Yehya
Al Alami s’est formé à la réalisation en Allemagne et en Grande-Bretagne. Il a travaillé aussi bien pour le cinéma que pour
la télévision et on lui doit des dizaines de longs-métrages et de séries qui
sans être des chefs d’œuvre ont souvent emporté l’adhésion du public populaire. Parmi toutes ses réalisations, celle
qui lui apportera la gloire dans l’ensemble du monde arabe, c’est la série Raafat Al-Haggan dont la diffusion
commence en 1988. Raafat Al Haggam est le nom du fameux espion
égyptien qui pendant 17 ans a mené des opérations clandestines en Israël. Le personnage est interprété par Mahmoud Abdel Aziz.
Trois films de Yehya Al Alami ont été mentionnés dans ce blog :
Nuit et Désir (Layla wa Raghba,1977)
avec Hussein Fahmy (Yousri), Hussein El Sherbini (Shawki, le frère), Salah Mansour (Hussein, le père), Nagwa Fouad (Fifi), Farida Saif Al Nasr (Houda), Mervat Amine (Layla), Hayatem (la prostituée),
Scénario : Samir Nawar
appréciation : 2/5
Hussein est un chef d’entreprise intransigeant et un père de famille tyrannique. Il a deux fils : Shawky qu’il a toujours favorisé et qui sera son successeur à la tête de la société et Yousry qui n’a pas fait d’études supérieures comme son frère et qui occupe un rôle subalterne dans l’usine. Yousry est tombé amoureux de Layla, la fille de l’adjoint de son père. Les deux jeunes gens souhaitent se marier mais Hussein ne veut pas entendre parler de ce projet. Il exige que Layla épouse Shawky. Le père de la jeune fille ne peut s’opposer au désir de son patron. Le mariage a lieu bien que Shawky lui-même soit amoureux d’une ouvrière qui travaille dans l’usine familiale. La nouvelle union est vouée à l’échec : Layla se refusera obstinément à son mari qui humilié se consolera dans les bras d’une prostituée. Quant à Yousry, il n’a plus remis les pieds dans l’usine et oublie son désespoir en entretenant une liaison avec Fifi, une danseuse. En père égoïste, Hussein savoure sa victoire et se réjouit d’avoir fait le malheur des siens. Quelque temps après, l’entreprise connaît des difficultés et malgré les efforts de tout le personnel, le dépôt de bilan est inévitable. Hussein meurt d’une crise cardiaque.
Triste Oiseau de la Nuit ( Tayr el leile el hazine, 1977)
avec Mahmoud Abdel Aziz (Adel), Mariam Fakhr Eddine (la femme d’Hazem), Mahmoud Morsi (Hazem Al-Mughrabi, le procureur), Adel Adham (Talat Morgan), Nelly (Iman), Nazim Sharawi (chef de la police), Salah El Sadani (Samir), Enaam Salosa (Salwa), Mohamed Hamdy (le beau-frère d’Adel), Shwikar (Derya, la femme de Talat)
Scénario : Wahid Hamed (c’est son premier scénario pour le cinéma)
Musique : Fouad El Zahry
Musique du générique interprétée par le groupe dans lequel le personnage joué par Mahmoud Abdel Aziz est à la batterie : That's the Way (I Like It) de KC and the Sunshine Band
Thriller. Adel, un musicien, est accusé du meurtre de sa compagne. Bien qu’il ait toujours nié être l’auteur de ce crime, il est condamné à la peine capitale. Le fourgon qui le ramène du tribunal à la prison a un accident. Adel en profite pour s’échapper. Il veut recouvrer sa liberté non pour fuir mais pour prouver son innocence. Il se rend au domicile du procureur qui a instruit son affaire. Devant ce dernier, il répète qu’il n’est pas un assassin et il lui demande de l’aider à reprendre l’enquête. Contre toute attente, le juge est convaincu par son visiteur. Les deux hommes retrouvent la femme avec qui Adel avait passé la nuit. Malheureusement, celle-ci refuse de témoigner devant un tribunal : elle est l’épouse d’un célèbre homme d’affaires et elle ne peut concevoir que sa liaison adultère d’un soir devienne publique.
Notre avis : un scénario qui comporte des idées intéressantes mais la mise en scène est sans relief et l’image d’une laideur constante. La plupart du temps, les acteurs sont filmés en plan rapproché avec derrière eux un bout de porte ou un bout de mur, de préférence de couleur verdâtre. Un film qui annonce ce que sera le cinéma des années quatre-vingt : des préoccupations sociales affichées mais une indifférence totale pour la dimension esthétique de l’œuvre.
Khaled après le changement ( Khaleel ba'd el-ta'deel, 1987)
avec Mahmoud Abdel Aziz (Khalil), Layla Olwy (Hala), Soad Nasr (Zeinab, la première femme de Khalil), Hussein El Sherbiny (Kamal Al Zafarani), Naima El Sogheir (Fathia, la mère de Hala), Mahmoud Abu-Zeid (Sobhi, le beau-père de Hala), Jihan Nasr (Amina, la fille de Khalil), Moamen Hassan (Mohamed, le fils de Khalil), Hussein Arar, Mohamed Atris (u employé de banque), Hosni Saqr (un administrateur de la banque), Hassan Anwar
Scénario et dialogues : G aber Abdel Salam et Nabil Gholam
Musique : Mukhtar El Sayed
Comédie. Khalil, simple comptable, devient directeur de l’établissement bancaire dans lequel il travaille. C’est un homme maladroit et timide, marié et père de deux enfants. Pour l’aider dans les lourdes tâches qui sont les siennes, il peut compter sur sa secrétaire, Hala. Cette jeune femme est non seulement très compétente mais aussi très séduisante. Elle vit avec sa mère et son beau-père. Ce dernier est sans emploi et il a sombré dans l’alcoolisme. Il contraint sa belle-fille à lui verser une grande partie de son salaire. Hala n’en peut plus et n’a qu’un rêve : quitter le toit maternel. Elle fréquente Kamal, le fils d’un pacha, qui lui fait une cour assidue mais elle se méfie de lui. Elle ne sait pas ce qu’il attend d’elle. En fait, on apprendra plus tard que ce Kamal est un ami de Kahlil et que c’est un coureur de jupons invétéré. Mais le destin semble enfin sourire à la jeune femme. Khalil est subjugué par son élégance et sa culture si bien qu’entre son patron et elle, les liens professionnels deviennent très vite amoureux. Hala entreprend de transformer Khalil, elle veut en faire un homme du monde : elle change intégralement sa garde-robe et le conduit dans les boites de nuit les plus branchées de la capitale. Ils finissent même par se marier…
Notre avis : un ratage parmi d’autres en ces années 80 fertiles en navets de tout acabit. Le scénario comporte bien des faiblesses avec notamment une construction bancale, des péripéties hautement prévisibles et un dénouement moralisateur. Mais le plus navrant, c’est l’interprétation. On a à la fois des acteurs peu inspirés et des erreurs manifestes de casting. Mahmoud Abdel Aziz a dû penser que ce film lui offrirait l’occasion de déployer tout son talent d’acteur dans un rôle de composition. Le résultat, c’est un jeu caricatural à l’excès qui ôte toute crédibilité à son personnage. Layla Olwy ne s’en sort pas mieux dans le rôle de la jeune secrétaire élégante et cultivée. Qu’est-ce qui a bien pu passer dans la tête des producteurs pour lui demander d’incarner un personnage qui lui ressemble si peu ? Nous paraît tout aussi incompréhensible le choix d’Hussein El Sherbiny pour jouer un fringant séducteur, fils de Pacha (lors du tournage du film, il a 52 ans !). Quant au beau-père alcoolique, il est interprété par un acteur d’un amateurisme sidérant. Pour finir sur une note positive, nous dirons que la musique du film est en parfaite harmonie avec tout le reste.