samedi 6 septembre 2025

Danse : Kitty Fotsaty (Voutsaki), 1953 (2)

كيتى فوتساتى






Kitty joue et danse dans Fils d’Aristocrates, une comédie réalisée par Hassan El Seifi en 1953. Dans son précédent film, Vous êtes témoins, sorti la même année, Hassan El Seifi avait très mal exploité le talent de la danseuse d’origine grecque. Cette fois-ci, il lui a confié un véritable rôle et ses chorégraphies sont beaucoup plus élaborées (Elles rappellent en plus modeste celles des comédies musicales de Naima Akef.). Dans la première partie, le réalisateur lui dédie une très longue séquence où Kitty peut déployer toutes les facettes de son art, avec la vitalité et l’allégresse qui la caractérisent.

Kitty n'apparaitra que dans trois films d'Hassan El Seifi. Le plus réussi est sans nul doute le dernier réalisé en 1954, Le Fantôme d'Ismaïl Yassin.


lundi 1 septembre 2025

A la télé : les films du jour (Rotana Classic du 1er au 15 septembre)

روتانا كلاسيك

Quels films peut-on voir sur la chaîne Rotana Classic ? Les horaires donnés sont ceux de l'après-midi ou de la soirée (heure de Paris). La plupart des films sont ensuite rediffusés le lendemain matin.
Rotana Classic a remplacé Rotana Zaman en 2012. Cette chaine fait partie du groupe Rotana basé en Arabie Saoudite et spécialisé dans le divertissement (télévision et musique). Celui-ci a été créé par le prince Al-Walid ben Talal ben Abdelaziz Al Saoud, membre de la dynastie Al Saoud et petit-fils du fondateur de l'Arabie Saoudite. Comme son nom l’indique, Rotana Classic diffuse essentiellement les grands classiques du cinéma égyptien. Disponible en France.


Lundi 15 septembre à 15h

Je suis Innocente d'Houssam Al Din Mustafa (Ana Bariha, 1959)
avec Ahmed Mazhar (Fadel), Iman (Nahed), Roshdy Abaza (Ramzy, le cousin de Fadel), Hussein Asar (Idris, le serviteur de Fadel), Zaki Ibrahim (le père de Nahed), Sanaa Mazhar (Salwa), Ezza Ezzat (la fille de Nahed et de Fadel), Victoria Hobeika (la propriétaire de la pension), Mohamed El Dib (Shawky, l’ami de Ramzy), Karima (Sonia), Abou Bakr Ezzat (Sami)
Scénario : Mahmoud Samaha et Mahmoud Sobhy
Production : les films Samaha


Nahed est une jeune étudiante qui vit seule avec son vieux père. Elle vient d’acheter le dernier roman de son écrivain préféré et elle est vite rentrée chez elle pour le dévorer. Fadel, ce romancier que la jeune femme aime tant, est en fait un parent éloigné de leur famille et pour faire plaisir à sa fille, le vieux papa se rend chez celui-ci pour lui faire dédicacer l’ouvrage. En sortant de la demeure de l’écrivain, le père de Nahed est renversé par une voiture et décède peu après. Fadel recueille chez lui l’orpheline. Au fil du temps, Nahed retrouve progressivement goût à la vie et décide d’aider son protecteur dans son travail. Naturellement, cette cohabitation finit par un mariage, malgré la grande différence d’âge des deux époux. Les années passent, ils ont eu une petite fille. Un jour, un cousin de Fadel se présente à leur domicile. Il s’appelle Ramzy, il a travaillé à l’étranger pendant de longues années et il revient en Egypte. Il va s’installer quelque temps chez Fadel. Nahed sympathise immédiatement avec Ramzy : il est toujours gai et il aime s’amuser. Sa présence apporte beaucoup à la jeune femme qui souffrait de la solitude. En effet, son travail d’écrivain laisse peu de temps à Fadel pour s’occuper de sa famille. Malheureusement, Ramzy trouve de plus en plus désirable la femme de son cousin et un soir il n’y tient plus. Il entre dans la chambre de la jeune femme et tente de l’embrasser. Nahed hurle et se débat si bien que Fadel fait irruption dans la pièce. Il s’empare d’un révolver et pointe l’arme en direction de Ramzy. Nahed se jette sur son mari pour détourner le tir mais le coup part et la balle atteint l’épaule de Fadel qui s’effondre. Ramzy décide de fuir et entraîne avec lui Nahed …

Notre avis : le film commence en romance à l’eau de rose et finit en thriller. Il va sans dire que la seconde partie est plus convaincante que la première. Houssam Al Din Mustafa est le spécialiste du film d’action et on le sent un petit peu embarrassé à devoir évoquer les peines de cœur d’une toute jeune femme. A court d’inspiration sur ce plan, le réalisateur se contente de montrer à plusieurs reprises son héroïne pressant contre sa poitrine virginale le portrait du grand homme qu’elle aime… Tout change avec l’apparition de Rushdy Abaza qui dans le rôle du séducteur avide et vénal est tout à son affaire. A cause de lui, la jeune maman bien sage est devenue une fugitive qui doit partager une chambre d’hôtel avec celui qui se fait passer pour son mari et qui n’a pas abandonné l’idée de devenir son amant. Houssam Al Din Mustafa a toujours été très friand de ce genre de situations et le film retrouve enfin des couleurs.
A noter : à la fin des années cinquante, Iman et Karima, les deux vedettes féminines du film, sont deux jeunes actrices promises à une belle carrière. Elles quitteront brutalement le monde du cinéma pour cause de mariage, la première en 1961, à l’âge de vingt-trois ans, la seconde en 1960, à l’âge de vingt-six ans.


Dimanche 14 septembre à 23h

Monsieur Boulboul d'Hussein Fawzi (Bulbul Effendi, 1948)
avec Farid El Atrache (Monsieur Boulboul, le fiancé de Batah), Sabah (Kawakeb/Batah), Hassan Fayek (Muhibou Bey, le mari de Kawakeb), Mokhtar Othman (Mahrous, le réalisateur), Ismail Yassin (Bunduq), Stephan Rosti (Aziz, l’amant de Kawakeb), Samiha Tawfiq (Wafaa, la fille de Muhibou Bey), Kamal Hussein (Mounir, le fiancé de Wafaa), Fathya Mahmoud (la mère de Batah), Ali Abd El Al (un assistant du réalisateur), Ahmed El Haddad (un assistant du réalisateur), Edmond Tuema (réceptionniste de l’hôtel), Liz and Lynn (danseuses)
Scénario : Hassan Tawfiq et Hussein Fawzi
Musique : Farid Al Atrache
Production : Ramsès Naguib

Comédie musicale. Kawakeb est une jeune actrice égocentrique et méprisante. Elle a épousé un homme riche, beaucoup plus âgé qu’elle, qui supporte sans broncher tous ses caprices. Elle tourne un nouveau film mais elle se fâche avec le réalisateur et abandonne subitement toute l’équipe. Le metteur en scène est désespéré : il va devoir renoncer à terminer son film. Heureusement, l’un de ses assistants va trouver une solution. Il lui présente une jeune fille, Batah, qui est le sosie de Kawakeb. Batah est une jeune ouvrière qui vit avec sa mère et qui est fiancée à Monsieur Boulboul, un marchand ambulant. Le réalisateur et ses assistants découvrent qu’elle sait aussi jouer la comédie et chanter. On la coiffe, on la maquille et on l’habille. Le résultat laisse sans voix toute l’équipe : Batah est la doublure parfaite de leur ancienne vedette. Pendant ce temps-là, Kawakeb a décidé de quitter son mari pour s’enfuir à Louxor avec un amant…


Notre avis : à la fin des années quarante, Hussein Fawzi va réaliser un certain nombre de comédies musicales avec en vedette la chanteuse Sabah. La rencontre du cinéaste avec Naïma Akef mettra brutalement un terme à cette collaboration mais ceci est une autre histoire. « Monsieur Boulboul » est un excellent divertissement à la fois comédie musicale et film d’action. Les péripéties s’enchaînent tambour battant. Le duo comique que forment Farid Al Atrache et Ismaïl Yassin semble monter sur ressort et ne laisse aucun répit aux spectateurs. Sabah qui incarne deux personnages ne manifeste pas moins de fougue et de fantaisie que ses deux partenaires masculins. Pour ce film, Farid Al Atrache a composé l’une de ses plus belles partitions. La chanson « Ya Nagham » interprétée par Sabah et qui débute par un solo de clarinette est un petit chef d’œuvre.


Samedi 13 septembre à 15h

La Dame du Château de Kamal EL Sheikh (Sayyidat al-Qasr, 1958)
avec Faten Hamama (Sawsan), Omar Sharif (Adel), Ferdoos Mohamed (la tante de Sawsan), Stephan Rosty (Shafiq, l’intendant d’Adel), Zouzou Madi (Malik Hanem), Elham Zaki (Samar), Omar El Hariri (Docteur Mustafa, vétérinaire), Shafik Nour El Din (le Sheikh Abdoul Sattar), Eskandar Mansy (le directeur du domaine)
Scénario : Hussein Helmy Al Mohandes
Production : Hassan Ramzy et Les Films Misr International (Youssef Chahine)


Sawsan est une jeune orpheline qui travaille dans une entreprise d’import-export mais elle projette de faire des études de droit pour devenir avocate. Elle vit chez sa tante dans un modeste appartement. Un jour, de retour du bureau, elle casse une chaise du salon. Pour la remplacer, elle se rend à la salle des ventes où elle espère en trouver une à un prix raisonnable. Dans l’assistance, elle observe un jeune homme qui souhaite acheter un tableau en canevas représentant un paysage. Sawsan est tellement sidérée par la somme que l’inconnu a payée pour acquérir « l’œuvre d’art » qu’elle ne peut s’empêcher de faire un commentaire à haute voix. Le jeune homme l’ a entendue et lui demande de s’expliquer. Sawsan, nullement impressionnée, affirme que le tableau ne vaut pas le prix qu’il a atteint lors des enchères et qu’elle-même serait capable d’en réaliser un aussi bien pour un montant nettement moins élevé. Son interlocuteur lui donne dix jours pour réaliser un tableau en canevas qu’il s’engage à lui acheter. Au jour dit, Sawsan se présente chez l’inconnu avec son œuvre. Le jeune homme s’appelle Adel, il possède une immense fortune et habite dans un palace. C’est un Dom Juan qui aime s’amuser et multiplie les conquêtes féminines. Il est charmé par Sawsan et à sa seconde visite, il essaie de l’embrasser de force. La jeune orpheline s’enfuit, bien décidée à ne plus revoir son agresseur. Mais Adel est sincèrement tombé amoureux de Sawsan et il finit par la retrouver pour la demander en mariage. Les deux jeunes mariés passent leur voyage de noces à Alexandrie. A leur retour, Sawsan manifeste le désir de prendre en main la gestion de son foyer. Elle va vite déchanter : les « amis » de son mari ne tardent pas à reparaître et ils se comportent comme s’ils étaient chez eux…

Notre avis : dans les années cinquante, Omar Sharif et Faten Hamama sont devenus le couple mythique du cinéma égyptien. Ils se rencontrent en 1954 sur le tournage d’un film de Youssef Chahine, ils se marient et jouent ensemble dans de nombreux films. « La Dame du Château » est l’avant-dernier qu’ils tournent conjointement. Après une ultime collaboration artistique en 1960, Omar Sharif se consacrera à sa carrière internationale. Ce film reprend un thème fort prisé par le public populaire de l’époque : un jeune homme très riche s’éprend d’une jeune fille pauvre et pour la conquérir et la garder, il devra abandonner son existence dissolue et ses mauvaises fréquentations. Ce film ne fait pas partie des chefs d’œuvre de Kamal El Sheikh, l’un des plus grands réalisateurs du cinéma égyptien, même s’il a un charme indéniable du en grande partie à ses deux vedettes. Ce qui sauve aussi le film du cliché et du convenu, c’est le personnage incarné par Omar Sharif. Loin d’être un gentil prince charmant pour conte de fées moderne, il manifeste une personnalité complexe avec sa part d’ombre. C’est un être violent, impulsif, jouisseur, et au final assez inquiétant.


Vendredi 12 septembre à 19h30

Salama va bien de Niazi Mostafa (Salama fi Kheir, 1937)
avec Naguib al Rihani (Salama), Amina Zehni (la belle-mère de Salama), Raqiya Ibrahim (Jihan Rostom), Hussein Ryad (le Prince Kindahar), Menassa Fahmy (l’assistant du prince), Mohamed Kamel Al Morsi (Bayoumi Morgan, le voisin de Salama), Rawhiya Khaled (Nahid, la servante de Jihan), Hassan Fayek (Fayek Rostom), Stephan Rosty (Rostom Pacha), Fouad Shafik (Khalil Hindawi, le propriétaire du magasin de tissus), Ferdoos Mohamed (la femme de Salama), Omar El Hariri (l’enfant), Fouad Al Masry (le directeur de l’hôtel), Edmond Tuema (un vendeur de tissus), Emile Asahiso (le comptable), Madame Gerbis (la mère de famille nombreuse, voisine de Salama)
Scénario : Badie Khairy et Naguib Al Rihani, d’après la pièce de Sacha Guitry « Le Sosie »
Musique : Abdul Hamid Abdul Rahman et Mohamed Hassan Al Shugai
Production : les Studios Misr
figure dans la liste des 100 films les plus importants de l'histoire du cinéma égyptien


Comédie. Salama, employé dans un grand magasin de tissus, doit porter à la banque une grosse somme d’argent. Un incident sur le parcours le contraint à rester plusieurs heures au commissariat. Une fois libéré, il reprend sa course mais trop tard : la banque est déjà fermée. Il retourne au magasin et comble de malchance, la grille de l’entrée est baissée. Un panneau annonce une fermeture exceptionnelle en raison d’un heureux événement survenu dans la famille du directeur. Son domicile n’étant pas sûr, Salama décide de passer la nuit dans le luxueux Nefretiti Palace Hotel et de déposer sa précieuse sacoche dans le coffre de l’établissement. Mais à la suite d’un quiproquo, Salama est pris pour le richissime Prince Kindahar du Baloudestan qui doit séjourner lui aussi à l’hôtel. Loin de s’en offusquer l’éminent personnage propose au petit employé de le remplacer pendant quarante-huit heures. Il est curieux de savoir comment les gens se comportent à son égard sans son titre de prince et il veut tester les sentiments d’une jeune femme qui prétend l’aimer. Salama accepte la mission et c’est avec le plus grand sérieux qu’il accomplit les tâches officielles du monarque…

Notre avis : ce premier long métrage de Niazi Mostafa est devenu un classique. On est frappé par la grande maîtrise de leur art dont font preuve le jeune cinéaste et ses collaborateurs, tous Egyptiens (et c'est une première !). « Salama va bien » est l’une de ces oeuvres qui grâce aux studios Misr vont permettre au cinéma égyptien de s’aligner sur les standards internationaux. Cette adaptation d’une pièce de Sacha Guitry est une comédie brillante qui fustige allégrement la vanité de l’argent et du pouvoir ainsi que la servilité et l’hypocrisie de leurs courtisans. L’illustre comédien Naguib Al Rihani est tour à tour émouvant et désopilant dans ce rôle de petit employé qui devient un prince craint et admiré. A ses côtés, Raqiya Ibrahim subjugue par sa beauté et son maintien aristocratique alors qu’elle a à peine dix-huit ans. Et puis ce qui fait tout le prix de cette comédie, c’est sa subtilité et sone extrême élégance : les auteurs n’ont jamais recours aux facilités de la farce, la satire sociale ne tombe jamais dans la caricature grossière. On se demande encore comment de tels films peuvent rester ignorés de la plupart des cinéphiles occidentaux !


Jeudi 11 septembre à 23h

Une demi-heure de mariage de Fateen Abdel Wahab (Noss Saha Jawaz, 1969)
avec Rushdy Abaza (Docteur Hosny), Shadia (L'infirmière Fatima), Adel Imam (Sameh),Magda El-Khatib (Daliah), Hassan Mostafa (Saïd), Samir Sabri (Hamdi),Youssef Shabaan (dans son propre rôle), Nagla Fathy (dans son propre rôle), Abdel-Moneim Ibrahim (dans son propre rôle), Nahied Yousri (une patiente du docteur Hosny), Magie (l'amie italienne), Aleya Abdel Moneim (la soeur de Fatima)
Scénario et dialogues : Ahmed Ragab
Adaptation d'une pièce de théâtre française, Fleur de Cactus, écrite par Pierre Barillet et Jean-Pierre Grédy
Musique : Fouad El Zahry
appréciation : 3/5


Comédie. Le docteur Hosni est un dentiste célèbre pour sa vie amoureuse très agitée. Pour échapper au mariage, il prétend à toutes ses conquêtes qu’il est déjà marié et qu’il a des enfants. Fatma, son assistante, gère toutes ses affaires, aussi bien professionnelles que privées. Elle est secrètement amoureuse de son patron et les nombreuses aventures de celui-ci l’exaspèrent.
Un soir qu’il doit sortir avec Dalhia, sa maîtresse du moment, il reçoit à son cabinet la visite d’une amie italienne. Il décommande aussitôt son précédent engagement afin de passer la nuit avec elle. Pour faire avaler la pilule à Dalhia, il joint à son mot d’excuse, un gigantesque bouquet de fleurs. La jeune femme n’est pas dupe et ce désistement de dernière minute la rend folle de désespoir. Elle tente de se suicider par le gaz. Heureusement, elle est sauvée in extremis par un jeune voisin qui travaille comme doublure dans le cinéma. Le lendemain, le docteur Hosni à qui Dalhia avait envoyé un télégramme pour le prévenir de son geste fait irruption chez elle. Il tente de la réconforter et lui propose le mariage. Elle refuse puisqu’il est déjà marié. Hosni prétend alors qu’ils sont en instance de divorce car sa femme est amoureuse de son cousin. Pour avoir la certitude qu’il dit vrai, Dalhia veut rencontrer son épouse. Le docteur Hosni a une idée lumineuse : il demande à Fatma son assistante de se faire passer pour sa future ex-femme…

Notre avis :une comédie légère et pétillante signée Fateen Abdel Wahab, le réalisateur attitré d’Ismaïl Yassin dans les années cinquante. Pour ce film, il a invité un grand nombre de vedettes de l’époque. Ce casting prestigieux est au service d’un divertissement conçu selon les standards du cinéma commercial des années soixante. Fateen Abdel Wahab est un cinéaste prodigieusement doué et il en fait la démonstration dans cette comédie : un rythme trépidant, des situations rocambolesques et des personnages qui allient fantaisie et glamour. A maintes reprises, on pense au Billy Wilder de « La Garçonnière » ou de « Embrasse-moi, Idiot ». Peut-être pourrait-on trouver à certains gags, à certaines répliques ou au jeu de certains acteurs un caractère « too much » mais l’énergie qui se dégage de l’ensemble emporte tout.


Mercredi 10 septembre à 23h

La Danseuse et le Percussionniste d’Ashraf Fahmy (Al Raqissa w Al Tabbal, 1984)
avec Nabila Obeid (la danseuse Mabahij), Ahmed Zaki (Abdo), Zizi Moustafa (la danseuse Narcisse), Ahmed Ghanem (Abou Shafah, l’ami d’Abdo), Nabila El Sayed (Qamar, la sœur de Mabahij), Adel Adham (Naseh, le beau-frère de Mabahij), Qadria Kamel (la mère de Mabahij), Farouk Fathallah (Mounir, le propriétaire du cabaret), Mohamed Reda (Haridy)
Scénario : Mostafa Moharam et Bahgat Amar d’après une histoire d'Ihsan Abdul Quddus
Musique : Mohamed El Mougy et Ahmed Hamouda
Production : Sina Film, Farouk Fathallah


Abdo est un joueur de darbouka qui a une très haute idée de son art. Il est convaincu que dans un orchestre son instrument prime sur tous les autres. Un soir, dans le cabaret où il travaille, il veut le prouver de manière éclatante en imposant ses rythmes aux autres musiciens ainsi qu’à la danseuse que son orchestre accompagne. En quelques secondes, il se met tout le monde à dos et finit à l’hôpital après avoir été roué de coups par le videur du cabaret. Abou Shafah, son ami, l’engage à faire profil bas s’il veut continuer à travailler. Abdo ne veut rien entendre. Il veut trouver une danseuse de talent afin de monter un duo selon ses conceptions artistiques. Avec Abou Shafah, il part à la recherche de la perle rare en écumant les salles de spectacles et les festivals. Un soir, à Tanta, il découvre une jeune danseuse très douée qui le séduit immédiatement. Elle s’appelle Mabahij et vit avec sa sœur, son beau-frère et leurs cinq enfants. Le père est au chômage et toute la petite famille survit grâce aux cachets qu’elle touche pour ses prestations . Abdo promet à la sœur et à son mari de subvenir à tous leurs besoins s’ils acceptent de laisser Mabahij travailler avec lui. C’est ainsi qu’Abdo peut commencer à répéter avec sa danseuse. Malheureusement, sa rigueur excessive et son mauvais caractère rendent les séances de travail très pénibles pour sa partenaire. Les disputes se multiplient. Un jour, Mabahij s’effondre en hurlant de douleur. Elle doit être opérée de toute urgence mais le coût de l’intervention chirurgicale est considérable. Abdo va alors multiplier les participations à des fêtes familiales et vendre tout son mobilier pour pouvoir récolter l’argent nécessaire à la guérison de Mabahij. Désormais, la jeune femme considère Abdo comme son sauveur et elle tombe amoureuse de lui. Peu après, ils trouvent enfin un directeur de cabaret qui accepte de les engager. Leur spectacle obtient un immense succès et ils signent un contrat qui les délivre de la précarité. Ils ont désormais tout pour être heureux. Mais pour Mabahij, ce n’est pas suffisant, elle veut se marier et avoir des enfants. Abdo refuse de sacrifier sa carrière artistique pour fonder une famille…

Notre avis : Ashar Fahmy et Nabila Ebeid ont souvent travaillé ensemble. Le cinéaste a offert à l’actrice certains de ses rôles les plus marquants, ceux qui lui ont permis de rester en haut de l’affiche après plus de vingt ans de carrière. (Nabila Ebeid obtient son premier grand rôle en 1963, alors qu’elle n’a que dix-huit ans, dans un film de Niazi Mustafa, « Rabaa Al-Adawiya ».)
Quand elle tourne « La Danseuse et le Percussionniste », elle a près de quarante ans. Ce film, tout à sa gloire, multiplie de manière un peu complaisante les scènes de danse pour nous prouver qu’elle reste l’une des plus belles actrices de son temps. Elle a pour partenaire Ahmed Zaki, qui incarne un artiste écorché vif, sombrant progressivement dans la folie. L’acteur restitue, avec son talent habituel, toute l’ambivalence du personnage, à la fois attachant et insupportable, généreux et égocentrique. Le dénouement, malgré sa grandiloquence, met en parallèle de manière éloquente le triomphe de celle qui a su se plier aux règles du succès et la chute pathétique de celui qui refuse de s’y conformer, avec ce constat désespérant : en art, l'exigence est le chemin le plus sûr vers l’échec, la société se montrant  impitoyable à l’égard des artistes authentiques.


Mardi 9 septembre à 13h

Les Lunettes Noires de Houssam Al Din Mustafa (Al-Nazzara Sawdaa, 1963)
avec Nadia Lutfi (Madi), Ahmad Mazhar (Omar), Ahmad Ramzy (Aziz), Sanaa Mazhar (Mervat, la fille du patron), Abdel Khalek Saleh (le directeur de l’usine), Abu Bakr Ezzat (l’un des flirts de Madi), Karima El Sherif, Khalil Badr Eddin (Wali), Enayat Youssef, Fayek Bahgat (Mustafa, un ouvrier), Sayed Abdallah (un collègue d’Omar), Souad Abdullah
Scénario et dialogues : Lucien Lambert et Mohamed Kamel Abdel Salam
D’après une histoire d’Ihsan Abdel Quddus publiée en 1952 avec deux autres récits.
Musique : parmi de nombreux emprunts, on trouve un extrait des « Spirituals for Orchestra IV » de Morton Gould (générique de l’émission de la télévision française « Les Dossiers de l’Ecran»
Production : Abbas Helmy


Madi est une jeune aristocrate très fortunée qui mène une vie oisive. Elle porte en permanence des lunettes noires et parmi ses amis, elle jouit d’une grande popularité. Dans l’existence, elle n’a qu’un seul but : s’amuser. L’après-midi, elle retrouve toute sa bande autour de la piscine et le soir, on danse et on boit jusqu’au milieu de la nuit. La plupart du temps, elle rentre chez elle ivre morte. Madi a un petit ami attitré, Aziz mais celui-ci s’est lassé d’elle et a commencé à courtiser d’autres filles. Pour oublier sa peine, elle s’est mise à boire davantage et à flirter avec des garçons qu’elle connaît à peine. Un soir, elle rencontre un jeune homme différent de ceux qu’elle fréquente d’ordinaire. Il s’appelle Omar et il occupe un poste d’ingénieur dans une usine de textile. Ils vont sympathiser et Omar va tenter de faire partager à Madi sa conception de l’existence ainsi que son amour de la littérature et des arts. Pour la jeune aristocrate, c’est une révolution…

Notre avis : le récit du romancier Ihsan Abdel Quddus se déroule en 1947. Houssam Al Din Mustafa transpose l’action à son époque, ce qui lui permet de brosser un portrait à la fois éclatant et incisif de la société égyptienne des années soixante. Il est donc curieux de lire au début du film que l’intrigue se déroulerait toujours en 1947. Une erreur qui devient dès les premières images un contresens embarrassant.
Ces « Lunettes Noires » peuvent sembler un peu démonstratives voire moralisatrices mais le scénario évite habilement l’écueil du manichéisme : les deux personnages principaux occupent des positions qui s’inversent dans la dernière partie du film et cette inversion constitue l’un des intérêts majeurs de cette histoire. Nadia Lotfi est bouleversante en jeune femme déboussolée, bien loin des clichés de la jeune fille de bonne famille fraîche et ingénue, incarnée à la même époque par Soad Hosny. Ce personnage de « bad girl » constitue une première dans le cinéma égyptien de l’époque et confère au film une modernité singulière.
Sur le plan esthétique, le réalisateur semble vouloir s’aligner sur les standards du cinéma international : les personnages évoluent dans une atmosphère très Dolce Vita, la bande-son est exclusivement américaine, et Nadia Lotfi s’inspire visiblement de Monica Vitti pour composer son rôle. Malgré quelques maladresses, « Les Lunettes Noires » demeure l’un des meilleurs opus de Houssam Al Din Mustafa, cinéaste prolifique capable du meilleur — souvent — comme du pire — parfois.


Lundi 8 septembre à 15h

Un Bienfaiteur d'Helmy Rafla (Fa'el Kheir , 1953)
avec Mohamed Fawzy (Khaïry), Sabah (Soheir), Ismail Yassin (Afkar/Hamido), Zomoroda (Elham Anim), Abdel Ghany Kamar (Anis Effendi, le gérant de la société d’Elham), Menassa Fahmy (le père de Soheir), Zaki Ibrahim (le chirurgien), Abdel Aziz Ahmed (le père de Khaïry), Ferdoos Mohamed (la mère de Khaïry), Zeinat Elwy (la danseuse), Abdel Moneim Basiony (le directeur du théâtre), Anwar Zaky (un ami d’Elham), Aziza Badr (la mère de Sonia), Kawthar Shafik (une des amies d’Elham), Fawzya Ibrahim (Sonia), Alya Fawzy (la servante)
Scénario : Abou Al Seoud Al Ebiary
Musique et chansons : Mohamed Fawzy, Abdel Aziz Salam, Fathy Qoura, Saleh Gawdat, Mustafa Abdel Rahman
Production : Mohamed Fawzy


Comédie musicale. Khaïry vit avec ses parents dans un quartier populaire de la ville. Il est réparateur de vélos et il travaille dans un petit atelier avec un ouvrier du nom d’Hamido. Toutes les maisons du secteur appartiennent à une riche jeune femme, Elham Anim, qui a confié la gestion de ses affaires à un homme impitoyable. Khaïry, lui, a le cœur sur la main et il n’hésite pas à venir en aide aux gens du quartier tant et si bien qu’il lui arrive d’avoir les plus grandes difficultés à payer son loyer. Un soir, il trouve sur la route un bébé abandonné. Dans ses langes, il y a une lettre écrite par la mère de l’enfant : elle annonce qu’elle s’est suicidée. Son mari est mort et son père a refusé de la reprendre, elle et son enfant, car elle s’était mariée sans son consentement. Khaïry décide de se rendre chez le grand-père avec le bébé. Le jeune homme est impressionné par le luxe de la demeure. Il fait la connaissance de Soheir, la sœur de la suicidée avec qui il sympathise immédiatement. Puis arrive le maître des lieux. Celui-ci reste intraitable et il le chasse, lui et l’enfant, tandis que Soheir est terrassée par le chagrin. Khaïry et ses parents décident donc de s’occuper du nourrisson. Peu après, Soheir frappe à la porte de leur appartement. Elle veut contribuer à l’entretien et à l’éducation de l’enfant contre la volonté de son père. Elle est accueillie à bras ouverts mais on refuse son argent. Un peu plus tard, Khaïry chante dans un mariage. Depuis la rue, Elham Anim, l’héritière fortunée qui possède toutes les maisons du quartier, entend la voix de notre héros. Elle est immédiatement sous le charme. Elle parvient à entrer en contact avec le jeune homme qui, grâce à son soutien, va connaître la gloire et la fortune. Bien évidemment, Khaïry n’a pas pour autant oublié Soheir…

Notre avis : c’est la troisième fois qu’Helmy Rafla réunit Mohamed Fawzy et Sabah dans une comédie musicale. On notera que les trois films sont produits par Mohamed Fawzy et il ne faut donc pas s’étonner si les personnages qu’il incarne sont toujours parés de toutes les vertus. A chaque fois, on retrouve l’acteur-chanteur en garçon doux, sensible et spirituel. Séducteur malgré lui, il suscite l’amour de plusieurs femmes même si lui n’en aime vraiment qu’une (Il est formidable !). Dans « Un Bienfaiteur », le héros est aussi d’une générosité et d’une compassion sans borne. Il accepte sans hésiter d’élever un nourrisson que sa famille très aisée a rejeté (Chapeau !). Malgré cet aspect un peu ridicule de l’intrigue, le film n’est pas sans qualités. Helmy Rafla parvient à mêler habilement tous les genres : nous passons sans à coups du drame social à la farce en passant par le drame sentimental et la satire. La tonalité comique repose pour l’essentiel sur Ismaël Yassin qui joue deux personnages, un frère et sa sœur : une idée amusante qui tourne un peu court. Nous avons tout particulièrement apprécié le jeu de Zomoroda parfaite en grande bourgeoise possessive et cynique. Evidemment, comme toujours avec Mohamed Fawzy, dont le talent est strictement proportionnel à l’ego, les numéros chantés et dansés sont un régal pour l’ouïe et la vue !


Dimanche 7 septembre à 23h

Une Ville se déchaîne d'Helmy Rafla (Thawrat el madina,1955)

avec Sabah (Fatima), Mohamed Fawzi (Ahmed), Hussein Riad (le père de Fatima), Qadria Kamel (la tante de Fatima), Ahmed Allam (Haj Saber, le propriétaire de l’usine), Doha Amir (Fatima enfant), Wedad Hamdy (la servante), Suleiman al-Guindy (le petit garçon Al Wadi Galal), Abdel Moneim Ismail (le père de Al Wadi), Ragaa Youssef (la danseuse), Horeya Hassan (la chanteuse)
Scénario : Nairuz Abdel Malek
Musique : Mamoun Al Shinnawi, Fathy Qoura, Riad El Sonbati, Mohamed Fawzi, Ali Farraj
Production : les films du Lotus (Assia Dagher)


Mélodrame musical. La mère de Fatima est morte en lui donnant naissance. Sa tante et sa grand-mère avaient perdu la vie dans les mêmes circonstances. Depuis ce drame, Salim, son père, est convaincu que toutes les femmes de la famille sont condamnées à subir le même sort. Il a décidé que Fatima ne se marierait jamais et qu’elle n’aurait jamais d’enfant. Dès son plus jeune âge, il lui a interdit de fréquenter les garçons et lui a imposé une éducation d’une grande sévérité. Un jour, ils partent tous les deux pour une courte escapade au Caire. A leur retour, ils découvrent que leur maison et l’atelier de verrerie du père ont été totalement détruits par un incendie. Ils n’ont plus rien. Heureusement, le riche propriétaire d’une usine de verrerie propose à Salim une place comme contremaître dans son établissement et il lui offre même un logement dans son domaine. Le père de Fatima accepte le travail mais refuse le logement : il sait que l’industriel a un fils de l’âge de sa fille. Les années passent. Fatima est devenue une jeune femme et Ahmed, le fils du propriétaire de l’usine qui avait séjourné à l’étranger pour ses études, est de retour…

Notre avis : Helmy Rafla abandonne provisoirement la comédie, genre dans lequel il excelle, pour s’aventurer sur les terres plus arides du mélodrame. Disons-le clairement : ce n’est pas son meilleur film. Le scénario repose sur une idée saugrenue. Une terrible malédiction pèse sur toutes les femmes d’une même famille : elles meurent en donnant naissance à leur premier enfant. Le père de Fatima n’a donc qu’une obsession, protéger sa fille de l’amour qui lui serait fatal. On se doute qu’il va s’opposer à tous les prétendants qui osent approcher sa fille mais on devine aussi que l’amour finira tout de même par triompher. Une trame prévisible donc mais un entrelacement de thèmes qui se prêterait fort bien à une interprétation psychanalytique (la mort et l’amour) ou théologique (le destin et le libre arbitre).


Samedi 6 septembre à 19h30

Méfie-toi de Hawa de Fateen Abdel Wahab (Ah min Hawwa, 1962)
avec Rushdy Abaza (docteur Hassan), Madiha Salem (Nadia, la sœur d’Amira), Abdel Moneim Ibrahim (Limaï), Aziza Helmy, Awatif Tikla (Fatia, la servante), Hussein Riad (le grand-père d’Amira), Loubna Abdel Aziz (Amira), Hussein Ismaïl (l’assistant du docteur Hassan), Nahed Sabri (danseuse)
Scénario et dialogues : Mohamed Abou Youssef
Musique : Ali Ismaïl
Production : Ramses Naguib


Une adaptation moderne de la Mégère Apprivoisée de William Shakespeare. Docteur Hassan Shukri est un vétérinaire qui doit s’installer chez un riche propriétaire terrien pour soigner les animaux du domaine. Sur la route, il porte secours à une jeune femme dont la grosse voiture est tombée en panne. La conductrice se montre agressive, traitant le docteur Hassan comme un domestique. Celui-ci découvre peu après que cette charmante personne est Amira, la petite-fille de son employeur. Le vétérinaire fait aussi la connaissance de Nadia, la jeune sœur du dragon qui, contrairement à Amira, est une fille douce et agréable. Nadia a un petit ami mais son grand-père refuse qu’elle se marie tant qu’Amira n’a pas trouvé un époux. Malheureusement, le mauvais caractère d’Amira décourage tous les prétendants qui se présentent. Le docteur Hassan promet au grand-père de l’aider à dresser sa petite-fille. Il la traite tout de suite sans ménagement ce qui déconcerte Amira habituée à plus d’égards. L’attitude cavalière du vétérinaire finit même par l’exaspérer, à tel point qu’un soir elle accuse le docteur Hassan de l’avoir agressée et d’avoir tenté de la violer. Son grand-père sait que c’est faux. Avec le vétérinaire, il monte alors une petite comédie pour donner à la menteuse une bonne leçon : afin de laver l’honneur de la famille, Amira doit épouser son agresseur !

Notre avis : dans cette adaptation très libre de « la Mégère Apprivoisé »e de William Shakespeare, Fateen Abdel Wahab évite tous les pièges qu’un tel sujet pouvait comporter et se garde de toute misogynie grossière. Il nous conte avec élégance et ironie toutes les épreuves que s’imposent les deux héros et parvient à capter notre attention jusqu’à l’inévitable « happy end ». C’est une comédie à l’italienne dont la réussite repose en grande partie sur le talent de ses deux vedettes. Rushdy Abaza est toujours juste, sans rien d’affecté ni de forcé dans son jeu. Quant à Loubna Abdel Aziz, on se dit qu’elle avait bien du talent et que c’est vraiment dommage que sa carrière fût si courte. Fateen Abdel Wahab réunira à nouveau les deux acteurs l’année suivante dans « La Mariée du Nil ».
Dans ce film, la voiture de Rushdy Abaza est une 2 cv Citroën. Pour un homme qui était habitué dans la vie comme à l’écran aux grosses limousines américaines, l’expérience a dû sembler bien exotique !


Vendredi 5 septembre à 19h30


Le Taxi de l’Amour de Niazi Mustafa (Takisi alghiram, 1954)

avec Hoda Soltan (Elham), Zinat Sedqy (Kawakeb), Abdel Aziz Mahmoud (Abdo le chauffeur de taxi), Mahmoud El Meleigy (Fadel Amin), El Sayed Bedeir (Hamzawi, le prétendant d’Elham), Ellen Deatto (une danseuse), Khaireya Khairy (la mère d’Abdo), Hassan Fayek (le frère d’Abdo), Monir El Fangary (un employé du casino), Aly Abd El Al (le propriétaire du théâtre), Abdel Salam El Nabolsi (un chanteur), Saïd Abou Bakr (l’ami d’Abdo)
Scénario : Abou Al Seoud Al Ebiary, Niazi Mostafa
Musique : Abdel Aziz Mahmoud
Production : Abdel Aziz Mahmoud, Kamel Madkour


Abdo est un modeste chauffeur de taxi bien qu’il ait une voix exceptionnelle. Un jour, il rencontre Elham, une jeune fille très riche accompagnée de sa servante. Les deux femmes sont montées dans sa voiture pour fuir Fadel Amin, l'oncle et le tuteur d’Elham qui veut la marier à un homme laid et grossier. Elles lui demandent de les conduire au domicile d’une amie d’Elham qui acceptera de les héberger. Malheureusement, cette camarade n’est pas chez elle. La situation devient délicate pour les deux fugueuses. Elles ne savent plus où aller et elles n’ont pas le moindre sou pour régler le taxi. Elham décide de tout avouer au chauffeur. Ce dernier n’est pas insensible au récit de la jeune femme et il leur offre l’hospitalité pour cette nuit. Il vit dans un grand appartement avec sa mère et son frère Hassan. Malheureusement, Fadel Amin ne tarde pas à retrouver leurs traces. Il a fait publier une annonce dans le journal offrant cinquante guinées à quiconque pourra lui indiquer le lieu où se trouve sa nièce. Malheureusement, un ami d’Abdo est tombé sur cette annonce et s’est rendu aussitôt chez le tuteur pour lui indiquer la cachette d’ Elham. Avec ses hommes, il ramène de force sa nièce à son domicile. Au même moment, Abdo apprend la trahison de son ami et se précipite chez le tuteur pour libérer sa protégée. C’est alors que cette dernière a une idée : elle annonce à Fadel Amin qu’elle est déjà mariée à Abdo. Le vieil homme est obligé de les laisser partir même s’il ne renonce pas à récupérer sa pupille. Abdo accepte d’épouser Elham pour une durée d’un mois. Elle sera alors majeure, elle sera libérée de la tutelle de son oncle et elle pourra récupérer la fortune de ses parents. Mais Elham tombe vraiment amoureuse d’Abdo. Le modeste chauffeur de taxi lui aussi est épris de son « épouse » mais il préfère dissimuler ses sentiments : il est convaincu que leurs différences sociales rendent impossible leur union. C’est alors qu’il s’installe à Alexandrie pour devenir chanteur dans un cabaret. Elham décide de le suivre. Elle aussi sera chanteuse en faisant croire à Abdo qu’elle est Yasmina, sa sœur jumelle résidant à Alexandrie. Si elle vit pauvrement, loin des siens, c’est que sa famille l’a rejetée car elle voulait devenir artiste…

Notre avis : une comédie mièvre, indigne du talent du réalisateur Niazi Mustafa, de son scénariste Abou Al Seoud El Ebiary et de l’actrice principale Hoda Soltan. C’est peu dire que nous sommes restés de marbre devant cette histoire d’un chanteur qui tombe amoureux de la sœur jumelle de sa femme, parce qu’elle, au moins, est pauvre… avant qu’on ne découvre que les deux sœurs n’en font qu’une !
L’intrigue mollassonne repose sur un manichéisme caricatural : le chauffeur de taxi, pauvre mais honnête, affronte un tuteur cupide et prétendument violent (violence toute relative : les échanges entre les deux personnages se limitent à quelques menaces et quelques sourcils froncés.). L’apathie générale est à peine troublée par les séquences musicales : de gentilles chansons accompagnées de danses qui se distinguent par leur amateurisme et leur caractère scolaire.
En réalité, « Taxi de l’Amour » est avant tout un film d’Abdel Azouz Mahmoud, tout à la fois producteur, compositeur et héros de cette bluette pour mamies sentimentales. On peut lui reconnaître un certain talent de chanteur et de musicien. Mais comme acteur, il était nettement plus limité. Sympathique, certes, mais limité.


Jeudi 4 spetembre à 23h

Le Voyage sur la Lune d’Hamada Abdel Wahab (Rehla Ela Al Qamar, 1959)
avec Ismaël Yassin (Ismaïl, le chauffeur du minibus), Rushdy Abaza (l’ingénieur Ahmed Roshdy), Safia Tharwat (Stella), Edmond Tuema (le Professeur Charvin), Ibrahim Younes (le Professeur Cosmo), Soad Tharwat (Tula), Gihan (Dana), Hassan Ismaïl (Farid)
Scénario : Hamada Abdel Wahab
Production : Delta Film Productions (Hamada Abdel Wahab)


Le Professeur Charvin a terminé la construction de sa fusée. Tout est prêt pour ce grand voyage vers la Lune dont il rêve depuis si longtemps. Il compte bien être le premier homme à s’y poser et à l’explorer. Apprenant l’imminence du décollage de la fusée, l’ingénieur Ahmed Roshdy se rend au centre spatial de Monsieur Charvin afin de récolter un maximum d’informations sur ce qui s’annonce comme une avancée majeure dans la conquête de l’espace. Il est accompagné de journalistes du quotidien Al Akbar al Youm et de leur chauffeur Ismaïl. Sur la base, ils sont accueillis par le Professeur Charvin lui-même qui ne veut absolument pas qu’on photographie son invention. Seul, Ahmed l’ingénieur est autorisé à le suivre et à monter dans la fusée. Mais Ismaïl le chauffeur a réussi à échapper à la surveillance des gardiens et il entre lui aussi dans l’engin. Sa présence est aussitôt repérée. Monsieur Charvin le prenant pour un espion, brandit un revolver et s’apprête à tirer. En voulant lui échapper, Ismaïl actionne par inadvertance des manettes du tableau de bord. Catastrophe ! Il vient d’allumer les moteurs. La fusée décolle. Ses trois passagers perdent connaissance. Quand ils recouvrent leurs esprits, la Terre est déjà loin. A leur arrivée sur la lune, Monsieur Charvin et ses deux compagnons sont accueillis par un robot qui les conduit sur une base spatiale. Celle-ci est dirigée par le Professeur Cosmo, l’ancien directeur d’un centre de recherche sur l’énergie atomique. Il raconte à ses visiteurs que la Lune a été le théâtre d’un conflit nucléaire il y a une quinzaine d’années. Il avait réussi à trouver refuge à l’intérieur de cette base avec sa fille et six autres jeunes filles. Malheureusement son épouse n’a pas survécu à cette guerre. Depuis, lui et sa petite communauté survivent grâce à des pilules qui leur assurent l’essentiel de leur subsistance.

Notre avis : un film qui mériterait de devenir culte. Nous sommes très proche de l’esthétique des nanards d’Ed Wood : des décors en carton-pâte, une fusée et des robots tout droit sortis d’un dessin d’enfant, des effets spéciaux « faits maison ». Bref, de la science-fiction considérée comme un art naïf et dans son genre, « Le Voyage sur la Lune » constitue une réussite éclatante. Les auteurs se sont visiblement inspirés du film américain « Fusée pour la Lune » (Missile to the Moon) de Richard Cunha sorti l’année précédente. Il n’empêche que la « copie » égyptienne nous semble bien supérieure à son modèle en raison de son absence totale d’esprit de sérieux. Le réalisateur nous convie à une escapade cosmique pleine de fantaisie, un peu dans l’esprit du grand Georges Méliès qui réalisa en 1902 le tout premier « Voyage sur la Lune » du septième art..
Et pour ne rien gâcher, les sept actrices qui incarnent les jeunes femmes qui entourent le Professeur Cosmo sont d’une beauté à couper le souffle. Dans l’une des séquences du film, cinq d’entre elles exécutent une danse incroyable, très loin du style oriental habituel. La jeune femme au corps de déesse qui joue Stella, l’amoureuse de l’ingénieur Ahmed Rushdy, s’appelle Safia Tharwat. Elle fera une carrière d’actrice très brève car elle était avant tout une sportive de premier plan. Elle sera notamment à l’origine du développement en Egypte de la nage synchronisée. Tant pis pour le cinéma…


Mercredi 3 septembre à 19h30

Rendez-vous avec un inconnu d'Atef Salem (Maweed maa maghoul, 1959)
avec Omar Sharif (Magdi), Samia Gamal (Nana, auxiliaire de police), Hala Shawkat (Nadia), Fakher Fakher (Soubhy), Youssef Fakhr El Din (Rachad), Omar Al Hariri (officier de police), Reyad El Kasabgy (le gardien de l'usine), Kamal Hussein (Amin), Thuraya Fakhry (mère de Rachad), Salah Nazmi (le médecin)
Scénario : Youssef Issa
Musique : Mohamed Abdel Wahab
Production : les Films Mohamed Abdel Wahab et les Films Barakat
appréciation : 3/5


Amin est un industriel. Depuis qu’il a constaté que son entreprise était l’objet d’importants détournements de fonds, il reçoit des lettres anonymes lui enjoignant de garder le silence. Amin veut lui-même enquêter avant de prévenir la police. Il convoque Rachad, son jeune comptable. Lors de leur entretien, Amin explique à son interlocuteur qu’il est certain de son innocence mais que quelqu’un a tenté de le faire accuser en falsifiant ses livres de comptes. Tandis qu’ils discutent, un homme s’est introduit dans la voiture de Rachad pour se saisir du revolver qui se trouve dans la boîte à gants. L’inconnu pénètre dans les locaux de l’entreprise et tire sur Amin qui s’effondre mortellement blessé. Poursuivi par le gardien, Rachad se sauve. Sur la route il est arrêté par un étrange personnage qui lui garantit l’impunité bien que tout l’accuse. Il doit disparaître et garder le silence sur tout ce dont il a été le témoin. Après avoir fait ses adieux à sa mère et à sa sœur, Rachad s’envole pour le Soudan. La police a pris l’affaire en main mais elle ne parvient pas à identifier un coupable. Magdi est le jeune frère d’Amin qui fait des études à l’étranger. Il rentre en Egypte pour mener sa propre enquête.

Notre avis : bien que le scénario comporte des facilités, des contradictions et des invraisemblances (oui, ça fait beaucoup !), « Rendez-vous avec un inconnu » est un thriller qui emporte quand même l’adhésion grâce à son atmosphère de roman noir, ses personnages énigmatiques et surtout grâce à la relation incandescente qui unit Omar Sharif et Samia Gamal, ou du moins leurs personnages. Le premier est magistral en héros d’une beauté sombre et altière qui voit avec effroi la réalité se dérober sous ses pas. Et la seconde incarne avec maestria un Dom Juan féminin d’une sensualité diabolique. La beauté des images d’Alexandrie et de ses environs ravira les nostalgiques d’une époque et d’un art de vivre à jamais révolus.


Mardi 2 septembre à 17h

Filles d'aujourd'hui d'Henry Barakat (Banat Al Youm, 1956)
avec Ahmed Ramzy (Fathi), Abdel Halim Hafez (Khaled), Magda Al Sabahi (Salwa), Serag Mounir (le docteur Lotfi), Amal Farid (Layla), Cariman (Buthaïna, la meilleure amie de Layla), Thuraya Fakhry (la mère de Buthaïna), Nawal Mustafa (Najwa), Ellen Diato (Sonia)
Scénario : Henry Barakat et Youssef Issa
Musique : Mohamed Abdel Wahab
Production : les Films Mohamed Abdel Wahab

L’une des scènes du film reprend à l’identique des éléments du chef d’œuvre du cinéma américain, Une Place au Soleil de George Stevens (1951). Même cadre : une fête dans une grande maison de maître ; même musique : Barakat utilise le thème du film américain composé par Franz Waxman ; mêmes costumes : les deux sœurs Salwa et Layla portent une robe identique, copiée sur celle que porte Liz Taylor dans le film de George Stevens ; et même coiffure : Amal Farid a été coiffée pour ressembler au plus près à la jeune actrice américaine. Hommage ou plagiat ?


Comédie musicale. Suleiman Lotfi est un gynécologue qui a trois filles. Salwa est l’aînée, c’est une fille douce et raisonnable qui depuis la mort de leur mère s’occupe de ses deux sœurs plus jeunes, Layla et Najwa. Si la seconde est encore une enfant, la première est une jeune fille insouciante et frivole qui ne pense qu’à s’amuser avec Buthaïna, sa meilleure amie. Fathi, un artiste peintre, est tombé amoureux de Salwa et son ami Khaled veut l’aider à conquérir la jeune fille. Celui-ci est d’autant mieux placé pour le faire qu’il connaît personnellement le docteur et que tous les deux fréquentent le même club. Khaled va sympathiser avec Salwa et provoquer une rencontre avec Fathi. De son côté, il n’est pas insensible au charme de Layla, la deuxième fille du docteur Lotfi. Ils finissent par sortir ensemble et échafaudent des projets communs. Mais les événements à venir vont révéler que Khaled et Salwa sont irrésistiblement attirés l’un vers l’autre…

Notre avis : une très belle comédie musicale avec en vedette celui qui s’apprête à détrôner Farid Al Atrache, le tout jeune Abdel Halim Hafez (aucune rivalité entre les deux hommes qui étaient amis). Les cinq chansons qu’il interprète dans ce film ont été composées par Mohamed Abdel Wahab et parmi elles, figure « Awak » (Je vous Adore), l’un des plus grands « tubes » du chanteur. Henry Barakat peint avec sensibilité et subtilité la naissance de l’amour qui provoque la plus grande confusion dans les cœurs de ses jeunes héros. Amal Farid et Cariman jouent avec un naturel sidérant les jeunes filles complices et insouciantes (destins parallèles de ces deux actrices : elles débutent en même temps et mettent brutalement un terme à leur carrière l’une en 1967 et l’autre en 1968, alors qu’elles ont à peine trente ans.)


Lundi 1er septembre à 17h

La Mariée du Nil de Fateen Abdel Wahab (A'roos El Nil, 1963)
avec Loubna Abdel Aziz (Hamis, la mariée du Nil), Rushdy Abaza (le géologue Sami Fouad), Shweikar (Didi, la fiancée de Sami), Abdel Moneim Ibrahim (Fathy, le collègue de Sami), Fouad Shafik (Docteur Hassan, inspecteur des Antiquités), Abdel Khalek Salah (le président de la société pétrolière), Esmat Mahmoud (Layla, l’assistante du docteur Hassan), Hussein Ismaïl (Rashwan, le chef de chantier), Farhat Omar (Docteur Chedid)
Scénario : Kamel Youssef et Saad Eddin Wahba
Sur une idée de Loubna Abdel Aziz
Musique : Ali Ismaïl, Abdul Hamid Abdul Rahman, Ahmed Shafek Abou Auf 
Production : Ramsès Naguib


Comédie. Sami est un géologue qui s’installe pour quelque temps à Louxor afin de superviser le forage d’un puits de pétrole en plein milieu d’un site archéologique. Dès sa première journée de travail, il doit affronter le Docteur Hassan, inspecteur des Antiquités ainsi que son assistante. Les deux personnages tentent de dissuader Sami d’entamer son œuvre de destruction et le menacent d’en informer le ministère. Le lendemain, un autre souci attend le géologue : les ouvriers refusent de continuer à creuser ; ils craignent d’abîmer les tombes qui sont dans le sous-sol et d’être ensuite frappés par la malédiction du Pharaon. Et dernier désagrément : une femme du temps des Pharaons apparaît au milieu des ruines. Seul, Sami peut la voir. Cette séduisante personne est venue du monde des morts pour empêcher tout forage sur le prestigieux domaine construit par ses ancêtres. Elle entreprend de rendre la vie impossible au géologue…

Notre avis : on trouvera bien des analogies entre cette mariée du Nil et la comédie musicale d’Henry Barakat « Mademoiselle Diablesse » qui date de 1949. Dans ces deux films, un fantôme féminin ayant vécu à une époque très reculée s’amuse à perturber l’existence d’un homme d’aujourd’hui. Si « Mademoiselle Diablesse » est un chef d’œuvre, il n’en est pas de même pour le film de Fateen Abdel Wahab qui reste néanmoins un agréable divertissement avec un message estimable : l’Egypte ne doit pas sacrifier son patrimoine exceptionnel au nom d’impératifs économiques et industriels. Les cinéphiles apprécieront dans la scène du mariage, la référence évidente au film d’Henry Barakat qui lui-même s’inspirait de la comédie américaine de René Clair « J’ai épousé une sorcière » datant de 1942. Dans les trois films, l’héroïne use de pouvoirs surnaturels pour perturber la cérémonie qui doit unir celui qu’elle aime avec une rivale. Cette « Mariée du Nil » offrit à l’actrice Loubna Abdel Aziz l’un des rôles les plus marquants de sa trop courte carrière.




dimanche 31 août 2025

Des Nuits Révolues (Layla lan Tahoud, 1974)

ليالي لن تعود
إخراج : تيسير عبود


Taysir Aboud a réalisé Des Nuits Révolues en 1974.
Distribution : Nahed Sherif (Mona), Salah Nazmi (Radwan, le mari de Mona), Nour Al Sherif (Hussein Qadri), Boussy (Layla, la fille de Radwan), Mohamed El Araby (Adel),Afaf Wagdy (la servante), Soheir Zaky (danseuse), Ali Ezz Eddin (l’inspecteur de police)
Scénario : Ahmad Abdel Wahab et Mohamed Osman
Musique : Fouad El Zahiry
Production : les Films du Nil

Nahed Sherif et Salah Nazmi



Nour Al Sherif



Nahed Sherif



Boussy et Nahed Sherif



Nahed Sherif et Mohamed El Araby



Mohamed El Araby et Nahed Sherif



Mohamed El Araby















Résumé

Mona est la jeune épouse de Radwan, un homme très riche. Avec eux, vit Layla, la fille de Radwan, issue d’un premier mariage. Cette dernière a fait la connaissance d’un jeune homme, Hussein et elle ne cache pas à sa belle-mère les sentiments qu’elle éprouve pour lui. Mona décide d’en parler à son mari et elle parvient à le convaincre de recevoir le jeune homme. Quand celui-ci fait son apparition à leur domicile, Mona découvre avec horreur que le futur fiancé de sa belle-fille est un homme qu’elle avait follement aimé autrefois et qui l’avait abandonnée sans aucun scrupule. Une fois Hussein parti, Mona conseille à son mari de ne pas précipiter le mariage. Par la suite, elle tente de chasser son ancien amant de leur existence mais celui-ci l’a menacée de révéler leur liaison passée à son mari. Hussein poursuit son entreprise de séduction non seulement auprès de Layla mais aussi auprès de son père avec qui il est devenu ami. Mais cela ne lui suffit pas : il propose à Mona de redevenir amants. C’en est trop pour celle-ci. Elle décide de tout révéler à son mari. Alors que ce dernier est en compagnie d’Hussein dans un cercle de jeux, elle lui demande au téléphone de la rejoindre immédiatement chez eux. Hussein comprend ce qui va se passer. Il se précipite sur le véhicule de Radwan et sectionne les câbles de freins. Le mari de Mona se tue sur la route et la police conclut à un accident car il avait consommé de l’alcool. Désormais, Mona s’est donné une mission : arracher Layla des griffes d’Hussein . En surprenant une dispute entre sa belle-mère et Hussein, Layla finit par comprendre que son bien-aimé est un être abject responsable de la mort de son père. Mona conseille à la jeune femme de se réfugier chez une tante tandis qu’elle-même va s’installer dans un hôtel en bord de mer. 
C’est là qu’elle fait la connaissance d’Adel, un jeune avocat. Ils sympathisent immédiatement et tombent amoureux l’un de l’autre. Avec ce nouveau compagnon, Mona semble retrouver le goût du bonheur mais quand celui-ci la demande en mariage, elle refuse catégoriquement et se ferme. De retour dans sa chambre, Mona laisse libre cours à son désespoir et boit plus que de raison. Quand Adel la rejoint, la jeune femme est dans un triste état et l’avocat comprend qu’elle est rongée par un terrible secret. Au même moment, Adel est contacté par la police : pour les besoins d’une enquête, on lui demande d’installer des micros dans la chambre de Mona. Il s’exécute et peu après, la jeune femme fait une terrible confession à son jeune ami : elle a tué Hussein alors qu’il essayait de la violer. Aussitôt après, des policiers font irruption dans la chambre d’hôtel et arrêtent Mona. Avant leur séparation, Adel lui renouvelle sa demande en mariage et lui promet de l’attendre.


Critique

« Des Nuits Révolues » est un film construit autour de l’un des sex symbols de l’époque, la sulfureuse Nahed Sherif. Il a été réalisé par Taysir Aboud, un cinéaste sans grande envergure ayant beaucoup travaillé avec l’actrice dans les années soixante-dix, tout comme l’un des scénaristes du film, Ahmed Abdel Wahab, qui lui bénéficie d’une solide réputation. Mohamed Othman, un autre auteur expérimenté, s’est associé à son collègue pour nous concocter ce drame dans lequel deux femmes sont les malheureuses victimes du même séducteur sans scrupule. Ce personnage est incarné par Nour El Sherif qu’on a peu l’occasion de voir dans un rôle de méchant comme celui-ci.

Disons-le sans ambages : le film est raté. La faute à un scénario décousu : il est constitué de deux parties indépendantes avec des lieux, des personnages et surtout un ton totalement différents. Seul point commun reliant ces deux parties, l’héroïne. On a l’impression que chacun des deux scénaristes s’est chargé d’une des deux parties sans vraiment se concerter avec son collègue (adeptes du cadavre exquis ?), ce qui donne quelque chose à la limite de l’incohérence. Comment expliquer que Layla, la belle-fille de l’héroïne, personnage central de la première partie, ne reparaisse à aucun moment dans la seconde ? Mais peut-être est-ce dû à l’agenda surchargé de Poussy, l’actrice qui l’incarne. En 1974, celle-ci est partout, à la télévision, au théâtre et bien sûr au cinéma. Petite précision en passant : Poussy et Nour El Sherif sont mari et femme depuis 1972 et le resteront jusqu’en 2006, date de leur divorce.

Initialement, le film devait s’intituler « Nue dans les rues d’Égypte ». Un titre prometteur mais mensonger — Nahed Sherif n’y apparaît jamais nue — qui annonce de manière explicite les intentions des auteurs. Les deux héroïnes, sont constamment vêtues de tenues provocantes : jupes ultra-courtes, décolletés vertigineux, souvent en décalage total avec la gravité des scènes. Ce contraste crée un mélange étrange de mièvrerie sentimentale et d’érotisme soft.. Du coup, il est difficile pour le spectateur de compatir au chagrin, à la détresse des deux héroïnes qui tout en sanglotant offrent à la vue de tous, leurs appâts les plus éloquents.

En matière d’érotisme, il y a même une scène qui est à deux doigts de franchir les règles de la bienséance. C’est celle où l’héroïne se retrouve avec son jeune amant sur la plage. Le maillot de bain de celui-ci dissimule à peine l’émoi qu’éprouve l’acteur (ce n’est plus le personnage !) en tenant dans ses bras Nahed Sherif en petit bikini. 

On comprend donc que pour les producteurs, une esthétique racoleuse devait compenser la faiblesse du scénario. En vain, car le film connut un échec retentissant à sa sortie.

Pour conclure sur une note positive, les nostalgiques des années soixante-dix apprécieront la scène où les deux héros dansent sur un hit de 1972, « Pop Concerto Show » par le Pop Concerto Orchestra, groupe « fantôme » créé par les compositeurs à succès Paul de Senneville et Olivier Toussaint. Evidemment, cela ne suffira pas à trouver de l’intérêt à ce petit film mal ficelé.

Appréciation : 1/5
*

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

samedi 16 août 2025

A la télé : les films du jour (Rotana Classic du 16 au 31 août)

روتانا كلاسيك

Quels films peut-on voir sur la chaîne Rotana Classic ? Les horaires donnés sont ceux de l'après-midi ou de la soirée (heure de Paris). La plupart des films sont ensuite rediffusés le lendemain matin.
Rotana Classic a remplacé Rotana Zaman en 2012. Cette chaine fait partie du groupe Rotana basé en Arabie Saoudite et spécialisé dans le divertissement (télévision et musique). Celui-ci a été créé par le prince Al-Walid ben Talal ben Abdelaziz Al Saoud, membre de la dynastie Al Saoud et petit-fils du fondateur de l'Arabie Saoudite. Comme son nom l’indique, Rotana Classic diffuse essentiellement les grands classiques du cinéma égyptien. Disponible en France.


Dimanche 31 août à 19h30

Fils d’Aristocrates d’Hassan El Seifi (ibn Zawat,1953)

avec Ismaïl Yassin (Ismaïl Yassin), Kitty (Kitty), Mohamed El Tabei (Abdul Rahim Al Kabir, l’oncle d’Ismaïl), El Sayed Bedeir (Abdel Mawgood, le fils d’Abdul Rahim), Omar El Gizawy (le serviteur d’Abdul Rahim), Abdel Salam El Nabolsi (Sharif, l’ami d’Ismaïl), Nagah Salam (Nagah la chanteuse), Serag Mounir (Hafez, l’ami d’Abdul Rahim), Mimi Chakib (Amina la femme d’Hafez), Zouzou Chakib (Habhana), Mohamed Kandil (le chanteur), Stephan Rosty (Shimon)
Scénario : Hassan El Seifi, Stephan Rosty, Zaky Saleh
Paroles des chansons : Fathy Koura, Galil Al Bendary, Abdel Wahab Youssef
Musique : Abdel Aziz Mahmoud, Kamal Al Tawil, Mohamed Abdel Wahab, Ali Farrag, Izzat El Gahely
Production : Aflam Misr Algadida et Les films Seraj Mounir


Comédie musicale. Abdul Rahmy Al Kabir, un notable de la campagne, reçoit un télégramme du Caire. Son auteur est Shimon Lisha et ce monsieur l’informe que son neveu Ismaïl lui a signé un chèque sans provision. Il attend au plus vite le règlement de la dette et menace de porter plainte. Abdul Rahmy se rend aussitôt au Caire avec son fils Abdel Mawgood et son serviteur Shabita. Quand le trio arrive à la porte de l’appartement d’Ismaïl, il découvre que celui-ci organise une grande fête avec des amis et la danseuse Kitty. L’oncle explique aussitôt la raison de sa venue et chasse tous les invités de son neveu. Le lendemain, tout le monde se retrouve chez Shimon. Abdul Rahmy Al Kabir accepte de régler la dette d’Ismaïl mais il doit cesser sa vie de fêtard invétéré. Il exige que son neveu se marie au plus vite. Pour cela, le vieil homme toujours accompagné de son fils et de son serviteur, se rend chez son ami Hafez. Il propose à ce dernier de marier sa fille à son neveu. Le papa accepte cette demande en mariage. Pendant ce temps-là, Ismaïl se trouve avec son camarade Sharif dans le cabaret où se produit leur amie la danseuse Kitty. Ce jour-là se produit sur la scène une jeune chanteuse dont Ismaïl tombe aussitôt amoureux. Il lui fait aussitôt une déclaration enflammée. Peu après, Abdul Rahmy Al Kabir retourne chez lui et Ismaïl peut reprendre sa vie d’avant. Malheureusement, il se retrouve très vite à court d’argent. Avec Sharif, il se rend chez Shimon pour obtenir de l’argent mais l’usurier est intraitable. Il ne prêtera pas un sou à Ismaïl…

Notre avis : en 1953, Hassan El Seifi sort ses trois premiers films comme réalisateur à part entière. Ce « Fils d’Aristocrates » est donc l’œuvre d’un tout jeune cinéaste (même s’il a commencé à travailler comme assistant dès 1945, huit ans auparavant). Tout n’est pas parfait dans cette comédie musicale : un scénario qui ne brille ni par son originalité ni par sa finesse, une intrigue reposant sur un petit quiproquo que l’on fait traîner de manière artificielle, de trop nombreuses scènes de conciliabules donnant lieu à des dialogues filandreux et intarissables.
Et pourtant on se laisse prendre au charme de cette comédie musicale sans prétention qui réunit toutes les vedettes de l’époque. On appréciera particulièrement les interventions de Stéphan Rosty, méconnaissable en usurier cupide et grandiloquent. « Fils d’Aristocrates » est aussi l’un des tous premiers films de la grande chanteuse libanaise Nagah Salam. Elle a 21 ans, elle chante fort bien, comme il se doit, et elle joue avec une fraîcheur qui nous touche. Mais celle qui littéralement crève l’écran dans cette comédie, c’est Kitty. La danseuse d’origine grecque y apparaît dans une très longue séquence où elle déploie toutes les facettes de son immense talent, avec la vitalité et l’allégresse qui la caractérisent. Ses chorégraphies rappellent en plus modeste celles des comédies musicales de Naima Akef. En vérité, la présence de Kitty apporte une fougue à un récit qui sans elle en aurait cruellement manqué.


Samedi 30 août à 19h30

Mademoiselle Diablesse de Henry Barakat (Afrita Hanem, 1949)
avec Samia Gamal, Farid El Atrache (Asfour), Ismail Yassin (Booh), Ali Kamel (Qilh), Mohamed Nabi (Halaq), Abdel Salam Al Nabulsi (Mimi Bey, le rival d’Asfour), Stephan Rosti (Abou Alyah, le directeur du théâtre), Lola Sedki (Alyah, la fille du directeur du théâtre), Zeinat Sedki (Warda, la directrice de la pension), Salah Kasin (une vieille dame), Zaki Ibrahim (le vieux sage), Mohamed Sobeih (le chauffeur de taxi), Mohsen Hassanein (le cireur de chaussures)
Scénario et dialogues : Abou Al Seoud Al Ebiary et Henry Barakat
Musique : Farid Al Atrache
Production : les films Farid Al Atrache/Studio Misr


Comédie musicale. Asfour est un chanteur sans le sou qui se produit sur la scène du Théâtre Crème. Il vit à la pension Warda avec ses collègues Booh, Qilh et Halaq. Il est amoureux de Alyah, sa partenaire mais aussi la fille du directeur du théâtre Crème. La jeune femme s’apprête à épouser un jeune homme riche, Mimi Bey. Asfour qui pourtant croit être aimé fait sa demande en mariage auprès du père d’Alyah. Ce dernier exige en dot une somme que le pauvre chanteur est incapable de réunir. Asfour est au désespoir mais le destin va lui porter secours. Alors qu’il erre sans but dans la campagne, un vieux sage vient à sa rencontre et lui donne rendez-vous dans une grotte. Asfour s’y rend accompagné de son ami Booh. Le vieil homme apparaît et remet au chanteur une lampe magique. En sort une petite diablesse du nom de Kahramana. Celle-ci peut exaucer tous ses vœux. Malheureusement, elle est tombée amoureuse d’Asfour et fera tout pour empêcher son mariage avec Alyah.

Notre avis : de 1947 à 1952, Samia Gamal et Farid Al Atrache vont partager le haut de l’affiche de sept comédies musicales. Cette « Mademoiselle Diablesse » constitue certainement l’acmé de leur carrière en couple. C’est une féérie visuelle et sonore dans laquelle les deux artistes semblent touchés par la grâce. La dimension fantastique du récit inspirée des Contes des Mille et Une Nuits n’est pas l’un des moindres charmes de ce film et le réalisateur a su revivifier la figure mythique de l’efrit en la dotant de toute la séduction et de toute la sensualité de son actrice principale.
Profitons-en pour souligner le rôle majeur joué par Samia Gamal dans l’évolution de la comédie musicale égyptienne. Son sens du mouvement et de la comédie a dépoussiéré un genre qui au départ s’inspirait largement de l’opérette traditionnelle d’où le caractère guindé des séquences dansées et chantées. Avec Samia Gamal tout change, le rythme s’accélère, la frénésie s’empare des corps, les répliques crépitent allègrement, la caméra elle-même semble danser comme entraînée par l’euphorie générale. Enfin, grâce à sa fougueuse partenaire, Farid Al Atrache se lâche et nous montre qu’il est bien meilleur acteur dans le registre comique que dans le drame.


Vendredi 29 août à 17h

Agent n°13 de Medhat El Sebaie (El Ameel Raqam 13, 1989)
avec Mohamed Sobhy (Sharif), Eman (Basma), Sabreen (Nahid), Nabil El Halafawi (Ali Hussein), Shaaban Hussein (Sabri), Afaf Rashad (Maha), Samir Wahid (Maher Abbas), Zouzou Nabil (la mère de Sharif), Ali El Gandour (le chef du gang), Hussein El Sherif (officier de police), Saïd Mostafa (officier de police), Ezzat El Mashad (le chef des douanes), Mahmoud Al Iraq (un gangster), Abdul Monem Al Nimr (un gangster), Saleh El Aweil (un gangster)
Scénario : Mahmoud Fahmy
Musique : Hany Shenouda
Production : Screen 2000


Thriller. Charif est un agent des douanes très expérimenté qui suscite la jalousie de bon nombre de ses collègues. Un jour, il est approché par la police. On souhaiterait qu’il infiltre une bande de trafiquants de drogue. Charif est très réticent au début mais il finit par accepter la mission. Il doit se faire passer pour un malfaiteur proposant ses services et on lui loue un appartement de luxe pour qu’il puisse recevoir les membres du gang. C’est ainsi qu’il rencontre Basma, une blonde très séduisante qui occupe une fonction importante dans la filière mise en place par les trafiquants. Sûre de son charme, elle tente de conquérir Charif qui se retrouve dans une situation bien embarrassante : il doit rester en bons termes avec la jeune femme sans pour autant céder à ses avances car il est fiancé à Nahed et l’appartement est truffé de micros…

Notre avis : une comédie mollassonne qui reprend un sujet archi exploité depuis les années cinquante : un policier infiltre un gang de trafiquants et y fait la connaissance d’une femme séduisante qui est soit le chef de l’organisation criminelle, soit la maitresse du chef. Rien de bien neuf donc et le fait qu’ « Agent n°13 » soit une comédie et non un thriller n’ajoute pas grand-chose à l’intérêt du film. Peut-être en aurait-il été autrement si l’on avait confié le rôle principal à un acteur comique talentueux, ce que n’est assurément pas Mohamed Sobhy. Et puis pour ne rien arranger, le film ne comporte quasiment aucune action. Le héros passe de chaise en chaise ou de fauteuil en fauteuil et cause encore et encore. Parfois, il est au lit mais seul ! Bref on s’ennuie ferme malgré la présence de la sémillante Eman qui fut l’un des sex-symbols du cinéma des années quatre-vingt.


Jeudi 28 août à 23h

À la recherche du scandale de Niazi Mostafa (Albahth A'n Fediha, 1973)
avec Adel Imam (Magdy), Mervat Amine (Hanan), Samir Sabri (Sami), Hamdi Salem (le père de Sami), Youssef Wahby (le père d’Hanan), Ahmed Ramzy (Fakry), Imad Hamdi (le père de Sana), Zizi El Badraoui (Sana), Mohamed Reda (Abou Sari), Nawal Abou El Foutouh (la femme mariée), Salah Nazmi (le mari de la femme mariée), Tawfik El Deken (Saber), Hassan Hamed (le cambrioleur), Nagwa Fouad (elle-même), Zouzou Madi (la mère de Sana), George Sedhom (Abdel Azim), Mimi Chakib (la mère de Hanan), Angel Aram (Mona), Sayed Ibrahim (le père de Mona), Mohamed Awad (Aziz), Rakia Damati (la secrétaire), Mohamed Farid (le barman), Naguib Abdo (le dentiste)
Scénario : Farouk Sabry et Abou Al Seoud Al Ebiary
Musique : Samir Sabri et Ahmed Hamouda
Production : Gamal Al-Leithi


Ce film est inspiré d'une comédie américaine réalisée par Gene Kelly en 1967, Petit guide pour mari volage (A Guide for the Married Man).
Magdy quitte son village pour travailler au Caire comme ingénieur. Avant son départ, son père lui donne ses dernières instructions : pour l’honneur de la famille, il faut qu’il se marie au plus vite. Dans la capitale, c’est son collègue Sami qui va l’aider à trouver une fiancée. Celui-ci invite Magdy à l’accompagner dans un club de loisirs qu’il fréquente régulièrement. Le petit provincial repère aussitôt une jeune fille très belle. Il en tombe amoureux fou. Ce sera sa future femme ! Sami lui conseille d’abord de s’assurer qu’elle est bien libre. Après une petite enquête, ils apprennent que la jolie inconnue s’appelle Hanan, qu’elle est célibataire et qu’elle vit chez ses parents. Détail plus embêtant : sa mère souhaite qu’elle épouse l’un de ses cousins.
Sami propose à Magdy une première méthode d’approche. Alors que la jeune femme quitte le parking du club au volant de sa voiture, il s’agit de se jeter devant le véhicule, de rouler sur le capot et enfin de tomber à terre en feignant d’éprouver mille souffrances. Rien ne se passe comme prévu : la chute de Magdy est si maladroite que Hanan n’a aucune pitié pour sa « victime ». Elle est même furieuse. Pire encore : deux jeunes hommes qui ont assisté à la scène prennent notre héros pour un fâcheux sans éducation et le rossent de façon sévère. Evidemment, l’aspirant au mariage et son conseiller ne s’avouent pas vaincus.

Notre avis : pour la première fois dans sa carrière, ’Adel Imam obtient le rôle principal dans un film. Et pour cette comédie romantique, sa partenaire n’est autre que la sublime Mervat Amine, plus belle que jamais. Voilà un jeune acteur comblé ! Si "A la Recherche du Scandale" comporte quelques bons moments, la succession de gags faciles et donc prévisibles finit par lasser. On notera aussi un défaut de structure. Le film ressemble un peu à une comédie à sketches. En effet, le cinéaste et son scénariste ont inséré dans leur récit de courtes séquences réalisées avec la collaboration de « guest stars ». Mais cela fonctionne mal : ces saynètes d’un intérêt très inégal (Celle avec George Sedhom est particulièrement inepte.) cassent le rythme de l’histoire principale sans lui apporter grand-chose.
On remarquera enfin que Niazi Mostafa a fait des emprunts évidents à "Chuchotements d’Amour" de Fateen Abdel Wahab, notamment avec le personnage du père, joué dans les deux films par Youssef Wahbi et celui du cousin « yéyé ». "A la Recherche du Scandale" nous aura au moins permis d’entendre Samir Sabri chanter une version arabe du tube des Middle of The Road, "Chirpy Chirpy Cheep Cheep". Il est à la piscine entouré de nombreux danseurs et la scène rappellera aux plus anciens les émissions de variétés des années 70 conçues par les producteurs français Maritie et Gilbert Carpentier !


Mercredi 27 août à 17h

Viva Zalata d'Hassan Hafez (1976)
avec Fouad Al-Mohandes ( Zalata / Metwally), Shweikar (Nagma, la fille de Zalata), Samir Ghanem (Nuage Jaune, le demi-frère de Nagma), Hassan Abdin (King Size, le chef du gang des Trickers), Tawfiq El-Deken (le fils du chef du gang des Trickers), Nabila Al-Sayed (la propriétaire du saloon), Hassan Mustafa (le shérif), Gamal Ismail (le Général Battista), Salama Elias (le propriétaire de la boîte de nuit), Nabil Al-Hagrassy (le représentant du Ministère du Tourisme), Oussama Abbas (le délégué des Etats-Unis), Nabil Badr (le délégué mexicain), Saif Allah Mukhtar (un compagnon de Zalata), Helmy Hilali (un membre du gang des Trickers), Ahmed Nabil (un compagnon de Zalata), Mohamed Taha (un ami de Metwally), Zouzou Chakib( Naemat), Ezzedin Islam (le croque-mort), Mahmoud Abu Zaid (l’assistant du shérif), Zakaria Mowafi (Hani, fils de la propriétaire du saloon), Samiha Mohamed (la femme du croque-mort), Hussein Fahmy (Billy the kid)
Scénario : Anwar Abdullah
Musique et chansons : Abdel Wahab Mohamed, Kamal Al Tawil, Helmi Bakr, Tarek Sharara
Production : les Films Fouad EL Mohandes


Ibrahim Zalata, pour échapper aux exigences de ses ex-femmes, s’est installé à Texico, une ville située à la frontière des Etats-Unis et du Mexique. Il est devenu Signor Zalata et il a réussi à prendre le contrôle de l’ensemble de la ville. Il a épousé une indienne qui lui donne une fille, Nagma. Mais un jour, Zalata décide de quitter Texico pour partir à l’aventure avec ses hommes. Quinze ans plus tard, il fait son retour. Il découvre que Texico est tombée entre les mains des Trickers, un gang très dangereux. Zalata se rend avec ses hommes dans le saloon de la ville dirigée par une amie de longue date. Il est tout à la joie de ces retrouvailles quand soudain King Size, le chef des Trickers fait irruption dans l’établissement. La confrontation est inévitable. Zalata tire le premier et King Size s’effondre, raide mort. A cette nouvelle, le shérif se rend au saloon et nomme Zalata gouverneur de la ville. Peu après, c’est au tour de Nagma de faire son apparition : elle est devenue une ravissante demoiselle mais elle a perdu l’usage de la parole depuis que sa mère a été tuée par les Trickers. Pendant ce temps-là, dans son repaire, le fils de King Size décide de se venger…

Notre avis : malgré son titre, "Viva Zalata" n'a pas grand chose à voir avec "Viva Zapata" réalisé par Elia Kazan en 1952. Cette comédie, avec en vedette Fouad El Mohandes et Shweikar son épouse, se présente comme une satire des westerns américains qui ont toujours connu un grand succès en Egypte. C’est globalement raté même si on peut apprécier certaines scènes au dixième degré. Les comédiens déguisés en cow-boys ou en indiens évoluent dans un décor de carton-pâte et, au début, ils semblent beaucoup s’amuser à reconstituer tous les clichés du western de série Z. Malheureusement, l’intention parodique progressivement se perd et on a l’impression que tout le monde finit par se convaincre que l’on se trouve dans un vrai western. Le ton de la comédie reparaît dans la deuxième partie du film qui se déroule en Egypte. Ce changement de décor s’accompagne d’un changement d’époque : aux Etats-Unis, les personnages vivaient, comme il se doit, au XIXe siècle mais en Egypte, les voilà projetés dans la société moderne, sans qu’ils s’en étonnent outre mesure. L’effet est un peu étrange mais cela nous vaut le plan le plus réussi du film : Shweikar et Samir Ghanem à cheval et en tenue d’indiens suivis par une foule en délire dans l’une des artères principales du Caire.


Mardi 26 août à 15h

7 heures de Togo Mizrahi (El sa'a saba, 1937)
avec Ali Al Kassar (Othman), Bahiga El Mahdy (la femme d’Othman), Zakia Ibrahim (la belle-mère d’Othman), Ibrahim Arafa (le muet de la banque), Ali Abd El Al (le voisin d’Othman), Hassan Rashid (Hassan Bey)
Scénario : Togo Mizrahi et Ali Al Kassar
Production : Togo Mizrahi
appréciation : 4/5


Othman est employé de banque : il s’occupe du courrier, renseigne les clients et fait le coursier quand il faut remettre ou récupérer des fonds de manière urgente. Pour cette dernière fonction, il a une magnifique bicyclette qui lui permet de se déplacer très rapidement par les rues d'Alexandrie. Il est marié à une couturière. La mère de cette dernière vit avec eux et elle est la propriétaire de l’atelier de couture. Le naturel autoritaire de sa belle-mère déplaît à Othman.
Ce jour-là commence comme tous les autres jours : il trie le courrier reçu, aide un jeune domestique muet à effectuer une démarche à l’un des guichets de l’établissement puis enfourche son vélo pour faire ses premières courses. Hélas ! à peine est-il entré dans une banque où il avait affaire qu’un voleur s’empare de sa bicyclette et disparaît. Quand Othman s’en aperçoit, il court à travers la ville pour la retrouver. Il finira par la récupérer grâce à l’imprudence de son voleur.
A la fin de sa journée, il rentre chez lui où il retrouve son épouse et son insupportable belle-mère. Il décide de sortir avec son voisin. Ils se rendent dans un café pour boire de la bière. Ils rentrent chez eux au milieu de la nuit totalement ivres. Tandis qu’Othman erre encore dans la rue, son voisin s’est installé dans sa chambre. Il faudra s’y reprendre plusieurs fois pour que celui-ci regagne son domicile et qu’Othman retrouve son lit. Avant de s’endormir, l’employé modèle cache en lieu sûr l’argent de la banque qu’il n’avait pas encore livré et met la sonnerie de son réveil à sept heures. Othman s’endort profondément. Dans la nuit deux voleurs s’introduisent dans sa chambre et lui dérobent l’argent de la banque. Quand le lendemain, il découvre le vol, Othman en informe aussitôt la banque. Le directeur refuse quelque arrangement que ce soit et porte plainte.
Le pauvre employé s’enfuit à Assouan , sa ville natale car son oncle qui est le maire de la ville lui doit de l’argent. Quand Othman arrive chez son parent, celui-ci est en train de marier sa fille.

Notre avis : cette comédie est l’une des œuvres majeures des années trente. On la doit à la collaboration d’Ali Al Kassar et de Togo Mizrahi qui travailleront ensemble pendant une dizaine d’années. Ce que nous aimons par-dessus tout dans « 7 Heures », c’est l’art avec lequel ces deux grands artistes mêlent la tradition et la modernité. La tradition avec les emprunts à la farce théâtrale mais aussi avec l’enregistrement sur un mode quasi ethnographique des chants et des danses lors d’un mariage paysan ; et puis la modernité avec le portrait du petit peuple des villes mais surtout avec la multiplication de ces situations immorales que permet le travestissement du héros. En revêtant des habits de femme, Othman rend d’un coup la morale traditionnelle inopérante et tout devient ainsi possible ! On comprend qu’il s’agit pour Togo Mizrahi d’inscrire son travail dans un cadre national tout en adoptant la liberté de ton revendiquée en cette première moitié du XXe siècle par tous les artistes à travers le monde. Un cinéma à la fois égyptien et moderne.
L’influence de ce film sera considérable. Il inspirera notamment ceux qui domineront la comédie dans les années cinquante et soixante : l’acteur Ismaïl Yassin et le réalisateur Fateen Abdel Wahab (voir le film «Mademoiselle Hanafi» en 1954)


Lundi 25 août à 15h

Nous ne sommes pas des anges de Mahmoud Farid (Lasna Mala'eka, 1970)
avec George Sedhom (Ragab), El Deif Ahmed (Ramadan), Samir Ghanem (Sha’aban), Abbas Fares (Hajj Yassin), Shahinaz Taha (Mona, fille de Hajj Yassin), Hassan Mostafa (le gardien chef), Abdel Alim Khattab (l’oncle de Sami), Samir Sabri (Sami, le prétendant de Mona), Nagwa Fouad (la danseuse Elham), Ashraf Abdel Ghafour (Mourad, le neveu de Hajj Yassin, amoureux de Mona), Zakaria Mowafi (le gardien de prison Abdel Hafez), Aleya Abdel Moneim (la femme de Hajj Yassin)
Scénario : Farouk Sabry
D’après la pièce du dramaturge français Albert Husson, La Cuisine des Anges (1952). Cette comédie avait déjà fait l’objet d’une adaptation réalisée en 1955 par le cinéaste américain Michael Curtiz. En 1989, sortira une deuxième adaptation américaine signée Neil Jordan et portant le même titre que le film de Mahmoud Farid. A noter que celui-ci n’est pas la première version égyptienne de l’œuvre d’Albert Husson. En 1964, Hassan Abdulsalam la monte au théâtre avec déjà George Sedhom, El Deif Ahmed et Samir Ghanem.
Musique et chansons : Fouad El Zahry, Mohamed Al Mogy, Hussein El Sayed, Abdelazim Abdelhaqq
Dans cette liste, il y a un absent (un compositeur non crédité au générique mais dont l’une des œuvres est utilisée) : Nino Ferrer. On connaît l’amour de l’acteur Sami Sabri pour la musique pop occidentale et on pourrait citer un très grand nombre de comédies dans lesquelles il interprète des adaptations de tubes européens ou américains. Pour Nous ne sommes pas des Anges, il a choisi Les Cornichons de Nino Ferrer, une chanson de 1966. Certes, ce n’est pas un mauvais choix mais on n’est quand même un peu gêné par le fait que Samir Sabri se contente d’un play-back très approximatif sur l’enregistrement original du chanteur français. Sur le plan artistique, c’est d’un amateurisme absolu, sur le plan éthique, ce n’est pas très élégant.


Comédie musicale. Sha’aban, Ragab et Ramadan sont trois prisonniers particulièrement indisciplinés. Excédée par leurs frasques continuelles, la direction de l’établissement décide de leur transfert à la prison Abou Zaabel. Le véhicule pénitentiaire qui doit les emmener dans leur nouvelle demeure tombe en panne au milieu de nulle part. Une voiture surgit et s’arrête à leur hauteur. L’automobiliste est un vieil homme qui les invite à se rendre chez lui pour attendre les secours. Leur hôte, Hajj Yassin, vit dans une grande demeure avec sa femme et ses deux filles. Contre toute attente, les trois prisonniers et leurs deux gardiens sont accueillis à bras ouverts. Tout le monde sympathise et on improvise une petite fête où chacun chante et danse avant de passer à table. En fait, les trois amis ne tarderont pas à comprendre que derrière cette joie et cette convivialité, la famille est confrontée à de graves problèmes financiers…

Notre avis : c'est le dernier film des Trois Lumières du Théâtre, ce trio d'artistes comiques qui s'était formé en 1966. L'un de ses membres, El Deif Ahmed, est mort brutalement à la fin du tournage et il sera remplacé par une doublure lors de la course poursuite qui clôt le film. Dans la dernière scène, George Sedhom, un autre membre du trio, lui rend hommage par quelques mots d'adieu. Soyons francs : ce dernier opus n’est pas le plus réussi dans une filmographie qui pourtant ne compte pas que des chefs d’œuvre. On retrouve un grand nombre de situations et de procédés déjà exploités dans leurs films précédents au point que l’on pourrait ici parler d’auto-plagiat. L’exemple le plus criant : la première partie qui se passe en prison s’inspire très fortement (et c’est un euphémisme !) de l’une des séquences de la première comédie qu’ils tournent ensemble « Trente Jours en Prison » de Niazi Mostafa. Bref, on a l’impression qu’ils tournent en rond et la participation quelque peu désinvolte de Samir Sabri ne leur est pas d’un grand secours ! L’interminable course poursuite de la fin exaspérera le spectateur le plus bienveillant.


Dimanche 24 août à 23h

Vacances forcées de Nagdy Hafez (Agaza Belafya, 1966)
avec Fouad El-Mohandes (Hussein), Mohamed Awad (Salem), Shweikar (Dounia), Nawal Abou El Fotouh (Amina, la collègue de Dounia), Kawthar El Assal (Sharifa, la complice de Kamal), Hassan Hamed (Kamal, l’escroc), Zouzou Chakib (la tante de Dounia), Adel Imam (un espion), Lebleba (chanteuse), Salama Elias (le directeur du journal), Adel Awad (un enfant), Abdel Ghani El Nagdi (un espion), Fouad Rateb (le bijoutier)
Scénario : Abdel Ghani El Nagdi, Ahmed Al Mula et Hassan Ahmed
Musique : Munir El Meiligy et Fathi Qoura
Production : Alflam Al Nasr Al Arabi


Comédie. Salem et Hussein sont deux amis qui travaillent dans la même administration. En jouant à un concours organisé par un journal, ils gagnent deux semaines de vacances à Alexandrie. Ce prix ne les emballe guère : ils tentent de l’échanger puis de le revendre en vain. Ils ne leur restent plus qu’à partir pour la station balnéaire. Le directeur du journal charge deux de ses reporters, Amina et Dounia, de s’installer dans le même hôtel que les deux gagnants du concours afin de réaliser un reportage. L’une des deux journalistes, Dounia, est une très riche héritière et sa tante craint qu’elle tombe amoureuse de Salem ou de Hussein. La parente confie à deux hommes la tâche de surveiller de près sa nièce. A l’hôtel, se trouvent également un escroc et sa complice en quête de nouvelles victimes à dépouiller. Ils sont très intéressés par la magnifique bague que porte Dounia…

Notre avis : « Vacances Forées » appartient à ce genre très prisé dans les années soixante, celui de la « comédie de plage » avec jeunes gens en maillot de bain jouant et dansant sur le sable. C’est un film construit autour de quatre duos qui se croisent à l’hôtel ou à la plage : Fouad El Mohandès/Mohamed Awad ; Shweikar/Nawal Abou El Fotouh ; Kawthar El Assal/Hassan Hamed ; Adel Imam/Abdel Ghani El Nagdi. Le scénario a été écrit par deux des acteurs principaux du film et on sent dans sa composition le souci des auteurs de mettre en valeur tous leurs partenaires. Le résultat est assez sympathique et l’on suit sans déplaisir les péripéties auxquelles sont confrontés tous les personnages. Bien sûr, il y a des facilités et des naïvetés inhérentes à ce type de productions grand public, mais la réalisation est très soignée et les acteurs en grande forme ! Contre toute attente, le jeu de Mohamed Awad reste supportable. C’est la première fois que celui-ci joue en duo avec Fouad El Mohandes et il faut reconnaître que leur collaboration fonctionne fort bien.


Samedi 23 août à 15h

Poursuite amoureuse de Nagdy Hafez (Moutarada gharamia, 1968)
avec Fouad El-Mohandes (Mounir), Shweikar (Mona), Madiha Kamel (Maria, l’hôtesse italienne), Hassan Mostafa (Fantomas, le maître d’hôtel de Mounir), Abdel Moneim Madbouly (le psychiatre), Camelia (l’hôtesse française), Shahinaz Taha (l’hôtesse américaine), Kawthar Shafiq (l’hôtesse japonaise), Thérèse (l’hôtesse anglaise), Mahmoud Azmy (Sami)
Scénario : Farouk Sabry
Directeur de production : Kamal Hussein


Comédie. Adaptation de la comédie à succès « Boeing Boeing » de Marc Camoletti. Mounir travaille comme contrôleur aérien et c’est un dom juan impénitent qui entretient une relation amoureuse avec cinq hôtesses en même temps, toutes les cinq de nationalités différentes. Pour le soutenir dans ses entreprises amoureuses, Fantômas, son maître d’hôtel fait croire à toutes ses conquêtes que Mounir doit prochainement hériter de puits de pétrole qui feront de lui un homme immensément riche. Sur le plan fantasmatique, Mounir a développé une manie un peu singulière : il est obsédé par les chaussures de femmes qu’il collectionne chez lui. En plus de ses « liaisons internationales », il a une fiancée officielle, Mona, une hôtesse égyptienne. Cette dernière menace de le quitter s’il ne renonce pas à sa vie de play-boy et à sa collection de chaussures. Mounir, plein de bonne volonté, demande de l’aide à un psychiatre...

Notre avis : une adaptation très (ou trop) libre de la comédie de Marc Camoletti. Le scénariste a cru bon d’y ajouter des éléments pour étoffer son scénario. Il a notamment créé un personnage supplémentaire avec le psychiatre que consulte le héros (une idée elle-même empruntée au film américain « Quoi de Neuf, Pussycat ?» réalisé par Clive Donner en 1965 sur un scénario de Woody Allen). On ne peut pas dire que cet ajout fut bénéfique. Cela nous vaut deux séquences interminables dans lesquelles Fouad El Mohandes le héros, et Abdel Moneim Madbouly le psychiatre rivalisent de mimiques et de grimaces dont l’accumulation a mis à rude épreuve notre bienveillance naturelle. La seconde avec les deux compères ivres morts est particulièrement exaspérante. Fouad El Mohandes et Abdel Moneim Madbouly ont souvent joué ensemble au théâtre et cela se sent : on a l’impression d’assister à des numéros de vieux comédiens qui cabotinent à qui mieux mieux pour faire rire leur cher public. Le problème, c’est qu’on est au cinéma, pas au théâtre. Les danses et les chansons avec les hôtesses de l’air portant le costume traditionnel de leur pays n’améliorent pas l’ensemble, bien au contraire. Cette comédie est un festival de gags balourds et de plaisanteries de mauvais goût.


Vendredi 22 août à 23h

L'Appel du Courlis ou La Prière du Rossignol d'Henry Barakat (Doa al karawan, 1959)
avec Ahmed Mazhar (l’ingénieur), Zaki Ibrahim (le père de l’ingénieur), Faten Hamama (Amina), Zahrat Al Oula (Hanadi), Amina Rizq (Zarah), Edmond Tuema (le professeur de français), Ragaa El Geddawy (la fille du commissaire), Hussein Asar (le commissaire de la ville), Nahed Samir (la femme du commissaire), Abdel Halim Khattab (l’oncle), Mimi Chakib (Zenouba)
Adaptation du roman de Taha Hussein, L'Appel du Courlis (1934)
Scénario : Henry Barakat et Youssef Gohar
Musique : André Ryder
Production : les films Barakat
Figure dans la liste des quinze meilleurs films égyptiens de tous les temps.
appréciation : 5/5


Drame. Bani Warkan est une petite ville au cœur des montagnes où vit Amina avec sa sœur Hanadi et ses parents, Khader et Zarah. Cette famille de bédouins mène une existence laborieuse mais les trois femmes sont courageuses. Malheureusement, le père est un débauché qui dépense tout son argent dans les plaisirs. Un jour, c'est le drame : il est assassiné. L'oncle Khal Jaber ordonne à sa sœur et à ses nièces de quitter le pays, le temps que les gens oublient le scandale. Les trois femmes se lancent dans un long périple qui les mène dans une ville. Elles louent une petite maison mais il faut trouver du travail au plus vite. Grâce à un intermédiaire, les deux filles sont embauchées comme femme de chambre.. Hanadi doit travailler chez l’ingénieur en charge de l’irrigation tandis qu’Amina entre au service du commissaire de la ville, de sa femme et de sa fille Khadija. Cette dernière a le même âge qu’Amina. Entre les deux jeunes filles, la complicité est totale. Khadija apprend à Amina la lecture et l’ouvre à la culture. Le sort d’Hanadi est moins heureux. Son maître est célibataire et il a profité de son inexpérience pour abuser d’elle.

Notre avis : un chef d’œuvre à voir absolument. Dans ce film, tout est admirable : le scénario, la photo, l’interprétation et puis cette inoubliable voix off, celle de Faten Hamama qui tout à la fois nous émeut et nous enchante. Dans le style sobre et rigoureux qui sied aux classiques, Henri Barakat nous raconte une tragédie qui se déroule dans l’Egypte de l’intérieur, loin du Caire et de la vie citadine. Cette société aux mœurs archaïques voue les femmes au malheur et ne leur laisse d’autre choix que la soumission. Le cinéaste restitue scrupuleusement le constat très sévère de l’écrivain Taha Hussein : la campagne égyptienne est un univers faussement paisible, la violence y est omniprésente, notamment celle exercée par les hommes contre les femmes maintenues dans l’asservissement et l’ignorance. L’Appel du Courlis est une œuvre majeure du cinéma mondial injustement méconnu en Occident.


Jeudi 21 août à 15h

Je veux me marier d'Ahmed Badrakhan (Aiza atgawiz, 1952)
avec Nour Al Hoda (Farhana), Farid Al Atrache (Farid), Soliman Naguib (Wagdi Cristal), Abdel Salam Al Nabolsi (Wagy Cristal, le neveu de Wagdi), Zinat Sedki (la femme de chambre de Farhana), Serag Mounir (Taher Al-Anfoushi), Kawthar Shafiq (la fille de Taher), Saïd Abou Bakr (cousin de Farhana), Leila al Jazairia (la danseuse Leila), Sayed Suleiman (le domestique des Cristal), Abdel Nabi Mohamed (un soldat), Mohamed Zayed (chauffer de taxi), Abdel Ghani El Nagdi (cousin de Farhana), Thuraya Fakhry (la femme de Taher), Abbas Rahmi (le directeur de la salle de spectacles)
Leila Al Jazairia (photo) est une danseuse algérienne née en 1927. Farid Al Atrache l’avait choisie pour remplacer Samia Gamal dont il venait de se séparer.
Histoire et dialogues : Abou Al Seoud Al Ebiary
Musique : Farid Al Atrache


Comédie musicale. Farhana quitte sa ville natale pour commencer une carrière de chanteuse au Caire. Elle a changé de nom et désormais elle se fait appeler Nour Al Ayin. Pour rassurer sa famille, il lui faut épouser au plus vite un homme fortuné. Elle rencontre un vieil industriel très riche qu’elle entreprend de séduire. Mais peu après, elle fait la connaissance du neveu de celui-ci, un neveu qui est aussi son seul héritier. Les deux hommes rivalisent d’attentions à son égard mais Nour finit par comprendre que ni l’un ni l’autre ne souhaite l’épouser avec un véritable contrat et en respectant toutes les conventions d’usage. Elle chasse l’oncle et le neveu de chez elle. Pour se venger, elle décide de se marier avec un homme pauvre. Le hasard fait bien les choses car le soir même, elle rencontre dans un jardin public un jeune inconnu qui chante divinement en s’accompagnant de son oud…

Notre avis : « Je veux me marier » compte parmi les grandes réussites du réalisateur Ahmed Badrakhan. C’est la première comédie musicale de Farid Al Atrache après sa rupture avec Samia Gamal. Quelques mois plus tôt, on les avait vus une dernière fois ensemble dans « Ne le Dites à Personne » d’Henry Barakat. Pour réaliser « Je veux me marier », on a reconstitué une partie de l’équipe du film précèdent : Farid Al Atrache a de nouveau pour partenaire féminine la chanteuse libanaise Nour El Hoda, on retrouve dans un second rôle, Abdel Salam Al Nabolsi et le scénario est aussi signé Abou Al Seoud Al Ebiary. Enfin, pour remplacer Samia, Farid Al Atrache a découvert une jeune danseuse algérienne très talentueuse, Layla Al Jazairia. Le résultat est tout aussi enthousiasmant que pour l’opus précédent. La fantaisie et l’entrain ne se relâchent à aucun moment ; les chansons s’insèrent naturellement à l’histoire ; Zinat Sedky et Abdel Salam Al Nabolsi, en seconds rôles comiques, sont, comme toujours, épatants. Et puis, la « petite nouvelle » fait des débuts très prometteurs dans la comédie et parvient à nous faire oublier l’immense Samia Gamal. Hélas, il n’y aura pas de suite : Layla Al Jazairia tournera dans trois films puis quittera l’Egypte définitivement.


Mercredi 20 août à 15h

Le Fantôme de ma femme de Fateen Abdel Wahab (Ifrit meraty, 1968)
avec Shadia (Aïda), Salah Zulficar (Salah, un employé de banque, mari d’Aïda), Imad Hamdy (Raef), Adel Imam (un collègue de Salah), Hassan Hussein (un collègue de Salah), Amal Zayed (la mère d’Aïda), Hassan Mostafa (le directeur de la banque), Hala Fakher (Inayat, la sœur de Salah), Hussein Ismaïl (le serviteur de Raef), Nabila El Sayed (Anisa), Soheir Reda (la femme du directeur de banque), Ibrahim Safaan (un client d’Irma la Douce), Sayed Abdallah Hafez (Docteur Sami)
D’après une histoire de Lucien Lambert
Scénario et dialogues : Ali El-Zorkani
Musique : Mounir Mourad, Michel Youssef, Hussein El Sayed


Comédie. Le bonheur conjugal d’un jeune couple est mis à rude épreuve à cause d’une étrange maladie qu’a contractée la femme. A chaque fois qu’elle va au cinéma voir un film, elle rentre chez elle convaincue d’être l’incarnation de l’un des personnages dont elle vient de suivre les aventures. Les médecins ont averti le mari qu’il ne doit en aucun cas s’opposer au comportement délirant de sa compagne. Au contraire, il lui faut collaborer en jouant les rôles que dans ses divagations elle lui aura attribués. Tout se gâte quand elle se prend pour Irma la douce (célèbre personnage de prostituée) alors qu’elle et son mari reçoivent des invités…

Notre avis : dans cette comédie enlevée, Fateen Abdel Wahab s'intéresse à un cas très curieux de bovarysme moderne avec dans les rôles principaux une Shadia déchainée et un Salah Zulficar volcanique. Le cinéaste les avait déjà réunis, l’année précédente pour « l’Honneur de ma Femme » et deux ans auparavant pour le célèbre « ma Femme est PDG. ». C’est ainsi que les deux acteurs sont devenus les emblèmes du couple de la classe moyenne dans l’Egypte des années soixante. Ils représentent le couple libre et moderne que le public de l’époque a plaisir à retrouver épisode après épisode. (Shadia et Salah Zulficar étaient mariés à la ville. Ils se sépareront en 1969 et tourneront ensemble un dernier film en 1971.)
On peut aussi voir cette comédie de Fateen Abdel Wahab comme un hommage au cinéma grâce à l’insertion de longs extraits de « Raya et Sakina » de Salah Abou Seif (1952) et d’ « Une Histoire d’Amour » d’Helmy Halim (1959) ainsi qu’aux références à « Irma la Douce », film américain de Billy Wylder (1963).
 

Mardi 19 août à 15h

La Branche de l’Olivier d’El Sayed Bedeir (Ghosn el zaytoun, 1962)
avec Ahmed Mazhar (Abdo), Soad Hosny (Atteya), Ahmed Abaza (Sheikh Al Bahbhani, un collègue d’Abdo), Omar El-Hariri (Jamal, le rival d’Abdo), Abdel Waress Asr (Khalil Effendi, le père d’Atteya), Abdel Moneim Ibrahim (Hamouda, un collègue d’Abdo), Samia Rushdy (la mère d’Atteya), Kamal Anwar, Shokoko El Soghayar (Rushdy, le frère d’Atteya), Houda Shams El Din (la danseuse)
Scénario : El Sayed Bedeir et Mohamed Mostafa Samy
D’après un récit de l’écrivain Mohamed Abdel Halim Abdallah
Production : Films de l'Union (Abbas Helmy)


Drame. Nous sommes en juin 1945, à la veille des grandes vacances. Le professeur Abdo enseigne dans un lycée de filles au Caire. Il vit seul et souhaiterait se marier. Il est tombé amoureux d’une élève, Atteya, qu’il n’a pas en classe. Mais des rumeurs qui courent dans tout le lycée évoquent une relation amoureuse entre elle et un autre enseignant, Jamal. Ce dernier est le professeur d’arabe de la jeune fille et il ne cache pas toute la sympathie qu’elle lui inspire. Atteya est une élève brillante qui manifeste des dons remarquables en composition. Jamal s’installe pour les vacances à Alexandrie et Atteya convainc ses parents d’y séjourner aussi. Apprenant cette destination commune, Abdo est submergé par l’angoisse. Mais à la rentrée, une heureuse nouvelle l’attend : Jamal quitte l’établissement pour prendre un poste à Alexandrie et le directeur a décidé que ce serait lui, Abdo qui pour le remplacer serait chargé de la classe d’Atteya. Le professeur amoureux est aux anges : il a désormais toutes les cartes en main! Entre lui et la jeune fille, les liens ne cessent de se resserrer mais Abdo continue à être tourmenté par cette question qui l’obsède : Atteya a-telle eu une aventure avec Jamal ? Malgré ses doutes et ses hésitations, le professeur finit par demander la main de son élève. Malheureusement, le mariage n’apaise en rien les soupçons d’Abdo. Il se persuade que sa jeune épouse continue à voir Jamal en secret et sa jalousie délirante transforme leur vie commune en enfer…

Notre avis : El Sayed Bedeir se livre à une véritable étude psychologique d’un individu ordinaire atteint d’une jalousie maladive. Il montre comment le moindre événement vient alimenter les doutes et les soupçons de l’homme et comment le ressassement infini des mêmes interrogations et des mêmes reproches détruit irrémédiablement son couple. Dans cette étude, le réalisateur et ses auteurs font preuve d’une grande finesse, refusant tout recours aux effets grossiers de la caricature. On pourra néanmoins leur reprocher de s’en tenir à un compte-rendu un peu monotone des tourments de leur héros. Il manque une progression dramatique qui capterait l’attention du public. De même, le dénouement ne nous a guère convaincu. Pour clore sur un happy end, on nous révèle que le rival du héros est impuissant ! Les inquiétudes d’Abdo étaient donc sans fondement ! Mouais… En fait, les auteurs ont botté en touche car rien n’est réglé. Il est évident que la jalousie du héros renaitra à la moindre occasion. Enfin, on retiendra surtout l’excellente prestation de Soad Hosny et d’Ahmed Mazhar , ce dernier magistral en amoureux maladroit rongé par ses obsessions morbides.


Lundi 18 août à 19h30

La Matrone d'Hassan Reda (El moallema, 1958)
avec Taheya Carioca (Tuha), Yahia Chahine (Maître Abbas), Mahmoud El Meleigy (Maître Hafez), Omar El-Hariri (Fathi, le jeune comptable de Tuha), Wedad Hamdy (la servante de Tuha), Mohamed Tawfik (Madbouly), Nagwa Fouad (la fille de la patronne de la maison close), Rafia Al Shal (la patronne de la maison close), Roheya Jamal (une prostituée), Nawal Attia (une prostituée), Suzi Khairy (la danseuse)
Scénario : El Sayed Bedeir et Hassan Reda (d’après Othello de William Shakespeare)
Musique : Fouad El Zahry, Ahmed Fouad Hassan, Saïd Morsi
Production : les films Taheya Carioca


Hafez est un commerçant véreux qui se livre au trafic de drogue. Il est amoureux de Tuha, une commerçante elle aussi. C'est une femme d'âge mûr au caractère bien trempé. Elle dirige la petite boutique d’épices que son père avait fondée. Ses affaires sont prospères et elle a toute confiance en Fathi, son jeune comptable honnête et dévoué. Hafez lui a manifesté sa flamme de manière insistante mais, malheureusement pour lui, le cœur de Tuha est déjà pris : elle aime Abbas, un bel homme qui travaille avec elle. Hafez ne renonce pas : le jour de leur mariage, il provoque une bagarre qui se conclut par l’arrestation d’Abbas et sa condamnation à deux ans de prison. Pendant l’absence du mari de sa bien-aimée, Hafez va multiplier les tentatives de séduction, en vain. Tuha reste une femme fidèle. Quand Abbas est enfin libéré, Hafez change de stratégie. Feignant d’être son ami, il fait croire à Abbas que sa femme le trompe avec leur jeune comptable. Sous son influence pernicieuse, le mari de Tuha devient alcoolique, violent et infidèle…

Notre avis : un drame de la jalousie avec trois monstres sacrés du cinéma des années cinquante : Taheya Carioca dans un rôle de femme puissante, un peu semblable à ceux qu’elle incarne dans d’autres films de la même époque (ex : la Sangsue se Salah Abou Seif, 1956), Mahmoud El Meleigy en méchant qu’on adore détester et Yahia Chahine en brave homme crédule. Certes, on retrouve dans ce film un certain nombre de stéréotypes mais la réalisation et l’interprétation impressionnent par leur justesse et leur vigueur. Et puis, on aime tout particulièrement la reconstitution très soignée d’un quartier populaire avec ses commerçants, ses employés, ses drogués et ses prostituées, un univers très proche de celui de certains romans de Naguib Mahfouz.


Dimanche 17 août à 17h

Et l’Enquête Continue d’Ashraf Fahmy (Wala yazal altahqiq mustamirran, 1979)
avec Mahmoud Yassin (Hussein), Nabila Ebeid (Zeinab, la femme d’Hussein), Mahmoud Abdel Aziz (Medhat), Layla Hamada (Mervat, la sœur de Hussein), Tawfiq El Deqen (le beau-frère de Zeinab), Malak El Gamal (la mère de Zeinab), Nawal Fahmy (la mère de l’élève)
Scénario : Ihsan Abdul Quddus, Mostafa Moharam, Bashir El Dik
Musique : Gamal Salamah
Producteur : Gerges Fawzi et Les Films Ashraf Fahmy


Drame. Hussein est professeur d’anglais et il vit avec Zeinab, sa femme, et Mervat, sa petite sœur qui est étudiante aux Beaux-Arts. Hussein aime son métier. L’argent ne l’intéresse pas. Ce qui compte pour lui, c’est sa mission éducative auprès de ses élèves. Zeinab ne partage absolument pas les conceptions de son mari. Elle enrage de vivre chichement alors que sa sœur vit dans l’opulence grâce au salaire élevé de son époux. Un jour, Hussein a la visite d’un inconnu dans son lycée. Cet inconnu, c’est en fait Medhat, un ami d’enfance, qui s’était installé en Europe et qui y a fait fortune. Heureux de ces retrouvailles, Hussein invite à déjeuner Medhat. Ce dernier retrouve Mervat qui l’impressionne par sa beauté et il fait la connaissance de Zeinab. La petite famille boit les paroles de leur invité surprise qui évoque avec une certaine autosatisfaction sa réussite professionnelle dans le bâtiment. Quand il apprend que Mervat fait des études d’architecture d’intérieur, il lui propose de travailler à l’agencement de ses nouveaux bureaux. Après le départ de Medhat, Zeinab ne peut contenir sa colère contre son mari qui n’a à lui offrir qu’une petite existence médiocre. Et le jour où elle apprend que Hussein donne des cours particuliers sans demander d’argent en contrepartie, elle décide de rompre et retourne chez sa mère. Pour tenter d’arranger les choses entre les deux époux, Medhat décide de rencontrer Zeinab…

Notre avis : pour ce drame, Ashraf Fahmy retrouve son actrice fétiche du moment, Nabila Ebeid qu’on a déjà vue dans trois des quatre films qu’il a tournés l’année précédente ( « Et le Troisième est Satan », « Un Voyage à l’Intérieur d’Une Femme », « Une Autre Femme »). Pour son rôle dans « Et L’Enquête Continue », Nabila Ebeid obtiendra le prix de la meilleure actrice au Festival international du film d’Alexandrie. Un prix amplement mérité ! Grâce à son immense talent, elle a su restituer toute la complexité de son personnage, cette femme mariée que le malheur et la frustration conduisent à se révolter, quitte à se montrer injuste et à humilier son mari, joué par l’excellent Mahmoud Yassin. Et quand celle-ci croit enfin avoir trouvé le bonheur dans les bras de son amant, tout s’effondre : l’homme aime ailleurs et il lui conseille de retourner gentiment chez son mari. Evidemment la vengeance sera terrible. L’amant est incarné par Mahmoud Abdel Aziz. C’est un personnage aussi intéressant que celui de Nabila Ebeid car il demeure insaisissable jusqu’à la fin. Pourquoi a-t-il souhaité renouer avec son ancien ami après tant d’années ? Quelles sont ses intentions réelles en s’introduisant dans cette famille ? Derrière le masque du sympathique camarade, semble se cacher un homme égoïste et manipulateur qui détruit tous ceux qu’il approche. Bref, un très bon film d’après un récit d’ Ihsan Abdul Quddus, le grand spécialiste de la psyché féminine.


Samedi 16 août à 19h30

Ashour, Coeur de Lion de Hussein Fawzi (Ashour Qalb Al Assad, 1961)
avec Abdel Salam Al Nabulsi (Ashour), Zahrat Al Oula (Nadia), Abdel Moneim Ibrahim (Abdo, l’ami d’Ashour), Taheya Carioca (la propriétaire du café), Nagwa Fouad (Amal), Samir Shedid (Fathi), Nahed Samir (la mère de Nadia), Rushdy Abaza (lui-même), Thuraya Fakhry (la mère d’Amal), Abdel Ghani El Nagdi, Kanaan Wasfy, Ibrahim Kadri, Samiha Mohamed
sur une idée de Rushdy Abaza
Scénario : Ahmed Kamel Hefnawi
Musique : Ali Ismaïl
Production : les films Rushdy Abaza


Ashour est étudiant à l’institut du sport. C’est un garçon fluet qui ne peut rivaliser avec les athlètes qu’il côtoie chaque jour. Pourtant il rêve de remporter les tournois dans lesquels s’affrontent les étudiants de l’école. Ainsi il pourrait séduire la jolie fille dont il est tombé amoureux. Un jour, il fait la connaissance d’un savant qui lui dit avoir inventé un sérum qui décuple les forces. Ashour accepte de le tester. Et ça marche ! Il va devenir un champion !

Notre avis : un film curieux ! Le réalisateur Hussein Fawzi et l'acteur Abdel Salam Al Nabulsi sont deux artistes au crépuscule l'un et l'autre d'une très belle carrière, et ils se retrouvent pour tourner un gentil nanar qui se passe dans le monde des universités. Plus étonnant encore, Abdel Salam Al Nabulsi a décidé à plus de 62 ans d'incarner un jeune étudiant qui rêve exploits sportifs et records pour séduire la jeune femme incarnée par Nagwa Fouad qui dans la vraie vie a 40 ans de moins que lui ! Autre bizarrerie, le film est produit par l'acteur Rushdy Abaza et c'est aussi lui qui aurait eu l'idée de son intrigue assez simplette. Il apparaît même dans une scène de combat, plutôt ratée d'ailleurs. Bref, que de talents réunis pour ce joli fiasco ! Dans « Ashour, Cœur de Lion », Abdel Salam Al Nabulsi confirme ce que nous savions depuis « Coiffeur pour Dames » de Fateen Abdel Wahab : il est l'un des meilleurs seconds rôles comiques de toute l'histoire du cinéma égyptien mais lui confier le premier rôle dans un film est une regrettable erreur.