samedi 17 mai 2025

Bon anniversaire, Monsieur Adel Imam !

عادل إمام

Adel Imam qui fut le roi de la comédie égyptienne pendant plus de cinquante ans, fête aujourd'hui son quatre-vingt cinquième anniversaire. Il a pris sa retraite il y a quelques années mais sa popularité est toujours aussi grande auprès du public arabe. A la fin de sa carrière, il a joué exclusivement pour la télévision dans des séries à succès. Le dernier film qu'il a tourné pour le cinéma date de 2010, Alzheimer (Zahaymar) d'Amr Arafa. Régulièrement, la presse se fait l'écho de rumeurs alarmistes concernant l'état de santé de l'acteur, rumeurs aussitôt démenties par ses proches. Officiellement, il se porterait le mieux du monde et coulerait des jours paisibles au sein de sa famille.

Adel Imam est le dernier monstre sacré du 7ème art égyptien. Avec son physique de gringalet et son visage de farfadet, il est devenu l'acteur le plus célèbre de son temps. A lui tout seul, il symbolise tout le cinéma des années quatre-vingt et quatre-vingt-dix. Durant ces deux décennies, le déclin du cinéma égyptien s'accélère et la plupart des films produits à cette époque se distinguent par leur médiocrité ou leur ineptie. Dans ce naufrage, surnagent ceux dans lesquels a joué Adel Imam même si les réalisateurs n'avaient pas toujours le talent de leur prestigieux interprète. La grande force de celui-ci, c'est d'avoir été capable d'incarner avec une aisance et un naturel réjouissants des personnages complexes, souvent veules, parfois lâches, donc pas forcément sympathiques mais toujours vrais, toujours profondément humains. Jamais Adel Imam ne fit de concession au mièvre, au lénifiant ou à l'édifiant. Et c'est bien ce que lui reprochèrent les islamistes brièvement au pouvoir qui n'eurent rien de plus pressé que de le condamner à la prison. Hommage du vice à la vertu (ou l'inverse, à chacun sa morale !).

De 1964 à 2010, Adel Imam a joué dans cent vingt-cinq films.

Sa carrière en quelques images


Moi, Lui et Elle, 1964

Le Directeur Technique, 1965

Je suis le docteur, 1968

Joies, 1968

Une Demi-heure de Mariage, 1969

A la recherche du scandale, 1973

24 heures d'Amour, 1974

L'important, c'est l'amour, 1974

Interdit pendant la nuit de noces, 1975

Tout le monde veut aimer, 1975

Sabrina, 1975

Les Maris Diaboliques, 1977

Le Portefeuille est avec moi, 1978

Aventures autour du monde, 1978

Méfie-toi de tes voisins, 1979

Un Homme qui a perdu l'Esprit, 1980

Les hommes ne vivent qu'une fois, 1981

Le Suspect, 1981

L'Amour en Prison, 1983

Les Cinq Portes, 1983

Le Terroriste, 1984

Oeil pour Oeil, Dent pour Dent, 1984

Qui de nous deux est le voleur ?, 1984

Un Mari à la Demande, 1985

La Foire, 1989

Fiché Dangereux, 1991

Les Oiseaux des Ténèbres, 1995

Bakhit et Adila, 1995

Le Prince des Ténèbres, 2002

L'Immeuble Yacoubian, 2006

Boboss, 2009


A la télé : les films du jour (Rotana Classic du 17 au 31 mai)

روتانا كلاسيك

Quels films peut-on voir sur la chaîne Rotana Classic ? Les horaires donnés sont ceux de l'après-midi ou de la soirée (heure de Paris). La plupart des films sont ensuite rediffusés le lendemain matin.
Rotana Classic a remplacé Rotana Zaman en 2012. Cette chaine fait partie du groupe Rotana basé en Arabie Saoudite et spécialisé dans le divertissement (télévision et musique). Celui-ci a été créé par le prince Al-Walid ben Talal ben Abdelaziz Al Saoud, membre de la dynastie Al Saoud et petit-fils du fondateur de l'Arabie Saoudite. Comme son nom l’indique, Rotana Classic diffuse essentiellement les grands classiques du cinéma égyptien. Disponible en France.


Samedi 31 mai à 19h30

Le Secret du Bonnet Invisible de Niazi Mostafa (Ser Taqya el Ekhfa, 1959)

avec Tawfik El Deken (le bijoutier Amin), Berlanti Abdel Hamid (Lola, la maîtresse d’Amin), Abdel Moneim Ibrahim (Asfour), Mohamed Abdel Qodoos (le père d’Asfour), Ahmed Farahat (le frère d’Asfour), Zahrat Al Oula (Amal), Gamalat Zayed (la mère d’Asfour), Adli Kasseb (Salem, le rédacteur en chef), Samia Roshdi (la mère d’Amal)
Scénario : Abdel Hay Adib et Niazi MostafaDialogues : El Sayed El Bedir
Musique : Mounir Mourad et Fathy Qora
Production : Khalil Diab


Comédie fantastique. Asfour est un reporter naïf et maladroit. Son incompétence notoire exaspère son rédacteur en chef. Il est amoureux d’une collègue, Amal. Malheureusement cette dernière doit épouser Amin, un cousin méchant et sournois, bijoutier de son état.
Asfour vit avec son petit frère Fasih et ses parents. Son père est un excentrique qui se consacre à l’alchimie. Il multiplie les expériences dans l’espoir de fabriquer un jour de l’or.
Amin ne supporte pas qu’Amal fréquente Asfour. Il menace son rival afin qu’il s’éloigne de la jeune femme. Le bijoutier a le soutien de la mère de celle-ci et rien ne pourra empêcher leur mariage. Asfour est désespéré.
Un soir, Fasih est resté seul dans le laboratoire de leur père et il entreprend de jouer au petit chimiste. Il provoque une explosion qui libère d’une jarre un génie. L’enfant s’évanouit puis l’être surnaturel prend feu, ne laissant de son passage qu’une fine poussière qui s’est déposée sur un bonnet appartenant à Asfour.
Peu après, on s’aperçoit que le bonnet a le pouvoir de rendre invisible celui qui le porte. Asfour comprend tout de suite le parti qu’il va pouvoir en tirer. Tout d’abord, tourmenter Amin et empêcher son mariage avec Amal…

Notre avis : le seul film où l’éternel second rôle Abdel Moneim Ibrahim obtient le premier rôle. Même s’il peine à convaincre dans certaines scènes qui auraient exigé de sa part un petit grain de folie supplémentaire, reconnaissons qu’il propose un jeu très personnel, tout en retenue, bien loin de l’outrance de ses petits camarades. « Le Secret du Bonnet Invisible » est une comédie inégale : l’invisibilité du héros est prétexte à une accumulation de gags convenus et de farces pour potaches boutonneux. Heureusement, Berlanti Abdel Hamid, la Sza Sza Gabor égyptienne met du piment dans cette potion « magique » un peu fade. Sa danse du Hula Hoop est l’une des scènes les plus savoureuses du film.


Vendredi 30 mai à 17h

Khaled après le changement de Yehya Al Alami ( Khaleel ba'd el-ta'deel, 1987)
avec Mahmoud Abdel Aziz (Khalil), Layla Olwy (Hala), Soad Nasr (Zeinab, la première femme de Khalil), Hussein El Sherbiny (Kamal Al Zafarani), Naima El Sogheir (Fathia, la mère de Hala), Mahmoud Abu-Zeid (Sobhi, le beau-père de Hala), Jihan Nasr (Amina, la fille de Khalil), Moamen Hassan (Mohamed, le fils de Khalil), Hussein Arar, Mohamed Atris (u employé de banque), Hosni Saqr (un administrateur de la banque), Hassan Anwar
Scénario et dialogues : G aber Abdel Salam et Nabil Gholam
Musique : Mukhtar El Sayed


Comédie. Khalil, simple comptable, devient directeur de l’établissement bancaire dans lequel il travaille. C’est un homme maladroit et timide, marié et père de deux enfants. Pour l’aider dans les lourdes tâches qui sont les siennes, il peut compter sur sa secrétaire, Hala. Cette jeune femme est non seulement très compétente mais aussi très séduisante. Elle vit avec sa mère et son beau-père. Ce dernier est sans emploi et il a sombré dans l’alcoolisme. Il contraint sa belle-fille à lui verser une grande partie de son salaire. Hala n’en peut plus et n’a qu’un rêve : quitter le toit maternel. Elle fréquente Kamal, le fils d’un pacha, qui lui fait une cour assidue mais elle se méfie de lui. Elle ne sait pas ce qu’il attend d’elle. En fait, on apprendra plus tard que ce Kamal est un ami de Kahlil et que c’est un coureur de jupons invétéré. Mais le destin semble enfin sourire à la jeune femme. Khalil est subjugué par son élégance et sa culture si bien qu’entre son patron et elle, les liens professionnels deviennent très vite amoureux. Hala entreprend de transformer Khalil, elle veut en faire un homme du monde : elle change intégralement sa garde-robe et le conduit dans les boites de nuit les plus branchées de la capitale. Ils finissent même par se marier…

Notre avis : un ratage parmi d’autres en ces années 80 fertiles en navets de tout acabit. Le scénario comporte bien des faiblesses avec notamment une construction bancale, des péripéties hautement prévisibles et un dénouement moralisateur. Mais le plus navrant, c’est l’interprétation. On a à la fois des acteurs peu inspirés et des erreurs manifestes de casting. Mahmoud Abdel Aziz a dû penser que ce film lui offrirait l’occasion de déployer tout son talent d’acteur dans un rôle de composition. Le résultat, c’est un jeu caricatural à l’excès qui ôte toute crédibilité à son personnage. Layla Olwy ne s’en sort pas mieux dans le rôle de la jeune secrétaire élégante et cultivée. Qu’est-ce qui a bien pu passer dans la tête des producteurs pour lui demander d’incarner un personnage qui lui ressemble si peu ? Nous paraît tout aussi incompréhensible le choix d’Hussein El Sherbiny pour jouer un fringant séducteur, fils de Pacha (lors du tournage du film, il a 52 ans !). Quant au beau-père alcoolique, il est interprété par un acteur d’un amateurisme sidérant. Pour finir sur une note positive, nous dirons que la musique du film est en parfaite harmonie avec tout le reste.


Jeudi 29 mai à 15h

Moi et mes filles d'Hussein Helmy El Mohandes (Ana wa banati, 1961)
avec Abdel Moneim Ibrahim (Fahmy), Salah Zulficar (Samir), Zahrat Al Oula (Mervat), Nahed Sharif (Maysa), Fathia Chahine (propriétaire de la boutique de mode), Fayza Ahmed (Mahasin), Amal Farid (Mona), Zaki Rostom (Mahmoud Abdel Fatah), Samia Roshdy (la mère d’Hamza), Ali Kamal (Gaber), Ahmed Bali (un ami de Mahmoud), Abdel Ghani El Nagdi (Hamza)
Scénario : Hussein Helmy El Mohandes
Musique : Attya Sharara, Ibrahim Haggag, Mohamed Al Mogi


Drame. Mahmoud Abdel Fatah est veuf et il élève seul ses quatre grandes filles : Mervat, Maysa, Mahasin, Mona. Il leur a donné une excellente éducation mais il n’a pas les moyens de financer leur futur mariage. La situation se complique quand il est mis brutalement à la retraite. Sur les conseils d’une relation, il investit toutes ses économies dans une société qui pourra lui faire gagner beaucoup d’argent. Il voit enfin l’avenir avec un certain optimisme. Las ! En se rendant au siège de la société, il s’aperçoit qu’elle a déménagé sans laisser d’adresse : il a été joué par des escrocs qui ont disparu avec son argent ! Il a un malaise et chute dans l’escalier. Il est hospitalisé. Désormais, ses quatre filles devront affronter seules les difficultés de la vie…

Notre avis : la chronique familiale est dans le cinéma égyptien un genre en soi. Nous retrouvons dans « Moi et mes filles tous les ingrédients qui ont fait le succès de ces productions. Le fil narratif est toujours à peu près le même : une famille nombreuse qui autrefois a connu l’aisance doit affronter des difficultés de toutes sortes, ce qui conduit certains de ses membres à faire des choix malheureux. Comme toujours, Zaki Rostom excelle dans ces rôles de patriarches qui vacillent sous les coups du destin. Mais l’intérêt du film repose essentiellement sur le très attachant quatuor formé par les quatre filles. Les deux plus jeunes actrices, Nahed Sharif et Amal Farid, sont d’une spontanéité et d’une justesses rares (Nahed Sharif était une excellente actrice et il est tout à fait regrettable que les producteurs, les critiques et le public n’aient voulu voir en elle que la petite pin-up sexy pour comédies vulgaires.). En revanche, Fayza Ahmed constitue le « maillon faible » de « Moi et mes filles » : si elle sait chanter, elle ne sait absolument pas jouer la comédie. Ce n’est sans doute pas un hasard si ce film est le denier dans lequel on lui a confié un rôle. Dans les suivants, elle se contentera de chanter.


Mercredi 28 mai à 19h30

La Fin du Chemin de Kamal Attiya (Nihâyat al tariq, 1960)
avec Hoda Soltan (Sharbat), Rushdy Abaza (Hussein), Tawkik El Deken (Fathi), Wedad Hamdy (l’amie de Sharbat), Abbas Fares (Haj Abdo, le père de Fathi), Omar el Hariri (Fouad), Thuraya Fakhry (la mère de Sharbat), Adawy Gheith (le directeur de l’usine), Fawzia Mohamed (la danseuse), Hassan El Baroudi (le secrétaire du père de Fathi)
Scénario et dialogues : Kamal Hafnawi
Musique : des emprunts divers Mogi (La musique du générique est un enregistrement de Pérez Prado, le roi du Mambo et on entend dans quelques scènes, des extraits de la B.O.de Sueurs Froides d’Alfred Hitchcock, une B.O. composée par Bernard Herrmann.)
Musique de danse : Attia Sharara
Chansons : Mohamed Al Mogi
appréciation : 4/5


Drame. Sharbat, une jeune femme d’origine modeste vit seule avec sa mère dans un petit appartement. Elle est tombée amoureuse d’Hussein, un jeune ouvrier qui réside dans le même immeuble que le sien. Elle multiplie les occasions de rencontres et parvient à s’introduire dans le logement de son bien aimé. Celui-ci cède aux avances réitérées de Sharbat. Ils se marient. Au début, l’entente entre les deux jeunes mariés est totale. Fathi, un jeune étudiant riche, tourne autour de la jeune femme. Il n’hésite pas à venir la voir chez elle quand Hussein est à l’usine mais Sharbat reste insensible à ses propositions. Avec son mari, elle est heureuse, d’autant plus que celui-ci a repris des études à l’université : il veut devenir avocat...

Notre avis : un excellent film dans lequel le réalisateur raconte l’ascension chaotique puis la chute vertigineuse d’une jeune femme prête à tout pour échapper à la pauvreté. Hoda Soltan campe avec un naturel confondant une enjôleuse diabolique qui détruit tous les hommes de son entourage. Avec ce rôle, elle confirme son titre de la femme fatale la plus maléfique du cinéma arabe. Ses partenaires Rushdy Abaza et Tawfiq El Deken sont tout aussi épatants, l’un et l’autre dans deux registres radicalement différents. Dans ce film, le réalisateur a su magistralement concilier le drame social à l’égyptienne et l’esthétique du film noir américain.


Mardi 27 mai à 17h

L'Appel du Courlis ou La Prière du Rossignol d'Henry Barakat (Doa al karawan, 1959)
avec Ahmed Mazhar (l’ingénieur), Zaki Ibrahim (le père de l’ingénieur), Faten Hamama (Amina), Zahrat Al Oula (Hanadi), Amina Rizq (Zarah), Edmond Tuema (le professeur de français), Ragaa El Geddawy (la fille du commissaire), Hussein Asar (le commissaire de la ville), Nahed Samir (la femme du commissaire), Abdel Halim Khattab (l’oncle), Mimi Chakib (Zenouba)
Adaptation du roman de Taha Hussein, L'Appel du Courlis (1934)
Scénario : Henry Barakat et Youssef Gohar
Musique : André Ryder
Production : les films Barakat
Figure dans la liste des quinze meilleurs films égyptiens de tous les temps.
appréciation : 5/5


Drame. Bani Warkan est une petite ville au cœur des montagnes où vit Amina avec sa sœur Hanadi et ses parents, Khader et Zarah. Cette famille de bédouins mène une existence laborieuse mais les trois femmes sont courageuses. Malheureusement, le père est un débauché qui dépense tout son argent dans les plaisirs. Un jour, c'est le drame : il est assassiné. L'oncle Khal Jaber ordonne à sa sœur et à ses nièces de quitter le pays, le temps que les gens oublient le scandale. Les trois femmes se lancent dans un long périple qui les mène dans une ville. Elles louent une petite maison mais il faut trouver du travail au plus vite. Grâce à un intermédiaire, les deux filles sont embauchées comme femme de chambre.. Hanadi doit travailler chez l’ingénieur en charge de l’irrigation tandis qu’Amina entre au service du commissaire de la ville, de sa femme et de sa fille Khadija. Cette dernière a le même âge qu’Amina. Entre les deux jeunes filles, la complicité est totale. Khadija apprend à Amina la lecture et l’ouvre à la culture. Le sort d’Hanadi est moins heureux. Son maître est célibataire et il a profité de son inexpérience pour abuser d’elle.

Notre avis : un chef d’œuvre à voir absolument. Dans ce film, tout est admirable : le scénario, la photo, l’interprétation et puis cette inoubliable voix off, celle de Faten Hamama qui tout à la fois nous émeut et nous enchante. Dans le style sobre et rigoureux qui sied aux classiques, Henri Barakat nous raconte une tragédie qui se déroule dans l’Egypte de l’intérieur, loin du Caire et de la vie citadine. Cette société aux mœurs archaïques voue les femmes au malheur et ne leur laisse d’autre choix que la soumission. Le cinéaste restitue scrupuleusement le constat très sévère de l’écrivain Taha Hussein : la campagne égyptienne est un univers faussement paisible, la violence y est omniprésente, notamment celle exercée par les hommes contre les femmes maintenues dans l’asservissement et l’ignorance. "L’Appel du Courlis" est une œuvre majeure du cinéma mondial injustement méconnu en Occident.


Lundi 26 mai à 19h30

Tous Sont Mes Enfants d'Ahmed Diaa Eddine ( Kollohom Awlady,1962)
avec Chukry Sarhan (Amin), Salah Zulficar (Salem), Hassan Youssef (Mehdat), Zizi Al Badraoui (Karima, la cousine des trois frères), Amina Rizq (la mère des trois frères), Tawfik El Deken (le chef des voleurs), Abdel Khalek Saleh (le père des trois frères), Mimi Gamal (une amie de Mehdat), Abdel Salam Mohamed (Izzat, un ami de Mehdat), Mahmoud Mustafa (Magdy, un ami de Mehdat), Abdel Rahman Abo Zahra (Ibrahim, un ami de Mehdat), Abdel Ghani El Nagdi (le serviteur)
Scénario : Farid Shawki et Kamal Ismaïl
Production : Naguib Khoury


Amin, Salam et Mehdat sont trois frères. Le premier est en dernière année de droit, le second est un tout jeune officier de police et le troisième, le plus jeune, souhaite devenir ingénieur mais dans ses études, il manque singulièrement de sérieux. Toute la famille est réunie pour le dernier déjeuner avant leur départ. C’est la fin des vacances, et ils doivent tous les trois retourner au Caire. Autour de la table, outre les trois frères, il y a leur mère qui les adore, leur père qui a toujours été d’une sévérité extrême et leur cousine Karima qui est amoureuse de Medhat. Le repas terminé, les trois jeunes gens prennent la route de la gare.
De retour au Caire, Medhat renoue avec ses mauvaises fréquentations. Il passe ses journées à boire et à jouer aux cartes. Il perd beaucoup d’argent. Très vite, il se retrouve dans une situation inextricable : il ne sait plus comment honorer ses dettes…

Notre avis : une chronique familiale qui évoque l’affrontement entre trois frères aux parcours divergents. Le dispositif paraîtra un peu schématique : l’opposition est frontale entre le cadet, jeune policier, et le benjamin qui a plongé dans la délinquance ; en revanche l’aîné qui est avocat (évidemment !) adopte une attitude de tolérance et de conciliation. « Tous sont mes enfants » est un film à thèse qui remet en cause l’autorité paternelle. Pour les auteurs*, l’autoritarisme du père est le premier responsable des dérives des enfants. Soit ! Malgré cette volonté de prouver et de démontrer que l’on retrouve dans chaque scène, ce film n’est pas aussi indigeste qu’on pourrait le craindre. Sans doute, est-ce dû à la qualité de l’interprétation et notamment au jeu si sensible de la jeune et frêle Zizi Al Badraoui.
*On est étonné de trouver comme scénariste pour ce film, l’acteur Farid Shawki qui a toujours incarné à l’écran les hommes virils et dominateurs !


Dimanche 25 mai à 19h30

La Foire de Samir Seif (Al Mouled, 1989)
avec Adel Imam (Ibrahim/Hema), Yousra (Amara), Amina Rizk (Baraka), Mostafa Metwali (Jaber), Eman (Didi), Ahmed Samy Abdallah (Idriss, le mari de Baraka), Gamal Ismaïl (Abou Al Nazar), Abdallah Farghaly (Ali, le boiteux), Karim Al Husseini (le plus jeune fils de Baraka), Saïd Tarabiq (Sawi, membre du gang), Ahmed Salama (Saïd, membre du gang), Ali Qaoud (Ismaïl, membre du gang), Nour al-Demerdash (le Pacha, chef de gang), Aziza Rachid (Suzy)
Scénario : Mohammed Galal Abdel Kawy
Musique : Hany Shenouda 
Production : Wasef Fayez


Thriller. Lors d’une fête religieuse, des parents perdent leur petit garçon dans la foule. Il est recueilli par un vendeur ambulant qui va l’élever avec sa fille dans un bidonville. L’enfant grandit au milieu des bandits et des voyous et devenu adulte, il a entamé une carrière de délinquant. Mais il finit par se repentir et souhaite mener une vie honnête. Malheureusement, la police l’arrête pour un délit qu’il n’a pas commis. Avec l’aide de sa « sœur » Amara (la fille de son ravisseur), il parvient à s’échapper. Parce qu’il a besoin d’argent, il décide faire un dernier cambriolage. Il a choisi une luxueuse villa et la nuit venue, il parvient sans peine à s’y introduire. Il ne sait pas que cette belle maison appartient à Didi, une jeune femme blonde très séduisante qui dirige une bande de malfaiteurs spécialisée dans la contrebande. Le jeune homme est tout de suite repéré par la propriétaire et ses hommes de main. La confrontation est violente mais Didi est impressionnée par l’audace et le courage de son voleur. Elle veut en faire son associé…

Notre avis : dans les années quatre-vingt, Adel Imam et Samir Seif ont tourné ensemble à maintes reprises. Ce thriller est l’un des derniers de leur fructueuse collaboration. Nous sommes plongés dans un monde où la violence règne sans partage. Il faut tuer pour ne pas être tué. Et du coup on peine à éprouver la moindre sympathie à l’égard du héros qui fait preuve de la même férocité que ceux qu’il combat. Outre le fait que le personnage joué par Adel Imam est terriblement déplaisant, on a beaucoup de mal à croire au « happy end » imaginé par les auteurs. On soulignera néanmoins l’excellente prestation des deux partenaires féminines d’Adel Imam : Yousra, très émouvante en femme meurtrie et amoureuse et Eman, impressionnante en chef de gang aussi belle que redoutable.


Vendredi 23 mai à 17h

Les Arnaqueurs d'Ali Abdel Khalek (Al Hanakish, 1986)
avec Nabila Ebeid (Wataf), Kamal Al Shennawi (Taher Soleiman), Farouk El Feshawi (Essam, le fils de Taher), Hatem Zulficar (Omar, le fils de Taher), Abdulla Meshref (l’épicier), Abdel Ghany Nasser (Ibrahim, l’assistant de Taher), Ahmad Abdul Kader (l’oncle Sayed Soleiman), Sanaa Lamlum (Samiha, la femme de Taher), Shafiq Al Shayeb (Officier de la sécurité), Suleiman Hussein (le chauffeur)
Scénario : Ahmed Samir
Musique : Hassan Abou El Saoud et Yahia Al Muji


Nous sommes en 1959. Taher Soleiman est un haut fonctionnaire chargé de la sécurité de l’Etat. Avec sa femme et ses deux fils, il mène une existence de privilégié dans une grande villa cossue. Mais tout s’effondre : sa femme demande le divorce. Taher apprend qu’elle le trompe avec Salah Othman, son supérieur au ministère. Il décide de la faire éliminer par des agents de ses services. Le meurtre est maquillé en accident de la route mais Salah Othman n’est pas dupe et se venge : il confisque tous les biens de Taher et le condamne à l’exil. Ses deux fils sont confiés à leur oncle. En 1986, l’ancien haut-fonctionnaire est enfin autorisé à revenir en Egypte. Il retrouve ses deux fils, Omar et Essam qui mènent des vies très modestes. Il leur révèle que dans le jardin de la villa qu’ils occupaient autrefois, il a enterré un coffre-fort contenant tout un trésor. Le souci, c’est que désormais cette maison est occupée par un personnage important de l’Etat et qu’elle est surveillée jour et nuit. Essam, l’un des deux fils de Taher, va tenter de séduire Wataf, la servante du lieu pour accéder au coffre tant convoité…

Notre avis : un film d’action avec comme personnage principal un individu sans scrupules qui par cupidité et orgueil est prêt à sacrifier sans l’ombre d’une hésitation tous ceux qui l’entourent et qui l’ont soutenu. Kamal Al Shennawi endosse ce rôle d’individu abject avec une aisance et un aplomb impressionnants et l’intérêt du film réside en grande partie dans sa prestation. Comme souvent avec les films des années quatre-vingt, on est frappé par l’appauvrissement du langage cinématographique. Dans « Les Arnaqueurs », quasiment toutes les scènes sont filmées en plan d’ensemble ou en plan moyen, les plans rapprochés ont pratiquement disparu. L’art du portrait que maîtrisaient à la perfection les cinéastes de l’âge d’or semble à jamais perdu !


Jeudi 22 mai à 15h

Je n’ai que toi d'Henry Barakat (malish gherak, 1958)
avec Farid Al Atrache (Ahmed), Mariam Fakhr Eddine (Basimah), Amal Farid (une soeur de Basimah), Aleya Bassim (une soeur de Basimah), Rushdy Abaza (Fathy), Hassan Fayek (Fayzi Bey, le patron de Fathy et le père de Basimah), Omar El Hariri (le fiancé de l’une des soeurs de Basimah), Farouk Agrama (le fiancé de l’une des soeurs de Basimah), Mimi Chakib (la femme de Fayzi Bey), Suzi Khairy (la danseuse), Adly Kasseb (le médecin)
Histoire et dialogues : Badie' Khairy
Scénario : Henry Barakat et Youssef Issa
Un remake de la comédie musicale américaine Ô toi ma charmante (titre original : You Were Never Lovelier) réalisée par William A. Seiter 1942 avec Rita Hayworth et Fred Astaire.
Musique : Farid Al Atrache
Production : les films Farid Al Atrache


Comédie musicale. Ahmed est un chanteur qui a la passion des chevaux et des courses. C’est dans un haras qu’un jour, il retrouve son ami Fathy. Les deux camarades ne s’étaient pas vus depuis des années. Fathy travaille pour un riche chef d’entreprise et il propose à Ahmed qui est sans le sou de le rencontrer. Ce patron un peu fantasque a un souci : sa fille aînée, Basimah refuse de se marier et les jeunes sœurs de cette dernière sont furieuses car elles sont contraintes de demeurer célibataires tant que leur grande sœur le restera. Lors d’un mariage, le chef d’entreprise  a convié Ahmed à chanter. Toute l'assistance est subjuguée par la voix exceptionnelle du jeune homme. Ceci va donner une idée au père de Basimah : il va utiliser le talent poétique d’Ahmed pour amener sa fille aînée à envisager l’amour avec plus de bienveillance. Chaque jour, elle recevra une lettre enflammée d’un amoureux anonyme et c’est Ahmed qui sera chargé de l’écrire…


Mercredi 21 mai à 19h30

Le Prince de la Vengeance d'Henry Barakat (Amir Al Intiqam, 1950)
avec Anwar Wagdi (Hassan Hilali), Madiha Yousri (Yasmina), Samia Gamal (Zumoroda), Farid Shawki (Jaafar), Hussein Riad (Cheikh Jalal), Kamal Al Shennawi (Chahine le Mamelouk), Mahmoud El Meleigy (Metwali), Serag Mounir (Badran, chef de la police), Abdul Aziz Ahmed (cheikh Fadel), Zaki Ibrahim (le père d’Hassan Hilali), Mohamed Alwan (le frère de Badran), Reyad El Kasabgy (Cheikh al Mansour Ghurab), Zaki El Fayomi (Hisham, le fils de Yasmina), Ali Al Kassar (Nour, l’esclave)
Scénario : Henry Barakat
Dialogues : Youssef Gohar, Henry Barakat, Youssef Issa
D'après le roman Le Comte de Monte Cristo d'Alexandre Dumas
Musique : Ahmed Sedky, Farid Al Atrache ainsi que des extraits d’œuvres classiques occidentales telles que « La Force du Destin » de Giuseppe Verdi ou bien « Une Nuit sur le Mont Chauve » de Modeste Moussorgski
Production : Les Films du Lotus (Assia Dagher)


Film d'aventure. Hassan Al Helali est un capitaine de navire. Il dirige le Mansoura qui appartient à Cheikh Fadel. Il vit avec son vieux père et aime une jeune femme, Yasmina, qu’il doit très prochainement épouser. Mais Hassan a un rival, Chahine le Mamelouk qui est prêt à tout pour l’écarter. Avec deux complices, Jafaar et Metwali, celui-ci échafaude un complot diabolique. Les trois hommes vont dénoncer Hassan auprès de Badran, le chef de la police : ils l’informent que le capitaine détient un message confidentiel destiné à Abdul Jalil. Ce dernier qui a été arrêté et incarcéré est à la fois le frère de Badran et le chef de l’opposition au régime en place. C’est ainsi que le jour de son mariage, Hassan est jeté en prison sans procès. Ses ennemis ont la voie libre : l’un épousera sa fiancée, les deux autres prendront le commandement du Mansoura pour se livrer à la contrebande. En prison, Hassan fait la connaissance d’un vieil homme qui avant de mourir lui indique l’endroit où il a caché un trésor. Hassan parvient à s’évader et retrouve le coffre de son compagnon d’infortune. Il décide de se venger de tous ceux qui ont voulu l’éliminer…

Notre avis : première adaptation du roman d’Alexandre Dumas par Henry Barakat. Il en réalisera une autre en 1964, en couleur cette fois-ci. Malgré la rutilance des décors et des costumes de cette seconde version, c’est la première qui a gardé la faveur des cinéphiles et des critiques (elle figure dans la liste des cent films les plus importants du cinéma égyptien établie en 1996.) Sans trahir l’œuvre originale, le cinéaste a su l’orientaliser et l’assimiler à la culture arabe. On finit même par se demander si "Le Comte de Monte Cristo" ne serait pas l’adaptation d’un récit du temps des Mille et Une Nuits. Henry Barakat met en évidence tout ce qui dans le destin d’Edmond Dantès fait résonance avec l’âme orientale. L’amour perdu, les revers de fortune, l’injustice, la tyrannie, le courage, la vengeance constituent des thèmes familiers de la littérature arabe, depuis l’époque reculée de la poésie pré-islamique. « Le Prince de la Vengeance » est un conte flamboyant où se mêlent la poésie et l’épopée, une œuvre palpitante qu’on ne se lasse jamais de revoir. On se permettra tout de même de déplorer l’abus de la musique symphonique occidentale pour accompagner de nombreuses scènes « dramatiques », un travers que l’on retrouve dans bon nombre de films dits « sérieux » de la même époque.


Mardi 20 mai à 19h30

Ismaël Yassin dans la Marine de Fateen Abdel Wahab (Ismaïl Yassin fil ustul, 1957)
avec Ismaël Yassin (Ragab), Zahra Al Oula (Nadia), Ahmed Ramzy (Mounir), Mahmoud El Meleigy (Abbas Al Zafer), Zinat Sedki (la mère de Nadia), Abdel Wareth Asr (le père de Nadia), Zeinat Olwi (la danseuse), Abdel Moneim Ibrahim (Abdul Bar), Reyad El Kasabgy (le sergent instructeur à bord du navire), Malak El Gamal (l’entremetteuse), Layla Karim (la petite amie de Mounir), Layla Hamdy (épouse d’Abbas Al Zafer), Mary Bay Bay (épouse d’Abbas Al Zafer)
Scénario : Hassan Tawfik et El Sayed Bedir
Musique : Mounir Mourad 
Production : Films Memphis/Ramsès Naguib
appréciation : 3/5


Comédie navale. Ragab est un gentil garçon dont le seul défaut est la peur de la mer. Il aime sa cousine Nadia qui est infirmière à l’Hôpital de la marine. Hanfi, le père de Nadia, accepterait que sa fille épouse son neveu, en revanche la mère souhaite que sa fille épouse Maître Abbas Al Zafer, un homme d’âge mûr riche et puissant. Nadia exhorte son amoureux à surmonter sa peur de la mer et l’incite à s’engager dans la marine pour impressionner sa mère. Ragab se rend au centre de recrutement de la Marine. Là, il rencontre deux autres engagés, Abdul Bar et Mounir, avec qui il sympathise tout de suite. Après la visite médicale, les trois jeunes gens commencent leur formation.

Notre avis : nous sommes en 1957, c'est-à-dire juste après la crise du canal de Suez qui a débouché sur sa nationalisation. « Ismaël Yassin dans la Marine » se présente comme un hommage à tous ces marins qui ont rendu possible cette restitution du canal à la mère patrie. Comme « Ismaël Yassin à l’Armée » réalisé deux ans auparavant, ce film ne sombre jamais dans la pure propagande car avec Fateen Abdel Wahab, la comédie ne capitule jamais ! Malgré les uniformes et les canons, il est parvenu à créer un monde plein de fantaisie et de fraîcheur où les éléments les plus opposés cohabitent naturellement. Il faut dire que cette réussite est aussi due au grand talent de ses actrices et de ses acteurs, et notamment de ses deux vedettes, Zahrat Al Oula et Ismaël Yassin. Ce dernier a quarante-cinq ans quand il tourne dans ce film et pourtant il joue le jeune matelot amoureux avec un naturel qui emporte l’adhésion du spectateur. (Un jour viendra où l’on reconsidérera la place d’Ismaël Yassin dans le cinéma égyptien comme ce fut le cas pour Louis de Funès dans le cinéma français.)


Lundi 19 mai à 15h

La Fin de l’Amour d'Hassan El Seifi (Nihayat Hobb, 1957)
avec Sabah (Sawsan), Chukry Sarhan (Ahmed), Magda (Fatma), Serag Mounir (le père de Sawsan), Ferdoos Mohamed (la mère de Fatma), Adli Kasseb (le juge), Abdel Salam Al Nabulsi (le soupirant de Sawsan), Olwiya Gamil (la mère d’Ahmed), Mahmoud El Meleigy (le père d’Ahmed)
Scénario : Mohamed OthmanD'après "The Place in the Sun", film américain de George Stevens (1951) avec Elizabeth Taylor et Montgomery Clift.
Musique : Atiah Sharara
Production : Les Studios Misr et les Films Hassan El Seifi


Drame sentimental. Fatma est très amoureuse de son voisin Ahmed et elle l’aide financièrement en lui versant une partie de son salaire. Même quand il est condamné à de la prison pour cambriolage, elle continue à l’aimer. Après sa libération, c’est encore grâce à Fatma qu’Ahmed trouve un emploi dans l’usine où elle travaille. Mais le jeune homme fait la connaissance de Sawsan, la fille du patron. Cette dernière n’est pas insensible au charme de ce nouvel employé et elle l’invite à la fête qu’elle donne pour son anniversaire. Lors de cette soirée, Ahmed boit plus que de raison et il rentre chez lui passablement alcoolisé. Dans l’escalier de l’immeuble, il tombe nez à nez sur Fatma qui l’attendait. Il se jette sur elle et la force à avoir un rapport sexuel. Après cette fête d’anniversaire, les relations entre Sawsan et Ahmed sont de plus en plus tendres. Ils passent de longues heures ensemble. Le père de la jeune femme ne voit pas d’un mauvais œil cette idylle naissante…

Notre avis : un remake honorable d'un chef d'oeuvre du cinéma américain même si Sabah n' a évidemment pas le magnétisme d'Elizabeth Taylor. Dans ce film, la chanteuse libanaise capte toute la lumière grâce à son abattage légendaire mais son personnage, très superficiel ne présente pas un grand intérêt. En revanche, celle qui retient l’attention du spectateur c’est l’autre vedette féminine du film, Magda qui par son jeu tout en retenue exprime avec une grande sensibilité les tourments de son personnage. L’une des plus belles scènes de ce drame, c’est assurément celle où Magda et Shukry Sarhan, sensationnel en jeune homme lâche et veule, se retrouvent en pleine nuit dans la cage d’escalier de leur immeuble : quelques paroles chuchotées, quelques gestes esquissés, de longs regards échangés et tout est dit.


Dimanche 18 mai à 15h

Le Passé Inconnu d'Ahmed Salem (El Mady el maghool, 1946)
avec Layla Mourad (Nadia, l’infirmière), Ahmad Salem (Ahmed Alawi), Mohamed Kamel (Idriss, le domestique d’Ahmed), Bishara Wakim (le maître Shobokshi), Amina Nour Eddin (Zouzou, la cousine d’Ahmed), Ahmed Allam (le médecin), Ferdoos Mohamed (la mère de Nadia), El Sayed Bedeir (un parent d’Ahmed), Fathia Fouad (la gitane), Victoria Hobeika (la tante d’Ahmed), Said Abou Bakr (un cousin d’Ahmed), Mohamed Attiah (le fiancé de Zouzou), Abdel Aziz Hamdy (l’oncle Zaher), Nabawya Mostafa (une danseuse), Hagar Hamdy (une danseuse)
Scénario : Ahmed Salem (inspiré des travaux du docteur Charcot)
Dialogues : Badie’ Khairy
Musique : Mamoun Al Shinnawi, Mohamed Fawzi, Mohamed Abdel Wahab, Abdel Halim Noweira, Saleh Gawdat, Aboul Seoud Al Ibiary, Galil El Bendary
Paroles des chansons : Ahmed Rami
Production : Les films Ahmed Salem


Drame. Ahmed Alawi est un homme très riche. Un jour il décide de partir en voyage seul vers une destination qu’il veut garder secrète. Le train dans lequel se trouve Ahmed déraille et dans l’accident, il perd connaissance. Il est transporté à l’hôpital où il subit une opération délicate au cerveau. Quand Ahmed recouvre ses esprits, il n’a plus aucun souvenir de sa vie passée. Nadia est la jeune infirmière qui s’occupe de lui. Elle a tout de suite éprouvé de la sympathie pour ce patient amnésique et elle veut l’aider à reconstituer son identité. Elle fait publier une photo d’Ahmed dans le journal pour tenter de retrouver sa famille. Celle-ci n’est guère attristée par la disparition brutale de l’entrepreneur. Au contraire : chacun de ses membres espère bien obtenir la part d’héritage qui lui revient…

Notre avis : la vie d’Ahmed Salem est passionnante, son œuvre cinématographique un peu moins. L’une de ses meilleures réalisations est ce « Passé Inconnu » dont il est aussi le producteur et l’acteur principal. Il tourne ce film en sortant de prison (pour une histoire d’escroquerie à grande échelle, il fut condamné à mort puis totalement blanchi) et on est ébahi de voir comment il a réussi à rassembler autour de lui tant de talents de premier plan dans tous les domaines. On lui pardonnera quelques maladresses et on sera sensible à l’atmosphère poétique dans laquelle baigne ce drame. Cela tient sans doute à la présence magnétique et à la voix sublime de Layla Mourad mais aussi au jeu d’Ahmed Salem, lui-même. On le présente souvent comme un acteur médiocre alors que dans ce film, son interprétation est remarquable par sa modernité : il joue un personnage détaché de tout, maintenant une distance avec tous, presque indifférent aux coups du destin. Dans plusieurs scènes, on a l’impression d’être face à Meursault, le héros de L’Etranger, le roman d’Albert Camus.


Samedi 17 mai à 19h30

À la recherche du scandale de Niazi Mostafa (Albahth A'n Fediha, 1973)
avec Adel Imam (Magdy), Mervat Amine (Hanan), Samir Sabri (Sami), Hamdi Salem (le père de Sami), Youssef Wahby (le père d’Hanan), Ahmed Ramzy (Fakry), Imad Hamdi (le père de Sana), Zizi El Badraoui (Sana), Mohamed Reda (Abou Sari), Nawal Abou El Foutouh (la femme mariée), Salah Nazmi (le mari de la femme mariée), Tawfik El Deken (Saber), Hassan Hamed (le cambrioleur), Nagwa Fouad (elle-même), Zouzou Madi (la mère de Sana), George Sedhom (Abdel Azim), Mimi Chakib (la mère de Hanan), Angel Aram (Mona), Sayed Ibrahim (le père de Mona), Mohamed Awad (Aziz), Rakia Damati (la secrétaire), Mohamed Farid (le barman), Naguib Abdo (le dentiste)
Scénario : Farouk Sabry et Abou Al Seoud Al Ebiary
Musique : Samir Sabri et Ahmed Hamouda
Production : Gamal Al-Leithi


Ce film est inspiré d'une comédie américaine réalisée par Gene Kelly en 1967, Petit guide pour mari volage (A Guide for the Married Man).
Magdy quitte son village pour travailler au Caire comme ingénieur. Avant son départ, son père lui donne ses dernières instructions : pour l’honneur de la famille, il faut qu’il se marie au plus vite. Dans la capitale, c’est son collègue Sami qui va l’aider à trouver une fiancée. Celui-ci invite Magdy à l’accompagner dans un club de loisirs qu’il fréquente régulièrement. Le petit provincial repère aussitôt une jeune fille très belle. Il en tombe amoureux fou. Ce sera sa future femme ! Sami lui conseille d’abord de s’assurer qu’elle est bien libre. Après une petite enquête, ils apprennent que la jolie inconnue s’appelle Hanan, qu’elle est célibataire et qu’elle vit chez ses parents. Détail plus embêtant : sa mère souhaite qu’elle épouse l’un de ses cousins.
Sami propose à Magdy une première méthode d’approche. Alors que la jeune femme quitte le parking du club au volant de sa voiture, il s’agit de se jeter devant le véhicule, de rouler sur le capot et enfin de tomber à terre en feignant d’éprouver mille souffrances. Rien ne se passe comme prévu : la chute de Magdy est si maladroite que Hanan n’a aucune pitié pour sa « victime ». Elle est même furieuse. Pire encore : deux jeunes hommes qui ont assisté à la scène prennent notre héros pour un fâcheux sans éducation et le rossent de façon sévère. Evidemment, l’aspirant au mariage et son conseiller ne s’avouent pas vaincus.

Notre avis : pour la première fois dans sa carrière, Adel Imam obtient le rôle principal dans un film. Et pour cette comédie romantique, sa partenaire n’est autre que la sublime Mervat Amine, plus belle que jamais. Voilà un jeune acteur comblé ! Si "A la Recherche du Scandale" comporte quelques bons moments, la succession de gags faciles et donc prévisibles finit par lasser. On notera aussi un défaut de structure. Le film ressemble un peu à une comédie à sketches. En effet, le cinéaste et son scénariste ont inséré dans leur récit de courtes séquences réalisées avec la collaboration de « guest stars ». Mais cela fonctionne mal : ces saynètes d’un intérêt très inégal (Celle avec George Sedhom est particulièrement inepte.) cassent le rythme de l’histoire principale sans lui apporter grand-chose.
On remarquera enfin que Niazi Mostafa a fait des emprunts évidents à "Chuchotements d’Amour" de Fateen Abdel Wahab, notamment avec le personnage du père, joué dans les deux films par Youssef Wahbi et celui du cousin « yéyé ». "A la Recherche du Scandale" nous aura au moins permis d’entendre Samir Sabri chanter une version arabe du tube des Middle of The Road, "Chirpy Chirpy Cheep Cheep". Il est à la piscine entouré de nombreux danseurs et la scène rappellera aux plus anciens les émissions de variétés des années 70 conçues par les producteurs français Maritie et Gilbert Carpentier !


jeudi 15 mai 2025

Danse : Zouzou Mohamed, 1952

زوزو محمد






Zouzou Mohamed (1924-1960) joue et danse dans le film La Maison des Escrocs réalisé par Hassan Helmy en 1952. 
Comme la plupart des danseuses de sa génération, elle a été découverte par Badia Masabni qui va l'engager dans sa troupe. Zouzou Mohamed commence sa carrière cinématographique en 1944 dans une comédie de Togo Mizrahi. Cette carrière sera brève puisqu'elle meurt à l'âge de trente-cinq ans après avoir tourné dans une vingtaine de films. 
En 1954, elle avait épousé un assistant réalisateur du nom de Mohamed El Gedawi mais celui-ci se révéla d'une jalousie féroce. La vie conjugale devint un enfer et en 1958, Zouzou Mohamed obtint le divorce. Malheuresement, son ex-mari n'eut de cesse de se venger et, deux ans après leur séparation, il  lui tire dessus alors qu'elle se produit dans un cabaret en Jordanie. Il sera à son tour abattu par la police à son retour en Egypte.