المنزل رقم 13إخراج : كمال الشيخ
Kamal El Sheikh a réalisé
La Maison n°13 en 1952.
Distribution : Faten Hamama (Nadia, la fiancée de Sharif Kamal), Imad Hamdy (Sharif Kamal), Lola Sedky (Sonia Chahine, la maîtresse du docteur Assim Ibrahim), Mahmoud El Meleigy (le docteur Assim Ibrahim), Tawfik Ismail (Saber Amin), Serag Mounir (l’enquêteur), Ferdoos Mohamed (la mère de Sharif Kamal), Wedad Hamdy (la femme de chambre de Nadia), Zaki Ibrahim (le père de Nadia), Fawzia Mostafa (l’infirmière), Alia Ali (la danseuse), Omar Al Gizawi (le serviteur de la victime)
Une histoire de Kamel Attya et de Kamal El Sheikh
Scénario et dialogues : Ali El Zorkani
Production : les Studios Misr
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Faten Hamama et Ferdoos Mohamed |
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Lola Sedky |
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Mahmoud El Meleigy |
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Lola Sedky |
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Faten Hamama |
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Mahmoud El Meleigy |
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Serag Mounir et Imad Hamdi |
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Omar Al Gizawi |
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Faten Hamama et Imad Hamdi |
Résumé
Thriller. C’est la nuit. Un homme arrive en voiture près d’une villa isolée. Il se gare devant le portail et sort de son véhicule. Il gravit les marches qui mène jusqu’à la porte d’entrée. Il sort une clé de sa poche et l’introduit dans la serrure. La porte s’ouvre, il entre. L’individu se retrouve face à un autre homme qui lit son journal. Il l’abat de plusieurs coups de revolver. Le lendemain matin, on retrouve dans son lit le meurtrier qui vient de se réveiller. Il s’appelle Sharif Kamal, il est ingénieur et il vit avec sa mère dans un grand appartement. On comprend que la scène du meurtre était un rêve. Mais Sharif reste troublé par ce rêve étrange dont les moindres détails lui sont restés en mémoire. Son malaise s’accroît quand il s‘aperçoit qu’il est sérieusement blessé à la main.
Sharif rejoint sa fiancée, la jeune et jolie Nadia et ils se rendent ensemble chez un bijoutier pour acheter un collier. De retour chez la jeune fille, ils retrouvent son vieux père avec qui Sharif échange quelques paroles avant de retourner à son bureau. C’est lors de cette conversation que le futur marié découvre qu’il a dans la poche de sa veste une clé qui ne lui appartient pas. Un peu plus tard, dans un café, il aperçoit une femme dont le portrait ornait l’un des murs de la maison de son rêve. L’inconnue quitte l’établissement et Sharif décide de la suivre. A son grand étonnement, elle se rend dans le cabinet médical de son psychiatre, le docteur Assim Ibrahim. Ce médecin le soigne depuis un certain temps pour une maladie nerveuse et ils sont devenus amis. A l’intérieur du cabinet, Sharif est accueilli par son médecin mais plus trace de la jeune femme. Sharif explique la raison de sa présence puis le docteur Assim Ibrahim lui présente une autre jeune femme qui porte les vêtements de celle que Sharif poursuivait mais le visage n’a rien avoir avec celui du portrait entrevu dans son rêve. En fait, ce que ne sait pas le jeune ingénieur, c’est qu’il est totalement manipulé par son médecin. C’est ce dernier qui par hypnose lui a ordonné de s’introduire chez un homme pour le tuer. Pour quelle raison ? Le docteur Assim Ibrahim entretient une relation amoureuse avec Sonia, une danseuse qui vit en couple avec la victime, un homme très riche qui a souscrit une assurance vie au bénéfice de sa jeune maîtresse. Pour récupérer le magot, le docteur Assim Ibrahim et Sonia ont décidé de supprimer cet homme et c’est ainsi que le psychiatre a eu l’idée d’utiliser son patient.
De retour à son bureau, Sharif tombe sur une revue qui présente en couverture, le visage vu en rêve. Il sait désormais que cette femme existe vraiment et qu’elle est danseuse. Avec son médecin, Sharif se rend dans le cabaret où elle se produit. C’est ainsi qu’il fait sa connaissance tandis que le docteur et Sonia feignent de se rencontrer pour la première fois.
Le lendemain, Sharif et Nadia se marient mais la fête est à peine commencée que le nouveau marié est arrêté et conduit dans la maison où a eu lieu le crime. L’y attend le juge d’instruction qui procède à son premier interrogatoire et qui l’informe des charges qui pèsent contre lui.
L’instruction se poursuit dans le bureau du juge. Malgré les témoignages de ses proches, la culpabilité de Sharif ne fait plus aucun doute. Heureusement, son avocat et sa fiancée ne s’avouent pas vaincus et font leur propre enquête. Ils sont convaincus que Sharif n’était pas maître de sa volonté quand il a tué sa victime. Le témoignage de la mère de l’ingénieur corrobore leur thèse : elle affirme que le psychiatre avait rendu visite à son fils le soir du crime, que ce dernier avait quitté sans un mot l’appartement peu après le départ du médecin et qu’il était rentré dans la nuit, toujours aussi mutique.
Lors du procès, un témoin inattendu vient compléter les déclarations de la mère. C’est leur voisin et il est catégorique : la nuit du crime, il a vu Sharif rentrer chez lui avec un homme qui l’a accompagné jusqu’à sa porte. Cet homme, il pourrait le reconnaître s’il le rencontrait à nouveau. Le docteur Assim Ibrahim qui assiste au procès comprend tout de suite le danger que constitue pour lui ce témoignage. Le soir, il se rend au domicile de ce voisin trop bavard et il le tue de plusieurs coups de couteau. C’est à ce moment-là que Nadia entre dans l’appartement après avoir sonné plusieurs fois. Elle est envoyée par Sharif pour demander à l’homme de ne pas quitter la ville afin de les aider à identifier l’inconnu qu’il a vu la nuit du meurtre. La jeune femme hurle en découvrant le corps sans vie du voisin et se précipite vers la porte d’entrée. Elle tombe nez à nez sur Assim qui lui fait croire qu’il vient d’arriver. Il l’emmène à sa clinique et l’hypnotise. Il lui fait écrire une lettre dans laquelle elle s’accuse d’avoir commis le meurtre du témoin et il lui ordonne de se rendre sur le pont d’Imbaba et de se jeter dans le vide. Heureusement, Sharif a réussi à échapper à ses gardiens lors du transfert du tribunal à la prison. Grâce aux informations données par sa mère et Sonia, il parvient à sauver sa fiancée. Assim est arrêté par la police, Sharif et Nadia peuvent se marier.
Critique
Kamal El Sheikh est l’un des plus grands réalisateurs égyptiens du XXe siècle et il est sans doute celui qui présente la filmographie la plus homogène, la plus cohérente. Beaucoup de ses films sont devenus des classiques et il n’y en a peu qui déçoivent.
Cette Maison n°13 est son tout premier film comme réalisateur et ce n’est pas, comme souvent pour les « œuvres de jeunesse », un coup d’essai uniquement riche de promesses. Kamal El Sheikh y déploie déjà tout son talent et sa maîtrise du langage cinématographique impressionne. C’est d’autant plus remarquable qu’il ne fut pas, à l’instar de tous ses collègues, assistant auprès de certains de ses aînés. Il est passé directement du montage à la réalisation et cette première œuvre est pourtant une très belle réussite.
Cette entrée dans la réalisation s’est faite sous l’égide du grand maître du suspense et de l’angoisse, Alfred Hitchcock. Kamal El Sheikh n’a jamais caché son admiration pour ce dernier et, avec son scénariste Ali El Zorkani, il multiplie les références à son oeuvre. Dès le titre, la filiation est assumée : la Maison n°13 fait explicitement référence au premier film, resté inachevé, d’Alfred Hitchcock, Numéro 13 qui date de 1922.
On pourrait considérer à juste titre cette Maison n°13 comme un brillant exercice de style accompli par un disciple très doué du cinéaste anglo-américain. C’est ainsi que le scénario reprend avec une certaine habileté un grand nombre de motifs chers au réalisateur de La Maison du Docteur Edwardes. Citons pêle-mêle : l’innocent accusé d’un crime qu’il n’a pas commis, la folie et l’univers psychiatrique, le rêve et l’amnésie, le procès, le rôle déterminant de la femme auprès du héros, le dénouement en forme de course poursuite dans l’escalier (l’escalier, une figure majeure de la dramaturgie hitchcockienne)
Mais là, où Kamal El Sheikh se révèle comme un artiste de premier plan, c’est d’abord dans le travail de l’image et le traitement de la lumière pour suggérer une atmosphère oppressante. C’est aussi dans la direction d’acteurs : l’interprétation d’Imad Hamid est remarquable par sa sobriété et sa retenue. Il incarne à la perfection ce personnage lunaire plongé dans un cauchemar qui semble n’avoir pas de fin. Et l’acteur forme avec la toute jeune Faten Hamama un couple qui n’est pas sans rappeler ceux que l’on retrouve dans les films d’Alfred Hitchcock.
Dans La Maison n°13, Kamal El Sheikh s’affirme comme un grand styliste, ce que confirmeront ses films suivants. En s’inspirant du film noir américain, il rompt avec une certaine tradition du cinéma égyptien dont les genres de prédilection étaient jusque alors le mélodrame, la comédie et la comédie musicale. Avec le thriller, Kamal El Sheikh insuffle un air nouveau dans un cinéma qui a toujours eu tendance à se satisfaire des recettes éprouvées. A noter qu’en cette même année 1952, Salah Abou Seif sort lui aussi un thriller, Raya et Sakina mais dans un style bien différent. L’esthète Kamal El Sheikh et le réaliste Salah Abou Seif domineront le cinéma égyptien des années cinquante.
Appréciation : 4/5
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Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin