dimanche 15 juin 2014

Les Filles et l'Eté, troisième volet (Albanat wal Saif, 1960)

البنات و الصيف
اخراج : فطين عبدالوهاب

La troisième histoire des Filles et l'Eté a été réalisée par Fateen Abdel Wahab.
Distribution : Abdel Halim Hafez (Mohammed), Soad Hosny (Samiha, sa soeur) , Zizi Al Badraoui (Nahid), Ahmed Yehia (le frère de Nahid), Aziza Helmy (la mère de Nahid), Zeinab Zedky (la mère de Mohammed), Youssef Fakr Al Din (Hisham), Soheir El Bably




Zizi Al Badraoui















Abdel Halim Hafez
















Ahmed Yehia















Aziza Helmy
















Alexandrie















Soheir El Bably et Zizi Al Badraoui



















Mohammed aime sa jolie voisine Nahid  mais sa timidité maladive l’empêche de lui avouer ses sentiments. Sa sœur Samiha lui prodigue conseils et encouragements. Grâce à elle, une rencontre entre les deux familles a enfin lieu. On évoque des fiançailles. Mais arrivent les vacances d’été. La famille de Nahid les passera à Alexandrie. Mohammed, sa sœur et sa mère s’y rendront aussi mais un peu plus tard.  Sur la plage Nahid retrouve ses camarades. Elles prennent des bains de soleil, bavardent et repèrent les garçons « intéressants ». Hisham, un jeune homme très séduisant est le préféré de la petite bande. Même Nahid n’est pas insensible à son charme. Les regards appuyés du garçon lui font comprendre qu’elle lui plaît aussi. Ils se parlent et conviennent d’un rendez-vous. La jeune fille est conquise.
Peu de temps après, Mohammed arrive à son tour dans la station balnéaire et quand il retrouve sa bien-aimée, il est trop heureux pour percevoir le malaise de celle-ci. Les deux familles se réunissent régulièrement pour discuter autour d’un verre. Mohammed est aux anges, Nahid souffre le martyre. Tout le monde finit par comprendre qu’il y a un problème sauf le futur fiancé que l'amour a rendu aveugle. C’est à la faveur d’un quiproquo sur la plage que le garçon prend conscience de son infortune. De son côté, Hisham poursuit son « offensive ». Il souhaite présenter Nahid à sa mère. Quand ils arrivent dans la maison familiale, celle-ci est vide. C’est un piège. Hisham pousse la jeune femme dans une chambre et tente de l’embrasser. Nahid parvient à s’enfuir. Dehors l’attend Mohammed accompagné de son « informateur », le petit frère de celle qui est restée l’élue de son cœur.
 

Des trois sketches que comporte Les Filles et l’Eté, ce dernier est le plus connu. Sans doute est-ce dû à  la présence du chanteur très populaire à l’époque, Abdel Halim Hafez ainsi qu’à celle de Zizi Al Badroui et de  Soad Hosny. Ces deux futures stars sont alors de très jeunes actrices. Quand le film sort sur les écrans, la première a 16 ans et la seconde 17.
Mais au-delà de la distribution, ce troisième volet se détache des deux autres  par sa modernité. Les deux premiers sketches appartiennent encore aux années cinquante par leurs thèmes et par leur esthétique. En revanche, la contribution de Fateen Abdel Wahab adopte un style très « Nouvelle Vague » (aussi bien d’ailleurs la Nouvelle Vague de Jean-Luc Godard que celle de Richard Anthony !), un parti pris qui ouvre la voie dans laquelle s’engageront par la suite de nombreux cinéastes égyptiens des années soixante et soixante-dix.
Dans son sketch, Fatteen Abdel Wahab fait le portrait d'une jeune fille qui veut vivre libre comme ses consoeurs européennes. On la voit se conduire à sa guise sans susciter l’ire parentale, ce qui accroît son audace. On remarquera que la figure paternelle est ici quasiment absente. Dans le premier sketch, le père détient encore une autorité qu’on ne discute pas et dans le deuxième, le bon papa saisi par la débauche peut se conduire en tyran irascible sans que personne n’ose réagir. Dans le troisième, celui qui veut endosser le rôle du père est le petit frère de Nahid. Sans grand succès car sa grande sœur a décidé de profiter de ses vacances en flirtant sur la plage avec son nouvel amoureux et rien ne pourra la ramener dans le « droit chemin ».
A la fin, Nahid retrouvera quand même les siens et son fiancé autorisé mais là n’est pas l’essentiel. Godard disait que dans un film la musique devait garder son autonomie par rapport aux images ou au script et raconter une autre histoire. A propos du cinéma égyptien des années 40, 50 et 60, on pourrait avancer que les images disent souvent autre chose que la fable qui nous est contée. Elles s’affranchissent de tous les poncifs que charrient pour des raisons morales ou commerciales les scénarios même les plus réussis.  
Alors si l’on devait garder une image des Filles et l’été, ce serait le plan fixe où l’on voit sur la plage la silhouette gracile de Zizi Al Badraoui qui s’éloigne pour entrer dans la mer et rejoindre son bel inconnu. 

Rappelons que Zizi Al Badraoui nous a quittés au début de l'année à l'âge de 70 ans. 

Appréciation : 4/5
****

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

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