samedi 1 juillet 2017

Où est ma raison ? (Ayn Aqly, 1974)

اين عقلي
إخراج : عاطف سالم


Atef Salem a réalisé Où est ma raison ? en 1974.
Distribution : Soad Hosny (Aïda), Imad Hamdi (le père d’Aïda), Mahmoud Yassin (Tawfiq), Sayed Zayan (le chauffeur de Tawfiq), Rushdy Abaza (docteur Zahdy), Nabila El Sayed (Zahira), Mostafa Fahmiy (Sherif), Fifi Youssef (la mère de Sherif), Mahmoud Dewidar (le père de Tawfiq) 
Scénario : Rafaat El Mehi
D’après une nouvelle d’Ishan Abdul Quddus, Le Cas du Docteur Hassan
Musique : Omar Khorsheid

Soad Hosny

Imad Hamdi

Soad Hosny et Mahmoud Yassin

Sayed Zayan

Rushdy Abaza

Mahmoud Yassin

Nabila El Sayed

Mostafa Fahmi

Résumé

Aïda soupçonne son mari Tawfiq de tout faire pour la convaincre qu’elle est devenue folle. Pour en avoir le cœur net, elle consulte un psychiatre, le docteur Zahdy, à qui elle se confie. Le mari, mis au courant de cette consultation par Aïda elle-même, invite son confrère (Tawfiq est aussi médecin.) à se rendre chez eux pour que chacun puisse s’expliquer. Le docteur Zahdy semble accorder quelque crédit à la version de Tawfiq. Mais après avoir administré un calmant à Aïda et alors qu’il s’apprête à rentrer chez lui, il découvre sur une table un ouvrage intitulé « Comment rendre fou quelqu’un ».
Sur les conseils de son père, Aïda et son mari passent quelques jours à Alexandrie. Entre eux, les choses semblent s’arranger. Tawfiq se montre même très affectueux. Pourtant il disparaît subitement en faisant croire que c’est Aïda qui l’a chassé. La jeune femme est perdue. Elle reprend ses visites au docteur Zahdy. Elle lui révèle qu’avant de connaître son mari, elle avait vécu une passion intense avec un homme. Cette liaison s’était terminée de manière tragique : son bien-aimé était mort par sa faute dans un accident de hors-bord.. Concernant son mari, elle raconte que celui-ci va régulièrement à Alexandrie avec son chauffeur mais que souvent, à son retour, il souffre de crises de paralysie. Le psychiatre fait venir à son cabinet le chauffeur : l’homme avoue que son maître va dans la célèbre station balnéaire pour coucher avec des femmes pauvres qu’il trouve dans la rue. Docteur Zahdy décide d’interroger l’une d’entre elles. Après quelques hésitations, la jeune femme accepte de lui parler de Tawfiq. C’est un homme étrange : il exige de la laver très longuement avant tout contact et une fois qu’ils ont fait l’amour, il lui fait la morale.
Le docteur Zahdy comprend que le problème n’est pas Aïda mais Tawfiq. Il découvre que celui-ci souffre d’un conflit intérieur entre ses racines égyptiennes (avec l’image écrasante de son père) et l’éducation occidentale qu’il a reçue lors de ses études en Europe. Bien qu’il prétende le contraire, Tawfiq ne parvient pas à accepter l’idée qu’il a épousé Aïda alors qu’elle n’était plus vierge. Et s’il entretient des relations avec ces prostituées occasionnelles, c’est justement pour pouvoir leur reprocher de vive voix ce qu’il n’ose dire à son épouse. Grâce à sa thérapie, le psychiatre permettra au couple de surmonter ses difficultés et de reprendre une vie commune harmonieuse.


Critique

Les auteurs voudraient nous plonger dans une atmosphère hitchcockienne, pleine d’angoisse et de mystère. Ils ont tenté d’appliquer touts les recettes du maître : une réalité qui semble se dérober sous les pas de l’héroïne, un mari inquiétant qui joue avec les nerfs d’une épouse fragile, un médecin compréhensif qui tente d’explorer le lourd passé des deux héros et puis pour bien nous signifier qu’on ne va pas rigoler, des intérieurs éclairés à la bougie projetant des ombres lugubres sur les murs.
Le problème c’est que ça ne marche pas du tout : la réalisation est si pataude et le scénario si affligeant qu’il est impossible de compatir aux drames des deux protagonistes et on ne se fait guère de souci pour la vie de l’héroïne malgré tous les indices inquiétants qui ne cessent de s’accumuler dans la première partie du film. Car, c’est aussi ça,la magie du cinéma égyptien : réunir un metteur en scène de renom, un scénariste confirmé, des acteurs de premier plan, tout ça pour produire un invraisemblable méli-mélo sur fond de psychanalyse mal digérée .
Au début des années soixante-dix, des cinéastes sérieux, à la réputation bien établie, découvrent l’oeuvre de Sigmund Freud et vont en faire un usage immodéré, sans doute avec le désir un peu naïf de faire à la fois modernes et profonds. Ce « courant » du cinéma commercial de l’époque est alimenté par l’auteur prolifique Ishan Abdul Quddus qui fournit des intrigues à tous ces réalisateurs soucieux d’explorer la psyché de l’égyptien moderne.
Bien sûr, on peut savoir gré à cet auteur de mettre au grand jour ce qui jusqu’alors restait bien caché comme ici : la frustration sexuelle, l’éducation traditionnelle source de toutes les névroses, l’importance excessive accordée à la virginité, le recours régulier des hommes aux services des prostituées etc. Il n‘empêche que le résultat est une histoire qui oscille entre le bizarre et le grotesque avec en guise de récréation des flashbacks d’un sentimentalisme très «romance on the beach ».
Si Mahmoud Yassin ne surprend guère dans ce rôle de bourgeois déchiré entre ses désirs et ses devoirs (c’est sa spécialité et les réalisateurs lui donneront maintes fois l’occasion de le prouver, hélas !), en revanche, Rushdy Abaza en psychiatre scrupuleux et humain, à contre emploi donc, peut nous amuser un instant, juste un instant. 

Appréciation : 1/5
*

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

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