إخراج : كمال عطية
Kamal Attiya a réalisé La Fin du Chemin en 1960.
Distribution : Hoda Soltan (Sharbat), Rushdy Abaza (Hussein), Tawkik El Deken (Fathi), Wedad Hamdy (Bita), Abbas Fares (Haj Abdo), Omar el Hariri (Fouad), Adawy Gheith (le directeur de l’usine), Thuraya Kakhry (la mère de Sharbat), Fawzia Mohamed (danseuse)
Scénario : Kamal El Hefnawi
Musique : des emprunts divers Mogi (La musique du générique est un enregistrement de Pérez Prado, le roi du Mambo et on entend dans quelques scènes, des extraits de la B.O.de Sueurs Froides d’Alfred Hitchcock, une B.O. composée par Bernard Herrmann.)
Musique de danse : Attia Sharara
Chansons : Mohamed Al Mogi
Abbas Fares et Hoda Soltan |
Rushdy Abaza et Hoda Soltan |
Hoda Soltan |
Hoda Soltan et Wedad Hamdy |
Tawfik El Deken |
Hoda Soltan |
Omar El Hariri et Hoda Soltan |
Hoda Soltan et Rushdy Abaza |
Hoda Soltan |
Hoda Soltan |
Résumé
Sharbat, une jeune femme d’origine modeste vit seule avec sa mère dans un petit appartement. Elle est tombée amoureuse d’Hussein, un jeune ouvrier qui réside dans le même immeuble que le sien. Elle multiplie les occasions de rencontres et parvient à s’introduire dans le logement de son bien aimé. Celui-ci cède aux avances réitérées de Sharbat. Ils se marient. Au début, l’entente entre les deux jeunes mariés est totale. Fathi, un jeune étudiant riche, tourne autour de la jeune femme Il n’hésite pas à venir la voir chez elle quand Hussein est à l’usine mais Sharbat reste insensible à ses propositions. Avec son mari, elle est heureuse, d’autant plus que celui-ci a repris des études à l’université : il veut devenir avocat. Elle fait tout son possible pour l’aider. Le jour où Hussein doit recevoir son diplôme, Sharbat a réuni des voisines dans leur salon pour fêter l’événement. Le retour du futur avocat se fait attendre. Alors que les convives ont quitté l’appartement, Hussein reparaît enfin. Il annonce qu’il a échoué à l’examen. Sharbat entre dans une rage folle. Tous ses rêves d’ascension sociale sont brisés. Elle éclate en imprécations méprisantes à l’encontre de son mari. Ce dernier est terrassé. Peu après ils divorcent. La jeune femme a renoué avec Fathi, le jeune homme riche. Celui-ci est en mauvais termes avec son père qui lui reproche son oisiveté. Il doit travailler et quitter pour quelque temps la ville. Pendant son absence, Sharbat fait la connaissance du père du jeune homme. Séduite par la fortune de l’entrepreneur, elle l’épouse. Fathi n’apprend la nouvelle du mariage qu’à son retour. Il est désespéré. Après avoir passé la soirée à boire dans un cabaret, il retourne au domicile paternel et tente de violer Sharbat. Son père s’interpose. Dans la bagarre, le vieil homme fait une chute mortelle. Fathi est arrêté et condamné à mort. Devenue veuve, Sharbat vit dans la grande maison du défunt avec une amie. Le soir, elles sortent dans les cabarets à la mode. Un jour, un homme se présente chez elle. Il s’appelle Fouad et prétend être un homme d’affaires fortuné, ami de son mari. En fait, c’est un escroc. Il parvient à gagner la confiance de Sharbat et lui propose de s’occuper de ses affaires. La jeune veuve accepte. Quand elle comprend qu’il s’est accaparé sa fortune, il est trop tard. Elle tente de renouer avec Hussein qui est devenu un brillant avocat. Malheureusement, il a refait sa vie et ne peut plus rien pour elle. Désormais, elle est seule et pauvre.
Critique
Tout le film est construit autour de l’actrice principale, Hoda Soltan.
On peut diviser la carrière de cette grande artiste en trois périodes : dans la première, au début des années cinquante, elle joue les jeunes filles modestes un peu naïves ; dans la seconde, la plus intéressante, elle devient une séductrice sans scrupules détruisant les hommes qui ont le malheur de croiser son chemin ; à la fin de sa vie, elle sera dans de nombreuses séries télévisées la mère très pieuse qui protège et console (Rappelons que Hoda Soltan a pris le voile au milieu des années quatre-vingt, comme beaucoup de ses consœurs vieillissantes.)
La Fin du Chemin qui appartient à la seconde période est un très bon film injustement oublié. Le réalisateur nous dépeint un cas de bovarysme à l’égyptienne. Sharbat est une jeune fille qui rêve d’ascension sociale. Elle croit que son premier mari va lui permettre de réaliser ses ambitions. Hussein est un jeune homme qui travaille dur afin de devenir avocat. Dans ce rôle de garçon gentil, volontaire et un peu laborieux, on trouve Roshdy Abaza. Un contre-emploi étonnant pour cet acteur habitué à jouer les séducteurs hédonistes un peu veules mais il s’y révèle très à l’aise avec un jeu tout en nuance. Comme Emma se lasse de Charles, Sharbat abandonne très vite son étudiant pour le fils puis le père d’une famille fortunée. C’est là que s’arrêtent les similitudes entre le film de Kamal Attia et l’œuvre de Flaubert. Emma et Sharbat éprouvent au départ la même insatisfaction mais la première rêve d’une existence aristocratique et « romantique » alors que la seconde n’aspire qu’à un confort petit-bourgeois avec grosse voiture et maison moderne.
Dans la seconde partie de la Fin du Chemin, l’étude psychologique bascule dans le drame avec la séquence la plus réussie du film : le meurtre du père. L’atmosphère n’est pas sans rappeler celle des films noirs américains. C’est la nuit, les visages sont violemment éclairés tandis que tout autour l’espace est envahi par des ombres mouvantes. Il y a d’abord la scène du café dans lequel Fathi, le fils (l’excellent Tewfik El Dekn), s’est réfugié après avoir appris son infortune. Il est seul à une table, il boit et fume, les yeux mi-clos comme pris d’une torpeur mauvaise. Dans la scène suivante, il est dans la chambre de sa « belle-mère ». L’air hagard, il regarde Sharbat qui dans son lit est plongée dans un profond sommeil. Tentative de viol puis lutte entre le père et le fils sous les yeux épouvantés de la jeune femme. Des scènes brèves sans dialogues avec un crescendo dans la violence et la folie.
Dans la dernière partie, le film semble emprunter la voie de la comédie sentimentale pour évoquer l’existence insouciante de la jeune veuve. Mais c’est au moment même où celle-ci pense retrouver l’amour qu’elle va être piégée et vaincue par un homme d’affaires trop séduisant. Morale on ne peut plus conventionnelle : malheur à la femme qui se joue des hommes !
La Fin du Chemin est un film brillant avec des comédiens au sommet de leur art. Il offre l’un de ses plus beaux rôles à Hoda Sultan, la plus hollywoodienne des actrices égyptiennes.
On peut diviser la carrière de cette grande artiste en trois périodes : dans la première, au début des années cinquante, elle joue les jeunes filles modestes un peu naïves ; dans la seconde, la plus intéressante, elle devient une séductrice sans scrupules détruisant les hommes qui ont le malheur de croiser son chemin ; à la fin de sa vie, elle sera dans de nombreuses séries télévisées la mère très pieuse qui protège et console (Rappelons que Hoda Soltan a pris le voile au milieu des années quatre-vingt, comme beaucoup de ses consœurs vieillissantes.)
La Fin du Chemin qui appartient à la seconde période est un très bon film injustement oublié. Le réalisateur nous dépeint un cas de bovarysme à l’égyptienne. Sharbat est une jeune fille qui rêve d’ascension sociale. Elle croit que son premier mari va lui permettre de réaliser ses ambitions. Hussein est un jeune homme qui travaille dur afin de devenir avocat. Dans ce rôle de garçon gentil, volontaire et un peu laborieux, on trouve Roshdy Abaza. Un contre-emploi étonnant pour cet acteur habitué à jouer les séducteurs hédonistes un peu veules mais il s’y révèle très à l’aise avec un jeu tout en nuance. Comme Emma se lasse de Charles, Sharbat abandonne très vite son étudiant pour le fils puis le père d’une famille fortunée. C’est là que s’arrêtent les similitudes entre le film de Kamal Attia et l’œuvre de Flaubert. Emma et Sharbat éprouvent au départ la même insatisfaction mais la première rêve d’une existence aristocratique et « romantique » alors que la seconde n’aspire qu’à un confort petit-bourgeois avec grosse voiture et maison moderne.
Dans la seconde partie de la Fin du Chemin, l’étude psychologique bascule dans le drame avec la séquence la plus réussie du film : le meurtre du père. L’atmosphère n’est pas sans rappeler celle des films noirs américains. C’est la nuit, les visages sont violemment éclairés tandis que tout autour l’espace est envahi par des ombres mouvantes. Il y a d’abord la scène du café dans lequel Fathi, le fils (l’excellent Tewfik El Dekn), s’est réfugié après avoir appris son infortune. Il est seul à une table, il boit et fume, les yeux mi-clos comme pris d’une torpeur mauvaise. Dans la scène suivante, il est dans la chambre de sa « belle-mère ». L’air hagard, il regarde Sharbat qui dans son lit est plongée dans un profond sommeil. Tentative de viol puis lutte entre le père et le fils sous les yeux épouvantés de la jeune femme. Des scènes brèves sans dialogues avec un crescendo dans la violence et la folie.
Dans la dernière partie, le film semble emprunter la voie de la comédie sentimentale pour évoquer l’existence insouciante de la jeune veuve. Mais c’est au moment même où celle-ci pense retrouver l’amour qu’elle va être piégée et vaincue par un homme d’affaires trop séduisant. Morale on ne peut plus conventionnelle : malheur à la femme qui se joue des hommes !
La Fin du Chemin est un film brillant avec des comédiens au sommet de leur art. Il offre l’un de ses plus beaux rôles à Hoda Sultan, la plus hollywoodienne des actrices égyptiennes.
Appréciation : 4/5
****
Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin