روتانا كلاسيك
Quels films peut-on voir sur la chaîne Rotana Classic ? Les horaires donnés sont ceux de l'après-midi ou de la soirée (heure de Paris). La plupart des films sont ensuite rediffusés le lendemain matin.
Rotana Classic a remplacé Rotana Zaman en 2012. Cette chaine fait partie du groupe Rotana basé en Arabie Saoudite et spécialisé dans le divertissement (télévision et musique). Celui-ci a été créé par le prince Al-Walid ben Talal ben Abdelaziz Al Saoud, membre de la dynastie Al Saoud et petit-fils du fondateur de l'Arabie Saoudite. Comme son nom l’indique, Rotana Classic diffuse essentiellement les grands classiques du cinéma égyptien. Disponible en France.
Dimanche 14 décembre à 18h30
Ismaël Yassin chez les fous d'Issa Karama (Ismaïl Yassin fi mostashfa el maganen, 1958)
avec Ismaël Yassin (Hassouna), Hind Rostom (Tema), Zinat Sedki (la mère de Tema), Abd El Fatah El Kosary (le père de Tema), Reyad El Kasabgy (chef de service à l’hôpital psychiatrique), Hassan Atla (un fou), Fouad Ratab (un fou), Farhat Omar (le docteur Shadid), Abdel Moneim Ibrahim (un fou), Abdel Moneim Ismaïl (le marchand de légumes), Hussein Ismaïl (le boucher), Hussein Asar (Zaki Al-Qahwaji), Mohsen Hassanein, Kitty (la danseuse), Helen (la folle qui fait un strip-tease), Salha Kasin, Abdel Hamid Zaki (le propriétaire de la pâtisserie), Ezzedin Islam (le directeur de l’hôpital), Abdel Ghany Kamar (l’astrologue)
Scénario : Abbas Kamel, Abdel Fattah El SayedMusique : Attya Sharara
appréciation : 3/5
Comédie. Tout le monde dans le quartier veut épouser Tema. Son père a emprunté de l’argent aux uns et aux autres en leur promettant à chaque fois de leur donner la main de sa fille. Tema est amoureuses de Hassouna, le pâtissier. Malheureusement, un chef de service à l’hôpital psychiatrique s’engage à éponger toutes les dettes du père si celui-ci consent à faire de lui son gendre. Les deux hommes font affaire mais il faut se débarrasser d’Hassouna. Ils décident de le faire passer pour fou et de l’interner à l’hôpital psychiatrique.
Notre avis : c’est une comédie typique des années cinquante qui mêle le burlesque et le glamour avec un seul objectif, plaire au plus grand nombre. Mais l’intérêt majeur de ce divertissement tout public réside sans aucun doute dans sa critique virulente de la famille traditionnelle et de la condition faite aux femmes. On voit un père, cynique et sans scrupule, promettre sa fille à qui voudra bien rembourser ses dettes et on voit aussi d’honnêtes artisans ou commerçants proposer « généreusement » leur aide au papa contre les faveurs de la belle Tema, incarnée avec brio par l’affriolante (et dans ce film, le mot est faible !) Hind Rostom.
Cela étant dit, « Ismaïl Yassin chez les fous » comporte quelques faiblesses. Une grande partie de l’intrigue se déroule au sein d’un hôpital psychiatrique et cela nous vaut des scènes interminables avec des « fous » se livrant à des pitreries puériles et répétitives.
Samedi 13 décmebre à 18h30
La Mère de la Mariée d'Atef Salem (Oum el Aroussa, 1963)
avec Youssef Chaban (Galal), Madiha Salem (Nabila), Taheya Carioca (Zeinab), Imad Hamdi (Hussein), Abdel Rahman Al Arabi (Murad), Samira Ahmed (Ahlam, la fille aînée), Adly Kasseb (Mustafa, le père de Galal), Soleiman El Gendy (Sami), Inas Abdullah (Sawsan), Atef Makram (Munir), Khayria Ahmed (Fawzia, l'amie d'Ahlam), Ihsan Sherif (la mère de Galal), Hassan Youssef (Shafiq)
Scénario : Abdel Hay Adib
Histoire : Abdel Hamid Gouda El Sahar
Musique du générique : Jungle Drums de Marty Gold
Production : Naguib Khoury
figure dans la liste des 100 films les plus importants du cinéma égyptien.
Comédie. Zeinab et Hussein sont les parents d’une famille nombreuse qui compte sept enfants. La vie quotidienne n'est pas toujours facile. La mère doit répondre aux incessantes sollicitations de tous ses enfants et n'a pas un instant à elle. Heureusement le père, toujours tendre et attentionné fait tout son possible pour l'aider. Hussein est agent comptable dans une entreprise nationalisée. Son petit salaire ne permet aucune folie. Dans cette famille, on vit modestement mais l'amour ne fait jamais défaut et cela suffit au bonheur de tous. Un événement va soudain tout bouleverser. Lors des fiançailles de l'une de ses amies, la fille aînée rencontre un jeune garçon de bonne famille. C’est le coup de foudre immédiat. Ils veulent se marier. Tout irait pour le mieux si les parents du futur époux ne formulaient pas des demandes extravagantes. Zeinab et Hussein sont embarrassés : il leur faut trouver au plus vite les fonds qui leur permettront d’organiser des noces dignes des deux familles.
Notre avis : une excellente comédie qui évoque sur le mode plaisant les difficultés rencontrées par les parents de familles nombreuses dans l’Egypte des années soixante. Dès la première séquence, le ton est donné : on assiste au réveil de toute la tribu et c’est « famille au bord de la crise de nerfs ». Imad Hamdi est parfait en honnête employé qui pour ne pas déchoir se voit contraint de détourner de l’argent, sans doute l’un de ses meilleurs rôles. Mais les autres acteurs sont eux aussi formidables, y compris les jeunes enfants (ce qui est rare dans le cinéma égyptien qui a trop souvent encouragé le cabotinage infantile). Quant à Taheya Carioca, elle montre une nouvelle fois qu’elle peut tout jouer et qu’elle est tout aussi convaincante en mère de famille débordée qu’elle l’était en maîtresse femme emportée par la passion (La Sangsue).
Vendredi 12 décembre à 18h30
Le Réseau de la Mort de Nader Galal (Shabaket Al-Mawt, 1990)
avec Nadia Al Gendy (Nour Abdel Rahman), Farouq Al Fishawy (Basiouni, le trafiquant de drogue), Nabil Al Helfawi (Rabi, l’officier de police), Salwa Badr (Hala, la fille de Nour), Youssef Fawzy (David), Ashraf Al Selhadar (chef de gang), Othman Mohamed Ali (chef du service anti stups), Ahmed Abdel Hady (Shafiq, l’assistant de Rabi), Mustafa Al Khudari (directeur des douanes de l’aéroport), Kamal Elzeiny (ministre de l’intérieur), Magdi Sayed (chef du renseignement)
Scénario : Bashir El Dik
Musique : Gamal Salamah
Production : les films Mohamed Moktar
Thriller. Bassiouni, l’un des plus puissants trafiquants de drogue d’Égypte, s’est réfugié en Grèce afin d’échapper aux autorités de son pays. Pour démanteler son réseau, le ministère de l’Intérieur envoie trois agents sur place. Mais Bassiouni les démasque rapidement et les fait assassiner. L’affaire est alors confiée à l’officier de police Rabi.
Au cours de son enquête, Rabi découvre que le trafiquant a jadis entretenu une relation amoureuse avec Nour, une femme qui a ensuite épousé le directeur d’une agence touristique. À la mort de son mari, Nour reprend la direction de l’entreprise et vit désormais seule avec sa fille de quatorze ans. Sur le plan professionnel, elle est respectée et admirée, mais dans sa vie privée, elle réalise qu’elle a négligé sa fille, laquelle s’est tournée vers la drogue.
Un médecin lui conseille de placer l’adolescente dans un établissement spécialisé, mais Nour refuse de s’en séparer. Le praticien lui recommande alors de continuer à fournir la drogue à sa fille, en diminuant progressivement les doses. En tentant de s’approvisionner auprès de dealers, Nour échappe de justesse à une descente de police. L’officier Rabi intervient et la raccompagne chez elle. Peu après, il lui révèle qu’il a besoin de son aide pour capturer Bassiouni. Nour refuse de collaborer, mais Rabi est prêt à employer les méthodes les plus contestables pour obtenir son soutien…
Notre avis : l’actrice Nadia El Gendy s’impose comme une véritable star au début des années 1980 grâce à plusieurs films réalisés par Houssam Al Dine Mustafa. Elle y incarne des femmes fortes, capables de s’affirmer dans des univers exclusivement masculins. À partir du milieu des années 1980 et jusqu’au début des années 1990, son réalisateur de prédilection devient Nader Galal, avec qui elle tourne neuf films. Ses personnages évoluent également : sous la direction de Galal, elle incarne le plus souvent des femmes mêlées, parfois malgré elles, à des affaires d’espionnage ou à des opérations d’infiltration.
« Le Réseau de la Mort » se présente comme un thriller assez conventionnel, fortement inspiré des productions américaines de série B de la même époque. Il n’est toutefois pas dénué d’intérêt, notamment grâce à l’accent mis sur l’évolution de la relation entre Nour et son ancien amant, un trafiquant de drogue. Le film permet aussi à Nadia El Gendy d’interprèter un personnage bien plus complexe que ceux auxquels elle était cantonnée au début des années 1980. Autre originalité : le trafiquant de drogue apparaît beaucoup plus humain que l’inspecteur qui le poursuit, un policier froid et calculateur, prêt à instrumentaliser Nour et sa fille sans le moindre état d’âme.
Jeudi 11 décembre à 22h
Le Puits de la Trahison d'Ali Abdel Khalek (Bir El-Khyana, 1987)
avec Nour El Sherif (Jaber Abdel Ghaffar), Ezzat Al Alaily (colonel Ahmed Ezzat), Dalal Abdel Aziz (Ghazala, la femme de Jaber), Hoda Ramzi (Bossi, la secrétaire, agent du Mossad), Abdel Aziz Makhyoun (officier du Mossad), Ahmed Loxer (un dirigeant du Mossad), Marwa Al Khatib (employée du Mossad à Rome), Hosny Abdul Jalil (sergent dans l’armée égyptienne), Mohamed Abu Hashish (Maître Anwar), Tamer Ashraf (Khamis, le fils de Jaber), Ibrahim Masoud (directeur du renseignement égyptien), Ahmed Al Adal (le beau-frère de Ghazala)
Scénario : Ibrahim Masoud
Musique : Mohamed Ali Soliman
Production : Saad Chahab
Jaber est un pauvre homme sans emploi qui vit dans une misérable baraque avec son fils et sa femme. Pour nourrir sa famille, il erre sur le port d’Alexandrie à la recherche de quelques sous ou d’un peu de nourriture. La plupart du temps, il vole, ce qui révulse sa femme. La police finit par l’arrêter. C’est ainsi qu’on découvre qu’il n’a jamais accompli son service militaire. Il est aussitôt affecté dans la marine. Jaber n’y reste pas longtemps. Il déserte et part pour l’Italie avec un faux passeport. Il s’installe à Rome dans un petit hôtel mais ne trouve aucun travail. Il erre dans les rues de la capitale italienne et pour gagner un peu d’argent, il organise des parties de bonneteau. Il est rapidement repéré par la police qui tente de l’interpeller. Il fuit et trouve refuge à l’ambassade d’Israël. Il ne se doute pas encore qu’il vient de faire son premier pas sur le chemin de la trahison au profit d’une puissance ennemie…
Notre avis : l’égyptien qui trahit son pays pour devenir un espion à la solde des services secrets israéliens est un thème rebattu du cinéma des années soixante-dix, quatre-vingt. Ali Abdel Kkalek l’avait déjà traité deux ans auparavant avec « L’Exécution d’Un Mort ». Si ce précédent opus présentait des qualités indéniables, il n’en est pas de même pour ce "Puits de la Trahison". Le sujet est exploité de manière très conventionnelle, il s’agit avant tout de faire oeuvre patriotique pour l'édification des foules. Aucun suspens, un dénouement hautement prévisible et une esthétique de téléfilm bâclé. En 1987, Ali Abdel Khalek sort quatre films sur les écrans de cinéma : c'est beaucoup et c'est sans doute trop.
Mercredi 10 décembre à 22h
Jours et Nuits d'Henry Barakat ( Ayyâm wa layâlî, 1955)
avec Abdel Halim Hafez (Yahia), Iman (Samia), Ahmed Ramzy (Raafat, l’ami de Yahia), Serag Mounir (Asim le père de Fathi et le beau-père de Yahia), Mahmoud El Meleigy (Kamal, le père de Yahia), Kamal Hussein (Fathi), Samia Roshdi (la mère de Samia), Thuraya Fakhry (la mère de Fatima), Abbas Rahmy (le procureur), Zeinat Olwi (la danseuse), Aqeila Rateb (Fatima, la mère de Yahia), Soheir El Barouni (Nawal, la sœur de Samia), Abdel Moneim Basioni, Adly Kasseb
Scénario et dialogues : Youssef Gohar rt Henry Barakat
Musique : Mohamed Abdel Wahab
Production : Films Barakat/Films Abdel Wahab
Drame. La mère de Yahia a divorcé de son père car il était alcoolique. Elle s’est remariée avec un homme qui a un fils du même âge que Yahia. Les années passent et les enfants grandissent. Ils sont très différents l’un de l’autre. A l’université, Yahia est un étudiant modèle apprécié de tous : c’est un garçon raisonnable et généreux, d’humeur toujours égale. Avec son ami Raafat, il fait partie de l’équipe d’aviron du campus et les deux camarades s’entraînent régulièrement sur le Nil. Fathi est tout le contraire : il dort en cours et passe ses nuits à boire dans les cabarets. Yahia fait la connaissance de Samia et en tombe très vite amoureux. Ils sortent souvent ensemble, accompagnés de Raafat et de Nawal, la sœur de Samia. Fathi ne tarde pas à s’immiscer dans le groupe avec une intention bien précise : séduire Samia.
Un soir, lors d’une fête, ivre comme de coutume, il essaie d’embrasser de force la jeune fille mais Yahia intervient. Fathi, furieux, décide de rentrer. Il prend le volant de sa voiture, tandis que Yahia s’installe à ses côtés. Sur la route, le chauffard renverse un piéton mais, lâche et inconscient, il poursuit sa course folle dans la nuit. Raafat qui avec son propre véhicule suivait la voiture de Fathi s’arrête pour porter secours à la victime. La police apparaît. L’ami de Yahia est accusé d’être le responsable de l’accident…
Notre avis : très joli film sur une certaine jeunesse dorée des années cinquante avec ses plaisirs mais aussi ses drames. Nostalgie garantie devant ces images d’une époque insouciante (enfin pas pour tout le monde). On y retrouve à l’identique tout ce qui compose l’univers des héros des teen movies de l’autre côté de l’Océan ("La Fureur de Vivre" date aussi de 1955). : transistors, scooters, voitures décapotables, alcools forts, orchestres latinos, garçons en chemises à col boucle et pantalons larges, jeunes filles en robes corolles et le sac à main à la saignée du coude. Les chansons interprétées par Abdel Halim Hafez achèvent de conférer à ce film une magie toute particulière.
Mardi 9 décembre à 14h
Abou Al Dahab d’Helmy Rafla (1954)
avec Hoda Soltan (Ihsan), Farid Shawki (Abou Al Dahab), Mahmoud El Meleigy (Sabya Al Atara), Qout El Qoloub (Amina), Ahmed Mokhtar (le père d’Ihsan), Mohsen Hassanein (Bunduq), Mohamed Sobeih (un second de Sabya Al Atara), Zaki Mohamed Hassan (Hassan Baraï)
Scénario : Zoheir Bakir
Dialogues : Abdullah Ahmed Abdullah et El Sayed Bedeir
Musique : Mahmoud Al Sharif, Ibrahim Hussein, Izzat El Gahely, Mohamed Abdel Wahab
Thriller. Hassan Baraï est à la tête d’un important trafic de drogue qu’il dissimule derrière la vitrine honorable d’une entreprise de vente de fournitures médicales. Sa maîtresse Amina a donné naissance à un garçon. Pourtant, il refuse de l’épouser et de reconnaître l’enfant. Furieuse, la jeune femme se rend chez lui pour le tuer. Mais elle est devancée par Sabya Al Atara qui s’était introduit dans l’appartement. Il a supprimé Hassan pour prendre la direction du trafic de drogue. Sous la contrainte, il fait signer à Amina une reconnaissance écrite stipulant que c’est elle seule qui a tué son amant. Désormais, elle devra exécuter tous les ordres de Sabya sous peine d’être livrée à la police. Le malfrat pense qu’il va pouvoir conquérir sans difficulté la tête de l’organisation criminelle mais les autres membres du gang ne l’entendent pas de cette oreille. Ils lui préfèrent Abu Al Dahab. La rivalité entre les deux hommes va être sans merci, d’autant plus qu’ils se disputeront aussi le cœur de la chanteuse Ihsan…
Notre avis : un thriller très conventionnel réalisé par l’un des maîtres de la comédie. Nous avons déjà pu le vérifier : Helmy Rafla déçoit quand il quitte son genre de prédilection. L’intrigue d’ « Abou Al Dahab » repose sur la rivalité entre deux malfrats incarnés par les inévitables Farid Shawki et Mahmoud El Meleigy. Malgré leur immense talent, ils ne nous surprennent guère ici et ils nous donnent même l’impression de jouer en « pilotage automatique ». Dans la seconde partie, le scénario recourt à un procédé trop souvent utilisé pour pouvoir nous séduire : un même acteur, en l’occurrence Farid Shawki, joue deux personnages que tout oppose mais qui physiquement se ressemblent comme deux gouttes d’eau. Le rôle de l’héroïne revient à Hoda Soltan : la mièvrerie de son personnage ne convient guère à celle qui incarna avec brio tant de femmes fatales. Les quelques chansonnettes qu’elle interprète n’ajoute pas grand-chose à ce petit film sans grand intérêt.
Lundi 8 décembre à 18h30
Tu es Ma Vie de Youssef Maalouf (Hayati Inta, 1952)
avec Shadia (Ilham), Kamal Al Shennawi (Samir), Abdel Rahim El Zarakany (Hafez Bey, le beau-père d’Ilham), Chukry Sarhan (Rushdy), Mona (Ragah, la secrétaire), Kitty (la danseuse), Aziza Helmy (la mère d’Ilham), Ali Abdel Al (Barakat Bey, l’ami du père de Samir), Lotfi El Hakim (l’employé du beau-père d’Ilham), Rashad Hamed (un complice de Rushdy) Scénario et dialogues : Youssef Issa
Musique : Abdel Aziz Salam et Ahmed Sedky (+ l’Adagio d’Albinoni)
Production : Henry Barakat et les films du Lotus (Assia Dagher)
Samir est un jeune étudiant sérieux. Il a obtenu son diplôme d’ingénieur. Il a toujours refusé d’épouser Ilham, sa bien-aimée, tant qu’il n’avait pas de situation solide. Celle-ci s’arrange pour qu’il travaille dans la grande propriété de sa mère. Le domaine est géré par son beau-père, Hafez avec l’aide de Rachid, le cousin d’Ilham. Ce dernier est un garçon très ambitieux qui rêve de s’approprier toutes les terres de sa tante. Il ne s’embarrasse d’aucun scrupule : il fait chanter le beau-père d’Ilham grâce aux lettres qu’il a récupérées et qui prouvent que ce dernier a eu une liaison avec sa secrétaire….
Notre avis : un drame splendide et captivant avec une pléiade de grands acteurs dont le couple star du moment, Shadia et Kamal El Shennawi. En 1952, Shadia a vingt ans et elle est déjà une immense vedette. Cette année-là, elle joue dans treize fims dont quatre avec Kamal El Shennawi (On a prétendu qu’à cette époque, les deux acteurs entretenaient une relation amoureuse sans que ni l’un ni l’autre n’ait jamais confirmé l’information.). Mais la révélation de ce film, c’est l’actrice Mona qui incarne la secrétaire d’Hafez Bey, le personnage pivot de l’intrigue. Mona est la fille de la légendaire Assia Dagher, actrice et productrice à qui le cinéma égyptien doit tant. Sa très brève carrière commencée en 1944 prendra fin dix ans plus tard, en 1954. Dans ce film, elle se révèle une très grande actrice capable d’incarner toutes les ambiguïtés de son personnage. Le duo qu’elle forme avec le machiavélique Chukry Sarhan constitue l’un des sommets de « Tu es Ma Vie ».
Dimanche 7 décembre à 18h30
Le Millionnaire d'Helmy Rafla (El Millionaire, 1950)
avec Ismaël Yassin (Assim El Isterliny/Gamiz), Zinat Sedki (la sœur d’Assim El Isterliny), Soad Mekawy (Soukra, la cuisinière), Stephan Rosti (Zaki), Farid Shawki (Farid), Hussein Issa (Hussein), Wedad Hamdy (Sonia), Serag Mounir (Antar Bin Shaddad, le frère de Sonia), Ryad El Kasabgy (l’infirmier-chef de l’hôpital psychiatrique), Camilia (Rouh Al Fouad Hanem), Nour El Demerdash (le frère de Rouh Al Fouad Hanem), Victoria Hobeika (la tante d’Assim El Isterliny), Abdel Moneim Ismail (le chauffeur d’Assim El Isterliny), Ahmed Darwich (le docteur Darwich), Salah Mansour (un fou), Mahmoud Lotfi (un fou), Eskandar Mansy (un fou), Mohamed Tawfiq (un fou), Abdel Hamid Zaki (le directeur du théâtre)
Scénario : Anwar Wagdi, Abou Al Seoud Al Ibiary, Mamoun Al Shinnawi
Musique : Izzat El Gahely et Mohamed El Bakar
appréciation : 4/5
Assim El Isterliny est un millionnaire despotique et jaloux. Ses gardes ont capturé un homme qu’ils avaient surpris en compagnie de sa femme Rouh Al Fouad Hanem. Fou de rage, Assim le tue de plusieurs coups de pistolet (On apprendra plus tard que le pistolet était chargé à blanc et que l’homme est en réalité le frère de sa femme). Ses gardes lui conseillent de se cacher le temps que les choses s’apaisent. Il se rend dans un cabaret où se produit un artiste du nom de Gamiz. L’ombrageux millionnaire se rend compte que l’individu est son parfait sosie. Il a une idée : il propose à Gamiz de prendre sa place quelque temps. Le pauvre chanteur accepte, séduit par la perspective de vivre dans le luxe et l’oisiveté.
Notre avis : c’est la première comédie dans laquelle Ismaël Yassin tient le rôle principal et il use de tous les procédés qui constitueront sa marque de fabrique. Pour l’entourer, les producteurs ont engagé les actrices et les acteurs les plus célèbres de l’époque. Parmi les actrices, on compte Camilia, l’une des étoiles montantes du grand écran malgré ou à cause de sa réputation sulfureuse (Certains prétendent qu’elle était la maîtresse du roi Farouk.). Précisons qu’elle meurt tragiquement cette même année 1950 dans un accident d’avion.
Ce qui demeure aujourd’hui du « Millionnaire, » ce sont ses incroyables scènes dansées et chantées. Elles rassemblent toujours un grand nombre de comédiens et malgré cela les chorégraphies sont exécutées avec un dynamisme et une précision remarquables. Les chansons de Mohamed El Bakkar et d’Azat Al Jahly par leur entrain et leur gaîté sont en phase avec le tempo débridé de l’ensemble.
La séquence la plus mémorable (et la plus longue), c’est celle de l’hôpital psychiatrique où une trentaine de comédiens chantent et dansent, comme emportés dans un délire collectif . A cette époque, Helmy Rafla est considéré comme le roi de la comédie musicale. Ce « Millionnaire » l’atteste de manière éclatante.
Samedi 6 décembre à 22h
L'Appel du Courlis ou La Prière du Rossignol d'Henry BArakat (Doa al karawan, 1959)
avec Ahmed Mazhar (l’ingénieur), Zaki Ibrahim (le père de l’ingénieur), Faten Hamama (Amina), Zahrat Al Oula (Hanadi), Amina Rizq (Zarah), Edmond Tuema (le professeur de français), Ragaa El Geddawy (la fille du commissaire), Hussein Asar (le commissaire de la ville), Nahed Samir (la femme du commissaire), Abdel Halim Khattab (l’oncle), Mimi Chakib (Zenouba)
Adaptation du roman de Taha Hussein, L'Appel du Courlis (1934)
Scénario : Henry Barakat et Youssef Gohar
Musique : André Ryder
Production : les films Barakat
Figure dans la liste des quinze meilleurs films égyptiens de tous les temps.
appréciation : 5/5
Drame. Bani Warkan est une petite ville au cœur des montagnes où vit Amina avec sa sœur Hanadi et ses parents, Khader et Zarah. Cette famille de bédouins mène une existence laborieuse mais les trois femmes sont courageuses. Malheureusement, le père est un débauché qui dépense tout son argent dans les plaisirs. Un jour, c'est le drame : il est assassiné. L'oncle Khal Jaber ordonne à sa sœur et à ses nièces de quitter le pays, le temps que les gens oublient le scandale. Les trois femmes se lancent dans un long périple qui les mène dans une ville. Elles louent une petite maison mais il faut trouver du travail au plus vite. Grâce à un intermédiaire, les deux filles sont embauchées comme femme de chambre.. Hanadi doit travailler chez l’ingénieur en charge de l’irrigation tandis qu’Amina entre au service du commissaire de la ville, de sa femme et de sa fille Khadija. Cette dernière a le même âge qu’Amina. Entre les deux jeunes filles, la complicité est totale. Khadija apprend à Amina la lecture et l’ouvre à la culture. Le sort d’Hanadi est moins heureux. Son maître est célibataire et il a profité de son inexpérience pour abuser d’elle.
Notre avis : un chef d’œuvre à voir absolument. Dans ce film, tout est admirable : le scénario, la photo, l’interprétation et puis cette inoubliable voix off, celle de Faten Hamama qui tout à la fois nous émeut et nous enchante. Dans le style sobre et rigoureux qui sied aux classiques, Henri Barakat nous raconte une tragédie qui se déroule dans l’Egypte de l’intérieur, loin du Caire et de la vie citadine. Cette société aux mœurs archaïques voue les femmes au malheur et ne leur laisse d’autre choix que la soumission. Le cinéaste restitue scrupuleusement le constat très sévère de l’écrivain Taha Hussein : la campagne égyptienne est un univers faussement paisible, la violence y est omniprésente, notamment celle exercée par les hommes contre les femmes maintenues dans l’asservissement et l’ignorance. L’Appel du Courlis est une œuvre majeure du cinéma mondial injustement méconnu en Occident.
Oeil pour oeil, dent pour dent de Nader Galal (Waheda Bewaheda, 1984)
avec Adel Imam (Salah Fouad), Mervat Amin (Maysa), Ahmad Rateb (Ali Abdul Zahir), Layla Fahmy (Mona), Hafez Amin (le secrétaire), Mahmoud El Zohairy (docteur Ayoub), Zizi Moustafa (Zizi Roca), Ali Al Sharif (Morsi), Tawfiq Al Kurdi (Hassan), Raafat Raji (un publicitaire), Mohamed Khan (le réalisateur de spots publicitaires)
Scénario : Marvin H. Albert
Dialogues : Nader Galal
Musique : Hassan Abo Al Saoud
Comédie. Adaptation du film américain Un pyjama pour deux (Lover Come Back) de Delbert Mann, 1962.
Maysa et Salah Fouad sont deux publicitaires qui travaillent pour deux agences concurrentes. Si Salah est un homme à femmes qui se livre à tous les excès, Maysa est au contraire une professionnelle qui dirige ses équipes avec un dynamisme et une autorité sans faille. Pour gagner des marchés, Salah est prêt à tout. Il invite ses clients dans des cabarets et les met en relation avec des filles qu’il connaît. Maysa est écoeurée par les méthodes de son rival. Elle veut le neutraliser. A une danseuse qui lui a rendu bien des services, Salah a promis de la faire tourner dans des spots publicitaires. Il doit s’exécuter. Il invente une marque « Fankoush » et réalise plusieurs clips. Malheureusement, les spots sont diffusés à la télévision. Salah doit impérativement créer un produit qui corresponde à la marque fictive. Il s’adresse au Docteur Ayoub, un inventeur de génie. C’est chez ce dernier que Maysa et Salah vont se rencontrer pour la première fois.
Notre avis : le film se présente comme une réplique fidèle de l’original américain sorti vingt-deux ans plus tôt et porté par deux stars, Doris Day et Rock Hudson. On retrouve presque à l’identique toutes les péripéties d’ »Un Pyjama pour deux », jusqu’au détail de la barbe que le héros arbore pour dissimuler sa véritable identité —au passage, une barbe qui sied aussi peu à Rock Hudson qu’à Adel Imam.
La véritable différence entre les deux œuvres réside dans le ton adopté. La version américaine est nettement plus comique que sa copie égyptienne. Nader Galal a surtout mis l’accent sur la dimension sentimentale de l’intrigue en s’attachant à décrire la passion amoureuse qui naît entre les personnages incarnés par Adel Imam et Mervat Amine. On perd beaucoup en légèreté mais gagne-t-on en profondeur? Pas sûr.
Malgré cela, « Oeil pour œil, Dent pour dent » connut un succès considérable à sa sortie. Cet accueil tient sans doute à la prestation de ses deux vedettes qui livrent un jeu remarquable, notamment dans les nombreuses scènes en duo. Le réalisateur s’est gardé de tout sentimentalisme niais pour offrir à ses deux acteurs des rôles d’adultes vivant dans le monde réel et éprouvant tous les tourments d’un amour authentique.
Jeudi 4 décembre à 14h
Plus fort que l’amour d'Ezzel Dine Zulficar (Aqwa Men Al Hob, 1953)
avec Shadia (Samira)), Imad Hamdi (Magdi), Madiha Yousri (Amina), Zinat Sedki (Zinat, l’amie de Samira), Hassan El Baroudy (Awani, directeur de la galerie), Mohamed Shawky (passager du train), Mimi Gamal (Aïcha, la petite fille), Thuraya Fakhry (Zakia Al Dada), Abdel Monahem Saoudi (le notaire) Abdel Hamid Badawy (Souleiman, le portier)
Scénario : Mohamed Kamal Hassan Al Mohamy
Musique : Abdel Halim Nowira
Drame. Magdi, un officier de police, a perdu son bras gauche à la suite d’un accident. Il est licencié et se retrouve sans emploi. Amina, sa femme, est médecin à l’hôpital. Désormais, c’est à elle seule d’assurer l’entretien du foyer et répondre aux besoins de leurs trois enfants. Ces derniers ne manquent de rien sur le plan matériel, en revanche ils souffrent du peu de disponibilité de leur mère, totalement accaparée par ses activités professionnelles. Pour occuper ses journées, Magdi se consacre à la peinture. Un jour, dans le train qui le ramène d’Alexandrie, il rencontre Samira. Profitant du sommeil de la jeune femme, il fait son portrait. A son réveil, il lui montre son travail. Samira est impressionnée par la qualité du dessin. Elle travaille comme secrétaire pour un directeur de galerie d’art et elle veut aider Magdi à se faire connaître. Elle organise peu après une rencontre entre le peintre encore amateur et son patron…
Notre avis : un drame réalisé dans un style très académique par un spécialiste du genre. On y retrouve tous les éléments dont étaient friands les spectateurs de l’époque. Chaque scène, chaque péripétie a un seul but : émouvoir. Tout est conçu pour que l’on partage les tourments du héros et les émois de la jeune femme dont il est tombé amoureux. Le spectateur d’aujourd’hui trouvera tout de même que les auteurs « chargent la barque » de manière excessive, notamment dans le dénouement avec le recours à un procédé un peu facile. Dans les rôles principaux, il y a la jeune première promise à un bel avenir, Shadia, mais aussi deux acteurs qui figurent dans bon nombre de mélodrames des années cinquante, Imad Hamdi et Madiha Yousri. En cette même année 1953, Ezzel Dine Zulicar leur avait déjà confié les rôles principaux dans un drame très sombre intitulé « Wafaa ». Imad Hamdi y jouait aussi un homme victime d’un accident qui aura des conséquences fâcheuses sur son couple. C’est fou comme dans ces années-là, l’acteur au physique de gendre idéal enflamme l’imagination sadique des réalisateurs et des scénaristes : de film en film, on le retrouve malade, blessé, handicapé, agonisant, amnésique, humilié, abandonné ! Rien ne lui aura été épargné !
Mercredi 3 décembre à 16h
la Danseuse et le Politicien de Samir Seif (Al-raqissa wa-l-siyasi, 1990)
avec Nabila Ebeid (Sonia Salim), Salah Kabil (Khaled Madkour), Mustafa Metwali (le chef de cabinet de Khaled Madkour devenu ministre), Farouk Falawkas (Shafiq Tarar, l’homme d’affaires de Sonia), Roshdy El Mahdy (Abdel Barr, haut-fonctionnaire), Mustafa Hashish, le policier), Mohamed El Tagy (le journaliste), Mustafa Hachem (l’avocat), Ezzat Al Mashad (le responsable du parti)
Scénario : Wahid Hamid
Adapté d’un roman d'Ihsan Abdul Quddus
Musique : Mohamed Sultan, Farouk Salamah, Khaled El Amir
Production : Screen 2000
appréciation : 2/5
Sonia Salim est une célèbre danseuse. Un jour elle voit à la télévision un ministre qui lui rappelle une ancienne relation. En effet c’est Abdel Hamid Rafat qu’elle a connu il y a une dizaine d’années. Il était venu la voir dans le cabaret où elle travaillait. Il lui avait demandé de danser pour un homme politique important lors d’une soirée privée. Elle serait très bien payée. Elle avait accepté. Après sa prestation, il l’avait raccompagnée à son domicile et ils avaient passé la nuit ensemble. Elle ne reçut jamais la somme promise et puis elle avait fini par oublier totalement cet amant d’un soir. Le revoir soudain à la télévision dans les habits de ministre l’a totalement bouleversée. Sonia veut reprendre contact avec lui. Grâce à son assistant, elle obtient ses coordonnées. Abdel accepte un rendez-vous. Ils couchent à nouveau ensemble. Mais Abdel comprend que cette liaison peut lui porter préjudice. Les élections approchent et un scandale aurait de fâcheuses conséquences pour lui et son parti. Il décide de rompre définitivement. Il donne des consignes très strictes à son équipe pour que tous les appels de Sonia soient impitoyablement rejetés.
Notre avis : « la Danseuse et le Politicien » se présente comme un film engagé plein de bonnes intentions : on suit le combat d’une femme courageuse qui ose s’en prendre à un ministre pour réaliser un projet cher à son cœur, la construction d’un orphelinat.
Le film dénonce les préjugés qui ont toujours cours à l’encontre des danseuses ravalées au rang de prostituées. Les hommes de pouvoir les emploient volontiers pour agrémenter une manifestation officielle tout en leur vouant un mépris absolu.
On peut saluer la performance de Nabila Ebeid, qui à quarante-cinq ans passés, exécute plusieurs danses et joue dans des scènes d’amour assez osées. Elle qui fut l’une des actrices les plus populaires du cinéma égyptien tient à dire à son public qu’elle est toujours à la hauteur de sa réputation et qu’on aurait tort de la considérer comme une has been. Soit.
Mais ce qui nous gêne le plus dans ce film, c’est son caractère hypocrite car au final, les auteurs partagent les préjugés qu’ils prétendent dénoncer : la danse reste un art immoral, et pour se racheter, Sonia emploie toute sa fortune mal acquise pour le bonheur des enfants abandonnés. La morale est claire : le salut passe forcément par l’abandon du métier de danseuse.
Mardi 2 décembre à 18h30
Mademoiselle Diablesse d'Henry Barakat (Afrita Hanem, 1949)
avec Samia Gamal, Farid El Atrache (Asfour), Ismail Yassin (Booh), Ali Kamel (Qilh), Mohamed Nabi (Halaq), Abdel Salam Al Nabulsi (Mimi Bey, le rival d’Asfour), Stephan Rosti (Abou Alyah, le directeur du théâtre), Lola Sedki (Alyah, la fille du directeur du théâtre), Zeinat Sedki (Warda, la directrice de la pension), Salah Kasin (une vieille dame), Zaki Ibrahim (le vieux sage), Mohamed Sobeih (le chauffeur de taxi), Mohsen Hassanein (le cireur de chaussures)
Scénario et dialogues : Abou Al Seoud Al Ebiary et Henry Barakat
Musique : Farid Al Atrache
Production : les films Farid Al Atrache/Studio Misr
Comédie musicale. Asfour est un chanteur sans le sou qui se produit sur la scène du Théâtre Crème. Il vit à la pension Warda avec ses collègues Booh, Qilh et Halaq. Il est amoureux de Alyah, sa partenaire mais aussi la fille du directeur du théâtre Crème. La jeune femme s’apprête à épouser un jeune homme riche, Mimi Bey. Asfour qui pourtant croit être aimé fait sa demande en mariage auprès du père d’Alyah. Ce dernier exige en dot une somme que le pauvre chanteur est incapable de réunir. Asfour est au désespoir mais le destin va lui porter secours. Alors qu’il erre sans but dans la campagne, un vieux sage vient à sa rencontre et lui donne rendez-vous dans une grotte. Asfour s’y rend accompagné de son ami Booh. Le vieil homme apparaît et remet au chanteur une lampe magique. En sort une petite diablesse du nom de Kahramana. Celle-ci peut exaucer tous ses vœux. Malheureusement, elle est tombée amoureuse d’Asfour et fera tout pour empêcher son mariage avec Alyah.
Notre avis : de 1947 à 1952, Samia Gamal et Farid Al Atrache vont partager le haut de l’affiche de sept comédies musicales. Cette « Mademoiselle Diablesse » constitue certainement l’acmé de leur carrière en couple. C’est une féérie visuelle et sonore dans laquelle les deux artistes semblent touchés par la grâce. La dimension fantastique du récit inspirée des Contes des Mille et Une Nuits n’est pas l’un des moindres charmes de ce film et le réalisateur a su revivifier la figure mythique de l’efrit en la dotant de toute la séduction et de toute la sensualité de son actrice principale.
Profitons-en pour souligner le rôle majeur joué par Samia Gamal dans l’évolution de la comédie musicale égyptienne. Son sens du mouvement et de la comédie a dépoussiéré un genre qui au départ s’inspirait largement de l’opérette traditionnelle d’où le caractère guindé des séquences dansées et chantées. Avec Samia Gamal tout change, le rythme s’accélère, la frénésie s’empare des corps, les répliques crépitent allègrement, la caméra elle-même semble danser comme entraînée par l’euphorie générale. Enfin, grâce à sa fougueuse partenaire, Farid Al Atrache se lâche et nous montre qu’il est bien meilleur acteur dans le registre comique que dans le drame.
Lundi 1er décembre à 22h
Rendez-vous avec un inconnu d'Atef Salem (Maweed maa maghoul, 1959)
avec Omar Sharif (Magdi), Samia Gamal (Nana, auxiliaire de police), Hala Shawkat (Nadia), Fakher Fakher (Soubhy), Youssef Fakhr El Din (Rachad), Omar Al Hariri (officier de police), Reyad El Kasabgy (le gardien de l'usine), Kamal Hussein (Amin), Thuraya Fakhry (mère de Rachad), Salah Nazmi (le médecin)
Scénario : Youssef Issa
Musique : Mohamed Abdel Wahab
Production : les Films Mohamed Abdel Wahab et les Films Barakat
appréciation : 3/5
Amin est un industriel. Depuis qu’il a constaté que son entreprise était l’objet d’importants détournements de fonds, il reçoit des lettres anonymes lui enjoignant de garder le silence. Amin veut lui-même enquêter avant de prévenir la police. Il convoque Rachad, son jeune comptable. Lors de leur entretien, Amin explique à son interlocuteur qu’il est certain de son innocence mais que quelqu’un a tenté de le faire accuser en falsifiant ses livres de comptes. Tandis qu’ils discutent, un homme s’est introduit dans la voiture de Rachad pour se saisir du revolver qui se trouve dans la boîte à gants. L’inconnu pénètre dans les locaux de l’entreprise et tire sur Amin qui s’effondre mortellement blessé. Poursuivi par le gardien, Rachad se sauve. Sur la route il est arrêté par un étrange personnage qui lui garantit l’impunité bien que tout l’accuse. Il doit disparaître et garder le silence sur tout ce dont il a été le témoin. Après avoir fait ses adieux à sa mère et à sa sœur, Rachad s’envole pour le Soudan. La police a pris l’affaire en main mais elle ne parvient pas à identifier un coupable. Magdi est le jeune frère d’Amin qui fait des études à l’étranger. Il rentre en Egypte pour mener sa propre enquête.
Notre avis : bien que le scénario comporte des facilités, des contradictions et des invraisemblances (oui, ça fait beaucoup !), « Rendez-vous avec un inconnu » est un thriller qui emporte quand même l’adhésion grâce à son atmosphère de roman noir, ses personnages énigmatiques et surtout grâce à la relation incandescente qui unit Omar Sharif et Samia Gamal, ou du moins leurs personnages. Le premier est magistral en héros d’une beauté sombre et altière qui voit avec effroi la réalité se dérober sous ses pas. Et la seconde incarne avec maestria un Dom Juan féminin d’une sensualité diabolique. La beauté des images d’Alexandrie et de ses environs ravira les nostalgiques d’une époque et d’un art de vivre à jamais révolus.
































