jeudi 15 juin 2017

Aziza (1954)

عزيزة
إخراج : حسين فوزي
 

Hussein Fawzi a réalisé Aziza en 1954.
Distribution : Zinat Sedki (la propriétaire du bar), Zeinab Sedky (la directrice de l’école), Naïma Akef (Aziza/Zeinab), Saïd Abu Bakr (le serveur), Thuraya Fakhry (la mère d’Hassan), Farid Shawki (Khalil Al Bono), Mohamed Sobeih (un ami de Khalil), Chukry Sarhan (le fils de la directrice de l’école), Imad Hamdi (Hassan Al Masry)
Scénario : Hussein Fawzi
Dialogues : Abou Al Seoud Al Ibiary
Musique : Ahmed Sedky, Ali Farag, Mohamed Abdel Wahab, Mahmoud El Sherif, Ahmed Sabra
Production : les films Hussein Fawzi

Zinat Sedki


Naïma Akef

Naïma Akef, Zinat Sedki, Saïd Abu Bakr

Zinat Sedki

Naïma Akef, Saïd Abu Bakr, Zinat Sedki

Naïma Akef

Chukry Sarhan et Naïma Akef

Naïma Akef

Cheikh Mohamed Fayoumi

Thuraya Fakhry

Wafaa Sharif

Petro Tanouss, Farid Shawki, Wafaa Sharif


Farid Shawki, Imad Hamdi

Naïma Akef

Imad Hamdi, Naïma Akef

Naïma Akef


Résumé

Aziza est une danseuse qui se produit dans un bar. Son activité lui permet de financer les études de sa petite sœur Zeinab dans un pensionnat pour jeune filles. Elles sont orphelines et Aziza doit assumer seule toutes les charges de l’existence de l’une et de l’autre. Elle le pourrait sans grande difficulté si elle n’était pas sans cesse harcelée par un gangster qui lui vole régulièrement son argent. Heureusement, elle peut compter sur la protection d'Hassan Al Masry, un officier de police qui est amoureux d’elle. Aziza rend fréquemment visite à sa sœur dans son école. Elle est toujours reçue par la directrice qui ne cache pas son affection pour Zeinab. Aziza n’a jamais révélé qu’elle était danseuse dans un cabaret mais se fait passer pour une infirmière. 
La fin de l’année est proche et les élèves de l’école doivent donner un spectacle dans lequel Zeinab joue et chante. Malheureusement, la veille, le gangster a une nouvelle fois agressé Aziza et la police est intervenue. En l’absence d'Hassan Al Masry, c’est un autre officier qui dirigeait l’opération. Celui-ci a décidé de placer en prison Aziza pour procéder à différentes vérifications. Elle n’assistera donc pas à la petite fête de l’école. Le lendemain elle se rend au pensionnat pour s’excuser et la directrice lui apprend qu’elle souhaite que son fils unique épouse sa petite sœur. Aziza est folle de joie. 
Le gangster qui a appris l’existence de Zeinab menace de tout lui révéler si l’artiste vedette du cabaret continue à refuser de lui céder une partie de ses revenus. Aziza décide d’abandonner la danse et d’épouser Hassan Al Masry. Fou de rage à l’idée que la jeune femme lui échappera définitivement, le malfrat veut se venger. Le jour des noces de Zeinab et du fils de la directrice, Il s’introduit dans la maison du policier où Aziza se trouve seule. Il se précipite sur elle mais sa victime s’empare d’un couteau et le poignarde. Avant de mourir, il tire sur elle avec son pistolet. Hassan apparaît enfin. Aziza est transportée à l’hôpital mais c’est trop tard : elle meurt. Le policier a la douloureuse tâche de prévenir Zeinab qui a déjà revêtue sa robe de mariée et qui attend ses derniers invités, entourée de la famille de son futur époux.

Critique

L’essentiel de la carrière cinématographique de Naïma Akef se fera sous l’égide du réalisateur Hussein Fawzi qui l’a découverte à la fin des années quarante. De 1949 à 1958, date de leur divorce (ils s’étaient mariés en 1952), ils tourneront quatorze films, des comédies musicales construites autour des multiples talents de madame qui joue, chante et danse de la première scène à la dernière. Et dans certains cas, comme ici, on va jusqu’à lui donner deux rôles ce qui lui assure une présence quasi permanente à l’écran ! On se doute que cela a dû faire grincer bien des dents de partenaires forcément moins bien lotis, souvent cantonnés aux rôles de faire valoir de la star !
Ceci dit, Aziza est l’une des comédies musicales les plus réussies du couple. Hussein Fawzi et Naïma Akef ont déjà tourné onze films ensemble et celui-ci peut être considéré comme une œuvre de la maturité. Le réalisateur et son actrice y sont au faite de leurs carrières respectives et leur savoir-faire est indéniable.
Aziza est avant tout un mélodrame avec deux orphelines, un policier amoureux et un malfrat sans pitié. Des stéréotypes, certes, mais qui fonctionnent grâce à une réalisation de très bonne facture : la photographie, le jeu des acteurs, la musique (notamment les quelques notes d’accordéon qui accompagnent le passage d’une scène à l’autre), tout concourt à créer une atmosphère d’une grande intensité dramatique.
La reconstitution du cabaret est sans doute le point fort du film avec sa patronne trônant à sa caisse, et cette galerie de prostituées et de mauvais garçons. A nous, Français, cela rappelle l’univers de la chanson populaire des années vingt et trente. On s’attend presque à voir surgir dans la salle enfumée de l’établissement la chanteuse Damia ou bien Kiki de Montparnasse.
Ce film comporte de nombreuses scènes d’anthologie : la plus connue est celle dans laquelle Naïmat descend lentement l’escalier de bois du cabaret pour danser sur un air de Mohamed Abdel Wahab. Mais il ya aussi ces scènes qui se déroulent dans les ruelles en escaliers du vieux quartier et où l’on voit s’affronter tous les protagonistes du drame. C’est là que Farid Shawki, en vrai méchant de mélodrame, se déchaîne contre sa pauvre victime ! C’est là qu’Imad Hamdi, impeccable dans son costume d’officier de police, défend celle pour qui il se consume d’amour !
En revanche, toutes les séquences où l’on retrouve la petite sœur d’Aziza, jouée aussi par Naïma Akef, constituent la partie la plus faible du film. On assiste notamment au spectacle de fin d’année donné par les élèves du pensionnat aux parents et amis rassemblés, et cela a très mal vieilli. On est plus proche de la petite fête de patronage que de la comédie musicale hollywoodienne. Certains spectateurs pourront être sensibles à l’hommage rendu à la littérature française à travers l’évocation des Trois Mousquetaires et de Notre Dame de Paris mais cela accentue aussi le caractère terriblement scolaire de la prestation de Naïma Akef et de ses partenaires. A noter qu’on retrouvera la représentation du pensionnat quasiment à l’identique dans le film tourné l’année suivante par la star, L'Ecole des Filles de Kamel El Telmisany (1955). Et le résultat est encore moins convaincant.

Appréciation : 4/5
****

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

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