lundi 17 juin 2024

A la télé : les films du jour (Rotana Classic du 16 au 28 juin)

روتانا كلاسيك

Quels films peut-on voir sur la chaîne Rotana Classic ? Les horaires donnés sont ceux de l'après-midi ou de la soirée (heure de Paris). La plupart des films sont ensuite rediffusés le lendemain matin.
Rotana Classic a remplacé Rotana Zaman en 2012. Cette chaine fait partie du groupe Rotana basé en Arabie Saoudite et spécialisé dans le divertissement (télévision et musique). Celui-ci a été créé par le prince Al-Walid ben Talal ben Abdelaziz Al Saoud, membre de la dynastie Al Saoud et petit-fils du fondateur de l'Arabie Saoudite. Comme son nom l’indique, Rotana Classic diffuse essentiellement les grands classiques du cinéma égyptien. Disponible en France.


Vendredi 28 juin à 20h30

Vertus à Vendre de Mahmoud Zulficar (Akhalq lil-baye'a, 1950)
avec Mahmoud Zulficar (Ahmed), Faten Hamama (Amina, la femme d’Ahmed), Mimi Chakib (la belle-mère d’Ahmed), Mahmoud Shoukoko (Boulboul, l’ami d’Ahmed), Mohamed Sobeih (le voleur), Kittie (Katina, la voisine grecque), Ali El Kassar (le marchand), Abdel Hamid Zaki (le patron d’Ahmed), Shafik Nour El Din (le propriétaire de la pension), Zaki Ibrahim (l’oncle d’Amina), Alya Fawzy (la servante), Aly Abd El Al (le père de Katina), Mohsen Hassanein (le client ivre)
Scénario : Abou Al Seoud Al Ebiary
D’après une histoire de Youssef El Sebai
Musique : Ahmed Sedky
Paroles des chansons : Fathy Koura et Bayram Al Tunisi
Production : les films Aziza Amir et Mahmoud Zulficar


Comédie. Ahmed est un modeste employé qui vit avec sa jeune femme Amina et sa belle-mère. Cette dernière ne le supporte pas car elle projetait de marier sa fille à un homme très riche. Elle n’a de cesse de harceler son gendre, cherchant tous les prétextes pour le rabaisser. Un jour, Ahmed rentre du travail, les bras chargés de cadeaux. A l’entrée de leur immeuble, il bouscule leur voisine, la danseuse Katina qui elle aussi portait des paquets. Toutes les boites tombent et en voulant récupérer leurs biens, les deux personnages se trompent et repartent avec les paquets de l’autre. Quand Amina et sa mère découvrent ce que contiennent les boîtes, leur conviction est faite : Ahmed a une maîtresse. Et Katina sollicitée, loin de détromper ses deux voisines, feint d’entretenir une relation amoureuse avec Ahmed. Ce dernier est effondré, il passe la soirée au cabaret où il retrouve son ami Boulboul. Tous les deux boivent plus que de raison et Ahmed rentre ivre chez lui. Malheureusement, il se trompe d’appartement et se retrouve dans le lit de Katina. Après bien des vicissitudes, il finit par regagner son appartement et sa chambre.
Le lendemain, il a une idée afin d’obliger sa belle-mère à mieux le considérer. Il demande à son ami Boutboul de s’introduire chez lui en pleine nuit comme s’il était un voleur et c’est lui Ahmed qui courageusement, se jetterait sur son ami déguisé et parviendrait à le mettre en fuite. Malheureusement, Boutboul a du retard et c’est un vrai voleur qui fait irruption dans l’appartement et qui repart avec tout l’argent d’Ahmed. Son ami arrive peu après. Le scénario peut être enfin exécuté comme prévu. Les deux femmes sont dans un premier temps épatées par la vaillance et la force de leur mari et gendre mais elles finissent par découvrir que tout était joué. Ahmed doit à nouveau subir les sarcasmes de sa belle-mère. Après ces échecs, un miracle se produit : Ahmed rencontre un vieux marchand qui vend des pilules de courage. Grâce à ce traitement, son existence va totalement changer…
 
Notre avis : une comédie débridée produite, réalisée et jouée par Mahmoud Zulficar. On doit avouer que le cumul des fonctions lui réussit ! Certes le sujet -un mari en proie à l'hostilité de sa belle-mère- n’est pas d’une folle originalité mais le film emporte l’adhésion par sa bonne humeur communicative. Il est vrai que Mahmoud Zulficar s’est très bien entouré : pour jouer son épouse, il a choisi Faten Hamama qui à dix-huit ans à peine a déjà tourné dans plus de vingt-cinq films et s’affirme déjà comme une immense actrice ; et pour incarner la rivale de l’épouse, il a engagé la danseuse Kitty toujours aussi pétillante. Les admirateurs de cette dernière seront aux anges : elle danse dans plusieurs très longues séquences.


Jeudi 27 juin à 20h30

Le Suspect de Samir Seif (Al Mashbouh, 1981)

avec Soad Hosny (Batta), Adel Imam (Maher), Said Saleh (Bayoumi, le frère aîné de Maher), Farouk El Feshawi (Tarek, l’officier de police), Fouad Ahmed (Hamouda, le complice des deux frères), Ali El Sherif (Afyonah, un bandit), Saïda Galal (une prostituée), Karim Abdel Aziz (l’enfant de Maher), Mona Abdallah (l’infirmière), Kasem El Daly (le mazoun), Mohamed Ashoub (le barman), Hamdi Youssef (le père de l’officier de police)
Scénario et dialogues : Ibrahim El Mougy et Samir Seif
Remake du film Les Tueurs de San Francisco (Once a Thief, 1965) du réalisateur américain Ralph Nelson avec Alain Delon et Jack Palance
Musique : Hany Shenouda


Chronique sociale. Maher est un voleur. Alors qu’il est en train de cambrioler un appartement, il fait la connaissance de Batta, une prostituée qui y reçoit ses clients. Les policiers font leur apparition. Pour leur échapper, Maher se bat comme un beau diable, il est blessé à la jambe mais il blesse à son tour l’officier de police Tarek. Il parvient à s’enfuir et trouve refuge au domicile d’Oum Al Ayyal, la receleuse. Il y retrouve ses deus complices, Bayoumi, son frère aîné et Hamouda. On lui enlève la balle fichée dans sa jambe et une fois rétabli, Maher n’a plus qu’une idée en tête : retrouver Batta. Il erre dans les bars et les cabarets où travaillent les prostituées mais c’est la jeune femme qui le retrouve chez Oum Al Ayyal. Maher et Batta s’avouent leur amour et décident de se marier, malgré l’opposition de Bayoumi, le frère du jeune homme. Quelques mois plus tard, Batta est enceinte. Alors que Maher l’accompagne à l’hôpital où elle doit accoucher, il est arrêté et conduit au commissariat. Là, il retrouve Oum Al Ayyal qui attend d’être interrogée. Elle lui apprend qu’Hamouda avait été arrêté et qu’il les avait tous dénoncés mais que son frère avait réussi à fuir. Dans la cellule où il est transféré, Maher retrouve Hamouda et l’agresse violemment. Pour cette agression, il est condamné à cinq ans de prison. Pendant ce temps-là, l’inspecteur Tarek recherche toujours le malfrat qui l’a blessé…

Notre avis : c’est le premier grand rôle dramatique d’ Adel Imam et il s’y révèle remarquable, à la grande surprise de beaucoup (On raconte que même le réalisateur n’était pas au départ favorable au choix d’Adel Imam pour son personnage mais qu’il reconnaitra très vite son erreur d’appréciation.) Dans cette chronique sociale en forme de thriller, l’acteur incarne avec un réalisme stupéfiant, un petit délinquant dont toutes les tentatives pour mener une vie normale sont vouées à l’échec, comme si le destin s’acharnait à le faire replonger dans le monde des voyous et des truands. « Le Suspect » est un film d’action qui évite tout manichéisme. Les personnages sont montrés avec toute leur complexité et sont traités avec la même humanité, les truands comme les flics, les braves comme les lâches. Autour d’Adel Imam, les autres acteurs sont tout aussi sensationnels, notamment Soad Hosny dans le rôle de la compagne du héros, Saïd Saleh dans celui du frère et Farouk El Feshawi dans celui de l’inspecteur Tarek. Dans ce film, Soad Hosny forme avec Adel Imam l’un des couples les plus émouvants du cinéma des années 80.


Mercredi 26 juin à 20h30

Le Monstre de Salah Abou Seif (El Wahsh, 1954)
avec Anwar Wagdi (l’enquêteur), Samia Gamal (la danseuse), Mahmoud El Meleigy (Abdel Sabour), Abbas Fares (Radwan Pacha), Samiha Ayoub (la femme de l’enquêteur), Mohamed Tawfik (le mari de la danseuse), Omar El Gizawi (le domestique de l’enquêteur), Tousoun Motamad (homme de main du monstre), Ibrahim Moheb (le maire), Ahmed El-Hamaky (Hindawi), Fifi Sayed (la femme d’Hindawi), Ibrahim Hechmat (le chef de la police locale), Soleiman El Gendy (le fils de l’enquêteur)
Scénario : Naguib Mahfouz, Salah Abu Seif, El Sayed Bedeir
Musique et chansons : Fouad El Zahry, Ahmed Sedqi, Abdel Halim Nawira, Abdel Fattah Mustafa
Production : Pierre Zerbanelli


Western. Abdel Sabour est à la tête d’un gang qui fait régner la terreur dans un petit village de Haute-Egypte. Il force les paysans à lui vendre leurs terres à vil prix. Si ceux-ci résistent, il fait enlever leurs enfants et réclame une rançon. Abdel Sabour jouit d’une totale impunité car il est protégé par Radwan Pacha à qui il rend de précieux services lors des élections. Les autorités finissent par s’émouvoir d’une telle situation. Un officier de police s’installe avec femme et enfant dans le village. Sa mission : démanteler le gang et rétablir l’ordre…

Notre avis : Un très grand film. L’année précédente, Salah Abou Seif et son scénariste, l’écrivain Naguib Mahfouz, avaient réalisé un thriller sur Raya et Sakina, les célèbres tueuses en série d’Alexandrie. Cette fois-ci, ils s’intéressent à un criminel qui terrorisa paysans et villageois en Haute-Egypte dans les années quarante. Pour ce second opus rural, les références sont clairement du côté du western américain avec cet officier de police qui va devoir affronter pratiquement seul le truand et ses sbires. Le film prend une dimension politique dans sa dénonciation de la complicité qui unit le criminel et le notable, chacun trouvant dans l’autre un allié de poids pour affermir sa puissance et accroître sa fortune. Dans le rôle de l’officier de police, on retrouve Anwar Wagdi dont le choix nous laisse perplexe comme pour le film précèdent. En revanche, Mahmoud El Meleigy et Samia Gamal sont remarquables en amants diaboliques.


Mardi 25 juin à 16h

Le Grand Bouffon de Youssef Chahine (Al Moharrag al Kabir, 1952)
avec Youssef Wahbi (Shahtout), Faten Hamama (Asrar), Nabil Al Alfi (Saïd, le mécanicien), Hassan Fayek (Hosni, le secretaire), Mary Ezz Eddin (Almaz Hanim), Ferdoos Mohamed (Madame Karima, la mère d’Asrar), Serag Mounir (Al Antabli Bey), Ibrahim Hechmat (le médecin), Hassan Al Baroudi (Cheikh Saleh Al-Baqal), Wedad Hamdy (une cuisinière), Sana Samih (une cuisinière), Nadia Al Sabei (une cuisinière), Abdel Hamid Zaki (le mazoun), Goma Edriss (le chauffeur), Samia Roshdi (mère de l’enfant errant)
Scénario : Mohamed Abou Youssef, Mahmoud Ismaïl, Youssef Chahine
D’après une histoire de l’auteur britannique Shelley Smith
Musique : Ibrahim Hussein, Hussein Janid, Ibrahim Haggag
Production : Abdel Halim Nasr


Shahtout est employé dans une grande entreprise dirigée par une femme énergique, Almaz Hanim. Cette dernière et son mari, Al Antabli Bey, ne s’entendent pas. Les querelles sont fréquentes et ils ont déjà divorcé trois fois. Al Antabli Bey ne peut renoncer à la fortune de sa femme et il souhaite se remarier au plus vite. Mais la loi coranique est formelle : après trois divorces, la femme doit épouser un autre homme puis divorcer avant de pouvoir à nouveau convoler avec son ancien mari (le Coran, sourate de la vache : « S’il divorce d’avec elle la troisième fois, alors elle ne lui sera plus licite tant qu’elle n’en aura pas épousé un autre »). On demande donc à Shahtout d’épouser sa patronne, de passer une nuit au domicile conjugal puis de divorcer dès le lendemain matin. Le petit employé a accepté cette mission bien qu’il soit amoureux d’Asrar, la fille de sa logeuse. Lors de la nuit de noce, un événement incroyable survient : Almaz Hanim meurt et Shahtout devient le seul héritier de sa fortune. Le nouveau veuf se jette alors sur tous les plaisirs que la richesse permet : il mène une vie de pacha, entouré de danseuses et de chanteuses aussi séduisantes les unes que les autres. Mais il n’a pas oublié pour autant la jeune Asrar qu’il espère bien conquérir grâce à sa fortune tombée du ciel !

Notre avis : dans la filmographie de Youssef Chahine, ce film est souvent oublié et c’est bien dommage. « Le Grand Bouffon » est une excellente comédie musicale avec des numéros chantés et dansés réalisés avec une virtuosité sans égale. Le célèbre cinéaste semble mener toute son équipe comme un chef d’orchestre dirige son orchestre, avec fougue et sensibilité tout en ne lâchant rien sur la rigueur et la précision dans l’exécution. Pendant les deux premiers tiers du film, le tempo adopté est celui des opéras de Rossini ou de Mozart : allegro, vivace, et parfois prestissimo. Certes Youssef Wahbi dans le rôle du veuf bienheureux cabotine un peu mais il possède l’énergie et la truculence qui conviennent au personnage. Dans la dernière partie, la comédie s’efface pour laisser la place au drame. Les danses et les chansons disparaissent, restent la souffrance, l’angoisse et le spectre de la mort. Sur le plan artistique, cette dernière partie du film nous a moins convaincu que la première mais reconnaissons la hardiesse du cinéaste qui ose évoquer la maladie et la mort dans ce qui se présentait au départ comme un aimable divertissement.


Lundi 24 juin à 16h

Monsieur Bahbouh de Youssef Maalouf (Bahbouh Efendi, 1954)
avec Ismail Yassin (Monsieur Bahbouh), Zahrat Al Oula (Namat), Mohamed El Dib (Hosni), Fouad Shafik (le médecin), Reyad El Kasabgy (Eways Al Ajali), Gawaher (la danseuse), Rafeaa El Shal (Hosnia), Samia Roshdi (Oum Samir), Abd El Nabi Mohamed (le serveur), Mary Ezz El Din (Ratiba), Edmond Tuema (le pharmacien), Abdel Ghani El Nagdi (Mahrous le barbier), Mahasen Morsi (la danseuse acrobatique), Saïd Khalil (vendeur de lait), Abdel Moneim Basioni (le pompiste)
Scénario : William Basily
Production : les films du Soleil


Monsieur Babouh et son partenaire Eways Al Ajali sont des marchands de bestiaux installés dans un petit village. Ils décident de prendre quelques jours de vacances pour se rendre au Caire. Depuis longtemps, ils rêvent de rencontrer des jeunes et jolies jeunes femmes comme ils en voient dans les magazines. Les voilà partis dans une vieille voiture branlante, direction la capitale. Ils arrivent à la nuit tombée et leur première visite est pour un cabaret qu’on leur a conseillé. Ils s’installent à une table et assistent au spectacle donné par les danseuses de l’établissement. Ils sont ravis. A côté d’eux, il y a une femme seule assise à une table. Elle semble mal à l’aise. Elle est rejointe par une danseuse qui peu après invite Monsieur Babouh et Eways à partager un verre avec elles. La première jeune femme s’appelle Namat. Elle est veuve et élève seule son fils. Elle a des problèmes d’argent et elle ne peut plus payer son loyer. La danseuse est sa voisine et c’est elle qui lui a trouvé ce travail d’entraîneuse. Monsieur Babouh et Eways sont ses premiers clients…

Notre avis : une comédie très courte dont l’histoire se déroule en vingt-quatre heures. La majeure partie du film a pour cadre la boîte de nuit où les deux héros sont venus se distraire et nous assistons avec eux aux différents numéros présentés par l’établissement. Malheureusement, ceux-ci n’ont vraiment rien d’exceptionnel (la prestation de la « danseuse acrobatique » nous a laissé perplexe). Le ressort comique de « Monsieur Bahbouh » repose sur l’opposition entre le monde rural et celui de la ville. Le pauvre paysan qui découvre la capitale et ses plaisirs est une grande source d’inspiration pour certains réalisateurs des années quarante et cinquante en manque d’imagination. Ce film de Youssef Maalouf s’inscrit dans cette « tradition », sans originalité aucune.


Dimanche 23 juin à minuit

Amira mon Amour d'Hassan Al Imam (Amira Houbi Ana, 1975)
avec Soad Hosny (Amira Salem), Hussein Fahmy (Adel Naguib), Soheir Al Babli (la femme d’Adel), Imad Hamdi (le directeur de l’administration et beau-père d’Adel), Karima Mokhtar (la mère d’Amira), Samir Ghanem (Taher Hamouda, un collègue d’Amira), Hassan Mostafa (le supérieur hiérarchique d’Amira), Hesham El Ashry (le frère d’Amira), Nabil Badr (Fathi), Mahmoud Shoukoko (Oncle Saqr), Helmy Hilaly (l’inspecteur de police)
Scénario : Hassan Al Imam, Mamdouh El Leithy, Salah Gahin
Adaptation d'un passage du roman de Naguib Mahfouz, Miroirs (1972). Ce roman est constitué de courts chapitres indépendants, chacun évoquant la vie d’un personnage que le narrateur a rencontré à un moment ou à un autre de son existence. Le chapitre qui est à la base du scénario de ce film est intitulé « Abda Souleimane » (en français, éditions Babel, trad. de Najet Belhatem)
Musique : Fouad El Zahry, Mohamed Al Mogi, Sayed Darwich, Kamel El Tawil
Production : les films Oum Kalthoum Al Hamidi


Comédie musicale. Depuis la mort de son père, Amira doit subvenir aux besoins de sa mère ainsi qu’à ceux de ses frères et sœurs. Elle a trouvé un emploi dans une grande administration, au département traduction. Elle a peu de travail car le service compte un trop grand nombre d’employés mais sa gaieté, son charme et son dynamisme ont transformé agréablement l’atmosphère du bureau. Même son chef n’est pas insensible à son charme. Grâce à Amira, on envisage de monter un spectacle avec tout le personnel et Adel Naguib, l’un des cadres supérieurs de l’établissement, soutient le projet. Adel Naguib a obtenu son poste en épousant Amina, la fille du directeur mais lui et sa femme ne s’entendent pas. En fait, Adel ne s’est marié que par ambition professionnelle et il n’éprouve aucun sentiment pour son épouse. Au fil des rencontres, Adel et Amira tombent amoureux l’un de l’autre. Ils se marient en secret…

Notre avis : trois ans après « Méfie-toi de Zouzou », Hassan Al Imam réunit à nouveau Souad Hosny et Hussein Fahmy dans une comédie musicale mais cette fois-ci, le résultat est beaucoup moins convaincant. La mièvrerie imprègne tous les composants de ce second opus : les chansons ressemblent souvent à des comptines enfantines, les danses avec leur chorégraphie sommaire réunissent des « danseurs » dont le seul point commun est un amateurisme appliqué, l’intrigue sentimentale accumule les scènes de déclarations enamourées avec sourires timides et regards extatiques, et pour finir les robes de couleurs acidulées que porte Soad Hosny semblent empruntées à la garde-robes d’une poupée autrichienne. Inutile de préciser qu’il ne reste pas grand-chose de l’univers de Naguib Mahfouz dans cette romance sirupeuse.


Samedi 22 juin à 18h

La Mariée du Nil de Fateen Abdel Wahab (A'roos El Nil, 1963)

avec Loubna Abdel Aziz (Hamis, la mariée du Nil), Rushdy Abaza (le géologue Sami Fouad), Shweikar (Didi, la fiancée de Sami), Abdel Moneim Ibrahim (Fathy, le collègue de Sami), Fouad Shafik (Docteur Hassan, inspecteur des Antiquités), Abdel Khalek Salah (le président de la société pétrolière), Esmat Mahmoud (Layla, l’assistante du docteur Hassan), Hussein Ismaïl (Rashwan, le chef de chantier), Farhat Omar (Docteur Chedid)
Scénario : Kamel Youssef et Saad Eddin Wahba
Sur une idée de Loubna Abdel Aziz
Musique : Ali Ismaïl, Abdul Hamid Abdul Rahman, Ahmed Shafek Abou Auf
Production : Ramsès Naguib


Comédie. Sami est un géologue qui s’installe pour quelque temps à Louxor afin de superviser le forage d’un puits de pétrole en plein milieu d’un site archéologique. Dès sa première journée de travail, il doit affronter le Docteur Hassan, inspecteur des Antiquités ainsi que son assistante. Les deux personnages tentent de dissuader Sami d’entamer son œuvre de destruction et le menacent d’en informer le ministère. Le lendemain, un autre souci attend le géologue : les ouvriers refusent de continuer à creuser ; ils craignent d’abîmer les tombes qui sont dans le sous-sol et d’être ensuite frappés par la malédiction du Pharaon. Et dernier désagrément : une femme du temps des Pharaons apparaît au milieu des ruines. Seul, Sami peut la voir. Cette séduisante personne est venue du monde des morts pour empêcher tout forage sur le prestigieux domaine construit par ses ancêtres. Elle entreprend de rendre la vie impossible au géologue…

Notre avis : on trouvera bien des analogies entre cette mariée du Nil et la comédie musicale d’Henry Barakat « Mademoiselle Diablesse » qui date de 1949. Dans ces deux films, un fantôme féminin ayant vécu à une époque très reculée s’amuse à perturber l’existence d’un homme d’aujourd’hui. Si « Mademoiselle Diablesse » est un chef d’œuvre, il n’en est pas de même pour le film de Fateen Abdel Wahab qui reste néanmoins un agréable divertissement avec un message estimable : l’Egypte ne doit pas sacrifier son patrimoine exceptionnel au nom d’impératifs économiques et industriels. Les cinéphiles apprécieront dans la scène du mariage, la référence évidente au film d’Henry Barakat qui lui-même s’inspirait de la comédie américaine de René Clair « J’ai épousé une sorcière » datant de 1942. Dans les trois films, l’héroïne use de pouvoirs surnaturels pour perturber la cérémonie qui doit unir celui qu’elle aime avec une rivale.


Vendredi 21 juin à 20h30

Oum Ratiba d’El Sayed Bedeir (1959)
avec Mary Moneib (Oum Ratiba), Omar El-Hariri (le jeune frère d’Oum Ratiba), Thurya Fakhry (la mère de Sayed et de Souad), Abdel Moneim Ibrahim (le serviteur), Abdel Moneim Ismaïl (le boucher), Wedad Hamdy (Sonia, la servante), Mahmoud Shoukoko (le boucher), Nagwa Fouad (Safia, l’amie de Souad), Ahmed Mazhar (l’inspecteur), Farid Shawki (un faux mage), Hussein Riad (un faux mage), Amal Farid (Souad), Fouad Shafik (le frère aîné d’Oum Ratiba), Hassan Fayek (Sayed, le frère de Souad)
Scénario et dialogues : Youssef Al Sebaï
Musique : Attya Sharara
Production : les Films Al Hilal


Comédie. Oum Ratiba et son frère Suleiman vivent sous la coupe de leur frère aîné, Abdel. A l’égard de son entourage, ce dernier exerce une tyrannie de chaque instant. Il interdit même à sa sœur d’épouser leur voisin qui l’aime passionnément. Abdel est obsédé par la sorcellerie. Avec des amis, il organise des séances de magie noire auxquelles doivent se joindre son jeune frère et leur domestique Zenham. Suleiman souffre d’insuffisance cardiaque et il lui est impossible de mener une vie normale. Abdel a donc eu une idée : ils vont entrer en communication avec l’esprit du docteur Al Banasawi afin qu’il leur propose un remède. Soad, la jeune femme amoureuse de Suleiman, est révoltée par ces pratiques superstitieuses. Avec la complicité d’une amie danseuse, elle interrompt brusquement la petite cérémonie…

Notre avis : El Sayed Bedeir avait tous les talents, acteur, dialoguiste, scénariste, réalisateur. Travailleur infatigable, on retrouve son nom, à un titre ou à un autre, à l’affiche d’un nombre incroyable de grands classiques des années cinquante et soixante. Rien que pour cette année 1959, il réalise donc cette « Oum Ratiba » mais aussi « Elle vécut pour l’Amour » et il a écrit les scénarios de deux films très importants réalisés par Salah Abou Seif, » Entre Ciel et Terre » et « Je suis Libre ». « Oum Ratiba » se présente comme une satire très féroce à la fois de la superstition et du patriarcat tyrannique. A travers le personnage incarné avec brio par Fouad Shafik, El Sayed Bedeir s’en prend à tout un système qui emprisonne les âmes et les corps. Et il adopte des accents presque molièresques (El Sayed Bedeir est aussi un homme de théâtre) pour souligner les ridicules de ce chef de famille qui finira par capituler devant la révolte pleine de bons sens des personnages féminins.


Jeudi 20 juin à 20h30

Le Dernier Mensonge d'Ahmed Badrakhan (Akher Kidba, 1950)
avec Farid Al Atrache (Samir), Samia Gamal (Samira Honolulu, l’épouse de Samir), Camellia (Kiki), Aziz Othman (le Maharajah), Ismail Yassin (Arnab/Madame Cire d’Abeille), Ali El Kassar (le domestique), Stephan Rosti (le médecin), Zaki Ibrahim (le directeur de l’opéra), Saïd Abou Bakr (le traducteur), Abdel Salam Al Nabolsi (le représentant de la société d’assurance), Abdel Halim El Qalawy (le chauffeur de bus fou), Abdul Jabbar Metwally (le voleur), Mohamed Shawky (le vendeur de ballons)
Scénario : Abou Al Seoud Al Ibiary et Ahmed Badrakhan
Musique : Farid Al Atrache
Production : les films Farid Al Atrache
Dernier film de l’actrice Camellia. Elle disparaît brutalement dans un accident d’avion le 31 août 1950.


Samir est un chanteur marié à Samira une danseuse avec qui il travaille. Son bonheur serait complet si Samira n’était pas d’une jalousie féroce. Elle surveille chacun de ses faits et gestes. Quand elle doit s’absenter, elle ne lui laisse pas un sou de peur qu’il en profite pour rencontrer d’autres femmes. Un jour, il reçoit la visite de son ancienne fiancée, Kiki. Elle veut renouer avec lui mais il refuse. Elle ne se décourage pas pour autant. Avec l’aide d’un Maharajah de ses amis très menaçant, elle oblige Samir à assister à la petite fête qu’elle donne pour son anniversaire. Au cours de la soirée, le chanteur casse le collier de perles que portait Kiki, un collier très cher appartenant au Maharajah. Samir s’engage à le faire réparer et retourne chez lui avec dans sa poche de veston le fameux bijou. Le lendemain matin, Samira, toujours aussi suspicieuse, inspecte méthodiquement toutes les poches de son mari et tombe sur le collier…

Notre avis : une comédie musicale follement réjouissante avec le duo légendaire Farid Al Atrache et Samia Gamal. Les numéros chantés et dansés, bien que très longs, comptent parmi les plus mémorables de l’histoire du cinéma égyptien. Jamais Samia Gamal ne fut aussi belle et aussi sensuelle à l’écran. Autour du couple vedette, on retrouve les figures les plus célèbres de la comédie de l’époque, et par leur talent et leur énergie elles contribuent elles aussi à la réussite de ce « Dernier Mensonge ». Certes, on pourrait déplorer que le scénario surexploite certaines situations ou certains procédés (Je pense aux visites de l’agent d’assurances et du médecin au domicile du héros) mais ce serait vraiment chipoter. Le rythme trépidant du film et l’allégresse qui s’en dégage font bien vite oublier ces petites réserves. Enfin, rappelons que c’est la dernière apparition au cinéma de Camellia et elle est épatante en rivale sans-gêne de Samia Gamal. Celle qui était devenue une star en quelques années aurait pu prétendre à une magnifique carrière dans la comédie. Le destin en a voulu autrement.


Mercredi 19 juin à 20h30

Raya et Sakina de Salah Abou Seif (Raya wa Sakina, 1953)
avec Negma Ibrahim (Raya), Zouzou Hamdy El-Hakim (Sakina), Farid Shawki (le borgne de la bande de Raya et Sakina), Anwar Wagdi (Ahmed Yousri, l'officier de police qui mène l'enquête), Chukry Sarhan (Amin, l'homme qui attire les victimes), Samira Ahmed (Soad), Berlanty Abdel Hamid (fiancée d'Amin et amie de Soad), Saïd Khalil (le mari de Sakina), Reyad El Kasabgy (le mari de Raya), Abdel Hamid Zaki (le père de Dalal), Malika El Gamal (la mère de Bassima, une victime du gang), Zeinat Olwi (la danseuse), Suleiman El Gindy (le petit frère de Soad), Shafik Nour El Din (le coiffeur)
Scénario : Naguib Mahfouz, Salah Abou Seif
D’après une histoire de Lotfi Othman
Dialogues : El Sayed Bedeir
Musique : Ahmed Sedky et Hussein Guenid
Production : Ramses Naguib


Alexandrie a peur. Depuis quelque temps des femmes disparaissent dans des conditions mystérieuses. On compte pour l'instant 26 victimes mais nul doute que la liste ne va pas tarder à s'allonger. Ahmed Yousri, le chef du service des affaires criminelles, dirige l'enquête. Pour entrer en contact avec les kidnappeurs, il se déguise en marin et fréquente les cafés et les cabarets des quartiers populaires. Il va très vite obtenir de précieuses informations. L'un des premiers suspects est Amin, un séduisant jeune homme, employé de bureau dans un abattoir...
Ce film évoque un fait divers qui défraya la chronique en Egypte au début des années 20.
appréciation : 4/5

Notre avis : un excellent thriller écrit par le prix Nobel de littérature et pour lequel Salah Abou Seif a appliqué les recettes du film noir américain : une intrigue épurée, une atmosphère inquiétante et une mise en scène nerveuse qui privilégie l'action.
On pourra s'étonner du choix d'Anwar Wagdi pour incarner l'officier de police chargé de l'enquête. Certes, il jouit à l'époque d'une célébrité peu commune, et comme acteur et comme réalisateur, mais son univers est plutôt celui de la comédie ou du drame sentimental, bien loin du réalisme cher à Salah Abou Seif. A noter, qu'en cette même année 52, Anwar Wagdi joue à nouveau un inspecteur de police dans « Le Tigre », une comédie musicale d'Hussein Fawzy et que deux ans plus tard, en 1954, Salah Abou Seif l'engage une nouvelle fois pour jouer un enquêteur dans « Le Monstre ». (Anwar Wagdi avait une prédilection certaine pour l'uniforme !)
Auprès de l'acteur, on trouve deux toutes jeunes actrices promises à de belles carrières, Samirah Ahmed et Berlanti Abdel Hamid qui au moment du tournage ont respectivement 14 et 17 ans.


Mardi 18 juin à 16h

Ismaël Yassin chez les fous d'Issa Karama (Ismael Yassin fi mostashfa el maganen, 1958)
avec Ismaël Yassin (Hassouna), Hind Rostom (Tema), Zinat Sedki (la mère de Tema), Abd El Fatah El Kosary (le père de Tema), Reyad El Kasabgy (chef de service à l’hôpital psychiatrique), Hassan Atla (un fou), Fouad Ratab (un fou), Farhat Omar (le docteur Shadid), Abdel Moneim Ibrahim (un fou), Abdel Moneim Ismaïl (le marchand de légumes), Hussein Ismaïl (le boucher), Hussein Asar (Zaki Al-Qahwaji), Mohsen Hassanein, Kitty (la danseuse), Helen (la folle qui fait un strip-tease), Salha Kasin, Abdel Hamid Zaki (le propriétaire de la pâtisserie), Ezzedin Islam (le directeur de l’hôpital), Abdel Ghany Kamar (l’astrologue)
Scénario : Abbas Kamel, Abdel Fattah El Sayed
Musique : Attya Sharara
Production : les films Karama
Appréciation : 3/5


Comédie. Tout le monde dans le quartier veut épouser Tema. Son père a emprunté de l’argent aux uns et aux autres en leur promettant à chaque fois de leur donner la main de sa fille. Tema est amoureuses de Hassouna, le pâtissier. Malheureusement, un chef de service à l’hôpital psychiatrique s’engage à éponger toutes les dettes du père si celui-ci consent à faire de lui son gendre. Les deux hommes font affaire mais il faut se débarrasser d’Hassouna. Ils décident de le faire passer pour fou et de l’interner à l’hôpital psychiatrique.

Notre avis : c’est une comédie typique des années cinquante qui mêle le burlesque et le glamour avec un seul objectif : plaire au plus grand nombre. Mais l’intérêt majeur de ce divertissement tout public réside sans aucun doute dans sa critique virulente de la famille traditionnelle et de la condition faite aux femmes. On voit un père, cynique et sans scrupule, promettre sa fille à qui voudra bien rembourser ses dettes et on voit aussi d’honnêtes artisans ou commerçants proposer « généreusement » leur aide au papa contre les faveurs de la belle Tema, incarnée avec brio par l’affriolante (et dans ce film, le mot est faible !) Hind Rostom.
Cela étant dit, « Ismaïl Yassin chez les fous » comporte quelques faiblesses. Une grande partie de l’intrigue se déroule au sein d’un hôpital psychiatrique et cela nous vaut des scènes interminables avec des « fous » se livrant à des pitreries puériles et répétitives.


Lundi 17 juin à 18h

Al Arafich de Niazi Mustafa (El-Tout wal Nabout, 1986)
avec Hamdy Ghaith (Assouna Al Sabaa), Amina Rizq (Halima Al Baraka), Ezzat Al Alaily (Ashour, le fils aîné d’Halima), Ali Hassanein (le cheikh aveugle), Taysir Fahmy (Aziza Radwan), Mohga Abdel Rahman (Morgana, la servante d’Aziza), Samir Sabri (Fayez, le deuxième fils d’Halima), Mohye El Din Abdel Mohsen (Mousa Al-Awar), Mona El Saeed (la danseuse Nousa), Mahmoud El Gendy (Dia, le plus jeune fils d’Halima), Salah Nazmi (le commerçant Hajj Abdul Rahim), Amal Ramzi (Salma), Samira Sedky (Fathia, la fiancée de Dia), Hafez Amin (Mohamed Al Ajl, le père de Fathia), Kamal El Dessouky (Rafqi, le joueur professionnel), Fawzi Al Sharqawi (le policier), Ahmed Abou Abiya (le cheikh Yunus), Mahmoud Abou Zeid (le cheikh Al Daldul), Amal Diab (Mabrouka), Hussein El Imam (Al Margoushi), Ahmed Akl (le maire), Atef Barakat (Mokhtar Bey), Sami Ali (le chanteur), El Rayyes Metqaal (le chanteur traditionnel)
Scénario : Essam Al Gamblaty et Naguib Mahfouz
D’après la dernière partie du roman (Le dixième livre intitulé La Trique et le Murier) de Naguib Mahfouz, La Chanson des Gueux publié en 1977. Dans le roman, Ashour est le benjamin de la famille alors que dans le film, il est l’aîné.
Musique : Mohamed Sultan
Production : Georges Fawzi


Nous sommes au Caire, au début du XXe siècle. A cette époque, dans les quartiers populaires régnaient les futuwas, sorte de chefs de gang respectés et craints pour leur force. Ils pouvaient se comporter comme des seigneurs protégeant les plus faibles ou comme des tyrans abusant de leur pouvoir.
Halima Al Baraka fut l’épouse d’un de ces futuwas mais à la mort de son mari, c’est Hassouna, l’un de ses anciens serviteurs, qui devint l’homme fort du quartier et il n’eut de cesse d’humilier ses anciens maîtres. Halima al Baraka vit modestement avec ses trois fils. Ashour est le fils aîné, il est berger et il est resté fidèle aux valeurs de son père. Il s’oppose à la brutalité des hommes d’Hassouna qui sans raison frappent tous ceux qui ont le malheur de croiser leur chemin. Il est tombé amoureux d’une jeune femme Aziza qu’il a secourue alors qu’elle et sa servante étaient agressées par deux hommes. Aziza ne cache pas l’inclination qu’elle ressent pour Ashour mais celui-ci refuse de se déclarer car il s’estime trop pauvre pour la demander en mariage. Fayez, le second fils, est charretier. Il ne supporte plus sa condition et souhaiterait changer radicalement d’existence. L’occasion lui en est enfin donnée quand dans la rue il est venu au secours d’un client d’un cabaret malmené par plusieurs individus. La danseuse Nousa, qui est la directrice de l’établissement, a vu la scène. Elle est séduite par la force et le courage de Fayez et elle ne tarde pas à en faire son amant. Elle lui apprend toutes les combines qui feront de lui un homme riche. Quant au plus jeune, Dia, il travaille comme homme à tout faire chez un commerçant. Les femmes constituent son unique préoccupation. Il est très attiré par la fille de son patron bien qu’il soit fiancé à Fathia, la fille de l’employé qui chez sa mère s’occupe des animaux. Il n’a de cesse de la harceler pour qu’elle lui cède mais la jeune femme se défend énergiquement…

Notre avis : on peut considérer ce film comme le dernier de Niazi Mostafa, le réalisateur le plus flamboyant du cinéma égyptien. Il meurt, assassiné dans des circonstances obscures, quelques mois après la sortie sur les écrans d’"Al Arafich" (Après sa mort, sortira en 87 un dernier film sans intérêt dont le tournage a été en grande partie assuré par son assistante.). Cette adaptation d’une œuvre du prix Nobel de littérature ne jouit pas de la même notoriété que celles réalisées par Hassan Al Imam ou par Salah Abou Seif et c’est bien injuste. Niazi Mostafa a restitué fidèlement l’univers et les péripéties de la dernière partie du roman de Naguib Mahfouz. Certes il a laissé de côté la dimension philosophique du texte original pour réaliser un thriller mais Niazi Mostafa est avant tout un homme de spectacle qui déteste ennuyer son public. Alors reconnaissons qu’il est arrivé à ses fins sans trahir le grand écrivain. « Al Arafich » se présente comme une superproduction aux couleurs vives et aux passions violentes. L’interprétation est remarquable aussi bien pour les premiers que pour les seconds rôles . On découvre un Samir Sabri auquel nous sommes peu habitué. D’ordinaire, il joue, avec une certaine décontraction, les jeunes fêtards insouciants et superficiels. Dans ce film, il nous prouve qu’il est aussi un très grand acteur dramatique.
 

Dimanche 16 juin à 16h

La Pension des Surprises
d’Issa Karama (Luakanidat almufajat, 1959)

avec Ismail Yassin (Katakawa), Hind Rostom (Nabila), Abdel Moneim Ibrahim (Zaghloul), Soheir El Bably (Fella, la fille de Qandil), Mohamed Tawfiq (Mishmish), Reyad El Kasabgy (Zarif), Fahmy Aman (Qandil, l’amant de Nabila), Layla Hamdy (Rafia Hanem, la femme de Qandil), Abdel Ghani El Nagdi (un villageois), Hassan Atla (Hassan), Salha Kasin (la vieille femme), Mohsen Hassanein (Mohsen), Ibrahim Hechmat (le directeur de la pension), Ezz Eddin Islam (l’avocat Ahmed Rashad), Tousoun Motamad (un complice de Zarif, Hassan et Mohsen)
Scénario : Issa Karama
Dialogues : Abdel Fattah El Sayed
Musique : Hussein Guenid, Tita Saleh
Production : Mostafa Hassan


Katakawa et Zaghloul ont ouvert une agence de détectives privés. La danseuse Nabila accompagnée de l’un de ses soupirants se présente dans leurs bureaux. Elle a perdu son chien Kiki et souhaite que les deux amis se chargent de retrouver sa trace. Afin de les aider dans leur enquête, la danseuse leur remet une photo de l’animal. Pour s’éviter des efforts inutiles, Zaghloul et Katakawa décident de se procurer un chien de même race et de lui ajouter avec de la peinture des taches afin qu’il ressemble exactement au Kiki perdu. Ensuite, Katakawa se rend avec le chien dans l’hôtel où travaille Nabila. Cette dernière est en grande conversation avec son patron. Quand elle voit arriver le détective avec son Kiki, elle explose de joie. Katakawa s’apprête à repartir avec son argent quand le directeur de l’établissement le retient pour lui proposer une mission : démasquer les malfaiteurs qui régulièrement dépouillent ses clients. Un peu plus tard, Katakawa se présente à la réception de l’hôtel avec Zaghoul. Il est déguisé en hindou, et son camarade en femme indienne. Ainsi accoutrés, ils commencent leur nouvelle enquête…

Notre avis : dans ce film, on retrouve dans les premiers rôles Hind Rostom et Ismaïl Yassin comme dans la précédente réalisation d’Issa Karama « Ismaël Yassin chez les fous ». On doit à ce cinéaste un grand nombre de comédies grand public et on ne peut lui contester un certain savoir-faire dans ce genre même s’il n’a pas le talent de son contemporain Fateen Abdel Wahab. « La Pension des Surprises » repose sur des ficelles éprouvées de la comédie et, contrairement à ce que pourrait laisser entendre son titre, on reste constamment en terrain connu : Issa Karama n’aime pas déconcerter son public et son film ressemble à un collage d’idées puisées dans d’autres comédies à succès. Quelques exemples : l’idée de l’hôtel avec ses voleurs et ses détectives est empruntée à « Attention à votre portefeuille » de Mahmoud Ismaïl (Eweaa al Mahfaza, 1949) ; celle de la danseuse qui a perdu son petit chien et qu’on remplace par un autre identique est tirée de « C'est Toi que j'aime » d’Ahmed Badrakhan (Ahebbak Inta, 1949) ; celle de l’homme qui se travestit et doit affronter les avances d’individus trop entreprenants, vient bien sûr de « Mademoiselle Hanafi » de Fateen Abdel Wahab (Anissa Hanafi, 1954). Il n’empêche qu’on peut tout de même voir cette « Pension des Surprises » pour Hind Rostom qui entre deux grands films vient illuminer cette petite comédie de toute sa sensualité explosive.


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