retrouve son fauteuil de direction. Mais le génie ne laissera pas tomber Moustafa…
Notre avis : cette comédie réunit à nouveau l’équipe à qui l’on doit tant de succès dans les années cinquante : le réalisateur Fateen Abdel Wahab, le scénariste Abou Al Seoud Al Ebiary ainsi que les deux acteurs comiques Ismaël Yassin et Abdel Salam Al Nabulsi. Pour ces deux derniers, c’est quasiment la fin de leur fructueuse (dans tous les sens du terme !) collaboration. Par la suite, ils n’auront l’occasion de jouer ensemble que deux fois, en 1962 et en 1967 tandis que leurs carrières respectives déclinent inexorablement. Abdel Salam Al Nabulsi meurt en 1968 et Ismaël Yassin en 1972. Cette « Lanterne Magique » apparaît un peu comme leur chant du cygne. Ce n’est pas d’une folle originalité et le scénariste s’est inspiré de manière évidente de nombreuses œuvres antérieures. Il n’empêche que ce film se laisse voir sans déplaisir et on rit de bon cœur (on peut aussi se contenter de sourire) au spectacle des déconvenues qui ne cesse de tomber sur la tête de ce petit patron tyrannique (Abdel Salam Al Nabulsi) mené par le bout du nez par son épouse aux formes sculpturales et au caractère bien trempé (Sherifa Mahear). Les deux acteurs vedettes du film rivalisent d’énergie et de fantaisie. Bien sûr, ils ont tendance à abuser des tics et des grimaces qui ont fait leur popularité mais ils jouent avec une telle sincérité et on sent un tel désir de séduire leur public qu’on ne peut leur en vouloir et qu’on doit par-dessus tout reconnaître leur immense talent. Grâce à sa prestation comme génie de la lanterne magique, Mahmoud Farag, le Monsieur Muscle du cinéma égyptien, deviendra lui aussi une vedette à part entière.
Méfie-toi de Hawa de Fateen Abdel Wahab (Ah min Hawwa, 1962)
avec Rushdy Abaza (docteur Hassan), Madiha Salem (Nadia, la sœur d’Amira), Abdel Moneim Ibrahim (Limaï), Aziza Helmy, Awatif Tikla (Fatia, la servante), Hussein Riad (le grand-père d’Amira), Loubna Abdel Aziz (Amira), Hussein Ismaïl (l’assistant du docteur Hassan), Nahed Sabri (danseuse)
Scénario et dialogues : Mohamed Abou Youssef
Musique : Ali Ismaïl
Production : Ramses Naguib
Une adaptation moderne de la Mégère Apprivoisée de William Shakespeare. Docteur Hassan Shukri est un vétérinaire qui doit s’installer chez un riche propriétaire terrien pour soigner les animaux du domaine. Sur la route, il porte secours à une jeune femme dont la grosse voiture est tombée en panne. La conductrice se montre agressive, traitant le docteur Hassan comme un domestique. Celui-ci découvre peu après que cette charmante personne est Amira, la petite-fille de son employeur. Le vétérinaire fait aussi la connaissance de Nadia, la jeune sœur du dragon qui, contrairement à Amira, est une fille douce et agréable. Nadia a un petit ami mais son grand-père refuse qu’elle se marie tant qu’Amira n’a pas trouvé un époux. Malheureusement, le mauvais caractère d’Amira décourage tous les prétendants qui se présentent. Le docteur Hassan promet au grand-père de l’aider à dresser sa petite-fille. Il la traite tout de suite sans ménagement ce qui déconcerte Amira habituée à plus d’égards. L’attitude cavalière du vétérinaire finit même par l’exaspérer, à tel point qu’un soir elle accuse le docteur Hassan de l’avoir agressée et d’avoir tenté de la violer. Son grand-père sait que c’est faux. Avec le vétérinaire, il monte alors une petite comédie pour donner à la menteuse une bonne leçon : afin de laver l’honneur de la famille, Amira doit épouser son agresseur !
Notre avis : dans cette adaptation très libre de « la Mégère Apprivoisé »e de William Shakespeare, Fateen Abdel Wahab évite tous les pièges qu’un tel sujet pouvait comporter et se garde de toute misogynie grossière. Il nous conte avec élégance et ironie toutes les épreuves que s’imposent les deux héros et parvient à capter notre attention jusqu’à l’inévitable « happy end ». C’est une comédie à l’italienne dont la réussite repose en grande partie sur le talent de ses deux vedettes. Rushdy Abaza est toujours juste, sans rien d’affecté ni de forcé dans son jeu. Quant à Loubna Abdel Aziz, on se dit qu’elle avait bien du talent et que c’est vraiment dommage que sa carrière fût si courte. Fateen Abdel Wahab réunira à nouveau les deux acteurs l’année suivante dans « La Mariée du Nil ».
Dans ce film, la voiture de Rushdy Abaza est une 2 cv Citroën. Pour un homme qui était habitué dans la vie comme à l’écran aux grosses limousines américaines, l’expérience a dû sembler bien exotique !
La ruelle du Bergwan d’Hussein Kamal (Harat Borgwan, 1989)
avec Nabila Obeid (Zinat), Hanem Mohamed (la mère de Zinat), Ahmed Abdelaziz (Hassan), Youssef Shabaan (le contremaître), Hamdy Gheith (Saïd Al Prince, le propriétaire de la blanchisserie), Noha El Amrousy (Amal),Olfat Sukar (la mère d’Amal), Ali Omar (le père d’Amal), Adawy Gheith (Cheikh Ashour), Fouad Khalil (Ramadan), Aziza Rached (Fatima), Sana Soliman (Fawzia), Badria Abdel Gawad (Sadia), Salah Awad (le mari de la mère de Zinat), Laila Abdel Hakim (Lola), Abdel Salaam El Dahshan (Fathy), Omran Bahr (le portier)
Scénario et dialogues : Mostafa Moharam
D’après une histoire d’Ismail Waly Eddin
Musique : Ammar El Sherei
Production : Screen 2000
Drame. Zinat est une jeune femme qui vit dans un appartement délabré avec la famille de Ramadan, son mari. Elle ne supporte plus sa belle-sœur et sa belle-mère et elle souhaite déménager. Son mari lui dit qu’il a trouvé un petit appartement mais qu’il n’a pas l’argent nécessaire pour le louer. Zinat propose de vendre ses bijoux. Ramadan refuse mais la jeune femme veut absolument quitter l’appartement familial : elle se sépare de ses bijoux contre une belle somme d’argent qu’elle remet aussitôt à son mari. Mais ce dernier va dépenser le pactole pour s’installer avec la mère de son fils. Zinat surprend le couple alors qu’il est au lit et elle entre dans une fureur noire. La séparation est inévitable, ils divorcent. Elle se retrouve seule, sans travail, sans domicile. Sa mère qui vit misérablement ne peut l’aider. Elle finit par trouver un emploi dans une grande blanchisserie appartenant à Maître Saïd Al Prince. Son père y travaillait autrefois et le propriétaire ému par sa détresse, lui trouve même un logement L’atelier est dirigé par Medhat qui a pour habitude d’abuser de ses employées. Il est très vite attiré par sa nouvelle employée. Celle-ci, peu sensible au charme de son supérieur, repousse fermement ses avances incessantes…
Notre avis : Hussein Kamal met ton son talent au service de la star Nabila Obeid qui apparaît pratiquement dans toutes les scènes du film. En 1989, elle a quarante-quatre ans, près de trente ans de carrière et soixante-six films à son actif. A l'aube de la dernière décennie du siècle, elle tient à montrer à tous qu'il faut toujours compter sur elle et qu'elle peut encore endosser des rôles de femmes fortes et sexy dans de grosses productions. Elle y réussit parfaitement dans ce drame social qui peut sembler un peu convenu.
Jeudi 19 décembre à 22h
La Famille de Zizi de Fateen Abdel Wahab (Aelit Zizi, 1963)
avec Soad Hosny (Sana), Fouad El-Mohandes (Sabawi), Ekram Ezo (Zizi), Aqeila Rateb (la mère), Ahmed Ramzy (Sami), Layla Sheir (Layla, la fille de l’homme d’affaires), Mohamed Sultan (le réalisateur célèbre), Adly Kasseb (l’homme d’affaires), Salwa Saïd (Fawzia), Omar Afifi (Shabrawi), Soheir Zaki (la danseuse)
Scénario : El Sayed Bedir et Lucien Lambert
Musique : Youssef Shouki
Production : Abbas Helmy
Chronique familiale. Zizi est une petite fille de cinq ans, vive et débrouillarde. Elle nous présente sa famille. Sa mère s’occupe seule du foyer et des enfants depuis la mort du père. Ce dernier lui a légué une pension qui permet de faire vivre toute la petite tribu. Sabawi est le frère aîné. Il est ingénieur et il a transformé sa chambre en atelier où il peut réaliser un tas d’expériences. Il vient d’inventer une machine qui transforme le coton en vêtement. Le deuxième fils est Sami, un étudiant en commerce qui délaisse les études pour les bagarres et les filles. Il tombe amoureux de leur voisine Layla et pour lui plaire, il s’initie au yoga. Et enfin, il y a Sana, la grande sœur qui rêve de devenir une actrice célèbre. Elle rencontre un réalisateur dont on devine très vite les mauvaises intentions…
Notre avis : un jour, on s'apercevra que Fateen Abdel Wahab fut l'un des chroniqueurs les plus fins de son époque et qu'à ce titre il doit figurer dans la liste des plus grands réalisateurs du cinéma égyptien. Pour preuve, cette comédie pétillante qui nous conte, avec ironie mais aussi avec empathie, les tribulations de tous les membres d'une famille de la "middle class" aisée. La petite fille est jouée par Ekram Ezo. Celle-ci manifeste une aisance et un naturel peu communs et le succès du film lui doit beaucoup. Grâce à sa prestation, elle va devenir une star du jour au lendemain. Malgré cela, elle mettra un terme à sa carrière trois ans plus tard. Elle avait dix ans ! Dans la dernière partie, on appréciera la reconstitution satirique d’un tournage de film en costumes avec prince et princesse roucoulant dans un palais en carton-pâte.
Mercredi 18 décembre à 18h30
Raya et Sakina de Salah Abou Seif (Raya wa Sakina - 1953)
avec Negma Ibrahim (Raya), Zouzou Hamdy El-Hakim (Sakina), Farid Shawki (le borgne de la bande de Raya et Sakina), Anwar Wagdi (Ahmed Yousri, l'officier de police qui mène l'enquête), Chukry Sarhan (Amin, l'homme qui attire les victimes), Samira Ahmed (Soad), Berlanty Abdel Hamid (fiancée d'Amin et amie de Soad), Saïd Khalil (le mari de Sakina), Reyad El Kasabgy (le mari de Raya), Abdel Hamid Zaki (le père de Dalal), Malika El Gamal (la mère de Bassima, une victime du gang), Zeinat Olwi (la danseuse), Suleiman El Gindy (le petit frère de Soad), Shafik Nour El Din (le coiffeur)
Scénario : Naguib Mahfouz, Salah Abou Seif
D’après une histoire de Lotfi Othman
Dialogues : El Sayed Bedeir
Musique : Ahmed Sedky et Hussein GuenidProduction : Ramses Naguib
appréciation : 4/5
Alexandrie a peur. Depuis quelque temps des femmes disparaissent dans des conditions mystérieuses. On compte pour l'instant 26 victimes mais nul doute que la liste ne va pas tarder à s'allonger. Ahmed Yousri, le chef du service des affaires criminelles, dirige l'enquête. Pour entrer en contact avec les kidnappeurs, il se déguise en marin et fréquente les cafés et les cabarets des quartiers populaires. Il va très vite obtenir de précieuses informations. L'un des premiers suspects est Amin, un séduiant jeune homme, employé de bureau dans un abattoir...
Ce film évoque un fait divers qui défraya la chronique en Egypte au début des années 20.
Notre avis : un excellent thriller écrit par le prix Nobel de littérature et pour lequel Salah Abou Seif a appliqué les recettes du film noir américain : une intrigue épurée, une atmosphère inquiétante et une mise en scène nerveuse qui privilégie l'action.
On pourra s'étonner du choix d'Anwar Wagdi pour incarner l'officier de police chargé de l'enquête. Certes, il jouit à l'époque d'une célébrité peu commune, et comme acteur et comme réalisateur, mais son univers est plutôt celui de la comédie ou du drame sentimental, bien loin du réalisme cher à Salah Abou Seif. A noter, qu'en cette même année 52, Anwar Wagdi joue à nouveau un inspecteur de police dans « Le Tigre », une comédie musicale d'Hussein Fawzy et que deux ans plus tard, en 1954, Salah Abou Seif l'engage une nouvelle fois pour jouer un enquêteur dans « Le Monstre ». (Anwar Wagdi avait une prédilection certaine pour l'uniforme !)
Auprès de l'acteur, on trouve deux toutes jeunes actrices promises à de belles carrières, Samirah Ahmed et Berlanti Abdel Hamid qui au moment du tournage ont respectivement 14 et 17 ans.
Mardi 17 décembre à 22h
Amira mon Amour d'Hassan Al Imam (Amira Houbi Ana, 1975)
avec Soad Hosny (Amira Salem), Hussein Fahmy (Adel Naguib), Soheir Al Babli (la femme d’Adel), Imad Hamdi (le directeur de l’administration et beau-père d’Adel), Karima Mokhtar (la mère d’Amira), Samir Ghanem (Taher Hamouda, un collègue d’Amira), Hassan Mostafa (le supérieur hiérarchique d’Amira), Hesham El Ashry (le frère d’Amira), Nabil Badr (Fathi), Mahmoud Shoukoko (Oncle Saqr), Helmy Hilaly (l’inspecteur de police)
Scénario : Hassan Al Imam, Mamdouh El Leithy, Salah Gahin
Adaptation d'un passage du roman de Naguib Mahfouz, Miroirs (1972). Ce roman est constitué de courts chapitres indépendants, chacun évoquant la vie d’un personnage que le narrateur a rencontré à un moment ou à un autre de son existence. Le chapitre qui est à la base du scénario de ce film est intitulé « Abda Souleimane » (en français, éditions Babel, trad. de Najet Belhatem)
Musique : Fouad El Zahry, Mohamed Al Mogi, Sayed Darwich
Comédie musicale. Depuis la mort de son père, Amira doit subvenir aux besoins de sa mère ainsi qu’à ceux de ses frères et sœurs. Elle a trouvé un emploi dans une grande administration, au département traduction. Elle a peu de travail car le service compte un trop grand nombre d’employés mais sa gaieté, son charme et son dynamisme ont transformé agréablement l’atmosphère du bureau. Même son chef n’est pas insensible à son charme. Elle fait la connaissance d’Adel Naguib, l’un des cadres supérieurs de l’établissement. Le jeune homme a épousé Amina, la fille du directeur mais lui et sa femme ne s’entendent pas. En fait, Adel ne s’est marié que par ambition professionnelle et il n’éprouve aucun sentiment pour son épouse. Au fil des rencontres, Adel et Amira tombent amoureux l’un de l’autre. Ils se marient en secret…
Notre avis : trois ans après « Méfie-toi de Zouzou », Hassan Al Imam réunit à nouveau Soad Hosny et Hussein Fahmy dans une comédie musicale mais cette fois-ci, le résultat est beaucoup moins convaincant. La mièvrerie imprègne tous les composants de ce second opus : les chansons ressemblent souvent à des comptines enfantines, les danses avec leur chorégraphie sommaire réunissent des « danseurs » dont le seul point commun est un amateurisme appliqué, l’intrigue sentimentale accumule les scènes de déclarations enamourées avec sourires timides et regards extatiques, et pour finir les robes de couleurs acidulées que porte Soad Hosny semblent empruntées à la garde-robes d’une poupée autrichienne. Inutile de préciser qu’il ne reste pas grand-chose de l’univers de Naguib Mahfouz dans cette romance sirupeuse.
Lundi 16 décembre à 22h
Le Passage des Miracles d'Hassan Al Imam (zoqaq el madaq, 1963)
avec Shadia (Hamida), Salah Kabil (Abbas), Hassan Youssef (le fil de Maître Karsha, frère de lait d’Hamida), Youssef Chabane (Farag), Samia Gamal (Shukria), Hussein Riad (le professeur d’anglais), Aqeila Rateb (Adilah, l’amie chez qui vit Hamida), Abdel Moneim Ibrahim (Sangar, un employé de Maître Karsha), Abdel Wareth Asr (Hadj Kamal), Mohamed Reda (Maître Karsha, le propriétaire du café), Thoraya Helmy (Hassaniah, trafiquante de drogue), Adli Kasseb (Salim Alwan, l’homme le plus riche du passage), Hassan El Baroudy (un commerçant), Mahmoud Shoukoko (le chanteur), Tawfik El Deken (Maître Zeita), Victoria Cohen (la voisine)
Scénario et dialogues : Saad Eddin Wahba
D'après le roman éponyme de Naguib Mahfouz paru en 1947. Cette œuvre traduite en français en 1970 évoque le quotidien d’une ruelle du quartier Khan Al Khalili pendant la seconde guerre mondiale.
Musique et chansons : Hussein El Sayed, Mohamed Al Mogi, Fathy Qoura, Ali Ismaïl
Production : Naguib Ramsès
L’histoire se déroule pendant la seconde guerre mondiale alors que l’Egypte est toujours occupée par les Britanniques. Hamida est une jeune ouvrière qui vit avec Adila, une amie de sa mère décédée. Elle rêve de quitter son quartier pour accéder à une vie meilleure. Abbas le coiffeur souhaiterait l’épouser mais il est trop pauvre. Alors pour accroître ses revenus et obtenir la main de la jeune fille, il se résigne à travailler dans un camp militaire britannique. Malheureusement, Abbas n’est pas le seul homme à convoiter Hamida. Salim Alwan, l’homme le plus riche du quartier lui aussi est séduit par la jeune femme. Il finit même par la demander en mariage bien qu’il ait déjà une première épouse. Adila et Hamida sont aux anges. Malheureusement, le bonheur des deux femmes est de courte durée : le riche commerçant est terrassé par un malaise. Un autre homme tourne autour d’Hamida : Farag, un séducteur aux intentions louches. Il lui fait miroiter une existence luxueuse et insouciante. Un jour, Hamida disparaît…
Notre avis : le roi du mélodrame se lance dans l'adaptation de l'un des chefs d'oeuvre de Naguib Mahfouz. On pouvait craindre le pire mais il faudrait être de mauvaise foi pour ne pas reconnaître toutes les qualités de ce film. Hassan Al Imam est un très grand directeur d'acteurs et il permet à ses deux actrices principales, Shadia et Samia Gamal, de déployer toute l'étendue de leur immense talent. Les admirateurs de la première nous pardonneront d'avoir un faible pour la seconde, bouleversante en vieille maîtresse bafouée.
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