Quels films peut-on voir sur la chaîne Rotana Classic ? Les horaires donnés sont ceux de l'après-midi ou de la soirée (heure de Paris). La plupart des films sont ensuite rediffusés le lendemain matin.
Rotana Classic a remplacé Rotana Zaman en 2012. Cette chaine fait partie du groupe Rotana basé en Arabie Saoudite et spécialisé dans le divertissement (télévision et musique). Celui-ci a été créé par le prince Al-Walid ben Talal ben Abdelaziz Al Saoud, membre de la dynastie Al Saoud et petit-fils du fondateur de l'Arabie Saoudite. Comme son nom l’indique, Rotana Classic diffuse essentiellement les grands classiques du cinéma égyptien. Disponible en France.
Mardi 30 avril à 18h
Agent n°13 de Medhat El Sebaie (El Ameel Raqam 13, 1989)
avec Mohamed Sobhy (Sharif), Eman (Basma), Sabreen (Nahid), Nabil El Halafawi (Ali Hussein), Shaaban Hussein (Sabri), Afaf Rashad (Maha), Samir Wahid (Maher Abbas), Zouzou Nabil (la mère de Sharif), Ali El Gandour (le chef du gang), Hussein El Sherif (officier de police), Saïd Mostafa (officier de police), Ezzat El Mashad (le chef des douanes), Mahmoud Al Iraq (un gangster), Abdul Monem Al Nimr (un gangster), Saleh El Aweil (un gangster)
Scénario : Mahmoud Fahmy
Musique : Hany Shenouda
Production : Screen 2000
Thriller pour rire. Charif est un agent des douanes très expérimenté qui suscite la jalousie de bon nombre de ses collègues. Un jour, il est approché par la police. On souhaiterait qu’il infiltre une bande de trafiquants de drogue. Charif est très réticent au début mais il finit par accepter la mission. Il doit se faire passer pour un malfaiteur proposant ses services et on lui loue un appartement de luxe pour qu’il puisse recevoir les membres du gang. C’est ainsi qu’il rencontre Basma, une blonde très séduisante qui occupe une fonction importante dans la filière mise en place par les trafiquants. Sûre de son charme, elle tente de conquérir Charif qui se retrouve dans une situation bien embarrassante : il doit rester en bons termes avec la jeune femme sans pour autant céder à ses avances car il est fiancé à Nahed et l’appartement est truffé de micros…
Notre avis : une comédie mollassonne qui reprend un sujet archi exploité depuis les années cinquante : un policier infiltre un gang de trafiquants et y fait la connaissance d’une femme séduisante qui est soit le chef de l’organisation criminelle, soit la maitresse du chef. Rien de bien neuf donc et le fait qu’ « Agent n°13 » soit une comédie et non un thriller n’ajoute pas grand-chose à l’intérêt du film. Peut-être en aurait-il été autrement si l’on avait confié le rôle principal à un acteur comique talentueux, ce que n’est assurément pas Mohamed Sobhy. Et puis pour ne rien arranger, le film ne comporte quasiment aucune action. Le héros passe de chaise en chaise ou de fauteuil en fauteuil et cause encore et encore. Parfois, il est au lit mais seul ! Bref on s’ennuie ferme malgré la présence de la sémillante Eman qui fut l’un des sex-symbols du cinéma des années quatre-vingt.
Lundi 29 avril à 16h
avec Hind Rostom (Amina, la mère de Mansour), Imad Hamdi (docteur Lotfi Amin), Hassan Youssef (Mansour adulte), Mohamed El Dafrawi (Rabah, le père de Mansour), Galal Eissa (Hamdi, le fils d’Amina et du docteur Lotfi), Salwa Said (Jehan, la fiancée d’Hamdi), Gawaher (la danseuse), Nadia El Gendy (la maîtresse de Mansour), Ahmed Morsi (l’inspecteur de police), Khalil Badr Eddine (un malfrat concurrent de Rabah), Monir El Tony (Antar), Sherif Yehia (Mansour enfant)
Une histoire de Zuhair Bakir
Scénario : Abdel Salam Moussa, Anwar Abdul Malik
Dialogues : Mohamed Kamel Abdel Salam
Musique : Salah Attiah
Production : Les Films Omayya
Un couple vit avec leur fils Mansour dans un modeste appartement d’un quartier populaire de la capitale. Amina, la mère, déborde d’amour pour son enfant. Mais Rabah, le père, est un truand et il encourage Mansour à suivre sa voie. Il en fait même son assistant. Sur ce point, la mère est en total désaccord avec son mari. Lors d’une dispute plus violente que les autres, le père chasse sa femme du domicile familial. Elle trouve refuge auprès de son médecin, le docteur Lotfy Amin, qui lui propose de travailler dans son cabinet. Elle accepte. Dans le même temps, le père et le fils ont quitté leur appartement et semblent s’être volatilisés. Les années passent. Amina a épousé le docteur Lotfy Amin. Quant à Mansour, il a bien grandi et il est devenu un membre actif du gang de son père. Il n’a jamais cherché à revoir Amina car Rabah lui a toujours dit qu’elle était morte. Mais, un jour, alors que Mansour va voir son père qui se trouve en prison, celui-ci lui révèle la vérité : sa mère est toujours vivante…
Notre avis : c’est la deuxième fois qu’Hind Rostom joue une mère qui retrouve son fils après des années de séparation. La première fois, c’était en 1963 dans le film d’Hassan Al Imam, « Femme en Marge » et celui qui jouait son fils c’était aussi Hassan Youssef. Avec un tel titre, on pouvait craindre qu’ « Amour Eternel » verse dans un excès de pathos comme « Femme en Marge » mais il n’en est rien. Ici, pas de torrents de larmes, ni de longues confessions. En fait Zuhair Bakir nous a concocté un petit film d’action avec moult rebondissements et dans son genre c’est une réussite. Les acteurs sont tous excellents et on est étonné de retrouver Nadia El Gendy, dix-neuf ans à peine, dans un registre bien éloigné de celui qui fera sa gloire vingt ans plus tard (la femme d’action puissante et dominatrice). Une mention spéciale pour la bande son à la fois originale et entraînante.
Dimanche 28 avril à 20h30
Le Chant Immortel d'Henry Barakat (Lahn Al-Khuloud, 1952)
Jeudi 25 avril à 19h30
Mardi 23 avril à 19h30
Vendredi 19 avril à 17h
Jeudi 18 avril à 23h
Mercredi 17 avril à 15h
Raya et Sakina de Salah Abou Seif (Raya wa Sakina - 1953)
Flirt de jeunes filles d'Anwar Wagdi (Ghazal Al-Banat, 1949)
avec Layla Mourad (Layla), Anwar Wagdi (Wahid, le pilote d’avion), Youssef Wahby (lui-même), Naguib Al Rihani (Himam), Stephan Rosti (le directeur du cabaret), Ferdoos Mohamed (la gouvernante), Soliman Naguib (le père de Layla), Mahmoud El Meleigy (Anwar, le séducteur malhonnête), Abdel Wareth Asr (le secrétaire du père de Layla), Abdel Meguid Choukry (un domestique), Saïd Abou Bakr (le serviteur de Youssef Wahbi), Abdel Hamid Zaki (le directeur de l’école), Zinat Sedki (l’ex-petite amie d’Anwar), Mohamed Abdel Wahab (lui-même), Farid Shawki (un client du cabaret), Nabila El Sayed (une écolière)
Première apparition à l’écran d’Hind Rostom comme figurante. Elle joue dans la première scène du film, le retour d’une promenade à cheval, et elle se tient à la droite de Layla Mourad.
Scénario : Anwar Wagdi
Dialogues : Naguib Al Rihani, Badie Khairy
Musique : Mohamed Abdel Wahab
Production : Anwar Wagdi
figure dans la liste des quinze meilleurs films égyptiens de tous les temps
Himam, un modeste instituteur, vient d’être renvoyé de son école pour absence d’autorité. Son moral est au plus bas quand il est engagé par un homme richissime pour donner des leçons particulières à sa fille, Layla. Cette dernière est une jeune fille qui aime chanter, monter à cheval et papoter avec ses amies. En revanche, elle ne manifeste guère d’intérêt pour ses études. Himam est chargé de reprendre en main son éducation et de la faire progresser dans la maîtrise de la langue arabe. Quand il pénètre pour la première fois dans le palais de son futur employeur, le vieil instituteur est ébahi par le luxe qui l’environne. Mais pour lui, les choses commencent fort mal : à cause de sa tenue misérable, il est pris pour un voleur qui aurait dérobé un bracelet. Le malentendu est vite dissipé et Himam peut prendre son poste auprès de Layla qui se révèle une élève agréable, toujours gaie. Elle traite son professeur comme un ami et elle parvient même à lui redonner goût à la vie. L’homme tombe amoureux de la jeune fille mais il se garde bien de lui manifester ses sentiments…
Le film sortira après la mort de Naguib Al Rihani.
Notre avis : Anwar Wagdi réalise sept films* avec en vedette sa femme Layla Mourad. Ils se sont mariés en 1945 et leur collaboration artistique prendra fin avec leur divorce en 1953. « Flirt de Jeunes Filles » est le cinquième film qu’ils tournent ensemble et c’est sans doute le plus célèbre. A cela, plusieurs raisons mais la principale est qu’on y voit pour la dernière fois à l’écran l’immense acteur Naguib Al Rihani qui meurt à peine le tournage terminé. Il joue un vieux professeur qui au soir de sa vie est touché par l’amour. Ce personnage à la fois ridicule et pathétique constitue le testament artistique de Naguib Al Rihani et l’inscrit à tout jamais parmi les légendes du cinéma égyptien.
Sur le film lui-même, ce qui nous frappe, c’est sa grande modernité. La logique du récit est celle du rêve, notamment dans la dernière partie. Les personnages semblent évoluer, comme en apesanteur, dans un univers onirique libéré de toutes les lois qui régissent notre monde. Les événements s’enchainent de manière improbable au fil de rencontres aussi hétéroclites que miraculeuses. A cet égard, la séquence au domicile du grand écrivain prend une dimension quasi surréaliste. Et pour finir, dans la scène du cabaret, le caractère ouvertement fantasmatique des danses n'échappera à personne !
*Layla, fille de Pauvres (1945), Layla, fille de Riches (1946), Mon Cœur me Guide (1947), Anbar (1948), Flirt de Jeunes Filles (1949), L’Amour de mon Cœur (1951), La Fille des Aristocrates (1953)
Samedi 27 avril à 20h30
Le Retour de l’Homme le plus Dangereux du Monde de Mahmoud Farid (Awdat Akhtar Ragol fil Alam, 1972)
avec Fouad El-Mohandes (Monsieur X/l’employé de la compagnie d’assurance), Mervat Amine (la fiancée de l’employé de la compagnie d’assurance), Brigitte Omar (Rita, l’assistante du représentant d’Interpol), Samir Sabri (le Major Wahid), Souad Hussein (Madame Soussa), Salah Nazmi (le chef de la police), Salama Elias (le directeur de la compagnie d’assurance), Kanaan Wasfy (Marcelo, le bras droit de Monsieur X), Wafik Fahmy (le maharaja indien), Ali Gohar (le représentant d’Interpol), Afaf Wagdy (Mona), Samir Rostom (Luciano)
Scénario et dialogues : Anwar Abd-Allah
Musique : Bakhit Bayoumy, Fathy Qoura, Khaled El-Amir
Comédie. Mister X et ses hommes quittent Chicago pour se rendre au Caire. Ils ont appris qu’un très riche Maharajah était descendu dans un grand hôtel de la capitale égyptienne avec dans ses valises, le plus gros diamant du monde. Les redoutables gangsters s’installent dans le même hôtel et préparent leur hold-up. Pour assurer la protection du richissime indien, des membres de la police américaine sont venus aider leurs collègues cairotes. Mais au même moment, un employé d’une société d’assurance fait son apparition dans l’hôtel : il souhaite contacter le Maharajah afin de lui faire signer une police d’assurance. Ce qui va singulièrement compliquer la situation pour toutes les parties en présence, c’est que l’assureur est le sosie de Mister X…
Dans ce film, Fouad El Mohandes reprend le rôle de Mister X qu’il avait joué une première fois en 1967 dans le film de Niazi Mostafa, L’Homme le Plus Dangereux du Monde.
Notre avis : les auteurs de ce film se sont visiblement inspirés d’ "Attention à votre portefeuille" de Mahmoud Ismaïl (Eweaa al Mahfaza, 1949) dont ils reprennent un certain nombre d’éléments. Cela dit, « Le Retour de l’Homme le Plus Dangereux du Monde » n’est absolument pas un remake mais une comédie originale, ancrée dans son époque et multipliant les références. L’atmosphère rappelle certaines séries anglo-saxonnes comme « Mission impossible », pour le recours aux technologies « modernes », ou « Chapeau Melon et Bottes de Cuir » pour l’humour et le ton parodique. Fouad El Mohandes et Mervat Amine forment un duo épatant et ils sont entourés de toute une équipe aussi sympathique que talentueuse. Mervat Amine ne se contente pas d’être la plus belle actrice des années soixante-dix ; elle est aussi une très grande comédienne qui peut tout jouer quel que soit le genre ou le registre. Dans ce film, elle nous gratifie même d’un numéro de danse orientale. On aurait vraiment tort de passer à côté.
Vendredi 26 avril à 23h
Le Chant Immortel d'Henry Barakat (Lahn Al-Khuloud, 1952)
avec Farid Al Atrache (Wahid), Faten Hamama (Wafaa Riad Hamdy), Salah Nazmi (Rashad Riad Hamdy), Serag Mounir (Abdel Halim, le père de Siham), Magda (Sana Riad Hamdy), Madiha Yousri (Siham Abdel Halim), Zaki Ibrahim (Riad Hamdy), Thurya Salem (la danseuse Houria, maîtresse de Rashad)), Kittie (danseuse), Adly Kasseb (le cardiologue), Abdel Hamid Zaki (le barman)
Scénario : Henri Barakat et Youssef Issa
Musique : Farid Al Atrache et Abdel Aziz Salam
Auteurs des chansons : Mamoun El Shenawy et Saleh Jawdat
Wahid est musicien et pour trouver l’inspiration il se rend souvent chez son vieil ami Riad Hamdy qui habite une grand maison au bord de la mer. C’est là qu’il retrouve les deux filles de son hôte, Wafaa et Sanah ainsi que son fils Rashad. Les trois enfants sont devenus de jeunes adultes et l’amour que Wafaa éprouve pour Wahid n’a fait que croître au fil des ans. Malheureusement pour elle, le musicien continue à la considérer comme la petite fille d’autrefois. De son côté, Rashad est devenu un jeune homme peu recommandable. Il a sans cesse besoin d’argent notamment pour gâter sa maîtresse, la danseuse Houria. Il a promis la main de Wafaa à l’un de ses créanciers mais celui-ci s’impatiente et se montre moins généreux. Le drame survient : Riad Hamdy est retrouvé mort dans son bureau. Le tiroir de la table a été fracturé et l’argent qui s’y trouvait a disparu. Cet argent était destiné à financer le mariage de Wafaa et de Sanah. C’est ce vol qui a causé l’arrêt cardiaque dont est mort Riad Hamdi. Wahid prévient l’oncle des trois enfants. Celui-ci accueille ses nièces et son neveu dans sa grande maison. Avec lui, vit sa fille, Siham, une ravissante demoiselle qui est tombée sous le charme du musicien. Ce dernier n’est pas non plus insensible à la beauté de Siham. On parle de mariage, au grand désespoir de Wafaa…
Notre avis : « Le Chant Immortel » est le premier film dans lequel joue Farid AL Atrache depuis sa rupture avec Samia Gamal. Ils étaient encore ensemble en cette même année 1952 pour l’excellente comédie musicale « Ne le Dis à Personne » elle aussi réalisée par Henry Barakat. Avec ce nouveau film, changement radical d’atmosphère : nous sommes dans le drame, dans l’émotion avec des histoires d’amours croisées et des jeunes filles sentimentales au cœur trop fragile. Le récit est ponctué de nombreuses chansons mélancoliques composées et interprétées par Farid Al Atrache. Pendant le tournage, Henry Barakat avait confié à Faten Hamama qu’il trouvait les chansons un peu longues et qu’elles risquaient de plomber le rythme du film. Sur ce point, on ne peut lui donner tort.
Méfie-toi de tes voisins de Mohamed Abdel Aziz (Khally Balak Men Geranak, 1979)
avec Adel Imam (Ahmed), Lebleba (Nawal), Fouad El-Mohandes (le vieux peintre), Madiha Yousri (Fawzia, la belle-mère d’Ahmed), Mimi Gamal (Enayat, la voisine), Mokhtar El Sayed (le mari d’Enayat), Hoda Zaki (une autre voisine), Hanan (Didi la danseuse), Wahed Seif (Ibrahim Effendi), Ibrahim Kadri (le fleuriste)
Scénario : Farouk Sabry
Remake du film américain Pieds nus dans le parc (Barefoot in the Park) réalisé par Gene Saks en 1967.
Musique : Gamal Salama
Comédie. Ahmed est avocat et il vient d’épouser Nawal. Après avoir passé leur lune de miel dans un grand hôtel luxueux, ils emménagent dans un appartement meublé que Nawal a choisi pour son loyer très modique. Malheureusement, ils découvrent très vite les inconvénients de leur « petit nid douillet ». L’ascenseur ne fonctionne pas, l’appartement comporte quelques meubles mais il n’y a pas de lit dans la chambre. Et, encore plus gênant, l’un de leurs voisins, un vieux peintre, veuf et solitaire, doit passer dans leur logement pour rejoindre le sien. Malgré cette situation peu banale, les deux jeunes mariés et le vieil homme vont très vite sympathiser…
Notre avis : une comédie (très) légère qui est une adaptation assez fidèle de « Pieds Nus dans le Parc », un film américain avec Jane Fonda et Robert Redford. Elle permet au réalisateur d’évoquer sur le mode plaisant un mal endémique de la société égyptienne : le manque de logements dans la capitale. Adel Imam et Lebleba, les deux acteurs principaux, se connaissent bien. Ils étaient déjà mari et femme dans un précédent film de Mohamed Abdel Aziz, « Certains se marient deux fois. ». Leur complicité est ici évidente. Adel Imam est indépassable en égyptien moyen confronté aux mille soucis de la vie quotidienne tandis que Lebleba incarne avec une grande sensibilité la petite bourgeoise aspirant à un bonheur tout simple. On retrouve à leurs côtés deux acteurs de la génération précédente, Fouad El Mohandes et Madiha Yousri. Cette dernière a eu rarement l’occasion dans sa longue carrière de jouer des rôles de comédie et en compagnie de Fouad El Mohandes, plus posé qu’à l’ordinaire, elle semble s’en donner à cœur joie. « Méfie-toi de tes voisins » n’est pas un chef d’oeuvre mais c’est un film sympathique.
Mercredi 24 avril à 15h
Rendez-vous avec un inconnu d’Atef Salem (Maweed maa maghoul, 1959)
avec Omar Sharif (Magdi), Samia Gamal (Nana, auxiliaire de police), Hala Shawkat (Nadia), Fakher Fakher (Soubhy), Youssef Fakhr El Din (Rachad), Omar Al Hariri (officier de police), Reyad El Kasabgy (le gardien de l'usine), Kamal Hussein (Amin), Thuraya Fakhry (mère de Rachad), Salah Nazmi (le médecin)
Scénario : Youssef Issa
Musique : Mohamed Abdel Wahab
Production : les Films Mohamed Abdel Wahab et les Films Barakat
appréciation : 3/5Amin est un industriel. Depuis qu’il a constaté que son entreprise était l’objet d’importants détournements de fonds, il reçoit des lettres anonymes lui enjoignant de garder le silence. Amin veut lui-même enquêter avant de prévenir la police. Il convoque Rachad, son jeune comptable. Lors de leur entretien, Amin explique à son interlocuteur qu’il est certain de son innocence mais que quelqu’un a tenté de le faire accuser en falsifiant ses livres de comptes. Tandis qu’ils discutent, un homme s’est introduit dans la voiture de Rachad pour se saisir du revolver qui se trouve dans la boîte à gants. L’inconnu pénètre dans les locaux de l’entreprise et tire sur Amin qui s’effondre mortellement blessé. Poursuivi par le gardien, Rachad se sauve. Sur la route il est arrêté par un étrange personnage qui lui garantit l’impunité bien que tout l’accuse. Il doit disparaître et garder le silence sur tout ce dont il a été le témoin. Après avoir fait ses adieux à sa mère et à sa sœur, Rachad s’envole pour le Soudan. La police a pris l’affaire en main mais elle ne parvient pas à identifier un coupable. Magdi est le jeune frère d’Amin qui fait des études à l’étranger. Il rentre en Egypte pour mener sa propre enquête.
Notre avis : bien que le scénario comporte des facilités, des contradictions et des invraisemblances (oui, ça fait beaucoup !), « Rendez-vous avec un inconnu » est un thriller qui emporte quand même l’adhésion grâce à son atmosphère de roman noir, ses personnages énigmatiques et surtout grâce à la relation incandescente qui unit Omar Sharif et Samia Gamal, ou du moins leurs personnages. Le premier est magistral en héros d’une beauté sombre et altière qui voit avec effroi la réalité se dérober sous ses pas. Et la seconde incarne avec maestria un Dom Juan féminin d’une sensualité diabolique. La beauté des images d’Alexandrie et de ses environs ravira les nostalgiques d’une époque et d’un art de vivre à jamais révolus.
Trente Jours en Prison de Niazi Mostafa (30 youm fil sign, 1966)
avec Abou Bakr Ezzat (Medhat), Farid Shawki (Amshir), Nawal Abou Al Foutouh (Azhar), Hassan Hamed (Ibn Al Janawi), Soheir El-Barouni (l’employée de maison), Mimi Chakib (la mère de Soheir), Mohamed Reda (Hangal le voleur), Ibrahim Saafan (l’avocat), Madiha Kamel (Soheir), Samir Ghanem (son propre rôle), Ahmed El Deif (son propre rôle), George Sedhom (son propre rôle)
D’après une histoire de Naguib El Rihani et de Badie’ Khairy
Scénario : Abdel Hay Adib et Niazi Mostafa
Musique : Hussein Al Saïd
Chansons : Samir Ghanem, Ahmed El Deif, George Sedhom
Production : Films Ihab Leithi
Medhat dirige le cabaret « le Trocadéro » qui appartient à Madame Fawzia. Il doit épouser la fille de cette dernière mais il entretient aussi une relation amoureuse avec Azhar, une jeune actrice très ambitieuse. Pour garantir la sécurité de l’établissement qu’il dirige, il a embauché Amshir, un hercule de foire. Ce dernier est un brave garçon mais il a tendance a abusé de sa force à contretemps. Justement, ce soir-là, un personnage important dîne au cabaret. Il travaille dans le cinéma et il pourrait jouer un rôle déterminant dans la carrière d’Azhar. Medhat se trouve à sa table et par inadvertance, il brûle la moustache de l’homme. Fureur du « brûlé » qui frappe Medhat. C’est à ce moment-là qu’intervient Amshir : il assomme l’agresseur de son patron mais les hommes de celui-ci répliquent à leur tour. La mêlée devient générale. La police puis la justice s’en mêlent. Un procès a lieu. Medhat est condamné à trente jours de prison. Contre de l’argent, Amshir accepte de purger la peine à la place de son patron. Il rejoint le centre pénitentiaire sous le nom de Medhat tandis que le vrai Medhat est parti en voyage au Liban.
Notre avis : une comédie avec dans l’un des rôles principaux Abou Bakr Ezzat, un excellent comédien plutôt habitué aux seconds rôles. Dans « Trente Jours en Prison », il incarne avec une belle énergie un gérant de cabaret particulièrement veule et mufle. Malheureusement le scénario souffre cruellement d’un manque de punch. Les scènes s’étirent sans raison avec des dialogues inutilement explicatifs. Visiblement, les auteurs ne connaissent pas la fonction de l’ellipse dans la construction d'un récit. La partie la plus faible du film, et c’est aussi la plus longue, est sans conteste celle du séjour en prison d’Amshir. Il faut supporter pendant près d’une demi-heure un méli-mélo de gags puérils et de numéros de cabaret exécutés par Les Trois Lumières du Théâtre. Eprouvant ! A part ça, Nawal Abou Al Foutouh et Madiha Kamel sont charmantes.
Lundi 22 avril à 15h
Ismaïl Yassin et le fantôme d’Hassan El Seifi (Afrita Ismaïl Yassin, 1954)
avec Ismail Yassin (Ismaïl), Kitty (Kitty, le fantôme), Farid Shawki (Hamido), Mohamed Kamal El Masry (le père de Zilabia), Zinat Sedki (Zilabia), Mary Moneib (la mère de Zilabia), Serag Mounir (Adel Kamal), Ferdoos Mohamed (la mère de Mohamed), Khristo Kladakis (le partenaire de Kittie), Liz et Lynn (danseuses)
Scénario : Hassan El Seifi et Abou Al seoud Al Ebiary, d’après la pièce du dramaturge britannique Noël Coward, L'esprit s'amuse (Blithe Spirit, 1941)
Musique : Munir Murad, Izzat Al Jahili, Mohamed Salman
Production : Films Masr Al JadidatKitty travaille comme danseuse dans un nightclub dirigé par Adel Kamal. Celui-ci dépense tout son argent au jeu et cela fait des mois qu’il est incapable de payer ses employés et de régler son loyer. Il est au bord du gouffre. Hamido, son collaborateur, lui souffle une idée : pourquoi ne pas supprimer Kitty et ainsi récupérer son assurance vie ? Adel est prêt à tout pour échapper à la faillite. Il accepte la proposition de son conseiller diabolique. Après plusieurs tentatives infructueuses, Hamido parvient enfin à tuer Kitty mais le fantôme de celle-ci entre en communication avec Ismaïl et lui demande de l’aider à se venger. Ismaïl est un jeune homme un peu naïf que la danseuse avait rencontré dans des circonstances dramatiques : en raison d’un fâcheux concours de circonstances, il avait été la victime de la première tentative de meurtre d’Hamido et avait failli perdre la vie au volant de sa voiture. C’est ainsi qu’ils étaient devenus amis…
Notre avis : l’un des sommets de la comédie des années cinquante. Le duo formé par Ismaïl Yassin et Kitty fonctionne à merveille. Les gags, les chansons et les danses se succèdent à un rythme endiablé. Entourant les deux vedettes, on retrouve des actrices et des acteurs parmi les meilleurs de l’époque. Comme toujours, Zeinat Sedky est désopilante et ici elle se surpasse en grosse fifille à couettes, braillarde et pleurnicharde. Mais le film ravira surtout les admirateurs de Kitty qui enfin se voit offrir un rôle à la mesure de son grand talent, comme danseuse bien sûr mais aussi comme actrice. Dans ce film, c’est elle la star ! Pour finir, un mot sur Ismaïl Yassin : phénoménal.
Dimanche 21 avril à 19h30
La Fille des Aristocrates d'Anwar Wagdi (Bint Al Akkabir, 1953)
avec Layla Mourad (Layla), Anwar Wagdi (Anwar), Ismail Yassin (Chafchaq, le collègue d’Anwar), Zaki Rostom (Shawkat, le grand-père de Layla), Soliman Naguib (l’oncle Toufiq), Zinat Sedki (Alawyat, sœur d’Anwar), Ibrahim Emara (l’avocat), Mohamed Abdel Moteleb (chanteur), Kitty (danseuse), Mohamed Kamel (Idriss le serviteur)
Scénario : Abou Al Saoud Al Ebiary et Anwar Wagdi
Musique : Ryad Al Sonbati et Hussein El Sayed
Production : Anwar Wagdi
Layla vit avec son grand-père dans un immense palais. Elle souffre de la solitude qui lui est imposée : les visites et les sorties sont rares. Un jour son grand-père lui annonce qu’il doit s’absenter pour faire le pèlerinage. Il la confie à l’un de ses oncles. Quand celui-ci s’installe au palais après le départ du pacha, il constate que le téléphone fonctionne mal. Il prévient la compagnie des télécommunications qui lui envoie deux réparateurs. Entre Layla et Anwar, l’un des deux ouvriers, c’est le coup de foudre instantané. Le jeune homme cache d’autant moins ses sentiments qu’il pense avoir affaire à l’une des domestiques de la maison.
Dernier film que Layla Mourad et Anwar Wagdi tournent ensemble. Ils divorcent la même année pour la troisième et dernière fois.
Notre avis : il est amusant de constater que ce dernier film d’Anwar Wagdi avec Layla Mourad s’intitule « La fille des aristocrates » alors que le premier s’intitulait « Layla, fille de pauvres ». Dans ce film de 1953, une jeune fille « de la haute » s’éprend d’un jeune homme pauvre ; dans celui de 1945, une jeune fille pauvre s’éprenait d’un garçon « de la haute ». Mais comme de bien entendu, les deux opus se terminent par le triomphe de l’amour avec comme dernière image, le baiser des deux héros. Au-delà des clichés inévitables dans ce type de productions, « La fille des aristocrates » offre quelques agréments. Layla Mourad chante toujours aussi divinement. Son jeu peut sembler limité mais quand sa voix s’élève, toutes les réserves tombent. Les séquences musicales du film sont restées dans toutes les mémoires. Les facéties d’Ismaïl Yassin ainsi que l’improbable duo formé par Soleiman Naguib et Zinat Sedki empêchent le film de sombrer dans le sentimentalisme lénifiant. Et puis, pour tout dire, nous adorons cette scène incroyable dans laquelle Layla Mourad chante assise sur une balançoire au beau milieu d’un temple grec. Elle est entourée de danseuses en short agitant des voiles blancs et de petits cupidons tremblotants. Sans doute l’un des sommets de l’art kitsch ! Un regret pour finir : la grande danseuse Kitty n’apparaît que quelques secondes dans les dernières images du film. Frustrant !
Samedi 20 avril à 19h30
Monsieur Boulboul d’Hussein Fawzi (Bulbul Effendi, 1948)
avec Farid El Atrache (Monsieur Boulboul, le fiancé de Batah), Sabah (Kawakeb/Batah), Hassan Fayek (Muhibou Bey, le mari de Kawakeb), Mokhtar Othman (Mahrous, le réalisateur), Ismail Yassin (Bunduq), Stephan Rosti (Aziz, l’amant de Kawakeb), Samiha Tawfiq (Wafaa, la fille de Muhibou Bey), Kamal Hussein (Mounir, le fiancé de Wafaa), Fathya Mahmoud (la mère de Batah), Ali Abd El Al (un assistant du réalisateur), Ahmed El Haddad (un assistant du réalisateur), Edmond Tuema (réceptionniste de l’hôtel), Liz and Lynn (danseuses)
Scénario : Hassan Tawfiq et Hussein Fawzi
Musique : Farid Al Atrache
Production : Ramsès Naguib
Comédie musicale. Kawakeb est une jeune actrice égocentrique et méprisante. Elle a épousé un homme riche, beaucoup plus âgé qu’elle, qui supporte sans broncher tous ses caprices. Elle tourne un nouveau film mais elle se fâche avec le réalisateur et abandonne subitement toute l’équipe. Le metteur en scène est désespéré : il va devoir renoncer à terminer son film. Heureusement, l’un de ses assistants va trouver une solution. Il lui présente une jeune fille, Batah, qui est le sosie de Kawakeb. Batah est une jeune ouvrière qui vit avec sa mère et qui est fiancée à Monsieur Boulboul, un marchand ambulant. Le réalisateur et ses assistants découvrent qu’elle sait aussi jouer la comédie et chanter. On la coiffe, on la maquille et on l’habille. Le résultat laisse sans voix toute l’équipe : Batah est la doublure parfaite de leur ancienne vedette. Pendant ce temps-là, Kawakeb a décidé de quitter son mari pour s’enfuir à Louxor avec un amant…
Notre avis : à la fin des années quarante, Hussein Fawzi va réaliser un certain nombre de comédies musicales avec en vedette la chanteuse Sabah. La rencontre du cinéaste avec Naïma Akef mettra brutalement un terme à cette collaboration mais ceci est une autre histoire. Monsieur Boulboul est un excellent divertissement dans lequel la toute jeune chanteuse assure le spectacle, éclipsant presque son prestigieux partenaire, Farid Al Atrache. La partition musicale composée par ce dernier est remarquable par sa qualité et sa variété. La chanson « Ya Nagham » interprétée par Sabah et qui débute par un solo de clarinette est un petit chef d’œuvre.
La Course des Fauves d'Ali Abdel Khalek (Gary El Wohosh, 1987)
avec Nour Al Sherif (Saïd), Mahmoud Abdel Aziz (Abdoul Qawi Shedid), Hussein Fahmy (Nabih), Noura (Nawashi, la femme d’Abdoul Qawi Shedid), Hussein El Sherbiny (l’avocat Abdel Hakim), Hoda Ramzi (Wafaa, la femme de Saïd), Fouad Khalil (le psychiatre), Rafat Ragi (l’enquêteur), Sayed Mustafa (un négociant en or), Lamia Al-Jeddawi (Miss Suzy)
Scénario : Mahmoud Abou Zeid
Musique : Hassan Abou Al Saoud, Amir Abdel Magid
Production : Hussein El SabahFable philosophique. Saïd est un riche négociant en or. Il est marié depuis vingt ans avec Wafa. Il aime sa femme mais ils n’ont jamais pu avoir d’enfant. Nabih est un brillant chercheur en médecine qui travaille depuis de longues années sur la stérilité. Il rêve de vérifier la validité sur l’homme du traitement qu’il a expérimenté sur les singes. Nabil propose à Saïd une opération révolutionnaire : cela consiste à retirer l’hypophyse du crâne d’un homme fertile pour la lui greffer. Le donneur, ça sera Abdoul Qawi Shedid, un père de famille misérable qui est venu au Caire pour vendre un bracelet en or afin de payer l’avortement de sa femme…
Notre avis : un apologue bien laborieux sur les dérives de la science entre les mains d’individus cupides et sans scrupules. C’est la troisième fois que Nour Al Sherif, Mahmoud Abdel Aziz, Hussein Fahmy et Noura jouent ensemble et c’est la seconde sous la direction d’Ali Abdel Khalek. Que fallait-il attendre de cette nouvelle collaboration ? Nous n’en savons rien mais le résultat n’est guère convaincant. On frise parfois le grotesque, en partie à cause du jeu caricatural de Mahmoud Abdel Aziz. A l’inverse, Hussein Fahmy se la joue à l’économie : pour faire « scientifique », il se contente de tenir constamment une pipe au coin de la bouche ! « La Course des Fauves » est tout à fait symptomatique de l’évolution dans les années quatre-vingt d’un certain cinéma à prétentions politico-philosophiques.
L'Evasion d'Atef El Tayyeb (Al Huroub, 1991)
avec Medhat El-Sherif; Ahmed Zaki (Montasser), Abdel Aziz Makhyoun (Major Salem Abdel Razek), Zouzou Nabil (la mère de Montasser), Hala Zedki (Sabah, la danseuse), Mahmoud El Bezawy (le frère aîné de Montasser), Nermin Kamal (la sœur de Montasser), Layla Sheir (la directrice de l’école), Mohamed Wafik (Colonel Fouad Al-Sharnoub), Abu Bakr Ezzat (le Général), Youssef Fawzy (Medhat, le directeur de la société), Samir Wahid (Farid Ezzat, l’agent de change), Aïda Fahmy (Zeinab, la cousine et la femme de Montasser), Salah Abdullah (le fabricant de faux papiers), Ezzat Al Machad (le rédacteur en chef du journal), Ahmed Adam (Aziz, le journaliste), Soheir Tawfiq (la femme de Medhat)
Scénario et dialogues : Mostafa Moharam
Inspiré du roman le Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas
Musique : Modi Al Imam
Figure dans la liste des 100 films les plus importants du cinéma égyptien.Drame. Montasser travaille pour une société qui s’occupe d’envoyer des ouvriers égyptiens dans les pays du golfe. Ne supportant plus de voir ces travailleurs exploités et escroqués par son patron qui leur délivre des faux visas, il veut dénoncer ces pratiques frauduleuses à la police. Mais son chef est plus rapide que lui : il parvient à faire arrêter son employé pour détention de drogue. Montasser est condamné à deux ans de prison. Pendant sa détention, il n’a plus aucune nouvelle de sa femme. Quand il est enfin libéré, il veut la retrouver et se venger de son ancien patron. Il se rend au domicile de ce dernier et le tue dans son lit sous les yeux de son épouse. Le soir même, il fait la connaissance d’une danseuse avec qui il passe la nuit. Le lendemain matin, il part à la recherche de sa femme. Celle-ci a été manipulée par une entremetteuse qui l’a convaincue de partir en Turquie pour s’y prostituer. Il retrouve très vite cette mère maquerelle. Elle occupe une fonction fort honorable : directrice d’une école pour jeunes filles. La dame refuse de lui dire où se trouve sa femme. Alors Montasser tente de la faire avouer par la force. En tentant de résister, la directrice chute et sa tête vient frapper violemment l’accoudoir du canapé. Elle meurt sur le coup. Montasser doit fuir…
Notre avis : un drame social très sombre qui se présente un peu comme la version moderne du film de Kamal El Sheikh «Le Voleur et les Chiens » réalisé trente ans plus tôt (le rôle d’Hala Zedki dans « L’Evasion » semble même copié sur celui de Shadia !). Mais la situation du héros d’Atef El Tayyeb est encore plus tragique que celle du voleur de Kamal El Sheikh car lui sera trahi par ses amis et condamné par la société pour s’être élevé contre la corruption des puissants et l’exploitation des plus faibles. Ahmed Zaki incarne avec une grande vérité cet individu traqué et happé par un engrenage dont il ne sortira pas vivant. Cette tragédie moderne est l’un des meilleurs films d’Atef El Tayyeb, le réalisateur le plus doué de sa génération qui sut à la fois plaire à la critique et au grand public.
Raya et Sakina de Salah Abou Seif (Raya wa Sakina - 1953)
avec Negma Ibrahim (Raya), Zouzou Hamdy El-Hakim (Sakina), Farid Shawki (le borgne de la bande de Raya et Sakina), Anwar Wagdi (Ahmed Yousri, l'officier de police qui mène l'enquête), Chukry Sarhan (Amin, l'homme qui attire les victimes), Samira Ahmed (Soad), Berlanty Abdel Hamid (fiancée d'Amin et amie de Soad), Saïd Khalil (le mari de Sakina), Reyad El Kasabgy (le mari de Raya), Abdel Hamid Zaki (le père de Dalal), Malika El Gamal (la mère de Bassima, une victime du gang), Zeinat Olwi (la danseuse), Suleiman El Gindy (le petit frère de Soad), Shafik Nour El Din (le coiffeur)
Scénario : Naguib Mahfouz, Salah Abou Seif
D’après une histoire de Lotfi Othman
Dialogues : El Sayed Bedeir
Musique : Ahmed Sedky et Hussein Guenid
Production : Ramses Naguib
appréciation : 4/5
Alexandrie a peur. Depuis quelque temps des femmes disparaissent dans des conditions mystérieuses. On compte pour l'instant 26 victimes mais nul doute que la liste ne va pas tarder à s'allonger. Ahmed Yousri, le chef du service des affaires criminelles, dirige l'enquête. Pour entrer en contact avec les kidnappeurs, il se déguise en marin et fréquente les cafés et les cabarets des quartiers populaires. Il va très vite obtenir de précieuses informations. L'un des premiers suspects est Amin, un séduisant jeune homme, employé de bureau dans un abattoir...
Ce film évoque un fait divers qui défraya la chronique en Egypte au début des années 20.
Notre avis : un excellent thriller écrit par le prix Nobel de littérature et pour lequel Salah Abou Seif a appliqué les recettes du film noir américain : une intrigue épurée, une atmosphère inquiétante et une mise en scène nerveuse qui privilégie l'action.
On pourra s'étonner du choix d'Anwar Wagdi pour incarner l'officier de police chargé de l'enquête. Certes, il jouit à l'époque d'une célébrité peu commune, et comme acteur et comme réalisateur, mais son univers est plutôt celui de la comédie ou du drame sentimental, bien loin du réalisme cher à Salah Abou Seif. A noter, qu'en cette même année 52, Anwar Wagdi joue à nouveau un inspecteur de police dans « Le Tigre », une comédie musicale d'Hussein Fawzy et que deux ans plus tard, en 1954, Salah Abou Seif l'engage une nouvelle fois pour jouer un enquêteur dans « Le Monstre ». (Anwar Wagdi avait une prédilection certaine pour l'uniforme !)
Auprès de l'acteur, on trouve deux toutes jeunes actrices promises à de belles carrières, Samirah Ahmed et Berlanti Abdel Hamid qui au moment du tournage ont respectivement 14 et 17 ans.
Mardi 16 avril à 19h30
Agent 77 de Niazi Mostafa (Aleamyl 77, 1969)
avec Farid Shawqi (le major Kamel Suleiman), Soheir El Bably (Maria, l’assistantre de Simon), Nawal Abou El Fotouh (Nadia), El Deif Ahmed (El Deif), George Sedhom (George), Samir Ghanem (Samir), Hassan Shafik (le faux réalisateur Simon), Ahmed Abaza (le propriétaire de Vénus Casino), Mohamed Refaat (Salah), Samir Waley Eddin (le trafiquant de drogue), Nasr Seif (Max), Mohamed Sultan (l’officier de police)
Scénario : Abdel Hay Adib
Musique : Johnny Kostanios
Production : les Studios Misr, les films Saad Dafraoui
Le major Salah a réussi à enregistrer sur microfilm des images d’une base militaire ultra-secrète. Ces documents sensibles sont destinés à des espions qui se sont introduits sur le territoire égyptien en se faisant passer pour une équipe de tournage d’un film d’action. L’homme qui sert d’’intermédiaire est le directeur du Vénus Casino, Petro di Roma. Celui-ci accompagne Salah sur le lieu du faux tournage où ils retrouvent Simon, le prétendu réalisateur, chef des espions. Salah demande l’argent qu’on lui a promis mais Simon l’abat d’un coup de revolver. Le réalisateur et Petro di Roma se battent pour récupérer le microfilm mais il finit par tomber dans l’une des guitares appartenant à trois artistes qui assistaient à la scène cachés derrière une rangée de costumes. Petro di Roma fuit avec les trois jeunes comédiens et il les embauche dans son cabaret, pensant ainsi récupérer rapidement le précieux microfilm….
Notre avis : les vraies vedettes de cette comédie familiale, ce sont Les Trois Lumières du Théâtre (El Deif Ahmed, George Sedhom et Samir Ghanem), un trio comique qui connut la célébrité à la fin des années soixante. On peut considérer "Agent 77" comme l’un de leurs meilleurs films. Comme à l’accoutumée, les trois compères enchainent saynètes rigolotes et numéros chantés mais leurs prestations semblent plus élaborées et mieux construites que dans d’autres productions. Niazi Mostafa a su habilement insérer leurs numéros dans une vraie histoire comportant de multiples péripéties et rebondissements avec des méchants qui font preuve d’une ingéniosité sans limite. La musique et les chansons sont particulièrement réussies. Leur compositeur serait un certain Johnny Kostanios (un pseudonyme ?) aussi inconnu que talentueux.
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