dimanche 31 août 2025

Des Nuits Révolues (Layla lan Tahoud, 1974)

ليالي لن تعود
إخراج : تيسير عبود


Taysir Aboud a réalisé Des Nuits Révolues en 1974.
Distribution : Nahed Sherif (Mona), Salah Nazmi (Radwan, le mari de Mona), Nour Al Sherif (Hussein Qadri), Boussy (Layla, la fille de Radwan), Mohamed El Araby (Adel),Afaf Wagdy (la servante), Soheir Zaky (danseuse), Ali Ezz Eddin (l’inspecteur de police)
Scénario : Ahmad Abdel Wahab et Mohamed Osman
Musique : Fouad El Zahiry
Production : les Films du Nil

Nahed Sherif et Salah Nazmi



Nour Al Sherif



Nahed Sherif



Boussy et Nahed Sherif



Nahed Sherif et Mohamed El Araby



Mohamed El Araby et Nahed Sherif



Mohamed El Araby















Mona est la jeune épouse de Radwan, un homme très riche. Avec eux, vit Layla, la fille de Radwan, issue d’un premier mariage. Cette dernière a fait la connaissance d’un jeune homme, Hussein et elle ne cache pas à sa belle-mère les sentiments qu’elle éprouve pour lui. Mona décide d’en parler à son mari et elle parvient à le convaincre de recevoir le jeune homme. Quand celui-ci fait son apparition à leur domicile, Mona découvre avec horreur que le futur fiancé de sa belle-fille est un homme qu’elle avait follement aimé autrefois et qui l’avait abandonnée sans aucun scrupule. Une fois Hussein parti, Mona conseille à son mari de ne pas précipiter le mariage. Par la suite, elle tente de chasser son ancien amant de leur existence mais celui-ci l’a menacée de révéler leur liaison passée à son mari. Hussein poursuit son entreprise de séduction non seulement auprès de Layla mais aussi auprès de son père avec qui il est devenu ami. Mais cela ne lui suffit pas : il propose à Mona de redevenir amants. C’en est trop pour celle-ci. Elle décide de tout révéler à son mari. Alors que ce dernier est en compagnie d’Hussein dans un cercle de jeux, elle lui demande au téléphone de la rejoindre immédiatement chez eux. Hussein comprend ce qui va se passer. Il se précipite sur le véhicule de Radwan et sectionne les câbles de freins. Le mari de Mona se tue sur la route et la police conclut à un accident car il avait consommé de l’alcool. Désormais, Mona s’est donné une mission : arracher Layla des griffes d’Hussein . En surprenant une dispute entre sa belle-mère et Hussein, Layla finit par comprendre que son bien-aimé est un être abject responsable de la mort de son père. Mona conseille à la jeune femme de se réfugier chez une tante tandis qu’elle-même va s’installer dans un hôtel en bord de mer. 
C’est là qu’elle fait la connaissance d’Adel, un jeune avocat. Ils sympathisent immédiatement et tombent amoureux l’un de l’autre. Avec ce nouveau compagnon, Mona semble retrouver le goût du bonheur mais quand celui-ci la demande en mariage, elle refuse catégoriquement et se ferme. De retour dans sa chambre, Mona laisse libre cours à son désespoir et boit plus que de raison. Quand Adel la rejoint, la jeune femme est dans un triste état et l’avocat comprend qu’elle est rongée par un terrible secret. Au même moment, Adel est contacté par la police : pour les besoins d’une enquête, on lui demande d’installer des micros dans la chambre de Mona. Il s’exécute et peu après, la jeune femme fait une terrible confession à son jeune ami : elle a tué Hussein alors qu’il essayait de la violer. Aussitôt après, des policiers font irruption dans la chambre d’hôtel et arrêtent Mona. Avant leur séparation, Adel lui renouvelle sa demande en mariage et lui promet de l’attendre.

samedi 16 août 2025

A la télé : les films du jour (Rotana Classic du 16 au 31 août)

روتانا كلاسيك

Quels films peut-on voir sur la chaîne Rotana Classic ? Les horaires donnés sont ceux de l'après-midi ou de la soirée (heure de Paris). La plupart des films sont ensuite rediffusés le lendemain matin.
Rotana Classic a remplacé Rotana Zaman en 2012. Cette chaine fait partie du groupe Rotana basé en Arabie Saoudite et spécialisé dans le divertissement (télévision et musique). Celui-ci a été créé par le prince Al-Walid ben Talal ben Abdelaziz Al Saoud, membre de la dynastie Al Saoud et petit-fils du fondateur de l'Arabie Saoudite. Comme son nom l’indique, Rotana Classic diffuse essentiellement les grands classiques du cinéma égyptien. Disponible en France.


Dimanche 31 août à 19h30

Fils d’Aristocrates d’Hassan El Seifi (ibn Zawat,1953)

avec Ismaïl Yassin (Ismaïl Yassin), Kitty (Kitty), Mohamed El Tabei (Abdul Rahim Al Kabir, l’oncle d’Ismaïl), El Sayed Bedeir (Abdel Mawgood, le fils d’Abdul Rahim), Omar El Gizawy (le serviteur d’Abdul Rahim), Abdel Salam El Nabolsi (Sharif, l’ami d’Ismaïl), Nagah Salam (Nagah la chanteuse), Serag Mounir (Hafez, l’ami d’Abdul Rahim), Mimi Chakib (Amina la femme d’Hafez), Zouzou Chakib (Habhana), Mohamed Kandil (le chanteur), Stephan Rosty (Shimon)
Scénario : Hassan El Seifi, Stephan Rosty, Zaky Saleh
Paroles des chansons : Fathy Koura, Galil Al Bendary, Abdel Wahab Youssef
Musique : Abdel Aziz Mahmoud, Kamal Al Tawil, Mohamed Abdel Wahab, Ali Farrag, Izzat El Gahely
Production : Aflam Misr Algadida et Les films Seraj Mounir


Comédie musicale. Abdul Rahmy Al Kabir, un notable de la campagne, reçoit un télégramme du Caire. Son auteur est Shimon Lisha et ce monsieur l’informe que son neveu Ismaïl lui a signé un chèque sans provision. Il attend au plus vite le règlement de la dette et menace de porter plainte. Abdul Rahmy se rend aussitôt au Caire avec son fils Abdel Mawgood et son serviteur Shabita. Quand le trio arrive à la porte de l’appartement d’Ismaïl, il découvre que celui-ci organise une grande fête avec des amis et la danseuse Kitty. L’oncle explique aussitôt la raison de sa venue et chasse tous les invités de son neveu. Le lendemain, tout le monde se retrouve chez Shimon. Abdul Rahmy Al Kabir accepte de régler la dette d’Ismaïl mais il doit cesser sa vie de fêtard invétéré. Il exige que son neveu se marie au plus vite. Pour cela, le vieil homme toujours accompagné de son fils et de son serviteur, se rend chez son ami Hafez. Il propose à ce dernier de marier sa fille à son neveu. Le papa accepte cette demande en mariage. Pendant ce temps-là, Ismaïl se trouve avec son camarade Sharif dans le cabaret où se produit leur amie la danseuse Kitty. Ce jour-là se produit sur la scène une jeune chanteuse dont Ismaïl tombe aussitôt amoureux. Il lui fait aussitôt une déclaration enflammée. Peu après, Abdul Rahmy Al Kabir retourne chez lui et Ismaïl peut reprendre sa vie d’avant. Malheureusement, il se retrouve très vite à court d’argent. Avec Sharif, il se rend chez Shimon pour obtenir de l’argent mais l’usurier est intraitable. Il ne prêtera pas un sou à Ismaïl…

Notre avis : en 1953, Hassan El Seifi sort ses trois premiers films comme réalisateur à part entière. Ce « Fils d’Aristocrates » est donc l’œuvre d’un tout jeune cinéaste (même s’il a commencé à travailler comme assistant dès 1945, huit ans auparavant). Tout n’est pas parfait dans cette comédie musicale : un scénario qui ne brille ni par son originalité ni par sa finesse, une intrigue reposant sur un petit quiproquo que l’on fait traîner de manière artificielle, de trop nombreuses scènes de conciliabules donnant lieu à des dialogues filandreux et intarissables.
Et pourtant on se laisse prendre au charme de cette comédie musicale sans prétention qui réunit toutes les vedettes de l’époque. On appréciera particulièrement les interventions de Stéphan Rosty, méconnaissable en usurier cupide et grandiloquent. « Fils d’Aristocrates » est aussi l’un des tous premiers films de la grande chanteuse libanaise Nagah Salam. Elle a 21 ans, elle chante fort bien, comme il se doit, et elle joue avec une fraîcheur qui nous touche. Mais celle qui littéralement crève l’écran dans cette comédie, c’est Kitty. La danseuse d’origine grecque y apparaît dans une très longue séquence où elle déploie toutes les facettes de son immense talent, avec la vitalité et l’allégresse qui la caractérisent. Ses chorégraphies rappellent en plus modeste celles des comédies musicales de Naima Akef. En vérité, la présence de Kitty apporte une fougue à un récit qui sans elle en aurait cruellement manqué.


Samedi 30 août à 19h30

Mademoiselle Diablesse de Henry Barakat (Afrita Hanem, 1949)
avec Samia Gamal, Farid El Atrache (Asfour), Ismail Yassin (Booh), Ali Kamel (Qilh), Mohamed Nabi (Halaq), Abdel Salam Al Nabulsi (Mimi Bey, le rival d’Asfour), Stephan Rosti (Abou Alyah, le directeur du théâtre), Lola Sedki (Alyah, la fille du directeur du théâtre), Zeinat Sedki (Warda, la directrice de la pension), Salah Kasin (une vieille dame), Zaki Ibrahim (le vieux sage), Mohamed Sobeih (le chauffeur de taxi), Mohsen Hassanein (le cireur de chaussures)
Scénario et dialogues : Abou Al Seoud Al Ebiary et Henry Barakat
Musique : Farid Al Atrache
Production : les films Farid Al Atrache/Studio Misr


Comédie musicale. Asfour est un chanteur sans le sou qui se produit sur la scène du Théâtre Crème. Il vit à la pension Warda avec ses collègues Booh, Qilh et Halaq. Il est amoureux de Alyah, sa partenaire mais aussi la fille du directeur du théâtre Crème. La jeune femme s’apprête à épouser un jeune homme riche, Mimi Bey. Asfour qui pourtant croit être aimé fait sa demande en mariage auprès du père d’Alyah. Ce dernier exige en dot une somme que le pauvre chanteur est incapable de réunir. Asfour est au désespoir mais le destin va lui porter secours. Alors qu’il erre sans but dans la campagne, un vieux sage vient à sa rencontre et lui donne rendez-vous dans une grotte. Asfour s’y rend accompagné de son ami Booh. Le vieil homme apparaît et remet au chanteur une lampe magique. En sort une petite diablesse du nom de Kahramana. Celle-ci peut exaucer tous ses vœux. Malheureusement, elle est tombée amoureuse d’Asfour et fera tout pour empêcher son mariage avec Alyah.

Notre avis : de 1947 à 1952, Samia Gamal et Farid Al Atrache vont partager le haut de l’affiche de sept comédies musicales. Cette « Mademoiselle Diablesse » constitue certainement l’acmé de leur carrière en couple. C’est une féérie visuelle et sonore dans laquelle les deux artistes semblent touchés par la grâce. La dimension fantastique du récit inspirée des Contes des Mille et Une Nuits n’est pas l’un des moindres charmes de ce film et le réalisateur a su revivifier la figure mythique de l’efrit en la dotant de toute la séduction et de toute la sensualité de son actrice principale.
Profitons-en pour souligner le rôle majeur joué par Samia Gamal dans l’évolution de la comédie musicale égyptienne. Son sens du mouvement et de la comédie a dépoussiéré un genre qui au départ s’inspirait largement de l’opérette traditionnelle d’où le caractère guindé des séquences dansées et chantées. Avec Samia Gamal tout change, le rythme s’accélère, la frénésie s’empare des corps, les répliques crépitent allègrement, la caméra elle-même semble danser comme entraînée par l’euphorie générale. Enfin, grâce à sa fougueuse partenaire, Farid Al Atrache se lâche et nous montre qu’il est bien meilleur acteur dans le registre comique que dans le drame.


Vendredi 29 août à 17h

Agent n°13 de Medhat El Sebaie (El Ameel Raqam 13, 1989)
avec Mohamed Sobhy (Sharif), Eman (Basma), Sabreen (Nahid), Nabil El Halafawi (Ali Hussein), Shaaban Hussein (Sabri), Afaf Rashad (Maha), Samir Wahid (Maher Abbas), Zouzou Nabil (la mère de Sharif), Ali El Gandour (le chef du gang), Hussein El Sherif (officier de police), Saïd Mostafa (officier de police), Ezzat El Mashad (le chef des douanes), Mahmoud Al Iraq (un gangster), Abdul Monem Al Nimr (un gangster), Saleh El Aweil (un gangster)
Scénario : Mahmoud Fahmy
Musique : Hany Shenouda
Production : Screen 2000


Thriller. Charif est un agent des douanes très expérimenté qui suscite la jalousie de bon nombre de ses collègues. Un jour, il est approché par la police. On souhaiterait qu’il infiltre une bande de trafiquants de drogue. Charif est très réticent au début mais il finit par accepter la mission. Il doit se faire passer pour un malfaiteur proposant ses services et on lui loue un appartement de luxe pour qu’il puisse recevoir les membres du gang. C’est ainsi qu’il rencontre Basma, une blonde très séduisante qui occupe une fonction importante dans la filière mise en place par les trafiquants. Sûre de son charme, elle tente de conquérir Charif qui se retrouve dans une situation bien embarrassante : il doit rester en bons termes avec la jeune femme sans pour autant céder à ses avances car il est fiancé à Nahed et l’appartement est truffé de micros…

Notre avis : une comédie mollassonne qui reprend un sujet archi exploité depuis les années cinquante : un policier infiltre un gang de trafiquants et y fait la connaissance d’une femme séduisante qui est soit le chef de l’organisation criminelle, soit la maitresse du chef. Rien de bien neuf donc et le fait qu’ « Agent n°13 » soit une comédie et non un thriller n’ajoute pas grand-chose à l’intérêt du film. Peut-être en aurait-il été autrement si l’on avait confié le rôle principal à un acteur comique talentueux, ce que n’est assurément pas Mohamed Sobhy. Et puis pour ne rien arranger, le film ne comporte quasiment aucune action. Le héros passe de chaise en chaise ou de fauteuil en fauteuil et cause encore et encore. Parfois, il est au lit mais seul ! Bref on s’ennuie ferme malgré la présence de la sémillante Eman qui fut l’un des sex-symbols du cinéma des années quatre-vingt.


Jeudi 28 août à 23h

À la recherche du scandale de Niazi Mostafa (Albahth A'n Fediha, 1973)
avec Adel Imam (Magdy), Mervat Amine (Hanan), Samir Sabri (Sami), Hamdi Salem (le père de Sami), Youssef Wahby (le père d’Hanan), Ahmed Ramzy (Fakry), Imad Hamdi (le père de Sana), Zizi El Badraoui (Sana), Mohamed Reda (Abou Sari), Nawal Abou El Foutouh (la femme mariée), Salah Nazmi (le mari de la femme mariée), Tawfik El Deken (Saber), Hassan Hamed (le cambrioleur), Nagwa Fouad (elle-même), Zouzou Madi (la mère de Sana), George Sedhom (Abdel Azim), Mimi Chakib (la mère de Hanan), Angel Aram (Mona), Sayed Ibrahim (le père de Mona), Mohamed Awad (Aziz), Rakia Damati (la secrétaire), Mohamed Farid (le barman), Naguib Abdo (le dentiste)
Scénario : Farouk Sabry et Abou Al Seoud Al Ebiary
Musique : Samir Sabri et Ahmed Hamouda
Production : Gamal Al-Leithi


Ce film est inspiré d'une comédie américaine réalisée par Gene Kelly en 1967, Petit guide pour mari volage (A Guide for the Married Man).
Magdy quitte son village pour travailler au Caire comme ingénieur. Avant son départ, son père lui donne ses dernières instructions : pour l’honneur de la famille, il faut qu’il se marie au plus vite. Dans la capitale, c’est son collègue Sami qui va l’aider à trouver une fiancée. Celui-ci invite Magdy à l’accompagner dans un club de loisirs qu’il fréquente régulièrement. Le petit provincial repère aussitôt une jeune fille très belle. Il en tombe amoureux fou. Ce sera sa future femme ! Sami lui conseille d’abord de s’assurer qu’elle est bien libre. Après une petite enquête, ils apprennent que la jolie inconnue s’appelle Hanan, qu’elle est célibataire et qu’elle vit chez ses parents. Détail plus embêtant : sa mère souhaite qu’elle épouse l’un de ses cousins.
Sami propose à Magdy une première méthode d’approche. Alors que la jeune femme quitte le parking du club au volant de sa voiture, il s’agit de se jeter devant le véhicule, de rouler sur le capot et enfin de tomber à terre en feignant d’éprouver mille souffrances. Rien ne se passe comme prévu : la chute de Magdy est si maladroite que Hanan n’a aucune pitié pour sa « victime ». Elle est même furieuse. Pire encore : deux jeunes hommes qui ont assisté à la scène prennent notre héros pour un fâcheux sans éducation et le rossent de façon sévère. Evidemment, l’aspirant au mariage et son conseiller ne s’avouent pas vaincus.

Notre avis : pour la première fois dans sa carrière, ’Adel Imam obtient le rôle principal dans un film. Et pour cette comédie romantique, sa partenaire n’est autre que la sublime Mervat Amine, plus belle que jamais. Voilà un jeune acteur comblé ! Si "A la Recherche du Scandale" comporte quelques bons moments, la succession de gags faciles et donc prévisibles finit par lasser. On notera aussi un défaut de structure. Le film ressemble un peu à une comédie à sketches. En effet, le cinéaste et son scénariste ont inséré dans leur récit de courtes séquences réalisées avec la collaboration de « guest stars ». Mais cela fonctionne mal : ces saynètes d’un intérêt très inégal (Celle avec George Sedhom est particulièrement inepte.) cassent le rythme de l’histoire principale sans lui apporter grand-chose.
On remarquera enfin que Niazi Mostafa a fait des emprunts évidents à "Chuchotements d’Amour" de Fateen Abdel Wahab, notamment avec le personnage du père, joué dans les deux films par Youssef Wahbi et celui du cousin « yéyé ». "A la Recherche du Scandale" nous aura au moins permis d’entendre Samir Sabri chanter une version arabe du tube des Middle of The Road, "Chirpy Chirpy Cheep Cheep". Il est à la piscine entouré de nombreux danseurs et la scène rappellera aux plus anciens les émissions de variétés des années 70 conçues par les producteurs français Maritie et Gilbert Carpentier !


Mercredi 27 août à 17h

Viva Zalata d'Hassan Hafez (1976)
avec Fouad Al-Mohandes ( Zalata / Metwally), Shweikar (Nagma, la fille de Zalata), Samir Ghanem (Nuage Jaune, le demi-frère de Nagma), Hassan Abdin (King Size, le chef du gang des Trickers), Tawfiq El-Deken (le fils du chef du gang des Trickers), Nabila Al-Sayed (la propriétaire du saloon), Hassan Mustafa (le shérif), Gamal Ismail (le Général Battista), Salama Elias (le propriétaire de la boîte de nuit), Nabil Al-Hagrassy (le représentant du Ministère du Tourisme), Oussama Abbas (le délégué des Etats-Unis), Nabil Badr (le délégué mexicain), Saif Allah Mukhtar (un compagnon de Zalata), Helmy Hilali (un membre du gang des Trickers), Ahmed Nabil (un compagnon de Zalata), Mohamed Taha (un ami de Metwally), Zouzou Chakib( Naemat), Ezzedin Islam (le croque-mort), Mahmoud Abu Zaid (l’assistant du shérif), Zakaria Mowafi (Hani, fils de la propriétaire du saloon), Samiha Mohamed (la femme du croque-mort), Hussein Fahmy (Billy the kid)
Scénario : Anwar Abdullah
Musique et chansons : Abdel Wahab Mohamed, Kamal Al Tawil, Helmi Bakr, Tarek Sharara
Production : les Films Fouad EL Mohandes


Ibrahim Zalata, pour échapper aux exigences de ses ex-femmes, s’est installé à Texico, une ville située à la frontière des Etats-Unis et du Mexique. Il est devenu Signor Zalata et il a réussi à prendre le contrôle de l’ensemble de la ville. Il a épousé une indienne qui lui donne une fille, Nagma. Mais un jour, Zalata décide de quitter Texico pour partir à l’aventure avec ses hommes. Quinze ans plus tard, il fait son retour. Il découvre que Texico est tombée entre les mains des Trickers, un gang très dangereux. Zalata se rend avec ses hommes dans le saloon de la ville dirigée par une amie de longue date. Il est tout à la joie de ces retrouvailles quand soudain King Size, le chef des Trickers fait irruption dans l’établissement. La confrontation est inévitable. Zalata tire le premier et King Size s’effondre, raide mort. A cette nouvelle, le shérif se rend au saloon et nomme Zalata gouverneur de la ville. Peu après, c’est au tour de Nagma de faire son apparition : elle est devenue une ravissante demoiselle mais elle a perdu l’usage de la parole depuis que sa mère a été tuée par les Trickers. Pendant ce temps-là, dans son repaire, le fils de King Size décide de se venger…

Notre avis : malgré son titre, "Viva Zalata" n'a pas grand chose à voir avec "Viva Zapata" réalisé par Elia Kazan en 1952. Cette comédie, avec en vedette Fouad El Mohandes et Shweikar son épouse, se présente comme une satire des westerns américains qui ont toujours connu un grand succès en Egypte. C’est globalement raté même si on peut apprécier certaines scènes au dixième degré. Les comédiens déguisés en cow-boys ou en indiens évoluent dans un décor de carton-pâte et, au début, ils semblent beaucoup s’amuser à reconstituer tous les clichés du western de série Z. Malheureusement, l’intention parodique progressivement se perd et on a l’impression que tout le monde finit par se convaincre que l’on se trouve dans un vrai western. Le ton de la comédie reparaît dans la deuxième partie du film qui se déroule en Egypte. Ce changement de décor s’accompagne d’un changement d’époque : aux Etats-Unis, les personnages vivaient, comme il se doit, au XIXe siècle mais en Egypte, les voilà projetés dans la société moderne, sans qu’ils s’en étonnent outre mesure. L’effet est un peu étrange mais cela nous vaut le plan le plus réussi du film : Shweikar et Samir Ghanem à cheval et en tenue d’indiens suivis par une foule en délire dans l’une des artères principales du Caire.


Mardi 26 août à 15h

7 heures de Togo Mizrahi (El sa'a saba, 1937)
avec Ali Al Kassar (Othman), Bahiga El Mahdy (la femme d’Othman), Zakia Ibrahim (la belle-mère d’Othman), Ibrahim Arafa (le muet de la banque), Ali Abd El Al (le voisin d’Othman), Hassan Rashid (Hassan Bey)
Scénario : Togo Mizrahi et Ali Al Kassar
Production : Togo Mizrahi
appréciation : 4/5


Othman est employé de banque : il s’occupe du courrier, renseigne les clients et fait le coursier quand il faut remettre ou récupérer des fonds de manière urgente. Pour cette dernière fonction, il a une magnifique bicyclette qui lui permet de se déplacer très rapidement par les rues d'Alexandrie. Il est marié à une couturière. La mère de cette dernière vit avec eux et elle est la propriétaire de l’atelier de couture. Le naturel autoritaire de sa belle-mère déplaît à Othman.
Ce jour-là commence comme tous les autres jours : il trie le courrier reçu, aide un jeune domestique muet à effectuer une démarche à l’un des guichets de l’établissement puis enfourche son vélo pour faire ses premières courses. Hélas ! à peine est-il entré dans une banque où il avait affaire qu’un voleur s’empare de sa bicyclette et disparaît. Quand Othman s’en aperçoit, il court à travers la ville pour la retrouver. Il finira par la récupérer grâce à l’imprudence de son voleur.
A la fin de sa journée, il rentre chez lui où il retrouve son épouse et son insupportable belle-mère. Il décide de sortir avec son voisin. Ils se rendent dans un café pour boire de la bière. Ils rentrent chez eux au milieu de la nuit totalement ivres. Tandis qu’Othman erre encore dans la rue, son voisin s’est installé dans sa chambre. Il faudra s’y reprendre plusieurs fois pour que celui-ci regagne son domicile et qu’Othman retrouve son lit. Avant de s’endormir, l’employé modèle cache en lieu sûr l’argent de la banque qu’il n’avait pas encore livré et met la sonnerie de son réveil à sept heures. Othman s’endort profondément. Dans la nuit deux voleurs s’introduisent dans sa chambre et lui dérobent l’argent de la banque. Quand le lendemain, il découvre le vol, Othman en informe aussitôt la banque. Le directeur refuse quelque arrangement que ce soit et porte plainte.
Le pauvre employé s’enfuit à Assouan , sa ville natale car son oncle qui est le maire de la ville lui doit de l’argent. Quand Othman arrive chez son parent, celui-ci est en train de marier sa fille.

Notre avis : cette comédie est l’une des œuvres majeures des années trente. On la doit à la collaboration d’Ali Al Kassar et de Togo Mizrahi qui travailleront ensemble pendant une dizaine d’années. Ce que nous aimons par-dessus tout dans « 7 Heures », c’est l’art avec lequel ces deux grands artistes mêlent la tradition et la modernité. La tradition avec les emprunts à la farce théâtrale mais aussi avec l’enregistrement sur un mode quasi ethnographique des chants et des danses lors d’un mariage paysan ; et puis la modernité avec le portrait du petit peuple des villes mais surtout avec la multiplication de ces situations immorales que permet le travestissement du héros. En revêtant des habits de femme, Othman rend d’un coup la morale traditionnelle inopérante et tout devient ainsi possible ! On comprend qu’il s’agit pour Togo Mizrahi d’inscrire son travail dans un cadre national tout en adoptant la liberté de ton revendiquée en cette première moitié du XXe siècle par tous les artistes à travers le monde. Un cinéma à la fois égyptien et moderne.
L’influence de ce film sera considérable. Il inspirera notamment ceux qui domineront la comédie dans les années cinquante et soixante : l’acteur Ismaïl Yassin et le réalisateur Fateen Abdel Wahab (voir le film «Mademoiselle Hanafi» en 1954)


Lundi 25 août à 15h

Nous ne sommes pas des anges de Mahmoud Farid (Lasna Mala'eka, 1970)
avec George Sedhom (Ragab), El Deif Ahmed (Ramadan), Samir Ghanem (Sha’aban), Abbas Fares (Hajj Yassin), Shahinaz Taha (Mona, fille de Hajj Yassin), Hassan Mostafa (le gardien chef), Abdel Alim Khattab (l’oncle de Sami), Samir Sabri (Sami, le prétendant de Mona), Nagwa Fouad (la danseuse Elham), Ashraf Abdel Ghafour (Mourad, le neveu de Hajj Yassin, amoureux de Mona), Zakaria Mowafi (le gardien de prison Abdel Hafez), Aleya Abdel Moneim (la femme de Hajj Yassin)
Scénario : Farouk Sabry
D’après la pièce du dramaturge français Albert Husson, La Cuisine des Anges (1952). Cette comédie avait déjà fait l’objet d’une adaptation réalisée en 1955 par le cinéaste américain Michael Curtiz. En 1989, sortira une deuxième adaptation américaine signée Neil Jordan et portant le même titre que le film de Mahmoud Farid. A noter que celui-ci n’est pas la première version égyptienne de l’œuvre d’Albert Husson. En 1964, Hassan Abdulsalam la monte au théâtre avec déjà George Sedhom, El Deif Ahmed et Samir Ghanem.
Musique et chansons : Fouad El Zahry, Mohamed Al Mogy, Hussein El Sayed, Abdelazim Abdelhaqq
Dans cette liste, il y a un absent (un compositeur non crédité au générique mais dont l’une des œuvres est utilisée) : Nino Ferrer. On connaît l’amour de l’acteur Sami Sabri pour la musique pop occidentale et on pourrait citer un très grand nombre de comédies dans lesquelles il interprète des adaptations de tubes européens ou américains. Pour Nous ne sommes pas des Anges, il a choisi Les Cornichons de Nino Ferrer, une chanson de 1966. Certes, ce n’est pas un mauvais choix mais on n’est quand même un peu gêné par le fait que Samir Sabri se contente d’un play-back très approximatif sur l’enregistrement original du chanteur français. Sur le plan artistique, c’est d’un amateurisme absolu, sur le plan éthique, ce n’est pas très élégant.


Comédie musicale. Sha’aban, Ragab et Ramadan sont trois prisonniers particulièrement indisciplinés. Excédée par leurs frasques continuelles, la direction de l’établissement décide de leur transfert à la prison Abou Zaabel. Le véhicule pénitentiaire qui doit les emmener dans leur nouvelle demeure tombe en panne au milieu de nulle part. Une voiture surgit et s’arrête à leur hauteur. L’automobiliste est un vieil homme qui les invite à se rendre chez lui pour attendre les secours. Leur hôte, Hajj Yassin, vit dans une grande demeure avec sa femme et ses deux filles. Contre toute attente, les trois prisonniers et leurs deux gardiens sont accueillis à bras ouverts. Tout le monde sympathise et on improvise une petite fête où chacun chante et danse avant de passer à table. En fait, les trois amis ne tarderont pas à comprendre que derrière cette joie et cette convivialité, la famille est confrontée à de graves problèmes financiers…

Notre avis : c'est le dernier film des Trois Lumières du Théâtre, ce trio d'artistes comiques qui s'était formé en 1966. L'un de ses membres, El Deif Ahmed, est mort brutalement à la fin du tournage et il sera remplacé par une doublure lors de la course poursuite qui clôt le film. Dans la dernière scène, George Sedhom, un autre membre du trio, lui rend hommage par quelques mots d'adieu. Soyons francs : ce dernier opus n’est pas le plus réussi dans une filmographie qui pourtant ne compte pas que des chefs d’œuvre. On retrouve un grand nombre de situations et de procédés déjà exploités dans leurs films précédents au point que l’on pourrait ici parler d’auto-plagiat. L’exemple le plus criant : la première partie qui se passe en prison s’inspire très fortement (et c’est un euphémisme !) de l’une des séquences de la première comédie qu’ils tournent ensemble « Trente Jours en Prison » de Niazi Mostafa. Bref, on a l’impression qu’ils tournent en rond et la participation quelque peu désinvolte de Samir Sabri ne leur est pas d’un grand secours ! L’interminable course poursuite de la fin exaspérera le spectateur le plus bienveillant.


Dimanche 24 août à 23h

Vacances forcées de Nagdy Hafez (Agaza Belafya, 1966)
avec Fouad El-Mohandes (Hussein), Mohamed Awad (Salem), Shweikar (Dounia), Nawal Abou El Fotouh (Amina, la collègue de Dounia), Kawthar El Assal (Sharifa, la complice de Kamal), Hassan Hamed (Kamal, l’escroc), Zouzou Chakib (la tante de Dounia), Adel Imam (un espion), Lebleba (chanteuse), Salama Elias (le directeur du journal), Adel Awad (un enfant), Abdel Ghani El Nagdi (un espion), Fouad Rateb (le bijoutier)
Scénario : Abdel Ghani El Nagdi, Ahmed Al Mula et Hassan Ahmed
Musique : Munir El Meiligy et Fathi Qoura
Production : Alflam Al Nasr Al Arabi


Comédie. Salem et Hussein sont deux amis qui travaillent dans la même administration. En jouant à un concours organisé par un journal, ils gagnent deux semaines de vacances à Alexandrie. Ce prix ne les emballe guère : ils tentent de l’échanger puis de le revendre en vain. Ils ne leur restent plus qu’à partir pour la station balnéaire. Le directeur du journal charge deux de ses reporters, Amina et Dounia, de s’installer dans le même hôtel que les deux gagnants du concours afin de réaliser un reportage. L’une des deux journalistes, Dounia, est une très riche héritière et sa tante craint qu’elle tombe amoureuse de Salem ou de Hussein. La parente confie à deux hommes la tâche de surveiller de près sa nièce. A l’hôtel, se trouvent également un escroc et sa complice en quête de nouvelles victimes à dépouiller. Ils sont très intéressés par la magnifique bague que porte Dounia…

Notre avis : « Vacances Forées » appartient à ce genre très prisé dans les années soixante, celui de la « comédie de plage » avec jeunes gens en maillot de bain jouant et dansant sur le sable. C’est un film construit autour de quatre duos qui se croisent à l’hôtel ou à la plage : Fouad El Mohandès/Mohamed Awad ; Shweikar/Nawal Abou El Fotouh ; Kawthar El Assal/Hassan Hamed ; Adel Imam/Abdel Ghani El Nagdi. Le scénario a été écrit par deux des acteurs principaux du film et on sent dans sa composition le souci des auteurs de mettre en valeur tous leurs partenaires. Le résultat est assez sympathique et l’on suit sans déplaisir les péripéties auxquelles sont confrontés tous les personnages. Bien sûr, il y a des facilités et des naïvetés inhérentes à ce type de productions grand public, mais la réalisation est très soignée et les acteurs en grande forme ! Contre toute attente, le jeu de Mohamed Awad reste supportable. C’est la première fois que celui-ci joue en duo avec Fouad El Mohandes et il faut reconnaître que leur collaboration fonctionne fort bien.


Samedi 23 août à 15h

Poursuite amoureuse de Nagdy Hafez (Moutarada gharamia, 1968)
avec Fouad El-Mohandes (Mounir), Shweikar (Mona), Madiha Kamel (Maria, l’hôtesse italienne), Hassan Mostafa (Fantomas, le maître d’hôtel de Mounir), Abdel Moneim Madbouly (le psychiatre), Camelia (l’hôtesse française), Shahinaz Taha (l’hôtesse américaine), Kawthar Shafiq (l’hôtesse japonaise), Thérèse (l’hôtesse anglaise), Mahmoud Azmy (Sami)
Scénario : Farouk Sabry
Directeur de production : Kamal Hussein


Comédie. Adaptation de la comédie à succès « Boeing Boeing » de Marc Camoletti. Mounir travaille comme contrôleur aérien et c’est un dom juan impénitent qui entretient une relation amoureuse avec cinq hôtesses en même temps, toutes les cinq de nationalités différentes. Pour le soutenir dans ses entreprises amoureuses, Fantômas, son maître d’hôtel fait croire à toutes ses conquêtes que Mounir doit prochainement hériter de puits de pétrole qui feront de lui un homme immensément riche. Sur le plan fantasmatique, Mounir a développé une manie un peu singulière : il est obsédé par les chaussures de femmes qu’il collectionne chez lui. En plus de ses « liaisons internationales », il a une fiancée officielle, Mona, une hôtesse égyptienne. Cette dernière menace de le quitter s’il ne renonce pas à sa vie de play-boy et à sa collection de chaussures. Mounir, plein de bonne volonté, demande de l’aide à un psychiatre...

Notre avis : une adaptation très (ou trop) libre de la comédie de Marc Camoletti. Le scénariste a cru bon d’y ajouter des éléments pour étoffer son scénario. Il a notamment créé un personnage supplémentaire avec le psychiatre que consulte le héros (une idée elle-même empruntée au film américain « Quoi de Neuf, Pussycat ?» réalisé par Clive Donner en 1965 sur un scénario de Woody Allen). On ne peut pas dire que cet ajout fut bénéfique. Cela nous vaut deux séquences interminables dans lesquelles Fouad El Mohandes le héros, et Abdel Moneim Madbouly le psychiatre rivalisent de mimiques et de grimaces dont l’accumulation a mis à rude épreuve notre bienveillance naturelle. La seconde avec les deux compères ivres morts est particulièrement exaspérante. Fouad El Mohandes et Abdel Moneim Madbouly ont souvent joué ensemble au théâtre et cela se sent : on a l’impression d’assister à des numéros de vieux comédiens qui cabotinent à qui mieux mieux pour faire rire leur cher public. Le problème, c’est qu’on est au cinéma, pas au théâtre. Les danses et les chansons avec les hôtesses de l’air portant le costume traditionnel de leur pays n’améliorent pas l’ensemble, bien au contraire. Cette comédie est un festival de gags balourds et de plaisanteries de mauvais goût.


Vendredi 22 août à 23h

L'Appel du Courlis ou La Prière du Rossignol d'Henry Barakat (Doa al karawan, 1959)
avec Ahmed Mazhar (l’ingénieur), Zaki Ibrahim (le père de l’ingénieur), Faten Hamama (Amina), Zahrat Al Oula (Hanadi), Amina Rizq (Zarah), Edmond Tuema (le professeur de français), Ragaa El Geddawy (la fille du commissaire), Hussein Asar (le commissaire de la ville), Nahed Samir (la femme du commissaire), Abdel Halim Khattab (l’oncle), Mimi Chakib (Zenouba)
Adaptation du roman de Taha Hussein, L'Appel du Courlis (1934)
Scénario : Henry Barakat et Youssef Gohar
Musique : André Ryder
Production : les films Barakat
Figure dans la liste des quinze meilleurs films égyptiens de tous les temps.
appréciation : 5/5


Drame. Bani Warkan est une petite ville au cœur des montagnes où vit Amina avec sa sœur Hanadi et ses parents, Khader et Zarah. Cette famille de bédouins mène une existence laborieuse mais les trois femmes sont courageuses. Malheureusement, le père est un débauché qui dépense tout son argent dans les plaisirs. Un jour, c'est le drame : il est assassiné. L'oncle Khal Jaber ordonne à sa sœur et à ses nièces de quitter le pays, le temps que les gens oublient le scandale. Les trois femmes se lancent dans un long périple qui les mène dans une ville. Elles louent une petite maison mais il faut trouver du travail au plus vite. Grâce à un intermédiaire, les deux filles sont embauchées comme femme de chambre.. Hanadi doit travailler chez l’ingénieur en charge de l’irrigation tandis qu’Amina entre au service du commissaire de la ville, de sa femme et de sa fille Khadija. Cette dernière a le même âge qu’Amina. Entre les deux jeunes filles, la complicité est totale. Khadija apprend à Amina la lecture et l’ouvre à la culture. Le sort d’Hanadi est moins heureux. Son maître est célibataire et il a profité de son inexpérience pour abuser d’elle.

Notre avis : un chef d’œuvre à voir absolument. Dans ce film, tout est admirable : le scénario, la photo, l’interprétation et puis cette inoubliable voix off, celle de Faten Hamama qui tout à la fois nous émeut et nous enchante. Dans le style sobre et rigoureux qui sied aux classiques, Henri Barakat nous raconte une tragédie qui se déroule dans l’Egypte de l’intérieur, loin du Caire et de la vie citadine. Cette société aux mœurs archaïques voue les femmes au malheur et ne leur laisse d’autre choix que la soumission. Le cinéaste restitue scrupuleusement le constat très sévère de l’écrivain Taha Hussein : la campagne égyptienne est un univers faussement paisible, la violence y est omniprésente, notamment celle exercée par les hommes contre les femmes maintenues dans l’asservissement et l’ignorance. L’Appel du Courlis est une œuvre majeure du cinéma mondial injustement méconnu en Occident.


Jeudi 21 août à 15h

Je veux me marier d'Ahmed Badrakhan (Aiza atgawiz, 1952)
avec Nour Al Hoda (Farhana), Farid Al Atrache (Farid), Soliman Naguib (Wagdi Cristal), Abdel Salam Al Nabolsi (Wagy Cristal, le neveu de Wagdi), Zinat Sedki (la femme de chambre de Farhana), Serag Mounir (Taher Al-Anfoushi), Kawthar Shafiq (la fille de Taher), Saïd Abou Bakr (cousin de Farhana), Leila al Jazairia (la danseuse Leila), Sayed Suleiman (le domestique des Cristal), Abdel Nabi Mohamed (un soldat), Mohamed Zayed (chauffer de taxi), Abdel Ghani El Nagdi (cousin de Farhana), Thuraya Fakhry (la femme de Taher), Abbas Rahmi (le directeur de la salle de spectacles)
Leila Al Jazairia (photo) est une danseuse algérienne née en 1927. Farid Al Atrache l’avait choisie pour remplacer Samia Gamal dont il venait de se séparer.
Histoire et dialogues : Abou Al Seoud Al Ebiary
Musique : Farid Al Atrache


Comédie musicale. Farhana quitte sa ville natale pour commencer une carrière de chanteuse au Caire. Elle a changé de nom et désormais elle se fait appeler Nour Al Ayin. Pour rassurer sa famille, il lui faut épouser au plus vite un homme fortuné. Elle rencontre un vieil industriel très riche qu’elle entreprend de séduire. Mais peu après, elle fait la connaissance du neveu de celui-ci, un neveu qui est aussi son seul héritier. Les deux hommes rivalisent d’attentions à son égard mais Nour finit par comprendre que ni l’un ni l’autre ne souhaite l’épouser avec un véritable contrat et en respectant toutes les conventions d’usage. Elle chasse l’oncle et le neveu de chez elle. Pour se venger, elle décide de se marier avec un homme pauvre. Le hasard fait bien les choses car le soir même, elle rencontre dans un jardin public un jeune inconnu qui chante divinement en s’accompagnant de son oud…

Notre avis : « Je veux me marier » compte parmi les grandes réussites du réalisateur Ahmed Badrakhan. C’est la première comédie musicale de Farid Al Atrache après sa rupture avec Samia Gamal. Quelques mois plus tôt, on les avait vus une dernière fois ensemble dans « Ne le Dites à Personne » d’Henry Barakat. Pour réaliser « Je veux me marier », on a reconstitué une partie de l’équipe du film précèdent : Farid Al Atrache a de nouveau pour partenaire féminine la chanteuse libanaise Nour El Hoda, on retrouve dans un second rôle, Abdel Salam Al Nabolsi et le scénario est aussi signé Abou Al Seoud Al Ebiary. Enfin, pour remplacer Samia, Farid Al Atrache a découvert une jeune danseuse algérienne très talentueuse, Layla Al Jazairia. Le résultat est tout aussi enthousiasmant que pour l’opus précédent. La fantaisie et l’entrain ne se relâchent à aucun moment ; les chansons s’insèrent naturellement à l’histoire ; Zinat Sedky et Abdel Salam Al Nabolsi, en seconds rôles comiques, sont, comme toujours, épatants. Et puis, la « petite nouvelle » fait des débuts très prometteurs dans la comédie et parvient à nous faire oublier l’immense Samia Gamal. Hélas, il n’y aura pas de suite : Layla Al Jazairia tournera dans trois films puis quittera l’Egypte définitivement.


Mercredi 20 août à 15h

Le Fantôme de ma femme de Fateen Abdel Wahab (Ifrit meraty, 1968)
avec Shadia (Aïda), Salah Zulficar (Salah, un employé de banque, mari d’Aïda), Imad Hamdy (Raef), Adel Imam (un collègue de Salah), Hassan Hussein (un collègue de Salah), Amal Zayed (la mère d’Aïda), Hassan Mostafa (le directeur de la banque), Hala Fakher (Inayat, la sœur de Salah), Hussein Ismaïl (le serviteur de Raef), Nabila El Sayed (Anisa), Soheir Reda (la femme du directeur de banque), Ibrahim Safaan (un client d’Irma la Douce), Sayed Abdallah Hafez (Docteur Sami)
D’après une histoire de Lucien Lambert
Scénario et dialogues : Ali El-Zorkani
Musique : Mounir Mourad, Michel Youssef, Hussein El Sayed


Comédie. Le bonheur conjugal d’un jeune couple est mis à rude épreuve à cause d’une étrange maladie qu’a contractée la femme. A chaque fois qu’elle va au cinéma voir un film, elle rentre chez elle convaincue d’être l’incarnation de l’un des personnages dont elle vient de suivre les aventures. Les médecins ont averti le mari qu’il ne doit en aucun cas s’opposer au comportement délirant de sa compagne. Au contraire, il lui faut collaborer en jouant les rôles que dans ses divagations elle lui aura attribués. Tout se gâte quand elle se prend pour Irma la douce (célèbre personnage de prostituée) alors qu’elle et son mari reçoivent des invités…

Notre avis : dans cette comédie enlevée, Fateen Abdel Wahab s'intéresse à un cas très curieux de bovarysme moderne avec dans les rôles principaux une Shadia déchainée et un Salah Zulficar volcanique. Le cinéaste les avait déjà réunis, l’année précédente pour « l’Honneur de ma Femme » et deux ans auparavant pour le célèbre « ma Femme est PDG. ». C’est ainsi que les deux acteurs sont devenus les emblèmes du couple de la classe moyenne dans l’Egypte des années soixante. Ils représentent le couple libre et moderne que le public de l’époque a plaisir à retrouver épisode après épisode. (Shadia et Salah Zulficar étaient mariés à la ville. Ils se sépareront en 1969 et tourneront ensemble un dernier film en 1971.)
On peut aussi voir cette comédie de Fateen Abdel Wahab comme un hommage au cinéma grâce à l’insertion de longs extraits de « Raya et Sakina » de Salah Abou Seif (1952) et d’ « Une Histoire d’Amour » d’Helmy Halim (1959) ainsi qu’aux références à « Irma la Douce », film américain de Billy Wylder (1963).
 

Mardi 19 août à 15h

La Branche de l’Olivier d’El Sayed Bedeir (Ghosn el zaytoun, 1962)
avec Ahmed Mazhar (Abdo), Soad Hosny (Atteya), Ahmed Abaza (Sheikh Al Bahbhani, un collègue d’Abdo), Omar El-Hariri (Jamal, le rival d’Abdo), Abdel Waress Asr (Khalil Effendi, le père d’Atteya), Abdel Moneim Ibrahim (Hamouda, un collègue d’Abdo), Samia Rushdy (la mère d’Atteya), Kamal Anwar, Shokoko El Soghayar (Rushdy, le frère d’Atteya), Houda Shams El Din (la danseuse)
Scénario : El Sayed Bedeir et Mohamed Mostafa Samy
D’après un récit de l’écrivain Mohamed Abdel Halim Abdallah
Production : Films de l'Union (Abbas Helmy)


Drame. Nous sommes en juin 1945, à la veille des grandes vacances. Le professeur Abdo enseigne dans un lycée de filles au Caire. Il vit seul et souhaiterait se marier. Il est tombé amoureux d’une élève, Atteya, qu’il n’a pas en classe. Mais des rumeurs qui courent dans tout le lycée évoquent une relation amoureuse entre elle et un autre enseignant, Jamal. Ce dernier est le professeur d’arabe de la jeune fille et il ne cache pas toute la sympathie qu’elle lui inspire. Atteya est une élève brillante qui manifeste des dons remarquables en composition. Jamal s’installe pour les vacances à Alexandrie et Atteya convainc ses parents d’y séjourner aussi. Apprenant cette destination commune, Abdo est submergé par l’angoisse. Mais à la rentrée, une heureuse nouvelle l’attend : Jamal quitte l’établissement pour prendre un poste à Alexandrie et le directeur a décidé que ce serait lui, Abdo qui pour le remplacer serait chargé de la classe d’Atteya. Le professeur amoureux est aux anges : il a désormais toutes les cartes en main! Entre lui et la jeune fille, les liens ne cessent de se resserrer mais Abdo continue à être tourmenté par cette question qui l’obsède : Atteya a-telle eu une aventure avec Jamal ? Malgré ses doutes et ses hésitations, le professeur finit par demander la main de son élève. Malheureusement, le mariage n’apaise en rien les soupçons d’Abdo. Il se persuade que sa jeune épouse continue à voir Jamal en secret et sa jalousie délirante transforme leur vie commune en enfer…

Notre avis : El Sayed Bedeir se livre à une véritable étude psychologique d’un individu ordinaire atteint d’une jalousie maladive. Il montre comment le moindre événement vient alimenter les doutes et les soupçons de l’homme et comment le ressassement infini des mêmes interrogations et des mêmes reproches détruit irrémédiablement son couple. Dans cette étude, le réalisateur et ses auteurs font preuve d’une grande finesse, refusant tout recours aux effets grossiers de la caricature. On pourra néanmoins leur reprocher de s’en tenir à un compte-rendu un peu monotone des tourments de leur héros. Il manque une progression dramatique qui capterait l’attention du public. De même, le dénouement ne nous a guère convaincu. Pour clore sur un happy end, on nous révèle que le rival du héros est impuissant ! Les inquiétudes d’Abdo étaient donc sans fondement ! Mouais… En fait, les auteurs ont botté en touche car rien n’est réglé. Il est évident que la jalousie du héros renaitra à la moindre occasion. Enfin, on retiendra surtout l’excellente prestation de Soad Hosny et d’Ahmed Mazhar , ce dernier magistral en amoureux maladroit rongé par ses obsessions morbides.


Lundi 18 août à 19h30

La Matrone d'Hassan Reda (El moallema, 1958)
avec Taheya Carioca (Tuha), Yahia Chahine (Maître Abbas), Mahmoud El Meleigy (Maître Hafez), Omar El-Hariri (Fathi, le jeune comptable de Tuha), Wedad Hamdy (la servante de Tuha), Mohamed Tawfik (Madbouly), Nagwa Fouad (la fille de la patronne de la maison close), Rafia Al Shal (la patronne de la maison close), Roheya Jamal (une prostituée), Nawal Attia (une prostituée), Suzi Khairy (la danseuse)
Scénario : El Sayed Bedeir et Hassan Reda (d’après Othello de William Shakespeare)
Musique : Fouad El Zahry, Ahmed Fouad Hassan, Saïd Morsi
Production : les films Taheya Carioca


Hafez est un commerçant véreux qui se livre au trafic de drogue. Il est amoureux de Tuha, une commerçante elle aussi. C'est une femme d'âge mûr au caractère bien trempé. Elle dirige la petite boutique d’épices que son père avait fondée. Ses affaires sont prospères et elle a toute confiance en Fathi, son jeune comptable honnête et dévoué. Hafez lui a manifesté sa flamme de manière insistante mais, malheureusement pour lui, le cœur de Tuha est déjà pris : elle aime Abbas, un bel homme qui travaille avec elle. Hafez ne renonce pas : le jour de leur mariage, il provoque une bagarre qui se conclut par l’arrestation d’Abbas et sa condamnation à deux ans de prison. Pendant l’absence du mari de sa bien-aimée, Hafez va multiplier les tentatives de séduction, en vain. Tuha reste une femme fidèle. Quand Abbas est enfin libéré, Hafez change de stratégie. Feignant d’être son ami, il fait croire à Abbas que sa femme le trompe avec leur jeune comptable. Sous son influence pernicieuse, le mari de Tuha devient alcoolique, violent et infidèle…

Notre avis : un drame de la jalousie avec trois monstres sacrés du cinéma des années cinquante : Taheya Carioca dans un rôle de femme puissante, un peu semblable à ceux qu’elle incarne dans d’autres films de la même époque (ex : la Sangsue se Salah Abou Seif, 1956), Mahmoud El Meleigy en méchant qu’on adore détester et Yahia Chahine en brave homme crédule. Certes, on retrouve dans ce film un certain nombre de stéréotypes mais la réalisation et l’interprétation impressionnent par leur justesse et leur vigueur. Et puis, on aime tout particulièrement la reconstitution très soignée d’un quartier populaire avec ses commerçants, ses employés, ses drogués et ses prostituées, un univers très proche de celui de certains romans de Naguib Mahfouz.


Dimanche 17 août à 17h

Et l’Enquête Continue d’Ashraf Fahmy (Wala yazal altahqiq mustamirran, 1979)
avec Mahmoud Yassin (Hussein), Nabila Ebeid (Zeinab, la femme d’Hussein), Mahmoud Abdel Aziz (Medhat), Layla Hamada (Mervat, la sœur de Hussein), Tawfiq El Deqen (le beau-frère de Zeinab), Malak El Gamal (la mère de Zeinab), Nawal Fahmy (la mère de l’élève)
Scénario : Ihsan Abdul Quddus, Mostafa Moharam, Bashir El Dik
Musique : Gamal Salamah
Producteur : Gerges Fawzi et Les Films Ashraf Fahmy


Drame. Hussein est professeur d’anglais et il vit avec Zeinab, sa femme, et Mervat, sa petite sœur qui est étudiante aux Beaux-Arts. Hussein aime son métier. L’argent ne l’intéresse pas. Ce qui compte pour lui, c’est sa mission éducative auprès de ses élèves. Zeinab ne partage absolument pas les conceptions de son mari. Elle enrage de vivre chichement alors que sa sœur vit dans l’opulence grâce au salaire élevé de son époux. Un jour, Hussein a la visite d’un inconnu dans son lycée. Cet inconnu, c’est en fait Medhat, un ami d’enfance, qui s’était installé en Europe et qui y a fait fortune. Heureux de ces retrouvailles, Hussein invite à déjeuner Medhat. Ce dernier retrouve Mervat qui l’impressionne par sa beauté et il fait la connaissance de Zeinab. La petite famille boit les paroles de leur invité surprise qui évoque avec une certaine autosatisfaction sa réussite professionnelle dans le bâtiment. Quand il apprend que Mervat fait des études d’architecture d’intérieur, il lui propose de travailler à l’agencement de ses nouveaux bureaux. Après le départ de Medhat, Zeinab ne peut contenir sa colère contre son mari qui n’a à lui offrir qu’une petite existence médiocre. Et le jour où elle apprend que Hussein donne des cours particuliers sans demander d’argent en contrepartie, elle décide de rompre et retourne chez sa mère. Pour tenter d’arranger les choses entre les deux époux, Medhat décide de rencontrer Zeinab…

Notre avis : pour ce drame, Ashraf Fahmy retrouve son actrice fétiche du moment, Nabila Ebeid qu’on a déjà vue dans trois des quatre films qu’il a tournés l’année précédente ( « Et le Troisième est Satan », « Un Voyage à l’Intérieur d’Une Femme », « Une Autre Femme »). Pour son rôle dans « Et L’Enquête Continue », Nabila Ebeid obtiendra le prix de la meilleure actrice au Festival international du film d’Alexandrie. Un prix amplement mérité ! Grâce à son immense talent, elle a su restituer toute la complexité de son personnage, cette femme mariée que le malheur et la frustration conduisent à se révolter, quitte à se montrer injuste et à humilier son mari, joué par l’excellent Mahmoud Yassin. Et quand celle-ci croit enfin avoir trouvé le bonheur dans les bras de son amant, tout s’effondre : l’homme aime ailleurs et il lui conseille de retourner gentiment chez son mari. Evidemment la vengeance sera terrible. L’amant est incarné par Mahmoud Abdel Aziz. C’est un personnage aussi intéressant que celui de Nabila Ebeid car il demeure insaisissable jusqu’à la fin. Pourquoi a-t-il souhaité renouer avec son ancien ami après tant d’années ? Quelles sont ses intentions réelles en s’introduisant dans cette famille ? Derrière le masque du sympathique camarade, semble se cacher un homme égoïste et manipulateur qui détruit tous ceux qu’il approche. Bref, un très bon film d’après un récit d’ Ihsan Abdul Quddus, le grand spécialiste de la psyché féminine.


Samedi 16 août à 19h30

Ashour, Coeur de Lion de Hussein Fawzi (Ashour Qalb Al Assad, 1961)
avec Abdel Salam Al Nabulsi (Ashour), Zahrat Al Oula (Nadia), Abdel Moneim Ibrahim (Abdo, l’ami d’Ashour), Taheya Carioca (la propriétaire du café), Nagwa Fouad (Amal), Samir Shedid (Fathi), Nahed Samir (la mère de Nadia), Rushdy Abaza (lui-même), Thuraya Fakhry (la mère d’Amal), Abdel Ghani El Nagdi, Kanaan Wasfy, Ibrahim Kadri, Samiha Mohamed
sur une idée de Rushdy Abaza
Scénario : Ahmed Kamel Hefnawi
Musique : Ali Ismaïl
Production : les films Rushdy Abaza


Ashour est étudiant à l’institut du sport. C’est un garçon fluet qui ne peut rivaliser avec les athlètes qu’il côtoie chaque jour. Pourtant il rêve de remporter les tournois dans lesquels s’affrontent les étudiants de l’école. Ainsi il pourrait séduire la jolie fille dont il est tombé amoureux. Un jour, il fait la connaissance d’un savant qui lui dit avoir inventé un sérum qui décuple les forces. Ashour accepte de le tester. Et ça marche ! Il va devenir un champion !

Notre avis : un film curieux ! Le réalisateur Hussein Fawzi et l'acteur Abdel Salam Al Nabulsi sont deux artistes au crépuscule l'un et l'autre d'une très belle carrière, et ils se retrouvent pour tourner un gentil nanar qui se passe dans le monde des universités. Plus étonnant encore, Abdel Salam Al Nabulsi a décidé à plus de 62 ans d'incarner un jeune étudiant qui rêve exploits sportifs et records pour séduire la jeune femme incarnée par Nagwa Fouad qui dans la vraie vie a 40 ans de moins que lui ! Autre bizarrerie, le film est produit par l'acteur Rushdy Abaza et c'est aussi lui qui aurait eu l'idée de son intrigue assez simplette. Il apparaît même dans une scène de combat, plutôt ratée d'ailleurs. Bref, que de talents réunis pour ce joli fiasco ! Dans « Ashour, Cœur de Lion », Abdel Salam Al Nabulsi confirme ce que nous savions depuis « Coiffeur pour Dames » de Fateen Abdel Wahab : il est l'un des meilleurs seconds rôles comiques de toute l'histoire du cinéma égyptien mais lui confier le premier rôle dans un film est une regrettable erreur.



Le Voyage des Merveilles (rihlat aleagayib, 1974)

رحلة العجائب
إخراج : حسن الصيفي






















Hassan El Seifi a réalisé Le Voyage des Merveilles en 1974.
Distribution : Mohamed Awad (Abbas Al -Masry), Nabila Ebeid (Awarah, la femme d'Abbas), Saif Allah (Mukhtar Hussein, le collègue d'Abbas dans l'usine), Wahd Seif (Massoud, le chauffeur de taxi), Nabil Al Hagrasi (Kamel Naguib, l’avocat), Simone (Susan, la cousine d'Abbas), Mohamed Taha (le chanteur)
Scénario : Sabri Ezzat et Hassan El Seifi
Musique : Omar Khorsheid
Production : Hassan El Seifi

Nabila Ebeid et Mohamed Awad















Nabil Al Nagrasi















Simone et Mohamed Awad















Mohamed Awad
















Résumé

Abbas El-Masry travaille comme technicien dans une usine automobile. Il est marié à Awarah qui perçoit quelques revenus d’un taxi dont elle est propriétaire. Un jour, ils reçoivent un télégramme en provenance des Etats-Unis. Le message est rédigé en anglais et Awarah demande à la fille de leur voisine de le traduire. C’est ainsi qu’ils apprennent la mort de Shaker El-Masry, l'oncle d'Abbas, qui avait émigré aux Etats-Unis. L’auteur du message, l'avocat Kamel Naguib, demande à Abbas de venir à Los Angeles pour qu’il puisse lui remettre sa part d’héritage. Un billet d’avion est à retirer dans l’agence d’une compagnie aérienne du Caire. Abbas et Awarah se précipitent à l’adresse indiquée. L’héritier récupère son billet mais sa femme insiste pour en acheter un second : elle souhaite accompagner son mari aux Etats-Unis. C’est l’avocat Kamel Naguib qui vient les chercher à l’aéroport pour les conduire à leur luxueux hôtel, la résidence préférée des stars du show-biz, le fameux Continental Hyatt House. Abbas et Awarah sont à la fois émerveillés et déconcertés par tout ce qu’ils découvrent. Abbas laisse sa femme à l’hôtel et repart en compagnie de son avocat. Ce dernier l’emmène à la villa de son oncle où réside toujours Suzan, la fille du défunt.

Quand ils arrivent, les deux hommes se retrouvent au milieu d’une fête organisée par la jeune femme. Elle a invité une quinzaine d’amis qui dansent autour de la piscine de la propriété. Suzan est une jolie blonde, très sympathique, qui accueille chaleureusement ce cousin venu d’Egypte. Très à l’aise, Abbas se mêle à la fête et sa fantaisie séduit tous les convives. Pendant ce temps-là, Awarah elle aussi prend du bon temps avec des résidents de l’hôtel. Accompagnée de l’orchestre de l’établissement, elle fait une démonstration de danse orientale pour ses nouveaux amis.

Le lendemain, Suzan et Abbas se retrouvent dans le bureau de l’avocat pour l’ouverture du testament. Ils découvrent que leur père et oncle a laissé une importante somme d'argent à son petit chien « Antar « et qu’Il a légué le reste de sa fortune à parts égales entre sa fille, Susan, et son neveu, Abbas, à la condition qu’ils se marient. Les deux héritiers rejettent cette condition qu’ils jugent inacceptable. Mais de retour à son hôtel, Abbas réfléchit. En fait, il suffit de se marier et de divorcer aussitôt après pour satisfaire les dernières volontés de l’oncle. Il se rend aussitôt chez Suzan en compagnie de l’avocat mais la jeune femme est sortie avec ses amis pour une virée au bord de la mer. Les deux hommes se lancent à sa poursuite et finissent par la retrouver. Dans un premier temps, l’ambiance est tendue entre Abbas et Suzan. Les amis de cette dernière s’en prennent physiquement à son cousin qui s’effondre inconscient. Mais Suzan n’accepte pas cette violence et porte secours à Abbas. Les deux parents se réconcilient et la jeune femme accepte l’idée du mariage.

Ils se marient peu après mais le problème, c’est que Suzan est réellement tombée amoureuse de son cousin et a bien l’intention de passer avec lui une véritable nuit de noces. Après avoir dîné dans un cabaret, Suzan entraîne Abbas dans la villa. Le jeune homme a toutes les peines du monde à résister aux ardeurs de sa nouvelle épouse mais il finit par lui échapper et rentre à l’hôtel pour retrouver Awarah. Las ! Le lendemain matin, Suzan se présente à l’hôtel pour récupérer son mari. S’engage alors un combat impitoyable entre les deux femmes. Mais rien n’y fera : Abbas veut rester avec Awarah et Suzan finira par accepter la situation et les laissera repartir en Egypte.


Critique

Dans les années soixante-dix, Mohamed Awad est devenu l’acteur comique le plus populaire de sa génération. C’est lui qui a repris à Ismaïl Yassin la couronne du roi de la comédie, hélas, et on lui doit un certain nombre de « navets rigolos » de l’ère post nassérienne.
 
Son style très particulier lui vient de sa formation théâtrale. Il a acquis sa notoriété sur les planches et quand il passe au cinéma, il conserve tous les tics de l’artiste de théâtre de boulevard avec une voix nasillarde qui porte loin et un jeu outré tout en grimaces et contorsions. De film en film, il incarne le même personnage loufoque, très agité et doté de la sensibilité et du QI d’un enfant de dix ans. Ce qui ne l’empêche nullement d’être toujours entouré de jeunes actrices courtement vêtues. A cet égard, il nous rappelle parfois le regretté comique britannique Benny Hill.
 
Ce Voyage des Merveilles nous permet de vérifier tous ces éléments et d’apprécier l’art de Mohamed Awad. Cet art est celui de la saturation : on ne laisse aucun répit au spectateur et tout est fait pour provoquer le rire. Chaque situation -l’achat du billet d’avion, le voyage en avion, la découverte de la chambre d’hôtel etc.-est exploitée au maximum de ses potentialités comiques ce qui nous vaut des rafales de gags laborieux. Les scènes grotesques s’enchaînent comme celle où le personnage joué par Mohamed Awad, vêtu d’un unique caleçon, tente d’échapper aux ardeurs de sa jeune épouse et se retrouve en pleine nuit sur le capot d’une voiture. Dans la dernière partie notre héros se déguise en cow-boy alors qu’il rejoint sa cousine et sa bande de hippies sur la plage. C’est incohérent mais les auteurs ont dû se dire que ça pouvait toujours amuser les enfants.

Bref, ce film accumule tant de naïvetés et de balourdises que le spectateur oscille sans cesse entre l’indulgence apitoyée et la consternation.

Malgré cela, nous avons bien aimé la manière dont cette comédie opère une inversion du regard : ici, c’est l’Egypte qui observe les Etats-Unis et on s’aperçoit que cette vision est tout aussi stéréotypée que la représentation du monde arabe en Occident. En fait, ce que reproduit le réalisateur, c’est l’univers rutilant des séries américaines : les grosses voitures décapotables, les hôtels de luxe, les filles qui dansent en maillot de bain, les hippies qui ne font rien. À tout moment, on s’attend à voir surgir Starsky et Hutch ! Et pour l’ambiance, on a même droit à un extrait du fameux « Theme from Shaft d’Isaac Hayes !

La partenaire féminine de Mohamed Awad, c’est Nabilla Ebeid. Elle joue l’épouse du héros, un personnage très en retrait, sans grand intérêt. On se demande ce qui a pu inciter l’une des plus belles et talentueuses actrices de son temps à participer au tournage d’un film pareil pour un rôle si peu valorisant.

Appréciation : 2/5
**

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin