Quels films peut-on voir sur la chaîne Rotana Classic ? Les horaires donnés sont ceux de l'après-midi ou de la soirée (heure de Paris). La plupart des films sont ensuite rediffusés le lendemain matin.
Rotana Classic a remplacé Rotana Zaman en 2012. Cette chaine fait partie du groupe Rotana basé en Arabie Saoudite et spécialisé dans le divertissement (télévision et musique). Celui-ci a été créé par le prince Al-Walid ben Talal ben Abdelaziz Al Saoud, membre de la dynastie Al Saoud et petit-fils du fondateur de l'Arabie Saoudite. Comme son nom l’indique, Rotana Classic diffuse essentiellement les grands classiques du cinéma égyptien. Disponible en France.
Vendredi 26 décembre à 22h
Une Lettre d’une Femme Inconnue de Salah Abou Seif (Resalah min emraa maghoula, 1962)
avec Farid Al Atrache (Ahmed), Lobna Abdel Aziz (Amal), Amina Rizk (la tante d’Amal), Mary Moneib (la mère d’Amal), Abdel Moneim Ibrahim (Menem, l’ami d’Ahmed), Layla Karim (Nifin), Fakher Fakher (Ibrahim, le serviteur d’Ahmed), Ezzat Al Alali (le médecin), Abdel Ghani El Nagdi (le gardien), Yacoub Mikhaïl (le beau-père d’Amal), Ahmed Shawki (le directeur de la compagnie d'assurance)
Scénario : Fathi Zaki et El Sayed Bedeir
Musique : Farid Al Atrache et André Ryder
Production : Ramsès Naguib et Salah Zulficar
D’après la nouvelle de l’écrivain autrichien Stefan Zweig publiée en 1922, Lettre d’une inconnue.
Cette nouvelle a fait l’objet d’une première adaptation réalisée en 1948 par Max Ophuls avec Joan Fontaine et Louis Jourdan.
Ahmed Sameh est un chanteur célèbre. C’est le jour de son anniversaire. Tous ses amis l’attendent chez lui pour fêter l’événement. Les heures passent et Ahmed n’est toujours pas arrivé. Lassés, les convives décident de rentrer chez eux. C’est après leur départ qu’Ahmed rentre enfin. Son moral est au plus bas. Son domestique lui remet une grande enveloppe qu’on a déposée plus tôt dans la journée. Elle contient une longue lettre. L’auteur en est une femme qu’il ne connaît pas. Elle s’appelle Amal et elle lui raconte son histoire. Elle habitait en face de chez lui et l’aimait à la folie. Ils passeront une nuit ensemble puis Ahmed la quittera pour d’autres aventures. Il ne saura jamais que suite à cette brève liaison, Amal donnera naissance à un petit garçon…
Notre avis : une adaptation très libre et un peu sirupeuse du texte de Stefan Zweig avec un happy end qui en efface la dimension tragique. Mais pour les fans de Farid Al Atrache, est-ce vraiment un problème ? D’autant plus que les chansons qu’il interprète ici sont de bien jolies pépites. « Mon Cœur et ses Clés » (Albi wa Moftaho) qu’il chante d’abord seul au piano puis accompagné par un orchestre constitue l’une des séquences les plus marquantes de ce film. La partenaire de Farid Al Atrache est la talentueuse Lobna Abdel Aziz qui joue avec une grâce et une fougue attachantes la jeune fille amoureuse du célèbre chanteur (un rôle comportant bien des écueils qu’un certain nombre de ses consoeurs n’ont pas toujours su éviter.)
Jeudi 25 décembre à 22h
L’Oeuf et la Pierre d'Ali Abdel Khalek (El-Baydha Wal Hagar,1990)
avec Ahmed Zaki (Taha Al Tahazi), Maaly Zayed (Qamar), Mamdouh Wafi (Tawali, l’ami de Taha), Ahmed Ghanem (Nabil, le propriétaire de l’immeuble), Hussein Al Sharif (le policier), Mahmoud El Sabba (Sibakh Al Tibi), Sayed Sadiq (le mari volé), Nagwa Fouad (Nathnatha), Ahmed Tawfiq (Jasser), Sabri Abdul Moneim (le portier), Fouad Khalil (Tarouta, le coiffeur), Naima El Saghaiar (la mère de Tarouta)
Scénario : Mahmoud Abou Zeid
Musique : Hassan Abou El Saoud
Production : Films Tamido (Medhat Al Sherif)
Taha Al Tahazi est un professeur de philosophie qui dans ses cours incite ses élèves à rejeter la société de consommation. Il mène une existence conforme à ses valeurs : il ne se déplace qu’en vélo et, à la recherche d’un logement, il s’installe dans une modeste chambre sur les toits d’un immeuble de la place Tahrir. Au début, ses voisins ne voient pas d’un très bon œil son arrivée et tentent par tous les moyens de le faire partir : son petit appartement était auparavant occupé par un homme qui prétendait détenir des pouvoirs surnaturels. Ses voisins avaient une très haute considération pour lui et quand il a été condamné à de la prison pour charlatanisme, ceux-ci avaient promis de protéger son antre contre toute tentative d’intrusion. Malgré cela, le propriétaire a repris possession de son bien et l’a loué à Taha. Malgré la situation, ce dernier parvient à se faire accepter par les autres résidents du toit. Peu après, il est licencié de son poste d’enseignant : on l’accuse de mener des activités politiques. Il lui faut trouver un autre gagne-pain. C’est ainsi que l’ancien professeur de philosophie se lance dans la sorcellerie. Grâce à son intelligence, il va exploiter la crédulité des gens et s’enrichir de manière inespérée…
Notre avis : dans ses films, Ali Abdel Khalek aborde en moraliste et en satiriste les problèmes de la société égyptienne de son temps. Ici, il s’en prend à la superstition qui reste si prégnante parmi les classes populaires et il dénonce ces intellectuels qui au lieu d’ouvrir les yeux de leurs contemporains préfèrent exploiter leurs croyances pour acquérir prestige et fortune. La charge manque parfois de subtilité mais Ahmed Zaki excelle dans ce rôle du professeur intègre qui devient progressivement un manipulateur sans scrupule (un personnage qui nous rappelle le Topaze de Marcel Pagnol). «LOeuf et la Pierre » est assurément l’un des films les plus réussis d’ Ali Abdel Khalek.
Le Dernier Mensonge d'Ahmed Badrakhan (Akher Kidba, 1950)
avec Farid Al Atrache (Samir), Samia Gamal (Samira Honolulu, l’épouse de Samir), Camellia (Kiki), Aziz Othman (le Maharajah), Ismail Yassin (Arnab/Madame Cire d’Abeille), Ali El Kassar (le domestique), Stephan Rosti (le médecin), Zaki Ibrahim (le directeur de l’opéra), Saïd Abou Bakr (le traducteur), Abdel Salam Al Nabolsi (le représentant de la société d’assurance), Abdel Halim El Qalawy (le chauffeur de bus fou), Abdul Jabbar Metwally (le voleur), Mohamed Shawky (le vendeur de ballons)
Scénario : Abou Al Seoud Al Ibiary, Ahmed Badrakhan
Musique : Farid Al Atrache
Production : les films Farid Al Atrache
Dernier film de l’actrice Camellia. Elle disparaît brutalement dans un accident d’avion le 31 août 1950.
Samir est un chanteur marié à Samira une danseuse avec qui il travaille. Son bonheur serait complet si Samira n’était pas d’une jalousie féroce. Elle surveille chacun de ses faits et gestes. Quand elle doit s’absenter, elle ne lui laisse pas un sou de peur qu’il en profite pour rencontrer d’autres femmes. Un jour, il reçoit la visite de son ancienne fiancée, Kiki . Elle veut renouer avec lui mais il refuse. Elle ne se décourage pas pour autant. Avec l’aide d’un Maharajah de ses amis très menaçant, elle oblige Samir à assister à la petite fête qu’elle donne pour son anniversaire. Au cours de la soirée, le chanteur casse le collier de perles que portait Kiki, un collier très cher appartenant au Maharaja. Samir s’engage à le faire réparer et retourne chez lui avec dans sa poche de veston le fameux bijou. Le lendemain matin, Samira, toujours aussi suspicieuse, inspecte méthodiquement toutes les poches de son mari et tombe sur le collier…
Notre avis : une comédie musicale follement réjouissante avec le duo légendaire Farid Al Atrache et Samia Gamal. Les numéros chantés et dansés, bien que très longs, comptent parmi les plus mémorables de l’histoire du cinéma égyptien. Jamais Samia Gamal ne fut aussi belle et aussi sensuelle à l’écran. Autour du couple vedette, on retrouve les figures les plus célèbres de la comédie de l’époque, et par leur talent et leur énergie elles contribuent elles aussi à la réussite de ce « Dernier Mensonge ». Certes, on pourrait déplorer que le scénario surexploite certaines situations ou certains procédés (Je pense aux visites de l’agent d’assurances et du médecin au domicile du héros) mais ce serait vraiment chipoter. Le rythme trépidant du film et l’allégresse qui s’en dégage font bien vite oublier ces petites réserves. Enfin, rappelons que c’est la dernière apparition au cinéma de Camellia et elle est épatante en rivale sans-gêne de Samia Gamal. Celle qui était devenue une star en quelques années aurait pu prétendre à une magnifique carrière dans la comédie. Le destin en a voulu autrement.
La Gloire et les Pleurs d’Ahmed Badrakhan (Majd wa demoue, 1946)
avec Nour Al Hoda (Douria), Salwa Al Saghir (Sousou, la petite sœur de Douria), Mohamed Fawzi (Hamdi), Bishara Wakim (Handouq), Zouzou Madi (Samiha, la célèbre chanteuse), Amina Sherif (Ihsan, la fiancée de Yahya), Fouad Shafik (Bey Mestakawi), Hassan Fayek (Farid Pacha Fahmy), Thuraya Fakhry (la mère d’Hamdi), Abdel Aziz Khalil (le directeur du théâtre de Tanta), Abd El Fatah El Kosary (le propriétaire), Edmond Tuema (le directeur d’une compagnie), Mahmoud Reda (Hussein Bey Mahmoud), Mohamed Ragheb (le journaliste), Ezzedin Shaqr (Yahya, le fils d’un riche pacha)
Scénario : Youssef Gohar et Ahmed Badrakhan
Musique et chansons : Kamel El Shinnawi, Ahmed Rami, Bayram El Tunsi, Saleh Gawdat, Mamoun Al Shinnawi, Abd Al Aziz Salam, Riad El Sonbati, Mohamed Al Qasabji, Mohamed Fawzi, Farid Al Atrache
Production : Helmy Rafla et Ahmed Badrakhan
Comédie musicale. Le puissant Bey Mestakawi est tombé amoureux de la jeune chanteuse et danseuse Douria mais elle a toujours repoussé ses avances. Alors qu’elle se retrouve dans une situation très difficile, elle n’a plus ni emploi, ni logement, elle fait la rencontre de Hamdi, un jeune admirateur qui l’invite chez lui. Prêt à tout pour aider la jeune artiste, il l’accompagne au Caire où il la met en relation avec un directeur de compagnie. Ce dernier est aussitôt conquis par la voix de Douria, il l’engage. Hamdi doit retourner à Tanta pour son travail. Son patron, c’est Bey Mestakawi et quand celui-ci apprend que son employé est devenu un intime de celle dont il voudrait faire sa maîtresse, il décide de les séparer : il fait muter Hamdi à Assouan. Les deux jeunes gens ne se reverront pas de sitôt. Douria se jette alors dans le travail et devient une chanteuse célèbre. Parmi ses nouveaux amis, elle compte Yahia, le fils d’un riche Pacha. Elle est séduite par le jeune homme et on parle déjà de fiançailles…
Notre avis : « La Gloire et les Pleurs » compte sans conteste parmi les films les plus marquants de la chanteuse et actrice libanaise Nour Al Hoda. Découverte par Youssef Wahbi lors d’un séjour au Liban, celui-ci la fait venir en Égypte pour lui confier le premier rôle féminin de « Gawhara » réalisé en 1943. Son charme, sa voix et un jeu d’une étonnante modernité la propulsent alors instantanément au rang de star.
Dans « La Gloire et les Pleurs », Nour Al Hoda déploie toute l’amplitude de son talent : elle passe de la légèreté comique à l’émotion tragique avec une aisance déconcertante, et interprète des chansons qui comptent parmi les plus belles de son répertoire — il faut dire qu’elles ont été écrites par les plus grands artistes de l’époque.
Le récit de cette jeune chanteuse, d’abord portée par la célébrité puis précipitée dans la déchéance, prend la forme d’un joli conte cruel. Tournant le dos aux procédés du mélodrame, Ahmed Badrakhan adopte le rythme de la comédie pour dépeindre le destin chaotique de son héroïne. Son film, construit en courtes scènes aux tonalités contrastées, frappe par son efficacité et sa maîtrise. Une œuvre forte, poétique et parfaitement aboutie.
Dimanche 21 décembre à 18h30
Le Mari de ma Femme d'Abbas Kamel (A'ris Mirati, 1959)
avec Ismail Yassin (Somha), Lola Sedky (Lola), Abdel Salam El Nabolsi (Fawzy, le couturier), Zinat Sedki (Howida, la sœur de Fawzy), Fayza Ahmed (la chanteuse du cabaret), Hermine (la danseuse), Tawfik El Deken (Nabil, le candidat éconduit et rancunier), Fouad El-Mohandes (Mahmoud, le voisin de Somha et Lola), Khayria Ahmed (la femme de Mahmoud), Soheir El Baroni (la femme de chambre d’Howida), Gamalat Zayed (Oum Kamal, la voyante), Mohamed Abu El Sa'ud (un candidat obèse)
Scénario : Abbas Kamel, Ismail El-Habrouk
Musique : Ibrahim Haggag, Fouad Helmy, Mohamed Abdel Wahab
Le générique nous informe que les toilettes portées par Lola Sedky sont de la maison Sabrina.
Production : Lola Sedky
Somha et Lola forment un couple heureux mais Somha a perdu son travail et ne fait pas grand-chose pour en retrouver un. Lola découvre une petite annonce postée par le directeur d’une maison de couture qui recherche un secrétaire. La femme exige que son mari postule à cet emploi. Quand Somba arrive dans la maison de couture, il découvre qu’ils sont plusieurs candidats pour ce poste de secrétaire et que c’est Howida, la sœur du couturier, qui se charge de la sélection. Somba devine qu’une seule condition est requise : il faut être impérativement célibataire. Il décide donc de cacher sa situation familiale et c’est ainsi qu’il devient l’assistant du couturier Fawzi. Il comprend assez vite pourquoi le célibat était une condition indispensable à l’embauche : la sœur de Fawzi, plus âgée que ce dernier, n’est toujours pas mariée. L’intention secrète du frère et de la sœur, c’est de faire du nouveau secrétaire le mari depuis si longtemps espéré. Evidemment, la situation devient très embarrassante pour Somha qui doit sans cesse affronter les avances de la vieille fille. Un jour, Lola se présente sur le lieu de travail de son mari. Paniqué, Somba lui demande de surtout ne pas révéler qu’elle est sa femme. Arrive Howida, dont le comportement très affectueux à l’égard de son mari déconcerte Lola. Cette dernière décide de se venger en réservant une surprise à son mari : lors du défilé organisé par Fawzi, Somba découvre que le mannequin vedette qui ouvre la présentation de la collection n’est autre que Lola, sa propre épouse. A l’issu de la manifestation, le couturier montre tout l’intérêt qu’il porte à sa nouvelle recrue. Somha a bien du mal à maîtriser sa colère contre celle qui se fait passer pour sa sœur. Fawzi n’a plus qu’un seul désir : épouser Lola. Ce mariage, évidemment ne pourra avoir lieu qu’après celui de sa sœur et de son secrétaire…
Notre avis : une comédie échevelée dans laquelle se succèdent les scènes les plus extravagantes, au mépris de la logique et de la vraisemblance mais pour la plus grande joie des spectateurs. Lola Sedky, qui est aussi la productrice du film, s’est octroyée le premier rôle féminin et on ne peut que lui donner raison : elle nous ravit en épouse qui se métamorphose en redoutable séductrice et flirte outrageusement avec son patron pour rendre fou de jalousie son mari. Elle nous gratifie même d’une danse complétement folle dans le plus pur style latino-américain. Zinat Sedky quant à elle est désopilante (comme toujours !) en femme passionnément amoureuse du pauvre Ismaïl Yassin. A voir aussi pour le plaisir d'entendre Abdel Salam El Nabolsi parler en français.
Samedi 20 décembre à 22h
La Danseuse et le Percussionniste d'Ashraf Fahmy (Al Raqissa w Al Tabbal, 1984)
avec Nabila Obeid (la danseuse Mabahij), Ahmed Zaki (Abdo), Zizi Moustafa (la danseuse Narcisse), Ahmed Ghanem (Abou Shafah, l’ami d’Abdo), Nabila El Sayed (Qamar, la sœur de Mabahij), Adel Adham (Naseh, le beau-frère de Mabahij), Qadria Kamel (la mère de Mabahij), Farouk Fathallah (Mounir, le propriétaire du cabaret), Mohamed Reda (Haridy)
Scénario : Mostafa Moharam et Bahgat Amar d’après une histoire d'Ihsan Abdul Quddus
Musique : Mohamed El Mougy et Ahmed Hamouda
Production : Sina Film, Farouk Fathallah
Abdo est un joueur de darbouka qui a une très haute idée de son art. Il est convaincu que dans un orchestre son instrument prime sur tous les autres. Un soir, dans le cabaret où il travaille, il veut le prouver de manière éclatante en imposant ses rythmes aux autres musiciens ainsi qu’à la danseuse que son orchestre accompagne. En quelques secondes, il se met tout le monde à dos et finit à l’hôpital après avoir été roué de coups par le videur du cabaret. Abou Shafah, son ami, l’engage à faire profil bas s’il veut continuer à travailler. Abdo ne veut rien entendre. Il veut trouver une danseuse de talent afin de monter un duo selon ses conceptions artistiques. Avec Abou Shafah, il part à la recherche de la perle rare en écumant les salles de spectacles et les festivals. Un soir, à Tanta, il découvre une jeune danseuse très douée qui le séduit immédiatement. Elle s’appelle Mabahij et vit avec sa sœur, son beau-frère et leurs cinq enfants. Le père est au chômage et toute la petite famille survit grâce aux cachets qu’elle touche pour ses prestations . Abdo promet à la sœur et à son mari de subvenir à tous leurs besoins s’ils acceptent de laisser Mabahij travailler avec lui. C’est ainsi qu’Abdo peut commencer à répéter avec sa danseuse. Malheureusement, sa rigueur excessive et son mauvais caractère rendent les séances de travail très pénibles pour sa partenaire. Les disputes se multiplient. Un jour, Mabahij s’effondre en hurlant de douleur. Elle doit être opérée de toute urgence mais le coût de l’intervention chirurgicale est considérable. Abdo va alors multiplier les participations à des fêtes familiales et vendre tout son mobilier pour pouvoir récolter l’argent nécessaire à la guérison de Mabahij. Désormais, la jeune femme considère Abdo comme son sauveur et elle tombe amoureuse de lui. Peu après, ils trouvent enfin un directeur de cabaret qui accepte de les engager. Leur spectacle obtient un immense succès et ils signent un contrat qui les délivre de la précarité. Ils ont désormais tout pour être heureux. Mais pour Mabahij, ce n’est pas suffisant, elle veut se marier et avoir des enfants. Abdo refuse de sacrifier sa carrière artistique pour fonder une famille…
Notre avis : Ashar Fahmy et Nabila Ebeid ont souvent travaillé ensemble. Le cinéaste a offert à l’actrice certains de ses rôles les plus marquants, ceux qui lui ont permis de rester en haut de l’affiche après plus de vingt ans de carrière. (Nabila Ebeid obtient son premier grand rôle en 1963, alors qu’elle n’a que dix-huit ans, dans un film de Niazi Mustafa, « Rabaa Al-Adawiya ».)
Quand elle tourne « La Danseuse et le Percussionniste », elle a près de quarante ans. Ce film, tout à sa gloire, multiplie de manière un peu complaisante les scènes de danse pour nous prouver qu’elle reste l’une des plus belles actrices de son temps. Elle a pour partenaire Ahmed Zaki, qui incarne un artiste écorché vif, sombrant progressivement dans la folie. L’acteur restitue, avec son talent habituel, toute l’ambivalence du personnage, à la fois attachant et insupportable, généreux et égocentrique. Le dénouement, malgré sa grandiloquence, met en parallèle de manière éloquente le triomphe de celle qui a su se plier aux règles du succès et la chute pathétique de celui qui refuse de s’y conformer, avec ce constat désespérant : en art, l'exigence est le chemin le plus sûr vers l’échec, la société se montrant impitoyable à l’égard des artistes authentiques.
Vendredi 19 décembre à 16h
Souviens-toi de moi d'Henry Barakart ((Idhkourini, 1978)
avec Nagla Fathy (Mona), Mahmoud Yassin (Mahmoud Hussein), Ahmed Khamis (l’oncle de Mona), Alia Abdel Moneim (la tante de Mona), Moshira Ismaïl (la cousine de Mona), Zizi El Badraoui (Layla, la femme de Mahmoud), Youssef Shaaban (le mari de Mona), Hayat Kandil (Amia, la fille de Mahmoud élevée par Mona), Khaled Zaki (le fils de Mona)
Scénario : Rafik El Saban
D’après un roman de Youssef Al Sebaï, Entre les Ruines (1953)
Musique : Omar Khorsheid
Drame sentimental. Mona est une jeune orpheline qui vit chez son oncle. Etudiante, elle rencontre Mahmoud Hussein, un jeune écrivain dont elle tombe follement amoureuse. Entre eux naît une idylle, prémisse d’un bonheur éternel. Malheureusement, Mahmoud est déjà marié. Sa femme est malade du cœur et une séparation est inenvisageable. Terrassée par le chagrin, Mona accepte d’épouser l’homme que lui propose son oncle. Peu après, elle donne naissance à un petit garçon. Les mois passent. Un jour, elle apprend que Mahmoud est hospitalisé. Il a été victime d’un accident de la route et il est plongé dans le coma. Malgré l’opposition de son mari, elle se rend au chevet de celui qu’elle n’a jamais cessé d’aimer. Son mari demande le divorce et s’installe à l’étranger avec leur fils. Mahmoud meurt peu après alors que sa femme s’apprête à accoucher. Cette dernière meurt à son tour en donnant naissance à une petite fille. Mona décide d’élever l’enfant. Les années passent…
Peut intéresser les fans de Michel Sardou : dans une scène, les personnages dansent très longuement sur la chanson « Je Vais t’Aimer ».
Deux informations :
Le roman de Youssef Al Sebaï avait déjà fait l’objet d’une adaptation en 1959 par Ezzel Dine Zulficar avec Faten Hamama et Salah Zulficar.
Le film sort en Egypte en mars 1978. Un mois auparavant, l'auteur du roman meurt assassiné sur l'île de Chypre.
Notre avis : malgré toute l‘admiration que nous inspire Henry Barakat et Nagla Fathy, nous n’avons guère été émus par ce mélodrame. « Souviens-toi de moi » est constitué d’une accumulation de clichés dans un style très « roman-photo ». Les deux héros, toujours élégamment vêtus et impeccablement peignés, se promènent main dans la main, s’échangent de longs regards attendris ou bien se chuchotent à l’oreille des mots doux, avec comme fond sonore, piano et violons romantiques. Les acteurs adoptent le même jeu dans toutes les scènes : voix basses et mines navrées. Comme nous le précisions dans notre présentation, ce film est un remake d’ « Entre les Ruines » réalisé vingt ans plus tôt par Ezzel Dine Zulficar. Il faut bien avouer qu’il fait pâle figure devant l’original même si Nagla Fathy avait tout le talent et le charisme pour reprendre dignement le rôle de Faten Hamama.
Jeudi 18 décembre à 22h
Kit Kat de Daoud Abdel Sayed (1991)
avec Mahmoud Abd El-Aziz (cheikh Hosny), Sherif Mounir (le fils de Sheikh Hosny), Aida Reyad (Fatima), Amina Risk (la mère de Sheikh Hosny), Nader Abdel Ghani (Subhi Al Faraji), Salah Sadeq (Ramadan), Ali Hassanein (cheikh Obaïd), Najah Al Mujy (le trafiquant de drogue), Mohamed Jibril (Al Housta Hassan), Ayman Abdel Rahman (Salem), Nadia Shams Eddin (la mère de Fatima), Galila Mahmoud (Fathia, la femme d’Al Housta Hassan), Othman Abdel Moneim (Attia, le propriétaire du café), Amel Ibrahim (Awatif, la mère de la femme du bijoutier), Ahmed Kamel (le bijoutier), Jihad Nasr (la femme du bijoutier)
Scénario : Daoud Abdel Sayed
d’après une histoire d’Ibrahim Aslan
Musique : Rageh Daoud, Saïd Mekawi, Saïd Hejab, Salah Gahin, Ibrahim Ragab, Mahmoud Abdel Aziz
Production : Hussein Al Qala
figure dans la liste des quinze meilleurs films égyptiens de tous les temps
Comédie sociale. Sheikh Hosny est un aveugle d’une quarantaine d’années. Il vit avec sa mère et son fils dans le quartier de Kitkat à Giseh. Veuf et sans travail, il ne désespère pas de l’existence. C’est un conteur hors pair et il aime chanter accompagné de son oud. Ses talents font le bonheur de ses amis qu’il réunit dans un ancien local commercial qui appartenait à son père. La petite bande passe des nuits entières dans ce lieu à bavarder, à rire et à fumer de la marijuana. Pour sa consommation de drogue, Sheikh Hosny a besoin de beaucoup d’argent. Il a résolu de vendre la maison familiale à un trafiquant de drogue qui en échange lui fournit toute la marijuana dont il a besoin. Youssef, le fils de Sheikh Hosny, a terminé ses études et il ne supporte plus de rester sans emploi. Il rêve de s’installer à l’étranger mais il n’a pas d’argent. Fatima, une jeune divorcée du quartier, est tombée amoureuse de lui. Malgré les réticences du jeune homme, elle finit par le séduire…
Notre avis : une chronique sociale qui porte un regard sans complaisance sur l’Egypte de son temps. Ce que dépeint Daoud Abdel Sayed, c’est le délabrement généralisé de la société égyptienne : délabrement physique et moral des êtres, délabrement des conditions matérielles de leur existence (les intérieurs comme les rues présentent le même aspect misérable et disloqué, à la limite de l’effondrement final.). Tout semble tomber en ruine inexorablement, et pour oublier cette sinistre réalité, les personnages du film s’évadent dans les paradis artificiels (le père) ou bien rêvent de fuir à l’étranger (le fils). Mais les auteurs, refusant tout fatalisme, montrent aussi comment ces hommes et ces femmes qui ont tout perdu n'ont jamais renoncé et comment ils gardent intact leur appétit de vivre (le personnage de Fatima, la jeune femme divorcée incarnée par l’excellente Aïda Reyad, nous apparaît emblématique à cet égard.). Tous les critiques ont loué la prestation de Mahmoud Abdel Aziz dans ce film. Effectivement, ce grand acteur accomplit ici une véritable performance mais nous trouvons que son jeu pêche parfois par une certaine grandiloquence.
Je veux me marier d'Ahmed Badrakhan (Aiza atgawiz, 1952)
avec Nour Al Hoda (Farhana), Farid Al Atrache (Farid), Soliman Naguib (Wagdi Cristal), Abdel Salam Al Nabolsi (Wagy Cristal, le neveu de Wagdi), Zinat Sedki (la femme de chambre de Farhana), Serag Mounir (Taher Al-Anfoushi), Kawthar Shafiq (la fille de Taher), Saïd Abou Bakr (cousin de Farhana), Leila al Jazairia (la danseuse Leila), Sayed Suleiman (le domestique des Cristal), Abdel Nabi Mohamed (un soldat), Mohamed Zayed (chauffer de taxi), Abdel Ghani El Nagdi (cousin de Farhana), Thuraya Fakhry (la femme de Taher), Abbas Rahmi (le directeur de la salle de spectacles)
Leila Al Jazairia (photo) est une danseuse algérienne née en 1927. Farid Al Atrache l’avait choisie pour remplacer Samia Gamal dont il venait de se séparer.
Histoire et dialogues : Abou Al Seoud Al Ebiary
Musique : Farid Al Atrache
Comédie musicale. Farhana quitte sa ville natale pour commencer une carrière de chanteuse au Caire. Elle a changé de nom et désormais elle se fait appeler Nour Al Ayin. Pour rassurer sa famille, il lui faut épouser au plus vite un homme fortuné. Elle rencontre un vieil industriel très riche qu’elle entreprend de séduire. Mais peu après, elle fait la connaissance du neveu de celui-ci, un neveu qui est aussi son seul héritier. Les deux hommes rivalisent d’attentions à son égard mais Nour finit par comprendre que ni l’un ni l’autre ne souhaite l’épouser avec un véritable contrat et en respectant toutes les conventions d’usage. Elle chasse l’oncle et le neveu de chez elle. Pour se venger, elle décide de se marier avec un homme pauvre. Le hasard fait bien les choses car le soir même, elle rencontre dans un jardin public un jeune inconnu qui chante divinement en s’accompagnant de son oud…
Notre avis : « Je veux me marier » compte parmi les grandes réussites du réalisateur Ahmed Badrakhan. C’est la première comédie musicale de Farid Al Atrache après sa rupture avec Samia Gamal. Quelques mois plus tôt, on les avait vus une dernière fois ensemble dans « Ne le Dites à Personne » d’Henry Barakat. Pour réaliser « Je veux me marier », on a reconstitué une partie de l’équipe du film précèdent : Farid Al Atrache a de nouveau pour partenaire féminine la chanteuse libanaise Nour El Hoda, on retrouve dans un second rôle, Abdel Salam Al Nabolsi et le scénario est aussi signé Abou Al Seoud Al Ebiary. Enfin, pour remplacer Samia, Farid Al Atrache a découvert une jeune danseuse algérienne très talentueuse, Layla Al Jazairia. Le résultat est tout aussi enthousiasmant que pour l’opus précédent. La fantaisie et l’entrain ne se relâchent à aucun moment ; les chansons s’insèrent naturellement à l’histoire ; Zinat Sedky et Abdel Salam Al Nabolsi, en seconds rôles comiques, sont, comme toujours, épatants. Et puis, la « petite nouvelle » fait des débuts très prometteurs dans la comédie et parvient à nous faire oublier l’immense Samia Gamal. Hélas, il n’y aura pas de suite : Layla Al Jazairia tournera dans trois films puis quittera l’Egypte définitivement.
























