samedi 1 juin 2024

A la télé : les films du jour (Rotana Classic du 1er au 15 juin)

روتانا كلاسيك

Quels films peut-on voir sur la chaîne Rotana Classic ? Les horaires donnés sont ceux de l'après-midi ou de la soirée (heure de Paris). La plupart des films sont ensuite rediffusés le lendemain matin.
Rotana Classic a remplacé Rotana Zaman en 2012. Cette chaine fait partie du groupe Rotana basé en Arabie Saoudite et spécialisé dans le divertissement (télévision et musique). Celui-ci a été créé par le prince Al-Walid ben Talal ben Abdelaziz Al Saoud, membre de la dynastie Al Saoud et petit-fils du fondateur de l'Arabie Saoudite. Comme son nom l’indique, Rotana Classic diffuse essentiellement les grands classiques du cinéma égyptien. Disponible en France.


Samedi 15 juin à 16h

L’amour n’a pas de remède de Youssef Maalouf (al-hawa maloush dawa, 1952)
avec Shadia (Samara), Kamal Al Shennawi (Latif), Ismail Yassin (Khafif), Thoraya Helmy (Shahala), Fakher Fakher (Bahjat Bey), Reyad El Kasabgy (un des hommes de Bahjat Bey), Aida Kamel (Layla), Abdel Ghany Kamar (le président du conseil d’administration), Lotfi El Hakim (le président de la société des Tramways)
Scénario : Abou Al Seoud Al Ebiary et Youssef Issa
Auteurs et compositeurs des chansons : Abdel Aziz Salam, Ahmed Sedqi, Saleh Jawdat, Sedqi Al-Hawa, Fathi Qawra, Mahmoud Al-Sharif, Izzat Al Jahili
Production : Henry Barakat


Comédie chantée. Latif et Khafif sont deux amis qui travaillent dans la même entreprise. Un jour, ils sont chargés de représenter leur société lors de l’inauguration d’une nouvelle ligne de tramway. Malheureusement durant cette mission, Khafif assomme un officiel d’un violent coup de maillet. Le directeur licencie les deux compères sur-le-champ. Latif et Khafif décident de jouer aux courses tout le montant de leurs indemnités. Ils commencent d’abord par perdre mais lors de la dernière course ils gagnent enfin alors qu’ils pensaient avoir à nouveau joué de malchance. En fait, cette bonne fortune, ils la doivent à une jeune femme avec qui Latif s’est disputé à propos d’une prétendue erreur concernant l’attribution des tickets par l’employé de la société hippique.
Les deux amis retrouvent l’inconnue dans un cabaret où ils sont allés dîner. Elle est la chanteuse de l’établissement et elle s’appelle Samara. Latif la rejoint dans sa loge. Une conversation s’engage et le jeune homme fait tout pour dissiper l’animosité que la jeune femme semble encore éprouver à son égard. Apparaît le directeur du cabaret qui met aussitôt Latif à la porte. Cet homme, cruel et malhonnête, est amoureux de Samara et il souhaite l’épouser : il ne souffre la présence d’aucun rival…

Notre avis : Youssef Maalouf tourne une nouvelle fois avec le trio vedette qu’il avait réuni l’année précédente dans « Egaux dans le Malheur », à savoir la jeune Shadia accompagnée de ses deux compères Ismaël Yassin et Kamal El Shennawi. La recette est à peu près la même : des chansons, des gags et de l’action. Le film ne manque ni de punch ni de fantaisie et la première partie, l’inauguration de la ligne du tramway, nous rappelle la verve satirique de certaines comédies françaises ou américaines des années trente. Cela dit, certains gags ont beaucoup vieilli (Je pense à la scène dans laquelle les deux garçons se sont grimés en noirs et jettent des peaux de banane sur la piste de danse pour faire tomber les danseurs). Cette comédie est certes distrayante mais elle n’a pas la qualité de «Egaux dans le Malheur». Une raison possible à cela : le scénario cette fois-ci n’est pas signé Henry Barakat qui se contente pour ce second opus d’être le producteur.


Vendredi 14 juin à 20h30

Souviens-toi de moi d’Henry Barakat ((Idhkourini, 1978)
avec Nagla Fathy (Mona), Mahmoud Yassin (Mahmoud Hussein), Ahmed Khamis (l’oncle de Mona), Alia Abdel Moneim (la tante de Mona), Moshira Ismaïl (la cousine de Mona), Zizi El Badraoui (Layla, la femme de Mahmoud), Youssef Shaaban (le mari de Mona), Hayat Kandil (Amia, la fille de Mahmoud élevée par Mona), Khaled Zaki (le fils de Mona)
Scénario : Rafik El Saban
D’après un roman de Youssef Al Sebaï, Entre les Ruines (1953)
Musique : Omar Khorsheid


Drame sentimental. Mona est une jeune orpheline qui vit chez son oncle. Etudiante, elle rencontre Mahmoud Hussein, un jeune écrivain dont elle tombe follement amoureuse. Entre eux naît une idylle, prémisse d’un bonheur éternel. Malheureusement, Mahmoud est déjà marié. Sa femme est malade du cœur et une séparation est inenvisageable. Terrassée par le chagrin, Mona accepte d’épouser l’homme que lui propose son oncle. Peu après, elle donne naissance à un petit garçon. Les mois passent. Un jour, elle apprend que Mahmoud est hospitalisé. Il a été victime d’un accident de la route et il est plongé dans le coma. Malgré l’opposition de son mari, elle se rend au chevet de celui qu’elle n’a jamais cessé d’aimer. Son mari demande le divorce et s’installe à l’étranger avec leur fils. Mahmoud meurt peu après alors que sa femme s’apprête à accoucher. Cette dernière meurt à son tour en donnant naissance à une petite fille. Mona décide d’élever l’enfant. Les années passent…
Peut intéresser les fans de Michel Sardou : dans une scène, les personnages dansent très longuement sur la chanson « Je Vais t’Aimer ».
Deux informations :
Le roman de Youssef Al Sebaï avait déjà fait l’objet d’une adaptation en 1959 par Ezzel Dine Zulficar avec Faten Hamama, Imad Hamdi et Salah Zulficar.
Le film sort en Egypte en mars 1978. Un mois auparavant, l'auteur du roman meurt assassiné sur l'île de Chypre.

Notre avis : malgré toute l‘admiration que nous inspire Henry Barakat et Nagla Fathy, nous n’avons guère été émus par ce mélodrame. « Souviens-toi de moi » est constitué d’une accumulation de clichés dans un style très « roman-photo ». Les deux héros, toujours élégamment vêtus et impeccablement peignés, se promènent main dans la main, s’échangent de longs regards attendris ou bien se chuchotent à l’oreille des mots doux, avec comme fond sonore, piano et violons romantiques. Les acteurs adoptent le même jeu dans toutes les scènes : voix basses et mines navrées. Comme nous le précisions dans notre présentation, ce film est un remake d’ « Entre les Ruines » réalisé vingt ans plus tôt par Ezzel Dine Zulficar. Il faut bien avouer qu’il fait pâle figure devant l’original même si Nagla Fathy avait tout le talent et le charisme pour reprendre dignement le rôle de Faten Hamama.


Jeudi 13 juin juin à 20h30

Filles d'aujourd'hui d'Henry Barakat (Banat Al Youm, 1956)

avec Ahmed Ramzy (Fathi), Abdel Halim Hafez (Khaled), Magda Al Sabahi (Salwa), Serag Mounir (le docteur Lotfi), Amal Farid (Layla), Cariman (Buthaïna, la meilleure amie de Layla), Thuraya Fakhry (la mère de Buthaïna), Nawal Mustafa (Najwa), Ellen Diato (Sonia)
Scénario : Henry Barakat et Youssef Issa
Musique : Mohamed Abdel Wahab
Production : les Films Mohamed Abdel Wahab
L’une des scènes du film reprend à l’identique des éléments du chef d’œuvre du cinéma américain, Une Place au Soleil de George Stevens (1951). Même cadre : une fête dans une grande maison de maître ; même musique : Barakat utilise le thème du film américain composé par Franz Waxman ; mêmes costumes : les deux sœurs Salwa et Layla portent une robe identique, copiée sur celle que porte Liz Taylor dans le film de George Stevens ; et même coiffure : Amal Farid a été coiffée pour ressembler au plus près à la jeune actrice américaine. Hommage ou plagiat ?


Comédie musicale. Suleiman Lotfi est un gynécologue qui a trois filles. Salwa est l’aînée, c’est une fille douce et raisonnable qui depuis la mort de leur mère s’occupe de ses deux sœurs plus jeunes, Layla et Najwa. Si la seconde est encore une enfant, la première est une jeune fille insouciante et frivole qui ne pense qu’à s’amuser avec Buthaïna, sa meilleure amie. Fathi, un artiste peintre, est tombé amoureux de Salwa et son ami Khaled veut l’aider à conquérir la jeune fille. Celui-ci est d’autant mieux placé pour le faire qu’il connaît personnellement le docteur et que tous les deux fréquentent le même club. Khaled va sympathiser avec Salwa et provoquer une rencontre avec Fathi. De son côté, il n’est pas insensible au charme de Layla, la deuxième fille du docteur Lotfi. Ils finissent par sortir ensemble et échafaudent des projets communs. Mais les événements à venir vont révéler que Khaled et Salwa sont irrésistiblement attirés l’un vers l’autre…

Notre avis : une très belle comédie musicale avec en vedette celui qui s’apprête à détrôner Farid Al Atrache, le tout jeune Abdel Halim Hafez (aucune rivalité entre les deux hommes qui étaient amis). Les cinq chansons qu’il interprète dans ce film ont été composées par Mohamed Abdel Wahab et parmi elles, figure « Awak » (Je vous Adore), l’un des plus grands « tubes » du chanteur. Henry Barakat peint avec sensibilité et subtilité la naissance de l’amour qui provoque la plus grande confusion dans les cœurs de ses jeunes héros. Amal Farid et Cariman jouent avec un naturel sidérant les jeunes filles complices et insouciantes (destins parallèles de ces deux actrices : elles débutent en même temps et mettent brutalement un terme à leur carrière l’une en 1967 et l’autre en 1968, alors qu’elles ont à peine trente ans.)


Mercredi 12 juin à 16h

Le Prix de l’Amour de Mahmoud Zulficar (Thaman Al-Hob, 1963)
avec Maryam Fakhr Eddine (Soad Hanem), Layla Taher (Inayat, l’amie de Soad), Fouad El Mohandes (Hussein, l’avocat de Soad), Abdel Khalek Saleh (Alawi), Chukry Sarhan (Salah, le fils d’Alawi), Nahed Samir (Sonia, la femme d’Alawi), Zeinab Sedky (la mère d’Alawi), Hassan Anis (l’avocat), Ali Oraby (le chauffeur de taxi), Ahmed Al Haddad (Mabrouk, l’employé d’Alawi), Layla Yousry (la servante de la maîtresse de Salah), Soheir Zaky (danseuse et maîtresse de Salah)
Scénario : Mohamed Abou Youssef et Mahmoud Zulficar
Musique de danse : Attia Sharara
Musique du générique : Canadian Capers (Earl Burtnett, Gus Chandler, Bert White, Henry Cohen)
Production : Aflam Misr Algadida et Aflam Alshams


Alawi avait gaspillé toute sa fortune ainsi que celles de sa femme et de sa mère. Heureusement, il avait hérité de son frère Abbas, ce qui lui avait permis de retrouver une certaine aisance financière. Mais c’était sans compter un petit détail : son frère, après la mort de son épouse, s’était remarié en secret avec une jeune femme, Soad Hanem. Quand celle-ci avait décidé de faire valoir ses droits, Alawi lui avait fait un procès qu’il avait gagné. Mais l’obstination de l’avocat de la veuve finit par payer et deux ans plus tard, Alawi doit restituer tout l’héritage de son frère à sa belle-sœur. Le vieil homme réunit un conseil de famille et il est décidé que pour éviter la ruine, son fils Salah devra épouser l’héritière. Salah ne travaille pas et passe ses nuits à boire en compagnie de femmes légères. Craignant de devenir pauvre et de devoir travailler, il accepte la mission. Salah téléphone à Soad Hanem afin de prendre rendez-vous avec elle. La jeune femme accepte de le recevoir mais sur les conseils de son avocat, c’est son amie Inayat qui se fera passer pour elle lors de cet entretien…

Notre avis : une comédie gentillette dans laquelle toute une famille finit par retrouver sa fortune grâce à l’amour. Difficile de concevoir une morale plus « bourgeoise » ! Le premier rôle féminin est dévolu à Maryam Fakhr Eddine qui joue son personnage habituel de jeune femme élégante et désespérément convenable (les réalisateurs oublient trop souvent qu’elle est bien plus intéressante en garce ou en femme fatale.). Le film souffre aussi de son esthétique très théâtral : on a l’impression que les personnages passent la majeure partie de leur temps à pérorer au salon, confortablement assis sur le canapé ou dans des fauteuils. Autre défaut majeur du film : les pitreries d’Ahmed Al Haddad fatiguent très vite et le réalisateur a la très mauvaise idée de solliciter celui-ci bien au-delà de ce qu’exigeait le scénario. Dans la première partie, son interminable numéro d’homme ivre est particulièrement exaspérant.


Mardi 11 juin à 18h

Quatre en mission officielle d’Ali Abdel Khalek (Arba'a Fi Muhimma Rasmiya, 1987)
avec Ahmed Zaki (Anwar), Noura (Fatima/Batah), Nagah Al Muji (Ahmed), Etedal Shahin (la mère de Batah), Abdullah Meshref (l’employé du trésor), Rafaat Fahmi (Shehata Bey), Fouad Khalil (Nagib Effendi), Kamal El Zeiny (Shawki), Shawqi Shamekh (Watani, le cousin d’Anwar), Mohamed El Adendani (Adam), Abd El Ghany Nasser (le ministre), Fatma Wagdy (la cliente de la pharmacie), Ahmed Abou Abiya (le vétérinaire), Raafat Raji(le vétérinaire), Ahmed Hegazi (le maître d’hôtel)
Une histoire de Mohamed Dawara
Scénario : Ali Abdel Khalek et Abdel Jawad Youssef
Dialogue : Ali Salem
Musique : Hassan Abou El Sahoud
Production : Compagnie Al Alamia pour la télévision et le cinéma


Comédie. Anwar est un petit fonctionnaire qui travaille au service des successions de la ville de Louxor. Il occupe son temps libre à fréquenter les lieux touristiques pour séduire les belles étrangères. Son arme secrète de séducteur est un parfum confectionné par le vieil Adam. Malheureusement, l’odeur est tellement épouvantable qu’elle fait fuir toutes les femmes qu’Anwar tente d’approcher. Il y a même eu dépôt de plainte et la police a dû ouvrir une enquête. Anwar rêve de quitter la Haute Egypte pour changer de vie. Il a donc signé un contrat avec le responsable d’une agence de tourisme et s’apprête à quitter l’Egypte pour la Grèce où les femmes, dit-on, sont particulièrement faciles. Mais avant son départ, sa direction lui confie une mission délicate. Un homme vient de mourir laissant pour tout bien une chèvre, un âne et un singe. On n’est pas parvenu à les vendre sur place si bien qu’Anwar est chargé d’acheminer les trois animaux jusqu’au Trésor Public du Caire. Il prend le train pour la capitale avec ses trois protégés…

Notre avis : une comédie laborieuse qui accumule les scènes comiques pas drôles. Toute la première partie repose sur une idée qui se voudrait rigolote mais qui ne l’est pas : le héros s’asperge d’un parfum qui sent très mauvais et cela nous vaut de longues scènes maladroites dans lesquelles on assiste aux réactions outrées des différentes dames qu’il tente d’approcher. Consternant. Certains apprécieront peut-être la satire de la bureaucratie et de la corruption qui gangrènent la société égyptienne mais dans ce domaine, rien de bien neuf non plus. Quant au dénouement, il plaira peut-être aux enfants…
 

Lundi 10 juin à 16h

Mademoiselle Diablesse d'Henry Barakat (Afrita Hanem, 1949)
avec Samia Gamal (Kahramana), Farid El Atrache (Asfour), Ismail Yassin (Booh), Ali Kamel (Qilh), Mohamed Nabi (Halaq), Abdel Salam Al Nabulsi (Mimi Bey, le rival d’Asfour), Stephan Rosti (Abou Alyah, le directeur du théâtre), Lola Sedki (Alyah, la fille du directeur du théâtre), Zeinat Sedki (Warda, la directrice de la pension), Salah Kasin (une vieille dame), Zaki Ibrahim (le vieux sage), Mohamed Sobeih (le chauffeur de taxi), Mohsen Hassanein (le cireur de chaussures)
Scénario et dialogues : Abou Al Seoud Al Ebiary et Henry Barakat
Musique : Farid Al Atrache
Production : les films Farid Al Atrache/Studio Misr


Comédie musicale. Asfour est un chanteur sans le sou qui se produit sur la scène du Théâtre Crème. Il vit à la pension Warda avec ses collègues Booh, Qilh et Halaq. Il est amoureux de Alyah, sa partenaire mais aussi la fille du directeur du théâtre Crème. La jeune femme s’apprête à épouser un jeune homme riche, Mimi Bey. Asfour qui pourtant croit être aimé fait sa demande en mariage auprès du père d’Alyah. Ce dernier exige en dot une somme que le pauvre chanteur est incapable de réunir. Asfour est au désespoir mais le destin va lui porter secours. Alors qu’il erre sans but dans la campagne, un vieux sage vient à sa rencontre et lui donne rendez-vous dans une grotte. Asfour s’y rend accompagné de son ami Booh. Le vieil homme apparaît et remet au chanteur une lampe magique. En sort une petite diablesse du nom de Kahramana. Celle-ci peut exaucer tous ses vœux. Malheureusement, elle est tombée amoureuse d’Asfour et fera tout pour empêcher son mariage avec Alyah.

Notre avis : de 1947 à 1952, Samia Gamal et Farid Al Atrache vont partager le haut de l’affiche de sept comédies musicales. Cette « Mademoiselle Diablesse » constitue certainement l’acmé de leur carrière en couple. C’est une féérie visuelle et sonore dans laquelle les deux artistes semblent touchés par la grâce. Profitons-en pour souligner le rôle majeur joué par Samia Gamal dans l’évolution de la comédie musicale égyptienne. Son sens du mouvement et de la comédie a dépoussiéré un genre qui au départ s’inspirait largement de l’opérette traditionnelle d’où le caractère guindé des séquences dansées et chantées. Avec Samia Gamal tout change, le rythme s’accélère, la frénésie s’empare des corps, les répliques crépitent allègrement, la caméra elle-même semble danser comme entraînée par l’euphorie générale. Enfin, grâce à sa fougueuse partenaire, Farid Al Atrache se lâche et nous montre qu’il est bien meilleur acteur dans le registre comique que dans le drame.


Dimanche 9 juin à minuit

La Femme d'un Homme Important de Mohamed Khan (Zawgat Ragol Mohim, 1988)
avec Ahmed Zaki (Hisham), Mervat Amin (Mona), Ali Ghandour (le père de Mona), Alyah Ali (la mère de Mona), Zizi Mustapha (Samiha), Hassan Hosni (le brigadier Yousri), Thuraya Ezzelddin (la femme du brigadier Yousri), Nazim Sharawi (le directeur de la sécurité de l’état), Nahed Samir (la tante d’Isham), Othman Abdel Moneim (le directeur de la sécurité de la ville), Abdel Ghany Nasser (le député), Khairy Beshara (le mari de Samiha), Mohamed Dardiry (l’écrivain Magdy Ezz Al-Arab), Tarek Mandour (le chauffeur d’Hisham)
Scénario : Raouf Tawfiq
Musique : Georges Kazazian
figure dans la liste des quinze meilleurs films égyptiens de tous les temps


Dans l'Egypte des années soixante-dix. Mona Ismaïl est une jeune fille romantique qui adore le chanteur Abdel Halim Afez. Son père est ingénieur et pour des raisons professionnelles, il a dû s’installer avec toute sa petite famille à Minieh, une ville de Haute-Egypte. C’est là que Mona rencontre Hisham, un officier de police ambitieux et autoritaire. Elle est séduite par sa personnalité et elle accepte de l’épouser. Peu après le mariage, le jeune couple s’installe au Caire. Mona découvre très vite que son mari est un jeune homme brutal et arrogant qui exige d’elle une soumission totale. Parallèlement, Hisham comprend peu à peu les règles impitoyables de l'ascension sociale et il compte bien en user sans état d’âme. Les 18 et 19 janvier 1977 des émeutes éclatent dans tout le pays à cause de la hausse subite des prix d’un grand nombre de produits de première nécessité. Hisham veut exploiter ces troubles au profit de sa carrière personnelle...

Notre avis : l’un des meilleurs films de Mohamed Khan. Bien qu’il soit question des émeutes qui ébranlèrent le régime d’Anwar El Sadate en 1977 et que le personnage principal soit un officier de police cynique et violent, «La Femme d’un Homme Important » est davantage un drame psychologique qu’un film politique. Le réalisateur s’est surtout intéressé à la lente décomposition d’un couple et la situation sociale et politique du pays n’est évoquée que pour montrer comment elle influe sur la vie personnelle des deux héros. Ahmed Zaki et Mervat Amine sont impressionnants de justesse et de vérité dans des rôles particulièrement difficiles. On pourra regretter le caractère excessivement mélodramatique du dénouement.


Samedi 8 juin à 20h30

Le Secret du Bonnet Invisible de Niazi Mostafa (Ser Taqya el Ekhfa, 1959)
avec Tawfik El Deken (le bijoutier Amin), Berlanti Abdel Hamid (Lola, la maîtresse d’Amin), Abdel Moneim Ibrahim (Asfour), Mohamed Abdel Qodoos (le père d’Asfour), Ahmed Farahat (le frère d’Asfour), Zahrat Al Oula (Amal), Gamalat Zayed (la mère d’Asfour), Adli Kasseb (Salem, le rédacteur en chef), Samia Roshdi (la mère d’Amal)
Scénario : Abdel Hay Adib et Niazi Mostafa
Dialogues : El Sayed El Bedir
Musique : Mounir Mourad et Fathy Qora
Production : Khalil Diab


Comédie fantastique. Asfour est un reporter naïf et maladroit. Son incompétence notoire exaspère son rédacteur en chef. Il est amoureux d’une collègue, Amal. Malheureusement cette dernière doit épouser Amin, un cousin méchant et sournois, bijoutier de son état.
Asfour vit avec son petit frère Fasih et ses parents. Son père est un excentrique qui se consacre à l’alchimie. Il multiplie les expériences dans l’espoir de fabriquer un jour de l’or.
Amin ne supporte pas qu’Amal fréquente Asfour. Il menace son rival afin qu’il s’éloigne de la jeune femme. Le bijoutier a le soutien de la mère de celle-ci et rien ne pourra empêcher leur mariage. Asfour est désespéré.
Un soir, le petit Fasih est resté seul dans le laboratoire de leur père et il entreprend de jouer au petit chimiste. Il provoque une explosion qui libère d’une jarre un génie. L’enfant s’évanouit puis l’être surnaturel prend feu, ne laissant de son passage qu’une fine poussière qui s’est déposée sur un bonnet appartenant à Asfour.
Peu après, on s’aperçoit que le bonnet a le pouvoir de rendre invisible celui qui le porte. Asfour comprend tout de suite le parti qu’il va pouvoir en tirer. Tout d’abord, tourmenter Amin et empêcher son mariage avec Amal…

Notre avis : le seul film où l’éternel second rôle Abdel Moneim Ibrahim obtient le premier rôle. Même s’il peine à convaincre dans certaines scènes qui auraient exigé de sa part un petit grain de folie supplémentaire, reconnaissons qu’il propose un jeu très personnel, tout en retenue, bien loin de l’outrance de ses petits camarades. « Le Secret du Bonnet Invisible » est une comédie inégale : l’invisibilité du héros est prétexte à une accumulation de gags convenus et de farces de potaches. Heureusement, Berlanti Abdel Hamid, la Sza Sza Gabor égyptienne met du piment dans cette potion « magique » un peu fade. Sa danse du Hula Hoop est l’une des scènes les plus savoureuses du film.


Vendredi 7 juin à minuit

Je suis Innocente d’Houssam Al Din Mustafa (Ana Bariha, 1959)
avec Ahmed Mazhar (Fadel), Iman (Nahed), Roshdy Abaza (Ramzy, le cousin de Fadel), Hussein Asar (Idris, le serviteur de Fadel), Zaki Ibrahim (le père de Nahed), Sanaa Mazhar (Salwa), Ezza Ezzat (la fille de Nahed et de Fadel), Victoria Hobeika (la propriétaire de la pension), Mohamed El Dib (Shawky, l’ami de Ramzy), Karima (Sonia), Abou Bakr Ezzat (Sami)
Scénario : Mahmoud Samaha et Mahmoud Sobhy
Production : les films Samaha


Nahed est une jeune étudiante qui vit seule avec son vieux père. Elle vient d’acheter le dernier roman de son écrivain préféré et elle est vite rentrée chez elle pour le dévorer. Fadel, ce romancier que la jeune femme aime tant, est en fait un parent éloigné de leur famille et pour faire plaisir à sa fille, le vieux papa se rend chez celui-ci pour lui faire dédicacer l’ouvrage. En sortant de la demeure de l’écrivain, le père de Nahed est renversé par une voiture et décède peu après. Fadel recueille chez lui l’orpheline. Au fil du temps, Nahed retrouve progressivement goût à la vie et décide d’aider son protecteur dans son travail. Naturellement, cette cohabitation finit par un mariage, malgré la grande différence d’âge des deux époux. Les années passent, ils ont eu une petite fille. Un jour, un cousin de Fadel se présente à leur domicile. Il s’appelle Ramzy, il a travaillé à l’étranger pendant de longues années et il revient en Egypte. Il va s’installer quelque temps chez Fadel. Nahed sympathise immédiatement avec Ramzy : il est toujours gai et il aime s’amuser. Sa présence apporte beaucoup à la jeune femme qui souffrait de la solitude. En effet, son travail d’écrivain laisse peu de temps à Fadel pour s’occuper de sa famille. Malheureusement, Ramzy trouve de plus en plus désirable la femme de son cousin et un soir il n’y tient plus. Il entre dans la chambre de la jeune femme et tente de l’embrasser. Nahed hurle et se débat si bien que Fadel fait irruption dans la pièce. Il s’empare d’un révolver et pointe l’arme en direction de Ramzy. Nahed se jette sur son mari pour détourner le tir mais le coup part et la balle atteint l’épaule de Fadel qui s’effondre. Ramzy décide de fuir et entraîne avec lui Nahed …

Notre avis : le film commence en romance à l’eau de rose et finit en thriller. Il va sans dire que la seconde partie est plus convaincante que la première. Houssam Al Din Mustafa est le spécialiste du film d’action et on le sent un petit peu embarrassé à devoir évoquer les peines de cœur d’une toute jeune femme. A court d’inspiration sur ce plan, le réalisateur se contente de montrer à plusieurs reprises son héroïne pressant contre sa poitrine virginale le portrait du grand homme qu’elle aime… Tout change avec l’apparition de Rushdy Abaza qui dans le rôle du séducteur avide et vénal est tout à son affaire. A cause de lui, la jeune maman bien sage est devenue une fugitive qui doit partager une chambre d’hôtel avec celui qui se fait passer pour son mari et qui n’a pas abandonné l’idée de devenir son amant. Houssam Al Din Mustafa a toujours été très friand de ce genre de situations et le film retrouve enfin des couleurs.
A noter : à la fin des années cinquante, Iman et Karima, les deux vedettes féminines du film, sont deux jeunes actrices promises à une belle carrière. Elles quitteront brutalement le monde du cinéma pour cause de mariage, la première en 1961, à l’âge de vingt-trois ans, la seconde en 1960, à l’âge de vingt-six ans.

 
Jeudi 6 juin à 16h

La Porte Ouverte de Henry Barakat (Elbab Elmaftouh,1963)
avec Faten Hamama (Layla), Saleh Selim (Hussein), Mahmoud Morsi (Fouad, le professeur de philosophie de Layla), Jacob Michaël (le père de Layla), Hassan Youssef (Isam, le cousin de Layla), Shweikar (Djamila, la cousine de Layla), Mimi Chakib (la tante de Layla), Mahmoud El Hedini (Mahmoud, le frère de Layla), Seham Fathy (une camarade de Layla), Nahed Samir (la mère de Layla), Nawal El Saghira (la petite fille), Hussein Ismail (le mari de Djamila), Khadiga Mahmoud (Saïda, la servante), Ali Mostafa (l’un des révolutionnaires arrêtés), Samir Shedid (Sedky, l’amant de Djamila)
d'après un roman de Latifa Al Zayyat
Scénario : Youssef Issa, Henry Barakat, Latifa Al Zayyat
Musique : André Ryder
Production : Henry Barakat


Nous sommes en 1951, à la veille de la chute du roi Farouk. Layla est une jeune lycéenne qui prend une part active dans toutes les manifestations organisées pour réclamer le départ du monarque. Quand son père découvre son implication dans le mouvement révolutionnaire, il devient fou de rage et la corrige de manière brutale. Heureusement, Layla trouve du réconfort auprès de son cousin Isam qui vit avec sa mère dans l’appartement au-dessus de celui de ses parents. Une idylle naît entre eux mais le comportement du jeune homme va décevoir Layla et elle va renoncer à l’amour jusqu’à sa rencontre avec Hussein, un militant révolutionnaire, ami de son frère…

Notre avis : un très grand film mettant en valeur le rôle des femmes dans la chute de la monarchie en 1952. Faten Hamama est incroyablement émouvante dans le rôle d’une jeune lycéenne qui combat un régime politique archaïque et qui en même temps doit affronter la domination des hommes de son entourage. Comme dans d’autres films, Henry Barakat sait avec une rare habileté mêler le politique et l’intime. La musique d’Andre Ryder, d’une grande force lyrique, n’est pas étrangère à la beauté de cette « Porte Ouverte ».


Mercredi 5 juin à 16h

La Folie de l’Amour de Mohamed Karim (Gounoun al hob, 1954)
avec Raqiya Ibrahim (Nadia et Soheir), Anwar Wagdi (docteur Hussein), Imad Hamdi (l’écrivain Mohamed Iman), Suleiman Naguib (le chef de gare), Abdel Wares Asr (Oncle Ibrahim), Ferdoos Mohamed (Oum Raouf), Hussein Asar (le gardien de la villa)
Scénario : Mohamed Karim et Abdel Wares Asr
Production : Ramses Naguib et Mohamed Karim


Drame. Nadia a tenté de se suicider en se jetant dans le canal. Elle raconte au docteur Hussein et à son ami Mohamed ce qui l’a conduite à ce geste désespéré. Cela remonte à l’enfance. Entre elle et sa sœur jumelle Soheir, les tensions sont apparues très tôt. Leurs parents manifestaient une affection beaucoup plus grande pour Nadia que pour Soheir. Cette dernière avait fini par croire que le monde entier la détestait. Et quand elles sont devenues des jeunes filles, les garçons qui courtisaient Soheir se détournaient d’elle dès qu’ils faisaient la connaissance de Nadia. Au fil des années, la rancœur de Soheir a viré à la haine et après la mort de leurs parents, elle a perdu toute mesure et s’est comportée comme un véritable tyran à l’égard de sa sœur. Le désarroi de Nadia n’a cessé de croître et son équilibre mental a été fragilisé par la situation. Elle a fini par croire que non seulement elle était responsable des malheurs de sa sœur mais qu’elle avait été la cause de la mort de ses parents…

Ce drame psychologique à la tonalité très hitchcockienne a été réalisé par Mohamed Karim, un cinéaste à qui l’on doit des films qui constituèrent des jalons essentiels dans l’histoire du septième art égyptien (Il a notamment tourné en 1932 la première comédie musicale égyptienne, « La Rose Blanche ».). « La Folie de l’Amour » est digne d’intérêt à plus d’un titre mais surtout parce c’est la dernière apparition au cinéma de l’immense actrice Raqiya Ibrahim. Après le tournage de ce film elle s’installera aux Etats-Unis et abandonnera sa carrière artistique. Comme le prouve cette ultime prestation sous la direction de Mohamed Karim, cette retraite (forcée ?) fut une grande perte pour le cinéma. Alors laissons de côté toutes les rumeurs et les polémiques qui ont accompagné son départ et admirons une dernière fois le talent de cette grande dame.


Mardi 4 juin à 20h30

Le Mariage Moderne de Salah Karim (Alzawaj a'ala altariqat alhaditha, 1968)
avec Soad Hosny (Noha), Hassan Youssef (Ahmed, le cousin de Noha), El Deif Ahmed (Atris), Samir Ghanem, (Samir), George Sedhom (Makhimar), Mohamed Reda (le père de Noha), Fatima Mostafa (la mère de Noha), Abdel Moneim Ibrahim (Kamal), Abbas Fares (le professeur Shafi), Hassan Mostafa (le cheikh Hassan), Alya Abdel Moneim (Aziza, la sœur de Noha), Atef Makram (un enfant), Inas Abdallah (la petite fille), Eskandar Menassa (Hussein, le mari de la mère d'Ahmed)
Scénario : Salah Karim
Musique : Saïd Salama, Mohamed Al Mogi, Fathy Qoura, Ali Ismail
Production : les films Shéhérazade
Le réalisateur Salah Karim est le premier mari de Soad Hosny.


Comédie musicale. Noha et son cousin Ahmed sont étudiants dans la même école d’ingénieur. Cet été, ils ont décidé de passer leurs vacances dans un camp près de la mer avec un petit groupe de leurs condisciples. Un jour, Ahmed part à la pêche sur un petit canot à moteur. Il tombe en panne en pleine mer et doit rejoindre le rivage à la nage. Noha est terriblement inquiète. Quand enfin Ahmed reparaît, elle comprend combien il lui est cher. C’est ainsi qu’entre les deux cousins va se nouer une tendre idylle. Ils ont décidé de se marier après les vacances mais les parents de Noha ne l’entendent pas ainsi. Un autre prétendant a leur faveur…

Notre avis : les années 67-68 sont les années « Love on the Beach ». Après « Le Rivage de la Gaieté » d’Houssam Al Din Mustafa et « Une Jeunesse Très Folle » de Niazi Mustafa, deux comédies réalisées en 1967, voici « Le Mariage Moderne » avec dans les rôles principaux les mêmes acteurs : les Trois Lumières du Théâtre, Hassan Youssef et Soad Hosny (qui n’a pas joué dans « Le Rivage de la Gaieté »). Si les ingrédients sont les mêmes, les trois plats n'ont pas la même saveur et le dernier est sans doute le moins réussi. Salah Karim n’a réalisé que deux films et celui-ci est le premier. Il en signe aussi le scénario, ce qui nous permet d’affirmer qu’il ne fut pas meilleur scénariste que réalisateur. Pourtant, on imagine qu’il eut à cœur de bien faire car le rôle principal était tenu par la star Soad Hosny qu’il venait d’épouser. Je ne sais si la médiocrité de ce « Mariage Moderne » en fut la cause mais ils divorceront l’année suivante. La musique, mélange d’orgue de barbarie et de piano de bastringue, est tout bonnement insupportable.


Lundi 3 juin à 16h

Vous êtes témoins d'Hassan El Seifi (Eshado ya nas, 1953)
avec Shadia (Fatima), Mohsen Sarhan (Hassan), (Mahmoud El Meleigy (Fadhel), Ismail Yassin (l’ami d’Hassan), Mimi Chakib (la femme de Khalid), Serag Mounir (Khalid Abdel Wahab), Kitty (la danseuse), Amina Rizk (Hassania, la femme de Fadhel), Soheir Fakhry (Amal, la sœur de Fatima), Zaki Ibrahim (le comptable de la société), Wedad Hamdy (Hamida la servante), Adly Kasseb (un partenaire de jeu de Fadhel), Lotfi El Hakim (le médecin), Kawthar Shafik (l’amie de Fatima)
Scénario : Abou Al Seoud Al Ebiary
Musique et chansons : Mounir Mourad, Kamal Al Tawil, Mahmoud Al Sharif, Fathy Qoura, Abou Al Seoud Al Ebiary
Production : Aflam Misr Algadida


Après avoir dilapidé toute sa fortune au jeu, Fadhel trouve une place de directeur dans une entreprise de construction. Cette société appartient à une grande compagnie dirigée par Khalid Abdel Wahab, un homme à la fois rigoureux et bienveillant. Malgré ses revers, Fadhel n’a pas changé sa manière de vivre : il continue à négliger sa femme et ses deux filles et il passe ses soirées à boire dans un cabaret où il retrouve une danseuse qui qui l’a littéralement ensorcelé. Pour lui complaire, il dépense sans compter et à la table de jeu, engage des sommes importantes. Afin de financer ses « menus plaisirs », il détourne les fonds de son entreprise. Entre temps, Fatima, sa grande fille, fait la connaissance d’Hassan, le fils de Khalid Abdel Wahab. Le jeune homme étudie la médecine en France et il est revenu en Egypte pour les vacances. Les deux jeunes gens tombent très vite amoureux l’un de l’autre et ils projettent de se marier. C’est à cet instant que le drame se noue : Khalid Abdel Wahab est informé par l’un de ses employés des irrégularités qui apparaissent dans les livres de comptes de Fadhel. Le chef d’entreprise veut en avoir le cœur net. Il se rend dans le bureau de son directeur et surprend celui-ci alors qu’il vient de mettre dans la poche de son veston toute une liasse de billets…

Notre avis : quand Hassan El Seifi tourne « Vous êtes Témoins » il a vingt-cinq ans et c’est sa deuxième réalisation. Les producteurs ont fait appel pour le scénario à Abou Al Seoud Al Ebiary, un scénariste chevronné ; et pour l’interprétation, ils ont engagé les plus grands noms de l’époque. Il n’empêche que ce film comporte bien des maladresses : un récit mal construit avec des scènes qui se répètent (dans la première partie, les deux héros rejouent plusieurs fois la même séquence en voiture.), une interprétation inégale (Shadia minaude de manière excessive, Mahmoud el Meleigy surjoue le forcené rendu fou par la débauche et Ismaïl Yassin semble se demander ce qu’il vient faire dans cette histoire.), un happy end tellement forcé que les acteurs semblent eux-mêmes ne pas y croire. Même le talent de la pétulante Kitty est bien mal utilisé : on assiste à une succession de danses endiablées filmées à la va vite. Bref, une déception.


Dimanche 2 juin à 20h30

Terrorisme et Kebab de Shérif Arafa (Al-Irhab Wa Al-Kabab, 1992)
avec Adel Imam (Ahmed Fatah Al Bab), Kamal Al Shennawi (ministre de l’intérieur), Nagy Saad (le général adjoint du ministre de l’intérieur), Yousra (Hind), Ahmed Rateb (Shalabi), Mohamed Youssef (un employé), Ashraf Abdel Baky (Hilal), Alaa Wali El Din (Samir), Hamdi Youssef (le premier ministre), Nasser Chahine (un militaire), Alaa Morsi (un militaire), Mohamed Sabri (l’enfant), Enam Salosa (un agent administratif), Magda Zaki (Mounira, la femme d’Ahmed), Aïcha El Kilany (la mère de l’enfant), Fouad Farghaly (le directeur de la sécurité), Gamal Hussein (un agent de sécurité)
Scénario : Wahid Ahmed
Musique : Modi El Emam
Production : Essam Imam (le frère d’Adel Imam)
appréciation : 4/5


Ahmed, un citoyen ordinaire souhaite que ses enfants changent d’école. Pour cela, il doit se rendre au Mogamma, le bâtiment qui regroupe tous les services administratifs du Caire. Malheureusement, l’employé chargé des inscriptions scolaires est absent. Ahmed revient le lendemain mais le fonctionnaire n’est toujours pas à son poste. Prenant son mal en patience, le brave citoyen se présentera au bureau le jour suivant puis les autres jours. En vain. Les collègues de l’employé lui donnent à chaque fois une explication différente à ces absences répétées : tantôt, il est en vacances, tantôt il est aux toilettes. En errant dans les couloirs encombrés du Mogamma, Ahmed fait la connaissance d’un cireur de chaussures qui lui révèle que l’employé qu’il recherche est souvent absent car il a pris pour habitude de se rendre aux toilettes dans un autre établissement gouvernemental. Ahmed commence à avoir des soucis avec son patron qui lui reproche son manque d’assiduité. Ahmed essaie de lui expliquer la situation. L’homme ne veut rien savoir. Ahmed n’en peut plus. Il se rend encore une fois au Mogamma et constatant à nouveau l’absence de l’employé il s’en prend violemment à ses deux collègues. Les gardes interviennent. Dans la confusion, Ahmed s’est emparé de l’arme de l’un d’eux. Par inadvertance, un coup part. Personne n’est blessé mais la panique est générale... A l’étage où se trouve notre héros, les personnes présentes sont convaincues que celui-ci est un terroriste et qu’il les a prises en otage. Tous les autres étages de l’établissement sont évacués et les gardes ont fui. Peu après, les forces de police encerclent le bâtiment.

Notre avis : « Terrorisme et Kebab » connut un immense succès à sa sortie et il figure dans la liste des quinze meilleurs films égyptiens de tous les temps. Pour réaliser cette comédie politiquement très engagée*, Sherif Arafa et son scénariste Wahid Ahmed semblent avoir joui d’une totale liberté et ils s’en donnent à cœur joie. La satire ne s’embarrasse d’aucune nuance, la caricature est sans merci. Aucune complaisance, aucune autocensure. Et le caractère sympathique du film vient du ton libertaire adopté par les auteurs, un ton assez proche de celui cultivé par les réalisateurs de comédies italiennes dans les années soixante-dix. Les acteurs sont tous excellents et le duo Yousra -Adel Imam nous offre ici l’une de ses prestations les plus mémorables.
* Paradoxe : dans les années qui vont suivre, Adel Imam et Sherif Arafa compteront parmi les plus fidèles soutiens du Raïs Hosny Moubarak.


Samedi 1er juin à 20h30

Ismaël Yassin à l'armée de Fateen Abdel Wahab (Ismaïl Yassine fil geish, 1955)
avec Reyad El Kasabgy (Attiya), Ismaël Yassin (Termis), Samira Ahmed (Samira), Abdel Salam Al Nabulsi (Zizou), Gamalat Zayed (la mère de Samira), Soad Ahmed (la mère de Termis), Abdel Ghany Al Nagdi (Okal), Hassan Atla (Hussein), Mahmoud Lotfi (le père de Zizou)
Scénario : Fateen Abdel Wahab
Dialogues : Abou Al Seoud Al Ebiary
Musique : Fouad El Zahry, Fathy Qoura, Mounir Mourad
Production : Al Hilal Films
appréciation : 3/5


Des hommes résidant dans le même quartier sont convoqués par le ministère de la défense pour une session d’entraînement militaire. Parmi eux, nous trouvons Okal, un vendeur ambulant, Zizou, le coiffeur, Termis qui était chargé de distribuer les convocations sans savoir que lui aussi était le destinataire de l’une d’entre elles et enfin, Hussein, le mari d’Oum Abdo. Celle-ci est la mère de Samira, la jeune fille dont est amoureux Termis. Malheureusement, il a un rival : l’officier Attiya qui est justement chargé de la formation des nouveaux appelés...

Notre avis : le premier des six films que Fateen Abdel Wahab et Ismaël Yassin vont tourner entre 1955 et 1959 à la gloire de l’armée et de la police. Malgré son aspect « officiel », ce premier volet de la série n’a rien du navet édifiant et cocardier. Le réalisateur parvient à défendre les droits de la comédie et du rire Toutes les épreuves auxquelles doivent se soumettre Zaki et ses deux compagnons sont autant de prétextes à gags, parfois un peu convenus mais toujours réalisés avec le plus grand soin. Et comme dans toute comédie militaire qui se respecte, on a un sergent à la mine patibulaire -incarné par l’excellent Reyad El Kasabgy- dont on défie l’autoritarisme borné et que l’on tourne en ridicule. L'esprit est parfois très proche de celui des « Gaietés de l’Escadron » du dramaturge français Georges Courteline, en moins féroce évidemment. Mais au-delà de son caractère divertissant, l’intérêt principal du film réside dans son aspect documentaire. La vie quotidienne des militaires est évoquée avec un souci constant de vérité. En fait, le véritable héros d’ "Ismaël Yassin à l’Armée", c’est le simple soldat, engagé ou appelé. Dans toutes les scènes du film, le réalisateur prend bien soin de mêler ses acteurs professionnels aux vrais troupiers qui se préparent au combat.


2 commentaires:

  1. Merci pour cette belle présentation des films égyptiens sur Rotana Classic, c'est toujours un plaisir de découvrir ces classiques ! Pensez-vous que la diffusion de ces films aide à maintenir l'intérêt pour la culture cinématographique arabe en France ? Aussi, pour ceux qui aiment plonger dans la culture arabe au-delà du cinéma, cette station de radio sur les actualités et la musique arabe pourrait être une belle découverte.

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    1. Bonjour, merci beaucoup pour votre message. Effectivement, je pense que Rotana Classic a un rôle majeur dans la diffusion du cinéma égyptien de l'âge d'or notamment sur le territoire français (personnellement, c'est grâce à cette chaîne que je l'ai découvert et aimé.). Il reste bien sûr l'obstacle de la langue : on peut espérer qu'un jour tous ces films seront accessibles en version sous-titrée.

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