lundi 1 décembre 2025

A la télé : les films du jour (Rotana Classic du 1er au 7 décembre)

روتانا كلاسيك

Quels films peut-on voir sur la chaîne Rotana Classic ? Les horaires donnés sont ceux de l'après-midi ou de la soirée (heure de Paris). La plupart des films sont ensuite rediffusés le lendemain matin.
Rotana Classic a remplacé Rotana Zaman en 2012. Cette chaine fait partie du groupe Rotana basé en Arabie Saoudite et spécialisé dans le divertissement (télévision et musique). Celui-ci a été créé par le prince Al-Walid ben Talal ben Abdelaziz Al Saoud, membre de la dynastie Al Saoud et petit-fils du fondateur de l'Arabie Saoudite. Comme son nom l’indique, Rotana Classic diffuse essentiellement les grands classiques du cinéma égyptien. Disponible en France.


Dimanche 7 décembre à 18h30

Le Millionnaire d'Helmy Rafla (El Millionaire, 1950)
avec Ismaël Yassin (Assim El Isterliny/Gamiz), Zinat Sedki (la sœur d’Assim El Isterliny), Soad Mekawy (Soukra, la cuisinière), Stephan Rosti (Zaki), Farid Shawki (Farid), Hussein Issa (Hussein), Wedad Hamdy (Sonia), Serag Mounir (Antar Bin Shaddad, le frère de Sonia), Ryad El Kasabgy (l’infirmier-chef de l’hôpital psychiatrique), Camilia (Rouh Al Fouad Hanem), Nour El Demerdash (le frère de Rouh Al Fouad Hanem), Victoria Hobeika (la tante d’Assim El Isterliny), Abdel Moneim Ismail (le chauffeur d’Assim El Isterliny), Ahmed Darwich (le docteur Darwich), Salah Mansour (un fou), Mahmoud Lotfi (un fou), Eskandar Mansy (un fou), Mohamed Tawfiq (un fou), Abdel Hamid Zaki (le directeur du théâtre)
Scénario : Anwar Wagdi, Abou Al Seoud Al Ibiary, Mamoun Al Shinnawi
Musique : Izzat El Gahely et Mohamed El Bakar
appréciation : 4/5


Assim El Isterliny est un millionnaire despotique et jaloux. Ses gardes ont capturé un homme qu’ils avaient surpris en compagnie de sa femme Rouh Al Fouad Hanem. Fou de rage, Assim le tue de plusieurs coups de pistolet (On apprendra plus tard que le pistolet était chargé à blanc et que l’homme est en réalité le frère de sa femme). Ses gardes lui conseillent de se cacher le temps que les choses s’apaisent. Il se rend dans un cabaret où se produit un artiste du nom de Gamiz. L’ombrageux millionnaire se rend compte que l’individu est son parfait sosie. Il a une idée : il propose à Gamiz de prendre sa place quelque temps. Le pauvre chanteur accepte, séduit par la perspective de vivre dans le luxe et l’oisiveté.

Notre avis : c’est la première comédie dans laquelle Ismaël Yassin tient le rôle principal et il use de tous les procédés qui constitueront sa marque de fabrique. Pour l’entourer, les producteurs ont engagé les actrices et les acteurs les plus célèbres de l’époque. Parmi les actrices, on compte Camilia, l’une des étoiles montantes du grand écran malgré ou à cause de sa réputation sulfureuse (Certains prétendent qu’elle était la maîtresse du roi Farouk.). Précisons qu’elle meurt tragiquement cette même année 1950 dans un accident d’avion.
Ce qui demeure aujourd’hui du « Millionnaire, » ce sont ses incroyables scènes dansées et chantées. Elles rassemblent toujours un grand nombre de comédiens et malgré cela les chorégraphies sont exécutées avec un dynamisme et une précision remarquables. Les chansons de Mohamed El Bakkar et d’Azat Al Jahly par leur entrain et leur gaîté sont en phase avec le tempo débridé de l’ensemble.
La séquence la plus mémorable (et la plus longue), c’est celle de l’hôpital psychiatrique où une trentaine de comédiens chantent et dansent, comme emportés dans un délire collectif . A cette époque, Helmy Rafla est considéré comme le roi de la comédie musicale. Ce « Millionnaire » l’atteste de manière éclatante.


Samedi 6 décembre à 22h

L'Appel du Courlis ou La Prière du Rossignol d'Henry BArakat (Doa al karawan, 1959)
avec Ahmed Mazhar (l’ingénieur), Zaki Ibrahim (le père de l’ingénieur), Faten Hamama (Amina), Zahrat Al Oula (Hanadi), Amina Rizq (Zarah), Edmond Tuema (le professeur de français), Ragaa El Geddawy (la fille du commissaire), Hussein Asar (le commissaire de la ville), Nahed Samir (la femme du commissaire), Abdel Halim Khattab (l’oncle), Mimi Chakib (Zenouba)
Adaptation du roman de Taha Hussein, L'Appel du Courlis (1934)
Scénario : Henry Barakat et Youssef Gohar
Musique : André Ryder
Production : les films Barakat
Figure dans la liste des quinze meilleurs films égyptiens de tous les temps.
appréciation : 5/5


Drame. Bani Warkan est une petite ville au cœur des montagnes où vit Amina avec sa sœur Hanadi et ses parents, Khader et Zarah. Cette famille de bédouins mène une existence laborieuse mais les trois femmes sont courageuses. Malheureusement, le père est un débauché qui dépense tout son argent dans les plaisirs. Un jour, c'est le drame : il est assassiné. L'oncle Khal Jaber ordonne à sa sœur et à ses nièces de quitter le pays, le temps que les gens oublient le scandale. Les trois femmes se lancent dans un long périple qui les mène dans une ville. Elles louent une petite maison mais il faut trouver du travail au plus vite. Grâce à un intermédiaire, les deux filles sont embauchées comme femme de chambre.. Hanadi doit travailler chez l’ingénieur en charge de l’irrigation tandis qu’Amina entre au service du commissaire de la ville, de sa femme et de sa fille Khadija. Cette dernière a le même âge qu’Amina. Entre les deux jeunes filles, la complicité est totale. Khadija apprend à Amina la lecture et l’ouvre à la culture. Le sort d’Hanadi est moins heureux. Son maître est célibataire et il a profité de son inexpérience pour abuser d’elle.

Notre avis : un chef d’œuvre à voir absolument. Dans ce film, tout est admirable : le scénario, la photo, l’interprétation et puis cette inoubliable voix off, celle de Faten Hamama qui tout à la fois nous émeut et nous enchante. Dans le style sobre et rigoureux qui sied aux classiques, Henri Barakat nous raconte une tragédie qui se déroule dans l’Egypte de l’intérieur, loin du Caire et de la vie citadine. Cette société aux mœurs archaïques voue les femmes au malheur et ne leur laisse d’autre choix que la soumission. Le cinéaste restitue scrupuleusement le constat très sévère de l’écrivain Taha Hussein : la campagne égyptienne est un univers faussement paisible, la violence y est omniprésente, notamment celle exercée par les hommes contre les femmes maintenues dans l’asservissement et l’ignorance. L’Appel du Courlis est une œuvre majeure du cinéma mondial injustement méconnu en Occident.


Vendredi 5 décembre à 18h30

Oeil pour oeil, dent pour dent de Nader Galal (Waheda Bewaheda, 1984)
avec Adel Imam (Salah Fouad), Mervat Amin (Maysa), Ahmad Rateb (Ali Abdul Zahir), Layla Fahmy (Mona), Hafez Amin (le secrétaire), Mahmoud El Zohairy (docteur Ayoub), Zizi Moustafa (Zizi Roca), Ali Al Sharif (Morsi), Tawfiq Al Kurdi (Hassan), Raafat Raji (un publicitaire), Mohamed Khan (le réalisateur de spots publicitaires)
Scénario : Marvin H. Albert
Dialogues : Nader Galal
Musique : Hassan Abo Al Saoud


Comédie. Adaptation du film américain Un pyjama pour deux (Lover Come Back) de Delbert Mann, 1962.

Maysa et Salah Fouad sont deux publicitaires qui travaillent pour deux agences concurrentes. Si Salah est un homme à femmes qui se livre à tous les excès, Maysa est au contraire une professionnelle qui dirige ses équipes avec un dynamisme et une autorité sans faille. Pour gagner des marchés, Salah est prêt à tout. Il invite ses clients dans des cabarets et les met en relation avec des filles qu’il connaît. Maysa est écoeurée par les méthodes de son rival. Elle veut le neutraliser. A une danseuse qui lui a rendu bien des services, Salah a promis de la faire tourner dans des spots publicitaires. Il doit s’exécuter. Il invente une marque « Fankoush » et réalise plusieurs clips. Malheureusement, les spots sont diffusés à la télévision. Salah doit impérativement créer un produit qui corresponde à la marque fictive. Il s’adresse au Docteur Ayoub, un inventeur de génie. C’est chez ce dernier que Maysa et Salah vont se rencontrer pour la première fois.

Notre avis : le film se présente comme une réplique fidèle de l’original américain sorti vingt-deux ans plus tôt et porté par deux stars, Doris Day et Rock Hudson. On retrouve presque à l’identique toutes les péripéties d’ »Un Pyjama pour deux », jusqu’au détail de la barbe que le héros arbore pour dissimuler sa véritable identité —au passage, une barbe qui sied aussi peu à Rock Hudson qu’à Adel Imam.
La véritable différence entre les deux œuvres réside dans le ton adopté. La version américaine est nettement plus comique que sa copie égyptienne. Nader Galal a surtout mis l’accent sur la dimension sentimentale de l’intrigue en s’attachant à décrire la passion amoureuse qui naît entre les personnages incarnés par Adel Imam et Mervat Amine. On perd beaucoup en légèreté mais gagne-t-on en profondeur? Pas sûr.
Malgré cela, « Oeil pour œil, Dent pour dent » connut un succès considérable à sa sortie. Cet accueil tient sans doute à la prestation de ses deux vedettes qui livrent un jeu remarquable, notamment dans les nombreuses scènes en duo. Le réalisateur s’est gardé de tout sentimentalisme niais pour offrir à ses deux acteurs des rôles d’adultes vivant dans le monde réel et éprouvant tous les tourments d’un amour authentique.


Jeudi 4 décembre à 14h

Plus fort que l’amour d'Ezzel Dine Zulficar (Aqwa Men Al Hob, 1953)
avec Shadia (Samira)), Imad Hamdi (Magdi), Madiha Yousri (Amina), Zinat Sedki (Zinat, l’amie de Samira), Hassan El Baroudy (Awani, directeur de la galerie), Mohamed Shawky (passager du train), Mimi Gamal (Aïcha, la petite fille), Thuraya Fakhry (Zakia Al Dada), Abdel Monahem Saoudi (le notaire) Abdel Hamid Badawy (Souleiman, le portier)
Scénario : Mohamed Kamal Hassan Al Mohamy
Musique : Abdel Halim Nowira


Drame. Magdi, un officier de police, a perdu son bras gauche à la suite d’un accident. Il est licencié et se retrouve sans emploi. Amina, sa femme, est médecin à l’hôpital. Désormais, c’est à elle seule d’assurer l’entretien du foyer et répondre aux besoins de leurs trois enfants. Ces derniers ne manquent de rien sur le plan matériel, en revanche ils souffrent du peu de disponibilité de leur mère, totalement accaparée par ses activités professionnelles. Pour occuper ses journées, Magdi se consacre à la peinture. Un jour, dans le train qui le ramène d’Alexandrie, il rencontre Samira. Profitant du sommeil de la jeune femme, il fait son portrait. A son réveil, il lui montre son travail. Samira est impressionnée par la qualité du dessin. Elle travaille comme secrétaire pour un directeur de galerie d’art et elle veut aider Magdi à se faire connaître. Elle organise peu après une rencontre entre le peintre encore amateur et son patron…

Notre avis : un drame réalisé dans un style très académique par un spécialiste du genre. On y retrouve tous les éléments dont étaient friands les spectateurs de l’époque. Chaque scène, chaque péripétie a un seul but : émouvoir. Tout est conçu pour que l’on partage les tourments du héros et les émois de la jeune femme dont il est tombé amoureux. Le spectateur d’aujourd’hui trouvera tout de même que les auteurs « chargent la barque » de manière excessive, notamment dans le dénouement avec le recours à un procédé un peu facile. Dans les rôles principaux, il y a la jeune première promise à un bel avenir, Shadia, mais aussi deux acteurs qui figurent dans bon nombre de mélodrames des années cinquante, Imad Hamdi et Madiha Yousri. En cette même année 1953, Ezzel Dine Zulicar leur avait déjà confié les rôles principaux dans un drame très sombre intitulé « Wafaa ». Imad Hamdi y jouait aussi un homme victime d’un accident qui aura des conséquences fâcheuses sur son couple. C’est fou comme dans ces années-là, l’acteur au physique de gendre idéal enflamme l’imagination sadique des réalisateurs et des scénaristes : de film en film, on le retrouve malade, blessé, handicapé, agonisant, amnésique, humilié, abandonné ! Rien ne lui aura été épargné !


Mercredi 3 décembre à 16h

la Danseuse et le Politicien de Samir Seif (Al-raqissa wa-l-siyasi, 1990)
avec Nabila Ebeid (Sonia Salim), Salah Kabil (Khaled Madkour), Mustafa Metwali (le chef de cabinet de Khaled Madkour devenu ministre), Farouk Falawkas (Shafiq Tarar, l’homme d’affaires de Sonia), Roshdy El Mahdy (Abdel Barr, haut-fonctionnaire), Mustafa Hashish, le policier), Mohamed El Tagy (le journaliste), Mustafa Hachem (l’avocat), Ezzat Al Mashad (le responsable du parti)
Scénario : Wahid Hamid
Adapté d’un roman d'Ihsan Abdul Quddus
Musique : Mohamed Sultan, Farouk Salamah, Khaled El Amir
Production : Screen 2000
appréciation : 2/5


Sonia Salim est une célèbre danseuse. Un jour elle voit à la télévision un ministre qui lui rappelle une ancienne relation. En effet c’est Abdel Hamid Rafat qu’elle a connu il y a une dizaine d’années. Il était venu la voir dans le cabaret où elle travaillait. Il lui avait demandé de danser pour un homme politique important lors d’une soirée privée. Elle serait très bien payée. Elle avait accepté. Après sa prestation, il l’avait raccompagnée à son domicile et ils avaient passé la nuit ensemble. Elle ne reçut jamais la somme promise et puis elle avait fini par oublier totalement cet amant d’un soir. Le revoir soudain à la télévision dans les habits de ministre l’a totalement bouleversée. Sonia veut reprendre contact avec lui. Grâce à son assistant, elle obtient ses coordonnées. Abdel accepte un rendez-vous. Ils couchent à nouveau ensemble. Mais Abdel comprend que cette liaison peut lui porter préjudice. Les élections approchent et un scandale aurait de fâcheuses conséquences pour lui et son parti. Il décide de rompre définitivement. Il donne des consignes très strictes à son équipe pour que tous les appels de Sonia soient impitoyablement rejetés.

Notre avis : « la Danseuse et le Politicien » se présente comme un film engagé plein de bonnes intentions : on suit le combat d’une femme courageuse qui ose s’en prendre à un ministre pour réaliser un projet cher à son cœur, la construction d’un orphelinat.
Le film dénonce les préjugés qui ont toujours cours à l’encontre des danseuses ravalées au rang de prostituées. Les hommes de pouvoir les emploient volontiers pour agrémenter une manifestation officielle tout en leur vouant un mépris absolu.
On peut saluer la performance de Nabila Ebeid, qui à quarante-cinq ans passés, exécute plusieurs danses et joue dans des scènes d’amour assez osées. Elle qui fut l’une des actrices les plus populaires du cinéma égyptien tient à dire à son public qu’elle est toujours à la hauteur de sa réputation et qu’on aurait tort de la considérer comme une has been. Soit.
Mais ce qui nous gêne le plus dans ce film, c’est son caractère hypocrite car au final, les auteurs partagent les préjugés qu’ils prétendent dénoncer : la danse reste un art immoral, et pour se racheter, Sonia emploie toute sa fortune mal acquise pour le bonheur des enfants abandonnés. La morale est claire : le salut passe forcément par l’abandon du métier de danseuse.


Mardi 2 décembre à 18h30

Mademoiselle Diablesse d'Henry Barakat (Afrita Hanem, 1949)
avec Samia Gamal, Farid El Atrache (Asfour), Ismail Yassin (Booh), Ali Kamel (Qilh), Mohamed Nabi (Halaq), Abdel Salam Al Nabulsi (Mimi Bey, le rival d’Asfour), Stephan Rosti (Abou Alyah, le directeur du théâtre), Lola Sedki (Alyah, la fille du directeur du théâtre), Zeinat Sedki (Warda, la directrice de la pension), Salah Kasin (une vieille dame), Zaki Ibrahim (le vieux sage), Mohamed Sobeih (le chauffeur de taxi), Mohsen Hassanein (le cireur de chaussures)
Scénario et dialogues : Abou Al Seoud Al Ebiary et Henry Barakat
Musique : Farid Al Atrache
Production : les films Farid Al Atrache/Studio Misr


Comédie musicale. Asfour est un chanteur sans le sou qui se produit sur la scène du Théâtre Crème. Il vit à la pension Warda avec ses collègues Booh, Qilh et Halaq. Il est amoureux de Alyah, sa partenaire mais aussi la fille du directeur du théâtre Crème. La jeune femme s’apprête à épouser un jeune homme riche, Mimi Bey. Asfour qui pourtant croit être aimé fait sa demande en mariage auprès du père d’Alyah. Ce dernier exige en dot une somme que le pauvre chanteur est incapable de réunir. Asfour est au désespoir mais le destin va lui porter secours. Alors qu’il erre sans but dans la campagne, un vieux sage vient à sa rencontre et lui donne rendez-vous dans une grotte. Asfour s’y rend accompagné de son ami Booh. Le vieil homme apparaît et remet au chanteur une lampe magique. En sort une petite diablesse du nom de Kahramana. Celle-ci peut exaucer tous ses vœux. Malheureusement, elle est tombée amoureuse d’Asfour et fera tout pour empêcher son mariage avec Alyah.

Notre avis : de 1947 à 1952, Samia Gamal et Farid Al Atrache vont partager le haut de l’affiche de sept comédies musicales. Cette « Mademoiselle Diablesse » constitue certainement l’acmé de leur carrière en couple. C’est une féérie visuelle et sonore dans laquelle les deux artistes semblent touchés par la grâce. La dimension fantastique du récit inspirée des Contes des Mille et Une Nuits n’est pas l’un des moindres charmes de ce film et le réalisateur a su revivifier la figure mythique de l’efrit en la dotant de toute la séduction et de toute la sensualité de son actrice principale.
Profitons-en pour souligner le rôle majeur joué par Samia Gamal dans l’évolution de la comédie musicale égyptienne. Son sens du mouvement et de la comédie a dépoussiéré un genre qui au départ s’inspirait largement de l’opérette traditionnelle d’où le caractère guindé des séquences dansées et chantées. Avec Samia Gamal tout change, le rythme s’accélère, la frénésie s’empare des corps, les répliques crépitent allègrement, la caméra elle-même semble danser comme entraînée par l’euphorie générale. Enfin, grâce à sa fougueuse partenaire, Farid Al Atrache se lâche et nous montre qu’il est bien meilleur acteur dans le registre comique que dans le drame.


Lundi 1er décembre à 22h

Rendez-vous avec un inconnu d'Atef Salem (Maweed maa maghoul, 1959)
avec Omar Sharif (Magdi), Samia Gamal (Nana, auxiliaire de police), Hala Shawkat (Nadia), Fakher Fakher (Soubhy), Youssef Fakhr El Din (Rachad), Omar Al Hariri (officier de police), Reyad El Kasabgy (le gardien de l'usine), Kamal Hussein (Amin), Thuraya Fakhry (mère de Rachad), Salah Nazmi (le médecin)
Scénario : Youssef Issa
Musique : Mohamed Abdel Wahab
Production : les Films Mohamed Abdel Wahab et les Films Barakat
appréciation : 3/5


Amin est un industriel. Depuis qu’il a constaté que son entreprise était l’objet d’importants détournements de fonds, il reçoit des lettres anonymes lui enjoignant de garder le silence. Amin veut lui-même enquêter avant de prévenir la police. Il convoque Rachad, son jeune comptable. Lors de leur entretien, Amin explique à son interlocuteur qu’il est certain de son innocence mais que quelqu’un a tenté de le faire accuser en falsifiant ses livres de comptes. Tandis qu’ils discutent, un homme s’est introduit dans la voiture de Rachad pour se saisir du revolver qui se trouve dans la boîte à gants. L’inconnu pénètre dans les locaux de l’entreprise et tire sur Amin qui s’effondre mortellement blessé. Poursuivi par le gardien, Rachad se sauve. Sur la route il est arrêté par un étrange personnage qui lui garantit l’impunité bien que tout l’accuse. Il doit disparaître et garder le silence sur tout ce dont il a été le témoin. Après avoir fait ses adieux à sa mère et à sa sœur, Rachad s’envole pour le Soudan. La police a pris l’affaire en main mais elle ne parvient pas à identifier un coupable. Magdi est le jeune frère d’Amin qui fait des études à l’étranger. Il rentre en Egypte pour mener sa propre enquête.

Notre avis : bien que le scénario comporte des facilités, des contradictions et des invraisemblances (oui, ça fait beaucoup !), « Rendez-vous avec un inconnu » est un thriller qui emporte quand même l’adhésion grâce à son atmosphère de roman noir, ses personnages énigmatiques et surtout grâce à la relation incandescente qui unit Omar Sharif et Samia Gamal, ou du moins leurs personnages. Le premier est magistral en héros d’une beauté sombre et altière qui voit avec effroi la réalité se dérober sous ses pas. Et la seconde incarne avec maestria un Dom Juan féminin d’une sensualité diabolique. La beauté des images d’Alexandrie et de ses environs ravira les nostalgiques d’une époque et d’un art de vivre à jamais révolus.




samedi 22 novembre 2025

Mounira Sunbul (1939-2025)

منيرة سنبل

L'actrice égyptienne Mounira Sunbul est morte le 10 novembre 2025 à l'âge de 86 ans.


Mounira Sunbul est née à Alexandrie dans une famille aristocratique. Elle reçoit une éducation conforme à son milieu. Elle est scolarisée dans les établissements les plus prestigieux de la station balnéaire et elle pratique assidument la danse et la natation. En 1956, elle remporte le titre de Miss Alexandrie. Dans la foulée, elle tourne dans son premier film, Les Diables de l’air de Niazi Mustafa (shayatin aljou).
Sa carrière cinématographique fut extrêmement brève, deux petites années durant lesquelles, elle jouera dans six films. Dans la plupart, elle incarne une séductrice, rivale de l’héroïne.
Après Un Amour Silencieux (Alhabu alsaamat) tourné en 1958, elle renonce au cinéma pour se marier. Elle n’a que 19 ans.


Dans Des Femmes dans ma Vie de Fateen Abdel Wahab ( (Nissa fi hayati, 1957)




Dans Un Amour Silencieux de Seif Eddin Shawkat  (Alhabu alsaamat, 1958)




Dans la Rue de l'Amour d'Ezzel Dine Zulficar  (Share'a Al-Hob, 1958)



mercredi 19 novembre 2025

Les réalisateurs : Mohamed Fadel (né en 1938)

محمد فاضل

Mohamed Fadel a fait l'essentiel de sa carrière artistique à la télévision. A vingt-neuf ans, il réalise son premier feuilleton, Le Caire et les Gens, dont les quatre-vingt quatre épisodes rencontreront un succès considérable. En cinquante-cinq ans de carrière, il ne tourne que six longs métrages pour le cinéma. Le plus remarquable est sans conteste Nasser 56 réalisé en 1996. En revanche, il est aussi l'auteur de ce que certains critiques ont considéré comme l'un des films les plus ratés de l'histoire du cinéma égyptien, L'Etoile de l'Orient (1999). Dans ce biopic de la grande chanteuse Oum Kalthoum, il avait choisi pour incarner celle-ci sa propre épouse, Ferdoos Abdel Hamid. Le fim ne resta à l'affiche qu'une seule journée.


Un seul film de Mohamed Fadel a fait l'objet d'une présentation dans ce blog :

L’Amour en Prison (Hob Fel Zenzana, 1983)
avec Soad Hosny (Fayza Hassan), Adel Imam (Saleh), Yehia El Fakharany (Farouk, le faux-monnayeur), Gamil Rateb (Al Shirnwabi, l’homme d’affaires), Abdel Moneim Madbouly (le second d’Al Shirnwabi), Ali Al Sharif (un tueur à gages), Mohamed Ahmed Almasry (Shamshon, un prisonnier), Mohamed Kamel (Tawfiq, un des prisonnier), Samy Maghawry (Docteur Sami, le frère de Fayza), Naima El Sagheir (la gardienne de prison), Mohamed Shawky (le marchand de cuir), Badr Nofal (le gardien de la prison), Ahmed Al Badry (un inspecteur de police), Mahmoud Masoud (Houssam Ali), Mohammad Farid (l’agent d’entretien de la prison), Magda Zaki (la femme de Farouk)
Scénario : Mohamed Fadel et Ibrahim El Mougi
Musique : Ammar El Sheraie
Production : Wasif Fayez


Al Shirnawabi est un homme d’affaires sans scrupule. Il importe à très bas prix des denrées alimentaires impropres à la consommation humaine et il les revend sur le marché égyptien comme des produits parfaitement comestibles. Il vient d’acheter un vieil immeuble dans le but de le détruire afin de réaliser une opération immobilière. La présence de locataires met à mal son projet. Il prend alors une décision radicale : il fait incendier le bâtiment. Le résultat est à la hauteur de ses espérances : les locataires ont disparu et ce qui était leur logement n’est plus qu’un amas de cendres. Pour éloigner les soupçons de la police concernant le rôle d’Al Shirnwabi dans ce drame, son bras droit entre en contact avec Saleh, un résident de l’immeuble. Il lui demande de prétendre que c’est lui l’incendiaire et en échange on lui offrira un luxueux appartement. L’assistant de l’homme d’affaire est formel : il écopera au plus d’une peine de trois mois d’emprisonnement. Saleh se laisse convaincre. Malheureusement, au procès, les choses ne se passent pas comme prévu. Il est condamné à dix ans de détention. Ses protestations n’y font rien, il devra purger sa peine. Il se retrouve dans une cellule qu’il partage avec deux autres condamnés. Entre eux la bonne entente est immédiate. Saleh découvre que leur centre pénitencier fait face à celui des femmes. A heures fixes, les prisonniers et leurs consœurs de l’autre bâtiment se pressent devant les fenêtres pour tenter de communiquer entre eux. C’est ainsi que Saleh aperçoit une femme un peu à l’écart coiffée d’un foulard vert. Il en tombe aussitôt amoureux.

Notre avis : Dans les années soixante, de nombreuses comédies évoquent de manière pittoresque le monde de la prison. Dans ce film des années quatre-vingt, la description se veut beaucoup plus réaliste même si les conditions de détention du héros sont adoucies par l’amitié avec ses codétenus et l’amour avec une femme incarcérée dans la prison d’en face. Mohamed Fadel a fait sa carrière essentiellement à la télévision. Dans les années quatre-vingt, il ne réalise que deux films pour le cinéma dont celui-ci. On pouvait craindre le pire mais contre toute attente le film est d’une qualité tout à fait honorable. Mohamed Fadel a su restituer avec justesse et empathie le petit monde de la prison. Evidemment l’intérêt principal du film repose sur le couple formé par Adel Imam et Soad Hosny. Les deux stars sont parvenues à incarner magnifiquement ces deux êtres maltraités par la vie mais rendus plus fort par l’amour fou qui les unit. Cette comédie dramatique dénonce aussi la corruption sans bornes des puissants, notamment à travers le personnage de l’homme d’affaires joué avec une jubilation évidente par Gamil Rateb, magistralement odieux.

dimanche 16 novembre 2025

A la télé : les films du jour (Rotana Classic du 16 au 30 novembre)

روتانا كلاسيك

Quels films peut-on voir sur la chaîne Rotana Classic ? Les horaires donnés sont ceux de l'après-midi ou de la soirée (heure de Paris). La plupart des films sont ensuite rediffusés le lendemain matin.
Rotana Classic a remplacé Rotana Zaman en 2012. Cette chaine fait partie du groupe Rotana basé en Arabie Saoudite et spécialisé dans le divertissement (télévision et musique). Celui-ci a été créé par le prince Al-Walid ben Talal ben Abdelaziz Al Saoud, membre de la dynastie Al Saoud et petit-fils du fondateur de l'Arabie Saoudite. Comme son nom l’indique, Rotana Classic diffuse essentiellement les grands classiques du cinéma égyptien. Disponible en France.


Dimanche 30 novembre à 18h30

Vacances forcées de Nagdi Hafez (Agaza Belafya, 1966)
avec Fouad El-Mohandes (Hussein), Mohamed Awad (Salem), Shweikar (Dounia), Nawal Abou El Fotouh (Amina, la collègue de Dounia), Kawthar El Assal (Sharifa, la complice de Kamal), Hassan Hamed (Kamal, l’escroc), Zouzou Chakib (la tante de Dounia), Adel Imam (un espion), Lebleba (chanteuse), Salama Elias (le directeur du journal), Adel Awad (un enfant), Abdel Ghani El Nagdi (un espion), Fouad Rateb (le bijoutier)
Scénario : Abdel Ghani El Nagdi, Ahmed Al Mula et Hassan Ahmed
Musique : Munir El Meiligy et Fathi Qoura
Production : Alflam Al Nasr Al Arabi


Comédie. Salem et Hussein sont deux amis qui travaillent dans la même administration. En jouant à un concours organisé par un journal, ils gagnent deux semaines de vacances à Alexandrie. Ce prix ne les emballe guère : ils tentent de l’échanger puis de le revendre en vain. Ils ne leur restent plus qu’à partir pour la station balnéaire. Le directeur du journal charge deux de ses reporters, Amina et Dounia, de s’installer dans le même hôtel que les deux gagnants du concours afin de réaliser un reportage. L’une des deux journalistes, Dounia, est une très riche héritière et sa tante craint qu’elle tombe amoureuse de Salem ou de Hussein. La parente confie à deux hommes la tâche de surveiller de près sa nièce. A l’hôtel, se trouvent également un escroc et sa complice en quête de nouvelles victimes à dépouiller. Ils sont très intéressés par la magnifique bague que porte Dounia…

Notre avis : « Vacances Forées » appartient à ce genre très prisé dans les années soixante, celui de la « comédie de plage » avec jeunes gens en maillot de bain jouant et dansant sur le sable. C’est un film construit autour de quatre duos qui se croisent à l’hôtel ou à la plage : Fouad El Mohandès/Mohamed Awad ; Shweikar/Nawal Abou El Fotouh ; Kawthar El Assal/Hassan Hamed ; Adel Imam/Abdel Ghani El Nagdi. Le scénario a été écrit par deux des acteurs principaux du film et on sent dans sa composition le souci des auteurs de mettre en valeur tous leurs partenaires. Le résultat est assez sympathique et l’on suit sans déplaisir les péripéties auxquelles sont confrontés tous les personnages. Bien sûr, il y a des facilités et des naïvetés inhérentes à ce type de productions grand public, mais la réalisation est très soignée et les acteurs en grande forme ! Contre toute attente, le jeu de Mohamed Awad reste supportable. C’est la première fois que celui-ci joue en duo avec Fouad El Mohandes et il faut reconnaître que leur collaboration fonctionne fort bien.


Samedi 29 novembre à 14h

Ali Baba et les quarante voleurs de Togo Mizrahi ( Ali Baba wel Arba'in Haramy, 1942)
avec Ali Al Kassar (Ali Baba), Layla Fawzi (Princesse Morgana), Mohamed Abdel Moteleb (Hassan, le fils d’Ali Baba), Ismael Yassin (Belout), Abdel Meguid Choukry (Barakat), Zakeya Ibrahim (femme d’Ali Baba), Reyad El Kasabgy (Hafez Shaalan, le chef du gang), Zaki Ibrahim (Prince Nasser), Abdel Halim Khattab (Prince Nazir), Hassan Baroudi (le frère d’Ali Baba), Rafia Al Shaal (la belle-sœur d’Ali Baba)
Scénario : Togo Mizrahi
Musique : Izzat El Gahely et Riad El Sonbati
Production : Bahna Films


L'adaptation cinématographique du célèbre conte tiré des Mille et Une Nuits.
A l’origine, Ali Baba et les quarante voleurs n’appartient pas au corpus des contes des Mille et une Nuits mais il y a été incorporé par Antoine Galland dans sa traduction française.
Togo Mizrahi prend beaucoup de liberté avec le conte original. Il a inventé la rivalité entre les princes Nasser et Nazir, il a transformé le personnage de Morgiane, une esclave au service du frère d’Ali Baba en une princesse enlevée par les quarante voleurs.

La capitale du royaume du prince Nasser est mise à sac par des bandits qui tuent, pillent, détruisent tout ce qui se trouve sur leur passage. Le prince Nasser connaît bien cette fameuse bande des quarante voleurs : quinze ans auparavant, ils s’étaient emparés de sa fille, la Princesse Morgana et on ne l’avait jamais revue. Cette fois-ci, le monarque est bien décidé à mettre hors d’état de nuire ces brigands et il promet une forte récompense à quiconque sera en mesure de donner des informations sur eux. Ce qu’il ne sait pas , c’est que celui qui a commandité l’enlèvement de sa fille, c’est son propre cousin, le prince Nazir qui rêve de lui ravir le trône. En faisant disparaître la princesse, il devient le seul héritier de la couronne. Morgana a été élevée par un membre du gang et sa femme, deux braves gens qu’elle a toujours considérée comme ses parents.
Parmi les sujets du Prince Nasser, il y a Ali Baba, un pauvre bûcheron qui mène une existence misérable avec sa femme, son fils Hassan et son fidèle employé Belout. Ce jour-là, le bûcheron et son commis sont revenus du marché sans un sou : ils se sont fait escroquer par un filou qui leur a pris des bûches sans rien payer. Pour aider son père, Hassan se rend seul dans la forêt afin d’y couper du bois. C’est là qu’il rencontre Morgana. Le coup de foudre est immédiat mais la jeune femme disparaît aussi vite qu’elle était apparue. Pendant ce temps-là, la femme d’Ali baba a demandé à son mari de se rendre chez son frère, le richissime Qassim pour obtenir quelques sous. Le vieux grigous est intraitable : il ne donnera rien. Mais le soir même, sa belle maison est incendiée par les quarante voleurs. Qassim et sa femme sont contraints de demander secours auprès d’Ali Baba qui les accueille chaleureusement dans sa pauvre mansarde…

Notre avis : cette adaptation du conte d’ « Ali Baba et les Quarante Voleurs » est la première réalisée en langue arabe. Elle séduit le spectateur par sa fraîcheur et une certaine forme de naïveté. Mizrahi a mis l’accent sur l’aspect farcesque du récit, il nous restitue ainsi tout l’univers des contes et fabliaux de la littérature populaire du temps des Abbassides. Mais la poésie est aussi présente, notamment lorsque le fils d’Ali Baba et la princesse Morgana se retrouvent la nuit dans la forêt : instants magiques magnifiés par le chant de Mohamed Abdel Moteleb. C’est le quatrième film que tourne Ismaïl Yassin. A trente ans passés, il a conservé la silhouette frêle d’un adolescent. Au fil des années, il va s’épaissir (son jeu aussi !) et sa carrière prendre son envol jusqu’à faire de lui le roi de la comédie qui régnera sans partage durant près de deux décennies.


Vendredi 28 novembre à 16h

Karakoun dans la rue d'Ahmed Yehia (karakun fi alshaarie, 1986)
avec Adel Imam (Shérif Mohamed Al-Masry), Yousra (Souad, la femme de Sherif), Liza (la petite fille), Raafat Maher Labib (le petit garçon), Ali Al-Sharif (Abou Douma, le squatteur du caveau familial de Sherif), Naima Al-Saghir (la mère de Sherif), Youssef Daoud (Shaaban), Amal Ibrahim (Ilham), Hussein Sherif (un officier de police), Abdel Moneim Elmarsfy (le magistrat), Adawi Ghaith (Hajj Nadi, le promoteur escroc), Angel Aram (l’une des victimes de Hajj Nadi), Diaa Al-Mirghani (un officier de police), Afaf Abdel Razik (la présentatrice de la télévision), Hamdi Youssef : (Hamdi)
Scénario : Ahmed Al Khatib
Dialogue : Basyouni Othman
Musique : Amar Al Charia
Production : New Art Film (Ahmed Yehya)


L'ingénieur Sharif est marié à Souad, une jolie enseignante. Ils ont déjà une fille Sarah et un fils Hani, et Souad attend un troisième enfant. La petite famille réside dans un grand appartement dans lequel vit aussi la mère de Sharif. Leur existence va soudain basculer : ils doivent quitter précipitamment leur immeuble qui menace de s’effondrer. Les autorités de la ville dressent des tentes pour accueillir tous les résidents mais la promiscuité imposée devient vite insupportable. Heureusement, une collègue de Souad leur propose de s’installer chez elle, le temps qu’ils trouvent un autre logement. Le mari de cette collègue accepte mal la présence de toute cette famille et il se comporte en véritable tyran, multipliant les petites humiliations à l’encontre de ses invités. L’homme finit même par rudoyer Hani, le fils de Sharif et de Souad. C’en est trop pour Sharif. Il se jette sur l’individu pour le rosser à son tour. Evidemment, toute la famille se retrouve dans la rue à la recherche d’un nouveau refuge. Sharif décide de s’installer au cimetière, dans le tombeau familial. En arrivant, ils découvrent que les lieux sont déjà occupés par un homme qui revendique le droit d’y demeurer. Sharif et son squatteur se retrouvent devant un juge. Ce dernier décide que les deux parties devront cohabiter…

Notre avis : une chronique sociale qui évoque les difficultés de logement rencontrées par les Cairotes de la classe moyenne dans les années 1980. De nombreux films s’intéressent à ce problème et, en cette même année 1986, Ali Abdel Khalek propose lui aussi une œuvre sur le sujet, avec des péripéties assez semblables : "Cimetières meublés à louer" (Madafen Mafrosha Lligar).
Pour incarner les deux héros, le cinéaste réunit Adel Imam et Yousra, un couple bien connu des spectateurs égyptiens. Et on les retrouve dans des situations que l’on a déjà rencontrées dans d’autres films de la même époque. Le parcours est balisé et l’on ne sera pas déstabilisé par ce récit assez convenu.
« Karakoun dans la rue » raconte, sur un ton doux-amer, les multiples obstacles qui se dressent devant le citoyen ordinaire en quête d’un toit. Les auteurs dénoncent la grande vulnérabilité de celui-ci face à une administration dénuée d’empathie et face à des entreprises dirigées par des escrocs sans scrupule. L’ensemble n’est pas déplaisant, même si le rythme demeure un peu languissant : les scènes semblent étirées au maximum de leurs potentialités et l’on souhaiterait parfois que le cinéaste recoure davantage à l’ellipse ou au raccourci. Rien de véritablement original donc dans cette satire, si ce n’est la dernière partie où l’on nous assène un étonnant plaidoyer en faveur du caravaning.


Jeudi 27 novembre à 22h

Rendez-vous avec Satan de Kamel El Telmissani (Maw’id ma’ iblis, 1955)
avec Zaki Rostom (le docteur Ragab Ibrahim), Mahmoud El Meleigy (le docteur Nabil/Satan), Abdel Moneim Ibrahim (Hassan, l’assistant du docteur Ragab Ibrahim), Cariman (Nadia, la fille du docteur Ragab Ibrahim), Wedad Hamdy (la servante), Abdel Ghani El Nagdi (le concierge), Soleiman El Gendy (Adel, le fils du docteur Ragab), Mounir Mourad (Mounir, le neveu du docteur Ragab), Lotfi Al Hakim (le fabricant d’appareils médicaux), Mohamed Shawki (le vendeur de bicyclettes)
Scénario : Galil El Bendary, d'après Faust de Goethe.
Musique : Mahmoud Al Sharif et Mounir Mourad + Rossini, l’Ouverture de l’opéra Guillaume TellProduction : Films Ahmed Darwish
appréciation : 4/5


Fantastique. Le docteur Ragab Ibrahim dirige une clinique privée dans le quartier de la mosquée Hussein. Les affaires ne vont pas bien, les patients aisés se font soigner dans d’autres établissements plus réputés. Les maigres honoraires du docteur suffisent à peine à payer les charges de la clinique. Ragab vit avec sa fille Nadia, son petit garçon, Adel et son neveu Mounir qui s’est installé chez eux depuis la mort de son père. Mounir rêve de devenir chanteur et il très amoureux de sa cousine. Le médecin a perdu sa femme il y a longtemps déjà et après son travail il se consacre tout entier à ses enfants qu’il ne peut gâter comme il le souhaiterait.
Un soir sa voiture tombe en panne sur une route isolée. Il est secouru par un certain docteur Nabil qui en réalité est Satan. La voiture redémarre et le docteur Ragab propose à son confrère de le ramener en ville. Pendant le trajet les deux hommes discutent et sympathisent. Ils promettent de se revoir.

Notre avis : en dépoussiérant le mythe de Faust et en mélangeant allègrement les genres et les registres, Kamel El-Telmissani a réussi à créer une œuvre unique, ne ressemblant à aucune autre. Il ne s’est pas laissé impressionner par l’ombre tétanisante de Goethe, le grand écrivain allemand du XIXe siècle dont les deux Faust constituent des œuvres majeures de la culture universelle. Contournant les références littéraires ou cinématographiques, Kamel El Telmissani a su s’approprier la légende germanique avec une totale liberté et une certaine impertinence pour nous offrir une œuvre pleine d’intelligence et d’humour. Ce «Rendez-vous avec Satan » constitue l’une des plus belles réussites d’un cinéaste égyptien dont la carrière a été gâchée par bien des vicissitudes.


Mercredi 26 novembre à 18h30

La Fin du Chemin de Kamal Attiya (Nihâyat al tariq, 1960)
avec Hoda Soltan (Sharbat), Rushdy Abaza (Hussein), Tawkik El Deken (Fathi), Wedad Hamdy (l’amie de Sharbat), Abbas Fares (Haj Abdo, le père de Fathi), Omar el Hariri (Fouad), Thuraya Fakhry (la mère de Sharbat), Adawy Gheith (le directeur de l’usine), Fawzia Mohamed (la danseuse), Hassan El Baroudi (le secrétaire du père de Fathi)
Scénario : Kamal El Hefnawi
Musique : Mohamed El Mogy et des emprunts divers. (La musique du générique est un enregistrement de Pérez Prado, le roi du Mambo et on entend dans quelques scènes, des extraits de la B.O.de Sueurs Froides d’Alfred Hitchcock, une B.O. composée par Bernard Herrmann.)
Musique de danse : Attia Sharara
Chansons : Mohamed Al Mogi
appréciation : 4/5


Drame. Sharbat, une jeune femme d’origine modeste vit seule avec sa mère dans un petit appartement. Elle est tombée amoureuse d’Hussein, un jeune ouvrier qui réside dans le même immeuble que le sien. Elle multiplie les occasions de rencontres et parvient à s’introduire dans le logement de son bien aimé. Celui-ci cède aux avances réitérées de Sharbat. Ils se marient. Au début, l’entente entre les deux jeunes mariés est totale. Fathi, un jeune étudiant riche, tourne autour de la jeune femme. Il n’hésite pas à venir la voir chez elle quand Hussein est à l’usine mais Sharbat reste insensible à ses propositions. Avec son mari, elle est heureuse, d’autant plus que celui-ci a repris des études à l’université : il veut devenir avocat...

Notre avis : un excellent film dans lequel le réalisateur raconte l’ascension chaotique puis la chute vertigineuse d’une jeune femme prête à tout pour échapper à la pauvreté. Hoda Soltan campe avec un naturel confondant une enjôleuse diabolique qui détruit tous les hommes de son entourage. Avec ce rôle, elle confirme son titre de la femme fatale la plus maléfique du cinéma arabe. Ses partenaires Rushdy Abaza et Tawfiq El Deken sont tout aussi épatants, l’un et l’autre dans deux registres radicalement différents. Dans ce film, le réalisateur a su magistralement concilier le drame social à l’égyptienne et l’esthétique du film noir américain.


Mardi 25 novembre à 14h

Soir de fête d'Helmy Rafla (Laylat al id, 1949)

avec Ismaël Yassin (Sosso), Shadia (Yasmina), Mahmoud Shoukoko (Shosho), Abdel Hamid Zaki (le propriétaire du théâtre), Farid Shawki (Sharif), Stephan Rosti (Nazih), Hussein Issa (Nadim), Lola Sedky (Lola, la sœur de Nazih, Sharif et Nadim), Nour El-Demirdash (Salah Ezzat, la victime des quatre escrocs), Abd El Fatah El Qosary (Hamouda, propriétaire de la Rose Blanche), Elias Moaadab (Al-Khawaja Fares), Zinat Sedky (la femme d’Hamouda), Hassan Fayek (le père de Salah), Gomaa Edriss (le gardien du théâtre), Monir El Fangary (l’employé du théâtre)
Une histoire d’Anwar Wagdi
Scénario et dialogues : Abou Al Saoud Al Ibiary
Musique : Mahmoud Al Sherif, Mohamed El Bakkar
Production : Anwar Wagdi


Comédie. Yasmina et ses deux frères chantent et dansent dans un théâtre. Un soir, le directeur de l’établissement importune plus que de coutume la jeune femme et ses deux frères finissent par intervenir. Ils rossent sans ménagement l’homme indélicat. Ce dernier les met aussitôt à la porte. Les trois artistes n’ont plus qu’à chercher un autre lieu où se produire. C’est alors qu’ils découvrent une annonce publiée dans le journal par le Casino de la Rose Blanche. Le célèbre cabaret recherche des chanteurs. Yasmina se rend à l’adresse indiquée. Malheureusement, elle s’est trompée et elle s’est introduite dans un appartement privé. A peine a-t-elle compris son erreur qu’un groupe de trois hommes et une femme fait son entrée. Yasmina a juste le temps de se cacher. A travers leur conversation, elle devine que ce sont des escrocs qui attendent l’une de leur victime : ils ont bien l’intention de la plumer au jeu. La proie arrive enfin. C’est un jeune homme qui semble doux et honnête. Il est reçu par la femme qui l’accueille seule. Ils se connaissent et ont manifestement de tendres sentiments l’un pour l’autre. Soudain les trois hommes font irruption dans la pièce. Ce sont les frères de la jeune femme et ils feignent l’indignation devant le spectacle de leur sœur dans les bras d’un inconnu. Ils exigent une promesse de mariage pour laver l’honneur de la famille. Le jeune homme accepte aussitôt. Les trois frères convient alors l’amoureux de leur sœur à une partie de poker. Yasmina s’est dissimulée sous la table de jeu et elle s’aperçoit que les trois escrocs trichent afin de dépouiller leur victime. Elle décide d’intervenir…

Notre avis : une comédie musicale enjouée par le spécialiste du genre. Tout le monde chante et danse sur un rythme échevelé et avec une énergie inépuisable. Shadia, Ismaël Yasin et Mahmoud Shoukoko forment un trio en parfaite harmonie. Saluons la performance de Shadia : elle n’a alors que dix-huit ans et elle joue à jeu égal avec ses deux partenaires qui en ont vingt de plus. Elias Moadab est désopilant en fantaisiste levantin (on retrouvera son allure et ses expressions plus tard chez l’acteur et chanteur turc Dario Moreno.). Comme nous avons eu maintes fois l’occasion de l’écrire, 1949 fut une année faste pour la comédie musicale égyptienne. « Soir de Fête » en est un bel exemple même si ce film n’atteint pas l’éclat de « Mademoiselle Diablesse » d’Henry Barakat ou de « La Fille du Maire » d’Abbas Kamel sortis la même année.


Lundi 24 novembre à 18h30

Les Lunettes Noires de Houssam Al Din Mustafa (Al-Nazzara Sawdaa, 1963)
avec Nadia Lotfi (Madi), Ahmad Mazhar (Omar), Ahmad Ramzy (Aziz), Sanaa Mazhar (Mervat, la fille du patron), Abdel Khalek Saleh (le directeur de l’usine), Abu Bakr Ezzat (l’un des flirts de Madi), Karima El Sherif, Khalil Badr Eddin (Wali), Enayat Youssef, Fayek Bahgat (Mustafa, un ouvrier), Sayed Abdallah (un collègue d’Omar), Souad Abdullah
Scénario et dialogues : Lucien Lambert et Mohamed Kamel Abdel Salam
D’après une histoire d’Ihsan Abdel Quddus publiée en 1952 avec deux autres récits
Musique : parmi de nombreux emprunts, on trouve un extrait des « Spirituals for Orchestra IV » de Morton Gould (générique de l’émission de la télévision française «Les Dossiers de l’Ecran »)
Production : Abbas Helmy


Madi est une jeune aristocrate très fortunée qui mène une vie oisive. Elle porte en permanence des lunettes noires et parmi ses amis, elle jouit d’une grande popularité. Dans l’existence, elle n’a qu’un seul but : s’amuser. L’après-midi, elle retrouve toute sa bande autour de la piscine et le soir, on danse et on boit jusqu’au milieu de la nuit. La plupart du temps, elle rentre chez elle ivre morte. Madi a un petit ami attitré, Aziz mais celui-ci s’est lassé d’elle et a commencé à courtiser d’autres filles. Pour oublier sa peine, elle s’est mise à boire davantage et à flirter avec des garçons qu’elle connaît à peine. Un soir, elle rencontre un jeune homme différent de ceux qu’elle fréquente d’ordinaire. Il s’appelle Omar et il occupe un poste d’ingénieur dans une usine de textile. Ils vont sympathiser et Omar va tenter de faire partager à Madi sa conception de l’existence ainsi que son amour de la littérature et des arts. Pour la jeune aristocrate, c’est une révolution…

Notre avis : le récit du romancier Ihsan Abdel Quddus se déroule en 1947. Houssam Al Din Mustafa transpose l’action à son époque, ce qui lui permet de brosser un portrait à la fois éclatant et incisif de la société égyptienne des années soixante. Il est donc curieux de lire au début du film que l’intrigue se déroulerait toujours en 1947. Une erreur qui devient dès les premières images un contresens embarrassant.
Ces « Lunettes Noires » peuvent sembler un peu démonstratives voire moralisatrices mais le scénario évite habilement l’écueil du manichéisme : les deux personnages principaux occupent des positions qui s’inversent dans la dernière partie du film et cette inversion constitue l’un des intérêts majeurs de cette histoire. Nadia Lotfi est bouleversante en jeune femme déboussolée, bien loin des clichés de la jeune fille de bonne famille fraîche et ingénue, incarnée à la même époque par Soad Hosny. Ce personnage de « bad girl » constitue une première dans le cinéma égyptien de l’époque et confère au film une modernité singulière.
Sur le plan esthétique, le réalisateur semble vouloir s’aligner sur les standards du cinéma international : les personnages évoluent dans une atmosphère très Dolce Vita, la bande-son est exclusivement américaine, et Nadia Lotfi s’inspire visiblement de Monica Vitti pour composer son rôle. Malgré quelques maladresses, « Les Lunettes Noires » demeure l’un des meilleurs opus de Houssam Al Din Mustafa, cinéaste prolifique capable du meilleur — souvent — comme du pire — parfois.



Dimanche 23 novembre à 22h

Le Soleil de Minuit de Hussein Helmy El Mohandes (Shams La Tgheeb, 1959)
avec Zubaida Tharwat (Soha), Kamal El Shennawi (Salah, l’ophtalmologue), Hussein Riad (Ahmed, le père de Soha), Youssef Fakhr El Din (Essam), Aida Helal (Kawthar, la fiancée d’Ahmed), Nazim Shaarawy (le directeur de l’institut pour aveugle), Thuraya Fakhry (la nourrice), Mary Ezz El Din (la mère d’Essam), Ahmed Loxer (le premier médecin), Ahmed Farahat (Mohamed, le petit bédouin)
Scénario : Hussein Helmy El Mohandes
Production : Youssef Obaid


Soha est une jeune fille qui mène une existence heureuse auprès de son père et de son petit frère. Depuis la disparition de la mère, une nourrice affectueuse et dévouée veille sur toute la petite famille. Pour parfaire son bonheur, Sohah est amoureuse d’un jeune garçon avec qui elle projette de se marier. Ce sont les vacances et Ahmed, le père, a décidé de séjourner au Fayoum avec ses deux enfants. Il en profite pour leur présenter Kawthar, la jeune femme qu’il compte épouser. A l’hôtel, Soha fait la connaissance de Mohamed, un petit bédouin qui vit dans le désert avec sa famille. Ensemble, ils se promènent dans la nature environnante. Soha s’est prise d’affection pour son petit compagnon et quand celui-ci tombe malade, elle passe ses journées à son chevet pour lui apporter soin et réconfort. Malheureusement, l’état de l’enfant s’aggrave et il meurt subitement. Soha est effondrée. Elle quitte précipitamment la tente de la famille bédouine et se perd dans le désert. Soudain, elle aperçoit au loin son père qui était parti à sa recherche. En voulant le rejoindre, elle chute et sa tête heurte violemment une grosse pierre. Elle perd connaissance. Quand Soha revient à elle, elle est à l’hôpital entourée de son père, de son frère et de son fiancé. Mais elle découvre en même temps qu’elle a perdu la vue. Toute la famille est bouleversée. Quand elle retourne chez elle, son père et sa nourrice lui manifestent toute l’affection dont ils sont capables. Mais elle aimerait avoir aussi auprès d’elle son fiancé Essam. Elle téléphone chez ses parents mais elle comprend qu’il a décidé de rompre…

Notre avis : « Le Soleil de Minuit » est le premier film que réalise Hussein Helmy El Mohandes. Il a déjà 39 ans et une longue carrière de scénariste derrière lui. On dit qu’il fut le découvreur de Zubaïda Tharwat, l‘actrice principale de ce film. Celle-ci apparaît pour la première fois à l’écran en 1956 mais sa carrière débute vraiment en 1957, alors qu’elle a 17 ans. Les quatre films dans lesquels elle joue avant « Le Soleil de Minuit » ont tous été écrits par Hussein Helmy El Mohandes. Ce dernier serait-il passé à la réalisation pour sa petite protégée ? On peut légitimement se poser la question. Ce premier film est un mélodrame lacrymal qui accumule dans sa première partie tous les poncifs du genre. On constatera quelques similitudes avec « Le Petit Ange », écrit aussi par Hussein Helmy El Mohandes et réalisé par Kamal El Sheikh en 1957. Zubaïda Tharwat y joue déjà une jeune adolescente que le destin accable et qui bouleverse son entourage par son courage et sa générosité. Hussein Riad joue exactement le même rôle dans les deux films : dans celui de 1957, il est le grand-papa qui pleure et dans celui de 1959, il est le papa qui pleure (Hussein Riad a toujours eu la larme facile. Pourtant ce n’est pas dans ce registre qu’il est le meilleur, tant s’en faut.*). Si « Le Petit Ange » était d’une insupportable mièvrerie, ce « Soleil de Minuit » nous semble nettement plus réussi, notamment la seconde partie qui narre l’affrontement entre l’ancien fiancé de l’héroïne, violent et sans scrupule et le jeune médecin qui veut tout tenter pour qu’elle recouvre la vue. Ces deux personnages sont joués par deux grands acteurs terriblement doués, Youssef Fakh El Din et Kamal El Shennawi. A noter qu’en cette même année 1959, Kamal El Shennawi et Zubaïda Tharwat triomphent dans l’excellent « Elle vécut pour l’amour » d’El Sayed Bedeir.

* Dans ce style « larmes et reniflements », Hussein Riad se surpasse dans « Rendez-vous avec la vie » d’Ezzel Dine Zulficar (1953). Il y incarne un médecin dont la fille unique est atteinte d’une maladie incurable.


Vendredi 21 novembre à 22h

L’Amour de mon Cœur d'Anwar Wagdi (Habib El Rouh, 1951)
avec Layla Mourad (Layla), Youssef Wahby (Youssef Fahmy), Anwar Wagdi (Wahid), Wedad Hamdy (Fatima), Ibrahim Omara (Cheikh Saber), Mimi Chakib (Sawsan Hanem), Samira Ahmed (Zouzou), Salah Mansour (un invité de la fête), Abdel Monem Basioni (un invité de la fête), Ferdoos Mohamed (la servante), Abdul Nabi Mohamed (le cuisinier), Abdelbadie El Arabi (le journaliste)
Scénario et dialogues : Abou Al Seoud Al Ibiary, Anwar Wagdi
Musique : Ahmed Sedky, Riad El Sonbati, Abdel Aziz Mahmoud
Production : Anwar Wagdi


Comédie sentimentale. Layla est une jolie femme, très élégante. Elle mène une existence heureuse et sans souci avec son mari, Wahid, qui est propriétaire d’un grand garage automobile en ville. Elle a aussi un talent qui fait l’admiration de tout son entourage : elle chante merveilleusement bien. Un jour, l’une de ses amies organise une réception chez elle. Evidemment, elle a demandé à Layla de chanter. Ce que cette dernière ne sait pas, c’est que parmi les invités, se trouve Youssef Fahmy, un musicien célèbre et quand celui-ci entend sa voix, il est tout de suite conquis.
Il est certain que la jeune femme peut devenir une grande chanteuse et il lui propose une collaboration artistique afin de réaliser ce projet. Layla est flattée mais son mari ne goûte guère cette proposition. Il invite néanmoins le musicien à venir dîner chez eux le lendemain. Quand Youssef se présente au domicile de Layla, elle est seule. Wahid a été retenu à son travail. Le musicien en profite pour tenter de convaincre à nouveau son hôtesse de se lancer dans la chanson. Celle-ci n’est pas insensible à ses arguments…

Notre avis : un drame sentimental dans lequel Youssef Wahbi joue un rôle qu’il affectionne tout particulièrement, celui du dandy tentateur portant smoking avec coupe de champagne à la main et gros cigare à la bouche. Face à lui, Anwar Wagdi qui se laisse aller à son penchant pour le jeu outré avec force grimaces et yeux exorbités. Heureusement, il y a Layla Mourad qui chante (Mais il y a aussi Youssef Wahbi qui massacre au piano la « Danse du Sabre » de Khatchaturian !). A noter le caractère légèrement autobiographique de cette histoire : dans la vraie vie, Anwar Wagdi et Layla Mourad furent mariés et leur union fut détruite par la jalousie excessive du premier. Il ne supportait pas que d’autres réalisateurs s’approchent de sa femme et la pauvre Layla devait endurer des scènes épouvantables. Dans le film, le mari finit par « récupérer » sa femme ; dans la vraie vie, après trois divorces, la rupture sera définitive.


Jeudi 20 novembre à 22h

Criminel à l’essai d'Abdel Moneim Shoukry (Mogrem Taht Al-Ekhtebar,1969)
avec Hassan Youssef (Medhat Souleiman), Nelly (Nadia), Soheir El Morshedi (Aziza, la maîtresse d’Abdel Maqsoud), Hassan Hamed (Abdel Maqsoud/l’acteur Fawzi Salem), Hassan Mostafa (Abdel Khaleq, le producteur), Nabil El Hagrassy (le réalisateur), Seif Allah Mokhtar (Barai’), Hassan Hussein (le photographe de presse), Ahmad Abu Abiya (un membre du gang d’Abdel Maqsoud), Salama Elias (le directeur de la prison), Lola Mohamed (la danseuse), Mohamed El Helwa (un membre du gang), Galal El Masry (l’assistant du metteur en scène), Abdel Ghani El Nagdi (le portier de la société de production)
Scénariste : Ahmed Abdel Wahab
Musique : Salah El Din Mustafa


Abdel Maqsoud est un dangereux chef de gang. Lui et ses hommes sont poursuivis par tout un groupe de policiers et ils se retrouvent piégés dans la montagne. Abdel Maqsoud n’hésite pas à sacrifier ses hommes pour sauver sa peau. Le lendemain sa mort fait les gros titres de la presse. Il aurait péri dans l’incendie de sa voiture. En fait, c’était un stratagème d’Abel Maqsoud pour pouvoir vivre tranquillement dans la clandestinité avec sa maîtresse. Les seuls à le savoir, ce sont ses anciens complices qui sont bien décidés à se venger. Lors de l’affrontement avec la police, un jeune journaliste était présent sur les lieux avec son photographe. Il s’appelle Medhat Souleiman et l’histoire de ce terrible gangster l’a tellement impressionné qu’il décide d’en tirer un scénario. La maîtresse d’Abdel Maqsoud sera jouée par Nadia, sa fiancée qui travaille comme dompteuse et acrobate dans un cirque. Pour interpréter le gangster lui-même, il a trouvé un acteur du nom de Fawzi Salem. Il n’a aucun talent et il est d’une intelligence médiocre mais c’est le parfait sosie du héros. Dans sa planque, Abdel Maqsoud apprend le projet du film et pour en savoir plus, il fait enlever l’acteur qui doit jouer son rôle. Quand celui-ci lui révèle le cachet qu’il touchera pour sa prestation, le vrai gangster décide de séquestrer son double et de se présenter à sa place dans les bureaux du producteur…

Notre avis : l’idée de départ du scénario n’est pas mauvaise : un gangster en cavale joue dans un film qui évoque sa propre histoire mais le tournage sera bouleversé par le caractère très mouvementé de son existence. On devine les potentialités comiques d’une telle situation mais le résultat est bien décevant. On se retrouve devant une petite comédie mal filmée et mal jouée. Le double rôle du gangster et de son sosie a été confié à Hassan Hamed plutôt habitué aux seconds rôles et le film a sans doute pâti de son jeu limité. Mais le plus gênant ce sont les gags gâchés par une réalisation d’une rare maladresse.  L'actrice Soheir El Morshedi qui incarne la maîtresse du gangster constitue la bonne surprise de cette comédie mais c’est bien la seule.


Mercredi 19 novembre à 22h

L’Amour en Prison de Mohamed Fadel (Hob Fel Zenzana, 1983)
avec Soad Hosny (Fayza Hassan), Adel Imam (Saleh), Yehia El Fakharany (Farouk, le faux-monnayeur), Gamil Rateb (Al Shirnwabi, l’homme d’affaires), Abdel Moneim Madbouly (le second d’Al Shirnwabi), Ali Al Sharif (un tueur à gages), Mohamed Ahmed Almasry (Shamshon, un prisonnier), Mohamed Kamel (Tawfiq, un des prisonnier), Samy Maghawry (Docteur Sami, le frère de Fayza), Naima El Sagheir (la gardienne de prison), Mohamed Shawky (le marchand de cuir), Badr Nofal (le gardien de la prison), Ahmed Al Badry (un inspecteur de police), Mahmoud Masoud (Houssam Ali), Mohammad Farid (l’agent d’entretien de la prison), Magda Zaki (la femme de Farouk)
Scénario : Mohamed Fadel et Ibrahim El Mougi
Musique : Ammar El Sheraie
Production : Wasif Fayez


Al Shirnawabi est un homme d’affaires sans scrupule. Il importe à très bas prix des denrées alimentaires impropres à la consommation humaine et il les revend sur le marché égyptien comme des produits parfaitement comestibles. Il vient d’acheter un vieil immeuble dans le but de le détruire afin de réaliser une opération immobilière. La présence de locataires met à mal son projet. Il prend alors une décision radicale : il fait incendier le bâtiment. Le résultat est à la hauteur de ses espérances : les locataires ont disparu et ce qui était leur logement n’est plus qu’un amas de cendres. Pour éloigner les soupçons de la police concernant le rôle d’Al Shirnwabi dans ce drame, son bras droit entre en contact avec Saleh, un résident de l’immeuble. Il lui demande de prétendre que c’est lui l’incendiaire et en échange on lui offrira un luxueux appartement. L’assistant de l’homme d’affaire est formel : il écopera au plus d’une peine de trois mois d’emprisonnement. Saleh se laisse convaincre. Malheureusement, au procès, les choses ne se passent pas comme prévu. Il est condamné à dix ans de détention. Ses protestations n’y font rien, il devra purger sa peine. Il se retrouve dans une cellule qu’il partage avec deux autres condamnés. Entre eux la bonne entente est immédiate. Saleh découvre que leur centre pénitencier fait face à celui des femmes. A heures fixes, les prisonniers et leurs consœurs de l’autre bâtiment se pressent devant les fenêtres pour tenter de communiquer entre eux. C’est ainsi que Saleh aperçoit une femme un peu à l’écart coiffée d’un foulard vert. Il en tombe aussitôt amoureux.

Notre avis : Dans les années soixante, de nombreuses comédies évoquent de manière pittoresque le monde de la prison. Dans ce film des années quatre-vingt, la description se veut beaucoup plus réaliste même si les conditions de détention du héros sont adoucies par l’amitié avec ses codétenus et l’amour avec une femme incarcérée dans la prison d’en face. Mohamed Fadel a fait sa carrière essentiellement à la télévision. Dans les années quatre-vingt, il ne réalise que deux films pour le cinéma dont celui-ci. On pouvait craindre le pire mais contre toute attente le film est d’une qualité tout à fait honorable. Mohamed Fadel a su restituer avec justesse et empathie le petit monde de la prison. Evidemment l’intérêt principal du film repose sur le couple formé par Adel Imam et Soad Hosny. Les deux stars sont parvenues à incarner magnifiquement ces deux êtres maltraités par la vie mais rendus plus fort par l’amour fou qui les unit. Cette comédie dramatique dénonce aussi la corruption sans bornes des puissants, notamment à travers le personnage de l’homme d’affaires joué avec une jubilation évidente par Gamil Rateb, magistralement odieux.


Mardi 18 novembre à 14h

Si j'étais riche d'Henry Barakat (Law kunt ghani, 1942)
avec Ehsane El Gazaerli (la femme de Mahrous), Abd El Fatah El Kosary (Younis, le cousin de Mahrous), Ibrahim Mostafa (le propriétaire de l’imprimerie), Beshara Wakim (Mahrous), Yehia Chahine (Kamal, l’amoureux de Wahiba), Samira Kamal (Wahiba, la fille de Mahrous), Mohamed Al Dib (Rachid, le fils de Mahrous), Thoraya Helmy (la chanteuse), Ibrahim Moheb (le serviteur)
Scénario et dialogues : Abou Al Saoud Al Ibiary
Musique et chansons : Izzat El Gahely et Ahmed Sabra
Production : les Films du Lotus (Assia Dagher)


Comédie. Mahrous est un modeste coiffeur qui vit dans un quartier populaire du Caire. Il a une femme et deux enfants. Son fils Rachid travaille comme ouvrier dans l’imprimerie du quartier, tout comme Younis son cousin. Sa fille Wahiba est en âge de se marier. Elle est tombée amoureuse d’un jeune homme qui se rend régulièrement dans le salon de Mahrous uniquement pour apercevoir sur son balcon l’élue de son cœur. Malheureusement, les parents de Wahiba refusent de les marier. Le papa coiffeur rêve de faire fortune et peste contre le destin qui l’oblige à vivre dans la pauvreté. Comme tous les habitants du quartier, il est révolté par l’égoïsme des riches. Si lui avait de l’argent, il n’hésiterait pas aider les nécessiteux. Un jour, ce rêve devient réalité. Un de ses cousins vient de mourir chez lui. L’homme vivait seul et Mahrous doit s’occuper de toutes les formalités. En entrant dans son appartement, il découvre le corps sans vie de son parent et tout autour des liasses et des liasses de billets de banque. C’est ainsi que Mahrous devient un homme riche. Avec toute sa famille il s’installe dans une maison de maître à Zamalek…

Notre avis : pour sa toute première réalisation, Henry Barakat se lance dans une évocation pittoresque d’un quartier populaire avec ses habitants hauts en couleur qui rivalisent de truculence et de forfanterie, malgré les difficultés et les privations de l’époque (Rappelons que le tournage se déroule durant la seconde guerre mondiale). Par certains côtés, l’atmosphère de ce film rappelle celle de la trilogie marseillaise de Marcel Pagnol. D’ailleurs, on retrouve le même dispositif théâtral avec des acteurs chevronnés qui cabotinent à plaisir. A cet égard, le couple formé par Ehsane El Gazaerli et Beshara Wakim domine toute la distribution par sa verve et sa pétulance. Certains déploreront le caractère simpliste de la morale : l’argent ne fait pas le bonheur et il est vain de vouloir quitter sa classe sociale d’origine. Il n’en demeure pas moins que « Si j’étais riche » constitue pour Henry Barakat une entrée éclatante dans la carrière !


Lundi 17 novembre à 18h30

Nous ne sommes pas des anges de Mahmoud Farid (Lasna Mala'eka, 1970)
avec George Sedhom (Ragab), El Deif Ahmed (Ramadan), Samir Ghanem (Sha’aban), Abbas Fares (Hajj Yassin), Shahinaz Taha (Mona, fille de Hajj Yassin), Hassan Mostafa (le gardien chef), Abdel Alim Khattab (l’oncle de Sami), Samir Sabri (Sami, le prétendant de Mona), Nagwa Fouad (la danseuse Elham), Ashraf Abdel Ghafour (Mourad, le neveu de Hajj Yassin, amoureux de Mona), Zakaria Mowafi (le gardien de prison Abdel Hafez), Aleya Abdel Moneim (la femme de Hajj Yassin)
Scénario : Farouk Sabry
D’après la pièce du dramaturge français Albert Husson, La Cuisine des Anges (1952). Cette comédie avait déjà fait l’objet d’une adaptation réalisée en 1955 par le cinéaste américain Michael Curtiz. En 1989, sortira une deuxième adaptation américaine signée Neil Jordan et portant le même titre que le film de Mahmoud Farid. A noter que celui-ci n’est pas la première version égyptienne de l’œuvre d’Albert Husson. En 1964, Hassan Abdulsalam la monte au théâtre avec déjà George Sedhom, El Deif Ahmed et Samir Ghanem.

Musique et chansons : Fouad El Zahry, Mohamed Al Mogy, Hussein El Sayed, Abdelazim Abdelhaqq

Dans cette liste, il y a un absent (un compositeur non crédité au générique mais dont l’une des œuvres est utilisée) : Nino Ferrer. On connaît l’amour de l’acteur Sami Sabri pour la musique pop occidentale et on pourrait citer un très grand nombre de comédies dans lesquelles il interprète des adaptations de tubes européens ou américains. Pour Nous ne sommes pas des Anges, il a choisi Les Cornichons de Nino Ferrer, une chanson de 1966. Certes, ce n’est pas un mauvais choix mais on n’est quand même un peu gêné par le fait que Samir Sabri se contente d’un play-back très approximatif sur l’enregistrement original du chanteur français. Sur le plan artistique, c’est d’un amateurisme absolu, sur le plan éthique, ce n’est pas très élégant.


Comédie musicale. Sha’aban, Ragab et Ramadan sont trois prisonniers particulièrement indisciplinés. Excédée par leurs frasques continuelles, la direction de l’établissement décide de leur transfert à la prison Abou Zaabel. Le véhicule pénitentiaire qui doit les emmener dans leur nouvelle demeure tombe en panne au milieu de nulle part. Une voiture surgit et s’arrête à leur hauteur. L’automobiliste est un vieil homme qui les invite à se rendre chez lui pour attendre les secours. Leur hôte, Hajj Yassin, vit dans une grande demeure avec sa femme et ses deux filles. Contre toute attente, les trois prisonniers et leurs deux gardiens sont accueillis à bras ouverts. Tout le monde sympathise et on improvise une petite fête où chacun chante et danse avant de passer à table. En fait, les trois amis ne tarderont pas à comprendre que derrière cette joie et cette convivialité, la famille est confrontée à de graves problèmes financiers…

Notre avis : c'est le dernier film des Trois Lumières du Théâtre, ce trio d'artistes comiques qui s'était formé en 1966. L'un de ses membres, El Deif Ahmed, est mort brutalement à la fin du tournage et il sera remplacé par une doublure lors de la course poursuite qui clôt le film. Dans la dernière scène, George Sedhom, un autre membre du trio, lui rend hommage par quelques mots d'adieu. Soyons francs : ce dernier opus n’est pas le plus réussi dans une filmographie qui pourtant ne compte pas que des chefs d’œuvre. On retrouve un grand nombre de situations et de procédés déjà exploités dans leurs films précédents au point que l’on pourrait ici parler d’auto-plagiat. L’exemple le plus criant : la première partie qui se passe en prison s’inspire très fortement (et c’est un euphémisme !) de l’une des séquences de la première comédie qu’ils tournent ensemble « Trente Jours en Prison » de Niazi Mostafa. Bref, on a l’impression qu’ils tournent en rond et la participation quelque peu désinvolte de Samir Sabri ne leur est pas d’un grand secours ! L’interminable course poursuite de la fin exaspérera le spectateur le plus bienveillant.


Dimanche 16 novembre à 18h30

Tue-moi, s’il te plait d'Hassan El Seifi (Iktilny minfadlak, 1965)
avec Fouad El-Mohandes (Adel), Shweikar (Amina, la fiancée d’Adel), Abdel Moneim Madbouly (le père d’Amina), Abu Bakr Ezzat (docteur Nabih, le frère d’Adel), Abdel Salam Mohamed (le jeune domestique), Hassan Hamed (le voleur), Salama Elias (le docteur Lewis), Hussein Ismaïl (le client ivre du cabaret), Abdel Ghany El Nagdi (le portier), Soheir Magdi (la danseuse), Mukhtar Al Sayed (le procureur), Galal El Masry (le chauve)
Scénario : Ahmed Al Mula
D’après une histoire d’Hassan Hamed
Musique : Fathy Qora et Izzat Al Jahili


Comédie. Adel et son frère le docteur Nabih ont passé la soirée dans un cabaret. Adel a abusé du whisky et son frère a dû le raccompagner jusqu’à chez lui. Adel refuse de laisser partir Nabih tant que celui-ci ne l’a pas examiné. Pour pouvoir rentrer chez lui, le docteur fait croire à Adel qu’il est atteint d’une maladie incurable et qu’il ne lui reste que quelques semaines à vivre. Le monde d’Adel s’écroule. Il devait se marier prochainement avec Amina. Pour ne pas faire subir à la jeune femme un inutile calvaire, il décide se suicider chez lui. Alors qu’il s’apprête à mettre à exécution son funeste projet, il est interrompu par un cambrioleur. Adel a une idée : il paie son visiteur pour que celui-ci le tue à une date et dans un lieu que lui seul aura choisi. Ainsi, notre héros passera de vie à trépas sans s’en apercevoir. Peu après, Adel apprend que le diagnostic était une plaisanterie et qu’en réalité, il est en excellente santé. Malheureusement, il ne sait pas comment joindre son cambrioleur pour lui signifier l’annulation du contrat.

Notre avis : une comédie dans laquelle Fouad El Mohandes semble laissé à lui-même et en profite pour cabotiner de manière exaspérante. Chaque situation est prétexte à gags faciles et vociférations. A cet égard, on atteint la limite du supportable avec la scène interminable où Adel, le personnages joué par Fouad El Mohandes est complétement ivre et rentre chez lui accompagné de son frère. L’acteur use des mêmes effets outranciers qu’au théâtre (En cette même année 1965, il triomphe sur les planches avec la pièce « Ou suis-je et où es-tu ? ») et le réalisateur aurait été bien inspiré de lui rappeler qu’ au cinéma, il faut faire preuve d’un peu plus de nuance. L’utilisation répétée d’une version criarde de « la Danse des Sabres » de Khatchatourian ajoute à la cacophonie générale. Bref, « Tue moi, s’il te plait » ou comment une bonne idée de départ peut tourner au fiasco.