vendredi 1 février 2019

Les réalisateurs : Ibrahim Emara (1910-1972)

إبراهيم عمارة


Ibrahim Emara fut à la fois acteur, metteur en scène et scénariste. Il est né en 1910 et sa famille s’installe dans la capitale égyptienne alors qu’il n’a pas encore trois mois. Sa carrière artistique commence avec la pratique de l’art dramatique à l’université américaine du Caire. Il rejoint ensuite les studios Misr et se forme auprès de Niazi Mustafa qui dirige alors le département du montage. Le cinéaste l’embauche comme assistant dans ses propres réalisations (notamment dans Monsieur Omar) puis Ibrahim Emara signe son premier film en 1942.  Il réalisera plus d’une trentaine de longs-métrages et écrira quatorze scénarios.


Huit films d'Ibrahim Emara ont fait l'objet d'une présentation dans ce blog :

L’Ecervelée (el taisha,1947)
avec Fatima Roshdi (Lawahiz), Hussein Riad (Kamel), Yehia Chahine (Sami), Mahmoud El Meleigy (Farid, le mari de Samira et l’amant de Lawahiz)), Mary Moneib (Aïcha, la belle-mère de Lawahiz), Menassa Fahmy (Sayed Effendi, un ami et un collaborateur de Kamel), Zouzou Chakib (Latifa, l’amie de Lawahiz), Hassan Kamel (Mansour, le père de Lawahiz), Amina Sherif (Samira, la sœur de Sami et de Kamel) , Rashad Hamed, Doria Ahmed (l’une des chanteuses), Ahlam (l’une des chanteuses), Reyad El Kasabgy (Hanafi), Mohamed Nabeh (le barman), Mahmoud Lotfi (le patron du restaurant), Zaki Ibrahim (l’avocat)
Scénario : Ibrahim Emara et Youssef Gohar
Musique : Ibrahim Fawzi, Mamoun Al Shinawi, Mahmoud Al Sherif, Ibrahim Hussein 
Production : Fatima Roshdi


A sa mort, Shakir Bey lègue son usine à son fils aîné Kamel et à sa fille Samira. Le plus jeune de ses fils, Sami, est encore étudiant et reste sous la tutelle de ses deux aînés. Pour rompre l’isolement de leur sœur Samira, Kamel demande à une jeune voisine d’origine modeste de venir vivre dans leur hôtel particulier. Elle s’appelle Lawahiz, et elle émerveillée par l’existence luxueuse que mènent les héritiers de Shakir Bey. Sami ne tarde pas à tomber amoureux de la jeune femme mais pour l’instant il n’a aucune situation. Lawahiz préfère donc se rapprocher de son frère aîné, Kamel qui a pris la direction de l’entreprise familiale. Malgré leur différence d’âge, elle parvient à le convaincre de la sincérité de ses sentiments. Ils se marient tandis que Sami préfère s’éloigner et part travailler au Soudan. Lawahiz a désormais une ambition : prendre la direction de l’usine et accaparer la fortune de la famille. A cette fin, elle devient même la maîtresse de Farid, son beau-frère. 


L’Ennemi de la Société (Adouw Al Mougtama, 1947)

avec Abbas Fares (Baghadi), Mahmoud El Meleigy (Khalil), Mahmoud Reda (Monsieur Mabrouk), Salah Nazmi (Magdi), Zeinab Sedky (Fatima, la femme de Baghadi),Mokhtar Othman (Ibrahim Bey), Abdel Aziz Khalil (Arafat, le contremaître), Said Khalil (Hamada), Reyad El Kasabgy (un prisonnier), Nemat Sami (la mère de Magdi), Sophie Dimitri (Oum Daoud), Rashad Hamed (un gangster), Abdel Moneim Ismail (le gardien de prison), Hussein Asar (le procureur), Mohamed El Sebai (un ouvrier), Mohsen Hassanein (un gangster), Gina (une danseuse), Houda Shams El Din (une danseuse), Aziza Badr (la sage-femme), Sayed Farag Sayed (le chanteur), Aqeila Rateb (Fathia adulte)
Scénario : Youssef Gohar
Musique : Abdel Halim Noweira, Mahmoud El Sherif, Ibrahim Hussein
Production : les Films Nour


Baghadi est un ouvrier qui travaille dans une forge. Tout le monde reconnaît son courage et sa droiture. Il n’aime pas l’injustice et refuse de payer la redevance qu’exige le contremaître de tous les ouvriers. Il incite même tous ses collègues à en faire autant. Le contremaître le dénonce auprès de la direction et Baghadi est licencié. Par solidarité son ami Hamada quitte aussi l’usine. Baghadi se retrouve dans une situation difficile. Il n’a plus de revenus et sa femme vient de donner naissance à une petite fille. Désespéré, il décide de cambrioler la maison de l‘usurière du quartier, Oum Daoud. Profitant de son absence, il s’introduit chez elle et s’empare de l’argent qui était caché dans une armoire. Alors qu’il s’apprête à quitter les lieux, la propriétaire rentre dans son logis et tombe nez à nez avec son voleur. Affolé, Baghadi se jette sur elle et l’étrangle. Tandis qu’il s’enfuit dans la nuit, Hamada, son ami, se présente chez l’usurière pour lui emprunter de l’argent. C’est lui qui découvre le cadavre de la vieille femme et il est accusé de l’avoir tuée. Malgré ses protestations, Hamada est aussitôt jeté en prison en attendant son procès. Peu après, Baghadi déménage avec sa petite famille pour mener une nouvelle vie. Grâce à l’argent de l’usurière, il offre aux siens une existence enfin heureuse mais sa conscience ne lui laisse aucun repos. Il assiste au procès de son ami et il ne supporte pas de le voir condamner à sa place, il se dénonce. Baghadi est condamné aux travaux forcés à perpétuité…

Notre avis : le péché et la rédemption sont les marottes d’Ibrahim Emara. D’ailleurs, le film se termine par une lecture du Coran, verset 53 de la sourate Az Zumar (les groupes). Nous sommes dans une atmosphère très proche de celle de Crime et Châtiment de Fiodor Dostoïevski. Ce n’est sans doute pas un hasard si le héros de L’Ennemi de la société tue une vieille usurière comme Raskolnikov dans le roman russe. Un film édifiant qui nous permet d’apprécier l’immense talent d’Abbas Fares, un acteur un peu oublié aujourd’hui.


Tu m’as fait du Tort (Ya Zalemni, 1954)
avec Sabah (Afaf), Hussein Sedqi (Raouf Abdel Salam), Mahmoud El Meleigy (Hamed), Mona (Siham, la sœur d’Hamed), Lebleba (Soad, la petite sœur d’Afaf), Wedad Hamdy (Nargis, la tante de Soad et d’Afaf), Aziz Othman (Yoyo, le mari de Nargis), Zaki Ibrahim (Metwally Radwan), Hassan Abu Zeid (un musicien), Mounir El Fangary (un musicien)
Scénario : Mohamed Mostafa Sami
Production : Abdullah Barakat, Lotus Films


Raouf est un jeune enseignant fraîchement diplômé qui doit rejoindre son premier poste. Dans le train, il fait la connaissance d’un vieil homme qui a pris place dans le même compartiment que lui. Il s’appelle Metwally Radwan et il est receveur. Sa santé semble bien fragile : il a le plus grand mal à respirer et il est soudain secoué d’une violente quinte de toux. Le vieil homme demande à Raouf de lui donner sa valise qui se trouve sur le porte-bagages pour prendre les médicaments dont il a besoin. Raouf s’exécute aussitôt mais il fait un faux mouvement et la valise tombe sur la tête de Metwally qui perd connaissance. Raouf est persuadé que l’homme est mort. Affolé, il quitte rapidement le compartiment tandis que le train arrive en gare. Le lendemain, Raouf se présente dans l’établissement où il doit exercer : c’est une école de filles et il ne tarde pas à apprendre que parmi ses élèves, il y a Afaf, la fille aînée de Metwally. Après la mort de leur père, Afaf et sa petite sœur Soad ont été recueillies par leur tante. Pour apaiser sa conscience, Raouf a décidé de prendre sous son aile la jeune fille qui est harcelée par certaines de ses camarades et maltraitée par sa tante…

 
La Chanson de la Fidélité (Lahn el Wafaa, 1955)
avec Abdel Halim Hafez (Galal), Hussein Riad (Allam), Shadia (Siham), Wedad Hamdy (une chanteuse), Zouzou Nabil (Abla Zouzou), Abdel Wareth Asr (un musicien), Hassan El Baroudy (Ali Baba Allah), Zaki Ibrahim (l’oncle d’Allam), Mary Ezz El Din (une chanteuse), Nabil Al Zakzouky (Galal enfant), Hassan Hamed (le directeur de la troupe), Ragaa Youssef (une danseuse), Ellen Diatto (une danseuse), Mohamed Shawki (le cafetier)
Scénario et dialogues : Mohamed Mostafa Samy
Musique et chansons : Riad El Sonbati, Mohamed Al Ahmed, Mounir Mourad, Mahmoud Al Sharif, Mohamed Al Mogi, Kamal Al Tawil
Production : Ibrahim Emara


Comédie musicale. Allam est un musicien d’âge mûr qui vit à Alexandrie. Il est seul depuis que sa femme l’a quitté. Son vieil oncle Khalil lui confie Galal, son jeune fils, avant de mourir. Allam se consacre entièrement à l’éducation de l’enfant. Il n’oublie pas pour autant sa carrière artistique. Il décide de s’installer au Caire. Après quelques expériences malheureuses, il finit par être reconnu et il prend la direction d’un grand orchestre. Les années ont passé. Galal est devenu un jeune homme. Il a fait des études de droit mais il est passionné par le chant. Il rejoint l’orchestre de son père adoptif. C’est ainsi qu’il fait la connaissance de Siham, une jeune chanteuse. Les deux jeunes gens tombent amoureux l’un de l’autre. Le problème, c’est qu’Allam, lui aussi, s’est épris de Siham et rêve de l’épouser…

Notre avis : premier film et premier succès d’Abdel Halim Hafez. De la musique et encore de la musique ! Le film comporte six chansons interprétées par le Rossignol Brun (surnom du jeune chanteur) seul ou en duo avec Shadia et c’est à chaque fois le même ravissement. Hussein Riad est prodigieux dans le rôle d’Allam, cet artiste vieillissant et tourmenté qui se montre tour à tour d’une infinie générosité et d’un implacable égoïsme.


Casier Judiciaire  (Sahifet Sawabeq, 1956)
avec Sabah (Nadia), Kamal El Shennawi (Wahid), Mahmoud El Meleigy (Abou Al Azz), Serag Mounir (le chef d’entreprise), Aida Helal (Thuraya), Abdel Moneim Ismail (le mari de Mabrouka), Rafeaa El Shal (Mabrouka), Mohamed Suleiman (Antar), Aly Abd El Al (le propriétaire de la boulangerie), Nemat Mokhtar (une danseuse), Ellen Deatto (une danseuse), Soheir Ramzy (Souad, une petite fille)
Scénario : Mohamed Mostafa Samy
Musique : Mohamed Fawzy, Mounir Mourad, Mahmoud El Sherif, Fathy Qoura, Mohammed Ali Ahmed


Wahid a dilapidé toute sa fortune au jeu et il a rejoint un gang dirigé d’une main de fer par Abou Al Azz. Ce dernier est amoureux de Nadia, une jeune vendeuse qu’il espionne de sa fenêtre. Il finit par lui proposer le mariage. Elle accepte. Le jour des noces, Wahid fait la connaissance de la jeune épouse de son chef. Il est impressionné par sa beauté. Soudain, la police fait irruption dans la salle. Des coups de feu sont échangés. Abou Al Azz est arrêté mais Wahid et Nadia parviennent à fuir. La jeune femme est blessée au bras. Ils volent une voiture et quittent la ville. Ils se réfugient à la campagne. C’est Wahid lui-même qui prodigue à Nadia les soins dont elle a besoin. Peu après, il lui apprend les véritables activités d’Abou Al Azz qui est condamné à dix ans de prison. Les deux jeunes gens finissent par tomber amoureux l’un de l’autre. Ils se marient et ont une fille. Wahid a décidé d’abandonner se activités criminelles. Il a fait des études de droit pour gagner honnêtement sa vie. Les années ont passé. Abou Al Azz recouvre la liberté. Il part aussitôt à la recherche de Nadia…


Le crime et le châtiment  (Al-Garima wal-’Iqab, 1957) 
avec Shokry Sarhan, Magda, Zahrat Al Oula, Mahmoud El Meleigy, Rawheya Khaled, Negma Ibrahim, Abdel Moneim Ibrahim, Zeinab Sedky, Abdel Ghany Kamar, Shafik Nour El Din, Anwar Zaky, Mohsen Hassanein, Layla Hamdy, Mohamed Shawky, Abbas El Daly, Hassan Al Dweni, Ahmad Shawqi, Mohamed Sobeih, Ahmed Abdel Fattah, Reyad El Kasabgy, Ali Kamal, Abdel Moneim Basiony, Sayyed el Araby, Soaad Ahmed, Abd Al Azim Kamel, Amal Salem, Samia Mohsen, Salwa Mahmoud,Zaki Mohamed Hassan, Mohamed Suleiman, Shaladimo, Thuraya Fakhry 
Adaptation du roman de Dostoievski 
Scénario : Mohamed Othman 
Musique : Fouad El Zahry 
Figure dans la liste des 100 films les plus importants de l’histoire du cinéma égyptien


Ahmed Hosny est un étudiant qui vit dan un quartier pauvre de la capitale avec sa mère malade et sa petite sœur Nabila. La situation de la famille est devenue dramatique : ils n’ont pas payé leur loyer depuis 3 mois. Ahmed est amoureux de leur voisine Samiah qui vit avec son père et sa belle-mère. Son père a perdu son travail et a sombré dans l’alcoolisme. Samiah se met en quête d’un emploi mais elle n’en trouve pas. Pour permettre à tous ses proches d’échapper à la misère et à la corruption, Ahmed Hosny va commettre un double crime…


La Fille du Désert (Bent El-Badeya, 1958)
avec Mohamed El Kahlawy (Nassar, le fils de Jassar)), Zouzou Nabil (Sharifa, la femme d’Ahmed), Abbas Fares (Manaeh), Berlanti Abdel Hamid (Nasr, la fille de Sharifa), Adly Kasseb (Jassar), Samiha Ayoub (Hind), Mohamed El Tokhy (le sheikh de la tribu), Nagwa Fouad (la danseuse), Ahmed Shawqi (Ahmed)
Scénario : Ibn El Badia
Musique : Mohamed El Kahlawy


L’action se passe au sein d’une tribu de bédouins. A la suite d’un différend, Jassar tue son voisin Ahmed. La femme de ce dernier, Sharifa, est terrassée par le chagrin mais elle se promet de tout faire pour venger son mari. Quelques mois plus tard, elle donne naissance à une petite fille au même moment où la femme de Jassar accouche d’un petit garçon. La première s’appelle Nasr et le second, Nassar. Malgré les difficultés de la vie quotidienne, Sharifa n’a pas renoncé à punir l’assassin de son mari. Un jour, elle parvient même à tirer sur Jassar mais celui-ci n’est que blessé. En représailles, il ordonne à ses hommes de brûler tout ce que possède Sharifa. Les années passent. La fille d’Ahmed est devenue une jeune femme, belle et fière. Sa mère l’a élevée dans la haine de Jassar. Mais, un jour, alors que Nasr chasse à la carabine dans le désert, elle voit un jeune homme à cheval arriver dans sa direction. Il est poursuivi par toute une bande d’individus masqués et il est blessé. Elle vole à son secours et le cache dans une hutte. C’est grâce à elle s’il échappe à ses assaillants. Ce jeune homme que Nasr vient de sauver, c’est Nassar, le fils de Jassar…


La lutte contre la mort (Sira maa el mout, 1970)
avec Farid Shawki, Soheir Zaki, Mahmoud El Meleigy, Abdel Moneim Madbouly, Nemat Mokhtar, Tawfik El Deken, Adli Kasab, Seham Fathy, Sayed Zayan, Seif Allah Mokhtar, Hafez Amin, Helmy Halim, Ahmad Shawki, Ali Oraby, Hassan Hussein, Radwan Hafez, Kamal Sarhan
Scénario : Fayek Ismail


Un policier, une danseuse et un joueur de foot se retrouvent dans le même minibus qui doit les mener à Alexandrie. La chaleur est accablante et les passagers sombrent dans un profond sommeil. Malheureusement, le chauffeur est lui aussi terrassé par la fatigue et il finit par s’endormir. L’accident est inévitable. Le policier, la danseuse et le joueur de foot sont transportés à l’hôpital. Ils sont grièvement blessés. Seule, une transplantation cardiaque peut leur sauver la vie. L’équipe médicale doit trouver rapidement des donneurs car il faut opérer de toute urgence. C’est ainsi que le policier reçoit le cœur d’un voleur, la danseuse, celui d’un lutteur et le joueur de foot, celui d’un singe. Les trois patients se rétablissent et peuvent reprendre la vie qu’ils menaient avant l’accident. Le problème, c’est qu’ils vont se comporter comme l’auraient fait les « anciens propriétaires » de leur nouveau cœur : le policier vole toutes les personnes de son entourage, la danseuse corrige sévèrement tous ceux qui ont le malheur de lui déplaire, et le joueur de foot manifeste une affection toute filiale pour le peuple singe.

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