القط
إخراج: إبراهيم البطوط
إخراج: إبراهيم البطوط
Ibrahim El Batout a réalisé El Ott (le Chat) en 2014.
Distribution : Farouk El Feshawi (l’homme mystérieux), Amr Waked (le Chat), Salah Elhanafi (le trafiquant Fathy), Salma Yaqout (la femme du Chat), Sarah Shahin (l’assistante de l’homme mystérieux), Amr Farouk (le frère du Chat).Scénario : Ibrahim El Batout
Musique : Bassem Wadie
Farouk El Feshawi et Amr Waked |
Amr Waked et Amr Farouk |
Farouk El Feshawi |
Salah Elhanafi |
Sarah Shahin |
Sarah Shahin |
Amr Waked et Salma Yaqout |
Résumé
El Ott est un petit gangster qui s’est séparé de sa femme après la disparition de sa fille Amina. Elle a été kidnappée et on n’a jamais su ce qu’elle était devenue. El Ott a découvert que Fathy, le chef d’un réseau de trafic d’organes, a récemment enlevé des enfants de son quartier. Il se lance à sa poursuite avec l’aide de son frère El Ghagary. Lors de son enquête il rencontre un homme mystérieux qui lui propose une grosse somme d’argent pour détruire Fathy et ses complices.
Critique
El Ott a été tourné en 2013, une année charnière dans l’histoire récente de l’Egypte. Les manifestations et les affrontements se multiplient, Morsi est destitué et les militaires reviennent au pouvoir. De cette situation, on ne trouvera nul écho dans ce thriller sépulcral signé Ibrahim El Batout. Ce dernier tourne le dos à l’actualité immédiate pour ausculter les chancres qui rongent la société contemporaine. El Ott embarque le spectateur pour un voyage cauchemardesque dans les bas-fonds du Caire. Les individus qui y prospèrent se moquent des vicissitudes politiques du pays tant qu’ils peuvent poursuivre leurs très lucratives entreprises criminelles. Dans ce monde obscur, la vie d’un homme, d’une femme ou d’un enfant n’est jugée qu’à l’aune de sa valeur marchande. Les corps deviennent des produits que l’on transforme et que l’on revend. Toute une économie souterraine s’est développée autour de cette industrie de l’humain.
Ce que montrent les auteurs de ce film, c’est que la société égyptienne comme toutes les sociétés modernes est tombée dans un consumérisme délirant. Les débats idéologiques qui agitent le monde ne sont que l’écume des choses. Dans les entrailles des mégapoles, on trouve des hommes qui peuvent impunément tirer profit d’autres hommes tandis que les gouvernants et les peuples tournent leur regard loin de cette sinistre réalité.
El Ott comporte des allusions récurrentes à l’Egypte pharaonique. Cette civilisation considérait le corps comme un élément essentiel de l’être. Après le décès il fallait tout faire pour le conserver afin que le défunt puisse accéder à l’éternité. Dans l’antiquité, on élabore les techniques les plus sophistiquées pour sauvegarder l’enveloppe corporelle de l’individu. Aujourd’hui, on la dégrade, on la dépèce, on la mutile afin de satisfaire les désirs les plus monstrueux. Terrible régression que plus personne ne semble en mesure d’enrayer.
Ibrahim El Batout fait de son personnage principal incarné par l’extraordinaire Amr Waked un fantôme qui erre au milieu des ruines à la poursuite du principal responsable d’un trafic d’organes. Il finira par le retrouver et par le tuer. Maigre victoire qui ne mettra pas un terme à son désespoir. Jamais il ne retrouvera sa fille et jamais la violence et l’injustice ne pourront être éradiquées de ce monde.
El Ott, un constat glaçant sur nos sociétés à la dérive.
L’un des grands mérites des auteurs, c’est d’avoir réussi à tenir un discours politique et philosophique d’une grande profondeur sans négliger l’aspect esthétique de l’oeuvre. Un exemple à suivre pour le cinéma non-commercial qui peine à survivre dans l’Egypte d’aujourd’hui.
Appréciation : 4/5
****
Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin
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