samedi 16 août 2025

Le Voyage des Merveilles (rihlat aleagayib, 1974)

رحلة العجائب
إخراج : حسن الصيفي






















Hassan El Seifi a réalisé Le Voyage des Merveilles en 1974.
Distribution : Mohamed Awad (Abbas Al -Masry), Nabila Ebeid (Awarah, la femme d'Abbas), Saif Allah (Mukhtar Hussein, le collègue d'Abbas dans l'usine), Wahd Seif (Massoud, le chauffeur de taxi), Nabil Al Hagrasi (Kamel Naguib, l’avocat), Simone (Susan, la cousine d'Abbas), Mohamed Taha (le chanteur)
Scénario : Sabri Ezzat et Hassan El Seifi
Musique : Omar Khorsheid
Production : Hassan El Seifi

Nabila Ebeid et Mohamed Awad















Nabil Al Nagrasi















Simone et Mohamed Awad















Mohamed Awad
















Résumé

Abbas El-Masry travaille comme technicien dans une usine automobile. Il est marié à Awarah qui perçoit quelques revenus d’un taxi dont elle est propriétaire. Un jour, ils reçoivent un télégramme en provenance des Etats-Unis. Le message est rédigé en anglais et Awarah demande à la fille de leur voisine de le traduire. C’est ainsi qu’ils apprennent la mort de Shaker El-Masry, l'oncle d'Abbas, qui avait émigré aux Etats-Unis. L’auteur du message, l'avocat Kamel Naguib, demande à Abbas de venir à Los Angeles pour qu’il puisse lui remettre sa part d’héritage. Un billet d’avion est à retirer dans l’agence d’une compagnie aérienne du Caire. Abbas et Awarah se précipitent à l’adresse indiquée. L’héritier récupère son billet mais sa femme insiste pour en acheter un second : elle souhaite accompagner son mari aux Etats-Unis. C’est l’avocat Kamel Naguib qui vient les chercher à l’aéroport pour les conduire à leur luxueux hôtel, la résidence préférée des stars du show-biz, le fameux Continental Hyatt House. Abbas et Awarah sont à la fois émerveillés et déconcertés par tout ce qu’ils découvrent. Abbas laisse sa femme à l’hôtel et repart en compagnie de son avocat. Ce dernier l’emmène à la villa de son oncle où réside toujours Suzan, la fille du défunt.

Quand ils arrivent, les deux hommes se retrouvent au milieu d’une fête organisée par la jeune femme. Elle a invité une quinzaine d’amis qui dansent autour de la piscine de la propriété. Suzan est une jolie blonde, très sympathique, qui accueille chaleureusement ce cousin venu d’Egypte. Très à l’aise, Abbas se mêle à la fête et sa fantaisie séduit tous les convives. Pendant ce temps-là, Awarah elle aussi prend du bon temps avec des résidents de l’hôtel. Accompagnée de l’orchestre de l’établissement, elle fait une démonstration de danse orientale pour ses nouveaux amis.

Le lendemain, Suzan et Abbas se retrouvent dans le bureau de l’avocat pour l’ouverture du testament. Ils découvrent que leur père et oncle a laissé une importante somme d'argent à son petit chien « Antar « et qu’Il a légué le reste de sa fortune à parts égales entre sa fille, Susan, et son neveu, Abbas, à la condition qu’ils se marient. Les deux héritiers rejettent cette condition qu’ils jugent inacceptable. Mais de retour à son hôtel, Abbas réfléchit. En fait, il suffit de se marier et de divorcer aussitôt après pour satisfaire les dernières volontés de l’oncle. Il se rend aussitôt chez Suzan en compagnie de l’avocat mais la jeune femme est sortie avec ses amis pour une virée au bord de la mer. Les deux hommes se lancent à sa poursuite et finissent par la retrouver. Dans un premier temps, l’ambiance est tendue entre Abbas et Suzan. Les amis de cette dernière s’en prennent physiquement à son cousin qui s’effondre inconscient. Mais Suzan n’accepte pas cette violence et porte secours à Abbas. Les deux parents se réconcilient et la jeune femme accepte l’idée du mariage.

Ils se marient peu après mais le problème, c’est que Suzan est réellement tombée amoureuse de son cousin et a bien l’intention de passer avec lui une véritable nuit de noces. Après avoir dîné dans un cabaret, Suzan entraîne Abbas dans la villa. Le jeune homme a toutes les peines du monde à résister aux ardeurs de sa nouvelle épouse mais il finit par lui échapper et rentre à l’hôtel pour retrouver Awarah. Las ! Le lendemain matin, Suzan se présente à l’hôtel pour récupérer son mari. S’engage alors un combat impitoyable entre les deux femmes. Mais rien n’y fera : Abbas veut rester avec Awarah et Suzan finira par accepter la situation et les laissera repartir en Egypte.


Critique

Dans les années soixante-dix, Mohamed Awad est devenu l’acteur comique le plus populaire de sa génération. C’est lui qui a repris à Ismaïl Yassin la couronne du roi de la comédie, hélas, et on lui doit un certain nombre de « navets rigolos » de l’ère post nassérienne.
 
Son style très particulier lui vient de sa formation théâtrale. Il a acquis sa notoriété sur les planches et quand il passe au cinéma, il conserve tous les tics de l’artiste de théâtre de boulevard avec une voix nasillarde qui porte loin et un jeu outré tout en grimaces et contorsions. De film en film, il incarne le même personnage loufoque, très agité et doté de la sensibilité et du QI d’un enfant de dix ans. Ce qui ne l’empêche nullement d’être toujours entouré de jeunes actrices courtement vêtues. A cet égard, il nous rappelle parfois le regretté comique britannique Benny Hill.
 
Ce Voyage des Merveilles nous permet de vérifier tous ces éléments et d’apprécier l’art de Mohamed Awad. Cet art est celui de la saturation : on ne laisse aucun répit au spectateur et tout est fait pour provoquer le rire. Chaque situation -l’achat du billet d’avion, le voyage en avion, la découverte de la chambre d’hôtel etc.-est exploitée au maximum de ses potentialités comiques ce qui nous vaut des rafales de gags laborieux. Les scènes grotesques s’enchaînent comme celle où le personnage joué par Mohamed Awad, vêtu d’un unique caleçon, tente d’échapper aux ardeurs de sa jeune épouse et se retrouve en pleine nuit sur le capot d’une voiture. Dans la dernière partie notre héros se déguise en cow-boy alors qu’il rejoint sa cousine et sa bande de hippies sur la plage. C’est incohérent mais les auteurs ont dû se dire que ça pouvait toujours amuser les enfants.

Bref, ce film accumule tant de naïvetés et de balourdises que le spectateur oscille sans cesse entre l’indulgence apitoyée et la consternation.

Malgré cela, nous avons bien aimé la manière dont cette comédie opère une inversion du regard : ici, c’est l’Egypte qui observe les Etats-Unis et on s’aperçoit que cette vision est tout aussi stéréotypée que la représentation du monde arabe en Occident. En fait, ce que reproduit le réalisateur, c’est l’univers rutilant des séries américaines : les grosses voitures décapotables, les hôtels de luxe, les filles qui dansent en maillot de bain, les hippies qui ne font rien. À tout moment, on s’attend à voir surgir Starsky et Hutch ! Et pour l’ambiance, on a même droit à un extrait du fameux « Theme from Shaft d’Isaac Hayes !

La partenaire féminine de Mohamed Awad, c’est Nabilla Ebeid. Elle joue l’épouse du héros, un personnage très en retrait, sans grand intérêt. On se demande ce qui a pu inciter l’une des plus belles et talentueuses actrices de son temps à participer au tournage d’un film pareil pour un rôle si peu valorisant.

Appréciation : 2/5
**

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

vendredi 1 août 2025

A la télé : les films du jour (Rotana Classic du 1er au 15 août)

روتانا كلاسيك

Quels films peut-on voir sur la chaîne Rotana Classic ? Les horaires donnés sont ceux de l'après-midi ou de la soirée (heure de Paris). La plupart des films sont ensuite rediffusés le lendemain matin.
Rotana Classic a remplacé Rotana Zaman en 2012. Cette chaine fait partie du groupe Rotana basé en Arabie Saoudite et spécialisé dans le divertissement (télévision et musique). Celui-ci a été créé par le prince Al-Walid ben Talal ben Abdelaziz Al Saoud, membre de la dynastie Al Saoud et petit-fils du fondateur de l'Arabie Saoudite. Comme son nom l’indique, Rotana Classic diffuse essentiellement les grands classiques du cinéma égyptien. Disponible en France.


Vendredi 15 août à 19h30

Le Passage des Miracles d'Hassan Al Imam (zoqaq el madaq, 1963)
avec Shadia (Hamida), Salah Kabil (Abbas), Hassan Youssef (le fil de Maître Karsha, frère de lait d’Hamida), Youssef Chabane (Farag), Samia Gamal (Shukria), Hussein Riad (le professeur d’anglais), Aqeila Rateb (Adilah, l’amie chez qui vit Hamida), Abdel Moneim Ibrahim (Sangar, un employé de Maître Karsha), Abdel Wareth Asr (Hadj Kamal), Mohamed Reda (Maître Karsha, le propriétaire du café), Thoraya Helmy (Hassaniah, trafiquante de drogue), Adli Kasseb (Salim Alwan, l’homme le plus riche du passage), Hassan El Baroudy (un commerçant), Mahmoud Shoukoko (le chanteur), Tawfik El Deken (Maître Zeita), Victoria Cohen (la voisine)
Scénario et dialogues : Saad Eddin Wahba
D'après le roman éponyme de Naguib Mahfouz paru en 1947. Cette œuvre traduite en français en 1970 évoque le quotidien d’une ruelle du quartier Khan Al Khalili dans les années quarante.
Musique et chansons : Hussein El Sayed, Mohamed Al Mogi, Fathy Qoura, Ali IsmaïlProduction : Naguib Ramsès


L’histoire se déroule pendant la seconde guerre mondiale alors que l’Egypte est toujours occupée par les Britanniques. Hamida est une jeune ouvrière qui vit avec Adila, une amie de sa mère décédée. Elle rêve de quitter son quartier pour accéder à une vie meilleure. Abbas le coiffeur souhaiterait l’épouser mais il est trop pauvre. Alors pour accroître ses revenus et obtenir la main de la jeune fille, il se résigne à travailler dans un camp militaire britannique. Malheureusement, Abbas n’est pas le seul homme à convoiter Hamida. Salim Alwan, l’homme le plus riche du quartier lui aussi est séduit par la jeune femme. Il finit même par la demander en mariage bien qu’il ait déjà une première épouse. Adila et Hamida sont aux anges. Malheureusement, le bonheur des deux femmes est de courte durée : le riche commerçant est terrassé par un malaise. Un autre homme tourne autour d’Hamida : Farag, un séducteur aux intentions louches. Il lui fait miroiter une existence luxueuse et insouciante. Un jour, Hamida disparaît…

Notre avis : le roi du mélodrame se lance dans l'adaptation de l'un des chefs d'oeuvre de Naguib Mahfouz. On pouvait craindre le pire mais il faudrait être de mauvaise foi pour ne pas reconnaître toutes les qualités de ce film. L’évocation du quartier où se déroule l’action avec ses personnages pittoresques, ses bruits et son animation permanente est tout bonnement magnifique : c’est à la fois d’un grand réalisme et d’une délicieuse poésie. Les scènes de groupes comme celles dans le café de Maître Karsha impressionnent par leur naturel et leur fluidité. Hassan Al Imam est un très grand directeur d'acteurs et dans la seconde partie, il permet à ses deux actrices principales, Shadia et Samia Gamal, de déployer toute l'étendue de leur immense talent. Les admirateurs de la première nous pardonneront d'avoir un faible pour la seconde, bouleversante en vieille maîtresse bafouée. Contrairement à ce que certains critiques ont pu affirmer, cette adaptation d’une œuvre de Naguib Mahfouz compte parmi les plus réussies de tout le cinéma égyptien.


Jeudi 14 août à 15h

Les Femmes ne savent pas mentir de Mohamed Abdel Gawwad (El Settat Mayea'rafoush Yekdebo, 1954)
avec Shadia (Layla), Ismaël Yassin (Noah, huissier et ami de Kamal), Chukry Sarhan (Kamal), Alya Fawzy (la femme de chambre), Zinat Sedki (la cousine de Layla et la femme de Noah), Stephan Rosti (Benayoti), Tawfik El Deken (le psychiatre), Hind Rostom (Nabouhia), Thuraya Fakhry (Oum Yani), Gamalat Zayed (la nourrice), Abdel Ghani El Nagdi (le militaire)
Scénario et dialogues : Badie' Khairy et Ali Reda
Musique : Hussein El Sayed, Ibrahim Ragab, Mahmoud El Sherif


Comédie. Kamal et Layla viennent de se marier. Ils s’aiment passionnément mais le mari découvre très vite que sa femme ment en permanence. Il finit même par croire qu’elle le trompe avec un homme de leur connaissance. Cela le met tellement en colère qu’il décide de s’éloigner. Il s’installe à Paris pour travailler dans la succursale française de son entreprise. Pour faire revenir son mari, Layla a une idée : elle lui envoie une lettre dans laquelle elle annonce qu’elle est enceinte et qu’elle s’apprête à accoucher. Kamal qui a toujours rêvé d’avoir des enfants retourne aussitôt en Egypte. Avec l’aide de sa cousine et de son mari, Layla a fait en sorte qu’à son arrivée, son mari trouve près du lit conjugal un berceau avec dedans un adorable petit bébé…

Notre avis : Mohamed Abdel Gawwad est un réalisateur qui connaît son métier ; son savoir-faire en matière de comédie n’est plus à prouver. Certes, « Les femmes ne savent pas mentir » n’est pas d’une folle originalité. Au fil des péripéties, le spectateur ne peut se défaire d’une impression de « déjà vu ». Le sujet nous rappelle d’autres comédies comme « Mensonge sur Mensonge » de Togo Mizrahi (1944) ou « Dernier Mensonge » d’Ahmed Badrakhan (1950). Et on retrouve certains gags qui ont déjà servi dans bon nombre de productions antérieures. Il n’empêche que cette comédie est un excellent divertissement qu’on a toujours plaisir à revoir : le réalisateur conduit son récit sur un rythme endiablé et dirige ses acteurs, tous excellents, avec une remarquable maestria. Comme d’habitude, la vedette du film, la toute jeune Shadia, nous ravit par sa fraîcheur et sa pétulance et ses deux partenaires masculins, Chukry Sarhan et Ismaïl Yassin, sont tout aussi formidables, chacun dans son registre.


Mercredi 13 août à 15h

Illusions d’Amour de Salah Abou Seif (El Wesada Elkhalya, 1957)
avec Abdel Halim Hafez (Salah), Loubna Abdel Aziz (Samiha), Zahrat Al Oula (Douria), Ahmed Ramzy (Fayez), Omar El Hariri (le docteur Fouad), Abdel Moneim Ibrahim (Hassan), Abdel Wares Asr (le père de Salah), Kawthar Shafik (Sonia), Serag Mounir (le père de Douria), Rafia Al Shal (la mère de Salah)
D’après un roman d’Ishan Abdul Quddus
Scénario et dialogues d’El Sayed Bedeir
Musique : Kamal El Tawil, Mamoun Al Shinnawi, Mounir Mour ad, Mohamed Al Mogi, Ismaël El Habrouk
Production : Ramses Naguib


Comédie musicale. Alors qu’il arpente les rues du Caire avec ses deux meilleurs amis, Salah fait la connaissance de Samiha. Entre eux, c’est immédiatement le grand amour. Mais leur bonheur est de courte durée car Samiha doit épouser un médecin. L’étudiant pauvre ne peut rivaliser. Il essaie d’oublier celle qu’il aime en passant ses nuits à boire dans les cabarets. Il rencontre une jeune femme qui est éperdument amoureuse de lui mais cela ne suffit pas à lui redonner le goût de vivre. Une nuit, alors qu’il a bu plus que de raison, il a un malaise. Il est hospitalisé. Le médecin qui le soigne est le mari de Samiha…

Notre avis : un grand film, romanesque en diable, que l’on doit à la réunion d’artistes parmi les plus talentueux de l’époque. Pour s’en tenir à l’interprétation, on trouve autour d’Abdel Halim Hafez trois jeunes actrices extraordinairement douées : Kawthar Shafik, Zahrat Al Oula et Loubna Abdel Aziz. Pour cette dernière, « Illusion d’Amour » est à la fois son premier film, son premier rôle principal et son premier succès. On aurait tort de considérer ce drame comme une simple bluette destinée aux coeurs sensibles. Salah Abou Seif a su nous plonger dans un mélodrame poignant tout en menant une réflexion sur la passion amoureuse et ses illusions. Instruire en plaisant, telle est la devise de nos grands classiques dont assurément fait partie ce maître du cinéma égyptien.


Mardi 12 août à 19h30

Les Jolies Belles-Mères d'Helmy Rafla ( Al Hamawat Al Fatenat, 1953)
avec Kamal el-Shennawi (Samir), Cariman (Nabila), Ismaïl Yassin (Baghat), Mary Moneib (la mère de Samir), Mimi Chakib (la mère de Nabila), Abdel Azim Kamel (le médecin), Abdel Salam El Nabulsi (Hanemm, le masseur), Wedad Hamdy (la nourrice), Zoheir Sabri (Gamal, le fils du directeur), Ibrahim Hichmat (le directeur), Abbas Rahmy (le juge), Abdel Moneim Saoudi (le mathoun)
Scénario et dialogues : Abou Al Seoud Al Ebiary
Musique : Fathy Qoura, Ahmed Sabra, Hassan Abou Zayed, Fouad El Zahry


Comédie. Samir est un jeune homme d’une vingtaine d’années qui jouit d’une bonne situation. Il épouse enfin Nabila, la jeune fille qu’il aime depuis des années. Behjat, son meilleur ami, le met en garde contre les inconvénients du mariage mais Samir passe outre. Le voyage de noces des deux tourtereaux est un enchantement et comble de bonheur, quelque temps après leur retour, ils apprennent que Nabila est enceinte. Malheureusement, par leur comportement jaloux et tyrannique, les deux futures grands-mères vont faire vivre un véritable enfer au jeune couple. Dès la naissance de l'enfant, les deux femmes s'installent chez les jeunes parents pour leur prodiguer leurs précieux conseils. Comme leurs conceptions d'éducation s'opposent en tous points, les disputes s'enchaînent. Et la situation se tend davantage avec l'arrivée d'une nourrice qui a, bien entendu, ses propres idées sur la question...

Notre avis : après « Ma Belle-Mère est une Bombe Atomique », voici ‘Les Jolies Belles-Mères ». Cette nouvelle variation sur ce thème inépuisable de la belle-mère intrusive et despotique n’a pas le charme de la première. Le scénario se réduit à quelques idées pas très originales et pendant la majeure partie du film on assiste aux interminables disputes des deux grands-mères. Plus embêtant encore : Mary Moneib et Mimi Chakib ne jouent pas très bien et leur jeu devient même pénible dans le dénouement. A noter que c’est le premier film de Cariman. Elle a dix-sept ans et elle fait franchement moins, ce qui est un peu gênant pour incarner une jeune épouse qui vient d’être mère.


Lundi 11 août à 19h30

Tous Sont Mes Enfants d'Ahmed Diaa Eddine ( Kollohom Awlady,1962)
avec Chukry Sarhan (Amin), Salah Zulficar (Salem), Hassan Youssef (Mehdat), Zizi Al Badraoui (Karima, la cousine des trois frères), Amina Rizq (la mère des trois frères), Tawfik El Deken (le chef des voleurs), Abdel Khalek Saleh (le père des trois frères), Mimi Gamal (une amie de Mehdat), Abdel Salam Mohamed (Izzat, un ami de Mehdat), Mahmoud Mustafa (Magdy, un ami de Mehdat), Abdel Rahman Abo Zahra (Ibrahim, un ami de Mehdat), Abdel Ghani El Nagdi (le serviteur)
Scénario : Farid Shawki et Kamal Ismaïl
Production : Naguib Khoury


Amin, Salam et Mehdat sont trois frères. Le premier est en dernière année de droit, le second est un tout jeune officier de police et le troisième, le plus jeune, souhaite devenir ingénieur mais dans ses études, il manque singulièrement de sérieux. Toute la famille est réunie pour le dernier déjeuner avant leur départ. C’est la fin des vacances, et ils doivent tous les trois retourner au Caire. Autour de la table, outre les trois frères, il y a leur mère qui les adore, leur père qui a toujours été d’une sévérité extrême et leur cousine Karima qui est amoureuse de Medhat. Le repas terminé, les trois jeunes gens prennent la route de la gare.
De retour au Caire, Medhat renoue avec ses mauvaises fréquentations. Il passe ses journées à boire et à jouer aux cartes. Il perd beaucoup d’argent. Très vite, il se retrouve dans une situation inextricable : il ne sait plus comment honorer ses dettes…

Notre avis : une chronique familiale qui évoque l’affrontement entre trois frères aux parcours divergents. Le dispositif paraîtra un peu schématique : l’opposition est frontale entre le cadet, jeune policier, et le benjamin qui a plongé dans la délinquance ; en revanche l’aîné qui est avocat (évidemment !) adopte une attitude de tolérance et de conciliation. « Tous sont mes enfants » est un film à thèse qui remet en cause l’autorité paternelle. Pour les auteurs*, l’autoritarisme du père est le premier responsable des dérives des enfants. Soit ! Malgré cette volonté de prouver et de démontrer que l’on retrouve dans chaque scène, ce film n’est pas aussi indigeste qu’on pourrait le craindre. Sans doute, est-ce dû à la qualité de l’interprétation et notamment au jeu si sensible de la jeune et frêle Zizi Al Badraoui.
*On est étonné de trouver comme scénariste pour ce film, l’acteur Farid Shawki qui a toujours incarné à l’écran les hommes virils et dominateurs !


Dimanche 10 août à 15h

Le Dernier Mensonge d'Ahmed Badrakhan (Akher Kidba, 1950)
avec Farid Al Atrache (Samir), Samia Gamal (Samira Honolulu, l’épouse de Samir), Camellia (Kiki), Aziz Othman (le Maharajah), Ismail Yassin (Arnab/Madame Cire d’Abeille), Ali El Kassar (le domestique), Stephan Rosti (le médecin), Zaki Ibrahim (le directeur de l’opéra), Saïd Abou Bakr (le traducteur), Abdel Salam Al Nabolsi (le représentant de la société d’assurance), Abdel Halim El Qalawy (le chauffeur de bus fou), Abdul Jabbar Metwally (le voleur), Mohamed Shawky (le vendeur de ballons)
Scénario : Abou Al Seoud Al Ibiary, Ahmed Badrakhan
Musique : Farid Al Atrache 
Production : les films Farid Al Atrache
Dernier film de l’actrice Camellia. Elle disparaît brutalement dans un accident d’avion le 31 août 1950.


Samir est un chanteur marié à Samira une danseuse avec qui il travaille. Son bonheur serait complet si Samira n’était pas d’une jalousie féroce. Elle surveille chacun de ses faits et gestes. Quand elle doit s’absenter, elle ne lui laisse pas un sou de peur qu’il en profite pour rencontrer d’autres femmes. Un jour, il reçoit la visite de son ancienne fiancée, Kiki . Elle veut renouer avec lui mais il refuse. Elle ne se décourage pas pour autant. Avec l’aide d’un Maharajah de ses amis très menaçant, elle oblige Samir à assister à la petite fête qu’elle donne pour son anniversaire. Au cours de la soirée, le chanteur casse le collier de perles que portait Kiki, un collier très cher appartenant au Maharaja. Samir s’engage à le faire réparer et retourne chez lui avec dans sa poche de veston le fameux bijou. Le lendemain matin, Samira, toujours aussi suspicieuse, inspecte méthodiquement toutes les poches de son mari et tombe sur le collier…

Notre avis : une comédie musicale follement réjouissante avec le duo légendaire Farid Al Atrache et Samia Gamal. Les numéros chantés et dansés, bien que très longs, comptent parmi les plus mémorables de l’histoire du cinéma égyptien. Jamais Samia Gamal ne fut aussi belle et aussi sensuelle à l’écran. Autour du couple vedette, on retrouve les figures les plus célèbres de la comédie de l’époque, et par leur talent et leur énergie elles contribuent elles aussi à la réussite de ce « Dernier Mensonge ». Certes, on pourrait déplorer que le scénario surexploite certaines situations ou certains procédés (Je pense aux visites de l’agent d’assurances et du médecin au domicile du héros) mais ce serait vraiment chipoter. Le rythme trépidant du film et l’allégresse qui s’en dégage font bien vite oublier ces petites réserves. Enfin, rappelons que c’est la dernière apparition au cinéma de Camellia et elle est épatante en rivale sans-gêne de Samia Gamal. Celle qui était devenue une star en quelques années aurait pu prétendre à une magnifique carrière dans la comédie. Le destin en a voulu autrement.


Samedi 9 août à 19h30

Salama va bien de Niazi Mostafa (Salama fi Kheir, 1937)
avec Naguib al Rihani (Salama), Amina Zehni (la belle-mère de Salama), Raqiya Ibrahim (Jihan Rostom), Hussein Ryad (le Prince Kindahar), Menassa Fahmy (l’assistant du prince), Mohamed Kamel Al Morsi (Bayoumi Morgan, le voisin de Salama), Rawhiya Khaled (Nahid, la servante de Jihan), Hassan Fayek (Fayek Rostom), Stephan Rosty (Rostom Pacha), Fouad Shafik (Khalil Hindawi, le propriétaire du magasin de tissus), Ferdoos Mohamed (la femme de Salama), Omar El Hariri (l’enfant), Fouad Al Masry (le directeur de l’hôtel), Edmond Tuema (un vendeur de tissus), Emile Asahiso (le comptable), Madame Gerbis (la mère de famille nombreuse, voisine de Salama)
Scénario : Badie Khairy et Naguib Al Rihani
Musique : Abdul Hamid Abdul Rahman et Mohamed Hassan Al Shugai
Production : les Studios Misr
figure dans la liste des 100 films les plus importants de l'histoire du cinéma égyptien


Comédie. Salama, employé dans un grand magasin de tissus, doit porter à la banque une grosse somme d’argent. Un incident sur le parcours le contraint à rester plusieurs heures au commissariat. Une fois libéré, il reprend sa course mais trop tard : la banque est déjà fermée. Il retourne au magasin et comble de malchance, la grille de l’entrée est baissée. Un panneau annonce une fermeture exceptionnelle en raison d’un heureux événement survenu dans la famille du directeur. Son domicile n’étant pas sûr, Salama décide de passer la nuit dans le luxueux Nefretiti Palace Hotel et de déposer sa précieuse sacoche dans le coffre de l’établissement. La situation se complique lorsqu’à la suite d’un quiproquo, il est pris pour le richissime Prince Kindahar du Baloudestan…

Notre avis : ce premier long métrage de Niazi Mostafa est devenu un classique. On est frappé par la grande maîtrise de tous les aspects du septième art dont font preuve le jeune cinéaste et ses collaborateurs. « Salama va bien » est l’un de ces films qui grâce aux studios Misr vont permettre au cinéma égyptien de s’aligner sur les standards internationaux. C’est une comédie brillante dans laquelle le grand comédien Naguib Al Rihani déploie toutes les facettes de son immense talent. A ses côtés, Raqiya Ibrahim subjugue par sa beauté et son maintien tout aristocratiques. Et puis c’est une comédie d’une extrême élégance : les auteurs n’ont jamais recours aux facilités de la farce et la satire sociale ne tombe jamais dans la caricature grossière. On se demande encore comment avec de tels films, l’Egypte n’a pas conquis le monde !


Vendredi 8 août à 23h

Lutte sur le Nil d'Atef Salem (Seraa fil Nil, 1959)
avec Hind Rostom (Nargis, la danseuse), Rushdy Abaza (Mujahed), Omar Sharif (Muhasab), Mohamed Kandil (le chanteur), Hassan El Baroudi (le maire du village et le père de Muhasab), Tahani Rashid (Warda, la fiancée de Muhasab), Fathia Ali (la tante de Warda), Nazim Sharawi (Abou Safaan), Hassan Hamed (Hicham), Ali Kamal (un voleur), Kamal Anwar (un voyou), Abdel Ghani El Nagdi (un membre d’équipage), Abdel Hamid Badawy (un villageois), Mahmoud Lotfi (un villageois), Mohsen Hassanein (un voyou)
Scénario : Ali El Zorkani
Musique : Morsi Gamil Aziz, Fouad El Zahry, Mohamed Al Mogi
Production : Les Films Gamal Leithi
appréciation : 5/5

Drame. Muhasab est un jeune homme naïf qui réside en Haute Egypte. Son père, qui est aussi le maire du village, lui confie une mission : remonter le Nil jusqu’au Caire à bord de la vieille felouque municipale « La Fiancée du Nil », la revendre et, avec la somme obtenue complétée par les contributions des villageois, acheter une barge à moteur. Pour cette mission, il sera accompagné par un vieil ami de son père Mujahed qui pilotera le bateau et veillera sur l’argent.
« La Fiancée du Nil » lève l’ancre sous les acclamations de tous les habitants de la localité. Mais cette équipée ne fait pas que des heureux. Abu Safaan possède des voiliers et il craint par-dessus tout la concurrence de ce nouveau bateau à moteur. Avec ses complices, il va tenter de faire capoter le projet des villageois. Parmi les membres d’équipage, il a placé Hicham, l’un de ses hommes. Lors d’une escale dans un village où a lieu la fête du Mouled, Muhasab est fasciné par le numéro de Nargis, une danseuse du ventre. Le lendemain la jeune femme fait son apparition sur le bateau. Elle demande à Muhasab et à Mujahed de l’aider à fuir un beau-père violent. Les deux hommes acceptent de la prendre à bord. Ils ne savent pas qu’elle a été chargée par Hicham de séduire Muhasab et de s’emparer du magot. Si le garçon est une proie facile, en revanche mettre la main sur l'argent des villageois s'avère une entreprise beaucoup plus ardue que prévu. En effet, c'est Mujahed qui l'a caché et il reste très méfiant à l'égard de la jeune femme. Celle-ci décide alors de le séduire. L'ombrageux capitaine succombe à son tour…

Notre avis : Un classique. Atef Salem a adapté de manière très habile toutes les recettes du western (Rushdy Abaza fait irrésistiblement penser à John Wayne !) pour réaliser une oeuvre unique qui mêle genres et registres : histoire d’amour, thriller, chronique villageoise, comédie, drame, et pour finir tragédie. Jamais Hind Rostom n’a été aussi belle et ses scènes de baisers avec Omar Sharif comptent parmi les plus torrides de toute l’histoire du cinéma égyptien. Les danses et les chansons qui accompagnent le périple des personnages créent une atmosphère magique, hors du temps. On admire aussi la splendeur des images avec ce noir et blanc sublime qui célèbre la beauté des êtres et des paysages.


Jeudi 7 août à 15h

L’Histoire de mon Amour d'Henry Barakat (Kesat Hoby, 1955)
avec Farid Al Atrache (Farid), Iman (Amira), Serag Mounir (le père d’Amira), Abdel-Wareth Asar (l’oncle de Farid), Mary Ezzel Din (la mère d’Amira), Wedad Hamdy (la servante), Thuraya Fakhry (l’animatrice de la vente de charité), Nelly Mazlom (la danseuse), Sharif Nour El Din (un médecin), Ali Kamal, Berlanti Abdel Hamid, Kawthar Shafik, Ehsan El Qalawy
Scénario : Youssef Assi, Henry Barakat, Farid Al Atrache
Musique et chansons : Farid Al Atrache et Abdel Aziz Salam
Production : Farid Al Atrache


Drame en chansons. Un chanteur célèbre tombe amoureux d’une jeune aristocrate qu’il rencontre dans une fête. Celle-ci est en fait amoureuse de lui depuis longtemps mais jamais elle n’avait osé se déclarer. Ils se fréquentent régulièrement et les parents de la jeune fille sont très heureux de cette relation. Mais le jour où l’artiste veut faire sa demande en mariage officielle il apprend que l’élue de son cœur est déjà fiancée au roi. Le chanteur est fou de chagrin. Il tombe malade…

Notre avis : dans la comédie, Farid Al Atrache est capable d’autodérision. Dans le drame, en revanche, il semble comme figé dans son personnage de chanteur célèbre, adulé par la foule mais malheureux en amour. Cette « Histoire de Mon Amour » bien sirupeuse ne fait pas exception à la règle. On peut voir Farid Al Atrache, le visage crispé et la démarche solennelle, déambuler parmi ses admirateurs extatiques avant de rejoindre la scène, où entouré de tous ses musiciens, il chante son désespoir infini. Et on retrouve cette situation pour quasiment toutes les chansons interprétées par le grand artiste avec moult gros plans sur les visages des auditeurs transportés de bonheur. Ici, cette unanimité dans la dévotion n’échappe pas au ridicule. On aurait aimé un adversaire, un rival qui manifeste de l’hostilité à l’égard de l’idole mais, pas une seule note discordante dans le concert de louanges ! Farid Al Atrache a participé au scénario et il n’est pas étonnant d’y retrouver de manière très explicite des épisodes de sa propre vie. En 1952, il était tombé follement amoureux de la seconde épouse du roi Farouk. Après la séparation du couple royal, le chanteur et la reine étaient devenus amants mais la famille de cette dernière avait mis un terme à leur relation. Farid Al Atrache avait alors sombré dans une profonde dépression. Dans ce film, la reine devient une jeune aristocrate incarnée par la toute jeune Iman dont Henry Barakat et son opérateur ont su exalter l’éclatante beauté.


Mercredi 6 août à 15h

Avec le Temps d'Ahmed Diaa Eddine (Maha al Ayyam, 1958)
avec Magda (Afaf), Imad Hamdi (Adel), Olwiyya Gamil (Madame Mounira), Ahmed Allam (Docteur Talaat), Wedad Hamdy (Fatima), Farouk Agrama (Samir), Sana Gamil (Ihsan), Karim Diaa Eddine (Karim), Mohamed Nabih (Basioni), Abdel Moneim Ibrahim (docteur Fawzi), Hourria (l’infirmière), Nagwa Fouad (la danseuse)
Scénario : Youssef Gohar
Production : les Films Diaa Eddine


Afaf est une jeune femme séduisante aux journées bien remplies : elle est médecin et son mari est mort la laissant seule avec leurs deux enfants en bas âge. Elle consacre sa vie à ses obligations professionnelles et à ses tâches maternelles jusqu’au jour où elle fait la connaissance d’Adel, un ingénieur qui est venu dans son hôpital pour se faire soigner. Ils se sentent attirés l’un par l’autre et Afaf redécouvre le bonheur de plaire. Mais sa belle-mère qui vit toujours avec elle compte bien s’opposer à cet amour naissant. Elle invite Adel à venir la voir. Elle lui apprend qu’Afaf est veuve et qu’elle a deux enfants. Pour le bien de ces derniers, elle lui demande de renoncer à son projet de mariage. Adel prend congé de la vieille dame, déconcerté mais sans rien lui promettre…

Notre avis : un drame sentimental avec en amoureux transi, l’inusable Imad Hamdi. Ce film semblera bien daté aux spectateurs d’aujourd’hui pourtant il n’est pas sans qualités. La première de toutes est sans doute sa grande sincérité : Ahmed Diaa Eddine est un incorrigible romantique qui ne se lasse pas de nous raconter des histoires d’amour. Et dans « Avec le Temps », il parvient à nous captiver grâce à l’élégance de sa réalisation et à la subtilité de sa direction d’acteurs. Ajoutons que Magda, la partenaire d’Imad Hamdi, n’a jamais été aussi belle (la blouse de médecin comme la robe de soirée lui vont à ravir !) et qu’elle est bouleversante dans ce rôle de jeune femme fragile ballottée par des vents contraires.


Mardi 5 août à 19h30

Tu es Ma Vie de Youssef Maalouf (Hayati Inta, 1952)
avec Shadia (Ilham), Kamal Al Shennawi (Samir), Abdel Rahim El Zarakany (Hafez Bey, le beau-père d’Ilham), Chukry Sarhan (Rushdy), Mona (Ragah, la secrétaire), Kitty (la danseuse), Aziza Helmy (la mère d’Ilham), Ali Abdel Al (Barakat Bey, l’ami du père de Samir), Lotfi El Hakim (l’employé du beau-père d’Ilham), Rashad Hamed (un complice de Rushdy) Scénario et dialogues : Youssef Issa
Musique : Abdel Aziz Salam et Ahmed Sedky (+ l’Adagio d’Albinoni)
Production : Henry Barakat et les films du Lotus (Assia Dagher)


Samir est un jeune étudiant sérieux. Il a obtenu son diplôme d’ingénieur. Il a toujours refusé d’épouser Ilham, sa bien-aimée, tant qu’il n’avait pas de situation solide. Celle-ci s’arrange pour qu’il travaille dans la grande propriété de sa mère. Le domaine est géré par son beau-père, Hafez avec l’aide de Rachid, le cousin d’Ilham. Ce dernier est un garçon très ambitieux qui rêve de s’approprier toutes les terres de sa tante. Il ne s’embarrasse d’aucun scrupule : il fait chanter le beau-père d’Ilham grâce aux lettres qu’il a récupérées et qui prouvent que ce dernier a eu une liaison avec sa secrétaire….

Notre avis : un drame splendide et captivant avec une pléiade de grands acteurs dont le couple star du moment, Shadia et Kamal El Shennawi. En 1952, Shadia a vingt ans et elle est déjà une immense vedette. Cette année-là, elle joue dans treize fims dont quatre avec Kamal El Shennawi (On a prétendu qu’à cette époque, les deux acteurs entretenaient une relation amoureuse sans que ni l’un ni l’autre n’ait jamais confirmé l’information.). Mais la révélation de ce film, c’est l’actrice Mona qui incarne la secrétaire d’Hafez Bey, le personnage pivot de l’intrigue. Mona est la fille de la légendaire Assia Dagher, actrice et productrice à qui le cinéma égyptien doit tant. Sa très brève carrière commencée en 1944 prendra fin dix ans plus tard, en 1954. Dans ce film, elle se révèle une très grande actrice capable d’incarner toutes les ambiguïtés de son personnage. Le duo qu’elle forme avec le machiavélique Chukry Sarhan constitue l’un des sommets de « Tu es Ma Vie ».


Lundi 4 août à 15h

Le Chant Immortel d'Henry Barakat (Lahn Al-Khuloud, 1952)
avec Farid Al Atrache (Wahid), Faten Hamama (Wafaa Riad Hamdy), Salah Nazmi (Rashad Riad Hamdy), Serag Mounir (Abdel Halim, le père de Siham), Magda (Sana Riad Hamdy), Madiha Yousri (Siham Abdel Halim), Zaki Ibrahim (Riad Hamdy), Thurya Salem (la danseuse Houria, maîtresse de Rashad)), Kittie (danseuse), Adly Kasseb (le cardiologue), Abdel Hamid Zaki (le barman)
Scénario : Henri Barakat et Youssef Issa
Musique : Farid Al Atrache et Abdel Aziz Salam
Auteurs des chansons : Mamoun El Shenawy et Saleh Jawdat


Wahid est musicien et pour trouver l’inspiration il se rend souvent chez son vieil ami Riad Hamdy qui habite une grand maison au bord de la mer. C’est là qu’il retrouve les deux filles de son hôte, Wafaa et Sanah ainsi que son fils Rashad. Les trois enfants sont devenus de jeunes adultes et l’amour que Wafaa éprouve pour Wahid n’a fait que croître au fil des ans. Malheureusement pour elle, le musicien continue à la considérer comme la petite fille d’autrefois. De son côté, Rashad est devenu un jeune homme peu recommandable. Il a sans cesse besoin d’argent notamment pour gâter sa maîtresse, la danseuse Houria. Il a promis la main de Wafaa à l’un de ses créanciers mais celui-ci s’impatiente et se montre moins généreux. Le drame survient : Riad Hamdy est retrouvé mort dans son bureau. Le tiroir de la table a été fracturé et l’argent qui s’y trouvait a disparu. Cet argent était destiné à financer le mariage de Wafaa et de Sanah. C’est ce vol qui a causé l’arrêt cardiaque dont est mort Riad Hamdi. Wahid prévient l’oncle des trois enfants. Celui-ci accueille ses nièces et son neveu dans sa grande maison. Avec lui, vit sa fille, Siham, une ravissante demoiselle qui est tombée sous le charme du musicien. Ce dernier n’est pas non plus insensible à la beauté de Siham. On parle de mariage, au grand désespoir de Wafaa…

Notre avis : « Le Chant Immortel » est le premier film dans lequel joue Farid Al Atrache depuis sa rupture avec Samia Gamal. Ils étaient encore ensemble en cette même année 1952 pour l’excellente comédie musicale « Ne le Dis à Personne » elle aussi réalisée par Henry Barakat. Avec ce nouveau film, changement radical d’atmosphère : nous sommes dans le drame, dans l’émotion avec des histoires d’amours croisées et des jeunes filles sentimentales au cœur trop fragile. Le récit est ponctué de nombreuses chansons mélancoliques composées et interprétées par Farid Al Atrache. Pendant le tournage, Henry Barakat avait confié à Faten Hamama qu’il trouvait les chansons un peu longues et qu’elles risquaient de plomber le rythme du film. Sur ce point, on ne peut lui donner tort.


Dimanche 3 août à 15h

La Fin du Chemin de Kamal Attiya  (Nihâyat al tariq, 1960)
avec Hoda Soltan (Sharbat), Rushdy Abaza (Hussein), Tawkik El Deken (Fathi), Wedad Hamdy (l’amie de Sharbat), Abbas Fares (Haj Abdo, le père de Fathi), Omar el Hariri (Fouad), Thuraya Fakhry (la mère de Sharbat), Adawy Gheith (le directeur de l’usine), Fawzia Mohamed (la danseuse), Hassan El Baroudi (le secrétaire du père de Fathi)
Scénario : Kamal El Hefnawi
Musique : Mohamed El Mogy et des emprunts divers. (La musique du générique est un enregistrement de Pérez Prado, le roi du Mambo et on entend dans quelques scènes, des extraits de la B.O.de Sueurs Froides d’Alfred Hitchcock, une B.O. composée par Bernard Herrmann.)
Musique de danse : Attia Sharara
Chansons : Mohamed Al Mogi
appréciation : 4/5


Drame. Sharbat, une jeune femme d’origine modeste vit seule avec sa mère dans un petit appartement. Elle est tombée amoureuse d’Hussein, un jeune ouvrier qui réside dans le même immeuble que le sien. Elle multiplie les occasions de rencontres et parvient à s’introduire dans le logement de son bien aimé. Celui-ci cède aux avances réitérées de Sharbat. Ils se marient. Au début, l’entente entre les deux jeunes mariés est totale. Fathi, un jeune étudiant riche, tourne autour de la jeune femme. Il n’hésite pas à venir la voir chez elle quand Hussein est à l’usine mais Sharbat reste insensible à ses propositions. Avec son mari, elle est heureuse, d’autant plus que celui-ci a repris des études à l’université : il veut devenir avocat...

Notre avis : un excellent film dans lequel le réalisateur raconte l’ascension chaotique puis la chute vertigineuse d’une jeune femme prête à tout pour échapper à la pauvreté. Hoda Soltan campe avec un naturel confondant une enjôleuse diabolique qui détruit tous les hommes de son entourage. Avec ce rôle, elle confirme son titre de la femme fatale la plus maléfique du cinéma arabe. Ses partenaires Rushdy Abaza et Tawfiq El Deken sont tout aussi épatants, l’un et l’autre dans deux registres radicalement différents. Dans ce film, le réalisateur a su magistralement concilier le drame social à l’égyptienne et l’esthétique du film noir américain.


Vendredi 1er août à 19h30

Dérive sur le Nil d'Hussein Kamal (Thartharah fawq al-Nil, 1971)
avec Adel Adham (Ali Al Saïd, le critique d’art), Mervat Amine (Sana, l’étudiante), Magda El-Khatib (Samara, la journaliste), Imad Hamdi (Anis Zaki, l’employé de bureau), Ahmed Ramzy (Ragab Al Qadi, le jeune acteur), Soheir Ramzy (Layla Zidane, la maîtresse de Khaled Azouz), Ahmed Tawfiq (Mustafa Rashid, l’avocat), Naemet Mokhtar (Sania Kamal, la femme infidèle), Salah Nazmy (Khaled Azouz, l’écrivain), Ahmed El Gezeiry (le domestique), Aïda El Shahir (chanteuse), Mahmoud Kamal (Abou Sarih), Zizi Farid (la paysanne)
Adaptation d’un roman de Naguib Mahfouz publié en 1966 (traduction française en 1989)
Scénario : Mamdouh El Leithy
Musique : Ali Ismaïl
Production : Gamal El Leithy
appréciation : 5/5


Nous sommes en 1967, pendant la guerre des Six Jours.
Anis Zaki est un vieux fonctionnaire qui travaille au Ministère de la Santé. Il ne supporte plus la société dans laquelle il vit. L’autoritarisme des uns, l’hypocrisie des autres, tout lui fait horreur. Il arpente les rues du Caire en ruminant à voix haute. Beaucoup le prennent pour un fou. C’est un vieux misanthrope solitaire et malheureux qui ne trouve l’apaisement que dans la consommation régulière de hachich.
Un jour par hasard, il rencontre Ragab El-Adi, un ancien voisin qui est devenu acteur de cinéma. Celui-ci l’invite dans son « Royaume » : c’est une péniche où avec des amis, ils se retrouvent le soir pour fumer le narguilé...

Notre avis : une radiographie implacable de l'âme égyptienne au lendemain de la défaite de 67. Parmi toutes les adaptations des romans de Naguib Mahfouz, sans doute la plus réussie, au point que l'on peut se demander si par certains côtés le film ne dépasse pas le texte original. « Dérive sur le Nil » rassemble une galerie incroyable d’actrices et d’acteurs de tout premier plan et offre à la majorité d’entre eux le plus beau rôle de leur riche carrière. Imad Hamdi s’affirme ici comme l’un des plus grands acteurs de son temps avec ce personnage de vieil employé lunaire, bien loin des rôles stéréotypés d’amoureux délicats et élégants qu’on lui confie d’ordinaire.



jeudi 31 juillet 2025

Danse : Thuriya Salem, 1954

ثريا سالم





Thuriya Salem (née en 1928) danse dans le film Les Jours Passent réalisé par Ahmed Diaa Eddine en 1954.  Malgré sa beauté et son talent, la carrière de Thuriya sera très brève : entre 1950 et 1956, elle participe à une vingtaine de tournages puis disparaît des plateaux de cinéma. Farid Al Atrache qui l'appréciait beaucoup dit-on la fera danser dans deux de ses films.  


mercredi 16 juillet 2025

A la télé : les films du jour (Rotana Classic du 16 au 31 juillet)

روتانا كلاسيك

Quels films peut-on voir sur la chaîne Rotana Classic ? Les horaires donnés sont ceux de l'après-midi ou de la soirée (heure de Paris). La plupart des films sont ensuite rediffusés le lendemain matin.
Rotana Classic a remplacé Rotana Zaman en 2012. Cette chaine fait partie du groupe Rotana basé en Arabie Saoudite et spécialisé dans le divertissement (télévision et musique). Celui-ci a été créé par le prince Al-Walid ben Talal ben Abdelaziz Al Saoud, membre de la dynastie Al Saoud et petit-fils du fondateur de l'Arabie Saoudite. Comme son nom l’indique, Rotana Classic diffuse essentiellement les grands classiques du cinéma égyptien. Disponible en France.


Jeudi 31 juillet à 23h

Triste Oiseau de la Nuit de Yehya Alami ( Tayr el leile el hazine, 1977)
avec Mahmoud Abdel Aziz (Adel), Mariam Fakhr Eddine (la femme d’Hazem), Mahmoud Morsi (Hazem Al-Mughrabi, le procureur), Adel Adham (Talat Morgan), Nelly (Iman), Nazim Sharawi (chef de la police), Salah El Sadani (Samir), Enaam Salosa (Salwa), Mohamed Hamdy (le beau-frère d’Adel), Shwikar (Derya, la femme de Talat)
Scénario : Wahid Hamed (c’est son premier scénario pour le cinéma)
Musique : Fouad El Zahry
Musique du générique interprétée par le groupe dans lequel le personnage joué par Mahmoud Abdel Aziz est à la batterie : That's the Way (I Like It) de KC and the Sunshine Band


Thriller. Adel, un musicien, est accusé du meurtre de sa compagne. Bien qu’il ait toujours nié être l’auteur de ce crime, il est condamné à la peine capitale. Le fourgon qui le ramène du tribunal à la prison a un accident. Adel en profite pour s’échapper. Il veut recouvrer sa liberté non pour fuir mais pour prouver son innocence. Il se rend au domicile du procureur qui a instruit son affaire. Devant ce dernier, il répète qu’il n’est pas un assassin et il lui demande de l’aider à reprendre l’enquête. Contre toute attente, le juge est convaincu par son visiteur. Les deux hommes retrouvent la femme avec qui Adel avait passé la nuit. Malheureusement, celle-ci refuse de témoigner devant un tribunal : elle est l’épouse d’un célèbre homme d’affaires et elle ne peut concevoir que sa liaison adultère d’un soir devienne publique.

Notre avis : un scénario qui comporte des idées intéressantes mais la mise en scène est sans relief et l’image d’une laideur constante. La plupart du temps, les acteurs sont filmés en plan rapproché avec derrière eux un bout de porte ou un bout de mur, de préférence de couleur verdâtre. Un film qui annonce ce que sera le cinéma des années quatre-vingt : des préoccupations sociales affichées mais une indifférence totale pour la dimension esthétique de l’œuvre.


Mercredi 30 juillet à 19h30

Criminel à l’essai d'Abdel Moneim Shoukry (Mogrem Taht Al-Ekhtebar,1969)
avec Hassan Youssef (Medhat Souleiman), Nelly (Nadia), Soheir El Morshedi (Aziza, la maîtresse d’Abdel Maqsoud), Hassan Hamed (Abdel Maqsoud/l’acteur Fawzi Salem), Hassan Mostafa (Abdel Khaleq, le producteur), Nabil El Hagrassy (le réalisateur), Seif Allah Mokhtar (Barai’), Hassan Hussein (le photographe de presse), Ahmad Abu Abiya (un membre du gang d’Abdel Maqsoud), Salama Elias (le directeur de la prison), Lola Mohamed (la danseuse), Mohamed El Helwa (un membre du gang), Galal El Masry (l’assistant du metteur en scène), Abdel Ghani El Nagdi (le portier de la société de production)
Scénariste : Ahmed Abdel Wahab
Musique : Salah El Din Mustafa


Abdel Maqsoud est un dangereux chef de gang. Lui et ses hommes sont poursuivis par tout un groupe de policiers et ils se retrouvent piégés dans la montagne. Abdel Maqsoud n’hésite pas à sacrifier ses hommes pour sauver sa peau. Le lendemain sa mort fait les gros titres de la presse. Il aurait péri dans l’incendie de sa voiture. En fait, c’était un stratagème d’Abel Maqsoud pour pouvoir vivre tranquillement dans la clandestinité avec sa maîtresse. Les seuls à le savoir, ce sont ses anciens complices qui sont bien décidés à se venger. Lors de l’affrontement avec la police, un jeune journaliste était présent sur les lieux avec son photographe. Il s’appelle Medhat Souleiman et l’histoire de ce terrible gangster l’a tellement impressionné qu’il décide d’en tirer un scénario. La maîtresse d’Abdel Maqsoud sera jouée par Nadia, sa fiancée qui travaille comme dompteuse et acrobate dans un cirque. Pour interpréter le gangster lui-même, il a trouvé un acteur du nom de Fawzi Salem. Il n’a aucun talent et il est d’une intelligence médiocre mais c’est le parfait sosie du héros. Dans sa planque, Abdel Maqsoud apprend le projet du film et pour en savoir plus, il fait enlever l’acteur qui doit jouer son rôle. Quand celui-ci lui révèle le cachet qu’il touchera pour sa prestation, le vrai gangster décide de séquestrer son double et de se présenter à sa place dans les bureaux du producteur…

Notre avis : l’idée de départ du scénario n’est pas mauvaise : un gangster en cavale joue dans un film qui évoque sa propre histoire mais le tournage sera bouleversé par le caractère très mouvementé de son existence. On devine les potentialités comiques d’une telle situation mais le résultat est bien décevant. On se retrouve devant une petite comédie mal filmée et mal jouée. Le double rôle du gangster et de son sosie a été confié à Hassan Hamed plutôt habitué aux seconds rôles et le film a sans doute pâti de son jeu limité. Mais le plus gênant ce sont les gags gâchés par une réalisation d’une rare maladresse. Dans le rôle de la maîtresse du gangster, Soheir El Morshedi constitue la bonne surprise de cette comédie mais c’est bien la seule.


Mardi 29 juillet à 15h

Les Jours Passent d’Ahmed Diaa Eddine (Marret El-ayam, 1954)
avec Amina Nour El Din (Samia), Thuraya Fakhry (la mère de Samia et de Kawthar), Magda (Kawthar, la sœur de Samia), Yahya Shahin (le professeur Magdy Shukry), Sanaa Gamil (Samira, la confidente de Kawthar), Mohamed Fadel (Shukry Effendi, le père de Magdy), Mohammad Sharaby (Mamdouh, le beau-frère de Samira), Mohamed El Sebai (Zaki, le mari de Samira), Wedad Hamdy (la servante), Thuriya Salem (la danseuse)
Scénario : Mohamed Kamel Hassan Al Mohami
Production : Al Diaa Films et Mahmoud Karam


Un vieillard, le docteur Magdy Shukry, a pris place dans un train en compagnie de son fils. Il a résolu de confier à celui-ci des choses qu’il avait gardées secrètes jusqu’ici. Cela concerne l’histoire de son mariage avec sa mère, Samia Abdel Rahman. Le docteur commence son récit à l’époque de leur rencontre qui était en réalité des retrouvailles :

Samia vit avec sa mère et sa sœur cadette Kawthar. Depuis la mort de son père, c’est elle qui par son travail subvient aux besoins de la petite famille. Kawthar a grandi et grâce à Samia a pu s’inscrire à la faculté. Elle suit les cours du professeur Magdy Shukry qui enseigne la psychologie. Ses conférences la passionnent et elle finit par en tomber amoureuse. Elle garde secret ses sentiments et n’en parle qu’à Samira, sa meilleure amie, étudiante comme elle. Heureux hasard : le père de Magdy, Shukry Effendi, était un voisin et un ami proche du père de Samia et de Kawthar. Magdy et Samia ont même joué ensemble quand ils étaient enfants. Un jour, alors que Samia attend le bus pour rentrer chez elle, un homme âgé l’aborde : c’est Shukry Effendi, il l’a reconnue et l’invite à venir dans sa maison pour évoquer le passé. C’est ainsi que Samia retrouve Magdy, son ami d’enfance. Les deux anciens camarades sont heureux de se revoir après tant d’années et ils décident de sortir ensemble. Magdy finit par avouer à son père qu’il souhaite épouser Samia. Le lendemain, le père et le fils se présentent chez la jeune femme pour faire leur demande officielle. Kawthar est persuadée que c’est elle que le professeur souhaite épouser et quand elle comprend que les deux hommes sont venus pour sa sœur aînée, elle s’effondre de désespoir. Les années ont passé. Magdy et Samia se sont mariés et ont eu deux enfants. Les relations entre les deux époux se sont vite rafraichies. Samia n’accorde que peu d’intérêt aux activités de Magdy et ne fait rien pour l’aider. Elle est devenue une femme superficielle et égocentrique. A l’inverse, la complicité entre Magdy et sa jeune belle-sœur Kawthar ne cesse de se renforcer…

Notre avis : Ahmed Diaa Eddine a toujours aimé les actrices et tout au long de sa carrière, il a réalisé des films autour de celles dont, à un moment donné, il s’est épris -sur le plan artistique mais sans doute aussi sur un plan plus personnel. Il aurait pu dire comme le réalisateur français François Truffaut : « Le travail du metteur en scène consiste à faire faire de jolies choses à de jolies femmes. »
Entre 1954 et 1960, l’élue d’Ahmed Diaa Eddine, c’est Magda et « Les Jours Passent » est le premier film qu’ils tournent ensemble. Le thème central de ce mélodrame est l’amour impossible entre deux êtres qui se résignent à vivre loin l’un de l’autre en couple avec un mari ou une femme qu’ils n’aiment pas. C’est un film très sombre qui offre à la jeune Magda l’un de ses plus beaux rôles. Même si son jeu a un peu vieilli, elle conserve ici une spontanéité, un naturel qu’elle perdra par la suite. Ce film est aussi l’un des derniers dans lequel apparaît l’immense actrice Amina Nour El Din qui mit fin à sa carrière en 1956 (pour se lancer dans l’hôtellerie !). Son visage de tragédienne capable d’exprimer les sentiments les plus diffus sied parfaitement à son personnage ambigu et énigmatique.


Lundi 28 juillet à 17h

Que veulent les filles ? d’Hassan El Seifi (Elbanat Ayza Aih, 1980)
avec Soheir Ramzy (Layla), Mahmoud Abdel Aziz (Kamal), Samir Ghanem (Ahmed, le journaliste), Hayatem (Azza, la danseuse), Salah Nazmi (le rédacteur en chef du journal), Mohamed Shawky (le secrétaire de Kamal), Salama Elias (le père de Layla), Heyam Abdel Latif (une collègue de Layla), Nabil El Hegrassy (l’oncle de Layla), Ahmed Adawya (le rival de Kamal), Saleh Al-Eskandarani (le portier)
Scénario : Ahmed Abdel Wahab
Musique : Fouad El Zahry


Layla est une femme indépendante qui travaille dans une entreprise fabriquant des téléviseurs. Malgré son âge et sa situation, elle vit toujours seule. Elle n’a aucune confiance dans les hommes, elle est persuadée qu’ils mentent tous. L’expérience malheureuse de sa sœur n’a fait que consolider ses convictions. C’est pour cette raison qu’elle ne veut pas épouser un homme qui aurait eu une vie amoureuse antérieure. Elle a déjà rompu trois fois des fiançailles en découvrant que ses prétendants avaient menti sur leur passé. Son père ne supporte plus son entêtement à rester célibataire. Mais un homme va à son tour tenter sa chance : c’est Kamal, un séducteur invétéré qui souhaite se ranger en se mariant. Il parvient à rencontrer Layla grâce à son ami Ahmed. Ce dernier est journaliste dans un magazine auquel le père de Layla avait écrit pour évoquer la situation singulière de sa fille. En prenant connaissance de cette lettre, Kamal veut aussitôt entrer en contact avec cette perle rare qui lui permettra de rompre avec son existence de Dom Juan. Il parvient à entrer en contact avec Layla et se fait passer pour un garçon vertueux et pur. La jeune femme n’est pas insensible à son charme et elle accepte de l’épouser. Mais elle veut être sûre de son choix et elle entreprend d’enquêter sur le passé et la personnalité de Kamal…

Notre avis : le séducteur couvert de femmes est un personnage récurrent dans la comédie des années soixante et soixante-dix. Dans ce film, il emprunte les traits de Mahmoud Abdel Aziz qui a plus d’une fois incarné cet archétype masculin, modèle d’une grande partie de la population mâle de l’époque. Le scénario exploite toutes les situations obligées dans ce genre de comédie : les maîtresses qui font irruption en même temps dans la garçonnière du héros, les maris qui interviennent de manière musclée, le confident qui prône la vertu avant de devenir un rival dangereux, l’ancienne maîtresse qui reparaît de manière embarrassante etc. L’action se traîne et les mêmes scènes se répètent : les images stéréotypées du bonheur des deux héros alternent avec celles de tension et de crise, dans un mouvement de balancier sans fin. Ce qui sauve en partie le film, c’est le personnage incarné avec fougue par Soheir Ramzy, celui d’une femme qui n’est prête à aucune concession et qui se bat farouchement pour défendre sa liberté d’aimer qui elle veut, quel qu’en soit le prix à payer pour elle et pour les autres.


Dimanche 27 juillet à 19h30

Adieu mon amour d'Omar Gomaï (Wadaan Ya Gharami, 1951)
avec Faten Hamama (Fikrya), Imad Hamdy (Rashad), Zeinab Sedky (la mère de Rashad), Farid Shawki (Soleiman Effendi, le représentant de la compagnie d’assurance et le deuxième mari de la mère de Rashad), Thuraya Fakhry (la mère de Fikrya), Omar El-Hariri (Shawkat, le beau-frère de Fikrya), Sanaa Samih (une voisine, amie de Rashad), Zaki Ibrahim (Mansour Effendi, le père de Rashad), Aziza Helmy (la confidente), Mahmoud Reda (l’oncle de Fikrya), Shafik Nour El Din (Cheikh Al Hara Tawfiq), Abbas Fares (le vieil officier qui épouse Fikrya), Kitty (la danseuse qui danse sur In The Mood, le standard du musicien américain, Glenn Miller), Lola Abdo (la femme de ménage)
Scénario : Omar Gomai
Musique : Mahmoud Al Sharif et Fathy Qoura
Production : les studios Misr


Drame. Rashad et Fikrya sont deux jeunes voisins qui sont tombés amoureux l’un de l’autre (Faten Hamama et Imad Hamdy qui jouent ces deux jeunes gens ont quand même vingt-deux ans de différence : lors du tournage, l’actrice a tout juste vingt ans mais l’acteur en a quarante-deux !). Ils projettent de se marier mais Rashad est appelé sous les drapeaux. Pour qu’il puisse rester près de celle qu’il aime et poursuivre ses études, il lui faut obtenir un report de son service militaire. Malheureusement son père meurt et sa mère devient la maîtresse d’un escroc qui dilapide tout l’argent de la famille. Rashad tente de protéger sa mère, mais son compagnon parvient à faire échouer la demande de sursis et le jeune homme doit rejoindre son régiment. Plus question de mariage entre Rashad et Fikrya. Les années passent. La jeune femme a fini par accepter d’épouser un vieil officier qu’elle n’aime pas. Elle vit dans l’opulence mais elle n’est pas heureuse. Un jour, elle aperçoit au volant de la voiture de son mari un nouveau chauffeur : c’est Rashad…

Notre avis : un très beau drame réalisé par un esthète. Une intrigue qui tient en haleine le spectateur jusqu’au dénouement ; de grands acteurs parfaitement dirigés ; un noir et blanc et un cadrage qui subliment les corps et les visages. Malheureusement, cette oeuvre est l’avant-dernière réalisation d’Omar Gomaï qui meurt brusquement en cette même année 1951, à l’âge de cinquante-deux ans. C’est la deuxième fois que Faten Hamama et Imad Hamdi jouent ensemble. La première fois, c’était en 1949 dans l’excellent film d’Ahmed Kamel Morsi, « La Maîtresse de Maison ». Signalons que Zeinat Sedky y incarnait aussi la mère du héros. Enfin, la danseuse est la virevoltante Kitty qui nous gratifie ici d’un numéro dans un style résolument « Saint-Germain des Prés » : époustouflant !


Samedi 26 juillet à 15h

Moi et mes filles d’Hussein Helmy El Mohandes (Ana wa banati, 1961)
avec Abdel Moneim Ibrahim (Fahmy), Salah Zulficar (Samir), Zahrat Al Oula (Mervat, l’une des quatre soeurs), Nahed Sharif (Maysa, l’une des quatre soeurs), Fathia Chahine (propriétaire de la boutique de mode), Fayza Ahmed (Mahasin, l’une des quatre soeurs), Amal Farid (Mona, l’une des quatre soeurs), Zaki Rostom (Mahmoud Abdel Fatah, le père des quatre filles), Samia Roshdy (la mère d’Hamza), Ali Kamal (Gaber), Ahmed Bali (un ami de Mahmoud), Abdel Ghani El Nagdi (Hamza, le prétendant rejeté par les quatre filles)
Scénario : Hussein Helmy El Mohandes
Musique : Attya Sharara, Ibrahim Haggag, Mohamed Al Mogi


Drame. Mahmoud Abdel Fatah est veuf et il élève seul ses quatre grandes filles : Mervat, Maysa, Mahasin, Mona. Il leur a donné une excellente éducation mais il n’a pas les moyens de financer leur futur mariage. La situation se complique quand il est mis brutalement à la retraite. Sur les conseils d’une relation, il investit toutes ses économies dans une société qui pourra lui faire gagner beaucoup d’argent. Il voit enfin l’avenir avec un certain optimisme. Las ! En se rendant au siège de la société, il s’aperçoit qu’elle a déménagé sans laisser d’adresse : il a été joué par des escrocs qui ont disparu avec son argent ! Il a un malaise et chute dans l’escalier. Il est hospitalisé. Désormais, ses quatre filles devront affronter seules les difficultés de la vie. Elles ont d’abord vendu quelques meubles puis elles ont décidé de travailler à l’insu de leur père. Mervat, la plus âgée, s’est mise à écrire des histoires en espérant les vendre. Mahasin, grâce à sa jolie voix a pu se produire dans les mariages. Maysa, la plus jolie, est devenue mannequin pour une boutique de mode. Enfin, Mona s’est lancée dans la couture et confectionne des vêtements pour les gens du quartier. Un jour, lors d’un défilé auquel elle participe, Maysa est repérée par un jeune homme très riche. Celui-ci entreprend de la séduire en lui faisant croire qu’il va l’épouser…

Notre avis : la chronique familiale est dans le cinéma égyptien un genre en soi. Nous retrouvons dans « Moi et mes filles tous les ingrédients qui ont fait le succès de ces productions. Le fil narratif est toujours à peu près le même : une famille nombreuse qui autrefois a connu l’aisance doit affronter des difficultés de toutes sortes, ce qui conduit certains de ses membres à faire des choix malheureux. Comme toujours, Zaki Rostom excelle dans ces rôles de patriarches qui vacillent sous les coups du destin. Mais l’intérêt du film repose essentiellement sur le très attachant quatuor formé par les quatre filles. Les deux plus jeunes actrices, Nahed Sharif et Amal Farid, sont d’une spontanéité et d’une justesses rares (Nahed Sharif était une excellente actrice et il est tout à fait regrettable que les producteurs, les critiques et le public n’aient voulu voir en elle que la petite pin-up sexy pour comédies vulgaires.). En revanche, Fayza Ahmed constitue le « maillon faible » de « Moi et mes filles » : si elle sait chanter, elle ne sait absolument pas jouer la comédie. Ce n’est sans doute pas un hasard si ce film est le denier dans lequel on lui a confié un rôle. Dans les suivants, elle se contentera de chanter.


Vendredi 25 juillet à 19h30

Le Professionnel de Mohamed Khan (El Harif, 1984)
avec Adel Imam (Fares), Ibrahim Kadri (Bakr, le père de Farès), Samiha Tawfiq (Narges, la seconde épouse de Bakr), Ferdoos Abdel Hamid (Dalal, la femme de Farès), Haneim Mohamed (la mère de Dala), Ali Qaoud (le patron de Farès), Zizi Mostafa (Aziza, la collègue de Farès), Haytham Abdel Hamid (le fis de Fares), Hosny Abdul Jalil (Anwar, un collègue de Fares), Walaa Farid (Soad, la voisine de Fares), Najah Al Muji (Abdallah), Sabry Abdel Monem (officier de police judiciaire), Abdallah Farghaly (l’entraîneur de Fares), Hafez Amin (Abdul Majid), Farouk Youssef (Shabaan, l’ancien footballeur dans reconverti dans le trafic de voitures )
Scénario : Bashir El Dik et Mohamed Khan
Musique : Hani Shenouda et Iman Younis
Voix off : Ahmed Zaki qui devait incarner le héros principal du film avant qu’il ne se fâche avec le réalisateur
Production : Dalia Films


Fares travaille comme ouvrier dans une usine de chaussures. Depuis son divorce, il vit seul dans un petit appartement au dernier étage d’un immeuble. Cela fait trois ans qu’il est séparé de sa femme mais il l’aime toujours. Son fils aussi lui et il espère qu’ils pourront un jour reprendre la vie commune. Dans son existence, Fares n’a qu’une seule passion : le football. Il joue régulièrement lors de matchs organisés dans la rue et il fait partie des meilleurs joueurs de son district. Malheureusement, le jeune homme semble avoir la guigne et sa situation ne cessera de se dégrader. Au football, il est exploité par son « manager » qui ne lui reverse qu’une part infime des sommes gagnées grâce aux paris ; à l’usine, le directeur qui ne supporte plus ses retards et ses absences finit par le licencier. Déboire supplémentaire : un meurtre a été commis dans son immeuble et il fait partie des suspects…

Notre avis : l’une des œuvres les plus accomplies de Mohamed Khan, le chef de file de cette fameuse Génération 80 dont les réalisations ne furent pas toujours à la hauteur des espoirs qu’elle suscita. Néanmoins, celle-ci nous a laissé un certain nombre d’œuvres très intéressantes et parmi elles, on trouve la plupart des films de Mohamed Khan. Dans « Le Professionnel » , on suit les pérégrinations d’un loser taciturne, prétexte à une évocation à la fois réaliste et poétique de certains quartiers populaires du Caire. La prise de vue ne privilégie jamais les personnages au détriment du cadre dans lequel ils évoluent. Le cinéaste s’intéresse au paysage urbain avec l’œil d’un photographe et plus d’une fois, on pense aux photographies de Raymond Depardon (notamment à sa série de clichés sur New-York r réalisée en 1981 pour le compte du quotidien Libération). A la sortie du film, le public fut très déçu : il découvrait Adel Imam dans un rôle dramatique, à l’opposé de ses emplois habituels. « Le Professionnel » fut un demi-échec sur le plan commercial, bien loin du triomphe qui accueillait chaque comédie de la star. D’ailleurs, Adel Imam ne jouera plus jamais pour Mohamed Khan. Dommage car il est ici tout simplement fabuleux !


Jeudi 24 juillet à 15h

Lettre d’Amour d'Henry Barakat (Risalat Gharam, 1954)
avec Farid Al Atrache (Wahid), Maryam Fakhr Eddine (Elham/Widad), Kamal Al Shennawi (Rafaat), Hussein Riad (Professeur Sami), Abdel Salam El Nabolsi (Dabour), Omar El-Hariri (Samir), Zomoroda (Mimi), Thuraya Fakhry (Anayat Haneim), Abdel Aziz Hamdy (le père d’Ilham), Hind Rostom (Latifa), Aly Abd El Al (oncle de Wahid), Abbas Rahmy (le bijoutier)
Scénario : Youssef Issa et Henry Barakat
D’après un roman de l’écrivain français, Alphonse Karr, Sous les Tilleuls (1832)
Musique : Farid Al Atrache, Mamoun Al Shinnawi, Saleh Gawdat
Production : Films Farid Al Atrache


Wahid, un vieux chanteur couvert de gloire, se souvient de sa jeunesse et de son seul amour : la jeune femme s’appelait Elham et ils étaient follement amoureux l’un de l’autre. Ils s’étaient juré une fidélité éternelle et rêvaient de se marier. Wahid fit sa demande en mariage au père de sa bien aimée mais celui-ci s’opposa catégoriquement à ce projet : Wahid, qui rêvait de faire carrière dans la chanson, était trop pauvre. Il décida alors de se consacrer entièrement à son art pour gagner la gloire et la fortune et ainsi obtenir la main d’Elham. Malheureusement, l’un de ses amis, profitant de son retrait parvint à conquérir la jeune femme et à l’épouser…

Notre avis : on est un peu étonné d’apprendre que ce drame sentimental est inspiré d’une œuvre d’un écrivain français du XIXe siècle complétement oublié aujourd’hui. Alphonse Karr (1808-1890) a écrit un nombre considérable de romans évoquant des histoires d’amour compliquées avec des héros et surtout des héroïnes à la sensibilité exacerbée. Les auteurs de « Lettre d’Amour » ont trouvé dans « Sous les Tilleuls » tous les ingrédients d’un bon mélodrame. Le sentimentalisme du film a certes un peu vieilli mais le personnage du « méchant » incarné par l’impeccable Kamel Al Shennawi retient l’attention du spectateur jusqu’à la fin. Cet « ami » du héros qui détruit tout autour de lui avec un cynisme ahurissant fait partie de la grande famille des « monstres » qu’on adore détester. On peut voir aussi dans l’une des scènes du film, la toute jeune Hind Rostom qui ne parvient pas à troubler le héros malgré sa manière très suggestive d’enfiler ses bas !


Mercredi 23 juillet à 15h

Monsieur Bahbouh de Youssef Maalouf (Bahbouh Efendi, 1954)
avec Ismail Yassin (Monsieur Bahbouh), Zahrat Al Oula (Namat), Mohamed El Dib (Hosni), Fouad Shafik (le médecin), Reyad El Kasabgy (Eways Al Ajali), Gawaher (la danseuse), Rafeaa El Shal (Hosnia), Samia Roshdi (Oum Samir), Abd El Nabi Mohamed (le serveur), Mary Ezz El Din (Ratiba), Edmond Tuema (le pharmacien), Abdel Ghani El Nagdi (Mahrous le barbier), Mahasen Morsi (la danseuse acrobatique), Saïd Khalil (vendeur de lait), Abdel Moneim Basioni (le pompiste)
Scénario : William Basily
Production : les films du Soleil


Monsieur Babouh et son partenaire Eways Al Ajali sont des marchands de bestiaux installés dans un petit village. Ils décident de prendre quelques jours de vacances pour se rendre au Caire. Depuis longtemps, ils rêvent de rencontrer des jeunes et jolies jeunes femmes comme ils en voient dans les magazines. Les voilà partis dans une vieille voiture branlante, direction la capitale. Ils arrivent à la nuit tombée et leur première visite est pour un cabaret qu’on leur a conseillé. Ils s’installent à une table et assistent au spectacle donné par les danseuses de l’établissement. Ils sont ravis. A côté d’eux, il y a une femme seule assise à une table. Elle semble mal à l’aise. Elle est rejointe par une danseuse qui peu après invite Monsieur Babouh et Eways à partager un verre avec elles. La première jeune femme s’appelle Namat. Elle est veuve et élève seule son fils. Elle a des problèmes d’argent et elle ne peut plus payer son loyer. La danseuse est sa voisine et c’est elle qui lui a trouvé ce travail d’entraîneuse. Monsieur Babouh et Eways sont ses premiers clients…

Notre avis : une comédie très courte dont l’histoire se déroule en vingt-quatre heures. La majeure partie du film a pour cadre la boîte de nuit où les deux héros sont venus se distraire et nous assistons avec eux aux différents numéros présentés par l’établissement. Malheureusement, ceux-ci n’ont vraiment rien d’exceptionnel (la prestation de la « danseuse acrobatique » nous a laissé perplexe). Le ressort comique de « Monsieur Bahbouh » repose sur l’opposition entre le monde rural et celui de la ville. Le pauvre paysan qui découvre la capitale et ses plaisirs est une grande source d’inspiration pour certains réalisateurs des années quarante et cinquante en manque d’imagination. Ce film de Youssef Maalouf s’inscrit dans cette « tradition », sans originalité aucune.


Mardi 22 juillet à 17h

La Dame du Château de Kamal El Sheikh (Sayyidat al-Qasr, 1958)
avec Faten Hamama (Sawsan), Omar Sharif (Adel), Ferdoos Mohamed (la tante de Sawsan), Stephan Rosty (Shafiq, l’intendant d’Adel), Zouzou Madi (Malik Hanem), Elham Zaki (Samar), Omar El Hariri (Docteur Mustafa, vétérinaire), Shafik Nour El Din (le Sheikh Abdoul Sattar), Eskandar Mansy (le directeur du domaine)
Scénario : Hussein Helmy Al Mohandes
Production : Hassan Ramzy et Les Films Misr International (Youssef Chahine)


Sawsan est une jeune orpheline qui travaille dans une entreprise d’import-export mais elle projette de faire des études de droit pour devenir avocate. Elle vit chez sa tante dans un modeste appartement. Un jour, de retour du bureau, elle casse une chaise du salon. Pour la remplacer, elle se rend à la salle des ventes où elle espère en trouver une à un prix raisonnable. Dans l’assistance, elle observe un jeune homme qui souhaite acheter un tableau en canevas représentant un paysage. Sawsan est tellement sidérée par la somme que l’inconnu a payée pour acquérir « l’œuvre d’art » qu’elle ne peut s’empêcher de faire un commentaire à haute voix. Le jeune homme l’ a entendue et lui demande de s’expliquer. Sawsan, nullement impressionnée, affirme que le tableau ne vaut pas le prix qu’il a atteint lors des enchères et qu’elle-même serait capable d’en réaliser un aussi bien pour un montant nettement moins élevé. Son interlocuteur lui donne dix jours pour réaliser un tableau en canevas qu’il s’engage à lui acheter. Au jour dit, Sawsan se présente chez l’inconnu avec son œuvre. Le jeune homme s’appelle Adel, il possède une immense fortune et habite dans un palace. C’est un Dom Juan qui aime s’amuser et multiplie les conquêtes féminines. Il est charmé par Sawsan et à sa seconde visite, il essaie de l’embrasser de force. La jeune orpheline s’enfuit, bien décidée à ne plus revoir son agresseur. Mais Adel est sincèrement tombé amoureux de Sawsan et il finit par la retrouver pour la demander en mariage. Les deux jeunes mariés passent leur voyage de noces à Alexandrie. A leur retour, Sawsan manifeste le désir de prendre en main la gestion de son foyer. Elle va vite déchanter : les « amis » de son mari ne tardent pas à reparaître et ils se comportent comme s’ils étaient chez eux…

Notre avis : dans les années cinquante, Omar Sharif et Faten Hamama sont devenus le couple mythique du cinéma égyptien. Ils se rencontrent en 1954 sur le tournage d’un film de Youssef Chahine, ils se marient et jouent ensemble dans de nombreux films. « La Dame du Château » est l’avant-dernier qu’ils tournent conjointement. Après une ultime collaboration artistique en 1960, Omar Sharif se consacrera à sa carrière internationale. Ce film reprend un thème fort prisé par le public populaire de l’époque : un jeune homme très riche s’éprend d’une jeune fille pauvre et pour la conquérir et la garder, il devra abandonner son existence dissolue et ses mauvaises fréquentations. Ce film ne fait pas partie des chefs d’œuvre de Kamal El Sheikh, l’un des plus grands réalisateurs du cinéma égyptien, même s’il a un charme indéniable du en grande partie à ses deux vedettes. Ce qui sauve aussi le film du cliché et du convenu, c’est le personnage incarné par Omar Sharif. Loin d’être un gentil prince charmant pour conte de fées moderne, il manifeste une personnalité complexe avec sa part d’ombre. C’est un être violent, impulsif, jouisseur, et au final assez inquiétant.


Lundi 21 juillet à 19h30

Ismaïl Yassin dans l'aviation de Fateen Abdel Wahab (Ismaïl Yassine fil tayyaran, 1959)
avec Ismaïl Yassin (Ismaïl/Hussein), Amal Farid (Nawal), Nagwa Fouad (Soheir, la danseuse), Youssef Chahine (le réalisateur), Abdel Moneim Ibrahim (Abdel Moneim, un mécanicien chargé de l’entretien des avions au sol), Reyad El Kasabgy (Al-Shawish Attia, un collègue de Hussein), Gamalat Zayed (la femme d’Al Shawish Attia), Mahmoud El Meleigy (son propre rôle), Zaharat Al Oula (son propre rôle), El Sayed Bedeir (son propre rôle), Mohamed Shawky (son propre rôle)
Scénario et dialogues : Abou Al Seoud Al Ebiary
Production : Ramses Naguib


Comédie. Ismaël et Hussein sont frères jumeaux et vivent ensemble. Ismaël travaille dans le cinéma comme doublure. C’est un métier difficile. En ce moment, il travaille pour Youssef Chahine qui lui fait tourner à plusieurs reprises une scène dans laquelle il doit tomber du haut d’un escalier. Heureusement, Soheir, une danseuse qui a aussi été embauchée pour le film, s’est prise de sympathie pour lui et ils passent beaucoup de temps ensemble. Ismaël aimerait bien la demander en mariage mais elle lui a avoué qu’elle rêve d’épouser un pilote d’avion. Justement, Hussein, le frère d’Ismaël, travaille dans l’armée de l’air comme mécanicien. Il est fiancé à Nawal, une jeune fille d’Alexandrie. Il a demandé à son administration une semaine de congé pour se rendre dans la station balnéaire afin de s’y marier avec l’élue de son cœur. Ismaël profite de l’absence de son frère pour revêtir son uniforme et se présente ainsi accoutré devant Soheir. Il dit être le frère d’Ismaël et prétend être pilote d’avion. La jeune femme est aussitôt conquise et accepte de l’épouser…

Notre avis : après « Ismaïl Yassin à l’armée » (1955), « Ismaïl Yassin dans la police » (1956), « Ismaïl Yassin dans la marine » (1957), « Ismaïl Yassin dans la police militaire » (1958), voici « Ismaïl Yassin dans l’aviation » ! A chaque fois l’objectif est double : divertir le public tout en faisant vibrer sa corde patriotique. Grâce au savoir-faire du réalisateur et de son scénariste, ce cinquième volet est à la hauteur de ses prédécesseurs, avec une tonalité un peu moins martiale cependant : la crise du canal de Suez s’éloigne et la guerre des six jours est encore loin.. « Ismaïl Yassin dans l’aviation » se présente comme une bonne comédie familiale avec en prime la participation exceptionnelle de Youssef Chahine dans son propre rôle (On raconte que lors du tournage, il se serait disputé avec la vedette du film, Ismaïl Yassin, pour une histoire de cigarette.)


Dimanche 20 juillet à 19h30

Jamais je ne pleurerai d'Hassan Al Imam (Ln 'abkaa abdaan,1957)
avec Faten Hamama (Hoda, la fille du Pacha), Imad Hamd (Ahmed Mustafa, l’ingénieur agronome), Zaki Rostom (Abdoul Majid Pacha), Sanaa Jamil (Samiha, la nièce du Pacha), Rushdy Abaza (Ezzat, le neveu du Pacha), Negma Ibrahim (Asmah), Fouad Fahim (le frère du Pacha), Mary Ezz El Din (la belle-sœur du Pacha), Shafik Nour El Din (Cheikh Morsi), Wedad Hamdy (la servante Aziza), Nemat Mokhtar (la danseuse), Samira Ahmed (la fille de Morsi), Kawthar Ramzi (la fille de Morsi), Fakher Fakher (Abou Auf), Awatef Ramadan (la femme d’Abou Auf), Abdel Moneim Ibrahim (le secrétaire), Hala Fakher (une petite fille)
Scénario : Mohamed Mustafa Sami
Musique : Sayed Mustafa
Production : Hassan Ramzy


Abdoul Majid Pacha est un personnage très puissant qui veut sans cesse accroître l’immense domaine qu’il possède à la campagne. Il a récemment acquis un terrain revendiqué par une famille de paysans. Ceux-ci lui demandent de le leur restituer mais Abdoul Majid Pacha refuse catégoriquement. Tous les paysans alentour prennent fait et cause pour la pauvre famille mais le seigneur reste intransigeant. La situation se tend et la police finit par intervenir de manière brutale. La famille lésée ne s’avoue pas vaincue. Depuis la mort du chef de famille, c’est sa mère qui dirige le clan et elle a promis de se venger quoi qu’il en coûte. Avec ses hommes, elle fait régner la terreur sur le domaine de son ennemi : elle fait détruire les récoltes et les bâtiments. Tous ceux qui travaillaient pour le Pacha finissent par fuir mais celui-ci parvient à tout reconstruire et le domaine retrouve sa prospérité d’antan.
Abdoul Majid vit au Caire avec sa fille, Hoda. Il est aussi affectueux avec elle qu’il est brutal avec ses employés. Un jour Hoda décide de conduire la voiture paternelle alors qu’elle n’a pas encore obtenu son permis. Evidemment, elle finit par perdre le contrôle de son véhicule et percute une autre voiture qui arrivait en sens inverse. Le conducteur de celle-ci est Ahmed Mustafa, un ingénieur agronome. Bien qu’il ait été blessé, l’homme refuse de porter plainte. De retour chez elle, Hoda est rongée par le remords. Le lendemain, elle tente de recontacter sa « victime ». Elle apprend que l’ingénieur a été admis à l’hôpital. La jeune femme s’y rend avec son père. Une fois rétabli, Ahmed retrouve fréquemment Hoda chez elle ou lors de sorties. Tout naturellement, leur amitié se change en amour passionné. Cette situation déplait très fortement à Ezzat, le neveu du Pacha, qui rêvait d’épouser sa cousine pour profiter de la fortune de son oncle. Ezzat et sa sœur Samiha mettent à exécution un plan diabolique pour séparer Hoda et Ahmed…

Notre avis : en 1957, Faten Hamama et Imad Hamdi jouent les amoureux depuis presque une décennie malgré leur différence d’âge de vingt-deux ans. Le premier film qui les a réunis, c’est la « Dame de la Maison » réalisé par Ahmed Kamel Morsi en 1948. Faten Hamama avait alors à peine dix-huit ans. En règle générale, Imad Hamdi joue un ingénieur (parfois un médecin) d’origine modeste et Faten Hamama une jeune fille de bonne famille. Les proches de la demoiselle s’opposent à leur union mais l’amour finit toujours par triompher. Tous ces éléments se retrouvent dans « Jamais je ne pleurerai ». Pour autant, il ne faudrait pas réduire ce film à un catalogue de lieux communs. C’est une saga familial construite comme un roman-feuilleton (Hassan Al Imam fut un grand lecteur des romans-feuilletons français du XIXe siècle) et le réalisateur y déploie toute sa maîtrise de l’action dramatique. Faten Hamama campe avec conviction une jeune femme qui renonce à son existence oisive pour travailler comme une paysanne afin de sauver le domaine familial (Bien sûr on pense à Vivien Leigh dans « Autant en emporte le Vent ».) et Negma Ibrahim impressionne dans le rôle de la vieille femme assoiffée de vengeance et enlaidie par une haine implacable. « Jamais Je ne pleurerai » se présente comme une vaste fresque dont le souffle romanesque nous emporte.


Samedi 19 juillet à 19h30

Le Secret du Bonnet Invisible de Niazi Mostafa (Ser Taqya el Ekhfa, 1959)
avec Tawfik El Deken (le bijoutier Amin), Berlanti Abdel Hamid (Lola, la maîtresse d’Amin), Abdel Moneim Ibrahim (Asfour), Mohamed Abdel Qodoos (le père d’Asfour), Ahmed Farahat (le frère d’Asfour), Zahrat Al Oula (Amal), Gamalat Zayed (la mère d’Asfour), Adli Kasseb (Salem, le rédacteur en chef), Samia Roshdi (la mère d’Amal)
Scénario : Abdel Hay Adib et Niazi MostafaDialogues : El Sayed El Bedir
Musique : Mounir Mourad et Fathy Qora
Production : Khalil Diab


Comédie fantastique. Asfour est un reporter naïf et maladroit. Son incompétence notoire exaspère son rédacteur en chef. Il est amoureux d’une collègue, Amal. Malheureusement cette dernière doit épouser Amin, un cousin méchant et sournois, bijoutier de son état.
Asfour vit avec son petit frère Fasih et ses parents. Son père est un excentrique qui se consacre à l’alchimie. Il multiplie les expériences dans l’espoir de fabriquer un jour de l’or.
Amin ne supporte pas qu’Amal fréquente Asfour. Il menace son rival afin qu’il s’éloigne de la jeune femme. Le bijoutier a le soutien de la mère de celle-ci et rien ne pourra empêcher leur mariage. Asfour est désespéré.
Un soir, Fasih est resté seul dans le laboratoire de leur père et il entreprend de jouer au petit chimiste. Il provoque une explosion qui libère d’une jarre un génie. L’enfant s’évanouit puis l’être surnaturel prend feu, ne laissant de son passage qu’une fine poussière qui s’est déposée sur un bonnet appartenant à Asfour.
Peu après, on s’aperçoit que le bonnet a le pouvoir de rendre invisible celui qui le porte. Asfour comprend tout de suite le parti qu’il va pouvoir en tirer. Tout d’abord, tourmenter Amin et empêcher son mariage avec Amal…

Notre avis : le seul film où l’éternel second rôle Abdel Moneim Ibrahim obtient le premier rôle. Même s’il peine à convaincre dans certaines scènes qui auraient exigé de sa part un petit grain de folie supplémentaire, reconnaissons qu’il propose un jeu très personnel, tout en retenue, bien loin de l’outrance de ses petits camarades. « Le Secret du Bonnet Invisible » est une comédie inégale : l’invisibilité du héros est prétexte à une accumulation de gags convenus et de farces pour potaches boutonneux. Heureusement, Berlanti Abdel Hamid, la Sza Sza Gabor égyptienne met du piment dans cette potion « magique » un peu fade. Sa danse du Hula Hoop est l’une des scènes les plus savoureuses du film.


Vendredi 18 juillet à 19h30

Rendez-vous à dîner de Mohamed Khan (maowid ala ashaa, 1981)
avec Soad Hosny (Nawal), Hussein Fahmy (Ezzat), Ahmed Zaki (Shoukry), Zouzou Madi (Raïfa, la mère de Nawal), Ragaa Al-Geddawy (Enayat), Eglal Zaki (Soad), Adawy Gheith (Ryad), Amal Ibrahim (Shawya), Sami Sarhan (le gérant de salon de coiffure), Hafez Amin (l’avocat Rafaat), Khairy Beshara (l’acquéreur du tableau à la vente aux enchères), Marwa Al-Khatib (la secrétaire d’Ezzat), Alia Ali‏ (la gynécologue), Hussein Al Sharif (l’inspecteur de police), Haridi Omran (le mathoun)
Scénario : Mohamed Khan et Bashir El Dik
Musique : Kamal Bakir
Production : Al-Jawhara Films


Nawal est mariée depuis plusieurs années avec Ezzat, un riche homme d’affaires. Ils se sont connus alors qu’elle était encore étudiante. Pour lui, elle a abandonné ses études et a endossé le rôle de l’épouse docile. Cette union a fait le bonheur de sa mère : après la mort du père, la vieille femme percevait une maigre pension qui l’obligeait à faire bien des sacrifices. Grâce à son gendre, elle a pu mener l’existence dont elle avait toujours rêvé. Mais voilà : Nawal n’est pas heureuse. Ezzat est constamment accaparé par son travail et ne lui prête aucune attention. Autre sujet de friction entre le mari et la femme : ils n’ont pas d’enfant malgré le désir maintes fois exprimé par Ezzat d’en avoir. Nawal a consulté une gynécologue : sur le plan physiologique rien n’empêche une grossesse mais le médecin explique que cette stérilité a des causes exclusivement psychologiques. Ce constat ne fait que renforcer la détermination de Nawal : elle veut divorcer. Elle ne peut plus attendre, elle se rend au bureau de son mari pour l’en informer. La secrétaire lui dit qu’Ezzat est parti au restaurant. Elle y court. Quand elle entre dans l’établissement, elle découvre que son mari déjeune en galante compagnie. Malgré la situation embarrassante, Nawal informe Ezzat de sa décision. Elle a peu après une discussion avec sa mère. Celle-ci est furieuse et elle exige de sa fille qu’elle renonce à son funeste projet. Le soir, Nawal et Ezzat dînent dans un restaurant espagnol avec des amis. Une fois rentrés chez eux, l’épouse réitère son souhait d’une séparation, le mari s’emporte et gifle à plusieurs reprises sa compagne puis il l’entraîne dans la chambre conjugale et lui impose une relation sexuelle. Mais rien ne fera changer d’avis Nawal. Ezzat finit par accepter le divorce car il est convaincu que cette séparation sera de courte durée. Nawal refuse l’appartement et la pension alimentaire que lui offre son mari. Elle veut être totalement autonome. Elle suit une formation pour devenir secrétaire. Au début, tout semble lui sourire : elle trouve un emploi chez son avocat et elle se réconcilie avec sa mère. Cette dernière ne supporte plus la solitude et a décidé de se remarier avec un ami de son défunt mari. Nawal accueille avec joie cette nouvelle. Malheureusement, sa mère meurt subitement alors qu’elle se trouvait dans le salon de coiffure où sa fille l’avait conduite…

Notre avis : dans ce film, Mohamed Khan dépeint la condition féminine avec des couleurs très sombres. Le constat est sans appel : dans l’Egypte des années 80, une femme ne peut prétendre à l’indépendance et au bonheur. Pour elle, le choix est simple : la soumission ou la mort. Pour illustrer ce point de vue très pessimiste, le réalisateur nous conte l’histoire tragique d’une femme de grand bourgeois qui décide de divorcer pour vivre et aimer comme elle l’entend. Mais son ex-mari aura le dernier mot et détruira impitoyablement son nouveau bonheur. Dans le rôle du mari et de la femme, nous retrouvons Soad Hosny et Hussein Fahmy. Dans les années soixante-dix, ils incarnèrent à plusieurs reprises le couple moderne bien décidé à s’aimer malgré les interdits et les tabous de la société. Je pense notamment aux deux comédies musicales d’Hassan Al Imam, « Méfie-toi de Zouzou » (1972) et « Amira Mon Amour » (1975) qui firent de Soad Hosny et d’Hussein Fahmy, les symboles de la libération des mœurs. Dans « Rendez-vous à dîner », changement radical de registre. Les deux acteurs mettent tout leur talent au service du projet artistique sans concession de Mohamed Khan. Hussein Fahmy est impressionnant en grand bourgeois froid et calculateur. C’est certainement l’un de ses plus grands rôles, loin des play-boys de bonnes familles auxquels on l’a trop souvent cantonné. La force de ce drame réside aussi dans le peu de paroles échangées entre les protagonistes. Tout passe par le regard, et celui de Soad Hosny est souvent d’une intensité déchirante.
 

Jeudi 17 juillet à 15h

Sans un Adieu d'Ahmed Diaa Eddine (Min ghair wadaa, 1951)
avec Aqila Rateb (Samia, la seconde épouse de Magdi), Imad Hamdi (Magdi), Madiha Yousri (Fatima, la première femme de Magdi), Soheir Fakhry (Magda, enfant), Mohamed Fadel (Mounir Bey, le beau-père de Magdi), Awatef Ramadan (Aïcha, la femme de chambre), Ibrahim Hechmat (le premier mari de Samia), Abdel Aziz Al Ahmed (Abdel Aziz), Zinat Sedki (Ghandoura), Mahmoud El Sabaa (Tawfiq), Mohamed El Dib (Salim), Abbas El Daly (le juge), Tawfiq Ismaïl (le médecin)Scénario : Mohamed Kamal Hassan Al Mouhamy
Musique du générique empruntée à la B.O du film américain « Pour Qui Sonne le Glas » (1943), une composition que l’on doit à Victor Young


Drame. L’action se passe durant la seconde guerre mondiale dans la région d’Alexandrie. Magdi Abdel Hamid est un chef d’entreprise à qui tout réussit. Ses affaires sont florissantes, il a épousé la femme qu’il aime et ensemble ils ont eu une adorable petite fille. Malheureusement, la chance tourne soudain. A cause d’irrégularités commises dans le plus grand secret par son ami Tawfiq, Magdi est condamné à plusieurs années de prison pour retard de paiement. Lors de sa détention, il apprend que sa maison a été détruite par un raid allemand. Sa femme serait morte et sa fille a disparu. Quand Magdi sort de prison, il recherche partout sa fille, en vain. Il accepte un emploi dans un grand domaine agricole. La propriétaire est la sœur de Tawfiq. Elle est veuve et souffre de graves problèmes cardiaques. Grâce à l’arrivée de Magdi, elle retrouve goût à la vie et sa santé s’améliore. Ils finissent par tomber amoureux l’un de l’autre et ils se marient…

Notre avis : un mélodrame classique qui respecte les lois du genre mais sans manichéisme ni caricature. La grande force du scénario, c’est d’avoir représenté les deux « rivales » qui se partagent le cœur du héros comme deux femmes aussi « admirables » l’une que l’autre, si bien que le spectateur est jusqu’à la fin ballotté par des sentiments contradictoires. Aqila Rateb est bouleversante dans son rôle de femme qui croit enfin atteindre le bonheur et qui doit brutalement y renoncer. Par son interprétation inspirée, notamment dans le dénouement, elle atteint le sublime de la tragédie. C’est la première fois qu’Imad Hamdi et Madiha Yousri tournent ensemble. Les années suivantes, on les retrouvera à plusieurs reprises dans des drames comme mari et femme ou comme amants. Ils formaient un couple dont l’élégance aristocratique fascinait aussi bien les réalisateurs que le public.


Mercredi 16 juillet à 15h

Ismaïl Yassin et le fantôme d’Hassan El Seifi (Afrita Ismaïl Yassin, 1954)
avec Ismail Yassin (Ismaïl), Kitty (Kitty, le fantôme), Farid Shawki (Hamido), Mohamed Kamal El Masry (le père de Zilabia), Zinat Sedki (Zilabia), Mary Moneib (la mère de Zilabia), Serag Mounir (Adel Kamal), Ferdoos Mohamed (la mère de Mohamed), Khristo Kladakis (le partenaire de Kittie), Liz et Lynn (danseuses)
Scénario : Hassan El Seifi et Abou Al Seoud Al Ebiary , d’après la pièce du dramaturge britannique Noël Coward, L'esprit s'amuse (Blithe Spirit, 1941)
Musique : Munir Murad, Izzat Al Jahili, Mohamed Salman
Production : Films Masr Al Jadidat


Comédie musicale. Kitty travaille comme danseuse dans un nightclub dirigé par Adel Kamal. Celui-ci dépense tout son argent au jeu et cela fait des mois qu’il est incapable de payer ses employés et de régler son loyer. Il est au bord du gouffre. Hamido, son collaborateur, lui souffle une idée : pourquoi ne pas supprimer Kitty et ainsi récupérer son assurance vie ? Adel est prêt à tout pour échapper à la faillite. Il accepte la proposition de son conseiller diabolique. Après plusieurs tentatives infructueuses, Hamido parvient enfin à tuer Kitty mais le fantôme de celle-ci entre en communication avec Ismaïl et lui demande de l’aider à se venger. Ismaïl est un jeune homme un peu naïf que la danseuse avait rencontré dans des circonstances dramatiques : en raison d’un fâcheux concours de circonstances, il avait été la victime de la première tentative de meurtre d’Hamido et avait failli perdre la vie au volant de sa voiture. C’est ainsi qu’ils étaient devenus amis…

Notre avis : l’un des sommets de la comédie des années cinquante. Le titre est un clin d’œil à la comédie musicale d’Henry Barakat « Afrita Hanem » (1949) avec Samia Gamal et Farid Al Atrache, le couple mythique du cinéma égyptien. Dans le film d’Hassan El Seifi, le duo vedette, c’est Ismaïl Yassin et la danseuse Kitty. Ils ont déjà eu l’occasion de jouer ensemble mais c’est leur première véritable collaboration. Leur entente fait plaisir à voir et on doit en grande partie à celle-ci la réussite de cette comédie. Les gags, les chansons et les danses se succèdent à un rythme endiablé. Pour le scénario, Hassan El Seifi a fait appel à Abou Al Seoud Al Ebiary, le scénariste attitré de Fateen Abdel Wahab, qui a su tirer parti de toutes les potentialités comiques de la pièce de Noël Coward. Entourant les deux vedettes, on retrouve des actrices et des acteurs parmi les meilleurs de l’époque. Comme toujours, Zeinat Sedky est désopilante et ici elle se surpasse en grosse fifille à couettes, braillarde et pleurnicharde. Mais le film ravira surtout les admirateurs de Kitty qui enfin se voit offrir un rôle à la mesure de son immense talent, comme danseuse bien sûr mais aussi comme actrice. Dans « Ismaïl Yassin et le Fantôme », c’est elle la star ! Durant les quinze premières minutes du film, elle danse avec toute une troupe de danseuses et de chanteurs. Son énergie peu commune entraîne tout le monde, y compris les spectateurs, dans une folle farandole, sans jamais lasser. Au contraire, on en redemande ! Pour finir, un mot quand même sur Ismaïl Yassin : phénoménal.
En cette même année 1954, Hassan El Seifi sort une autre comédie musicale avec Ismaïl Yassin et Kitty. Elle s'intitule "La Fille de la Campagne" et l'action se déroule en grande partie à Paris.