vendredi 16 février 2024

A la télé : les films du jour (Rotana Classic du 16 au 29 février)

روتانا كلاسيك

Quels films peut-on voir sur la chaîne Rotana Classic ? Les horaires donnés sont ceux de l'après-midi ou de la soirée (heure de Paris). La plupart des films sont ensuite rediffusés le lendemain matin.
Rotana Classic a remplacé Rotana Zaman en 2012. Cette chaine fait partie du groupe Rotana basé en Arabie Saoudite et spécialisé dans le divertissement (télévision et musique). Celui-ci a été créé par le prince Al-Walid ben Talal ben Abdelaziz Al Saoud, membre de la dynastie Al Saoud et petit-fils du fondateur de l'Arabie Saoudite. Comme son nom l’indique, Rotana Classic diffuse essentiellement les grands classiques du cinéma égyptien. Disponible en France.


Jeudi 29 février à 14h

L'épouse n°13 de Fateen Abdel Wahab (al-Zaawgah raqam talata'ch, 1962)
avec Rushdy Abaza (Mourad), Shadia (Aïda), Abdel Moneim Ibrahim (Ibrahim, l’ami de Mourad), Shwikar (Karima, l’ancienne fiancée de Mourad), Hassan Fayek (le père d’Aïda), Shihab Nassim (Kamal), Zeinat Olwi (Nani), Wedad Hamdy, Zeinab Sedky (la mère de Mourad), Mahmoud Lotfi (Abdel Ghafour), Helen (Sonia), Ahmed Amer (le directeur de l’hôtel)
Scénario et dialogues : Abou Al Seoud Al Ebiary et Ali El-Zorkani
Inspiré des Mille et Une Nuits (la relation entre les deux personnages principaux est calquée sur celle unissant le sultan Shahryar et Shéhérazade)
Musique : Fouad El Zahry
Production : Gamal El Leithy Films
Anecdote : la voiture dans laquelle ont pris place Rushdy Abaza et Shadia pour la chanson « Dans un Nid d’Amour » est une splendide Cadillac qui appartient à l’acteur.
appréciation : 3/5


Comédie. Mourad est un homme d’affaires qui dirige une usine de textile. C’est aussi un véritable Dom Juan. A Alexandrie, il rencontre Aïda, fille d’un ancien ministre. Il entreprend de la séduire mais celle-ci résiste à ses assauts répétés. Il décide alors de s’attirer les bonnes grâces du père : il l’aide à régler de petites dettes, l’invite au restaurant et lui demande la main de sa fille. Mourad a bien l’intention de divorcer aussitôt qu’il aura obtenu les faveurs de la belle. Aïda ne pouvant lutter contre la coalition formée par son père et son amoureux, finit par accepter le mariage. A peine mariée, elle a la visite de Karima, une ancienne épouse de Mourad qui lui apprend qu’elle est la treizième jeune femme à convoler avec celui-ci.

Notre avis : L’un des films les plus célèbres de Fateen Abdel Wahab, une comédie féministe menée tambour battant par Shadia et son compère Rushdy Abaza. « L’Epouse n°13 » représenta l’Egypte au Festival de Berlin de 1962 où il fut ovationné. Rushdy Abaza rata de peu le prix d’interprétation masculine qui revint à James Stewart (La concurrence était rude !)


Mercredi 28 février à 16h

Le Cri de Mohamed El Naggar (Al Sarkha, 1991)
avec Nour El Sherif (Omar), Abdel Hafez El Tetawy (Mahmoud, le père d’Omar), Nahla Salama (Mazouza), Othman El Hamamsi (Salem, le père de Mazouza), Abdel Rahim Hassan (Fouad, l’ami d’Omar), Wafaa El Hakim (l’institutrice), Maaly Zayed (Mahmoudi), Ahmed Abou Abiya (Moussa), Amal El Sawy (Wafaa), Abir El Saghir (Fikriya)
Scénario : Karam El Naggar
Musique : Rageh Daoud
Production : Al Arham


Omar est un jeune homme sourd et muet qui vit seul avec son père, un modeste employé des chemins de fer. Dans le quartier, c’est une figure familière et il gagne quelques sous en travaillant pour un carrossier. Le père d’Omar ne s’est jamais résolu à l’handicap de son fils et ils ont consulté les plus grands spécialistes. Malheureusement, à chaque fois, leur verdict fut sans appel : la surdité du jeune homme est irrémédiable. Depuis un certain temps, Omar est amoureux d’une jeune fille, Mazouza. Un jour, il ose même lui proposer le mariage mais celle-ci rejette l’offre de manière méprisante. Dépité, Omar rentre chez lui et découvre le corps de son père gisant au sol : il est mort. Après l’enterrement, le jeune orphelin est expulsé de son logement qui appartient à la compagnie pour laquelle travaillait son père. Heureusement, il peut compter sur l’aide de son ami Fouad qui souffre du même handicap que lui. Ce dernier le conduit à l’institut des sourds-muets et le présente à deux responsables de l’établissement…

Notre avis : les films sur les sourds-muets sont rares et on ne peut que louer Mohamed El Naggar d’avoir voulu nous montrer sans préchiprécha larmoyant toutes les difficultés que ceux-ci rencontrent au quotidien. Une œuvre brute qui doit beaucoup à l’interprétation très « actor studio » de Nour El Sherif. Certains pourront déplorer le caractère un peu misogyne du scénario : toutes les femmes que rencontrent Omar, à l’exception d’une seule, se révèlent tout à la fois cupides, dépravées et menteuses. Un dénouement curieux copié sur celui de « Freaks », le film de Todd Browning (1932).


Mardi 27 février à 18h30

C'est Moi l'Amour d'Henry Barakat (Ana Al Hob, 1954)
avec Mohsen Sarhan (Nagy), Shadia (Olfat), Yehia Chahine (Mourad, le cousin de Nagy), Hussein Riad (Amin Azmi), Mona Fouad, Zahrat Al Oula (Hoda, l’amie d’Olfat), Zaki Al Harami (le père d’Olfat), Zaki Ibrahim (le médecin), Mona Fouad (Linda), Zinat Sedky (la présidente de l’association féministe)
Scénario : Ibrahim Al Wardani et Henry Barakat
Musique : Abdel Aziz Mohamed
Production : Mohsen Sarhan
appréciation : 4/5


Drame sentimental. Nagy est un jeune ingénieur qui revient à Alexandrie, sa ville natale, après six ans passés à l’étranger. En flânant sur la corniche de la cité balnéaire il fait la rencontre d’une jeune femme, Olfat. Ils se revoient à plusieurs reprises et progressivement l’amour naît entre eux. Malheureusement Olfat disparaît brutalement sans aucune explication. Nagy est au désespoir : sa bien-aimée ne lui a laissé ni son nom ni son adresse. Entretemps, il a été embauché dans une grande entreprise d’Alexandrie. Celle-ci appartient à Amin Azmi, un industriel, ami des parents de Nagy. C’est grâce à lui qu’il a pu faire ses études à l’étranger après la mort de son père. Mais un jour, le jeune ingénieur découvre le portrait de sa bien-aimée posé sur le bureau d’Amin. Il est persuadé que c’est sa fille mais il découvre très vite que c’est en réalité sa femme.

Notre avis : "Je suis l’Amour" est un drame de facture classique qui est un peu à l’image de son réalisateur : sensible et élégant, ne tombant jamais dans l’outrance malgré le caractère scabreux du sujet. Un père qui épouse sa fille pour qu’elle échappe à un mariage forcé, avouons que ce n’est pas banal et qu’il faut avoir bien du talent pour faire un bon film avec un scénario pareil. Heureusement, Henry Barakat n’en manque pas et il nous offre une œuvre légère et lumineuse nimbée de mélancolie, très loin du mélodrame lourdaud que l’on pouvait craindre. Henry Barakat, c’est le Douglas Sirk du cinéma arabe.


Lundi 26 février à 18h30

Une Histoire de Minuit d’Issa Karama ( Hikayat nasi allayl, 1964)

avec Stephan Rosty (Shaker Mounir), Imad Hamdy (Mahmoud Sami l’enquêteur), Rawheya Khaled (Dawlat Hanem, la sœur de Shaker), Tawfiq El Deqen (Gharib, le serviteur), Zizi El Badrawi (Mona, la fille de Shaker), Youssef Shabaan (Kamal, l’amoureux de Mona), Samir Sabri (Taher, le neveu de Shaker), Ihsan Sharif (Samiha Hanem, la femme de Shaker), Nagwa Fouad (Ibtisem, la secrétaire), Mamdouh Sadiq (Sami Mounir, frère de Shadek), Ahmed Morsi (l’inspecteur adjoint)
Scénario : Issa Karama
Dialogues : Abdel Fattah El Sayed
Production : Sayed Sarhan
Stephan Rosty meurt à la fin du tournage. Il avait 73 ans.


Le film s’ouvre avec la scène du crime : Shaker Mounir est à son bureau au milieu de la nuit. Il consulte des documents quand soudain un inconnu s’ introduit dans la pièce et l’étrangle. L’assassin s’enfuit après avoir fouillé dans le coffre-fort de sa victime.
Retour en arrière, quelque temps avant ce drame. On apprend que Shaker Mounir est un homme fortuné qui se consacre à la littérature. Il vit dans une villa cossue avec Samiha, sa femme qui est souffrante et qui ne se déplace qu’en fauteuil roulant, ainsi qu’avec sa fille Mona et sa sœur, qui, à plus de cinquante ans, est restée célibataire. Avec sa femme et sa sœur, les relations sont tendues : la première lui reproche de la délaisser et la seconde de garder pour lui tout l’argent de leur héritage. Ce jour-là, Shaker reçoit une jeune femme qui est venue en réponse à la petite annonce qu’il a fait paraître dans les journaux pour trouver une secrétaire. L’inconnue s’appelle Ibtisem et elle est tout à fait au goût du maître de maison. Comme il se doit, son épouse est plus réservée. Ibtisem fait la connaissance de Mona, la fille de Shaker. Les deux jeunes femmes sympathisent aussitôt et elles se rendent ensemble au club de tennis que fréquente Mona. Elles y retrouvent Taher, le cousin de cette dernière avec qui elle est quasiment fiancée. Mais un nouveau membre vient d’arriver au club. Il est très séduisant et Mona est troublée par le regard qu’il lui lance. Pendant ce temps-là, Shaker reçoit son frère, le père de Taher. Celui-ci déjà très endetté, est encore venu demander de l’argent. Shaker accepte de lui en prêter. Il lui fait signer une reconnaissance de dette qu’il range aussitôt dans le coffre-fort.

Notre avis : un film policier réalisé par un cinéaste surtout connu pour ses comédies grand public. On sent une certaine maladresse dans la narration : pour chaque suspect, les auteurs multiplient de manière appuyée les indices de culpabilité ce qui aux yeux du spectateur, même moyennement malin, l'innocente aussitôt. Une mention spéciale à Tawfiq El Deken qui pendant tout le film arbore le rictus inquiétant du psychopathe (Evidemment, c’e n’est pas lui le coupable !). Bref, on est plus proche du Cluedo que d’Agatha Christie !


Dimanche 25 février à 18h30

Cherche Femme de Toute Urgence de Mahmoud Farid (Matlub Zawja Fawran, 1964)
avec Farid Shawqy (Helmy), Mahmoud El Meleigy (Marzouk), Layla Taher (Soad, la fiancée de Marzouk), Mohamed Reda (Sayed Abdel Latif, un riche commerçant), El Deif Ahmed (Othman, le domestique d’Helmy), Kamel Anwar (le chauffeur de taxi), Mimi Gamal (Mimi),Karima El Sherif (Karima), Mohamed Shawky (le mathoum), Fathya Abdul Ghani (Oum Aziza), Layla Hamdy (Sonia), Soheir Zaky (la danseuse Waza), Sayed Ghoneim (le barman), Kamal El Zeiny (Salah, chef d’entreprise et ancien camarade de classe d’Helmy)
Scénario : Mohamed Abu Youssef, Abdel Hay Adib, Jon Gabriel


Helmy est un jeune homme qui mène grande vie grâce à un héritage. Il ne travaille pas et dilapide tout son argent avec les femmes et aux courses. Il réside dans un luxueux duplex dont s’occupe son domestique, le fidèle Othman. Toutes ses conquêtes féminines souhaiteraient qu’il les épouse mais Helmy a toujours refusé de s’engager, chérissant par-dessus tout sa liberté. Malheureusement, la situation financière du jeune homme ne cesse de se dégrader. Othman doit chaque jour recevoir les nombreux créanciers qui font le siège de l’appartement. Helmy n’a plus le choix : il doit travailler et mettre en vente son appartement. Le duplex est aussitôt vendu à une jeune femme riche qui est fiancée à un ancien trafiquant de drogue. Helmy trouve aussi un emploi dans une société dirigée par l’un de ses anciens camarades de classe. Mais pour obtenir le poste, il doit être impérativement marié. Le directeur lui laisse 48 heures pour trouver une épouse. Helmy commence par se tourner vers ses anciennes maîtresses mais toutes refusent une union avec celui qui est désormais sans le sou…

Notre avis : un film de série B comme Farid Shawqi en a tourné un grand nombre dans les années soixante. Pour l’accompagner, deux actrices habituées aux seconds rôles mais ayant de l’abattage, Layla Taher et Soheir Zaki. Une comédie sympathique, sans prétention mais sans grand intérêt.


Samedi 24 février à 18h30

Histoire d’un Mariage d’Hassan EL Seifi (Hekayet Gawaz, 1964)
avec Soad Hosny (Adila Mansour), Shukry Sarhan (Mohamed), Mary Moneib (Aziza, la mère d’Adila), Amina Rizq (Karima, la mère de Mohamed), Hassan Youssef (Hassan Mansour), Hassan Fayek (Mansour), Amal Farid (Mona), Aziza Helmy (la mère de Mona), Seham Fathy (Seham), Kawthar Shafik (Kawthar), Soheir Zaky (danseuse), Baligh Habashy (docteur Shouqi), Engy Ismail (une amie d’Adila)
Scénario : Mohamed Othman
Production : Naguib Khoury Films


Mohamed est amoureux de sa voisine, Adila Mansour. Ils sont fiancés et Mohamed a hâte que le mariage soit célébré car c’est un homme très jaloux qui enrage de voir sa promise sortir seule dans des tenues légères. Hassan, le frère d’Adila lui aussi fréquente une jeune fille mais la mère de celle-ci s’oppose à cette union : elle souhaite que sa fille épouse son cousin, le docteur Shouqi. Pour Adila et Mohamed, le grand jour est arrivé. Ils se marient enfin. Leur bonheur est total mais une nouvelle vient tout bouleverser. Alors que la fête bat son plein, on apprend que Mohamed doit pour des raisons professionnelles s’installer au Mont Ataqah sur la Mer Rouge. La mère d’Adila refuse catégoriquement que sa fille suive son mari pour une destination si lointaine. Afin d’empêcher la consommation du mariage, la vieille femme s’installe dans la chambre des deux jeunes mariés qui devront passer leur première nuit séparés. Le lendemain matin, Mohamed se rend accompagné de sa mère chez ses beaux-parents pour chercher Adila mais sa belle-mère reste intraitable et entre eux le ton monte. La mère de Mohamed est bouleversée par la violence des échanges. Elle s’évanouit…

Notre avis : une comédie gentillette sur un thème rebattu : la tyrannie que les mères exercent sur leurs filles même après le mariage de celles-ci. Toute l’intrigue repose sur les stratagèmes mis en place par Adila et Mohamed pour échapper à la surveillance de la mère de la jeune fille. Et après bien des échecs, l’amour finira par l’emporter. Mais pour cela, il faudra que le père d’Adila enfin se dresse contre sa femme et lui ordonne de ne plus s’opposer au bonheur de leurs enfants. La morale est claire : quand l’homme s’en mêle, les choses s’arrangent. On pourra légitimement trouver cette morale « un peu » misogyne. A ce propos, on pourra aussi s’étonner qu’Adila ait choisi comme époux ce Mohamed qui est d’une jalousie maladive. Dans la première scène, alors qu’elle joue au tennis, il se précipite sur elle et lui prend violemment le bras car il ne supporte pas de la voir arborer une tenue aussi légère en public. Et dans l’une des dernière scènes, il la gifle car elle a osé danser avec un inconnu. Elle lui pardonne mais tout cela n’augure rien de bon ! Malgré ces réserves, on peut se laisser tenter pour Soad Hosny qui est parfaite dans ce rôle de jeune fille à l’aube de sa vie de femme.


Vendredi 23 février à 16h

L’Empire M de Hussein Kamal (emberatoriet mim, 1972)
avec Faten Hamama (Mona), Ahmed Mazhar (Ahmed Raafat), Dawlat Abyad (la grand-mère), Saif Abo El-Naga (Mustafa, le fils aîné), Ahmed Naguib (Mahmoud), Hisham Selim (Medhat), Ali Jawhar (Mohamed, le mari de Mona), Hayat Kandil (Madiha), Layla Hamada (Maha), Osama Aboul Fatah (Mamdouh), Fathia Shahine (l’amie de Mona), Hanem Mohamed (la nourrice)
D’après un roman d’Ihsan Abdul Quddus
Adaptation : Naguib Mahfouz
Scénario : Mohamed Mostafa Samy
Musique : Tarik Sharara apparaît au générique comme le musicien chargé d’inclure dans la bande son des compositions d’origine « internationale ». En fait, il s’est contenté de reprendre pour le générique et toutes les scènes « sentimentales » un seul et même morceau extrait du film « L’Adieu à Venise » (titre original : Anonimo veneziano) réalisé par Enrico Maria Salerno en 1970. La partition est signée Stelvio Cipriani. Trop souvent, les producteurs et réalisateurs égyptiens ont eu tendance à considérer les BO des films étrangers comme des compositions libres de droit et ils ne prenaient même pas la peine de citer au générique le nom de leurs véritables auteurs.
L’Empire M a reçu en 1974 le prix du meilleur film au festival de cinéma du centre catholique.


Mona est une femme active qui appartient à la classe aisée. Elle travaille au ministère de l’éducation et depuis la mort de son mari, elle élève seule ses six enfants dont les prénoms commencent tous par M. Toute la famille vit dans une grande villa dans le quartier de Zamalek. Mona a peu de temps pour s’occuper de son propre bonheur. Pourtant un homme l’aime. C’est Ahmed Rafaat, un homme d’affaires qui est toujours en déplacement d’un continent à l’autre. A chaque fois qu’il revient au Caire, ils se revoient avec le même plaisir. Mona n’est pas insensible à son charme mais elle a toujours repoussé ses demandes en mariage. Enfin, un jour, elle finit par accepter l’idée d’une union. Elle présente Ahmed à ses enfants...

Notre avis : un film qui a eu un retentissement considérable lors de sa sortie. C’est d’abord le premier rôle marquant de Faten Hamama depuis son retour en Egypte (En 1966, elle avait quitté son pays et cessé de tourner lassée des pressions continuelles du pouvoir de l’époque. Elle ne reviendra qu’après la mort de Nasser.). Ensuite, Empire M a conquis le public et la critique en évoquant certaines réalités sociales de ce début des années soixante-dix : Faten Hamama incarne la femme moderne qui concilie responsabilités familiales et professionnelles, et pour la première fois, le cinéma égyptien montre des adolescents avec des problématiques de leur âge, des adolescents qui se révoltent contre une mère jugée trop autoritaire. Ces six frères et soeurs seraient aussi le symbole du peuple égyptien qui aspire à plus de liberté et souhaite plus de démocratie. On conviendra que cette dimension politique du film reste d’une brûlante actualité...


Jeudi 22 février à 14h

Layla dans les ténèbres de Togo Mizrahi (Leila fil zalam, 1944)
avec Layla Mourad (Layla), Hussein Sedky (Hussein), Anwar Wagdi (Samir, le cousin de Layla), Amina Rizk (la mère de Layla), Menassa Fahmy (le père de Layla), Abdel Meguid Choukry (le père de Hussein), Rafeaa El Shal (la mère de Hussein), Hassan Fayek (le cuisinier),  Abdel Salam El Nabolsi (un soupirant de Layla), Mahmoud El Meleigy (l’ophtalmologue), Thuraya Fakhry (la nourrice)
Scénario : Togo Mizrahi
Inspiré du film américain Elle et Lui (Love Affair, 1939) de Leo Mc Carey
Musique : Mohammed Al-Qasabji
Paroles des chansons : Ahmed Rami, Maamoun El-Shenawy et Zaki Ibrahim
Production : Bahna Films

Le cinquième et dernier film que Layla Mourad tourne avec Togo Mizrahi. La série de Layla se poursuivra néanmoins dès l’année suivante avec à la réalisation Anwar Wagdi devenu entretemps le mari de la chanteuse.


Layla et Hussein sont deux enfants qui se fréquentent régulièrement. Leurs parents sont de grands propriétaires terriens qui font des affaires ensemble. Quand le film commence, les parents de Layla ont invité ceux de Hussein à une grande fête donnée dans leur château. Tous les enfants jouent dans le parc. Hussein et Layla se sont isolés et pour lui signifier son amour, le garçonnet offre à la fillette une rose rouge. Malheureusement, après le déjeuner, des fermiers font croire au père de Layla qu’il a été trahi par son partenaire, le père d’Hussein. La rupture est immédiate : le garçon et ses parents doivent quitter le domaine sur le champ. Les années passent. Layla est devenue une séduisante jeune fille. Son cousin, Samir, qui rentre d’un voyage en Europe souhaiterait l’épouser. Layla décline l’offre du jeune homme car son cœur appartient toujours à Hussein qu’elle n’a pourtant pas vu depuis des années…

Notre avis : ce film connut un succès considérable comme les quatre autres Layla qui l’avaient précédé. Togo Mizrahi a excellé aussi bien dans la comédie que dans le drame et ce mélodrame en est une preuve supplémentaire. L’intrigue -une jeune femme qui au moment où elle retrouve celui qu’elle a toujours aimé perd subitement la vue- pouvait se prêter à tous les excès et on frémit à l’idée de ce qu’aurait pu en faire un cinéaste moins doué. Mais ici tout est maîtrisé, le récit comme la prise de vues ou le jeu des acteurs. Layla Mourad nous montre encore une fois qu’elle fut à la fois une chanteuse exceptionnelle et une très grande actrice (voir la scène où Layla découvre qu’elle est devenue aveugle).


Mercredi 21 février à 22h

Le Vieil Adolescent de Mahmoud Zulficar (El morahek el kabir, 1961)
avec Hind Rostom (Sonia), Imad Hamdy (Ahmed), Hussein Aser (Fadel, le régisseur de la propriété d’Ahmed) ; Hussein Ismaël (le secrétaire d’Ahmed), Zizi El Badraoui (Nadia, la fille de Fadel), Youssef Fakhr El Din (Adel, le fils de Fadel et l’assistant d’Ahmed), Nazim Sharawy (Ali), Shahira Kamal (Doria, la femme d’Ali), Samar Atia (Nani), Abdel Ghani El Nagdi (le serviteur), Aida Helal (Zinat), Madiha Salem (Soad, la fiancée d’Adel), Kamal Hussein (docteur Medhat)
Scénario : Mahmoud Zulficar et Mohamed Abou Youssef
Production : les films de l’âge d’or


Ahmed Kamal est devenu très célèbre grâce aux conférences radiophoniques qu’il consacre à l’amour. S’il fait l’éloge de la passion amoureuse, du mariage et de la famille, il rejette tout cela dans sa vie privée. A quarante-cinq ans, il multiplie les aventures amoureuses et trouve ses maîtresses parmi ses innombrables admiratrices. Sonia, une danseuse, le connaît depuis dix ans et rêve de se marier avec lui. Elle voit d’un très mauvais œil toutes ces jeunes femmes tourner autour d’Ahmed et elle est bien décidé à ne pas se laisser oublier. Un soir, Nani, une amie, se présente au domicile du coureur de jupons en compagnie de Zinat, une admiratrice qui rêvait de le rencontrer. Nani les laisse seuls et Ahmed entreprend de séduire la jeune femme. Au moment même où ils s’embrassent, Sonia entre dans l’appartement et chasse Zinat. Mais cette dernière ne s’avoue pas vaincue : le lendemain, elle téléphone à Ahmed qui l’invite à se rendre en sa compagnie dans le domaine qu’il possède à la campagne. A leur arrivée, ils sont accueillis par le régisseur et sa fille, Nadia. Cette dernière est folle de joie et elle se comporte avec Ahmed d’une manière si familière que Zinat en est quelque peu froissée. Par respect des convenances, le séducteur fait passer sa nouvelle conquête pour sa secrétaire…

Notre avis : une comédie sentimentale qui réunit Hind Rostom et Imad Hamdy. Malgré leur différence d’âge (le second a vingt-deux ans de plus que la première !), cela fait près de quinze ans qu’ils se retrouvent régulièrement sur des tournages et dans ce film, leur complicité est évidente. Cela ne suffit pas à faire de ce Vieil Adolescent une comédie accomplie. Imad Hamdy joue dans un registre qui n’est pas le sien et on sent dans son jeu une certaine maladresse. Hind Rostom est plus convaincante dans son rôle de femme hargneuse et énergique. Dommage qu’au tout début du film, elle exécute un numéro de danse où elle pousse le mimétisme avec Marilyn Monroe beaucoup trop loin pour ne pas sombrer dans le ridicule.


Mardi 20 février à 14h

La Fille du Music-hall de Mahmoud Zulficar (Fatat El Esste'rad, 1969)
avec Soad Hosny (Fayza), Hassan Youssef (Ahmed Alawi), Fifi Youssef (la mère d’Ahmed), Adel Imam (Fahmy, l’assistant d’Ahmed), Farouk Falawkas (le serviteur d’Ahmed), El Sayed Radi (le metteur en scene), Aleya Abdel Moneim (la mère de Fayza), Hamed Morsi (le professeur de chant), Abdel Moneim Madbouly (lui-même), Atef Makram (le frère de Fayza)
Scénario : Mohamed Abou Youssef
Adaptation du Milliardaire de George Cukor (1960)
Musique : Mounir Mourad
Production : Abbas Helmy


Comédie musicale Ahmed Alawi a hérité de la fortune de son père et il mène une existence oisive et insouciante. Un jour il apprend dans un magazine qu’une compagnie de danse prépare un spectacle dans lequel on tournera en dérision sa vanité et son arrogance. Ahmed décide aussitôt de se rendre au théâtre qui héberge la troupe pour protester. Il tombe en pleine séance de travail : c’est Fayza, la vedette du spectacle qui répète l’un de ses numéros avec ses danseurs. Le riche héritier est subjugué par la beauté de la jeune artiste. Pour la séduire, il va cacher sa véritable identité…

Notre avis : tenter de faire un remake ou même une adaptation du « Milliardaire » est forcément une opération à haut risque. N’est pas Marilyn Monroe ou Yves Montand qui veut. Contre toute attente, cette « Fille du Music-Hall » n’est pas indigne de son célébrissime modèle et c’est essentiellement grâce au talent et au charme de Soad Hosny. Précisons tout de même que sa prestation n’atteint pas le niveau de celle qu’elle donnera en 1972 dans la comédie musicale « Méfie-toi de Zouzou. ». Cela dit, le point faible de ce film reste Hassan Youssef : difficile de faire plus inexpressif dans le jeu.


Lundi 19 février à 14h

Nour Eddine et les trois marins de Togo Mizrahi (Nureddine wa bahhara el talata, 1944)
avec Zouzou Nabil (Kahramana), Ali Abd El Al (Abdel Aal), Ali Al-Kassar (Othman), Ismaïl Yassin (Ismaïl), Thuraya Fakhry (la gouvernante de la princesse Shams), Mahmoud El-Meleigy (le médecin), Reyad El Kasabgy (le pilote du navire), Leila Fawzi (Princesse Shams), Zakeya Ibrahim (la belle-mère d’Othman), Wedad Hamdy (la suivante de la princesse Shams), Ibrahim Hamouda (le prince Nour Eddine), Eglal Zaki (la femme d’Othman)
Scénario : Togo Mizrahi
Musique : Riad El Sonbati et Ibrahim Hamouda
Production : Bahna Films


Othman est un modeste boulanger qui n’ a aucun sens des affaires. Pour le seconder, il a deux employés, Ismaïl et Abdel Aal dont la naïveté n’a d’égale que l’incompétence. Les dettes s’accumulent, ce qui rend folles de rage l’épouse d’Othman et sa belle-mère. Pour échapper aux récriminations des deux femmes et aux réclamations des créanciers, le pauvre boulanger et ses deux employés ont décidé de se suicider. Ils se rendent au port avec le projet de se jeter à l’eau mais celle-ci est vraiment trop froide. Ils préfèrent remettre leur projet au lendemain et ils s’endorment sur le port. Entretemps un vaisseau luxueux a accosté non loin de l’endroit où nos trois suicidaires se sont assoupis. Ce navire appartient à un prince qui parcourt les mers à la recherche de la femme qu’il aime et qu’il n’a rencontrée qu’en rêve. Le pilote du bateau est bien embêté car pour pouvoir reprendre la mer, il lui faut engagé trois marins supplémentaires. Quand il découvre Othman et ses deux compagnons sur le port, il leur propose aussitôt d’embarquer. Nos trois héros acceptent et ils sont présentés au prince avec qui ils sympathisent immédiatement. Le vaisseau peut reprendre la mer…
Le dernier film qu’Ali Al Kassar tourne avec Togo Mizrahi.

Notre avis : c’est le troisième film de Togo Mizrahi inspiré des contes des mille et une nuits ou autres légendes orientales. Une nouvelle fois, le réalisateur juif d’origine italienne rend hommage au patrimoine littéraire de son pays (Il en sera mal récompensé : bien que né à Alexandrie, Togo Mizrahi devra quitter l’Egypte en 1948.). Un très beau spectacle avec des décors et des costumes particulièrement soignés. Le trio comique formé par Ali Al Kassar, Ali Abd El Al et Ismaïl Yassin fonctionne à merveille.


Dimanche 18 février à 16h

La Mariée du Nil de Fateen Abdel Wahab (A'roos El Nil, 1963)
avec Loubna Abdel Aziz (Hamis, la mariée du Nil), Rushdy Abaza (le géologue Sami Fouad), Shweikar (Didi, la fiancée de Sami), Abdel Moneim Ibrahim (Fathy, le collègue de Sami), Fouad Shafik (Docteur Hassan, inspecteur des Antiquités), Abdel Khalek Salah (le président de la société pétrolière), Esmat Mahmoud (Layla, l’assistante du docteur Hassan), Hussein Ismaïl (Rashwan, le chef de chantier), Farhat Omar (Docteur Chedid)
Scénario : Kamel Youssef et Saad Eddin Wahba
Sur une idée de Loubna Abdel Aziz
Musique : Ali Ismaïl, Abdul Hamid Abdul Rahman, Ahmed Shafek Abou Auf
Production : Ramsès Naguib


Comédie. Sami est un géologue qui s’installe pour quelque temps à Louxor afin de superviser le forage d’un puits de pétrole en plein milieu d’un site archéologique. Dès sa première journée de travail, il doit affronter le Docteur Hassan, inspecteur des Antiquités ainsi que son assistante. Les deux personnages tentent de dissuader Sami d’entamer son œuvre de destruction et le menacent d’en informer le ministère. Le lendemain, un autre souci attend le géologue : les ouvriers refusent de continuer à creuser ; ils craignent d’abîmer les tombes qui sont dans le sous-sol et d’être ensuite frappés par la malédiction du Pharaon. Et dernier désagrément : une femme du temps des Pharaons apparaît au milieu des ruines. Seul, Sami peut la voir. Cette séduisante personne est venue du monde des morts pour empêcher tout forage sur le prestigieux domaine construit par ses ancêtres. Elle entreprend de rendre la vie impossible au géologue…

Notre avis : on trouvera bien des analogies entre cette "Mariée du Nil" et la comédie musicale d’Henry Barakat "Mademoiselle Diablesse" qui date de 1949. Dans ces deux films, un fantôme féminin ayant vécu à une époque très reculée s’amuse à perturber l’existence d’un homme d’aujourd’hui. Si "Mademoiselle Diablesse" est un chef d’œuvre, il n’en est pas de même pour le film de Fateen Abdel Wahab qui reste néanmoins un agréable divertissement avec un message estimable : l’Egypte ne doit pas sacrifier son patrimoine exceptionnel au nom d’impératifs économiques et industriels.


Samedi 17 février à 22h

Bakhit et Adila de Nader Galal (Bakhit wa Adila , 1995)

avec Adel Imam (Bakhit), Sherine (Adila), Mustafa Metwalli (le gangster), Hanem Mohamed (la mère de Bakhit), Othman Abdel Moneim (Sandouq, le père d’Adila), Kawthar Ramzi (Sakina, la belle-mère d’Adila), Mohamed Henedy (le chauffeur de taxi), Ezzat Abou Ouf (l’homme d’affaires), Ahmed Rateb (le cousin d’Adila), Hassan Hosny (le directeur de la banque), Youssef Dawood (le directeur de l’hôtel)
Scénario : Lenin El Ramli
Musique : Modi El Emam


Bakhit et Adila se retrouvent dans le même train, assis côte à côte. Le sans gêne du premier exaspère la seconde et entre eux, le ton monte très rapidement. Dans le même compartiment, a pris place un trafiquant de drogue qui transporte dans une grande valise de l’héroïne et une grosse somme d’argent. Se sachant poursuivi par la police, il pose sa valise parmi les bagages de Bakhit et Adila pensant la récupérer à l’arrivée. Manque de chance, il est arrêté sur le quai de la gare et conduit au commissariat. Pendant ce temps-là, Bakhit et Adila ont confié leurs bagages au même porteur et ils se retrouvent dans le même taxi qui les conduit à leurs destinations respectives situées dans le même quartier. Bakhit retrouve son appartement qu’il occupe avec sa mère et Adila celui de son père et de sa belle-mère. Très vite, ils s’aperçoivent qu’il y a une valise qui n’appartient ni à l’un ni à l’autre. Ils décident de l’ouvrir et découvrent avec stupéfaction son contenu. Après avoir hésité longuement, ils décident de la remettre à la police puis se ravisent : ils vont la garder. Ils quittent Alexandrie et s’installent dans un hôtel de luxe au Caire pour enfin mener la belle vie. Mais loin de les réunir, leur bonne fortune commune accroît l’animosité et la méfiance entre Bakhit et Adila…

Notre avis : ce film aura un tel succès que le réalisateur lui donnera deux suites. Des trois, ce premier opus est le plus réussi. On suit avec plaisir les tribulations d’un couple dont l’union ne repose que sur l’argent et qui ne cesse de se déchirer pour mieux s’aimer. Une comédie loufoque où tout semble possible, les auteurs ne se sont rien interdits et les deux acteurs principaux peuvent donner libre cours à leur fantaisie. Avec la délicieuse Sherine qui rend coup pour coup (au propre comme au figuré ) à Adel Imam d’un cynisme jubilatoire.


Vendredi 16 février à 18h30

Le Rivage de la Gaieté de Houssam Al Din Mustafa (Chatei el Marah, 1967)
avec Nagat El Saghira (Norah), Hassan Youssef (Houssam), Youssef Fakhr El Din (Hamada), Samia Shokri (Riri), Samir Ghanem (ami d’Houssam), George Sedhom (ami d’Houssam), El Deif Ahmed (ami d’Houssam), Abdel Moneim Madbouly (le professeur Raafat), Nahed Yousri (Nahed), Shahinaz Taha (Salli, la sœur de Norah), Sanaa Mazhar (Sanaa, l’amie d’Hamada), Mimi Chakib (Aziza, la femme du professeur), Adly Kasseb (le père d’Houssam)
Scénario et dialogues : Abdel Fattah El Sayed et Adli El Moled
Musique : Mohamed Abdel Wahab

Le Rivage de la Gaieté est une adaptation de La Stripteaseuse effarouchée (Girl Happy), un film américain réalisé en 1966 par Boris Sagal avec en vedette Elvis Presley.

Une curiosité : dans l’une de leurs chansons, les Trois Lumières du Théâtre (Samir Ghanem, George Sedhom, El Deif Ahmed) reprennent le refrain de Can’t Buy Me Love des Beatles.

Le film sort en avril 1967. La guerre des six jours éclate deux mois plus tard. En septembre, Ismalïa est soumise à des bombardements intensifs causant de lourdes pertes parmi la population civile. Le Rivage de la Gaieté est devenu le Rivage de la Mort.


Comédie musicale. Un professeur laisse ses deux grandes filles, Norah et Sally, partir seules pour quinze jours de vacances à Ismaïlia avec leur club. Craignant pour leur vertu, l’universitaire demande à Houssam, le fils de son meilleur ami, de les accompagner pour les surveiller discrètement. Le jeune homme qui est musicien accepte la mission. Il se rend à Ismaïlia avec les trois membres de son groupe. Le voyage est long et pénible car leur vieux tacot tombe constamment en panne. Une fois arrivés, les quatre garçons s’installent dans le même hôtel que Norah, Sally et leurs camarades. Ils ont obtenu un logement gratuit, en échange, ils doivent se produire en soirée devant les clients de l’établissement. Mais Houssam n’oublie pas sa mission. Avec ses camarades, il part aussitôt à la recherche des deux sœurs et il ne tarde pas à découvrir que Norah est courtisée par Hamada, un incorrigible coureur de jupons. Celui-ci est très vite parvenu à gagner l’amitié de la jeune fille…

Notre avis : un film à destination des adolescents. Dans une ambiance « yéyé », on flirte, on chante et on danse en maillot de bain sur la plage, loin des parents restés au Caire (à noter qu’on retrouve tous ces ingrédients ainsi qu’une partie des acteurs dans le film de Niazi Mustafa, "Une Jeunesse Très Folle", sorti la même année). Un divertissement bon enfant même si les gags des Trois Lumières du Théâtre nous semblent parfois bien laborieux. Mais ce qu’on retiendra de ce film ce sont avant tout les très belles chansons interprétées par Nagat El Saghira et composées par Mohamed Abdel Wahab. Rien que pour cela, ce "Rivage de la Gaieté" mérite d’être vu.






lundi 12 février 2024

Je m'en vais ('Iiniy rahila, 1955)

إني راحلة
إخراج : عز الدين ذو الفقار


Ezzel Dine Zulficar a réalisé Je m'en Vais en 1955.

Distribution : Imad Hamdi (Ahmed), Madiha Yousri (Aïda), Serag Mounir (le père d’Aïda), Zinat Sedqy (la nourrice), Zeinab Sedky (la grand-mère d’Aïda), Mahmoud Azmy (Ali, le frère d’Aïda), Rushdy Abaza (Toto, le fils de Zaki Pacha), Ibrahim Hechmat (Zaki Pacha, le premier ministre), Abdel Aziz Ahmed (Fayek Bey, le confident de Aïda), Salah Nazmi (Houda, l’ami de Toto), Ellen Deatto (Tamtam, la maîtresse de Toto et la femme de Houda), Ibrahim Hechmat (Zaki Pacha, le premier ministre)
Scénario : Youssef El Sebai
Production : Madiha Yousri

Madiha Yousri et Serag Mounir


Imad Hamdi et Madiha Yousri


Zinat Sedki


Madiha Yousri et Mahmoud Azmy


Abdel Aziz Ahmed


Rushdy Abaza et Ellen Deatto



















Résumé

Aïda est la fille de Mostafa Pacha Abdul Rahman. Elle vit avec son père, sa grand-mère et son frère. Leur mère est partie alors qu’elle était enfant pour vivre avec un autre homme. Son père a voulu la préserver en lui donnant une éducation rude qui n’accordait aucune place à l’amour et à la sensibilité. Régulièrement, ils avaient la visite d’Ahmed, leur cousin. Aïda aimait jouer et se chamailler avec lui.

Les années ont passé. Aïda est devenue une jeune femme. Un jour, Ahmed qui avait disparu pour se consacrer à ses études refait son apparition. Il porte l’uniforme d’officier de cavalerie. Les deux jeunes gens reprennent leurs conversations aigres douces d’autrefois mais ils finissent par reconnaître l’un l’autre qu’ils s’aiment. Mostafa Pacha voit d’un très mauvais œil cette idylle naissante et il exige de sa fille qu’elle rompe immédiatement avec son cousin. Mais Aïda ne peut y consentir. Les jours suivants, Ahmed ne donne plus signe de vie et Aïda tombe gravement malade. Enfin Ahmed reparaît, il était parti en voyage. Tous les deux sont heureux de se retrouver et la jeune fille se rétablit aussitôt. Ils reprennent leurs promenades et leurs discussions. Enfin, ils échangent leur premier baiser.

Ahmed décide d’affronter son oncle pour lui demander la main de sa cousine mais celui-ci refuse tout net de la lui donner. Mostafa Pacha Abdul Rahman considère que la situation de son neveu est trop modeste et il souhaite pour sa fille un mariage avec un garçon fortuné. Pour lui, c’est une nécessité pressante : il a été imprudent en bourse et il a perdu une grande partie de sa fortune. Son salut viendra de son ami Zaki Pacha qui s’apprête à devenir premier ministre. Cet éminent personnage a un fils Toto et il serait tout à fait favorable à ce que celui-ci épouse Aïda.

Les premières rencontres entre les deux promis sont désastreuses. Tout les sépare. Toto est un jeune homme superficiel qui ne pense qu’â s’amuser. Ahmed partage le jugement sévère d’Aïda mais l’un et l’autre ne peuvent rien contre la volonté du père. D’autant plus que Mostafa Pacha a menacé de s’en prendre à Ahmed si sa fille n’acceptait pas le mari qu’on lui imposait. Contre son gré, Aïda épouse donc Toto. De son côté, Ahmed se marie avec une voisine.

Aïda ne va pas bien. Son existence de femme mariée est triste à mourir. Son mari n’a aucune attention pour elle et elle apprend très vite qu’il entretient une relation adultère avec la femme de son meilleur ami. Ce dernier lui propose même de devenir son amant à titre de compensation. La corruption de ce milieu la dégoûte. Un soir elle se rend là où elle avait coutume d’aller avec Ahmed, un lieu retiré plein de souvenirs heureux. Et comme par miracle, elle y retrouve l’officier de cavalerie qui avait eu la même idée qu’elle. Il lui apprend que sa femme est morte en accouchant d’un enfant mort né.

Ils décident de ne plus jamais se quitter. Ils trouvent refuge dans un chalet près de la mer mais leur bonheur sera bien court. Le lendemain, Ahmed est pris de vives douleurs à l’abdomen et il meurt. Aïda n’accepte pas que la mort les sépare. Elle répand de l’essence dans tout le chalet et provoque un incendie dans lequel elle périra auprès de celui qu’elle aime.


Critique

« Je m’en vais » est un drame réalisé par le spécialiste du genre, Ezzel Din Zulficar. On retrouve dans ce film, ce romantisme sombre qu’il affectionne, avec ces paysages tourmentés et ces personnages hors du temps que le destin emporte avant de les briser.

Plus qu’un mélodrame, c’est une tragédie : l’histoire nous conte l’amour impossible entre deux êtres qui ne pourront s’unir que dans la mort. On pense bien sûr à "Roméo et Juliette" même si la situation des deux personnage d’Ezzel Din Zulficar n’a pas grand-chose à voir avec celle des deux héros shakespeariens. Notons au passage que si la pièce du dramaturge anglais a servi de modèle à bien des œuvres théâtrales ou cinématographiques en occident, il n’en est pas de même dans le théâtre ou le cinéma égyptien : l’amour exclusif et absolu qui conduit à rompre tous les liens sociaux puis à rompre avec la vie elle-même n’est pas dans leur ADN !

La tonalité de ce film est singulière et n’a pas vraiment d’équivalent dans le cinéma de cette époque. Les auteurs font un usage homéopathique du pathétique. Peu de larmes, peu de cris, beaucoup de silences. Et pourtant, dès le début, le spectateur est plongé dans une atmosphère très sombre, presque funèbre. La plupart des scènes se passent la nuit et les personnages semblent se mouvoir en permanence dans les ténèbres. Il y a quelque chose d’étrange dans cet univers : les deux héros sont comme des fantômes évoluant dans un univers parallèle à celui des autres personnages. Tous les êtres qui les entourent semblent très lointains, presque abstraits. Bien des scènes nous ont rappelé "Peter Ibbetson", ce roman britannique dans lequel deux êtres ne peuvent se rejoindre et vivre leur amour qu’en rêve.

Les deux acteurs, Imad Hamdi et surtout Madiha Yousri (ce n’est pas la première fois qu’ils sont réunis à l’écran) parviennent à transmettre la passion qui anime leurs deux personnages avec une justesse constante, faisant naître l’émotion d’un simple geste ou d’un simple regard. Ce film, qui compte l’une scènes de baiser les plus bouleversantes du cinéma égyptien, va grandement contribuer à faire d’Imad Hamdi et de sa partenaire un couple mythique du grand écran. Il faudrait aussi évoquer la beauté troublante de Madiha Yousri qui joue un rôle déterminant dans la magie particulière de ce drame.

L’intérêt du film repose aussi sur la peinture par petites touches d’un certain milieu où toutes les turpitudes sont permises à condition que les apparences soient sauves. Roshdy Abaza joue à merveille l’antithèse du héros : un jeune homme uniquement soucieux de ses plaisirs mais qui respecte les règles de sa classe sociale. Il se mariera avec qui on veut du moment qu’il peut poursuivre sa relation explosive avec sa maîtresse. Après avoir épousé Aïda, il ne lui prêtera aucune attention et la laissera libre de faire ce qu’elle veut.

« Je m’en vais » est un film étonnant dont le pouvoir d’envoûtement n’a pas faibli avec les années. Bien au contraire…

Appréciation : 4/5
****

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

jeudi 1 février 2024

A la télé : les films du jour (Rotana Classic du 1er au 15 février)

روتانا كلاسيك

Quels films peut-on voir sur la chaîne Rotana Classic ? Les horaires donnés sont ceux de l'après-midi ou de la soirée (heure de Paris). La plupart des films sont ensuite rediffusés le lendemain matin.
Rotana Classic a remplacé Rotana Zaman en 2012. Cette chaine fait partie du groupe Rotana basé en Arabie Saoudite et spécialisé dans le divertissement (télévision et musique). Celui-ci a été créé par le prince Al-Walid ben Talal ben Abdelaziz Al Saoud, membre de la dynastie Al Saoud et petit-fils du fondateur de l'Arabie Saoudite. Comme son nom l’indique, Rotana Classic diffuse essentiellement les grands classiques du cinéma égyptien. Disponible en France.


Jeudi 15 février à 14h

Jeunes d'Aujourd'hui de Mahmoud Zulficar (Shabab el Youm, 1958)

avec Mariam Fakhr Eddine (Fathia), Omar El Hariri (le docteur Mamdouh), Cariman (Nawal), Youssef Fakhr El Din (Youssef, le frère de Fathia), Mahmoud El Meleigy (le père de Fathia), Rafia El Shal (la mère de Fathia), Doha Amir (la sœur cadette de Fathia), Thuraya Fakhry (la mère de Nawal), Olwiya Gamil (la véritable mère de Fathia), Nahed Samir (la mère du docteur Mamdouh), Saab Kotb (Rashad, l’ami de Youssef), Hassan Abdul Salam (Sobhi, le fils du paysan)
Scénario : Abdel Aziz Salam et Mahmoud Zulficar
Musique : Moukhtara et Mohamed Abdel Wahab
Production : les films Mariam Fakhr Eddine


Comédie dramatique. Fathia vit avec son père, Ahmed Fathi, un homme d’affaires très malade ainsi qu'avec sa mère et son jeune frère Youssef. Le garçon passe ses journées avec leur charmante voisine Nawal et sa jeune sœur Soheir. Le docteur Mamdouh se rend régulièrement chez les Fathi pour contrôler l’évolution de la maladie du père. Au fil de ses visites, Mamdouh et Fathia sont tombés amoureux l’un de l’autre, à la grande joie des parents de la jeune femme. Mais de son côté, Nawal aussi aimerait bien se marier et elle trouve le jeune médecin tout à fait à son goût. Elle entreprend de le séduire, encouragée par sa mère.
Dans la maison, Fathia s’occupe de tout : elle supervise les tâches ménagères, elle veille à ce que son père prenne bien tous se médicaments, elle surveille son frère et le conseille.
Un jour, Youssef découvre que Fathia n'est pas sa soeur mais qu'elle a été adoptée...

Notre avis : un drame qui oppose de manière manichéenne la douce et discrète Fathia incarnée par Mariam Fakhr Eddine à la petite chipie sans scrupule jouée par Cariman. La dénonciation par trop simplificatrice d’une jeunesse insouciante et sans idéal donne à ce film un aspect moralisateur terriblement daté.


Mercredi 14 février à 14h

La Porte Ouverte de Henry Barakat (Elbab Elmaftouh,1963)

avec Faten Hamama (Layla), Saleh Selim (Hussein), Mahmoud Morsi (Fouad, le professeur de philosophie de Layla), Jacob Michaël (le père de Layla), Hassan Youssef (Isam, le cousin de Layla), Shweikar (Djamila, la cousine de Layla), Mimi Chakib (la tante de Layla), Mahmoud El Hedini (Mahmoud, le frère de Layla), Seham Fathy (une camarade de Layla), Nahed Samir (la mère de Layla), Nawal El Saghira (la petite fille), Hussein Ismail (le mari de Djamila), Khadiga Mahmoud (Saïda, la servante), Ali Mostafa (l’un des révolutionnaires arrêtés), Samir Shedid (Sedky, l’amant de Djamila)
d'après un roman de Latifa Al Zayyat
Scénario : Youssef Issa, Henry Barakat, Latifa Al Zayyat
Musique : André Ryder
Production : Henry Barakat


Nous sommes en 1951, à la veille de la chute du roi Farouk. Layla est une jeune lycéenne qui prend une part active dans toutes les manifestations organisées pour réclamer le départ du monarque. Quand son père découvre son implication dans le mouvement révolutionnaire, il devient fou de rage et la corrige de manière brutale. Heureusement, Layla trouve du réconfort auprès de son cousin Isam qui vit avec sa mère dans l’appartement au-dessus de celui de ses parents. Une idylle naît entre eux mais le comportement du jeune homme va décevoir Layla et elle va renoncer à l’amour jusqu’à sa rencontre avec Hussein, un militant révolutionnaire, ami de son frère…

Notre avis : un très grand film mettant en valeur le rôle des femmes dans la chute de la monarchie en 1952. Faten Hamama est incroyablement émouvante dans le rôle d’une jeune lycéenne qui combat un régime politique archaïque et qui en même temps doit affronter la domination des hommes de son entourage. Comme dans d’autres films, Henry Barakat sait avec une rare habileté mêler le politique et l’intime. La musique d’Andre Ryder, d’une grande force lyrique, n’est pas étrangère à la beauté de cette « Porte Ouverte ».


Mardi 13 février à 14h

Jours et Nuits d'Henry Barakat (Ayyâm wa layâlî, 1955)

avec Abdel Halim Hafez (Yahia), Iman (Samia), Ahmed Ramzy (Raafat, l’ami de Yahia), Serag Mounir (Asim le père de Fathi et le beau-père de Yahia), Mahmoud El Meleigy (Kamal, le père de Yahia), Kamal Hussein (Fathi), Samia Roshdi (la mère de Samia), Thuraya Fakhry (la mère de Fatima), Abbas Rahmy (le procureur), Zeinat Olwi (la danseuse), Aqeila Rateb (Fatima, la mère de Yahia), Soheir El Barouni (Nawal, la sœur de Samia), Abdel Moneim Basioni, Adly Kasseb
Scénario et dialogues : Youssef Gohar et Henry Barakat
Musique : Mohamed Abdel Wahab
Production : Films Barakat/Films Abdel Wahab


Drame. La mère de Yahia a divorcé de son père car il était alcoolique. Elle s’est remariée avec un homme qui a un fils du même âge que Yahia. Les années passent et les enfants grandissent. Ils sont très différents l’un de l’autre. A l’université, Yahia est un étudiant modèle apprécié de tous : c’est un garçon raisonnable et généreux, d’humeur toujours égale. Avec son ami Raafat, il fait partie de l’équipe d’aviron du campus et les deux camarades s’entraînent régulièrement sur le Nil. Fathi est tout le contraire : il dort en cours et passe ses nuits à boire dans les cabarets. Yahia fait la connaissance de Samia et en tombe très vite amoureux. Ils sortent souvent ensemble, accompagnés de Raafat et de Nawal, la sœur de Samia. Fathi ne tarde pas à s’immiscer dans le groupe avec une intention bien précise : séduire Samia.
Un soir, lors d’une fête, ivre comme de coutume, il essaie d’embrasser de force la jeune fille mais Yahia intervient. Fathi, furieux, décide de rentrer. Il prend le volant de sa voiture, tandis que Yahia s’installe à ses côtés. Sur la route, le chauffard renverse un piéton mais, lâche et inconscient, il poursuit sa course folle dans la nuit. Raafat qui avec son propre véhicule suivait la voiture de Fathi s’arrête pour porter secours à la victime. La police apparaît. L’ami de Yahia est accusé d’être le responsable de l’accident…

Notre avis : très joli film sur une certaine jeunesse dorée des années cinquante avec ses plaisirs mais aussi ses drames. Nostalgie garantie devant ces images d’une époque insouciante (enfin pas pour tout le monde). On y retrouve à l’identique tout ce qui compose l’univers des héros des teen movies de l’autre côté de l’Océan ("La Fureur de Vivre" date aussi de 1955). : transistors, scooters, voitures décapotables, alcools forts, orchestres latinos, garçons en chemises à col boucle et pantalons larges, jeunes filles en robes corolles et le sac à main à la saignée du coude. Les chansons interprétées par Abdel Halim Hafez achèvent de conférer à ce film une magie toute particulière.


Lundi 12 février à 14h

Adham El Sharkawy
d’Houssam Al Din Mostafa (1964)
avec Abdullah Gheith (Adham), Loubna Abdel Aziz (Salma), Shwikar (Al Hanim, la fille du ministre de l’intérieur), Samiha Ayoub (la femme de Shalabi), Salah Mansour (Shalabi, le sheikh de la mosquée),Tawfik El Deken (Maghawari), Zein El Ashmawy (Abdul Ghaffar), Abdel-Wareth Asr (le professeur d’histoire), Mohamed Reda (le maire du village), Aziza Helmy (la mère d’Adham), Hussein Asar (Cheikh Abdul Halim, le père d’Adham), Abdul Aziz Khorshid (Al Haj Ismaël), Zeinat Elwy (danseuse), Abdel Halim Hafez (chanteur)
Scénario : Saad Eddin Wahba, Zakaria Hijjawi
Musique : Aly Ismail, Abdel Halim Hafez, Morsi Gamil Aziz, Mohammed Al Mogi
Production : Ramses Naguib


Biographie d’Adham El Sharkawy (1898-1921) : Adham El-Sharkawy a été dès sa jeunesse un opposant à l’occupation anglaise et sa participation aux manifestations pour l’indépendance lui ont valu d’être renvoyé de son école. Il est donc retourné dans son village et c’est là qu’il a constaté combien les paysans étaient exploités par les notables et les riches propriétaires de la région. Adham El Sharkawy décide d’inciter les paysans à se battre pour faire valoir leurs droits. Mais face à eux, il y a une adversaire redoutable : Al Hanim, la fille du ministre de l’Intérieur qui est prête à tout pour défendre ses privilèges. Elle a un plan : elle sait qu’Adham est amoureux de Salma et elle décide de proposer à la jeune femme un emploi de femme de chambre pour approcher le chef de la rébellion et peut-être le soumettre…

Notre avis : un film qui s’inscrit dans la grande tradition des récits glorifiant les exploits de héros populaires. Ici, Houssam Al Din Mostafa ne prétend pas faire œuvre de moraliste, encore moins d’historien. Fidèle à lui-même, il réalise un revigorant film d’action mettant en en scène un Robin des Bois égyptien, sans emphase et sans verbiage. Une autre qualité du film : les chansons illustrant le combat d’Adham El Sharkawi sont toutes interprétées par Abdel Halim Hafez.


Dimanche 11 février à 14h

Ma vie en est le prix d’Hassan Al Imam (Hayati Hiyya al Taman, 1961)
avec Hoda Soltan (Soad), Ahmed Mazhar (docteur Hussein), Hussein Riad (Gaber), Tawfik El Deken (l’assistant de Gaber), Zouzou Nabil (Latifa), Nagwa Fouad (la danseuse Sonia), Nahed Samir (la mère du docteur Hussein), Ragaa Hussein (une amie de Soad), Ali Rushdi (l’avocat de Soad), Saleh Sarhan (l’architecte), Layla Fahmy (la servante)
Scénario : Hassan Al Imam et Mohamed Othman
Musique : Fouad El Zahry, Ahmed Fouad Hassan, Ali Ismaïl, Atya Sharara
Production : films Ibrahim Wali


Gaber est un quinquagénaire immensément riche. Il tombe amoureux de Soad, la femme du Docteur Hussein. Celui-ci l’avait soigné alors qu’il avait eu un malaise sur la plage et ils sont devenus amis. L’homme d’affaires comprend qu’il lui sera difficile de séduire Soad mais il ne désespère pas d’y arriver un jour. Pour écarter le mari, il décide de financer la construction d’une clinique dont le docteur Hussein prendrait la direction. Le médecin et sa femme sont aux anges. Les mois passent. La construction de l’établissement va bon train. Soad donne naissance à un petit garçon. Hussein doit s’absenter quelque temps pour une mission scientifique à l’étranger. Gaber en profite pour se rapprocher de Soad mais celle-ci repousse toutes ses avances. Elle finit même par se mettre en colère et lui signifie en termes peu diplomatiques qu’elle ne quittera jamais son mari pour lui. Le vieil homme est terrassé par le désespoir. Il doit s’aliter : son cœur est à deux doigts de lâcher. Très affaibli et sentant sa fin prochaine, il décide de se venger de la plus cruelle des façons. Dans son testament, il désigne comme héritier, le fils de Soad et de Hussein, prétendant que l’enfant est en fait le fruit de la relation adultère qu’il entretenait avec la femme du médecin. A sa mort, ses dernières volontés sont rendues publiques. Hussein décide de divorcer…

Notre avis : le grand acteur Hussein Riad fut trop souvent cantonné dans des rôles de vieux papas larmoyants si bien qu’on a plaisir à le retrouver ici jouant un être sans scrupule qui poursuit par-delà la mort sa vengeance contre une femme qui s’est refusée à lui. De même, Hoda Soltan incarne avec brio un personnage qui est à l’opposé de ses emplois habituels de garces et de femmes adultères. Deux excellents acteurs pour un drame prenant.


Samedi 10 février à 18h30

Ismaïl Yassin dans l'aviation de Fateen Abdel Wahab (Ismaïl Yassine fil tayyaran, 1959)
avec Ismaïl Yassin (Ismaïl/Hussein), Amal Farid (Nawal), Nagwa Fouad (Soheir, la danseuse), Youssef Chahine (le réalisateur), Abdel Moneim Ibrahim (Abdel Moneim, un mécanicien chargé de l’entretien des avions au sol), Reyad El Kasabgy (Al-Shawish Attia, un collègue de Hussein), Gamalat Zayed (la femme d’Al Shawish Attia), Mahmoud El Meleigy (son propre rôle), Zaharat Al Oula (son propre rôle), El Sayed Bedeir (son propre rôle), Mohamed Shawky (son propre rôle)
Scénario et dialogues : Abou Al Seoud Al Ebiary
Production : Ramses Naguib


Comédie. Ismaël et Hussein sont frères jumeaux et vivent ensemble. Ismaël travaille dans le cinéma comme doublure. C’est un métier difficile. En ce moment, il travaille pour Youssef Chahine qui lui fait tourner à plusieurs reprises une scène dans laquelle il doit tomber du haut d’un escalier. Heureusement, Soheir, une danseuse qui a aussi été embauchée pour le film, s’est prise de sympathie pour lui et ils passent beaucoup de temps ensemble. Ismaël aimerait bien la demander en mariage mais elle lui a avoué qu’elle rêve d’épouser un pilote d’avion. Justement, Hussein, le frère d’Ismaël, travaille dans l’armée de l’air comme mécanicien. Il est fiancé à Nawal, une jeune fille d’Alexandrie. Il a demandé à son administration une semaine de congé pour se rendre dans la station balnéaire afin de s’y marier avec l’élue de son cœur. Ismaël profite de l’absence de son frère pour revêtir son uniforme et se présente ainsi accoutré devant Soheir. Il dit être le frère d’Ismaël et prétend être pilote d’avion. La jeune femme est aussitôt conquise et accepte de l’épouser…

Notre avis : après « Ismaïl Yassin à l’armée » (1955)°, « Ismaïl Yassin dans la police » (1956), « Ismaïl Yassin dans la marine » (1957), « Ismaïl Yassin dans la police militaire » (1958), voici « Ismaïl Yassin dans l’aviation » ! A chaque fois l’objectif est double : divertir le public tout en faisant vibrer sa corde patriotique. Grâce au savoir-faire du réalisateur et de son scénariste, ce cinquième volet est à la hauteur de ses prédécesseurs, avec une tonalité un peu moins martiale cependant : la crise du canal de Suez s’éloigne et la guerre des six jours est encore loin. « Ismaïl Yassin dans l’aviation » se présente comme une bonne comédie familiale avec en prime la participation exceptionnelle de Youssef Chahine dans son propre rôle (On raconte que lors du tournage, il se serait disputé avec la vedette du film, Ismaïl Yassin, pour une histoire de cigarette.)


Vendredi 9 février à 22h

Femme en marge d’Hassan Al Imam (Emraa alal hamish,1964)

avec Hind Rostom (Siham), Amr El Torgoman (Ihsan), Stefan Rosti (Soleiman effendi), Angy Ismaïl (la nouvelle épouse d’Ihsan), Hassan Youssef (Samir, le fils de Siham), Mohamed Awad (Hussein), Zouzou Nabil (la mère adoptive de Samir), Zizi El Badraoui (Souad), Sohair El Barouni (Aziza, la servante de Siham), Hala Fakher (l’amie de Souad), Mohsen Hassanein (le réalisateur), Hussein Ismaïl (l’assistant du metteur chargé du casting), Abdel Azim Kamel (le directeur du théâtre), Abdel Hamid Badawy (le médecin)
Scénario : Mohamed Mostafa Samy et Hassan El Imam
Musique : Mahmoud Al Sherif, Fathy Qoura, Ali Ismaïl


Siham Fawzy est une actrice qui a tout pour être heureuse. Elle est célèbre et elle file le parfait amour avec son mari, Ihsan dont la famille est très riche. Depuis qu’elle est enceinte, elle est au comble de la félicité. Malheureusement, le beau-père n’a jamais vu d’un très bon œil la relation entre son fils et cette saltimbanque. Il exige qu’Ihsan divorce au plus vite. Dans un premier temps, celui-ci refuse mais progressivement il se range à l’avis de son père. Quand Siham rentre de la maternité, elle découvre que son mari l’a répudiée et qu’il a épousé une jeune femme plus conforme aux conceptions du père. Folle de rage, elle retrouve Ihsan dans le train qui le conduit à Alexandrie avec sa nouvelle épouse. Elle l’abat d’un coup de pistolet. Siham est condamnée à vingt ans de prison et elle a confié son fils à Aziza, sa servante. Pour assurer sa subsistance, celle-ci est devenue danseuse. Elle passe ses nuits dehors et rentre à l’aube le plus souvent ivre. Ne pouvant plus s’occuper du fils de son ancienne patronne, elle l’abandonne à un couple sans enfant. Les années passent et Siham est enfin libérée. Elle retrouve la trace de son fils et se fait embaucher comme bonne dans sa famille adoptive…

Notre avis : un mélodrame conventionnel dans lequel Hind Rostom s’essaie au contre-emploi : elle joue la vieille maman qui se sacrifie pour son seul amour, son fils. Malheureusement, elle n’est guère convaincante à trop forcer le trait et à sans cesse grimacer pour exprimer l’intensité de ses émotions. Son personnage en devient presque antipathique. On lui préférera Zizi El Badraoui qui dans ce drame se montre beaucoup plus subtile.


Jeudi 8 février à 14h

L'Amour en 1970 de Mahmoud Zulficar (Hob al Sanat 70, 1969)
avec Ahmed Ramzy (Sherif), Mohamed Awad (Mohsen, le cousin de Sherif), Nawal Abou El Foutouh (l’assistante de Sherif), Nelly (Noura), Habiba (Hanan), Nahed Yousri (Nardina), Mohamed Shawki (l’oncle de Sherif), Kanan Wasfy (Adnan), Hassan Hafify (Hassan), Mimi Gamal (Doris), Aleya Abdel Moneim (la mère de Noura)
Scénario : Hami Saif El Nasr
Adaptation de la comédie Boing Boing du dramaturge français Marc Camoletti, une adaptation sans doute inspirée de celle réalisée aux Etats-Unis en 1965 par John Rich avec Tony Curtis et Jerry Lewis
Musique : orchestre Al Masiah
Production : Abbas Helmy


Comédie. Sherif a quitté son village natal pour étudier au Caire. Il prétend préparer un doctorat mais en fait, il mène grande vie, accumulant les conquêtes féminines. Il a ouvert un bureau s’occupant du fret aérien. Il peut ainsi rencontrer des hôtesses du monde entier. Au moment où commence l’histoire, Sherif a trois maîtresses, trois hôtesses de trois nationalités différentes et avec trois emplois du temps différents. Il peut ainsi organiser sa vie amoureuse sans qu’aucune de ces femmes ne tombe nez à nez avec les deux autres. Mais un jour son cousin, un paysan un peu fruste, sonne à sa porte. Il est envoyé par son père, l’oncle de Sherif, qui souhaite mettre un terme aux études trop coûteuses de son neveu…

Notre avis : deuxième adaptation égyptienne de la pièce à succès de Marc Camoletti après celle de Nagdi Hafez réalisée en 1968 et intitulée "Poursuite Amoureuse". Elle est peut-être un  peu plus fidèle à l'original que sa devancière mais pas forcément plus réussie. A voir exclusivement pour la pétillante Nelly qui joue, chante et danse avec toute la flamme de ses vingt ans.


Mercredi 7 février à 22h

Des Années d'Amour de Mahmoud Zulficar (Sanawat El Hob, 1963)
avec Nadia Lutfi (Nadia), Chukry Sarhan (Adel), Mohamed Awad (le cousin d’Adel), Layla Taher (amie de Nadia), Mahmoud Azmy (Fathy, le frère d’Adel), Zeinab Sedky (la mère d’Adel et Fathy), Fifi Saheid (la mère de Nadia), Abdel Azim Kamel (le père de Nadia), Soheir Zaky (la danseuse), Layla Yousry (la femme de chambre)
Scénario : Amin Youssef Ghorab
Production : Abbas Helmy


Drame sentimental. Nadia et Adel se sont rencontrés dans le train. Ils s’apprécient beaucoup et ils décident de se revoir. Mais Adel ne se présente pas à leur rendez-vous. Il a subitement quitté Le Caire sans pouvoir prévenir Nadia. Il lui écrit une lettre dans laquelle il explique son absence. Malheureusement la jeune femme ne la reçoit pas. Par désespoir, elle accepte d'épouser le frère de celui qui semble vouloir la fuir. Quelque temps après le mariage, Adel refait son apparition. Le choc est terrible pour lui comme pour Nadia.

Notre avis : un mélodrame élégant qui rappelle certains films italiens de la même époque (On y entend beaucoup de mandolines !). Depuis le début des années 60, Nadia Lutfi a conquis le cœur du public en incarnant la jeune égyptienne moderne tourmentée par l’amour et les questions existentielles. C’est ce même personnage que nous retrouvons ici, dans une version très fleur bleue. Plus embêtant : dans le rôle du cousin d’Adel, le jeune Mohamed Awad qui commence sa carrière de pitre fatigant.


Mardi 6 février à 18h30

Le Fantôme de Samara d’Hassan Reda (Afrit Samara, 1959)

avec Taheya Carioca (Samara), Mohsen Sarhan (Fouad), Mahmoud Ismail (Sultan), Cariman (Omnia), Samiha Tawfik (Madame Awsa), Mohamed Sobeih (le mari de Madame Awsa), Fouad Jaafar (Ismaïl, le collègue de Fouad), Fatiha Chahine (la sœur de Fouad), Saïd Khalil (le beau-frère de Fouad), Mohamed El Dib (Agla, un complice de Sultan)Samia Roshdy (la femme d’Agla), Abdel Ghani El Nagadi (un policier), Mohamed Reda (le danseur), Thuraya Fakhry (la mère de Fouad), Adly Kasseb (le supérieur de Fouad), Hussein Kandil (le médecin de l’hôpital)
Scénario : Mahmoud Ismaïl
Musique : Ibrahim Haggag, Abdel Fattah Mansy, Attya Sharara
Production : Abdel Fattah Mansy


Comédie fantastique. Le Fantôme de Samara est la suite de Samara, un thriller réalisé en 1956 par Hassan El Seifi. Les deux films ont le même scénariste, Mahmoud Ismaïl qui joue le rôle du gangster Sultan.
Fouad est un policier terrassé par la mort de la femme qu’il a aimée passionnément, Samara, l’ex-compagne du gangster Sultan. Il sombre dans une dépression profonde et pense à démissionner. Ses collègues tentent de lui venir en aide et l’incitent à reprendre du service mais en vain. C’est alors que lui apparaît le fantôme de Samara. Elle revient près de lui pour le soutenir mais elle lui demande de garder secret leurs rencontres et surtout de lui rester fidèle. Entretemps, Sultan s’est échappé de l’hôpital où il était soigné et il reprend aussitôt ses activités criminelles. Cette fois-ci, Fouad accepte de participer à l’enquête. Avec l’aide de Samara, il va entrer en contact avec les complices du gangster. Pendant ce temps-là, la mère et la sœur de Fouad s’activent pour lui trouver une épouse. Leur choix se porte sur une jeune parente, Omnia…

Notre avis : ce second volet est bien moins convaincant que le premier. Le scénario suit deux fils, la traque du gangster et les tribulations fantastico-amoureuses de Fouad, et pour chacun des deux, le récit adopte un registre différent. Le résultat est un peu curieux, un peu bancal. Tantôt, nous sommes dans un film noir, tantôt dans « Ma Sorcière Bien Aimée ». On se souvient qu’Hassan El Seifi avait mieux réussi la combinaison de ces deux univers en adoptant clairement le registre de la comédie dans "Le Fantôme d’Ismaïl Yassin" (1954).


Lundi 5 février à 14h

L’Amour de Bouthayna de Galal Mostafa (Gharam Bothayna, 1953)
avec Kouka (Bouthyïna), Yehya Chahine (Mohsen), Abdel Ghany Qamar (Aguib, le neveu de Moubarak), Hermine (danseuse), Wedad Hamdy (Zubaïda, l’amie de Bouthayna), Ali Roushdy (Moubarak, le chef de la tribu), Tawfiq El Deqen (Mandour), Aziza Helmy (la mère de Mohsen), Abdel Moneim Ismail (le marchand), Abdel Ghani El Nagdi (le domestique), Sophi Dimitri (la vieille femme), Mohamed Kandil (le chanteur), Fawzya Ibrahim (la servante)
Scénario : Abdel Wahab Mounir, Mohamed El Emam
Musique et chansons : Ahmed Sedky, Bayram Al Tunisi, Ibrahim Hussein
Production : Naguib Masr


La tribu Bani Fahd vient d’entrer dans un immense domaine qui appartient à Mohsen, un jeune seigneur. En l’absence de celui-ci, c’est sa mère qui autorise la tribu à s’installer sur leurs terres. Mohsen reparaît peu après. Il revient du Caire et il est heureux de retrouver les siens. Le lendemain matin, le jeune homme flâne parmi les étals du marché bédoin. C’est ainsi qu’il fait la connaissance de Bouthayna, la fille du chef de la tribu Bani Fahd. Elle est accompagnée d’une amie et les deux jeunes femmes se sont arrêtée devant le stand d’un bijoutier. Bouthayna voudrait acheter un collier mais elle n’a pas assez d’argent. Mohsen qui s’est approché, propose de lui venir en aide , ce qu’elle refuse. De retour au camp, elle découvre dans le pli de sa robe, le collier qu’elle convoitait. Elle comprend que c’est l’inconnu qui lui a fait ce cadeau. Le soir, il y a une grande fête au domaine pour l’anniversaire de Mohsen. Une délégation de la tribu y a été conviée et Bouthayna en fait partie. Pensant que celui dont on fête l’anniversaire est un enfant, elle a apporté comme présent une petite chèvre. Elle est bien embarrassée en découvrant que Mohsen est le bel inconnu du marché. On devine que cette deuxième rencontre est le début d’une idylle qui s’affirmera les jours suivants. Mais les deux amoureux devront affronter deux adversaires : tout d’abord la mère de Mohsen qui s’oppose à cette mésalliance et le cousin de Bouthayna qui a toujours souhaité épouser la jeune femme…

Notre avis : depuis 1945, Kouka joue les jeunes bédouines devant la caméra de son mari Niazi Mostafa. Pour "L’Amour de Bouthayna", celui-ci a laissé les commandes à son frère Galal dont ce sera la seule réalisation. De film en film, l’intrigue est identique : deux amoureux doivent affronter l’opposition de leur entourage. Ici Kouka retrouve celui qui fut déjà son partenaire dans plusieurs films, Yehia Chahine. Ensemble, ils rejouent la même partition avec semble-t-il le même plaisir. Cet opus n’apporte donc rien de nouveau au genre, à l'instar de ceux qui suivront, mais on appréciera son rythme enlevé (Galal Mustafa fut un monteur réputé) et son ton allègre.


Dimanche 4 février à 14h

La Maîtresse de Maison d’Ahmed Kamal Morsi (Sitt al Bayt, 1949)
avec Faten Hamama (Elham), Imad Hamdy (Nabil), Zeinab Sedky (la mère de Nabil), Mona (Madiha, l’amie d’Elham), Thuraya Fakhry (la mère de Bashir), Mohamed Kamel (Bashir, le serviteur de Nabil), Hosna Suleiman (la servante d’Elham) , Naima Akef (la danseuse), Mahmoud Shoukoko (le chanteur), Soad Mekawy (la chanteuse), Abdel Mona'em Saoudi (le docteur), Zaki Ibrahim (le directeur de la société)
Une histoire d'Abou Al Seoud Al Ebiary
Scénario : Henry Barakat et Ahmed Kamel Morsi
Musique : Morsi Gamil Aziz, Hiram Ghamarawy, Abdel Aziz Mahmoud, Hassan Al Imam, Izzat El Gahely, Mahmoud Shoukoko

L’une des premières apparitions à l’écran de Naïma Akef qui a à peine vingt ans. Dans ce film, le rôle principal féminin est tenu par Faten Hamama qui a tout juste dix-huit ans mais ce n’est déjà plus une débutante puisqu’elle a tourné son premier film en 1940.


Nabil est un ingénieur qui vit avec sa mère très malade. Un jour, il demande à son médecin de lui envoyer une infirmière parce que sa mère se sent très fatiguée. C’est une jeune femme douce et charmante qui se présente. Elle s’appelle Elham. Au fil de ses visites, Nabil apprend qu’Elham est une jeune fille de bonne famille qui travaille bénévolement comme infirmière pour le Croissant Rouge. Les deux jeunes gens sympathisent et sortent régulièrement ensemble. L’amour s’en mêle et ils se marient. Elham s’installe peu après dans la maison de sa belle-mère. Avec cette dernière, les relations sont tendues. La vieille dame la considère comme une intruse qui veut prendre sa place. Elle essaie de convaincre son fils d’épouser une autre femme car elle croit qu’Elham est stérile. Celle-ci ne supporte plus le comportement de sa belle-mère : elle décide de quitter la maison. Dans sa précipitation, elle tombe dans l’escalier…

Notre avis : sur un thème archi exploité, la belle-mère tyrannique qui fait vivre un enfer à sa bru ou à son gendre, Ahmed Kamel Morsi et son scénariste Henry Barakat nous racontent une histoire forte avec une tension dramatique qui ne se relâche jamais. Face à face, deux immenses actrices : la toute jeune Faten Hamama et Zeinab Sedki, impressionnante en vieille femme rongée par la haine et la jalousie.


Samedi 3 février à 18h30

Entre ciel et terre de Salah Abou Seif (Bayna as-sama wa al ard, 1959)
avec Hind Rostom (Nahed Shukry, la star), Abdel Salam Al Nabulsi (l’aristocrate), Mahmoud El Meleigy (Kamel, le gangster), Mohsen Hassaneim (le complice de Kamel), Abdel Moneim Ibrahim (le fou), Said Abu Bakr (le harceleur), Zizi Mustafa (Sonia), Yacoub Mikhail (le mari de la femme enceinte), Ahmed Louksor (le metteur en scène), Abdel Ghani El Nagdi (le serviteur), Mahmoud Azmy (l’amant), Naïma Wasafi (la femme enceinte), Amin Wahba (le vieillard), Kadreya Kadry (la femme infidèle), Nahed Samir (l’épouse du vieillard), Samia Rushdy (Zakia), Abdel Moneim Madbouli (le voleur)
Scénario : Naguib Mahfouz et El Sayed Badeir
Musique : Fouad El Zahry
appréciation : 5/5


Apologue. Dans la chaleur estivale d'un vendredi après-midi au Caire, un groupe d'individus représentant toute la société égyptienne restent bloqués dans l'ascenseur d'un grand building de Zamalek (Lebon Building construit en 1952) durant plus d’une heure. Parmi les passagers, on trouve une star de cinéma (Hind Rostom) accompagnée de son chien, un aristocrate sans le sou (Abdel Salam Nabulsi) un chef de gang (Mahmoud El Meleigy), un picpocket (Abdel Moneim Madbouly), un fou échappé de l’asile (Abdel Moneim Ibrahim), une femme infidèle (Kadreya Kadry) et son amant (Mahmoud Azmy), un cuisinier (Abdel Ghani El Nagdi), une femme enceinte (Naïma Wasafi) et son mari, un obsédé sexuel (Saïd Abou Bakr), un vieil homme (Amin Wahba) qui doit épouser une très jeune femme, une lycéenne (Zizi Mostafa) qui doit rejoindre son amoureux. Le huis clos tourne au psychodrame. Pendant ce temps-là, l’équipe de cinéma installée sur la terrasse du bâtiment attend sa vedette pour tourner une scène et le metteur en scène se montre de plus en plus fébrile tandis que des gangsters s’apprêtent à forcer le coffre-fort d’une grande compagnie dont le siège se trouve aussi dans l’immeuble.

Notre avis : si nous devions considérer le film d'ascenseur comme un genre en soi, nous n'hésiterions pas à classer cet "Entre Ciel et Terre" parmi ses plus belles réussites, à égalité avec "Ascenseur pour l'Echafaud" de Louis Malle qui date de 1958. Ce film de Salah Abou Seif  dont le scénario est signé Naguib Mahfouz est un chef d'oeuvre d'intelligence et d'humour servi par une troupe d'acteurs exceptionnels. Comment est-il possible que soixante-cinq ans après sa sortie, il reste aussi méconnu en Occident ? 


Vendredi 2 février à 18h30

Les Lunettes Noires de Houssam Al Din Mustafa (Al-Nazzara Sawdaa, 1963)
avec Nadia Lutfi (Madi), Ahmad Mazhar (Omar), Ahmad Ramzy (Aziz), Sanaa Mazhar (Mervat, la fille du patron), Abdel Khalek Saleh (le directeur de l’usine), Abu Bakr Ezzat (l’un des flirts de Madi), Karima El Sherif, Khalil Badr Eddin (Wali), Enayat Youssef, Fayek Bahgat (Mustafa, un ouvrier), Sayed Abdallah (un collègue d’Omar), Souad Abdullah
Scénario et dialogues : Lucien Lambert et Mohamed Kamel Abdel Salam
D’après une histoire d’Ihsan Abdel Quddus
Musique : parmi de nombreux emprunts, on trouve un extrait des « Spirituals for Orchestra IV » de Morton Gould (générique de l’émission de la télévision française « Les Dossiers de l’Ecran ».
Production : Abbas Helmy


Madi est une jeune aristocrate très fortunée qui mène une vie oisive. Elle porte en permanence des lunettes noires et parmi ses amis, elle jouit d’une grande popularité. Dans l’existence, elle n’a qu’un seul but : s’amuser. L’après-midi, elle retrouve toute sa bande autour de la piscine et le soir, on danse et on boit jusqu’au milieu de la nuit. La plupart du temps, elle rentre chez elle ivre morte. Madi a un petit ami attitré, Aziz mais celui-ci s’est lassé d’elle et a commencé à courtiser d’autres filles. Pour oublier sa peine, elle s’est mise à boire davantage et à flirter avec des garçons qu’elle connaît à peine. Un soir, elle rencontre un jeune homme différent de ceux qu’elle fréquente d’ordinaire. Il s’appelle Omar et il occupe un poste d’ingénieur dans une usine de textile. Ils vont sympathiser et Omar va tenter de faire partager à Madi sa conception de l’existence ainsi que son amour de la littérature et des arts. Pour la jeune aristocrate, c’est une révolution…

Notre avis : un film un peu démonstratif même si le scénario évite habilement l’écueil du manichéisme. On sent que le cinéaste a voulu se conformer aux standards du cinéma international : les personnages évoluent dans un univers très « Dolce Vita », la musique est exclusivement américaine et Nadia Lotfi pour son rôle s’est manifestement inspirée de Monica Vitti. Cela dit, "Les Lunettes Noires" reste l’un des meilleurs films d’ Houssam Al Din Mustafa.


Jeudi 1er février à 14h

Monsieur Boulboul d’Hussein Fawzi (Bulbul Effendi, 1948)
avec Farid El Atrache (Monsieur Boulboul, le fiancé de Batah), Sabah (Kawakeb/Batah), Hassan Fayek (Muhibou Bey, le mari de Kawakeb), Mokhtar Othman (Mahrous, le réalisateur), Ismail Yassin (Bunduq), Stephan Rosti (Aziz, l’amant de Kawakeb), Samiha Tawfiq (Wafaa, la fille de Muhibou Bey), Kamal Hussein (Mounir, le fiancé de Wafaa), Fathya Mahmoud (la mère de Batah), Ali Abd El Al (un assistant du réalisateur), Ahmed El Haddad (un assistant du réalisateur), Edmond Tuema (réceptionniste de l’hôtel), Liz and Lynn (danseuses)
Scénario : Hassan Tawfiq et Hussein Fawzi
Musique : Farid Al Atrache
Production : Ramsès Naguib


Comédie musicale. Kawakeb est une jeune actrice égocentrique et méprisante. Elle a épousé un homme riche, beaucoup plus âgé qu’elle, qui supporte sans broncher tous ses caprices. Elle tourne un nouveau film mais elle se fâche avec le réalisateur et abandonne subitement toute l’équipe. Le metteur en scène est désespéré : il va devoir renoncer à terminer son film. Heureusement, l’un de ses assistants va trouver une solution. Il lui présente une jeune fille, Batah, qui est le sosie de Kawakeb. Batah est une jeune ouvrière qui vit avec sa mère et qui est fiancée à Monsieur Boulboul, un marchand ambulant. Le réalisateur et ses assistants découvrent qu’elle sait aussi jouer la comédie et chanter. On la coiffe, on la maquille et on l’habille. Le résultat laisse sans voix toute l’équipe : Batah est la doublure parfaite de leur ancienne vedette. Pendant ce temps-là, Kawakeb a décidé de quitter son mari pour s’enfuir à Louxor avec un amant…

Notre avis : à la fin des années quarante, Hussein Fawzi va réaliser un certain nombre de comédies musicales avec en vedette la chanteuse Sabah. La rencontre du cinéaste avec Naïma Akef mettra brutalement un terme à cette collaboration mais ceci est une autre histoire. "Monsieur Boulboul" est un excellent divertissement dans lequel la toute jeune chanteuse assure le spectacle, éclipsant presque son prestigieux partenaire, Farid Al Atrache. La partition musicale est remarquable par sa qualité et sa variété.