mercredi 18 janvier 2017

24 Heures d'Amour (24 saaha hob, 1974)

٢٤ساعة حب
إخراج : أحمد فؤاد





















Ahmed Fouad a réalisé 24 heures d'amour en 1974.
Distribution : Zizi Al Badraoui (Laïla), Adel Imam (Ahmed), Soheir Ramzy (Mona), Samir Ghanem (Samir), Mohie Ismaïl (le voisin célibataire), Lebleba (Amira), Hassan Youssef (Sherif), Sayed Zayan (le notaire), Nabila El Sayed (la mère d’Amira), Aziza Helmy (la mère de Sherif), Khadiga Mahmoud (la servante), Mohamed Reda (le chauffeur)
Scénario : Farouk Saïd
Musique : Fathy Qoura, Ali Ismaïl, Lebleba
Production : Al Masry Films

Zizi Al Badraoui

Soheir Ramzy

Adel Imam et Zizi Al Badraoui

Soheir Ramzy

Adel Imam et Mohie Ismaïl

Samir Ghanem et Lebleba

Samir Ghanem et Lebleba

Soheir Ramzy et Hassan Youssef

Soheir Ramzy et Hassan Youssef

Adel Imam et Hassan Youssef


Sayed Zayan


Résumé

Après six mois passés en mer, trois officiers de marine rentrent chez eux pour un jour de congé. Mais, au lieu de les accueillir avec amour et tendresse, leurs compagnes les fuient car elles sont persuadées qu’elles ont été trompées durant une si longue séparation. Les trois marins ont vingt-quatre heures pour retrouver leurs bien-aimées et jouir enfin du repos du guerrier.


Critique

 Quand on se penche sur les comédies des années soixante et des années soixante-dix on est étonné de constater à quel point le sexe est au centre des intrigues. En fait la comédie tout public des années cinquante (notamment autour de la figure de Ismaël Yassin) a laissé la place à des productions destinées à un public plutôt adulte. Le plus souvent, elles mettent en scène des couples modernes, exclusivement citadins, qui ont des problèmes de couples modernes. La famille élargie (grands-parents, oncles, cousins) reste au second plan et même peut disparaître totalement. D’un point de vue sociologique, cela constitue un progrès indéniable car c’est dans ce cadre restreint, loin du regard des parents, que la femme peut jouir d’un statut égal à celui de son partenaire, notamment sur le plan sexuel. Comme nous le montre Naguib Mahfouz dans sa trilogie du Caire, la sexualité dans la famille traditionnelle est le monopole du père. Celui-ci s’adonne à l’amour physique de manière intensive mais toujours hors du foyer conjugal avec les prostituées des maisons closes qu’il fréquente. La mère de famille après avoir donnée naissance aux héritiers est donc ravalée à la position d’une vieille domestique que son maître ne remarque même plus. A partir des années soixante, on voit se multiplier les films et les romans dans lesquels les jeunes filles se rebellent contre cet ordre traditionnel qui ne fait aucun cas de leurs aspirations et de leurs désirs. Et souvent, elles finissent par triompher. Au début des années soixante-dix, on a l’impression que les auteurs et les scénaristes considèrent que la révolution a eu lieu, que le vieux monde est mort et que désormais les individus jouissent des mêmes droits quelque soit leur sexe. Evidemment, l’histoire montrera que ce fut une belle illusion.
Et justement, ces 24 heures d’amour reposent sur cette illusion. Nous avons trois couples dans lesquels les femmes sont des êtres libres (elles disposent de leur temps comme elles l’entendent), autonomes (elles travaillent) et épanouies (leurs professions respectives leur permettent d’avoir des relations sociales nombreuses et diversifiées). Elles croient que leurs maris leur ont été infidèles et pour se venger, elles n’hésitent pas à entamer une grève du sexe, à la manière des personnages d’Aristophane dans Lysistrata (C’est parfois en s’inspirant de l’antiquité que la modernité triomphe de la tradition !). Les hommes ne savent plus que faire pour reconquérir leurs compagnes. Ils ont bien compris que toute manifestation d’autorité rendrait encore plus improbable une éventuelle réconciliation. Alors, ils trépignent, supplient et courent avec l’énergie du désespoir après leurs bien-aimées qui se dérobent sans cesse à leurs embrassements. Dans son genre, 24 heures d’amour a un petit côté anti-macho presque féministe.
Mais après toutes ces considérations, il est temps de passer à la seule question qui compte : que vaut cette comédie sur le plan artistique ?
Les images du générique du début sont accompagnées par une musique guillerette interprétée au kazoo. C’est à peine supportable et on se dit : tiens, encore un navet ! Et puis, progressivement, on comprend que le film vau mieux que cette entrée en matières. Bien sûr, le déroulement de l’intrigue est assez classique, pas de suspens, pas de surprise. On se doute que les six personnages finiront par se réconcilier et que l’union charnelle tant attendue aura bien lieu (hors caméra !). Mais le rythme de la comédie est vif, sans temps morts. Le spectacle des trois hommes plongés dans les affres de la frustration sexuelle est souvent fort drôle. Des trois couples, c’est celui formé par Hassan Youssef et Soheir Ramzy qui est au centre de la comédie. On les retrouve dans les scènes les plus osées du films, l’un et l’autre faisant preuve d’une énergie et d’une sensualité que les autres acteurs ont bien du mal à égaler. Notons enfin, que le mauvais goût des tenues portées par Soheir Ramzy est véritablement jubilatoire ! Durant la fête improvisée chez Mona (le personnage incarné par Soheir Ramzy), on peut entendre Sex Machine de James Brown : voilà un choix judicieux pour cette comédie érotique furieusement seventies !

Appréciation : 3/5
***
Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

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