mardi 16 août 2016

Sabrina (1975)


صابرين
إخراج : حسام الدي مصطفى


Houssam Al-Din Mustafa a réalisé Sabrina en 1975.
Distribution : Hoda Soltan (Khadra), Adel Imam (Mohamed) Imad Hamdi (Al Raïs Ibrahim) Nagla Fathy (Sabrina), Nour Al Sherif (Hassan), Youssef Chaban (Abdou), Hanem Mohamed (la mère de Sabrina)
Scénario et dialogues : Ahmed Saleh
Musique : Omar Khorsheid
Hoda Soltan et Imad Hamdi

Youssef Chaban

Nagla Fathy et Youssef Chaban

Adel Imam et Nagla Fathy

Nagla Fathy et Adel Imam

Youssef Chaban et Nagla Fathy

Nagla Fathy

Nour Al Sherif


Résumé

Sabrina est une jeune fille qui vit avec ses parents dans une petite ville portuaire. Son père est Al Raïs Ibrahim. Il possède un bateau de pêche et grâce à son activité, il assure à sa femme et à sa fille une existence décente. Malheureusement, la mère de Sabrina est atteinte d’un mal incurable. Khadra, la sœur de la mère, s’installe à la maison pour s’occuper des tâches ménagères. Très vite, la tante de Sabrina  et son père deviennent très proches. Tandis que la mère est hospitalisée, Khadra et Al Raïs Ibrahim flirtent sans se cacher. Ils se marient le jour même où la malade rend son dernier soupir. Khadra est désormais la maîtresse de maison. Elle a trois grands garçons et elle n’hésite pas à piocher dans les économies de son mari pour leur donner l’argent dont ils ont besoin. Sabrina fait connaissance de ses cousins. Elle est tout de suite attirée par Hassan, le plus intelligent des trois.  Pour l’instant, il aide ses deux frères à la pêche mais il doit bientôt quitter la ville pour entrer à l’école de police. Ils discutent très souvent ensemble et un jour ils échangent un baiser.
Mais un drame survient : Al Raïs Ibrahim fait une mauvaise chute sur son bateau et il meurt sur le coup. Le choc est terrible pour Sabrina. Peu à peu, la vie reprend le dessus. Hassan a intégré l’école de police et il revient de temps en temps à la maison. Sabrina et lui ont décidé de se marier. Mais Khadra en a décidé autrement. Elle a promis la main de sa nièce à son autre fils, Mohamed. C’est un gentil garçon un peu simplet et il est follement amoureux de sa cousine. Cette dernière est obligée de céder. Le mariage a lieu. Sabrina cache sa colère mais elle est déterminée à se venger de toute la famille.
Nuit après nuit, elle se refuse à Mohamed et entreprend de séduire le fils aîné, Abdou. Le conflit entre les deux hommes est inévitable. Un jour, lors d’une vive altercation, Abdou poignarde son frère qui meurt aussitôt.
Pendant quelque temps, Sabrina est heureuse : elle sort régulièrement avec Hassan qui la couvre de cadeaux. Mais sa félicité est de courte durée. Le supérieur d’Hassan offre à celui-ci  la main de sa fille. Le jeune policier ne peut refuser. En apprenant la nouvelle, Sabrina retrouve son désir de vengeance. Elle parvient à faire croire qu’Hassan est le complice de voleurs et qu’il cache à son domicile une partie du butin. Hassan est mis aux arrêts sous les yeux de sa mère qui devient folle.
Hassan est vite mis hors de cause. Dans la dernière scène du film, Il retrouve Sabrina et lui annonce qu’il a renoncé à son mariage car c’est elle qu’il aime. Pour la jeune femme, c’est trop tard. Elle  lui avoue tous ses forfaits.


Critique
 
L’histoire repose sur une thématique familière dans la littérature et le cinéma égyptiens : la jeune femme qu’on ne laisse pas épouser l’homme qu’elle aime et à qui on impose un mari qu’elle méprise. On a aussi une mère cupide et manipulatrice qui sacrifie tout au bonheur exclusif de ses trois fils, des frères qui se vouent une haine féroce alimentée par la jalousie et le ressentiment, enfin, un père égoïste qui épouse sa seconde femme le jour où la première agonise à l’hôpital. Tout cela donne un tableau très noir de la famille traditionnelle régie par des règles immuables dont les filles sont les premières victimes. La famille est un lieu mortifère dans lequel les individus sont voués au malheur. Tous les personnages de Sabrina se consument de désir pour un objet qui leur reste inaccessible. Et la frustration conduit à la destruction : vengeance, fratricide, folie. Seuls Sabrina et Hassan échapperont à l’hécatombe.
Cette sombre histoire est paradoxalement filmée dans des tonalités qui évoquent les vacances d’été au bord de mer ! La photo, impeccable, exalte la beauté des lieux, des costumes et des corps. Les couleurs éclatent à chaque plan. Le ciel et la mer sont d’un bleu intense, les visages tannés par le soleil irradient. Sabrina, c’est une tragédie en technicolor.
Comme l’indique le titre, toute l’histoire tourne autour du personnage joué avec brio par Naglaa Fathy. C’est une jeune fille complexe, dissimulatrice et passionnée. Derrière une apparente placidité, elle cache une fureur destructrice qui finira par se tourner contre l’homme qu’elle aime. La jeune actrice est parfaite dans ce rôle, elle s’est attachée à rendre toute l’ambivalence de son personnage : à la fois victime et bourreau, ange et démon. Elle est notamment magistrale dans la scène où Sabrina entreprend de séduire son beau-frère.
La limite du film, c’est peut-être son caractère « vintage ». Sabrina nous parle de l’Egypte éternelle dans un style qui évoque les grands classiques du cinéma égyptien. Il aurait pu être tourné dans les années quarante ou cinquante et pourtant il date de 1975. Au début des années soixante-dix, les grands cinéastes auscultent dans leurs œuvres la société égyptienne de leur temps, une société qui souhaite s’affranchir du passé pour rejoindre la modernité. Dans ce film, Houssam Al Din Mustafa lui tourne le dos.

Appréciation : 3/5
***
Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

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