samedi 5 mars 2016

La Petite Poupée (El aroussa el saghira, 1956)

العروسة الصغيرة
إخراج: أحمد بدرخان


Ahmed Badrakhan a réalisé La Petite Poupée en 1956.
Distribution : Saïd Mekawi (le chanteur aveugle), Saïd Abou Bakr (le compagnon du chanteur aveugle), Yehia Chahine (Kamel), Mahmoud El Meleigy (Mahmoud Fahmy), Wedad Hamdy (Wedad), Salah Sarhan (le peintre), Mariam Fakhr Eddine (Siham), Nadia El Shennawi (Nadia), Serag Mounir (le patron), George Yordanis (le barman), Metawa Oweis (le vendeur de billets de loterie), Abbas Rahmy (le docteur)
Scénario et dialogue : Youssef Gohar
Musique : André Ryder
Production : les studios Misr

Saïd Abou Bakr et Saïd Mekawi

Mahmoud El Meleigy et Yehia Chahine

Wedad Hamdy et Yehia Chahine

Salah Sarhan et Mariam Fakhr Eddine

Salah Sarhan et Mariam Fakhr Eddine

Yehia Chahine et Serag Mounir


Résumé

Kamel est un modeste employé. Il vit avec sa femme Siham et sa petite fille Nadia. Un jour, son directeur l’invite, lui et sa petite famille, à une soirée dans un cabaret. Après le dîner, le chef d’entreprise demande à Kamel de retourner au bureau pour y effectuer un travail urgent. Une fois son subordonné parti, il en profite pour courtiser Siham. En reconduisant la femme et sa fille chez elles, il a un geste déplacé à l’égard de Siham. Elle le repousse. Vexé, il dépose dans la rue ses deux passagères qui doivent continuer leur route sous une pluie battante. Quand elles regagnent enfin leur petit appartement, Siham raconte tout à son mari. Le lendemain matin, Kamel fou de rage veut corriger son patron. Il est maîtrisé par ses collègues et il est aussitôt licencié. Peu après, Nadia tombe malade. Malheureusement, ses parents ne peuvent payer le lourd traitement nécessaire à sa guérison. La petite fille meurt . Commence alors pour Kamel et Siham une longue descente aux enfers. Ils se séparent. Lui se jette à corps perdu dans le jeu et devient un truand redouté ; elle, multiplie les conquêtes puis finit par se prostituer. ..


Critique

Un mélodrame classique dont le scénario a été écrit par le romancier Youssef Gohar. Pour cette Petite Poupée, celui-ci a usé de toutes les (grosses) ficelles du genre. Et à cet égard, la fin constitue un bouquet final qui ne manquera pas de blesser la sensibilité délicate du spectateur d’aujourd’hui : alors qu’il vient d’acheter la poupée dont rêvait sa petite fille, le héros, complètement ivre, fait monter dans sa voiture une prostituée sans voir que c’est son ex femme. Celle-ci reconnaît aussitôt son ancien mari. Elle est bouleversée. Tout leur passé lui revient en mémoire et le visage de la petite morte se dessine sur la vitre de la voiture. C’en est trop, la jeune femme ouvre la portière et se jette hors du véhicule. L’homme freine brutalement et se précipite vers la désespérée qui gît sur la route. Il la reconnaît enfin mais elle meurt dans ses bras. Etendue à côté de celle qui vient d’expirer, il y a la poupée et pour que le spectateur comprenne bien qu’elle représente la petite défunte, le visage de celle-ci apparaît quelques secondes à la place de la tête en celluloïd. Evidemment, ça fait beaucoup…

Néanmoins, le film vaut mieux que ce dénouement franchement pompier car il a bien des qualités. Toutes les scènes baignent dans un clair-obscur aux mille nuances (la photo magnifique est signée Abdelaziz Fahmi) qui s’accorde parfaitement au destin tragique de ce couple sans histoire. La chute des deux personnages est racontée sans mièvrerie, avec même une certaine dureté. Kamel et Siham ne s’apitoient pas sur eux-mêmes ni sur les autres : leur désespoir leur a enlevé toute sensibilité et ils éprouvent une sombre délectation à se venger de tous ceux qui ont voulu profiter de leur honnêteté ou de leur détresse avant et après le drame. Pour l’interprétation, on retiendra la performance de Mariam Fakhr Eddine dont le visage aristocratique n’est jamais aussi beau que dans la douleur. On appréciera aussi les interventions enjouées du duo formé par Saïd Abou Bakr et Saïd Makawi, le célèbre chanteur aveugle. Les deux acteurs jouent des mendiants au grand cœur qui tentent de venir en aide à leurs infortunés voisins. 
Appréciation : 3/5
***

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin


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