dimanche 15 février 2015

L'épouse n°13 (al-Zaawgah raqam talata'ch, 1962)


الزوجة 13 
إخراج : فطين عبد الوهاب



L'épouse n°13  a été réalisé par Fateen Abdel Wahab en 1962. 
Distribution : Rushdy Abaza (Mourad), Shadia (Aïda), Abdel Moneim Ibrahim (Ibrahim, l’ami de Mourad), Shwikar (Karima, l’ancienne fiancée de Mourad), Hassan Fayek (le père d’Aïda), Shihab Nassim (Kamal), Zeinat Olwi (Nani), Wedad Hamdy, Zeinab Sedky (la mère de Mourad), Mahmoud Lotfi (Abdel Ghafour), Helen (Sonia), Ahmed Amer (le directeur de l’hôtel)
Scénario et dialogues : Abou Al Seoud Al Ebiary et Ali El-Zorkani
Inspiré des Mille et Une Nuits (la relation entre les deux personnages principaux est calquée sur celle unissant le sultan Shahryar et Shéhérazade)
Musique : Fouad El Zahry
Production : Gamal El Leithy Films

Rushdy Abaza

Zeinat Olwi

Shwikar

Hassan Fayek

Shadia





Shadia et Rushdy Abaza


Résumé

Mourad est un homme d’affaires qui dirige une usine de textile. C’est aussi un véritable Dom Juan. A Alexandrie, il rencontre Aïda, fille d’un ancien ministre. Il entreprend de la séduire mais celle-ci résiste à ses assauts répétés. Il décide alors de s’attirer les bonnes grâces du père : il l’aide à régler de petites dettes, l’invite au restaurant et lui demande la main de sa fille. Mourad a bien l’intention de divorcer aussitôt qu’il aura  obtenu les faveurs de la belle. Aïda ne pouvant lutter contre la coalition formée par son père et son amoureux, finit par accepter le mariage. A peine mariée, elle a la visite de Karima, une ancienne épouse de Mourad qui lui apprend qu’elle est la treizième  jeune femme à convoler avec  celui-ci.  Les deux nouvelles amies élaborent alors un plan pour se venger de l’infidèle. Soir après soir, Aïda invente mille tours pour échapper aux étreintes de son conjoint.  Mourad n’en dort plus et sa fébrilité grandit. Mais le pire pour lui est à venir : alors qu’il passe la soirée « en amoureux » avec Aïda, il voit apparaître un grand nombre de ses ex qu’il tente au début de faire passer pour ses sœurs. Il ne sait pas que tout est organisé par sa femme et Karima. Très mal à l’aise, Mourad vide verre sur verre. Toutes ces femmes le contraignent à danser pour elles. Il doit même se ceindre du foulard traditionnel : le macho est devenu une danseuse orientale ! Les jours qui suivent, Mourad est au bord de l’explosion. Aïda s’obstine à se refuser à lui bien qu’il ait fait le serment de rompre avec son détestable passé. Désespéré, l’époux qui s'est découvert amoureux de sa femme mais qui est condamné à la chasteté éternelle,  décide de mettre fin à ses jours. Il se rend à Alexandrie, s'arrête sur une plage puis se jette dans la mer.  Evidemment ses amis veillent et Aïda  parvient à le rejoindre. Tout se terminera dans une chambre d’hôtel.


Critique

Une comédie bien troussée avec deux monstres sacrés du cinéma égyptien de l’époque : Rushdy Abaza et Shadia. Certes, on y retrouve toutes les conventions du genre  avec ses lieux de prédilection : la plage et ses bikinis, le restaurant et sa danseuse du ventre, la grande maison bourgeoise et ses domestiques. Mais l’intérêt de ce film est ailleurs. Fateen Abdel Wahab met au cœur de son dispositif ce qui d’ordinaire est évoqué de manière plus implicite : le sexe. Et le sexe, il n’est question que de cela dans la Treizième Epouse. Comment l’obtenir pour l’un comme s’y dérober pour l’autre. Le héros en est privé et il en meurt ou presque. Ce qui surprend encore, c’est le point de vue féministe qu’adopte le réalisateur. Le mâle égyptien ne sort pas grandi de cette comédie : le mari est tourmenté par le désir et  sacrifie tout à sa satisfaction, le père, homme médiocre ne  voit dans son futur gendre que la résolution de ses problèmes financiers et s’impatiente devant les réticences de sa fille. Et puis on a cette scène incroyable dans laquelle Rushdy Abaza doit danser comme une danseuse orientale devant toutes ses anciennes épouses. Au dénouement, renversement ultime : c’est la femme qui sauve son mari de la noyade.
Bref, un Fateen Abdel Wahab d’un bon cru.  Le maître de la comédie égyptienne démontre encore une fois son habileté  à introduire dans un cadre stéréotypé des situations qui l’air de rien mettent à mal les valeurs traditionnelles.
Un bémol tout de même : nous retrouvons dans la Treizième Epouse Abdel Moneim Ibrahim dans son rôle  d’éternel confident du héros. Le problème, c’est que son personnage est totalement inutile et qu’il semble lui-même s’en apercevoir. Il assure le service minimum sans aucune conviction.

Appréciation : 3/5
***
Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

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