Histoire du cinéma égyptien par les films. Les chefs d'oeuvre, les succès populaires, les navets. Les stars, les cinéastes, les danseuses, les chanteurs de l'âge d'or du cinéma égyptien. Histoire des studios Misr. La comédie des années trente aux années soixante-dix. Le cinéma égyptien dans les festivals.
dimanche 3 novembre 2024
vendredi 1 novembre 2024
A la télé : les films du jour (Rotana Classic du 1er au 5 novembre)
روتانا كلاسيك
La Boulangère d'Hassan Al Imam (Baiat al khoubiz, 1953)
Vendredi 1er novembre à 18h30
Monsieur Omar de Niazi Mostafa (Si Omar, 1941)
Quels films peut-on voir sur la chaîne Rotana Classic ? Les horaires donnés sont ceux de l'après-midi ou de la soirée (heure de Paris). La plupart des films sont ensuite rediffusés le lendemain matin.
Rotana Classic a remplacé Rotana Zaman en 2012. Cette chaine fait partie du groupe Rotana basé en Arabie Saoudite et spécialisé dans le divertissement (télévision et musique). Celui-ci a été créé par le prince Al-Walid ben Talal ben Abdelaziz Al Saoud, membre de la dynastie Al Saoud et petit-fils du fondateur de l'Arabie Saoudite. Comme son nom l’indique, Rotana Classic diffuse essentiellement les grands classiques du cinéma égyptien. Disponible en France.
Mardi 5 novembre à 16h
La Fin de l’Amour d’Hassan El Seifi (Nihayat Hobb, 1957)
avec Sabah (Sawsan), Chukry Sarhan (Ahmed), Magda (Fatma), Serag Mounir (le père de Sawsan), Ferdoos Mohamed (la mère de Fatma), Adli Kasseb (le juge), Abdel Salam Al Nabulsi (le soupirant de Sawsan), Olwiya Gamil (la mère d’Ahmed), Mahmoud El Meleigy (le père d’Ahmed)
Scénario : Mohamed Othman
D'après "The Place in the Sun", film américain de George Stevens (1951) avec Elizabeth Taylor et Montgomery Clift.
Musique : Atiah Sharara
Production : Les Studios Misr et les Films Hassan El Seifi
Drame sentimental. Fatma est très amoureuse de son voisin Ahmed et elle l’aide financièrement en lui versant une partie de son salaire. Même quand il est condamné à de la prison pour cambriolage, elle continue à l’aimer. Après sa libération, c’est encore grâce à Fatma qu’Ahmed trouve un emploi dans l’usine où elle travaille. Mais le jeune homme fait la connaissance de Sawsan, la fille du patron. Cette dernière n’est pas insensible au charme de ce nouvel employé et elle l’invite à la fête qu’elle donne pour son anniversaire. Lors de cette soirée, Ahmed boit plus que de raison et il rentre chez lui passablement alcoolisé. Dans l’escalier de l’immeuble, il tombe nez à nez sur Fatma qui l’attendait. Il se jette sur elle et la force à avoir un rapport sexuel. Après cette fête d’anniversaire, les relations entre Sawsan et Ahmed sont de plus en plus tendres. Ils passent de longues heures ensemble. Le père de la jeune femme ne voit pas d’un mauvais œil cette idylle naissante…
Notre avis : un remake honorable d'un chef d'oeuvre du cinéma américain même si Sabah n' a évidemment pas le magnétisme d'Elizabeth Taylor. Dans ce film, la chanteuse libanaise capte toute la lumière grâce à son abattage légendaire mais son personnage, très superficiel ne présente pas un grand intérêt. En revanche, celle qui retient l’attention du spectateur c’est l’autre vedette féminine du film, Magda qui par son jeu tout en retenue exprime avec une grande sensibilité les tourments de son personnage. L’une des plus belles scènes de ce drame, c’est assurément celle où Magda et Shukry Sarhan, sensationnel en jeune homme lâche et veule, se retrouvent en pleine nuit dans la cage d’escalier de leur immeuble : quelques paroles chuchotées, quelques gestes esquissés, de longs regards échangés et tout est dit.
Lundi 4 novembre à 18h30
La Boulangère d'Hassan Al Imam (Baiat al khoubiz, 1953)
avec Amina Rizq (Khadija/Halima), Shadia (Nehmat, la fille de Khadija), Magda Al Sabahi (Nelly Abdul Hakim, la fille de Raïs Abdul Hakim), Zaki Rostom (Raïs Abdul Hakim/Gharib Abu Shamah), Omar El Hariri (Sami, le fils de Khadija), Soliman Naguib (Shafiq, le peintre, neveu de l’imam), Chukry Sarhan (l’ingénieur Medhat, le fils du directeur assassiné), Mahmoud Shoukoko (le livreur de pain), Hussein Riad (Massoud, le complice d’Abdul Hakim), Thoraya Helmy (une amie de Nehmat), Ibrahim Hechmat (le directeur de l’usine), Tousoun Motamad (faux témoin)
Scénario : El Sayed Bedeir et Hassan Al Imam
Musique et chansons : Berlanty, Abdel Halim Hafez, Fathy Qoura, Mahmoud Al Sharif, Hussein GuenidLa Boulangère est l’adaptation du roman de l’écrivain français Xavier de Montépin, La Porteuse de Pain (1884).
Mélodrame. Après la mort de son mari, Khadija reste seule avec son jeune fils. Elle a confié sa fille à un parent. Elle habite un appartement dans l’enceinte de l’usine où travaillait le défunt. Raïs Abdul Hakimn, le contremaître, tourne autour de la jolie veuve mais celle-ci a toujours repoussé ses avances. Désespéré, il lui écrit une lettre dans laquelle il lui redit son amour et lui annonce qu’il provoquera un incendie dans l’enceinte de l’usine et s’emparera d‘une invention qui le rendra immensément riche. Après l’avoir lue, Khadija jette la lettre mais elle ne voit pas que son fils l’a récupérée et qu’il l’a cachée dans son petit cheval de bois. Le contremaître met son plan à exécution : à la nuit tombée, il se rend dans le bureau du directeur de l’usine, vide le coffre-fort et met le feu dans la pièce. En quittant le bureau, il tombe sur le directeur qu’il étrangle. Il se rend ensuite chez Khadija pour la supplier de fuir avec lui. Elle refuse. De dépit, Raïs Abdul Hakim fait croire à tous les ouvriers que c’est la veuve qui a provoqué l’incendie à l’usine. Khadija a trouvé refuge chez l’imam de la mosquée mais elle est arrêtée peu après et comparaît en justice. Le tribunal la condamne aux travaux forcés. Elle perd la raison et elle est internée dans un hôpital psychiatrique. Les années passent, elle recouvre la raison et apprend que l’imam à qui elle avait confié son fils est mort et qu’on n’a plus aucune trace de ses deux enfants. Après l’hôpital, elle retrouve la prison mais elle s’évade. Elle se rend au Caire…
Notre avis : un superbe mélodrame. Hassan Al Imam adorait la littérature française et il goûtait tout particulièrement les romans-feuilletons du XIXe siècle avec leur foisonnement de péripéties dramatiques et de coups de théâtre parfois bien improbables . En 1948, il avait déjà adapté avec succès « les Deux Orphelines » d'Ennery et d’Eugène Cormon. Cette fois-ci, il s’attaque avec le même bonheur à « la Porteuse de Pain ». Hassan Al Imam et son scénariste sont parvenus à conserver de manière très fidèle les multiples fils de l’intrigue du roman français, tout en les transplantant dans l’Egypte de leur époque. Le film dure plus de deux heures mais on ne voit pas le temps passer : chaque séquence comporte son lot de révélations qui tient en haleine le spectateur. L’interprétation est remarquable et Zaki Rostom en criminel hanté par son passé nous offre l’une de ses plus belles prestations.
Dimanche 3 novembre à 15h
Lettre d’Amour d'Henry Barakat (Risalat Gharam, 1954)
avec Farid Al Atrache (Wahid), Maryam Fakhr Eddine (Elham/Widad), Kamal Al Shennawi (Rafaat), Hussein Riad (Professeur Sami), Abdel Salam El Nabolsi (Dabour), Omar El-Hariri (Samir), Zomoroda (Mimi), Thuraya Fakhry (Anayat Haneim), Abdel Aziz Hamdy (le père d’Ilham), Hind Rostom (Latifa), Aly Abd El Al (oncle de Wahid), Abbas Rahmy (le bijoutier)
Scénario : Youssef Issa et Henry Barakat
D’après un roman de l’écrivain français, Alphonse Karr, Sous les Tilleuls (1832)
Musique : Farid Al Atrache, Mamoun Al Shinnawi, Saleh Gawdat
Production : Films Farid Al Atrache
Wahid, un vieux chanteur couvert de gloire, se souvient de sa jeunesse et de son seul amour : la jeune femme s’appelait Elham et ils étaient follement amoureux l’un de l’autre. Ils s’étaient juré une fidélité éternelle et rêvaient de se marier. Wahid fit sa demande en mariage au père de sa bien aimée mais celui-ci s’opposa catégoriquement à ce projet : Wahid, qui rêvait de faire carrière dans la chanson, était trop pauvre. Il décida alors de se consacrer entièrement à son art pour gagner la gloire et la fortune et ainsi obtenir la main d’Elham. Malheureusement, l’un de ses amis, profitant de son retrait parvint à conquérir la jeune femme et à l’épouser…
Notre avis : on est un peu étonné d’apprendre que ce drame sentimental est inspiré d’une œuvre d’un écrivain français du XIXe siècle complétement oublié aujourd’hui. Alphonse Karr (1808-1890) a écrit u nombre considérable de romans évoquant des histoires d’amour compliquées avec des héros et surtout des héroïnes à la sensibilité exacerbée. Les auteurs de « Lettre d’Amour » ont trouvé dans « Sous les Tilleuls » tous les ingrédients d’un bon mélodrame. Le sentimentalisme du film a certes un peu vieilli mais le personnage du « méchant » incarné par l’impeccable Kamel Al Shennawi retient l’attention du spectateur jusqu’à la fin. Cet « ami » du héros qui détruit tout autour de lui avec un cynisme ahurissant fait partie de la grande famille des « monstres » qu’on adore détester. On peut voir aussi dans l’une des scènes du film, la toute jeune Hind Rostom qui ne parvient pas à troubler le héros malgré sa manière très suggestive d’enfiler ses bas !
Vendredi 1er novembre à 18h30
Monsieur Omar de Niazi Mostafa (Si Omar, 1941)
avec Zouzou Chakib (Lola, la sœur d’Omar), Naguib Al Rihani (Gaber/Omar), Mohamed Kamal El Masry (Gamil Bey, l’oncle d’Omar), Abd El Fatah El Kosary (Abdul Majid Sattour, le complice de Berlanta), Mimi Chakib (Berlanta), Stefan Rosti (l’avocat), Serag Mounir (le cousin d’Omar), Eglal Zaki (la chanteuse), Ali Kamal (l’employé indélicat), Mary Moneib (la tante d’Omar), Victoria Hobeika (la mère d’Omar), Abdel Aziz Khalil (le directeur de la pension), Abdel Aziz El Gahely (le vieux serviteur), Ali Abd El Al (le commerçant), Ahmed Shoukry (l’astrologue indien), Abdel Aziz Al Ahmed (Kawara, le voleur de rue), Eskandar Menassa (le traducteur de l’astrologue)
Scénario : Naguib Al Rihani et de Badie Khairy d’après la pièce du premier Si j’étais beau (1938). Musique : Mohamed Hassan Al Shugai, Riad Al Sonbati, Badyah Sadek, Ibrahim Hussein, Mohamed El-Kahlawy
appréciation : 3/5
Gaber est un modeste employé travaillant dans l’exploitation agricole du très puissant Omar Al Alfy. Un jour il découvre dans les comptes du domaine de nombreuses irrégularités. Il en informe la direction. On le licencie aussitôt. Gaber décide de monter au Caire pour trouver du travail. Dans le train il se retrouve en compagnie d’une jeune femme très séduisante et d’un homme à la mine patibulaire. Ce dernier est un chef de gang du nom d’Abdel Majid Satour. Il est recherché par la police et pour échapper à l’arrestation en gare du Caire, il glisse un collier de très grande valeur dans la poche de Gaber. La jeune femme a surpris la manœuvre du voleur. En descendant du train, Abdel Majid Satour est intercepté par la police. La jeune femme en profite pour entraîner chez elle Gaber afin de récupérer le collier. Elle parvient à faire croire au pauvre employé qu’elle est la propriétaire de ce bijou et qu’elle pourrait très bien le dénoncer pour ce vol. Gaber la supplie de n’en rien faire. Cette femme qui se prénomme Berlanta est à la fois amusée et intriguée par sa « victime ». Elle est amusée par sa naïveté mais aussi intriguée par sa ressemblance frappante avec le milliardaire Omar Al Alfy dont elle prétend être l’épouse mais qui vit depuis plus de vingt en Inde. Elle est bien décidée à exploiter cette similitude. En attendant, Gaber se retrouve à la rue, ne sachant où dormir, et c’est la malchance qui le poursuit impitoyablement : il tombe entre les griffes d’un voleur qui le dépouille de tout ce qu’il possède, puis il se retrouve nez à nez avec Abdel Majid Satour. Ce dernier est très heureux de cette rencontre : il a cherché Gaber dans tous les hôtels de la ville afin de récupérer son collier. Quand Satour comprend que Gaber ne l’a plus, il décide de le séquestrer dans son repaire. Il va même le forcer à devenir un voleur comme lui. Un jour, Gaber voit par la fenêtre Berlanta monter dans une voiture. Avec Satour, il décide de la suivre. C’est ainsi qu’ils se retrouvent devant le palais de la famille d’Omar Al Alfy. Les domestiques qui les reçoivent sont convaincus d’être en présence de leur maître de retour après une si longue absence…
Si Omar est la deuxième collaboration entre Naguib Al Rihani et Niazi Mostafa. La première était Salama fi Khair (Salama va bien, 1937) qui figure dans la liste des cent meilleurs films de l’histoire du cinéma égyptien.
Notre avis : cette comédie se compose de deux parties aux styles très différents. Dans la première heure du film, on assiste à l’arrivée de Gaber au Caire après son renvoi. Il tombe sous la coupe du terrible Abd Al Majid Satour et progressivement devient son complice. Le réalisateur a fait ses études cinématographiques en Allemagne et l’influence de certains cinéastes européens est évidente dans la manière d’évoquer le petit peuple, honnête ou pas, de la capitale égyptienne. Les scènes se déroulant dans le repaire d’Abd Al Majir Satour rappellent aussi bien le réalisme poétique français que l’expressionnisme allemand.
La seconde partie, moins originale que la précédente, se passe dans un lieu unique : Gaber et son mentor s’installent dans l’hôtel particulier de la famille de Si Omar. Nous retrouvons l’atmosphère des comédies conventionnelles se déroulant dans un milieu aisé avec domestiques, jeunes femmes élégantes et messieurs en smoking. Le tout est un peu théâtral mais le talent du grand acteur Naguib Al Rihani nous fait bien vite oublier ce petit défaut.
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