Zuhair Bakir commence sa carrière cinématographique en 1950 comme scénariste. Il réalise son premier film en 1956, Je t’offre ma Vie avec la chanteuse Sabah. et en tournera treize autres. Il met un terme à son activité au milieu des années soixante-dix. Il reprendra la caméra une dernière fois en 1990 pour Les Deux Sœurs, un petit film totalement raté avec Eman dans le rôle principal.
Au début de sa carrière, Zuhair Bakir manifeste une prédilection pour le mot « vie » dans le choix de ses titres. Après Je t’offre ma vie, nous trouvons Lutte avec la Vie (1957), Retour à la Vie ( 1959) et enfin, La Vie et l'Espoir (1961).
Quatre films de Zuhair Bakir ont fait l'objet d'une présentation dans ce blog :
Lutte avec la Vie (Sira'a ma'a Alhayah, 1957)
avec Hind Rostom (la danseuse Samira) Ahmad Ramzy (Magdy), Amal Farid (Layla), Mahmoud El Meleigy (Zaki), Gawaher (la seconde femme de Zaki), Aziza Helmy (Sonia, la première femme de Zaki), Laila Hamdy (Oum Sayed, la voisine), Soheir El Bably (Chouchou, l’amie de Layla), Faryal Mohamed (Fatima Zaki), Mohamed El Dib (le beau-père), Nabil El-Zakzouky (Magdy enfant, le fils de Zaki), Nahed Abdel Aziz (Layla enfant), Rashwan Tawfik (l’amant de la seconde femme de Zaki), Abd Al Azim Kamel (le médecin), Fatma Ali (chanteuse), Tita Saleh (chanteuse), Esmat Abdelalim (chanteuse), Mahmoud Shoukoko (chanteur)
Scénario : Zuhair Bakir
Musique : Mohamed Fawzy, Abdallah Ahmed Abdallah, Saleh Attya, Mohamed El-Kahlawy, Ibrahim Hussein, Fathy Qoura, Hussein Al Ganid, Abdel Aziz Salam
Production : les films Edward Khayat et Mostafa Hassan
Zaki a quitté sa femme Sonia et son jeune garçon Magdi pour vivre avec une danseuse. Afin de subvenir à leurs besoins, la jeune mère a dû vendre les meubles de leur appartement et elle occupe toutes ses journées à d’harassants travaux de couture. Grâce à sa voisine, Sonia trouve un nouveau compagnon. Ce dernier n’apprécie guère la présence de Magdi et il lui manifeste une hostilité constante. Une nuit, n’en pouvant plus, l’enfant décide de quitter le domicile de sa mère pour rejoindre son père. Mais la compagne de celui-ci refuse de l’accueillir. Magdi erre seul dans les rues. C’est alors qu’il est renversé par une voiture. Le véhicule s’immobilise aussitôt. En sort Samira, une célèbre danseuse. Elle ramène l’enfant chez elle pour le soigner. Magdi fait la connaissance de Layla, la fille de Samira, qui a le même âge que lui. Le jeune garçon a perdu l’usage de la parole et sa convalescence va durer des mois. Une fois remis, Magdi apprend une triste nouvelle : sa mère est morte. Samira décide alors de l’élever. Du côté de son père, un autre malheur survient : celui-ci a surpris sa nouvelle épouse dans les bras de son amant. Il la tue et il est condamné à une longue peine de prison. Les années passent. Magdi fait de brillantes études de médecine et ses recherches l’ont conduit à faire une découverte scientifique majeure. Lui et Layla sont amoureux mais Samira, la mère, est aussi attirée par le jeune homme. Elle va entreprendre de le séduire, quitte à faire le désespoir de sa fille…
La Vie et l’Espoir (Hayah Wa Amal,1961)
avec Eman (Salwa), Ahmed Ramzy (Kamal/Essam), Mahmoud Azmy (Mahmoud), Nagwa Fouad (Nagwa), Julia Daw (Qamar), Jasmin (Jasmin), Abdul Ghani Qamar (Shafiq), Adly Kasseb (le père de Qamar), Nahed Samir (la mère de Salwa), Mohamed Reda (Tawfiq, le père de Salwa), Dr Chedid (Dr Chedid), Mohamed Ahmed Al-Masry (Abou Lama'a), Hussein Abdul-Nabi (Al-Sahtan)
Scénario : Zuhair Bakir
Dialogues : Adly Nour
Musique : Ibrahim Khalil, Salah Attiah, Ahmed Fouad Hassan,Wagi Badrakhan
Production : Zuhair Bakir, les films Omayah
Salwa est la fille d’un industriel et elle est amoureuse de Kamal, un célèbre footballeur. Son père souhaiterait qu’elle épouse Mahmoud, son cousin, mais il finit par accepter le choix de sa fille. Kamal et Salwa se marient et ils mènent une existence heureuse et sans histoire. Mais un jour, le jeune marié doit prendre l’avion pour jouer un match du championnat. Hélas ! l’avion s’abime en pleine mer. Il n’y a aucun survivant. En fait, il y en a un : c’est Kamal. Le courant l’a entraîné sur les côtes libanaises et il est secouru par une jeune femme qui le conduit chez ses parents. Kamal a perdu la mémoire et ne sait plus rien de son identité ni de son passé. On lui donne un nouveau nom : Essam. Qamar, la jeune femme qui lui a sauvé la vie est conquise par son mystérieux protégé. Ils se marient. De son côté, en Egypte, Salwa se croyant veuve consent à épouser Mahmoud, son cousin….
Le Combat des Tyrans, une coréalisation avec Raymond Nassour (Seraa El Gababera, 1962)
avec Ahmed Mazhar (Farid), Nadia Lotfi (Liliane), Gawaher (Gawaher), Stephan Rosty (Dany, le commandant israélien), Tawfiq El Deken (Sunbul), Sayed Khalil (Al Sibaï), Mohamed Hamdy (le pilote Hamdy), Youssef Fakhr El Din (Youssef, un combattant égyptien), Khalil Badr El Din (Khalil, un combattant égyptien), Zain El Ashmawy (Zaïn, un combattant égyptien)
Scénario : Zoheir Baker
Musique : Salah Attiyah
Production : Omayah Films
Farid est un jeune homme riche, amoureux de Liliane, une belle chanteuse juive. Celle-ci a décidé de quitter l’Egypte pour se rendre en Israël. Farid noue alors une relation avec une autre artiste de cabaret, Gawaher. Cette dernière est mariée à Al Sibaï, un malfrat qui veut tirer profit de la situation. Alors que sa femme a attiré Farid chez eux, il fait irruption dans l’appartement en compagnie de Sunbul, un complice. Farid comprend qu’on a voulu le piéger pour lui soutirer de l’argent. Il décide de riposter et se jette sur les deux hommes. Dans la bagarre, Gawaher reçoit un mauvais coup et tombe inanimée puis Sunbul finit par assommer Farid. Quand ce dernier reprend connaissance, il est seul avec la jeune femme. Il s’aperçoit qu’elle est morte. En effet, avant de quitter l’appartement, Sunbul l’a achevée. Pour la police, il n’y aurait qu’un seul coupable : Farid. Il décide donc de s’enfuir et de se réfugier dans le Sinaï. Alors qu’il arrive dans un village, l’armée israélienne a envahi celui-ci et exécute toute la population. Farid parvient à quitter la localité et il rejoint un petit groupe de combattants égyptiens. Il prend les armes et se conduit en héros mais les soldats israéliens sont beaucoup trop nombreux . Farid et ses compagnons sont fait prisonniers et sont conduits dans un campement militaire pour y être interrogés. C’est ainsi que Farid se retrouve face à Liliane qui porte l’uniforme de l’armée israélienne…
Notre avis : l’histoire de ce film repose sur un mythe qui a la vie dure en Egypte. Après la création de l’état d’Israël, on a accusé un grand nombre d’artistes de confession juive d’être des traîtres à la patrie en devenant des agents à la solde des sionistes. Malgré leurs dénégations, beaucoup furent contraints de s’exiler et de mettre un terme à leur carrière. Le personnage joué par Nadia Lotfi fait partie de ces brebis galeuses qui ont préféré Israël à leur pays. Pour autant, le film ne se réduit pas tout à fait à sa dimension idéologique : les héros ne sont pas de simples caricatures mais nous sont présentés avec toutes leurs contradictions et toutes leurs failles (On se doute que Nadia Lotfi n’aurait pas accepté de jouer un personnage totalement odieux !). Cela dit, la vraie vedette du film, c’est l’armée égyptienne, ses soldats héroïques et son arsenal titanesque.
Eternel Amour (al houb al khalid, 1965)
avec Hind Rostom (Amina, la mère de Mansour), Imad Hamdi (docteur Lotfi Amin), Hassan Youssef (Mansour adulte), Mohamed El Dafrawi (Rabah, le père de Mansour), Galal Eissa (Hamdi, le fils d’Amina et du docteur Lotfi), Salwa Said (Jehan, la fiancée d’Hamdi), Gawaher (la danseuse), Nadia El Gendy (la maîtresse de Mansour), Ahmed Morsi (l’inspecteur de police), Khalil Badr Eddine (un malfrat concurrent de Rabah), Monir El Tony (Antar), Sherif Yehia (Mansour enfant)
Une histoire de Zuhair Bakir
Scénario : Abdel Salam Moussa, Anwar Abdul Malik
Dialogues : Mohamed Kamel Abdel Salam
Musique : Salah Attiah
Production : Les Films Omayya
Un couple vit avec leur fils Mansour dans un modeste appartement d’un quartier populaire de la capitale. Amina, la mère, déborde d’amour pour son enfant. Mais Rabah, le père, est un truand et il encourage Mansour à suivre sa voie. Il en fait même son assistant. Sur ce point, la mère est en total désaccord avec son mari. Lors d’une dispute plus violente que les autres, le père chasse sa femme du domicile familial. Elle trouve refuge auprès de son médecin, le docteur Lotfy Amin, qui lui propose de travailler dans son cabinet. Elle accepte. Dans le même temps, le père et le fils ont quitté leur appartement et semblent s’être volatilisés. Les années passent. Amina a épousé le docteur Lotfy Amin. Quant à Mansour, il a bien grandi et il est devenu un membre actif du gang de son père. Il n’a jamais cherché à revoir Amina car Rabah lui a toujours dit qu’elle était morte. Mais, un jour, alors que Mansour va voir son père qui se trouve en prison, celui-ci lui révèle la vérité : sa mère est toujours vivante…
Notre avis : c’est la deuxième fois qu’Hind Rostom joue une mère qui retrouve son fils après des années de séparation. La première fois, c’était en 1963 dans le film d’Hassan Al Imam, « Femme en Marge » et celui qui jouait son fils c’était aussi Hassan Youssef. Avec un tel titre, on pouvait craindre qu’ « Amour Eternel » verse dans un excès de pathos comme « Femme en Marge » mais il n’en est rien. Ici, pas de torrents de larmes, ni de longues confessions. En fait Zuhair Bakir nous a concocté un petit film d’action avec moult rebondissements et dans son genre c’est une réussite. Les acteurs sont tous excellents et on est étonné de retrouver Nadia El Gendy, dix-neuf ans à peine, dans un registre bien éloigné de celui qui fera sa gloire vingt ans plus tard (la femme d’action puissante et dominatrice). Une mention spéciale pour la bande son à la fois originale et entraînante.