lundi 30 avril 2018

Les réalisateurs : Henry Barakat (1914-1997) suite et fin

هنري بركات


Quarante films d'Henry Barakat ont fait l'objet d'une présentation dans ce blog :


L’Histoire de mon Amour  (Kesat Hoby, 1955)
avec Farid Al Atrache (Farid), Iman (Amira), Serag Mounir (le père d’Amira), Abdel-Wareth Asar (l’oncle de Farid), Mary Ezzel Din (la mère d’Amira), Wedad Hamdy (la servante), Thuraya Fakhry (l’animatrice de la vente de charité), Nelly Mazlom (la danseuse), Sharif Nour El Din (un médecin), Ali Kamal, Berlanti Abdel Hamid, Kawthar Shafik, Ehsan El Qalawy
Scénario : Youssef Assi, Henry Barakat, Farid Al Atrache
Musique et chansons : Farid Al Atrache et Abdel Aziz Salam
Production : Farid Al Atrache


Drame en chansons. Un chanteur célèbre tombe amoureux d’une jeune aristocrate qu’il rencontre dans une fête. Celle-ci est en fait amoureuse de lui depuis longtemps mais jamais elle n’avait osé se déclarer. Ils se fréquentent régulièrement et les parents de la jeune fille sont très heureux de cette relation. Mais le jour où l’artiste veut faire sa demande en mariage officielle il apprend que l’élue de son cœur est déjà fiancée au roi. Le chanteur est fou de chagrin. Il tombe malade…

Notre avis : dans la comédie, Farid Al Atrache est capable d’autodérision. Dans le drame, en revanche, il semble comme figé dans son personnage de chanteur célèbre, adulé par la foule mais malheureux en amour. Cette « Histoire de Mon Amour » bien sirupeuse ne fait pas exception à la règle. On peut voir Farid Al Atrache, le visage crispé et la démarche solennelle, déambuler parmi ses admirateurs extatiques avant de rejoindre la scène, où entouré de tous ses musiciens, il chante son désespoir infini. Et on retrouve cette situation pour quasiment toutes les chansons interprétées par le grand artiste avec moult gros plans sur les visages des auditeurs transportés de bonheur. Ici, cette unanimité dans la dévotion n’échappe pas au ridicule. On aurait aimé un adversaire, un rival qui manifeste de l’hostilité à l’égard de l’idole mais, pas une seule note discordante dans le concert de louanges ! Farid Al Atrache a participé au scénario et il n’est pas étonnant d’y retrouver de manière très explicite des épisodes de sa propre vie. En 1952, il était tombé follement amoureux de la seconde épouse du roi Farouk. Après la séparation du couple royal, le chanteur et la reine étaient devenus amants mais la famille de cette dernière avait mis un terme à leur relation. Farid Al Atrache avait alors sombré dans une profonde dépression. Dans ce film, la reine devient une jeune aristocrate incarnée par la toute jeune Iman dont Henry Barakat et son opérateur ont su exalter l’éclatante beauté.


Filles d'aujourd'hui (Banat Al Youm, 1956)
avec Ahmed Ramzy (Fathi), Abdel Halim Hafez (Khaled), Magda Al Sabahi (Salwa), Serag Mounir (le docteur Lotfi), Amal Farid (Layla), Cariman (Buthaïna, la meilleure amie de Layla), Thuraya Fakhry (la mère de Buthaïna), Nawal Mustafa (Najwa), Ellen Diato (Sonia)
Scénario : Henry Barakat et Youssef Issa
Musique : Mohamed Abdel Wahab
Production : les Films Mohamed Abdel Wahab

L’une des scènes du film reprend à l’identique des éléments du chef d’œuvre du cinéma américain, Une Place au Soleil de George Stevens (1951). Même cadre : une fête dans une grande maison de maître ; même musique : Barakat utilise le thème du film américain composé par Franz Waxman ; mêmes costumes : les deux sœurs Salwa et Layla portent une robe identique, copiée sur celle que porte Liz Taylor dans le film de George Stevens ; et même coiffure : Amal Farid a été coiffée pour ressembler au plus près à la jeune actrice américaine. Hommage ou plagiat ?


Comédie musicale. Suleiman Lotfi est un gynécologue qui a trois filles. Salwa est l’aînée, c’est une fille douce et raisonnable qui depuis la mort de leur mère s’occupe de ses deux sœurs plus jeunes, Layla et Najwa. Si la seconde est encore une enfant, la première est une jeune fille insouciante et frivole qui ne pense qu’à s’amuser avec Buthaïna, sa meilleure amie. Fathi, un artiste peintre, est tombé amoureux de Salwa et son ami Khaled veut l’aider à conquérir la jeune fille. Celui-ci est d’autant mieux placé pour le faire qu’il connaît personnellement le docteur et que tous les deux fréquentent le même club. Khaled va sympathiser avec Salwa et provoquer une rencontre avec Fathi. De son côté, il n’est pas insensible au charme de Layla, la deuxième fille du docteur Lotfi. Ils finissent par sortir ensemble et échafaudent des projets communs. Mais les événements à venir vont révéler que Khaled et Salwa sont irrésistiblement attirés l’un vers l’autre…

Notre avis : une très belle comédie musicale avec en vedette celui qui s’apprête à détrôner Farid Al Atrache, le tout jeune Abdel Halim Hafez (aucune rivalité entre les deux hommes qui étaient amis). Les cinq chansons qu’il interprète dans ce film ont été composées par Mohamed Abdel Wahab et parmi elles, figure « Awak » (Je vous Adore), l’un des plus grands « tubes » du chanteur. Henry Barakat peint avec sensibilité et subtilité la naissance de l’amour qui provoque la plus grande confusion dans les cœurs de ses jeunes héros. Amal Farid et Cariman jouent avec un naturel sidérant les jeunes filles complices et insouciantes (destins parallèles de ces deux actrices : elles débutent en même temps et mettent brutalement un terme à leur carrière l’une en 1967 et l’autre en 1968, alors qu’elles ont à peine trente ans.)


Rendez-Vous d'Amour (Mawad gharam, 1956)
avec  Faten Hamama (Nawal), Abdel Halim Hafez (Samir), Imad Hamdi (Kamal, l’ami de Nawal), Zahrat Al Oula (Zahra), Rushdy Abaza (Mamdouh, le petit ami de Zahra), Adly Kasseb (le médecin)
Scénario : Henry Barakat et Youssef Issa
Musique : Mohamed El Mougy, Mahmoud El Sherif, Kamal Al Tawil, Mamoun Al Shinnawi
Production : Wahid Farid et Ramses Naguib


Samir est un jeune homme oisif qui passe le plus clair de son temps à jouer aux courses et à courtiser les filles. Un jour alors qu’il retourne au Caire après avoir séjourné à Alexandrie dans l’hôtel de luxe Beau Rivage, il rencontre dans le train une jeune fille qu’il entreprend aussitôt de séduire. Malheureusement pour lui, celle-ci est assez peu sensible à son charme et elle ne cache pas son irritation dès qu’il tente d’amorcer la conversation. La jeune femme s’appelle Nawal et elle travaille pour un journal dont elle dirige le courrier du cœur. A la gare, elle est accueillie par Zahra, son amie fleuriste et elles partent toute les deux en voiture sans que Nawal ait daigné jeter un regard à Samir qui lui dit au revoir d’un signe de la main. Au journal, elle s’aperçoit que la valise qu’elle a avec elle n’est pas la sienne. En l’ouvrant, elle découvre que c’est celle de Samir. Elle contient un grand nombre de photos du garçon en compagnie de différentes jeunes femmes. Nawal comprend à qui elle a affaire et quand Samir se présente au journal pour récupérer son sac, elle ne lui cache pas le peu de sympathie qu’il lui inspire. Loin de se décourager, Samir multiplie les rencontres. Où qu’elle aille, il s’ingénie à la croiser. Nawal est excédée et elle lui demande de disparaître de sa vie. Samir accepte de la laisser tranquille car il croit qu’elle est amoureuse de Kamal, un ami de longue date. Très vite, Nawal ressent un certain malaise : Samir lui manque...


Je n’ai que toi  (malish gherak, 1958)
avec Farid Al Atrache (Ahmed), Mariam Fakhr Eddine (Basimah), Amal Farid (une soeur de Basimah), Aleya Bassim (une soeur de Basimah), Rushdy Abaza (Fathy), Hassan Fayek (Fayzi Bey, le patron de Fathy et le père de Basimah), Omar El Hariri (le fiancé de l’une des soeurs de Basimah), Farouk Agrama (le fiancé de l’une des soeurs de Basimah), Mimi Chakib (la femme de Fayzi Bey), Suzi Khairy (la danseuse), Adly Kasseb (le médecin)
Histoire et dialogues : Badie' Khairy
Scénario : Henry Barakat et Youssef Issa
Un remake de la comédie musicale américaine Ô toi ma charmante (titre original : You Were Never Lovelier) réalisée par William A. Seiter 1942 avec Rita Hayworth et Fred Astaire.
Musique : Farid Al Atrache


Comédie musicale. Ahmed est un chanteur qui a la passion des chevaux et des courses. C’est dans un haras qu’un jour, il retrouve son ami Fathy. Les deux camarades ne s’étaient pas vus depuis des années. Fathy travaille pour un riche chef d’entreprise et il propose à Ahmed qui est sans le sou de le rencontrer. Ce patron un peu fantasque a un souci : sa fille aînée, Basimah refuse de se marier et les jeunes sœurs de cette dernière sont furieuses car elles sont contraintes de demeurer célibataires tant que leur grande sœur le restera. Lors d’un mariage, la famille et les amis du chef d’entreprise ont l’occasion d’apprécier la sensibilité et la virtuosité du jeune chanteur. Ceci va donner une idée au père de Basimah : il va utiliser le talent poétique d’Ahmed pour amener sa fille aînée à envisager l’amour avec plus de bienveillance. Chaque jour, elle recevra une lettre enflammée d’un amoureux anonyme et c’est Ahmed qui sera chargé de l’écrire…


Jusqu’à ce que nous nous rencontrions (Hataa nultaqii, 1958)
avec Faten Hamama (Amal), Imad Hamdy (Mamdouh Galal), Ahmad Mazhar (Ahmed, le metteur en scène), Omar El Hariri (Salah, un acteur), Zahrat Al Oula (Nawal, la femme de Mamdouh), Serag Mounir (Sharif, le père d’Alma, Aliya Fawzy (Fatima), Zaki Ibrahim (le vieux conteur du palais en ruine), Nelly (Amal enfant), Aziza Helmy (la mère d’Alma), Nadia Habib (la fille de Mamdouh), Monir El Fangary (Hussein), Mokhtar El Sayed (Abdo), Essmat Mahmoud (Warda, la servante d’Amal)
Scénario : Youssef Issa
Production : Ramsès Naguib


Amal est une petite fille qui vit avec sa mère. Ses parents ont divorcé et elle souffre beaucoup de cette séparation. Son père a une nouvelle compagne et il poursuit sa carrière de comédien célèbre. Sa mère a renoncé au théâtre pour s’occuper de son enfant. Même si Amal n’apprécie pas sa belle-mère, elle continue de voir régulièrement son père qu’elle aime toujours autant. Grâce à lui, elle va faire ses premiers pas au cinéma et elle va adorer ça. Les années passent. Amal est devenue une actrice célèbre. Sa mère est morte mais elle a toujours son père. Ce dernier aurait souhaité qu'elle vive avec lui mais elle a refusé à cause de la présence de sa belle-mère. Amal a préféré habiter seule dans un grand appartement. Pourtant, l’un des acteurs avec qui elle travaille lui a dit à plusieurs reprises qu’il l’aimait et qu’il souhaitait l’épouser. Malgré l’affection qu’elle lui porte, elle s’est toujours refusée à lui. L’histoire de ses parents l’a convaincue que l’amour n’apportait que chagrin et désillusion et elle est bien décidée à ne jamais y succomber. Un jour, par le plus grand des hasards, elle se retrouve dans la voiture du célèbre écrivain Mamdouh Galal. Elle est séduite par l’intelligence et la culture de celui-ci. Après plusieurs rencontres, un baiser finit par être échangé. Problème : Mamdouh Galal est déjà marié et il a une petite fille…

Notre avis : une intrigue de roman à l'eau de rose mais le film a un charme indéniable. L'évocation des coulisses de théâtre et des plateaux de cinéma est assez réussie. Et puis il y a quelques chose de très émouvant à voir jouer ensemble la toute jeune Nelly à l'aube de sa carrière -elle n'a que neuf ans !- et l'immense Serag Mounir dont ce sera le dernier film.


L'Appel du Courlis ou La Prière du Rossignol (Doa al karawan, 1959)
avec Ahmed Mazhar (l’ingénieur), Zaki Ibrahim (le père de l’ingénieur), Faten Hamama (Amina), Zahrat Al Oula (Hanadi), Amina Rizq (Zarah), Edmond Tuema (le professeur de français), Ragaa El Geddawy (la fille du commissaire), Hussein Asar (le commissaire de la ville), Nahed Samir (la femme du commissaire), Abdel Halim Khattab (l’oncle), Mimi Chakib (Zenouba)
Adaptation du roman de Taha Hussein, L'Appel du Courlis (1934)
Scénario : Henry Barakat et Youssef Gohar
Musique : André Ryder
Production : les films Barakat
Figure dans la liste des quinze meilleurs films égyptiens de tous les temps.
appréciation : 5/5



Drame. Bani Warkan est une petite ville au cœur des montagnes où vit Amina avec sa sœur Hanadi et ses parents, Khader et Zarah. Cette famille de bédouins mène une existence laborieuse mais les trois femmes sont courageuses. Malheureusement, le père est un débauché qui dépense tout son argent dans les plaisirs. Un jour, c'est le drame : il est assassiné. L'oncle Khal Jaber ordonne à sa sœur et à ses nièces de quitter le pays, le temps que les gens oublient le scandale. Les trois femmes se lancent dans un long périple qui les mène dans une ville. Elles louent une petite maison mais il faut trouver du travail au plus vite. Grâce à un intermédiaire, les deux filles sont embauchées comme femme de chambre.. Hanadi doit travailler chez l’ingénieur en charge de l’irrigation tandis qu’Amina entre au service du commissaire de la ville, de sa femme et de sa fille Khadija. Cette dernière a le même âge qu’Amina. Entre les deux jeunes filles, la complicité est totale. Khadija apprend à Amina la lecture et l’ouvre à la culture. Le sort d’Hanadi est moins heureux. Son maître est célibataire et il a profité de son inexpérience pour abuser d’elle.



Hassan et Naïma (1959)
avec Muharam Fouad (Hassan), Soad Hosny (Naïma), Wedad Hamdy (Fatima), Hassan El Baroudy (l’oncle Abdulaq), Mahmoud El Sabba (Atwa, le cousin de Naïma), Hussein Assar (Metwali, le père de Naïma), Naïma Wasfi (mère d’Hassan), Lotfy El Hakim (le maire), Layla Fahmy (servante), Neimat Mokhtar (danseuse), Mohamed Tawfik (Ibn Sabiha), Abdelalim Khattab (Cheikh Abdoul Basit), Ibrahim Saafan (Kamal Abou Hussein)
d’après un récit d’Abdel Rahman El Khamisy
Scénario : Henry Barakat et Abdel Rahman El Khamisy
Musique et chansons : Mohamed Abdel Wahab, Morsi Gamil Aziz, André Ryder, Mohamed Al Mogi, Abdel Rahman El Khamisy
Production : Les Films Abdel Wahab et Henry Barakat
figure dans la liste des 100 films les plus importants de l'histoire du cinéma égyptien


Drame. Metwaly est un riche paysan qui ne pense qu’à accroître sa fortune et agrandir son domaine. Sa fille Naïma est tombée amoureuse d’un jeune chanteur du nom d’Hassan. Régulièrement, ils se retrouvent en cachette et se promettent l’un à l’autre. Malheureusement Metwaly a d’autres projets pour sa fille. Il souhaite qu’elle épouse Atwa, un cousin. Cet homme n’a rien d’aimable et il a demandé la main de Naïma uniquement pour devenir le propriétaire des terres de son oncle. Metwaly pour se débarrasser du jeune amoureux de sa fille décide de précipiter la date du mariage. Naïma ne peut l’accepter : elle s’enfuit et trouve refuge chez la mère d’Hassan. Mais on la retrouve bien vite et elle doit retourner chez son père… 
C'est le premier film de Soad Hosny. Elle a seize ans.

Notre avis : un Roméo et Juliette égyptien mais qui à l’inverse de son modèle britannique se termine bien. Une histoire d’amour parfois émouvante même si on pourra regretter le jeu un peu mièvre de la toute jeune Soad Hosny. Pour nous, l’intérêt principal du film repose essentiellement sur sa peinture très réaliste des .mœurs rurales de l’époque. Une bande originale somptueuse due à la collaboration de trois grands compositeurs.


Les Rivages de l'Amour ( Shatie El Hub, 1961)
avec Farid Al Atrache (Mamdouh), Gomaha Edriss (le serviteur de Mamdouh), Samira Ahmed (Lily), Hussein Asr (Docteur Ibrahim, le père de Lily), Kariman (Soheir, la cousine de Mamdouh), Zaki Ibrahim (un médecin), Taheya Carioca (la mère de Lily), Fakher Fakher (le réalisateur), Nahed Samir (la mère de Soheir), Salah Nazmi (l’amant de la mère de Lily), Katkota (une danseuse), Ali Abd El Al (le père de Soheir), Esmat Mahmoud (une amie de Soheir), Kawthar Ramzy (la servante de la mère de Lily)
Scénario : Henry Barakat, Abdel Aziz Salam, Youssef Issa
Musique : Farid Al Atrache
Production : les films Farid Al Atrache
A ne pas confondre avec Le Rivage de l'Amour (Shati' el-gharam), un film qu’Henry Barakat réalisa en 1950.


Comédie musicale. Lily a grandi seule avec son père, le docteur Ibrahim. Celui-ci a toujours prétendu que sa mère était morte alors qu’elle était bébé. Lily est devenue une ravissante jeune fille. Un jour, elle fait la connaissance de Mamdouh, un célèbre chanteur, alors que celui-ci est en train de tourner un film. Ils tombent amoureux l’un de l’autre. Mamdouh fait sa demande en mariage auprès du père de Lily mais celui-ci manifeste une certaine réticence. La jeune fille finit par apprendre que sa mère n’est pas morte mais qu’elle est danseuse dans un cabaret. Son père tente de convaincre son ancienne épouse de renoncer à son activité pour ne pas mettre en péril le projet de mariage de leur fille mais le propriétaire du cabaret qui est aussi l’amant de la mère s’y oppose. Pendant ce temps-là, Mamdouh est déçu par la soudaine froideur de sa bien-aimée. Pour se consoler, il s’est rapproché de sa cousine Soheir qui a toujours rêvé de devenir sa femme…


Un Homme dans notre Maison (Fi Beitna Ragol, 1961)
avec Zubaida Tharwat (Nawal, la plus jeune fille de Zaher Effendi), Omar Sharif (Ibrahim Hamdy), Roshdy Abaza (Abdel Hamid Zaher), Zahrat Al Oula (Samia, la fille aînée de Zaher Effendi), Hussein Riad (Zaher Effendi), Nahed Samir (la femme de Zaher Effendi), Naqba (la servante), Hassan Youssef (Mohy Zaher), Aziza Badr, Abdel Moneim Basiony, Youssef Shabaan (un camarade d’Ibrahim), Abbas Rahmi (le premier ministre), Tawfiq El Deken (le directeur de la police politique), Hosni Abdel Jalil (le capitaine Ezzat), Kamal Elzeiny (un étudiant nationaliste)
Scénario et dialogues : Ihsan Abdul Kuddus, Youssef Issa, Henry Barakat
Musique : Fouad El Zahiry
Production : Henry Barakat


Drame. Nous sommes en février 1946. Ibrahim Hamdy est un militant nationaliste qui a exécuté le premier ministre afin de dénoncer la complicité du gouvernement avec l’occupant britannique. Il est arrêté par la police mais il parvient à s’échapper. Il trouve refuge chez son ami Mohy. La famille de celui-ci est au départ hostile à la présence de cet invité encombrant mais tout le monde finit par l’accepter. Nawal, la plus jeune sœur de Mohy, accepte de faire le lien entre Ibrahim et ses amis afin d’organiser sa fuite à l’étranger. C’est sans compter Abdel Ihamid, un jeune homme sans scrupule qui rêve d’épouser Samia, l’autre sœur de Mohy. Il a compris qui se cachait dans l’appartement. Il compte bien exploiter cette découverte à des fins personnelles…

Notre avis : une oeuvre magistrale sur la révolte des étudiants de 1946. Un face à face haletant entre Omar Sharif, le résistant intègre et Rushdy Abaza, le "bad boy" sans scrupule.


Un Jour sans Lendemain (Youm bela ghad, 1962)
avec Farid El Atrache (Mamdouh), Maryam Fakhr Eddin (Layla), Zizi El Badraoui (Souad), Youssef Fakhr El Din (Adel), Mohamed Sultan (Hussein, l’amoureux de Souad), Nahed Sabry (la danseuse), Zaki Rostom (Taher), Ahmed Loxer (Saleh), Abdel Khalek Saleh (le médecin)
Scénario : Henry Barakat
Dialogues : Youssef Issa
D’après la pièce du dramaturge germano-britannique Rudolf Wilhelm Besier (1878-1942), The Barretts Of Winpoile Street. Cette pièce qui raconte la vie de la poétesse et essayiste Elizabeth Barrett Browning (1806-1861) a été adaptée à deux reprises par le réalisateur américain Sidney Franklin, la première fois en 1934, la seconde en 1957.
Musique : Farid Al Atrache
Paroles des chansons : Fathy Qoura, Kamel Al Shennawi, Morsi Gamil Aziz
Production : Les films Farid Al Atrache


Layla est une jeune femme handicapée qui a perdu sa mère alors qu’elle était enfant. Son beau-père lui a toujours manifesté une grande affection. Il veille sans relâche sur sa santé et son bien-être. Layla est passionnée par l’écriture et elle compose des poèmes. Elle a envoyé certains d’entre eux à Mamdouh, un célèbre chanteur qui, impressionné par la beauté de ces textes, décide de les mettre en musique. Malgré les réticences de Layla, les deux artistes finissent par se rencontrer et ils tombent aussitôt amoureux l’un de l’autre. Cet amour a des effets bénéfiques sur l’état physique de Layla : elle commence à retrouver l’usage de ses jambes. Mais cette situation déplait fortement à son beau-père. On comprend que celui-ci est secrètement amoureux de Layla et qu’il entend repousser sans ménagement tout prétendant qui se présentera à son domicile…


La Porte Ouverte (Elbab Elmaftouh,1963) 
avec Faten Hamama (Layla), Saleh Selim (Hussein), Mahmoud Morsi (Fouad, le professeur de philosophie de Layla), Jacob Michaël (le père de Layla), Hassan Youssef (Isam, le cousin de Layla), Shweikar (Djamila, la cousine de Layla), Mimi Chakib (la tante de Layla), Mahmoud El Hedini (Mahmoud, le frère de Layla), Seham Fathy (une camarade de Layla), Nahed Samir (la mère de Layla), Nawal El Saghira (la petite fille), Hussein Ismail (le mari de Djamila), Khadiga Mahmoud (Saïda, la servante), Ali Mostafa (l’un des révolutionnaires arrêtés), Samir Shedid (Sedky, l’amant de Djamila)
d'après un roman de Latifa Al Zayyat 
Scénario : Youssef Issa, Henry Barakat, Latifa Al Zayyat
Musique : André Ryder
Production : Henry Barakat


Nous sommes en 1951, à la veille de la chute du roi Farouk. Layla est une jeune lycéenne qui prend une part active dans toutes les manifestations organisées pour réclamer le départ du monarque. Quand son père découvre son implication dans le mouvement révolutionnaire, il devient fou de rage et la corrige de manière brutale. Heureusement, Layla trouve du réconfort auprès de son cousin Isam qui vit avec sa mère dans l’appartement au-dessus de celui de ses parents. Une idylle naît entre eux mais le comportement du jeune homme va décevoir Layla et elle va renoncer à l’amour jusqu’à sa rencontre avec Hussein, un militant révolutionnaire, ami de son frère…

Notre avis : un très grand film mettant en valeur le rôle des femmes dans la chute de la monarchie en 1952. Faten Hamama est incroyablement émouvante dans le rôle d’une jeune lycéenne qui combat un régime politique archaïque et qui en même temps doit affronter la domination des hommes de son entourage. Comme dans d’autres films, Henry Barakat sait avec une rare habileté mêler le politique et l’intime. La musique d’Andre Ryder, d’une grande force lyrique, n’est pas étrangère à la beauté de cette « Porte Ouverte ».


Le Prince de la Ruse (Amir Al Dahaa', 1964)
avec Farid Shawki (Hassan/le Prince de la Ruse), Abdel Halim Khatab (Abdul Jalil), Shweikar (Yasmine), Tawfik El Deken (Jafar), Naima Akef (Zumarad), Mahmoud Morsi (le chef de la police), Hussein Asar (Sheikh Fadel), Omar Afifi (Sheikh Al Mansour), Abdel Rahim El Zarakany (le gouverneur), Ahmed Loxer (Chahine), Hassan Al Baroudi (Metwali), Ibrahim Hechmat (le père d’Hassan), Mohamed Faraj (l’assistant du Prince de la Ruse), Kanaan Wasfy (Raïs Ismaïl), Shafik Nour El Din (Sheikh Galal), Shaladimo (le gardien de prison)
Seconde adaptation réalisée par Henry Barakat du Comte de Monté Christo, roman d’Alexandre Dumas (La première date de 1950.)
Scénario et dialogues : Youssef Issa et Henry Barakat
Musique : Michel Youssef et Ahmed Sedky
Production : Henry Barakat


Hassan El Hilaly est arrêté le jour de son mariage à la suite d’une dénonciation calomnieuse de trois de ses ennemis. Il est emprisonné sans jugement dans un cachot. En creusant un trou dans l’un des murs de sa cellule, il parvient à entrer en communication avec un autre prisonnier. C’est un très vieil homme à la vaste culture. Pendant toutes ses années de détention, Hassan va acquérir grâce à lui des connaissances dans tous les domaines du savoir. Avant de mourir, son compagnon lui révèle l’emplacement d’un trésor qu’il a caché avant d’être condamné. Hassan est libéré. Il récupère le trésor de son ami et retourne dans sa ville pour se venger de ceux qui l’avaient dénoncé.

Notre avis : Henry Barakat propose une nouvelle version de son film de 1950, en technicolor et avec tout le faste des superproductions hollywoodiennes. Naïma Akef , l’une des plus grandes stars de la comédie musicale des années 50, y fait sa dernière apparition à l’écran et elle est tout simplement magnifique. Elle meurt deux plus tard, vaincue par le cancer à l’âge de trente-six ans.


Le Péché  (Al-Haram, 1965)
avec Faten Hamama, Abdela Ghayth, Zaki Rostom, Abdel Alim Khattab, Hassan El Baroudy, Hassan Mostafa, Abdel Salam Mohamed, Hussein Riad, Eskandar Menassa
d'après un roman de Youssef Idriss
Scénario : Saad Eddin Wahba
Musique : Slimane Gamil
Dans la liste des quinze meilleurs films égyptiens de tous les temps, le Péché occupe la deuxième place.


Aziza est une pauvre paysanne qui vit avec un mari malade. Tous les deux sont ouvriers agricoles et vont de ferme en ferme pour gagner leur pitance. Un jour Aziza est violée par un garde alors qu’elle travaille dans un champ de pommes de terre. Elle tombe enceinte. Submergée par la honte, elle tente de dissimuler sa grossesse…


Le Grand Amour (Alhabu alkabir, 1968)
avec Farid El Atrache (Farid Ezzat), Faten Hamama (Hanan), Youssef Wahby (Ibrahim, le photographe), Abdel Salam El Nabolsi (Marwan), Eman (la femme de Marwan)
Scénario : Henry Barakat et Kamel Al Telmissani
Remake du film américain Ariane (Love in The Afternoon, 1957) de Billy Wilder avec Audrey Hepburn et Gary Cooper
Musique : Farid Al Atrache
Production : Henry Barakat
  

Ibrahim est photographe, il vit seul avec sa grande fille Hanan qui travaille dans le commerce. Elle est chargé de la conception des vitrines d’un grand magasin de Beyrouth. Un jour, Ibrahim reçoit, un homme qui lui propose une mission. Cet individu s’appelle Marwan, c’est un millionnaire qui doute de la fidélité de sa femme. Il la soupçonne d’entretenir une relation extra-conjugale avec Farid Ezzat, un chanteur très célèbre. Il demande à Ibrahim de prendre des photos du couple adultère. Le vieux photographe a besoin d’argent et il accepte cette mission. Mais quand il développe les photos qu’il a pu prendre grâce aux indications données par Marwan, il s’aperçoit qu’on ne voit jamais le visage de la femme. Pourtant, le mari trompé en est sûr : c’est bien sa femme dans les bras du chanteur. Il décide de passer à l’action : il va se rendre à l’hôtel de Farid et tuer les deux amants. Hanan qui a tout entendu, veut empêcher le drame. Elle court en direction de l’hôtel de Farid mais Marwan est déjà là lui aussi et il brandit un revolver. Il n’y a plus un instant à perdre : Hanan trouve la chambre du chanteur. A travers la fenêtre, elle voit les amants s’embrasser fougueusement. Elle frappe du poing contre la vitre tandis que Marwan approche à grandes enjambées. .. Le mari hésite quelques instants devant la porte de la chambre puis entre enfin. Comme il s’en doutait, il découvre Farid Ezzat tenant une femme dans ses bras. Il profère des menaces en pointant son arme en direction du couple. L'homme se retourne découvrant le visage de sa partenaire : ce n’est pas l'épouse déloyale mais Hanan, la fille du photographe !


L’Amour Perdu (Al-Hob Al-Dayie, 1970)
avec Soad Hosny (Lili), Roshdy Abaza (Medhat, le mari de Samia), Zubaida Tharwat (Samia, l’amie d’enfance de Layla), Ali Ben Ayyad (Mahmoud, le mari tunisien de Lili), Fathia Shahin (la tante de Samia), Mahmoud El Meleigy (Docteur Sabry, le père de Samia), Hassan Mostafa (un prétendant de Samia), Fatima Mustafa (la nourrice)
Scénario : Youssef Gohar, d’après un récit de Taha Hussein publié en 1942.
Musique : Fouad El ZahiryProduction : Ramses Naguib


Samia et Lili sont deux amies d’enfance qui vivaient à Ismaïlia. Les années ont passé, elles sont devenues des jeunes filles mais leur complicité est restée la même. La défaite de 1967 va les séparer. La famille de Lili a préféré quitter la ville tandis que le père de Samia, le docteur Sabry a souhaité y rester pour s’occuper des blessés revenant du front. Lili fait la connaissance de Mahmoud, un ingénieur tunisien dont elle tombe follement amoureuse. Ils se marient et s’installent en Tunisie. De son côté, Samia épouse Medhat, un avocat dont elle apprécie la gentillesse et le sens de l’humour. La naissance d’un petit garçon parachève leur bonheur. Lili, elle aussi, rêve de fonder une famille mais elle finit par découvrir ce que Mahmoud s’obstinait à lui cacher : il est gravement malade. L’un et l’autre font tout pour surmonter leur angoisse et vivre intensément chaque jour qui passe mais ce qui devait advenir advient : Mahmoud meurt brutalement. Lili retourne en Egypte. Elle retrouve au Caire son amie Samia et fait la connaissance de son mari et de son fils. Grâce à cette famille heureuse, elle reprend goût à la vie : elle suit une formation d’infirmière et s’installe dans un bel appartement. Les liens entre Lili et la famille de Samia ne cessent de se resserrer. La jeune veuve accepte d’ accompagner ses amis en vacances au bord de la mer. Un événement va révéler à Medhat et à Lili les sentiments qu’ils éprouvent l’un pour l’autre…


Ma Soeur (Oukhti, 1971)
avec Nagla Fathy (Sawsan), Madiha Kamel (Madiha), Samir Sabri (Ezzat), Zizi Mustafa (Samira), Mahmoud Yassin (Hassan), Alia Abdel Moneim (la mère de Sawsan)
Scénario : Ihsan Abdul Quddus et Mohamed Mostafa Samy
appréciation : 3/5


Hassan est un jeune ingénieur encore célibataire. Un soir il rencontre Sawsan, une jeune femme très libre . Il en tombe amoureux. Quelque temps après Hassan est muté en Haute-Egypte. L’isolement lui pèse malgré la sympathie que lui manifestent ses voisins, un vieux couple d’origine grecque. Heureusement, Sawsan accepte de le rejoindre. Pour ne pas choquer la population locale, elle se fait passer pour sa sœur. Au début tout va pour le mieux. Sawsan est tout de suite acceptée par les femmes de la petite ville. Mais très vite, les rumeurs et les ragots transforment la vie des deux tourtereaux en un véritable enfer. 



Une Femme de Mauvaise Réputation (Emraa Sayyeat Assomaa, 1973)
avec Shams al Baroudi (Hana), Mahmoud Yassin (Ahmed),Youssef Shaaban (Kamal), Imad Hamdi (le patron de Kamal), Nagwa Fouad (la danseuse), George Sedhom (le médecin), Salah Nazmi (Kazem), Raga Sadiq (Samiha), Fathya Shahin (Tawhida), Khaled Abou Al Saoud (l’enfant Omar), Saleh Iskandarani (Saleh le portier) 
Scénario : Mamdouh Al Leithi 
Musique : Tarek Sharara 
Production : les films Ihad Al Leithi
appréciation : 4/5


Kamal et Hana appartiennent à la bourgeoisie cairote. Kamal est cadre dans une grande entreprise et ils ont un fils d’une dizaine d’années. Quand le film commence, la petite famille connaît des difficultés financières et pour s’en sortir, Kamal doit impérativement obtenir une promotion. Afin que son mari décroche le poste de direction des ventes, Hana accepte de devenir la maîtresse du patron. Au début, cet « arrangement » semble convenir à tout le monde. Le soir après le travail, le mari complaisant, la femme disponible et l’amant généreux ont coutume de dîner ensemble dans des restaurants ou dancings des beaux quartiers du Caire. C’est lors de l’une de ces sympathiques sorties que Hana retrouve Ahmed, celui qui fut son premier amour. Ils redeviennent amants.



Mélodie dans ma vie (Nagham fi hayati, 1975)

avec Farid Al Atrache, Mervat Amine, Hussein Fahmi, Leïla Karam, Shafiq Hassan, Zeyad Makok
Ce film est une adaptation de la Trilogie Marseillaise de Marcel Pagnol (Marius, Fanny et César)
Scénario : Youssef Gohar
Musique : Farid Al Atrache
appréciation : 2/5


Hanan a terminé ses études et elle travaille comme secrétaire pour Mamdouh, un chanteur célèbre, ami de ses parents. Bien qu’il soit beaucoup plus âgé qu’elle, il en est follement amoureux. 
La jeune fille passe l’été avec sa mère au Liban. Là-bas, elle retrouve Mohsen, le garçon qu’elle aime et qu’elle doit épouser. Mais celui-ci n’a qu’un seul rêve : quitter le café paternel où il travaille comme serveur et émigrer au Brésil pour devenir riche. Afin qu’il renonce à son projet, Hanan est prête à tout. Une nuit, elle s’abandonne à lui contre la promesse d’un mariage rapide. Malheureusement, le lendemain, il disparaît : il a embarqué sur un navire qui fait route vers l’Amérique. 
Un peu plus tard, Hanan découvre qu’elle est enceinte. Par peur du scandale, elle tente de se suicider. Elle est sauvée in extremis par Mamdouh qui lui aussi séjourne au Liban. Quand il apprend la situation de Hanan, il lui propose de l’épouser. Elle accepte. 



Le Voyage des Jours (Rehlet El Ayam, 1976)
avec Soheir Ramzy (Yasmine), Samir Sabri (Magdy), Mona Gabr (Mona), Hassan Mostafa (Abdo), Wahid Seif (le directeur de troupe), Imad Hamdi (le père de Magdy), Younes Shalaby (Sayed), Ahmed El Gazeiry (Basioni, l’oncle de Yasmine), Nabila El Sayed (Afiza, la femme de Basioni), Maryam Fakhr Eddine (Sonia, la mère de Yasmine), Kadreya Kadry (la tenancière de la maison close), Taghrid El Bishbishy (la femme d’Abdo), Tamer El Masry (le fils de Magdy et de Yasmine), Saleh Al Eskandarani (le portier), Aleia Abdel Moneim (la mère de Mona), Hala El Safi (la danseuse lors du mariage)
Scénario : Farouk Sabry
Musique : Ammar El Sheray et Baligh Hamdy


Comédie sentimentale. Magdy est le fils d’un très riche entrepreneur d’Alexandrie. Il revient d’Allemagne où il a passé plusieurs années pour ses études. Il doit épouser sa cousine Mona pour qui il a beaucoup de sympathie mais dont in n’est pas vraiment amoureux. Un jour, en sortant d’un magasin, il bouscule une jeune femme très séduisante et au fort tempérament. Après un échange de paroles peu aimables, le ton de la conversation se fait très vite plus enjoué, voire complice. On comprend que ce premier entretien est le prélude à une véritable histoire d’amour. La jeune femme s’appelle Yasmine et elle est comédienne dans une troupe de théâtre. Elle a prétendu être issue d’une famille de Pachas. En réalité, après la disparition de sa mère, elle a été élevée par son oncle et sa tante, un couple très modeste qu’elle a perdu de vue depuis des années. De son côté, Magdy n’a pas avoué à sa bien aimée qu’il était le fils d’un homme puissant. Il a prétendu qu’il travaillait comme chauffeur et que son père était un gangster. Ces mensonges ne sont pas un frein à leur amour, bien au contraire, et ils décident de se marier. Magdy veut faire sa demande en bonne et due forme à l’oncle de Yasmine. Cette dernière est obligée de reprendre contact avec son parent. Lui et sa femme travaillent comme domestiques dans une grande villa dont le propriétaire est la plupart du temps à l’étranger. Yasmine demande à son oncle de recevoir Magdy dans la villa et de prétendre qu’il en est le propriétaire. Le vieil homme refuse tout net de cautionner une telle imposture…


Des Bouches et des Lapins  (Afwah We Araneb, 1977)
avec Faten Hamama (Naema), Mahmoud Yassin (Mahmoud Bey), Farid Shawki (Abdel Maged), Magda El-Khatib (Raguia), Ali El Sherif (Maître Al Batawi), Ragaa Hussein (Gamalat), Abou Bakr Ezzat (Youssef), Hussein Asar (Oncle Mustafa), Wedad Hamdy (Fayza, l’amie de Naema), Hassan Mostafa (Fathy Al Faki), Mohamed Al Saqqa (Khalil), Ahmed Abaza (le marchand de fruits), Salah Nazmi (Ahmed), Enas El Dighade (Noha), Aleya Abdel Moneim (la mère de Noha)
Scénario : Samir Abdel Azim
Musique : Gamal Salamah
La chanteuse Fatima Eid (née en 1962) ouvre et ferme le film avec la chanson « Tota, Tota, Tota » qui deviendra un énorme succès.
Production : Compagnie des Films Unis
Des Bouches et des Lapins a reçu en 1978 le prix du meilleur film décerné par le Centre Catholique égyptien.


Naema est une femme qui vit dans un petit village, près de Mansoura. Elle réside dans la même maison que sa sœur Gamalat, son beau-frère, Abdel Maged, et leurs neuf enfants. Abdel Maged est sans emploi et passe toutes ses journées à boire. C’est donc Naema qui entretient toute la famille grâce à son travail dans une usine de glaces. Un jour, le plus âgés de ses neveux vole deux poulets chez le marchand de volailles du village. Il s’est fait prendre par le commerçant et Naema intervient pour obtenir sa libération. Le marchand accepte de retirer sa plainte mais, en échange, il souhaite épouser la jeune femme. Bien que l’homme ait déjà trois femmes et vingt-deux enfants, la sœur et le beau-frère de Naema voient d’un très bon œil cette union car elle permettrait de résoudre les difficultés financières de la famille. Pour échapper à ce mariage dont elle ne veut pas, Naema quitte le village. Elle devient la gouvernante d’un riche et séduisant propriétaire terrien. La servante et le maître tombent amoureux l’un de l’autre…

Notre avis : ce film connut un succès considérable à sa sortie et il est régulièrement rediffusé par les chaînes de télévision arabes. C’est un conte de fée moderne qui a le mérite d’évoquer sans manichéisme le problème des relations entre les classes sociales et celui de la condition féminine dans l’Egypte des années soixante-dix . A travers le sort de Naema et de sa sœur Gamalat, Henry Barakat dénonce les archaïsmes qui continuent d’entraver le destin des femmes des classes populaires . Ce qui affaiblit son propos, c’est que les deux sœurs finissent par échapper à la misère grâce au jeune, riche et beau propriétaire terrien, futur mari de Naemat. Mais il est vrai qu’Henry Barakat est un éternel romantique ! Quant à Faten Hamama, elle reste une immense actrice et elle le prouve une nouvelle fois ici mais on pourra la trouver néanmoins un peu trop distinguée pour le rôle de Naema. Elle a beau s’être coiffée d’un foulard pour faire peuple, elle ne parvient pas à effacer sa grâce et son élégance naturelles. D’ailleurs on comprend pourquoi le propriétaire terrien désire épouser sa charmante employée : elle rivalisera sans peine avec les femmes de son milieu !


Souviens-toi de moi ((Idhkourini, 1978)
avec Nagla Fathy (Mona), Mahmoud Yassin (Mahmoud Hussein), Ahmed Khamis (l’oncle de Mona), Alia Abdel Moneim (la tante de Mona), Moshira Ismaïl (la cousine de Mona), Zizi El Badraoui (Layla, la femme de Mahmoud), Youssef Shaaban (le mari de Mona), Hayat Kandil (Amia, la fille de Mahmoud élevée par Mona), Khaled Zaki (le fils de Mona)
Scénario : Rafik El Saban
D’après un roman de Youssef Al Sebaï, Entre les Ruines (1953)
Musique : Omar Khorsheid


Drame sentimental. Mona est une jeune orpheline qui vit chez son oncle. Etudiante, elle rencontre Mahmoud Hussein, un jeune écrivain dont elle tombe follement amoureuse. Entre eux naît une idylle, prémisse d’un bonheur éternel. Malheureusement, Mahmoud est déjà marié. Sa femme est malade du cœur et une séparation est inenvisageable. Terrassée par le chagrin, Mona accepte d’épouser l’homme que lui propose son oncle. Peu après, elle donne naissance à un petit garçon. Les mois passent. Un jour, elle apprend que Mahmoud est hospitalisé. Il a été victime d’un accident de la route et il est plongé dans le coma. Malgré l’opposition de son mari, elle se rend au chevet de celui qu’elle n’a jamais cessé d’aimer. Son mari demande le divorce et s’installe à l’étranger avec leur fils. Mahmoud meurt peu après alors que sa femme s’apprête à accoucher. Cette dernière meurt à son tour en donnant naissance à une petite fille. Mona décide d’élever l’enfant. Les années passent… 
Peut intéresser les fans de Michel Sardou : dans une scène, les personnages dansent très longuement sur la chanson « Je Vais t’Aimer ».

Deux informations :
Le roman de Youssef Al Sebaï avait déjà fait l’objet d’une adaptation en 1959 par Ezzel Dine Zulficar avec Faten Hamama et Salah Zulficar.
Le film sort en Egypte en mars 1978. Un mois auparavant, l'auteur du roman meurt assassiné sur l'île de Chypre. 

Notre avis : malgré toute l‘admiration que nous inspire Henry Barakat et Nagla Fathy, nous n’avons guère été émus par ce mélodrame. « Souviens-toi de moi » est constitué d’une accumulation de clichés dans un style très « roman-photo ». Les deux héros, toujours élégamment vêtus et impeccablement peignés, se promènent main dans la main, s’échangent de longs regards attendris ou bien se chuchotent à l’oreille des mots doux, avec comme fond sonore, piano et violons romantiques. Les acteurs adoptent le même jeu dans toutes les scènes : voix basses et mines navrées. Comme nous le précisions dans notre présentation, ce film est un remake d’ « Entre les Ruines » réalisé vingt ans plus tôt par Ezzel Dine Zulficar. Il faut bien avouer qu’il fait pâle figure devant l’original même si Nagla Fathy avait tout le talent et le charisme pour reprendre dignement le rôle de Faten Hamama.

dimanche 29 avril 2018

Les réalisateurs : Henry Barakat (1914-1997)

هنري بركات

Henry Barakat est né au Caire dans une famille chrétienne d’origine libanaise. Après des études de droit, il s’envole pour Paris. C’est là que sa passion pour le septième art va s’épanouir en toute liberté : il fréquente assidûment les salles de cinéma, il assiste à des tournages, écrit des articles critiques. Il rentre en Egypte au début de la seconde guerre mondiale. C’est l’actrice et productrice Assia Dagher qui va lui offrir sa première chance comme réalisateur en lui confiant la direction du Vagabond (’Ashareed, 1942), adaptation d’une histoire d’Anton Tchekhov. 
Durant sa carrière, Henri Barakat a réalisé plus d’une centaine de films. Dans la liste des cent meilleurs films égyptiens de tous les temps, son nom est parmi les trois les plus souvent cités (les deux autres sont Youssef Chahine et Salah Abou Seif). 
Sa filmographie est d’une diversité extrême : les œuvres politiques, historiques alternent avec des comédies légères sans prétention. Dans les années soixante-dix, il devient le représentant le plus convaincant de la comédie romantique à l’américaine. Il a accompagné, voire devancè la libération des mœurs que connaît à l’époque la société égyptienne. La condition féminine est son sujet de prédilection. Dans ses films, nous retrouvons souvent l’actrice Faten Hamama qui incarne pendant plus de trente ans un grand nombre de ces femmes qui tentent de se libérer des entraves qu’un système archaïque leur impose.


Quarante films d'Henry Barakat ont fait l'objet d'une présentation dans ce blog :


Si j'étais riche  (Law kunt ghani, 1942)
avec Ehsane El Gazaerli (la femme de Mahrous), Abd El Fatah El Kosary (Younis, le cousin de Mahrous), Ibrahim Mostafa (le propriétaire de l’imprimerie), Beshara Wakim (Mahrous), Yehia Chahine (Kamal, l’amoureux de Wahiba), Samira Kamal (Wahiba, la fille de Mahrous), Mohamed Al Dib (Rachid, le fils de Mahrous), Thoraya Helmy (la chanteuse), Ibrahim Moheb (le serviteur)
Scénario et dialogues : Abou Al Saoud Al Ibiary
Musique et chansons : Izzat El Gahely et Ahmed Sabra
Production : les Films du Lotus (Assia Dagher)


Comédie. Mahrous est un modeste coiffeur qui vit dans un quartier populaire du Caire. Il a une femme et deux enfants. Son fils Rachid travaille comme ouvrier dans l’imprimerie du quartier, tout comme Younis son cousin. Sa fille Wahiba est en âge de se marier. Elle est tombée amoureuse d’un jeune homme qui se rend régulièrement dans le salon de Mahrous uniquement pour apercevoir sur son balcon l’élue de son cœur. Malheureusement, les parents de Wahiba refusent de les marier. Le papa coiffeur rêve de faire fortune et peste contre le destin qui l’oblige à vivre dans la pauvreté. Comme tous les habitants du quartier, il est révolté par l’égoïsme des riches. Si lui avait de l’argent, il n’hésiterait pas aider les nécessiteux. Un jour, ce rêve devient réalité. Un de ses cousins vient de mourir chez lui. L’homme vivait seul et Mahrous doit s’occuper de toutes les formalités. En entrant dans son appartement, il découvre le corps sans vie de son parent et tout autour des liasses et des liasses de billets de banque. C’est ainsi que Mahrous devient un homme riche. Avec toute sa famille il s’installe dans une maison de maître à Zamalek…

Pour sa toute première réalisation, Henry Barakat se lance dans une évocation pittoresque d’un quartier populaire avec ses habitants hauts en couleur qui rivalisent de truculence et de forfanterie, malgré les difficultés et les privations de l’époque (Rappelons que le tournage se déroule durant la seconde guerre mondiale). Par certains côtés, l’atmosphère de ce film rappelle celle de la trilogie marseillaise de Marcel Pagnol. D’ailleurs, on retrouve le même dispositif théâtral avec des acteurs chevronnés qui cabotinent à plaisir. A cet égard, le couple formé par Ehsane El Gazaerli et Beshara Wakim domine toute la distribution par sa verve et sa pétulance. Certains déploreront le caractère simpliste de la morale : l’argent ne fait pas le bonheur et il est vain de vouloir quitter sa classe sociale d’origine. Il n’en demeure pas moins que « Si j’étais riche » constitue pour Henry Barakat une entrée éclatante dans la carrière !


L’Accusée (El-muttahama, 1942)
avec Assia Dagher, Zaki Rostom, Ashraf Abaza, Yehia Chahine, Abdel Aziz Khalil, Abd El Fatah El Kosary 
Scénario et dialogues : Fattoh Nashaty et Youssef Gohar


Mélodrame.
 Un procureur parvient à condamner lourdement un trafiquant de drogue. Pour se venger, la femme de ce dernier parvient grâce à deux complices à lui faire croire que son épouse le trompe. Le magistrat, aveuglé par la colère, chasse sa femme du domicile conjugal. Il est bien décidé à éduquer seul leur fils ! La mère injustement accusée erre dans les rues de la ville. Au comble du désespoir, elle se jette dans le fleuve. Un peu plus tard, le procureur apprend la vérité. Il fait rechercher sa femme par la police. On retrouve son sac près du Nil. Pour le mari, il n’y a plus aucun doute : elle est morte, noyée. Il est effondré…


C'était le crime de mon père ( haza ganahu abi, 1945)
avec Sabah (Samia), Zaki Rostom (Adel, le père de Samia), Ferdoos Mohamed (la femme d’Hassanein et la mère adoptive de Samia), Abdel Aziz Ahmed (Hassanein, le père adoptif de Samia), Serag Mounir (Waji Bey, le père de Samir), Zouzou Nabil (Ilham, la mère de Samia), Salah Nazmi (Samir), Mona (Mona, la fiancée de Samir), Violet Sidawi (la directrice de l’atelier de couture)
Scénario : Youssef Gohar et Henry Barakat
Musique : Saleh Gawdat, Mamoun Al Shinnawi, Mahmoud Al Sherif, Farid Ghosn


Mélodrame chanté. Adel est avocat à Tanta. Il entretient une relation amoureuse avec une jeune femme, Ilham. Quand il a commencé à s’engager en politique et à devenir une personnalité en vue, il a souhaité rompre de peur que cette liaison ternisse sa réputation. Mais Ilham lui annonce qu’elle est enceinte et qu’elle souhaite le mariage. Pour Adel, hors de question de l’épouser. En revanche, il lui propose de l’entretenir elle et son enfant tout en exigeant de garder secret sa paternité. Ilham refuse cet arrangement. Elle quitte Tanta et rejoint Le Caire où elle est accueillie par une amie, Madame Adela. Elle met au monde une petite fille qu’elle prénomme Samia mais elle meurt subitement des suites de son accouchement. C’est Hassanein, le mari de Madame Adela qui reconnaît l’enfant auprès des services de l’état-civil. Samia grandit. C’est devenue une jeune femme. Elle est couturière et quand son père adoptif a été licencié suite à la perte accidentelle de son bras droit, c’est elle qui s’est chargée de l’entretien de toute la famille. Un jour, Samia doit remettre une robe chez un riche notable. Quand la jeune couturière entre dans la grande demeure, on s’apprête à fêter l’anniversaire de Samir, le jeune fils de la maison. Bien que déjà fiancé, Samir tombe immédiatement amoureux de Samia…


L’Amour de ma Vie (Habib Al Omr, 1947)
avec Farid El Atrache (Mamdouh), Samia Gamal (Touta), Mohamed Kamal El Masry (Cheikh Ashour), Hassan Fayek (Alzatrani Bey), Ismail Yassin (Halihli), Said Abou Bakr (Bourouq), Mohamed Elwan (Ezzat Bey), Hassan Kamel (Marash), Hassan Abu Zeid (Al Nour), Elias Moadab (Hazin), Lola Sedky (Elham), Thuraya Fakhry, Abdel Badie El Arabi (le directeur du cabaret)
Scénario et dialogues : Henry Barakat et Badie'Khairy
Musique : Farid Al Atrache
Production : les films Farid Al Atrache


Comédie musicale. Mamdouh est un chanteur qui se produit régulièrement dans le cabaret de la petite ville où il réside. Pour l’accompagner, il a tout un groupe de musiciens et une danseuse prénommée Touta. Le public local, exclusivement masculin, n’est pas tendre avec les artistes. S’il apprécie la prestation de Touta, en revanche, celle de Mamdouh est accueillie avec une franche hostilité. Le chanteur et ses camarades comprennent qu’ils n’arriveront à rien s’ils persistent à jouer dans leur commune. Ils décident de partir à la conquête d’un public qui saura apprécier leur art, ils se rendent au Caire. Pour les aider, Mamdouh peut compter sur le soutien d’un vieil ami de son père, Cheikh Ashour…


La Punition (Al Ikab, 1948)
avec Faten Hamama (Ibtisam, la fille de Mohsen), Mahmoud El Meleigy (Mohsen, l’amant de Houria), Zouzou Madi (Houria), Ferdoos Mohamed (Roukaya, la bonne), Samia Fahmy (Doha, la fille de Roukaya), Zaki Ibrahim (le mari de Houria), Reyad El Kasabgy (le mari de Roukaya), Thuraya Fakhry (Oum Ali, la voisine de Roukaya), Kamal Al Shennawi (Amir, le fils de Houria)
Scénario : Henry Barakat
Dialogues : Badie' Khairy
Production : Assia Dagher


Mélodrame. Lors d’une violente dispute, Mohsen tue le mari de sa maîtresse. Roukaya, la servante du couple, est condamnée à la place du meurtrier à cause du témoignage accablant de la veuve. Quelque temps après, cette dernière est à son tour condamnée pour avoir détourné l’héritage de son fils. C’est Mohsen lui-même qui l’a dénoncée. En prison, elle retrouve sa servante. Elle lui avoue tout puis meurt peu après. Pendant ce temps-là, Mohsen file le parfait amour avec une jeune fille de la meilleure société. Ils se marient et ont une petite fille. Leur bonheur est de courte durée : la jeune mère meurt prématurément. Après avoir passé vingt ans en prison, Roukaya est enfin libérée.


Mademoiselle Diablesse (Afrita Hanem, 1949)
avec Samia Gamal, Farid El Atrache (Asfour), Ismail Yassin (Booh), Ali Kamel (Qilh), Mohamed Nabi (Halaq), Abdel Salam Al Nabulsi (Mimi Bey, le rival d’Asfour), Stephan Rosti (Abou Alyah, le directeur du théâtre), Lola Sedki (Alyah, la fille du directeur du théâtre), Zeinat Sedki (Warda, la directrice de la pension), Salah Kasin (une vieille dame), Zaki Ibrahim (le vieux sage), Mohamed Sobeih (le chauffeur de taxi), Mohsen Hassanein (le cireur de chaussures)
Scénario et dialogues : Abou Al Seoud Al Ebiary et Henry Barakat
Musique : Farid Al Atrache
Production : les films Farid Al Atrache/Studio Misr


Comédie musicale. Asfour est un chanteur sans le sou qui se produit sur la scène du Théâtre Crème. Il vit à la pension Warda avec ses collègues Booh, Qilh et Halaq. Il est amoureux de Alyah, sa partenaire mais aussi la fille du directeur du théâtre Crème. La jeune femme s’apprête à épouser un jeune homme riche, Mimi Bey. Asfour qui pourtant croit être aimé fait sa demande en mariage auprès du père d’Alyah. Ce dernier exige en dot une somme que le pauvre chanteur est incapable de réunir. Asfour est au désespoir mais le destin va lui porter secours. Alors qu’il erre sans but dans la campagne, un vieux sage vient à sa rencontre et lui donne rendez-vous dans une grotte. Asfour s’y rend accompagné de son ami Booh. Le vieil homme apparaît et remet au chanteur une lampe magique. En sort une petite diablesse du nom de Kahramana. Celle-ci peut exaucer tous ses vœux. Malheureusement, elle est tombée amoureuse d’Asfour et fera tout pour empêcher son mariage avec Alyah.

Notre avis : de 1947 à 1952, Samia Gamal et Farid Al Atrache vont partager le haut de l’affiche de sept comédies musicales. Cette « Mademoiselle Diablesse » constitue certainement l’acmé de leur carrière en couple. C’est une féérie visuelle et sonore dans laquelle les deux artistes semblent touchés par la grâce. La dimension fantastique du récit inspirée des Contes des Mille et Une Nuits n’est pas l’un des moindres charmes de ce film et le réalisateur a su revivifier la figure mythique de l’efrit en la dotant de toute la séduction et de toute la sensualité de son actrice principale.
Profitons-en pour souligner le rôle majeur joué par Samia Gamal dans l’évolution de la comédie musicale égyptienne. Son sens du mouvement et de la comédie a dépoussiéré un genre qui au départ s’inspirait largement de l’opérette traditionnelle d’où le caractère guindé des séquences dansées et chantées. Avec Samia Gamal tout change, le rythme s’accélère, la frénésie s’empare des corps, les répliques crépitent allègrement, la caméra elle-même semble danser comme entraînée par l’euphorie générale. Enfin, grâce à sa fougueuse partenaire, Farid Al Atrache se lâche et nous montre qu’il est bien meilleur acteur dans le registre comique que dans le drame.


Le Rivage de l'Amour (Chati' al-gharam, 1950)
avec Taheya Carioca (Soheir), Layla Mourad (Layla), Mohsen Sarhan (Raouf, l’ami d’Adel), Hussein Sedki (Adel), Salah Mansour (Kamal), Stephan Rosti (l’oncle d’Adel), Zaki Ibrahim (Taher Effendi, télégraphiste et père de Layla), Mimi Chakib (la tante d’Adel), Mona (Salwa, la cousine d’Adel), Wedad Hamdy (Magda), Edmond Tuema (le directeur de l’hôtel), Samiha Ayoub (Nargis)
Scénario et dialogues : Henry Barakat, Ali El Zorkani et Youssef Issa
Mélodies : Ahmed Sedky, Mohamed Al Qasabgi et Mohamed Fawzy
Production : Abdel Halim Nasr


Comédie sentimentale. Adel est un jeune homme riche qui mène une vie oisive. Il passe son temps dans les cabarets et il entretient une relation amoureuse avec Soheir, une danseuse au tempérament ombrageux. Après une nuit bien arrosée durant laquelle une information a réveillé la jalousie de Soheir, celle-ci prend le volant de la voiture qui doit les ramener au Caire. Tandis que ses passagers, Adel et un couple d’amis, dorment profondément, la danseuse décide de prendre la direction de la station balnéaire Marsa Matruh. Quand Adel se réveille et découvre le lieu où il se trouve, il est furieux car il était attendu au Caire. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, Adel accepte de s’installer avec ses trois amis dans un hôtel de la station. Alors que ses camarades sont partis se baigner, Adel rencontre Layla, une institutrice qui chantait seule face à la mer. Le garçon est tellement séduit par sa voix qu’il ne peut s’empêcher d’aborder la jeune femme. Ils vont se revoir souvent et tomber amoureux l’un de l’autre. Soheir et leurs amis sont rentrés au Caire mais Adel est resté auprès de celle qu’il aime. Il finit par demander sa main à son père qui accepte. Le jeune couple passe leur lune de miel en Suisse puis retourne au Caire où la nouvelle de leur mariage s’était répandue comme une traînée de poudre. Cette union ne fait pas que des heureux. Soheir, l’ancienne maîtresse d’Adel n’apprécie pas du tout d’être ainsi abandonnée et sa tante est furieuse : depuis longtemps, elle caressait l’idée d’un mariage entre sa fille Salwa et son neveu afin de mettre la main sur la fortune du jeune homme. Elle fera tout pour séparer Adel et Layla…

Notre avis : l’histoire semblera convenue. Ce n’est pas la première fois ni la dernière qu’on voit un jeune homme de bonne famille abandonner son existence dissolue par amour pour une jeune femme douce et réservée appartenant à un tout autre milieu que le sien. Mais l’intérêt du film est sans doute ailleurs. D’abord dans la beauté du site où se déroule toute la première partie ainsi que le dénouement : cette côte sauvage face à la mer agitée crée une atmosphère d’une incroyable poésie autour des personnages (le film contribuera à rendre célèbre Marsa Matruh, cette station balnéaire située à près de trois cents kilomètres à l’ouest d’Alexandrie et le rocher sur lequel est assise Layla Mourad pour sa première chanson portera officiellement comme nom « le rocher de Layla Mourad ») . Autre qualité du film : la prestation de Taheya Carioca et de Mimi Chakib incarnant avec une jubilation manifeste deux femmes malfaisantes qui veulent détruire leur rivale. La scène du face à face tendu entre Taheya Carioca et Layla Mourad qui se clôt par une gifle assénée par la seconde à la première constitue l’un des moments forts du film. Dernière remarque : on est toujours étonné de voir Hussein Sedky jouer les jeunes amoureux malgré son physique massif de bourgeois épicurien. Lors du tournage de ce film, il a trente-deux ans mais il en fait beaucoup plus. Mystère de la distribution ! Nous n'avons pas évoqué les six chansons interprétées par Layla Mourad. Il va de soi qu'elles sont toutes magnifiques, sans exception.


Le Prince de la Vengeance (Amir Al Intiqam, 1950)
avec Anwar Wagdi (Hassan Hilali), Madiha Yousri (Yasmina), Samia Gamal (Zumoroda), Farid Shawki (Jaafar), Hussein Riad (Cheikh Jalal), Kamal Al Shennawi (Chahine le Mamelouk), Mahmoud El Meleigy (Metwali), Serag Mounir (Badran, chef de la police), Abdul Aziz Ahmed (cheikh Fadel), Zaki Ibrahim (le père d’Hassan Hilali), Mohamed Alwan (le frère de Badran), Reyad El Kasabgy (Cheikh al Mansour Ghurab), Zaki El Fayomi (Hisham, le fils de Yasmina), Ali Al Kassar (Nour, l’esclave)
Scénario : Henry Barakat
Dialogues : Youssef Gohar, Henry Barakat, Youssef Issa
D'après le roman Le Comte de Monte Cristo d'Alexandre Dumas
Musique : Ahmed Sedky, Farid Al Atrache
Production : Les Films du Lotus (Assia Dagher)


Film d'aventure. Hassan Al Helali est un capitaine de navire. Il dirige le Mansoura qui appartient à Cheikh Fadel. Il vit avec son vieux père et aime une jeune femme, Yasmina, qu’il doit très prochainement épouser. Mais Hassan a un rival, Chahine le Mamelouk qui est prêt à tout pour l’écarter. Avec deux complices, celui-ci échafaude un complot diabolique. C’est ainsi que le jour de son mariage, Hassan est jeté en prison sans procès. Ses ennemis ont la voie libre : l’un épousera sa fiancée, les deux autres prendront le commandement du Mansoura pour se livrer à la contrebande. En prison, Hassan rencontre un vieil homme qui avant de mourir lui indique l’endroit où il a caché un trésor. Hassan parvient à s’évader et retrouve le coffre de son compagnon d’infortune. Il décide de se venger de tous ceux qui ont voulu l’éliminer…


C’est encore ma chance (Malihsh Ya Zahr,1950)
avec Zaki Rostom (Saber Effendi), Shadya (Najaf, la fille de Saber), Karem Mahmoud (Hosny), Mimi Chakib (Etidal, la femme de Saber), Serag Mounir (Zuhair Bey, le nouveau directeur), Hamada Abdel Latif (Wafa, le fils de Saber), Abd El Fatah El Quosary (Al Hajj Jamah, le père d’Hosny), Zizi Kamel (la mère d’Hosny) , Stephan Rosty (Mohsen Effendi, le chef de bureau), Wedad Hamdy (Ghazaleh, la femme de chambre), Abdel Moneim Ismail (Khalil), Mohamed Attia (Mahrous), Salah Mansour (Abdul Sami Effendi), Zaki Ibrahim (le directeur général), Thuriya Salem (Danseuse), Ahmed Bali (Cheikh Hassan)
Scénario : Henry Barakat, Youssef Issa, Aboul Seoud Al Ibiary
Musique : Ahmed Sedky, Izzat El Gahely,
Production : Assia Dagher


Saber est un modeste employé qui vit heureux entouré de sa femme et de ses deux enfants. Sa fille Najaf est amoureuse d’Hosny le fils de l’épicier qui travaille dans la boutique de son père. Les deux familles s’entendent très bien et se reçoivent mais Saber souhaiterait que sa fille épouse un fonctionnaire avec un bon salaire. Lui-même a bien du mal à entretenir toute sa petite famille avec ses maigres revenus. Sa situation s’améliore brusquement quand son nouveau directeur s’avère être un ancien camarade de sa femme. Les collègues de Saber, jaloux de sa bonne fortune soudaine, font courir des rumeurs sur une relation adultère entre le nouveau directeur et son épouse…


Ne le Dites à Personne  (Ma Takulshi la hada, 1952)
avec Farid Al Atrache (Wahid), Samia Gamal (Walaa), Nour Al Hoda (Noussa), Stephan Rosty (Ghazal Bashraf, l’oncle de Noussa), Abdel Salam Al Nabolsi (le professeur de danse), Aziz Othman (Amin Bashraf, le père de Noussa), Omar El Hariri (Nabil, l’amoureux de Noussa), Aïda Kamal (Aïda), Lotfy El Hakim (le producteur), Talaat Alam (le directeur du théâtre), Abdel Moneim Basiony (le présentateur du théâtre), Ali Kamal (Lulu, l’avocat), Alya Fawzy (Fatima, la bonne), Abdel Badih El Arabi (le directeur de l’hôtel), Mahmoud Azmy (l’inspecteur), Ibrahim Fawzy (le professeur de chant)
Musique : Farid Al Atrache, Mamoun Al Shinnawi, Abdel Aziz Salam, Mahmoud Fahmy Ibrahim, Ismaïl Abdel Mahin
Production : les Films Farid Al Atrache
appréciation : 3/5


Comédie musicale. Wahid, un chanteur réputé, est tombé amoureux de Walaa, une célèbre danseuse. Celle-ci doit s'absenter deux mois pour se produire à Paris et ils ont décidé de se marier à son retour. Mais c’est sans compter la ténacité d’une jeune admiratrice qui est prête à tout pour devenir la femme de Wahid. Cette jeune personne s’appelle Noussa Amin Bashraf. C’est une jeune étudiante en musique et en chant et elle est aussi la fille de l’ancien professeur de Wahid, défenseur sans concession de la tradition musicale. Noussa n’a de cesse de poursuivre son chanteur bien-aimé, tant est si bien que des photos compromettantes finissent par paraître dans la presse. Wahid est bel et bien pris : il doit épouser Noussa. A la plus grande satisfaction de l’oncle de la jeune fille qui nourrit une passion dévorante pour Walaa. C’est alors qu’est annoncé le retour de la danseuse…


Notre avis : dernier film du couple légendaire du cinéma de l’âge d’or, Samia Gamal et Farid Al Atrache. Le scénario très drôle est signé par l’un des maîtres de la comédie, Abou Al Seoud Al Ebiary. Il est bâti autour d’ un personnage de petite peste joué avec beaucoup de conviction par l’actrice et chanteuse Nour Al Hoda. Les danses de Samia Gamal, toutes aussi étourdissantes les unes que les autres sont comme un dernier feu d’artifice offert au public égyptien. Après le tournage de ce film, la danseuse s’envolera pour les Etats-Unis où elle retrouvera l’homme d’affaires texan qu’elle épousera, pour le meilleur et pour le pire.


Cœur à Cœur (Min al Kalb al Kalb, 1952)
Kamal Al Shennawi, Layla Mourad , Mahmoud El Meleigy, Zouzou Nabil, Dawlat Abyad , Abdel Ghany Kamar, Thuraya Fakhry, Kitty, Serag Mounir, Mona
Scénario : Youssef Issa et Henry Barakat
Musique : Ahmed Sedky


Comédie sentimentale. Houda doit subvenir seule aux besoins de sa mère et de sa petite sœur. Pour cela elle travaille dans un cabaret. Elle est payée pour accompagner les clients et les inciter à consommer. C’est ainsi qu’elle fait la connaissance d’Adel, un jeune homme très riche avec qui elle sympathise. Ils se revoient régulièrement et un jour Adel lui propose une mission un peu particulière : pour échapper au mariage que veut lui imposer son père, il lui demande de se rendre chez ses parents et de se faire passer pour son épouse. Elle accepte. Toute la famille d'Adel tombe sous le charme de la jeune femme… 


Je suis seule  (Ana wahdi, 1952)
avec Souad Mohamed (Sana), Magda Al Sabahi (Nawal), Omar El Hariri (Ehsan Hafez), Mimi Chakib, Mona (Afaf), Zaki Ibrahim (le père d’Ehsan), Thuraya Fakhry (la mère d’Afaf), Salah Nazmi (Atef), Abdel Hamid Zaki (le beau-père de Nawal et de Sana), Fakher Fakher (directeur du théâtre), Kittie (danseuse), Abbas Rahmy (propriétaire de l’atelier), Victoria Hobeika (la mère de Nawal et de Sana), Mary Aziz Eddin (chef de l’atelier), Samiha Yahoub (danseuse), Abdel Aziz Kamel (le directeur de la radio)
Histoire : Youssef Issa
Dialogues : Abou Al Seoud Al Ebiary
Musique : Mamoun Al Shinnawi, Riad El Sonbati, Mahmoud El Sherif, Zakaria Ahmed


Comédie musicale. Nawal a quitté la maison de ses parents à Tanta pour vivre au Caire. Elle a trouvé du travail comme couturière chez un tailleur. Elle sympathise avec Afaf, une collègue et s’installe dans l’appartement que celle-ci occupe avec sa mère. Nawal a une sœur prénommée Sana. Elle aussi décide de rejoindre la capitale. Elle a une très belle voix et souhaite faire une carrière de chanteuse mais maints obstacles se dressent sur sa route. Entretemps, Nawal et Afaf rencontrent deux garçons de la meilleure société. Ehsan tombe amoureux de Nawal et son ami Atef s’éprend d’Afaf. Au début, tout se passe au mieux mais quand les deux amis apprennent que leurs deux amoureuses sont couturières, ils les abandonnent aussitôt. Nawal fait une tentative de suicide…


Le Chant Immortel (Lahn Al-Khuloud, 1952)
avec Farid Al Atrache (Wahid), Faten Hamama (Wafaa Riad Hamdy), Salah Nazmi (Rashad Riad Hamdy), Serag Mounir (Abdel Halim, le père de Siham), Magda (Sana Riad Hamdy), Madiha Yousri (Siham Abdel Halim), Zaki Ibrahim (Riad Hamdy), Thurya Salem (la danseuse Houria, maîtresse de Rashad)), Kittie (danseuse), Adly Kasseb (le cardiologue), Abdel Hamid Zaki (le barman)
Scénario : Henri Barakat et Youssef Issa
Musique : Farid Al Atrache et Abdel Aziz Salam
Auteurs des chansons : Mamoun El Shenawy et Saleh Jawdat


Wahid est musicien et pour trouver l’inspiration il se rend souvent chez son vieil ami Riad Hamdy qui habite une grand maison au bord de la mer. C’est là qu’il retrouve les deux filles de son hôte, Wafaa et Sanah ainsi que son fils Rashad. Les trois enfants sont devenus de jeunes adultes et l’amour que Wafaa éprouve pour Wahid n’a fait que croître au fil des ans. Malheureusement pour elle, le musicien continue à la considérer comme la petite fille d’autrefois. De son côté, Rashad est devenu un jeune homme peu recommandable. Il a sans cesse besoin d’argent notamment pour gâter sa maîtresse, la danseuse Houria. Il a promis la main de Wafaa à l’un de ses créanciers mais celui-ci s’impatiente et se montre moins généreux. Le drame survient : Riad Hamdy est retrouvé mort dans son bureau. Le tiroir de la table a été fracturé et l’argent qui s’y trouvait a disparu. Cet argent était destiné à financer le mariage de Wafaa et de Sanah. C’est ce vol qui a causé l’arrêt cardiaque dont est mort Riad Hamdi. Wahid prévient l’oncle des trois enfants. Celui-ci accueille ses nièces et son neveu dans sa grande maison. Avec lui, vit sa fille, Siham, une ravissante demoiselle qui est tombée sous le charme du musicien. Ce dernier n’est pas non plus insensible à la beauté de Siham. On parle de mariage, au grand désespoir de Wafaa…

Notre avis : « Le Chant Immortel » est le premier film dans lequel joue Farid Al Atrache depuis sa rupture avec Samia Gamal. Ils étaient encore ensemble en cette même année 1952 pour l’excellente comédie musicale « Ne le Dis à Personne » elle aussi réalisée par Henry Barakat. Avec ce nouveau film, changement radical d’atmosphère : nous sommes dans le drame, dans l’émotion avec des histoires d’amours croisées et des jeunes filles sentimentales au cœur trop fragile. Le récit est ponctué de nombreuses chansons mélancoliques composées et interprétées par Farid Al Atrache. Pendant le tournage, Henry Barakat avait confié à Faten Hamama qu’il trouvait les chansons un peu longues et qu’elles risquaient de plomber le rythme du film. Sur ce point, on ne peut lui donner tort.


La Loi de la Vie (Hukum El Zaman, 1953)
avec Imad Hamdi (Adel), Magda (Souad, la sœur de Wedad), Nour Al Hoda (Wedad), Zouzou Chakib (Zaynab), Serag Mounir (Hamdi), Omar El-Hariri (Mounir, l’ami d’Adel), Samia Tawfik (Ashwak), Mahmoud Ismaïl (Anis, le frère d’Ashwak), Samia Roshdi (Madame Dawlat), Thuraya Fakhry (la mère adoptive de Wedad), Abdel Rahim El Zarakany (l’avocat), Mohamed El Bakar (Antar, le musicien), Gamalat Zayed (la femme d’Antar)
Scénario : Youssef Issa et Henry Barakat
Musique : Ahmed Sedky, Farid Al Atrache, Mohamed El Bakar


Drame sentimental. Adel est le fils d’Hamdi, procureur au tribunal de Tanta. Un jour qu’il joue avec sa voisine Wedad, un homme qui voulait se venger de son père tire dans sa direction. La main de Wedad arrête la balle et sauve la vie du jeune garçon. A partir de ce jour, les deux amis se sont fait le serment de ne jamais se quitter. Mais après cette tentative d’assassinat, Hamdi est muté à Alexandrie et son fils doit le suivre. Les années ont passé. Adel a obtenu son diplôme d’ingénieur et a fait un long séjour en Europe. Il revient enfin en Egypte. Avec son ami Mounir, il se rend à Alexandrie pour revoir ses parents. Alors qu’ils circulent dans les rues de la station balnéaire, une jeune femme traverse brusquement la chaussée et il s’en faut de peu qu’elle soit renversée par l’automobile des deux amis. Cette personne, c’est Wedad ! A la suite de ces retrouvailles inattendues, celle qui enfant sauva la vie d’Adel invite les deux garçons à la petite fête organisée à l’occasion de l’anniversaire de sa sœur Souad…


Mon Coeur pour mon Enfant (Qalbi ala Waladi, 1953)
avec Kamal Al Shennawi (Rachad, le fils de Zahira Hanem), Nazha Younes (Wafaa, la fille de Taher), Hiam Younes (Bassimah, la dernière fille de Taher), Zaki Rostom (Taher), Samia Tawfik (Siham, la maîtresse de Taher), Amina Rizk (Ratiba, la femme de Taher), Thuraya Fakhry (Zahira Hanem), Ali Al Kassar (le vieux voisin), Fakher Fakher (Hafez), Chukry Sarhan (Raouf, l’un des fils de Taher), Samiha Ayoub (la danseuse dont est amoureux Raouf), Kittie (une danseuse), Abdel Hamid Zaki (le directeur de la société), Ali Abd El Al (le directeur du théâtre)
Histoire : Youssef Issa
Dialogues : Badie' Khairy
Scénario : Henry Barakat
Musique : Youssef Saleh, Ahmed Sabra, Ali Farag, Ahmed Sedky, Fathy Qoura, Hassan Abou Zayed



Mélodrame. Taher est comptable dans une société, il est marié et a trois enfants. Pour le malheur de tous les siens, il a fait la connaissance d’une danseuse dont il est tombé fou amoureux. Cette maîtresse est exigeante et il dépense tout son argent pour elle. Un jour, il la surprend dans les bras d’un autre homme. Taher se jette sur ce rival qui en tombant se heurte violemment la tête contre le coin d’une table. Il meurt sur le coup. Taher est condamné à une lourde peine de prison. Sa femme pour subvenir aux besoins de leurs enfants doit travailler : elle devient couturière à domicile. Les années passent. Les deux ainés sont maintenant de jeunes adultes. Wafa est une fille sérieuse qui aide sa mère et fréquente un jeune homme de bonne famille. En revanche, Raouf, le fils ainé, passe son temps dans un cabaret à jouer aux cartes. C’est ainsi qu’il fait la connaissance d’une bande de malfrats. Mais un nouveau malheur s’abat sur la petite famille : la mère devient subitement aveugle. Il faut trouver au plus vite de l’argent pour payer l’opération…


C'est Moi l'Amour (Ana Al Hob, 1954)
avec Mohsen Sarhan (Nagy), Shadia (Olfat), Yehia Chahine (Mourad, le cousin de Nagy), Hussein Riad (Amin Azmi), Mona Fouad, Zahrat Al Oula (Hoda, l’amie d’Olfat), Zaki Al Harami (le père d’Olfat), Zaki Ibrahim (le médecin), Mona Fouad (Linda), Zinat Sedky (la présidente de l’association féministe)
Scénario : Ibrahim Al Wardani et Henry Barakat
Musique : Abdel Aziz Mohamed
Production : Mohsen Sarhan
appréciation : 4/5


Drame sentimental. Nagy est un jeune ingénieur qui revient à Alexandrie, sa ville natale, après six ans passés à l’étranger. En flânant sur la corniche de la cité balnéaire il fait la rencontre d’une jeune femme, Olfat. Ils se revoient à plusieurs reprises et progressivement l’amour naît entre eux. Malheureusement Olfat disparaît brutalement sans aucune explication. Nagy est au désespoir : sa bien-aimée ne lui a laissé ni son nom ni son adresse. Entretemps, il a été embauché dans une grande entreprise d’Alexandrie. Celle-ci appartient à Amin Azmi, un industriel, ami des parents de Nagy. C’est grâce à lui qu’il a pu faire ses études à l’étranger après la mort de son père. Mais un jour, le jeune ingénieur découvre le portrait de sa bien-aimée posé sur le bureau d’Amin. Il est persuadé que c’est sa fille mais il découvre très vite que c’est en réalité sa femme.


Notre avis : "Je suis l’Amour" est un drame de facture classique qui est un peu à l’image de son réalisateur : sensible et élégant, ne tombant jamais dans l’outrance malgré le caractère scabreux du sujet. Un père qui épouse sa fille pour qu’elle échappe à un mariage forcé, avouons que ce n’est pas banal et qu’il faut avoir bien du talent pour faire un bon film avec un scénario pareil. Heureusement, Henry Barakat n’en manque pas et il nous offre une œuvre légère et lumineuse nimbée de mélancolie, très loin du mélodrame lourdaud que l’on pouvait craindre. Henry Barakat, c’est le Douglas Sirk du cinéma arabe.


C’est arrivé une nuit (Hadatha Zata Layla, 1954)
avec Hoda Soltan (Aïda), Mohsen Sarhan (Rushdi, l’agresseur d’Aïda, et son frère jumeau), Kamal Al Shennawi (Hamdy), Aida Kamel (Mahasen, l’amie d’Aïda), Abdel Rahim El Zarakany (l’ami d’Hamdy), Abdel Aziz Hamdi (le père d’Hamdy), Abdel Hamid Zaki (le directeur de la pension), Zaki Ibrahim (le juge), Thuraya Salem (une danseuse), Neimat Mokhtar (une danseuse)
Histoire : Fathi Abou El Fadl
Scénario : Henry Barakat
Musique : Mahmoud El Sherif, Ahmed Sedky, Mohamed Al Qasabji


Drame. Hamdy, un jeune homme riche, épouse Aïda, une fille pauvre, malgré l’opposition de son père. Ils vivent heureux jusqu’au jour où Aïda fait une très mauvaise rencontre : alors qu’elle vient de faire du shopping avec l’une de ses amies et qu’elle retourne chez elle, un homme en voiture s’arrête à sa hauteur. Celui-ci prétend que son mari a eu un accident et il lui propose de la conduire sur le lieu du drame. Elle accepte. Sur la route, l’homme bifurque brusquement et arrête son véhicule dans un endroit désert. Il se jette sur elle…
Entre temps Hamdy s’inquiète de l’absence de sa femme. Il prévient la police. Aïda reparaît enfin. Mais quand il apprend ce qui s’est passé, il demande le divorce. Seule, abandonnée, la jeune femme est décidée à se venger. Elle veut retrouver son agresseur…

Notre avis : dans ce film, Henry Barakat montre avec une grande justesse comment une femme victime d’un viol sera la seule à en payer toutes les conséquences et comment elle sera punie bien-delà de ce que risque son agresseur. Néanmoins, on reste très sceptique sur certaines idées scénaristiques des auteurs : l’héroïne qui tombe amoureuse du frère jumeau de son violeur qu’elle a tué, c’est une idée digne d’un très mauvais mélo.


Lettre d’Amour (Risalat Gharam, 1954)
avec Farid Al Atrache (Wahid), Maryam Fakhr Eddine (Elham/Widad), Kamal Al Shennawi (Rafaat), Hussein Riad (Professeur Sami), Abdel Salam El Nabolsi (Dabour), Omar El-Hariri (Samir), Zomoroda (Mimi), Thuraya Fakhry (Anayat Haneim), Abdel Aziz Hamdy (le père d’Ilham), Hind Rostom (Latifa), Aly Abd El Al (oncle de Wahid), Abbas Rahmy (le bijoutier)
Scénario : Youssef Issa et Henry Barakat
D’après un roman de l’écrivain français, Alphonse Karr, Sous les Tilleuls (1832)
Musique : Farid Al Atrache, Mamoun Al Shinnawi, Saleh Gawdat
Production : Films Farid Al Atrache


Wahid, un vieux chanteur couvert de gloire, se souvient de sa jeunesse et de son seul amour : la jeune femme s’appelait Elham et ils étaient follement amoureux l’un de l’autre. Ils s’étaient juré une fidélité éternelle et rêvaient de se marier. Wahid fit sa demande en mariage au père de sa bien aimée mais celui-ci s’opposa catégoriquement à ce projet : Wahid, qui rêvait de faire carrière dans la chanson, était trop pauvre. Il décida alors de se consacrer entièrement à son art pour gagner la gloire et la fortune et ainsi obtenir la main d’Elham. Malheureusement, l’un de ses amis, profitant de son retrait parvint à conquérir la jeune femme et à l’épouser…

Notre avis : on est un peu étonné d’apprendre que ce drame sentimental est inspiré d’une œuvre d’un écrivain français du XIXe siècle complétement oublié aujourd’hui. Alphonse Karr (1808-1890) a écrit u nombre considérable de romans évoquant des histoires d’amour compliquées avec des héros et surtout des héroïnes à la sensibilité exacerbée. Les auteurs de « Lettre d’Amour » ont trouvé dans « Sous les Tilleuls » tous les ingrédients d’un bon mélodrame. Le sentimentalisme du film a certes un peu vieilli mais le personnage du « méchant » incarné par l’impeccable Kamel Al Shennawi retient l’attention du spectateur jusqu’à la fin. Cet « ami » du héros qui détruit tout autour de lui avec un cynisme ahurissant fait partie de la grande famille des « monstres » qu’on adore détester. On peut voir aussi dans l’une des scènes du film, la toute jeune Hind Rostom qui ne parvient pas à troubler le héros malgré sa manière très suggestive d’enfiler ses bas !


Jours et Nuits ( Ayyâm wa layâlî, 1955)
avec Abdel Halim Hafez (Yahia), Iman (Samia), Ahmed Ramzy (Raafat, l’ami de Yahia), Serag Mounir (Asim le père de Fathi et le beau-père de Yahia), Mahmoud El Meleigy (Kamal, le père de Yahia), Kamal Hussein (Fathi), Samia Roshdi (la mère de Samia), Thuraya Fakhry (la mère de Fatima), Abbas Rahmy (le procureur), Zeinat Olwi (la danseuse), Aqeila Rateb (Fatima, la mère de Yahia), Soheir El Barouni (Nawal, la sœur de Samia), Abdel Moneim Basioni, Adly Kasseb
Scénario et dialogues : Youssef Gohar rt Henry Barakat
Musique : Mohamed Abdel Wahab 
Production : Films Barakat/Films Abdel Wahab


Drame. La mère de Yahia a divorcé de son père car il était alcoolique. Elle s’est remariée avec un homme qui a un fils du même âge que Yahia. Les années passent et les enfants grandissent. Ils sont très différents l’un de l’autre. A l’université, Yahia est un étudiant modèle apprécié de tous : c’est un garçon raisonnable et généreux, d’humeur toujours égale. Avec son ami Raafat, il fait partie de l’équipe d’aviron du campus et les deux camarades s’entraînent régulièrement sur le Nil. Fathi est tout le contraire : il dort en cours et passe ses nuits à boire dans les cabarets. Yahia fait la connaissance de Samia et en tombe très vite amoureux. Ils sortent souvent ensemble, accompagnés de Raafat et de Nawal, la sœur de Samia. Fathi ne tarde pas à s’immiscer dans le groupe avec une intention bien précise : séduire Samia. 
Un soir, lors d’une fête, ivre comme de coutume, il essaie d’embrasser de force la jeune fille mais Yahia intervient. Fathi, furieux, décide de rentrer. Il prend le volant de sa voiture, tandis que Yahia s’installe à ses côtés. Sur la route, le chauffard renverse un piéton mais, lâche et inconscient, il poursuit sa course folle dans la nuit. Raafat qui avec son propre véhicule suivait la voiture de Fathi s’arrête pour porter secours à la victime. La police apparaît. L’ami de Yahia est accusé d’être le responsable de l’accident…

Notre avis : très joli film sur une certaine jeunesse dorée des années cinquante avec ses plaisirs mais aussi ses drames. Nostalgie garantie devant ces images d’une époque insouciante (enfin pas pour tout le monde). On y retrouve à l’identique tout ce qui compose l’univers des héros des teen movies de l’autre côté de l’Océan ("La Fureur de Vivre" date aussi de 1955). : transistors, scooters, voitures décapotables, alcools forts, orchestres latinos, garçons en chemises à col boucle et pantalons larges, jeunes filles en robes corolles et le sac à main à la saignée du coude. Les chansons interprétées par Abdel Halim Hafez achèvent de conférer à ce film une magie toute particulière.