vendredi 1 janvier 2021

Bonne Année !

سنة جديدة سعيدة 

2021

Bonne Année
Happy New Year
هابي نيو يير



mercredi 30 décembre 2020

Les réalisateurs : Hassan Amar (1919-?)

حسن عامر

Après des études aux Etats-Unis, Hassan Amar commence à travailler pour le cinéma en 1948. Il écrit un scénario pour Mahmoud Ismaïl puis il réalise deux films, l’un en 1952 et l’autre en 1955.
Celui de 1952, la Photo de Mariage avec Fayrouz, se verra décerner le titre de meilleur film de l’année par le Centre catholique égyptien.



Un seul film d'Hassan Amar a fait l'objet d'une présentation dans ce blog :


La Photo de Mariage (Soreat al zefaf, 1952)
avec Fayrouz (Hoda), Mohsen Sarhan (Salah), Zahrat Al Oula (Tuha), Mahmoud El Meleigy (Abou Al Dahab, le riche marchand), Mary Moneib (la belle-mère), Wedad Hamdy (la sœur d’Abou Al Dahab), Ismail Yassin (Hanafi), Naima Wasfi (la directrice de l’école), Ensherah El Alfy (l’institutrice), Sayed Ismaïl (le chanteur), Tousoun Motamad (le marchand), Riad El Kasabgy (un homme de main d’Abou Al Dahab)
Scénario : Galil El Bendary, Docteur Hakim, Hassan Amar
Musique : Ahmed Sedky
Production : Hassan Amar


Salah, un jeune ingénieur, est marié à Tuha. Les deux époux mènent une existence modeste mais ils seraient parfaitement heureux si avec eux ne vivait pas la mère de la jeune femme. Le comportement déplaisant de la vieille dame finit par conduire le couple au bord de la rupture. Un jour, on propose à Salah un poste au Soudan avec un très gros salaire. La belle-mère exige que sa fille reste avec elle en Egypte. Malgré l’insistance de Salah pour que sa femme l’accompagne, rien n’y fait. Ils divorcent et le jeune ingénieur se rend seul au Soudan. Tuha découvre peu après qu’elle est enceinte. Elle envoie aussitôt un message à son ex-mari mais elle ne reçoit aucune réponse. Elle met au monde une petite fille qu’elle prénomme Hoda. Les années passent. Malgré ses lettres, la jeune mère n’a plus eu aucune nouvelle de Salah. Quand ce dernier revient enfin en Egypte, il ne sait toujours pas qu’il est le père d’une enfant. Il se rend à son ancien domicile pensant y trouver Tuha mais celle-ci a déménagé sans laisser d’adresse. En fait, elle réside dans une maison qui appartient à un riche commerçant, Abou Al Dahab. Ce dernier souhaiterait épouser la jeune femme mais elle a constamment repoussé ses avances, espérant toujours retrouver un jour le père de sa petite fille. Pour son malheur, elle va découvrir qu’Abou Al Dahab n’est pas un homme qui renonce facilement…

mardi 29 décembre 2020

Les réalisateurs : Mounir Al Toni (1935-2013)

منير التوني

Mounir Al Toni fut à la fois acteur et metteur en scène. Il a réalisé quelques films au début des années 70 mais l’essentiel de sa carrière se fera à la télévision et au théâtre.


Deux films de Mounir Al Toni ont fait l'objet d'une présentation dans ce blog :


Trois Menteurs (Alkadabin althlath, 1970)

Scénario : Mohamed Othman et Ashour Alish
Musique : Saïd Salama


Film à sketches. Première histoire : Amin El Heneidy (Zaghoul, le chauffeur routier), Fathya Abdel Ghani (la femme de Zaghoul), Fayza Fouad (Fifi, la danseuse), Madiha Kamel (Soraya), Mumtaz Abaza (Mohsen) 
Après sa journée de travail, Zaghoul a décidé d’aller se divertir au cabaret avec tous ses collègues. Il avait promis ce soir-là à sa femme de l’accompagner au cinéma mais, grâce à un petit mensonge, il parvient aisément à se libérer. Quand il entre dans l’établissement avec ses amis une surprise l’attend. Le directeur du lieu et tout le personnel s’empressent autour de lui. On installe les cinq hommes à une table et on leur sert bouteille de whisky après bouteille de whisky, « cadeaux de la maison ». En fait, tout le monde prend Zaghoul pour un chef de gang qui avait disparu de la circulation depuis un certain temps… 

Deuxième histoire : Abdel Moneim Ibrahim (le musicien Abdel Marjawi), Nabila Obeid (la femme d’Abdel), Ahmed Ghanem (le coiffeur), Ahmed Nabil (l’assistant du coiffeur), Mohamed Tawfiq (le médecin), Zizi Mostafa (la danseuse) 
Abdel Marjawi est un musicien dont la célébrité repose sur le mensonge. Il n’a aucun talent mais il a réussi à le cacher en s’appropriant les œuvres des autres (On apprendra plus tard qu’il a notamment repris la chanson du film de Claude Lelouch, Un Homme et une Femme). Il est marié à Zeizeit, une grande actrice. Le coiffeur de cette dernière rêve de devenir chanteur et avec son assistant il a composé quelques chansons qu’il voudrait présenter à Abdel Marjawi. Zeizeit organise la rencontre… 

Troisième histoire : Hassan Youssef (Saleh, l’ingénieur assistant), Nahed Sherif (la maîtresse de Saleh), Soheir El Barouni (l’épouse de Saleh) 
Saleh a épousé une femme pour son argent. Il ne l’aime pas et entretient une relation adultère avec une jeune fille très séduisante. Un jour, il emprunte la voiture de son épouse car il doit se rendre à Assouan pour son travail. En réalité, il part à Alexandrie pour une virée en amoureux avec sa maîtresse. Alors que tout se passe merveilleusement bien, survient un contretemps très fâcheux : les deux amants sont arrêtés par la police. Saleh est accusé d’avoir renversé un petit garçon sur la route et d’avoir pris la fuite…


L’égocentrique (achiqat nafsiha, 1972)
avec Fifi Saïd (la tante de Dalal), Badr Nofal (Joseph, le mari de la tante de Dalal), Omar Nagy (Farid), Nagla Fathy (Dalal), Chukry Sarhan (docteur Mukhtar), Salah Mansour (Othman), Hamdi Youssef (docteur Mafouz), Mervat Kazem (la mère du docteur Mukhtar), Ahmed Abdel Halim (docteur Badr Amin), Mahmoud Al Iraq (le père de Dalal)
Scénario : Bakr Al Sharqawy
Production : Mounir Al Toni


A la mort de ses parents, Dalal est confiée à sa tante et à son oncle. Ce dernier travaille dans la société du très riche et très puissant Othman Bey. Les années passent. Dalal est devenue une ravissante étudiante, un peu trop fière d’elle-même. Elle est entourée de prétendants mais elle les repousse tous par peur du mariage. Elle se souvient de ses parents et du calvaire de sa mère. Au début, son père aimait passionnément sa mère et puis, d’autres enfants sont venus, la beauté de celle-ci a disparu, son père est devenu agressif et il a fini par contracter un second mariage. Dalal a vécu cela comme un véritable traumatisme et elle en est même arrivée à souhaiter mourir avant de voir sa beauté disparaître. Pourtant, trois hommes ont une grande importance dans sa vie. Il y a d’abord, Farid, le secrétaire d’Othman qui l’aime passionnément, il y a ensuite le docteur Amin Badr qu’elle aime en secret et enfin il y a son professeur de psychologie à la faculté, le docteur Mukhtar. Elle a toujours cherché à se rapprocher de cet enseignant bien qu’il n’ait jamais manifesté un quelconque intérêt pour sa beauté. Mukhtar est aussi le neveu d’Othman Bey, le patron de son oncle. Lors d’un repas familial qui réunit Mukhtar , sa mère et Othman, on discute du choix d’une épouse pour le chef d’entreprise qui à soixante ans est toujours célibataire. Le nom de Dalal surgit dans la conversation. Tout le monde est d’accord pour dire que la jeune femme ferait une excellente épouse.


dimanche 27 décembre 2020

Rendez-vous avec la Vie (Mawid Maa El Hayat, 1953)

موعد مع الحياة
إخراج : عز الدين ذو الفقار


Ezzel Dine Zulficar a réalisé Rendez-vous avec la Vie en 1953.
Distribution : Faten Hamama (Amal), Shadya (Fatima), Chukry Sarhan (Ahmed), Omar El-Hariri (docteur Hamdouh), Abdel-Wares Asr (Oncle Hamza, le régisseur du domaine), Zinat Sedki (Zahra), Said Abou Bakr (l’invité alcoolisé), Nour El Demerdash (le cousin), Hussein Riad (docteur Ali Sabri), Ibrahim Hechmat, Ahmed Darwish, Rafeaa El Shal
Scénario : Youssef Issa et Ezzel Dine Zulficar 
Inspiré du film américain Victoire sur la Nuit d’Edmund Goulding (1939) 
Musique : Fathy Qoura, Mahmoud El Sherif, Mounir Mourad 
Production : les films Faten Hamama, Ramses Naguib

Hussein Riad



Abdel Wares Asr et Shadia



Faten Hamama



Chukry Sarhan



Saïd Abou Bakr et Faten Hamama



Faten Hamama et Chukry Sarhan



Zinat Sedki



Nour El Demerdash


Shadia et Omar El Hariri


















Résumé

Ali Sabri est un médecin réputé qui grâce à son travail a amassé une grosse fortune. Il a élevé seul sa fille unique Amal. C’est un père aimant et généreux pour qui seul compte le bonheur de son enfant. Afin qu’Amal ne souffre pas de solitude, il a accueilli chez lui Fatima, la fille de son régisseur. Les deux jeunes fille ont grandi ensemble comme des sœurs et elles ne se sont jamais quittées. Elles sont devenues de séduisantes jeunes femmes qui ne rêvent que d’une seule chose : l’amour. Fatima est tombée amoureuse du docteur Mamdouh, l’assistant du docteur Sabri mais celui-ci ne lui prête aucune attention, totalement accaparé par son travail. En revanche, le destin semble plus favorable à Amal. Celui qu’elle aime depuis l’enfance est de retour. Ahmed est le fils de l’ancien régisseur du domaine de son père. Il était parti à l’étranger pour terminer ses études et il revient avec un diplôme d’ingénieur en poche. Les deux jeunes gens découvrent qu’ils éprouvent les mêmes sentiments l’un pour l’autre. Ils envisagent de se marier malgré l’opposition du cousin d’Amal qui juge cette union déshonorante pour la famille. La situation s’éclaircit enfin pour Fatima : le docteur Mamdouh a enfin daigné s’intéresser à elle et lui a même déclaré sa flamme. Comble de joie : les deux couples annoncent publiquement leurs fiançailles en même temps lors d’une réception réunissant parents et amis. Mais tout s’assombrit brusquement : Amal s’effondre, inconsciente. Elle est aussitôt hospitalisée. Les examens révèlent une grave anomalie cardiaque. Les cardiologues annoncent au docteur Sabri que sa fille chérie n’a plus que quelques mois à vivre. Le père, terrassé par cette nouvelle, décide de cacher la vérité à Amal. Il met dans la confidence son assistant le docteur Mamdouh qui se chargera de surveiller discrètement l’évolution de la maladie. Le jeune médecin prend très à cœur sa tâche et profite de tous les prétextes pour se rapprocher d’Amal. Il finit par totalement négliger Fatima qui pense ne plus être aimée. La jalousie de cette dernière à l’égard de sa « sœur » croît chaque jour. Les événements prennent un tour vraiment dramatique quand Amal découvre la gravité de son état. Elle comprend que cette mort annoncée sera aussi un drame pour Ahmed qui sans doute ne s’en remettra pas. Elle prend alors une décision radicale : rompre pour permettre à l’homme qu’elle aime de continuer à vivre sans trop souffrir. Alors que son père part à l’étranger pour tenter de trouver un traitement qui la sauverait, Amal organise une soirée dans la grande maison paternelle. Elle a invité tous les noceurs qu’elle connaît. Elle s’enivre et se comporte de manière odieuse sous le regard exaspéré d’Ahmed. Cette situation alimente les soupçons de Fatima d’autant plus qu’à la fin de la soirée Amal et Mamdouh se sont éloignés pour converser longuement. Les jours qui suivent sont particulièrement éprouvants pour tout le monde. Amal ne supporte plus de voir tous ces gens qui souffrent à cause d’elle. Elle a décidé d’en finir : elle court vers la falaise avec la ferme intention de se jeter dans le vide. Mais miracle : elle s’évanouit à quelques centimètres du précipice tandis qu’elle est rejointe par tous ses proches. Parmi eux, il y a son père qui revient de son voyage avec d’excellentes nouvelles : il a trouvé un chirurgien allemand qui peut l’opérer. Enfin guérie, Amal retrouve Ahmed tandis que Fatima et Mamdouh sont plus amoureux que jamais.


Critique

Quand Faten Hamama tourne Rendez-vous avec la Vie, elle a 22 ans. Le metteur en scène, c’est son mari, Ezzel Dine Zulficar qu’elle quittera l’année suivante pour Omar Sharif. Grâce à lui, elle va enfin accéder aux premiers rôles dans des comédies romantiques et des mélodrames. Avec un autre grand cinéaste, Henry Barakat, Ezzel Dine Zulficar adopte une recette permettant d’utiliser toutes les facettes du talent de Faten Hamama. Dans la plupart des films que l’un et l’autre lui feront tourner, on retrouve les procédés du flash-back et de la voix-off. C’est à chaque fois une jeune fille qui raconte les événements dramatiques auxquels elle a été mêlée. A l’écran, la présence magnétique de la jeune actrice d’une beauté sans égal, en off, la tessiture si particulière de sa voix à la fois grave et juvénile. D’un côté, les images nostalgiques d’une innocence à jamais perdue, de l’autre, le doux murmure d’une âme mortellement blessée qui se confie. Tous ces éléments composent un mélange unique qui ne manque pas de produire chez le spectateur une intense émotion. Et sans jamais se lasser, nos deux cinéastes reprendront maintes fois ces deux procédés. En 1959, Henry Barakat y aura encore recours pour son chef d’oeuvre L’appel du Courlis d’après un roman de Taha Hussein. 

Ce Rendez-vous avec la Vie ne fait pas exception à la règle : on est d’abord frappé par la beauté de l’actrice et le réalisateur multiplie les gros plans de son visage, comme hypnotisé par la pureté des traits, la sensualité de la bouche et surtout la courbe parfaite des deux grands yeux. On doit aussi louer la performance vocale que constitue la lecture du long monologue en voix off. Le charme opère, comme toujours et tous les autres acteurs du films sont réduits à la fonction de faire-valoir de la star. Même Shadia fait pâle figure à côté de sa jeune collègue, bien qu’ elle chante avec grand talent dans l’une des scènes les plus importantes du film. Une mention spéciale tout de même à Nour El Demerdash qui est parfait en jeune homme hautain et méprisant. 
Mais voilà, il y a le scénario : il exploite toutes les grosses ficelles du mélodrame jusqu’au dénouement tellement prévisible qu’on en est un peu gêné pour les « auteurs » . Dans ce film, les personnages pleurent beaucoup, vraiment beaucoup. Vouloir émouvoir le public en montrant un père au désespoir qui tente de cacher maladroitement ses larmes en présence de sa fille gravement malade n’est déjà pas d’une grande subtilité mais nous infliger ce jeu à chaque scène réunissant les deux personnages finit par produire l’effet inverse de celui escompté. Oui, on s’ennuie dans ce Rendez-vous avec la Vie qui n’en finit pas d’accumuler les clichés larmoyants et on préfère voir Faten Hamama dans des rôle moins stéréotypés et plus ambigus. Il est vrai aussi que la Dame de l’écran a conquis le cœur du public populaire en incarnant comme ici les jeunes filles pures et généreuses, qui aiment tout le monde et que tout le monde aime mais que le destin frappera de manière bien cruelle.

Appréciation : 2/5
**

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

mercredi 23 décembre 2020

Les réalisateurs : Omar Abdel Aziz (né en 1953)

عمر عبدالعزيز

Omar Abdel Aziz est diplômé de l’institut supérieur du Cinéma du Caire (1976). Il débute comme assistant réalisateur pour son frère, le cinéaste Mohamed Abdel Aziz. C’est ainsi qu’on retrouve son nom au générique des comédies les plus célèbres de ce dernier. Omar Abdel Aziz réalise son premier film en 1982, Qu’il repose en Paix avec Farid Shawqi et Yousra. Cette même année, il tourne un remake de The Party de Black Edwards sous le titre d’Un Invité très Spécial. Depuis la fin des années quatre-vingt-dix, il travaille aussi pour la télévision comme réalisateur de séries.


Trois films d'Omar Abdel Aziz ont fait l'objet d'une présentation dans ce blog :


Rien à faire, c’est ainsi (Tgebha keda Tgelha Keda Heya Keda, 1983) 
avec Madiha Kamel (Souad), Samir Ghanem (Hassan), Farouk El Feshawi (Ezzat), Layla Olwi (Magda), Ibrahim Saafan (Amin Effendi, Waheid Seif (Hamdy), El-Montaser Bellah (Moselhi), Soheir Zaky (danseuse), Soheir Salem (Nabila), Mahmoud Al Zohairy (le directeur), Hussein Al Sharif (l’officier de police), Shokry Mansour (le père de Magda), Samia Mohsen (la mère de Magda) 
Scénario : Ahmed Abdel Wahab 
Musique : Fouad El Zahry (qui est crédité pour la bande originale et non pour la musique accompagnant les danses. La contribution de Fouad El Zahry est donc très modeste car le film comporte assez peu de scènes avec musique. De plus, parmi celles-ci, la plus longue est une course poursuite chorégraphiée et comme accompagnement musical, on s’est contenté de reprendre la bande originale de West Side Story !)


Hassan et Ezzat travaillent dans la même société et partagent le même appartement. Hassan avoue à son compagnon qu’il est amoureux de Soad, la secrétaire de leur directeur. Sa timidité l’empêche de se déclarer et il demande à Ezzat de parler à la jeune femme en son nom. Ezzat est très embarrassé car lui aussi est amoureux de Soad mais il finit tout de même par accepter de se faire le porte-parole de son ami. Lors de leur conversation, la secrétaire lui explique qu’elle n’est pas amoureuse d’Hassan car elle aime un autre homme. Et Ezzat comprend que cet homme, c’est lui-même…

Notre avis : une contribution exemplaire à l’enlaidissement progressif (et irrémédiable ?) du cinéma égyptien tel qu’on peut l’observer à partir de la fin des années soixante-dix. Ce film est à lui tout seul une anthologie du n’importe quoi et du n’importe comment. Il semble avoir été tourné dans une grande improvisation et pour chaque scène, les acteurs sont placés dans des lieux dont le choix n’a pas dû exiger beaucoup d’efforts aux « repéreurs » . Le plus souvent, pour masquer la misère, on filme en plans américains ou en plans rapprochés si bien que le spectateur n’aperçoit derrière les acteurs qu’un bout de mur lépreux ou une moitié de fenêtre aux volets clos. Deux scènes en extérieur mériteraient de recevoir le prix du décor le plus laid et le plus déprimant de la décennie : celle de la bagarre sur la plage et celle de la course poursuite « dansée » (on aimerait connaître le nom du chorégraphe pour le féliciter) dans un jardin public. Le scénario ? On raconte qu’il n’a fallu qu’une nuit à l’équipe pour en échafauder les grandes lignes. On s’en doutait.


Ici Le Caire (Hona Elqahera, 1985)
avec Muhammad Subhi (Sanussi), Souad Nasr (Sabrina), Medhat Ghaly (le directeur de l’hôtel), Ahmad Abu Abya (le chauffeur de taxi), Adawy Gheith (le directeur de la chambre d’agriculture), Sayed Sadek (le propriétaire du magasin de jouets), Mustafa Tawfiq (Fathy), Adel Abu Al Ghit (l’homme à l’arrêt de bus), Ahmad Al Adal (le conducteur agressif), Ali El Sherif El Sagheer (le pickpocket), Bondok Hassan (le vendeur d’eau), Fayza Abdel Gawad (la femme violente)
Scénario : Saïd Mohamed Marzouk
Adaptation du film américain Escapade à New York (The Out-of-Towners) réalisé par Arthur Hiller en 1970 avec dans les rôles principaux Jack Lemmon et Sandy Dennis.
Musique : Modi El Imam
Production : Films Mohamed Youssef


Sanussi est employé à la chambre d’agriculture de Louxor. Il a inventé un procédé pour améliorer la qualité du pain et augmenter sa conservation. Il doit se rendre au Caire pour présenter au ministère son invention. Sabrina, sa femme, l’accompagne. C’est la première fois qu’ils ont l’occasion de visiter la capitale. Après un voyage en avion qui fut une première épreuve, le couple est pris en charge par un taxi dès son arrivée à l’aéroport. Sanussi et Sabrina ne savent pas encore qu’ils vont devoir affronter bien des désagréments et bien des vicissitudes dans les rues effervescentes de l’une des plus grandes villes du monde…

Notre avis : un couple de provinciaux se retrouve plongé dans le tourbillon de la vie cairote et il devra affronter des épreuves auxquelles il n’était guère préparé. L’idée n’est pas neuve mais dans les années quarante et cinquante, il s’agissait souvent de se moquer de ces pauvres ruraux qui avaient toutes les peines du monde à s’adapter aux manières de vivre des citadins si raffinés et si élégants. Dans cette comédie, le propos est inversé : l’objet de la satire est la capitale. On nous la présente comme un monde de bruit et de fureur qui broie sans pitié les cœurs trop purs comme nos deux héros. Les péripéties sont un peu prévisibles et on ressent plus d’une fois une forte impression de déjà vu (l’inévitable scène du bus !) mais cette déambulation dans les rues du Caire des années quatre-vingt n’est pas sans intérêt. La capitale égyptienne nous est dépeinte avec un réalisme sobre, sans aucune concession ni au pittoresque ni au sordide. Les deux acteurs principaux Mohamed Subhi et Souad Nasr portent sur leurs seules épaules l’intégralité du film et ils ne s’en sortent pas si mal. On notera que le jeu de Mohamed Subhi est parfois très proche de celui d’Adel Imam. Il est vrai que son personnage aurait parfaitement convenu à ce dernier.


Les Joueurs  (Allaeiba, 1987)
avec Hussein Fahmy (Aziz, le directeur de la société), Yousra (Soso), Sayed Zayan (Basaber), Hassan Mostafa (Chawki, l’un des deux propriétaires de la société), Hamdy Youssef (Mansour, l’un des deux propriétaires de la société), Fouad Khalil (le voisin de Soso), Abdel Ghany Nasser (le directeur de la sécurité de la société), Abdallah Meshref (le domestique), Ola Ramy (Gigi), Thuraya Ezzelddin (la secrétaire), Nabawyah Saïd (la mère de Basaber)
Scénario : Ahmed Samir
Musique : Munir El Wasimi
Production : Medhat Al Sharif

Un remake du film américain Un fauteuil pour deux (Trading Places), réalisé par John Landis et sorti en 1983.


Chawki et Mansour avaient créé une société financière qui vivotait jusqu’à ce qu’ils en confient la direction à Aziz. Grâce à la rigueur de ce dernier, l’entreprise s’est rapidement développée et a généré des profits de plus en plus importants. Les deux propriétaires étaient ravis et Aziz menait grand train : il vivait dans un luxueux appartement, possédait une voiture avec chauffeur et s’apprêtait à épouser une jeune parente des deux fondateurs. Mais depuis peu, le marché est entré en récession et les bénéfices de la société ont fondu comme neige au soleil. Chawki et Mansour sont très inquiets. C’est alors qu’ils rencontrent un agent financier au chômage qui leur promet monts et merveilles. Les deux frères décident de se débarrasser d’Aziz pour confier la direction de leur société à ce « sauveur ». ils chargent leur directeur de la sécurité de tout entreprendre pour éliminer celui qui leur a pourtant fait gagner tant d’argent. En quelques heures, Aziz va tout perdre. On va l’accuser de détournement de fonds et on va le jeter en cellule le temps que son appartement soit perquisitionné. Tous ses biens sont saisis et cerise sur le gâteau : le directeur de la sécurité paie une prostituée pour qu’elle embrasse Aziz sous les yeux de sa fiancée qui rompt sur le champ. L’ancien chef d’entreprise est au désespoir mais la prostituée, qui a pourtant contribué à sa chute, va le prendre sous son aile…