dimanche 22 juin 2014

Les 100 films les plus importants (13) Les années quatre-vingt (2)

En 2006, la bibliothèque d’Alexandrie forme un comité de trois spécialistes (Ahmed El-Hadari, Samir Farid et Kamal Ramzi) afin de dresser la liste des 100 films les plus importants  de l’histoire du  cinéma égyptien. 


Les Années Quatre-vingt (2) 
 
75) Al-Towq wal-Uswura (Le Collier et le Bracelet, 1986, Khairy Bishara)
 الطوق والأسورة


Avec Sherihan, Fardous Abdel Hamid, Ahmed Abdel Aaziz, Ahmed Bedir, Ezzat El Alaili, Abdallah Mahmoud, Mohamed Mounir, Hanan Youssef
Trois femmes de générations différentes, Hazina la mère, Fahima la fille et Farhana la petite fille sont confrontées à la dureté de la vie et des traditions. Mostafa le fils qui avait du quitter le pays revient 20 ans plus tard. Cette histoire se déroule de 1933 à 1953, dans un petit village de haute Egypte, Karnak près de Louxor, un village où se fond l'héritage pharaonique, copte et musulman, dans un ensemble de traditions sociales oppressantes.
Dans la liste des quinze meilleurs films égyptiens de tous les temps, Le Collier et le Bracelet est classé sixième.


76) Al-Gou’ (La Faim, 1986, Ali Badrakhan)
 الجوع


Avec Mahmoud Abdel Aziz, Soad Hosny, Abdel Aziz Makhyoun, Yousra
Le Caire, 1887. Au cours d'une rixe, Faraj tue le caïd qui a outragé Zoubeyda. Il l'épouse et les habitants du quartier l'élisent comme leur nouveau caïd. Mais il ne tarde pas à se détourner d'eux en épousant Malak, une riche commerçante. Et lorsque la disette sévit dans la ville, il monopolise le commerce du blé. Zoubeyda mène alors une armée de gueux contre lui et, au cours d'un combat, il est tué. Son frère Gaber est choisi pour le remplacer. Il refuse cette charge et leur conseille de ne compter que sur eux-mêmes pour défendre leurs droits…


77) Al-Bari’ (L'Innocent, 1986, Atef El-Tayyeb)
البريء

Avec Mahmoud Abdel Aziz, Gamil Ratib, Ahmed Zaki
Pour son service militaire, Ahmed, un jeune paysan sans éducation,  est assigné dans une prison. Le commandant de l’établissement parvient à le convaincre que tous les détenus sont des ennemis de la nation. Ahmed sera chargé de les torturer. 
Dans la liste des quinze meilleurs films égyptiens de tous les temps, L'Innocent est classé treizième.


78) Ahlam Hind wa Camilia (Les Rêves de Hind et Camilia, 1988, Mohamed Khan)
 أحلام هند وكاميليا


Avec Nagla Fathy, Ahmed Zaki, Ayda Reyad
L'histoire de deux femmes qui malgré les difficultés n'ont pas renoncé au bonheur.
Hind est une jolie jeune veuve qui travaille comme servante. Elle rêve de trouver l’homme parfait qui l’aidera à sortir de la misère. Elle rencontre Eid qui est un escroc. Elle tombe enceinte au moment même où il est incarcéré. Ils n’ont pas pris le temps de se marier.
Camilia est une femme divorcée qui travaille aussi comme servante. Elle vit dans l’appartement qu’occupent son frère et touts sa famille. Camilia ne supporte plus cette situation. Elle épouse un vieil homme cupide qui la contraint à voler. C’est elle qui permet à Hind et à Eid de se marier.
Hind accouche d’une petite fille qu’elle prénomme Ahlam (Rêve). Malheureusement, Eid retourne en prison après avoir volé une grosse somme d’argent. Hind et Camilia trouvent le butin que l'homme avait caché. Elles décident de l'utiliser pour enfin passer du bon temps. Avec Ahlam, elles prennent un taxi pour Alexandrie. Le chauffeur de taxi parvient à les droguer et s’enfuit avec leur argent. Quand elles se réveillent sur la plage, elles ont tout perdu.


79) Yom Mur Yom Hilw (Jour Doux, Jour Amer, 1988, Khairy Bishara)
يوم مر ويوم حلو

 
Avec Mahmoud El Huindi, Gala Fahmi, Faten Hamama, Mohamed Henedi, Abla Kamel, Lotfy Labib, Mohamed Mounir, Simone, Hanan Youssef 
Une famille très pauvre du Caire lutte chaque jour pour survivre. Le père est mort. Aïcha, la mère, dépense toute son énergie pour que ses enfants  souffrent le moins possible de la faim et du dénuement. Hélas, le malheur finira par fondre sur la petite tribu. L’une des filles épousera un homme qui deviendra l’amant de sa sœur. Le plus jeune frère, à peine âgé de 10 ans, quittera le domicile familial pour mendier dans les rues…

  
80) Al-Aragoz (Le Marionnettiste, 1989, Hani Lashin)
  الاراجوز


Avec Omar Sharif, Mervat Amine, Hesham Salim, Salwa Khattab, Ahmed Khalil, Nader Nour, Abdel Gawad Metwalli, Badrya Abdel Gawad, Abol Futouh Omara
Mohamed est un marionnettiste qui vit seul avec son fils, Bahlool. Il sacrifie tout pour le bonheur de celui-ci. Il a économisé sou après sou pour que le jeune homme puisse étudier au Caire. Dans la capitale, Bahool devient le protégé d’un pacha corrompu. Il épouse sa fille. Pendant ce temps-là, Mohamed est tombé amoureux d’Enaam qui travaille aussi dans le spectacle. Mais les ambitions démesurées de son fils vont mettre en danger  la jeune femme.   





lundi 16 juin 2014

Danse : Nagwa Fouad, 1959

 نجوى فؤاد ١٩٥٩


 Nagwa Fouad a vingt ans. Elle danse et joue dans L’inspecteur de Police réalisé par Hussein Fawzi en 1959. Elle incarne une danseuse qui entretient une relation adultère avec Hossam (Rushdi Abaza).  Leur liaison prendra très vite un tour dramatique. Alors que les deux amoureux sont enlacés, le mari fait irruption dans la pièce. Il sort un revolver de sa poche,  prêt à tirer sur sa femme. L’amant se jette sur le jaloux et retourne l’arme contre lui. Le coup part. Croyant avoir tué son  rival, Hossam  doit s’enfuir... 

dimanche 15 juin 2014

Les Filles et l'Eté, troisième volet (Albanat wal Saif, 1960)

البنات و الصيف
اخراج : فطين عبدالوهاب

La troisième histoire des Filles et l'Eté a été réalisée par Fateen Abdel Wahab.
Distribution : Abdel Halim Hafez (Mohamed), Soad Hosny (Samiha, sa soeur) , Zizi Al Badraoui (Nahid), Ahmed Yehia (le frère de Nahid), Aziza Helmy (la mère de Nahid), Zeinab Zedky (la mère de Mohammed), Youssef Fakr Al Din (Hisham), Soheir El Bably (Mashira)
Scénario : Ali El Zorkani
D'après une histoire d'Ihsan Abdul Quddus
Musique : Ali Ismaïl
Production : Les Films du Monde Arabe 





Zizi Al Badraoui
















Abdel Halim Hafez
















Ahmed Yehia















Aziza Helmy
















Alexandrie














Soheir El Bably et Zizi Al Badraoui


















Mohamed aime sa jolie voisine Nahid  mais sa timidité maladive l’empêche de lui avouer ses sentiments. Sa sœur Samiha lui prodigue conseils et encouragements. Grâce à elle, une rencontre entre les deux familles a enfin lieu. On évoque des fiançailles. Mais arrivent les vacances d’été. La famille de Nahid les passera à Alexandrie. Mohammed, sa sœur et sa mère s’y rendront aussi mais un peu plus tard.  Sur la plage Nahid retrouve ses camarades. Elles prennent des bains de soleil, bavardent et repèrent les garçons « intéressants ». Hisham, un jeune homme très séduisant est le préféré de la petite bande. Même Nahid n’est pas insensible à son charme. Les regards appuyés du garçon lui font comprendre qu’elle lui plaît aussi. Ils se parlent et conviennent d’un rendez-vous. La jeune fille est conquise.
Peu de temps après, Mohamed arrive à son tour dans la station balnéaire et quand il retrouve sa bien-aimée, il est trop heureux pour percevoir le malaise de celle-ci. Les deux familles se réunissent régulièrement pour discuter autour d’un verre. Mohamed est aux anges, Nahid souffre le martyre. Tout le monde finit par comprendre qu’il y a un problème sauf le futur fiancé que l'amour a rendu aveugle. C’est à la faveur d’un quiproquo sur la plage que le garçon prend conscience de son infortune. De son côté, Hisham poursuit son « offensive ». Il souhaite présenter Nahid à sa mère. Quand ils arrivent dans la maison familiale, celle-ci est vide. C’est un piège. Hisham pousse la jeune femme dans une chambre et tente de l’embrasser. Nahid parvient à s’enfuir. Dehors l’attend Mohamed accompagné de son « informateur », le petit frère de celle qui est restée l’élue de son cœur.
 

Des trois sketches que comporte Les Filles et l’Eté, ce dernier est le plus connu. Sans doute est-ce dû à  la présence du chanteur très populaire à l’époque, Abdel Halim Hafez ainsi qu’à celle de Zizi Al Badroui et de  Soad Hosny. Ces deux futures stars sont alors de très jeunes actrices. Quand le film sort sur les écrans, la première a 16 ans et la seconde 17.
Mais au-delà de la distribution, ce troisième volet se détache des deux autres  par sa modernité. Les deux premiers sketches appartiennent encore aux années cinquante par leurs thèmes et par leur esthétique. En revanche, la contribution de Fateen Abdel Wahab adopte un style très « Nouvelle Vague » (aussi bien d’ailleurs la Nouvelle Vague de Jean-Luc Godard que celle de Richard Anthony !), un parti pris qui ouvre la voie dans laquelle s’engageront par la suite de nombreux cinéastes égyptiens des années soixante et soixante-dix.
Dans son sketch, Fatteen Abdel Wahab fait le portrait d'une jeune fille qui veut vivre libre comme ses consoeurs européennes. On la voit se conduire à sa guise sans susciter l’ire parentale, ce qui accroît son audace. On remarquera que la figure paternelle est ici quasiment absente. Dans le premier sketch, le père détient encore une autorité qu’on ne discute pas et dans le deuxième, le bon papa saisi par la débauche peut se conduire en tyran irascible sans que personne n’ose réagir. Dans le troisième, celui qui veut endosser le rôle du père est le petit frère de Nahid. Sans grand succès car sa grande sœur a décidé de profiter de ses vacances en flirtant sur la plage avec son nouvel amoureux et rien ne pourra la ramener dans le « droit chemin ».
A la fin, Nahid retrouvera quand même les siens et son fiancé autorisé mais là n’est pas l’essentiel. Godard disait que dans un film la musique devait garder son autonomie par rapport aux images ou au script et raconter une autre histoire. A propos du cinéma égyptien des années 40, 50 et 60, on pourrait avancer que les images disent souvent autre chose que la fable qui nous est contée. Elles s’affranchissent de tous les poncifs que charrient pour des raisons morales ou commerciales les scénarios même les plus réussis.  
Alors si l’on devait garder une image des Filles et l’été, ce serait le plan fixe où l’on voit sur la plage la silhouette gracile de Zizi Al Badraoui qui s’éloigne pour entrer dans la mer et rejoindre son bel inconnu. 

Rappelons que Zizi Al Badraoui nous a quittés au début de l'année à l'âge de 70 ans. 

Appréciation : 4/5
****

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

jeudi 29 mai 2014

Les Filles et l'Eté, deuxième volet (Albanat wal Saif, 1960)

البنات و الصيف
إخراج : صلاح أبوسيف

La deuxième histoire des Filles et l'Eté a été réalisée par Salah Abou Seif.
Distribution : Hussein Riad (le père), Ferdoos Mohamed (la mère), Samira Ahmed (la servante), Hassan Hamed (le bellâtre de la plage)



 


Samira Ahmed


















Samira Ahmed et Hassan Hamed

















Hussein Riad








Hussein Riad




C’est l'histoire d'un couple qui passe les vacances d'été à Alexandrie avec enfants et femme de ménage. Le mari éprouve un désir irrépressible pour cette dernière. Il en perd le sommeil. Une nuit, il s’introduit dans la cuisine où dort sa jeune employée. Il contemple longuement son corps étendu sur la paillasse. Il est à deux doigts de succomber mais parvient encore à se maîtriser. La situation devient insupportable. Pour résister à la tentation,  il ne cesse de harceler la jeune fille, lui faisant mille reproches et la frappant en présence de ses enfants. L’employée ne comprend pas l’attitude de l’homme. Elle croit trouver le réconfort auprès d’un garçon de plage qui ne pense qu’à l’exploiter.  Son patron finit par l’accuser de vol. Elle s’enfuit mais elle est rattrapée par la police. Dans la cellule du commissariat, elle fait la connaissance d’une prostituée qui lui promet que son souteneur pourra la sortir d’ici. Heureusement, le père de famille pris de remords se rend au commissariat pour disculper son employée.



Les Filles et l'Eté, premier volet (Albanat wal Saif, 1960)

البنات و الصيف
إخراج: عز الدين ذو الفقار



Les Filles et l'Eté (1960) est un film constitué de trois sketches tournés par trois cinéastes différents mais écrits par un seul scénariste, l’écrivain Ihsan Abdul Quddus. Chaque épisode a fait l’objet d’une affiche particulière.
La première histoire a été réalisée par Ezzel Dine Zulficar.
Distribution : Kamal El Shennawi (l'ami du mari), Mariam Fakhr Eddine (la femme), Adel Khairy (le mari).

  

Kamal Al Shennawi
















Mariam Fakhr Eddine et Kamal Al Shennawi

















Adel Khairy



Mariam Fakhr Eddine

















Un jeune couple passe des vacances à Alexandrie. Ismaël, le meilleur ami du mari les a rejoints et ne les quitte pas. Sa présence met mal à l’aise la jeune femme car celui-ci ne cache pas le désir qu’il éprouve pour elle. Un jour que le mari s’est absenté, l’ami s’enhardit et viole la femme dans la chambre de l’appartement. La jeune femme et au désespoir, d’autant plus qu’Ismaël continue de la tourmenter. Elle essaie de faire comprendre la situation à son mari mais celui-ci est totalement aveuglé par l’amitié. Après un second viol et devant l’indifférence inébranlable de son époux, elle décide de le quitter pour se réfugier chez ses parents. Ces derniers refusent de la recueillir et la contraignent à retrouver son mari. Avec une amie, elle décide alors de piéger Ismaël. Elle lui donne rendez-vous dans l’appartement pour un tête-à-tête amoureux. Dès qu’il se jette sur elle, la porte s’ouvre et apparaissent l’amie avec son mari. Malgré la preuve irréfutable de la trahison d’Ismaël, le mari est incapable de réagir. Elle décide donc d’en finir : elle poignarde son violeur et sort en courant de l’appartement pour se jeter du haut d’une falaise.