samedi 20 avril 2024

Salah El Saadani (1943-2024)

صلاح السعدني

Salah El Saadani en 1966
dans Les Démons de la Nuit de Niazi Mustafa 



Salah El Saadani en 1998
dans Concerto à  Darb Saada d'Asmaa El Bakri



L'acteur égyptien Salah El Saadani est mort vendredi dernier à l'âge de quatre-vingt ans. La maladie l'avait contraint à abandonner sa carrière artistique il y a une dizaine d'années.
Après des études d'agronomie, Salah El Saadani se tourne vers l'art dramatique. Au début des années soixante, il fait ses premiers pas au théâtre et à la télévision. Il joue dans son premier long-métrage en 1966. C'est dans Les Démons de la Nuit de Niazi Mostafa. Au cinéma, il sera cantonné aux seconds rôles mais il deviendra célèbre grâce à la télévision. Son rôle dans les cinq saisons de la série Layaly Al-Helmiya de 1987 à 1995 marquera les esprits.

mardi 16 avril 2024

A la télé : les films du jour (Rotana Classic du 16 au 30 avril)

روتانا كلاسيك

Quels films peut-on voir sur la chaîne Rotana Classic ? Les horaires donnés sont ceux de l'après-midi ou de la soirée (heure de Paris). La plupart des films sont ensuite rediffusés le lendemain matin.
Rotana Classic a remplacé Rotana Zaman en 2012. Cette chaine fait partie du groupe Rotana basé en Arabie Saoudite et spécialisé dans le divertissement (télévision et musique). Celui-ci a été créé par le prince Al-Walid ben Talal ben Abdelaziz Al Saoud, membre de la dynastie Al Saoud et petit-fils du fondateur de l'Arabie Saoudite. Comme son nom l’indique, Rotana Classic diffuse essentiellement les grands classiques du cinéma égyptien. Disponible en France.


Mardi 30 avril à 18h

Agent n°13 de Medhat El Sebaie (El Ameel Raqam 13, 1989)
avec Mohamed Sobhy (Sharif), Eman (Basma), Sabreen (Nahid), Nabil El Halafawi (Ali Hussein), Shaaban Hussein (Sabri), Afaf Rashad (Maha), Samir Wahid (Maher Abbas), Zouzou Nabil (la mère de Sharif), Ali El Gandour (le chef du gang), Hussein El Sherif (officier de police), Saïd Mostafa (officier de police), Ezzat El Mashad (le chef des douanes), Mahmoud Al Iraq (un gangster), Abdul Monem Al Nimr (un gangster), Saleh El Aweil (un gangster)
Scénario : Mahmoud Fahmy
Musique : Hany Shenouda
Production : Screen 2000


Thriller pour rire. Charif est un agent des douanes très expérimenté qui suscite la jalousie de bon nombre de ses collègues. Un jour, il est approché par la police. On souhaiterait qu’il infiltre une bande de trafiquants de drogue. Charif est très réticent au début mais il finit par accepter la mission. Il doit se faire passer pour un malfaiteur proposant ses services et on lui loue un appartement de luxe pour qu’il puisse recevoir les membres du gang. C’est ainsi qu’il rencontre Basma, une blonde très séduisante qui occupe une fonction importante dans la filière mise en place par les trafiquants. Sûre de son charme, elle tente de conquérir Charif qui se retrouve dans une situation bien embarrassante : il doit rester en bons termes avec la jeune femme sans pour autant céder à ses avances car il est fiancé à Nahed et l’appartement est truffé de micros…

Notre avis : une comédie mollassonne qui reprend un sujet archi exploité depuis les années cinquante : un policier infiltre un gang de trafiquants et y fait la connaissance d’une femme séduisante qui est soit le chef de l’organisation criminelle, soit la maitresse du chef. Rien de bien neuf donc et le fait qu’ « Agent n°13 » soit une comédie et non un thriller n’ajoute pas grand-chose à l’intérêt du film. Peut-être en aurait-il été autrement si l’on avait confié le rôle principal à un acteur comique talentueux, ce que n’est assurément pas Mohamed Sobhy. Et puis pour ne rien arranger, le film ne comporte quasiment aucune action. Le héros passe de chaise en chaise ou de fauteuil en fauteuil et cause encore et encore. Parfois, il est au lit mais seul ! Bref on s’ennuie ferme malgré la présence de la sémillante Eman qui fut l’un des sex-symbols du cinéma des années quatre-vingt.


Lundi 29 avril à 16h

Eternel Amour de Zuhair Bakir (al houb al khalid, 1965)
avec Hind Rostom (Amina, la mère de Mansour), Imad Hamdi (docteur Lotfi Amin), Hassan Youssef (Mansour adulte), Mohamed El Dafrawi (Rabah, le père de Mansour), Galal Eissa (Hamdi, le fils d’Amina et du docteur Lotfi), Salwa Said (Jehan, la fiancée d’Hamdi), Gawaher (la danseuse), Nadia El Gendy (la maîtresse de Mansour), Ahmed Morsi (l’inspecteur de police), Khalil Badr Eddine (un malfrat concurrent de Rabah), Monir El Tony (Antar), Sherif Yehia (Mansour enfant)
Une histoire de Zuhair Bakir
Scénario : Abdel Salam Moussa, Anwar Abdul Malik
Dialogues : Mohamed Kamel Abdel Salam
Musique : Salah Attiah
Production : Les Films Omayya


Un couple vit avec leur fils Mansour dans un modeste appartement d’un quartier populaire de la capitale. Amina, la mère, déborde d’amour pour son enfant. Mais Rabah, le père, est un truand et il encourage Mansour à suivre sa voie. Il en fait même son assistant. Sur ce point, la mère est en total désaccord avec son mari. Lors d’une dispute plus violente que les autres, le père chasse sa femme du domicile familial. Elle trouve refuge auprès de son médecin, le docteur Lotfy Amin, qui lui propose de travailler dans son cabinet. Elle accepte. Dans le même temps, le père et le fils ont quitté leur appartement et semblent s’être volatilisés. Les années passent. Amina a épousé le docteur Lotfy Amin. Quant à Mansour, il a bien grandi et il est devenu un membre actif du gang de son père. Il n’a jamais cherché à revoir Amina car Rabah lui a toujours dit qu’elle était morte. Mais, un jour, alors que Mansour va voir son père qui se trouve en prison, celui-ci lui révèle la vérité : sa mère est toujours vivante…

Notre avis : c’est la deuxième fois qu’Hind Rostom joue une mère qui retrouve son fils après des années de séparation. La première fois, c’était en 1963 dans le film d’Hassan Al Imam, « Femme en Marge » et celui qui jouait son fils c’était aussi Hassan Youssef. Avec un tel titre, on pouvait craindre qu’ « Amour Eternel » verse dans un excès de pathos comme « Femme en Marge » mais il n’en est rien. Ici, pas de torrents de larmes, ni de longues confessions. En fait Zuhair Bakir nous a concocté un petit film d’action avec moult rebondissements et dans son genre c’est une réussite. Les acteurs sont tous excellents et on est étonné de retrouver Nadia El Gendy, dix-neuf ans à peine, dans un registre bien éloigné de celui qui fera sa gloire vingt ans plus tard (la femme d’action puissante et dominatrice). Une mention spéciale pour la bande son à la fois originale et entraînante.


Dimanche 28 avril à 20h30

Flirt de jeunes filles d'Anwar Wagdi (Ghazal Al-Banat, 1949)
avec Layla Mourad (Layla), Anwar Wagdi (Wahid, le pilote d’avion), Youssef Wahby (lui-même), Naguib Al Rihani (Himam), Stephan Rosti (le directeur du cabaret), Ferdoos Mohamed (la gouvernante), Soliman Naguib (le père de Layla), Mahmoud El Meleigy (Anwar, le séducteur malhonnête), Abdel Wareth Asr (le secrétaire du père de Layla), Abdel Meguid Choukry (un domestique), Saïd Abou Bakr (le serviteur de Youssef Wahbi), Abdel Hamid Zaki (le directeur de l’école), Zinat Sedki (l’ex-petite amie d’Anwar), Mohamed Abdel Wahab (lui-même), Farid Shawki (un client du cabaret), Nabila El Sayed (une écolière)
Première apparition à l’écran d’Hind Rostom comme figurante. Elle joue dans la première scène du film, le retour d’une promenade à cheval, et elle se tient à la droite de Layla Mourad.
Scénario : Anwar Wagdi
Dialogues : Naguib Al Rihani, Badie Khairy
Musique : Mohamed Abdel Wahab
Production : Anwar Wagdi
figure dans la liste des quinze meilleurs films égyptiens de tous les temps


Himam, un modeste instituteur, vient d’être renvoyé de son école pour absence d’autorité. Son moral est au plus bas quand il est engagé par un homme richissime pour donner des leçons particulières à sa fille, Layla. Cette dernière est une jeune fille qui aime chanter, monter à cheval et papoter avec ses amies. En revanche, elle ne manifeste guère d’intérêt pour ses études. Himam est chargé de reprendre en main son éducation et de la faire progresser dans la maîtrise de la langue arabe. Quand il pénètre pour la première fois dans le palais de son futur employeur, le vieil instituteur est ébahi par le luxe qui l’environne. Mais pour lui, les choses commencent fort mal : à cause de sa tenue misérable, il est pris pour un voleur qui aurait dérobé un bracelet. Le malentendu est vite dissipé et Himam peut prendre son poste auprès de Layla qui se révèle une élève agréable, toujours gaie. Elle traite son professeur comme un ami et elle parvient même à lui redonner goût à la vie. L’homme tombe amoureux de la jeune fille mais il se garde bien de lui manifester ses sentiments…
Le film sortira après la mort de Naguib Al Rihani.

Notre avis : Anwar Wagdi réalise sept films* avec en vedette sa femme Layla Mourad. Ils se sont mariés en 1945 et leur collaboration artistique prendra fin avec leur divorce en 1953. « Flirt de Jeunes Filles » est le cinquième film qu’ils tournent ensemble et c’est sans doute le plus célèbre. A cela, plusieurs raisons mais la principale est qu’on y voit pour la dernière fois à l’écran l’immense acteur Naguib Al Rihani qui meurt à peine le tournage terminé. Il joue un vieux professeur qui au soir de sa vie est touché par l’amour. Ce personnage à la fois ridicule et pathétique constitue le testament artistique de Naguib Al Rihani et l’inscrit à tout jamais parmi les légendes du cinéma égyptien.
Sur le film lui-même, ce qui nous frappe, c’est sa grande modernité. La logique du récit est celle du rêve, notamment dans la dernière partie. Les personnages semblent évoluer, comme en apesanteur, dans un univers onirique libéré de toutes les lois qui régissent notre monde. Les événements s’enchainent de manière improbable au fil de rencontres aussi hétéroclites que miraculeuses. A cet égard, la séquence au domicile du grand écrivain prend une dimension quasi surréaliste. Et pour finir, dans la scène du cabaret, le caractère ouvertement fantasmatique des danses n'échappera à personne !

*Layla, fille de Pauvres (1945), Layla, fille de Riches (1946), Mon Cœur me Guide (1947), Anbar (1948), Flirt de Jeunes Filles (1949), L’Amour de mon Cœur (1951), La Fille des Aristocrates (1953)


Samedi 27 avril à 20h30

Le Retour de l’Homme le plus Dangereux du Monde de Mahmoud Farid (Awdat Akhtar Ragol fil Alam, 1972)
avec Fouad El-Mohandes (Monsieur X/l’employé de la compagnie d’assurance), Mervat Amine (la fiancée de l’employé de la compagnie d’assurance), Brigitte Omar (Rita, l’assistante du représentant d’Interpol), Samir Sabri (le Major Wahid), Souad Hussein (Madame Soussa), Salah Nazmi (le chef de la police), Salama Elias (le directeur de la compagnie d’assurance), Kanaan Wasfy (Marcelo, le bras droit de Monsieur X), Wafik Fahmy (le maharaja indien), Ali Gohar (le représentant d’Interpol), Afaf Wagdy (Mona), Samir Rostom (Luciano)
Scénario et dialogues : Anwar Abd-Allah
Musique : Bakhit Bayoumy, Fathy Qoura, Khaled El-Amir


Comédie. Mister X et ses hommes quittent Chicago pour se rendre au Caire. Ils ont appris qu’un très riche Maharajah était descendu dans un grand hôtel de la capitale égyptienne avec dans ses valises, le plus gros diamant du monde. Les redoutables gangsters s’installent dans le même hôtel et préparent leur hold-up. Pour assurer la protection du richissime indien, des membres de la police américaine sont venus aider leurs collègues cairotes. Mais au même moment, un employé d’une société d’assurance fait son apparition dans l’hôtel : il souhaite contacter le Maharajah afin de lui faire signer une police d’assurance. Ce qui va singulièrement compliquer la situation pour toutes les parties en présence, c’est que l’assureur est le sosie de Mister X…
Dans ce film, Fouad El Mohandes reprend le rôle de Mister X qu’il avait joué une première fois en 1967 dans le film de Niazi Mostafa, L’Homme le Plus Dangereux du Monde.

Notre avis : les auteurs de ce film se sont visiblement inspirés d’ "Attention à votre portefeuille" de Mahmoud Ismaïl (Eweaa al Mahfaza, 1949) dont ils reprennent un certain nombre d’éléments. Cela dit, « Le Retour de l’Homme le Plus Dangereux du Monde » n’est absolument pas un remake mais une comédie originale, ancrée dans son époque et multipliant les références. L’atmosphère rappelle certaines séries anglo-saxonnes comme « Mission impossible », pour le recours aux technologies « modernes », ou « Chapeau Melon et Bottes de Cuir » pour l’humour et le ton parodique. Fouad El Mohandes et Mervat Amine forment un duo épatant et ils sont entourés de toute une équipe aussi sympathique que talentueuse. Mervat Amine ne se contente pas d’être la plus belle actrice des années soixante-dix ; elle est aussi une très grande comédienne qui peut tout jouer quel que soit le genre ou le registre. Dans ce film, elle nous gratifie même d’un numéro de danse orientale. On aurait vraiment tort de passer à côté.


Vendredi 26 avril à 23h

Le Chant Immortel d'Henry Barakat (Lahn Al-Khuloud, 1952)

avec Farid Al Atrache (Wahid), Faten Hamama (Wafaa Riad Hamdy), Salah Nazmi (Rashad Riad Hamdy), Serag Mounir (Abdel Halim, le père de Siham), Magda (Sana Riad Hamdy), Madiha Yousri (Siham Abdel Halim), Zaki Ibrahim (Riad Hamdy), Thurya Salem (la danseuse Houria, maîtresse de Rashad)), Kittie (danseuse), Adly Kasseb (le cardiologue), Abdel Hamid Zaki (le barman)
Scénario : Henri Barakat et Youssef Issa
Musique : Farid Al Atrache et Abdel Aziz Salam
Auteurs des chansons : Mamoun El Shenawy et Saleh Jawdat


Wahid est musicien et pour trouver l’inspiration il se rend souvent chez son vieil ami Riad Hamdy qui habite une grand maison au bord de la mer. C’est là qu’il retrouve les deux filles de son hôte, Wafaa et Sanah ainsi que son fils Rashad. Les trois enfants sont devenus de jeunes adultes et l’amour que Wafaa éprouve pour Wahid n’a fait que croître au fil des ans. Malheureusement pour elle, le musicien continue à la considérer comme la petite fille d’autrefois. De son côté, Rashad est devenu un jeune homme peu recommandable. Il a sans cesse besoin d’argent notamment pour gâter sa maîtresse, la danseuse Houria. Il a promis la main de Wafaa à l’un de ses créanciers mais celui-ci s’impatiente et se montre moins généreux. Le drame survient : Riad Hamdy est retrouvé mort dans son bureau. Le tiroir de la table a été fracturé et l’argent qui s’y trouvait a disparu. Cet argent était destiné à financer le mariage de Wafaa et de Sanah. C’est ce vol qui a causé l’arrêt cardiaque dont est mort Riad Hamdi. Wahid prévient l’oncle des trois enfants. Celui-ci accueille ses nièces et son neveu dans sa grande maison. Avec lui, vit sa fille, Siham, une ravissante demoiselle qui est tombée sous le charme du musicien. Ce dernier n’est pas non plus insensible à la beauté de Siham. On parle de mariage, au grand désespoir de Wafaa…

Notre avis : « Le Chant Immortel » est le premier film dans lequel joue Farid AL Atrache depuis sa rupture avec Samia Gamal. Ils étaient encore ensemble en cette même année 1952 pour l’excellente comédie musicale « Ne le Dis à Personne » elle aussi réalisée par Henry Barakat. Avec ce nouveau film, changement radical d’atmosphère : nous sommes dans le drame, dans l’émotion avec des histoires d’amours croisées et des jeunes filles sentimentales au cœur trop fragile. Le récit est ponctué de nombreuses chansons mélancoliques composées et interprétées par Farid Al Atrache. Pendant le tournage, Henry Barakat avait confié à Faten Hamama qu’il trouvait les chansons un peu longues et qu’elles risquaient de plomber le rythme du film. Sur ce point, on ne peut lui donner tort.


Jeudi 25 avril à 19h30

Méfie-toi de tes voisins de Mohamed Abdel Aziz (Khally Balak Men Geranak, 1979)
avec Adel Imam (Ahmed), Lebleba (Nawal), Fouad El-Mohandes (le vieux peintre), Madiha Yousri (Fawzia, la belle-mère d’Ahmed), Mimi Gamal (Enayat, la voisine), Mokhtar El Sayed (le mari d’Enayat), Hoda Zaki (une autre voisine), Hanan (Didi la danseuse), Wahed Seif (Ibrahim Effendi), Ibrahim Kadri (le fleuriste)
Scénario : Farouk Sabry
Remake du film américain Pieds nus dans le parc (Barefoot in the Park) réalisé par Gene Saks en 1967.
Musique : Gamal Salama


Comédie. Ahmed est avocat et il vient d’épouser Nawal. Après avoir passé leur lune de miel dans un grand hôtel luxueux, ils emménagent dans un appartement meublé que Nawal a choisi pour son loyer très modique. Malheureusement, ils découvrent très vite les inconvénients de leur « petit nid douillet ». L’ascenseur ne fonctionne pas, l’appartement comporte quelques meubles mais il n’y a pas de lit dans la chambre. Et, encore plus gênant, l’un de leurs voisins, un vieux peintre, veuf et solitaire, doit passer dans leur logement pour rejoindre le sien. Malgré cette situation peu banale, les deux jeunes mariés et le vieil homme vont très vite sympathiser…

Notre avis : une comédie (très) légère qui est une adaptation assez fidèle de « Pieds Nus dans le Parc », un film américain avec Jane Fonda et Robert Redford. Elle permet au réalisateur d’évoquer sur le mode plaisant un mal endémique de la société égyptienne : le manque de logements dans la capitale. Adel Imam et Lebleba, les deux acteurs principaux, se connaissent bien. Ils étaient déjà mari et femme dans un précédent film de Mohamed Abdel Aziz, « Certains se marient deux fois. ». Leur complicité est ici évidente. Adel Imam est indépassable en égyptien moyen confronté aux mille soucis de la vie quotidienne tandis que Lebleba incarne avec une grande sensibilité la petite bourgeoise aspirant à un bonheur tout simple. On retrouve à leurs côtés deux acteurs de la génération précédente, Fouad El Mohandes et Madiha Yousri. Cette dernière a eu rarement l’occasion dans sa longue carrière de jouer des rôles de comédie et en compagnie de Fouad El Mohandes, plus posé qu’à l’ordinaire, elle semble s’en donner à cœur joie. « Méfie-toi de tes voisins » n’est pas un chef d’oeuvre mais c’est un film sympathique.


Mercredi 24 avril à 15h

Rendez-vous avec un inconnu d’Atef Salem (Maweed maa maghoul, 1959)
avec Omar Sharif (Magdi), Samia Gamal (Nana, auxiliaire de police), Hala Shawkat (Nadia), Fakher Fakher (Soubhy), Youssef Fakhr El Din (Rachad), Omar Al Hariri (officier de police), Reyad El Kasabgy (le gardien de l'usine), Kamal Hussein (Amin), Thuraya Fakhry (mère de Rachad), Salah Nazmi (le médecin)
Scénario : Youssef Issa
Musique : Mohamed Abdel Wahab
Production : les Films Mohamed Abdel Wahab et les Films Barakat
appréciation : 3/5


Amin est un industriel. Depuis qu’il a constaté que son entreprise était l’objet d’importants détournements de fonds, il reçoit des lettres anonymes lui enjoignant de garder le silence. Amin veut lui-même enquêter avant de prévenir la police. Il convoque Rachad, son jeune comptable. Lors de leur entretien, Amin explique à son interlocuteur qu’il est certain de son innocence mais que quelqu’un a tenté de le faire accuser en falsifiant ses livres de comptes. Tandis qu’ils discutent, un homme s’est introduit dans la voiture de Rachad pour se saisir du revolver qui se trouve dans la boîte à gants. L’inconnu pénètre dans les locaux de l’entreprise et tire sur Amin qui s’effondre mortellement blessé. Poursuivi par le gardien, Rachad se sauve. Sur la route il est arrêté par un étrange personnage qui lui garantit l’impunité bien que tout l’accuse. Il doit disparaître et garder le silence sur tout ce dont il a été le témoin. Après avoir fait ses adieux à sa mère et à sa sœur, Rachad s’envole pour le Soudan. La police a pris l’affaire en main mais elle ne parvient pas à identifier un coupable. Magdi est le jeune frère d’Amin qui fait des études à l’étranger. Il rentre en Egypte pour mener sa propre enquête.

Notre avis : bien que le scénario comporte des facilités, des contradictions et des invraisemblances (oui, ça fait beaucoup !), « Rendez-vous avec un inconnu » est un thriller qui emporte quand même l’adhésion grâce à son atmosphère de roman noir, ses personnages énigmatiques et surtout grâce à la relation incandescente qui unit Omar Sharif et Samia Gamal, ou du moins leurs personnages. Le premier est magistral en héros d’une beauté sombre et altière qui voit avec effroi la réalité se dérober sous ses pas. Et la seconde incarne avec maestria un Dom Juan féminin d’une sensualité diabolique. La beauté des images d’Alexandrie et de ses environs ravira les nostalgiques d’une époque et d’un art de vivre à jamais révolus.


Mardi 23 avril à 19h30

Trente Jours en Prison de Niazi Mostafa (30 youm fil sign, 1966)
avec Abou Bakr Ezzat (Medhat), Farid Shawki (Amshir), Nawal Abou Al Foutouh (Azhar), Hassan Hamed (Ibn Al Janawi), Soheir El-Barouni (l’employée de maison), Mimi Chakib (la mère de Soheir), Mohamed Reda (Hangal le voleur), Ibrahim Saafan (l’avocat), Madiha Kamel (Soheir), Samir Ghanem (son propre rôle), Ahmed El Deif (son propre rôle), George Sedhom (son propre rôle)
D’après une histoire de Naguib El Rihani et de Badie’ Khairy
Scénario : Abdel Hay Adib et Niazi Mostafa
Musique : Hussein Al Saïd
Chansons : Samir Ghanem, Ahmed El Deif, George Sedhom
Production : Films Ihab Leithi


Medhat dirige le cabaret « le Trocadéro » qui appartient à Madame Fawzia. Il doit épouser la fille de cette dernière mais il entretient aussi une relation amoureuse avec Azhar, une jeune actrice très ambitieuse. Pour garantir la sécurité de l’établissement qu’il dirige, il a embauché Amshir, un hercule de foire. Ce dernier est un brave garçon mais il a tendance a abusé de sa force à contretemps. Justement, ce soir-là, un personnage important dîne au cabaret. Il travaille dans le cinéma et il pourrait jouer un rôle déterminant dans la carrière d’Azhar. Medhat se trouve à sa table et par inadvertance, il brûle la moustache de l’homme. Fureur du « brûlé » qui frappe Medhat. C’est à ce moment-là qu’intervient Amshir : il assomme l’agresseur de son patron mais les hommes de celui-ci répliquent à leur tour. La mêlée devient générale. La police puis la justice s’en mêlent. Un procès a lieu. Medhat est condamné à trente jours de prison. Contre de l’argent, Amshir accepte de purger la peine à la place de son patron. Il rejoint le centre pénitentiaire sous le nom de Medhat tandis que le vrai Medhat est parti en voyage au Liban.

Notre avis : une comédie avec dans l’un des rôles principaux Abou Bakr Ezzat, un excellent comédien plutôt habitué aux seconds rôles. Dans « Trente Jours en Prison », il incarne avec une belle énergie un gérant de cabaret particulièrement veule et mufle. Malheureusement le scénario souffre cruellement d’un manque de punch. Les scènes s’étirent sans raison avec des dialogues inutilement explicatifs. Visiblement, les auteurs ne connaissent pas la fonction de l’ellipse dans la construction d'un récit. La partie la plus faible du film, et c’est aussi la plus longue, est sans conteste celle du séjour en prison d’Amshir. Il faut supporter pendant près d’une demi-heure un méli-mélo de gags puérils et de numéros de cabaret exécutés par Les Trois Lumières du Théâtre. Eprouvant ! A part ça, Nawal Abou Al Foutouh et Madiha Kamel sont charmantes.


Lundi 22 avril à 15h

Ismaïl Yassin et le fantôme d’Hassan El Seifi (Afrita Ismaïl Yassin, 1954)
avec Ismail Yassin (Ismaïl), Kitty (Kitty, le fantôme), Farid Shawki (Hamido), Mohamed Kamal El Masry (le père de Zilabia), Zinat Sedki (Zilabia), Mary Moneib (la mère de Zilabia), Serag Mounir (Adel Kamal), Ferdoos Mohamed (la mère de Mohamed), Khristo Kladakis (le partenaire de Kittie), Liz et Lynn (danseuses)
Scénario : Hassan El Seifi et Abou Al seoud Al Ebiary, d’après la pièce du dramaturge britannique Noël Coward, L'esprit s'amuse (Blithe Spirit, 1941)
Musique : Munir Murad, Izzat Al Jahili, Mohamed Salman
Production : Films Masr Al Jadidat


Kitty travaille comme danseuse dans un nightclub dirigé par Adel Kamal. Celui-ci dépense tout son argent au jeu et cela fait des mois qu’il est incapable de payer ses employés et de régler son loyer. Il est au bord du gouffre. Hamido, son collaborateur, lui souffle une idée : pourquoi ne pas supprimer Kitty et ainsi récupérer son assurance vie ? Adel est prêt à tout pour échapper à la faillite. Il accepte la proposition de son conseiller diabolique. Après plusieurs tentatives infructueuses, Hamido parvient enfin à tuer Kitty mais le fantôme de celle-ci entre en communication avec Ismaïl et lui demande de l’aider à se venger. Ismaïl est un jeune homme un peu naïf que la danseuse avait rencontré dans des circonstances dramatiques : en raison d’un fâcheux concours de circonstances, il avait été la victime de la première tentative de meurtre d’Hamido et avait failli perdre la vie au volant de sa voiture. C’est ainsi qu’ils étaient devenus amis…

Notre avis : l’un des sommets de la comédie des années cinquante. Le duo formé par Ismaïl Yassin et Kitty fonctionne à merveille. Les gags, les chansons et les danses se succèdent à un rythme endiablé. Entourant les deux vedettes, on retrouve des actrices et des acteurs parmi les meilleurs de l’époque. Comme toujours, Zeinat Sedky est désopilante et ici elle se surpasse en grosse fifille à couettes, braillarde et pleurnicharde. Mais le film ravira surtout les admirateurs de Kitty qui enfin se voit offrir un rôle à la mesure de son grand talent, comme danseuse bien sûr mais aussi comme actrice. Dans ce film, c’est elle la star ! Pour finir, un mot sur Ismaïl Yassin : phénoménal.


Dimanche 21 avril à 19h30

La Fille des Aristocrates d'Anwar Wagdi (Bint Al Akkabir, 1953)
avec Layla Mourad (Layla), Anwar Wagdi (Anwar), Ismail Yassin (Chafchaq, le collègue d’Anwar), Zaki Rostom (Shawkat, le grand-père de Layla), Soliman Naguib (l’oncle Toufiq), Zinat Sedki (Alawyat, sœur d’Anwar), Ibrahim Emara (l’avocat), Mohamed Abdel Moteleb (chanteur), Kitty (danseuse), Mohamed Kamel (Idriss le serviteur)
Scénario : Abou Al Saoud Al Ebiary et Anwar Wagdi
Musique : Ryad Al Sonbati et Hussein El Sayed
Production : Anwar Wagdi


Layla vit avec son grand-père dans un immense palais. Elle souffre de la solitude qui lui est imposée : les visites et les sorties sont rares. Un jour son grand-père lui annonce qu’il doit s’absenter pour faire le pèlerinage. Il la confie à l’un de ses oncles. Quand celui-ci s’installe au palais après le départ du pacha, il constate que le téléphone fonctionne mal. Il prévient la compagnie des télécommunications qui lui envoie deux réparateurs. Entre Layla et Anwar, l’un des deux ouvriers, c’est le coup de foudre instantané. Le jeune homme cache d’autant moins ses sentiments qu’il pense avoir affaire à l’une des domestiques de la maison.
Dernier film que Layla Mourad et Anwar Wagdi tournent ensemble. Ils divorcent la même année pour la troisième et dernière fois.

Notre avis : il est amusant de constater que ce dernier film d’Anwar Wagdi avec Layla Mourad s’intitule « La fille des aristocrates » alors que le premier s’intitulait « Layla, fille de pauvres ». Dans ce film de 1953, une jeune fille « de la haute » s’éprend d’un jeune homme pauvre ; dans celui de 1945, une jeune fille pauvre s’éprenait d’un garçon « de la haute ». Mais comme de bien entendu, les deux opus se terminent par le triomphe de l’amour avec comme dernière image, le baiser des deux héros. Au-delà des clichés inévitables dans ce type de productions, « La fille des aristocrates » offre quelques agréments. Layla Mourad chante toujours aussi divinement. Son jeu peut sembler limité mais quand sa voix s’élève, toutes les réserves tombent. Les séquences musicales du film sont restées dans toutes les mémoires. Les facéties d’Ismaïl Yassin ainsi que l’improbable duo formé par Soleiman Naguib et Zinat Sedki empêchent le film de sombrer dans le sentimentalisme lénifiant. Et puis, pour tout dire, nous adorons cette scène incroyable dans laquelle Layla Mourad chante assise sur une balançoire au beau milieu d’un temple grec. Elle est entourée de danseuses en short agitant des voiles blancs et de petits cupidons tremblotants. Sans doute l’un des sommets de l’art kitsch ! Un regret pour finir : la grande danseuse Kitty n’apparaît que quelques secondes dans les dernières images du film. Frustrant !


Samedi 20 avril à 19h30

Monsieur Boulboul d’Hussein Fawzi (Bulbul Effendi, 1948)
avec Farid El Atrache (Monsieur Boulboul, le fiancé de Batah), Sabah (Kawakeb/Batah), Hassan Fayek (Muhibou Bey, le mari de Kawakeb), Mokhtar Othman (Mahrous, le réalisateur), Ismail Yassin (Bunduq), Stephan Rosti (Aziz, l’amant de Kawakeb), Samiha Tawfiq (Wafaa, la fille de Muhibou Bey), Kamal Hussein (Mounir, le fiancé de Wafaa), Fathya Mahmoud (la mère de Batah), Ali Abd El Al (un assistant du réalisateur), Ahmed El Haddad (un assistant du réalisateur), Edmond Tuema (réceptionniste de l’hôtel), Liz and Lynn (danseuses)
Scénario : Hassan Tawfiq et Hussein Fawzi
Musique : Farid Al Atrache
Production : Ramsès Naguib


Comédie musicale. Kawakeb est une jeune actrice égocentrique et méprisante. Elle a épousé un homme riche, beaucoup plus âgé qu’elle, qui supporte sans broncher tous ses caprices. Elle tourne un nouveau film mais elle se fâche avec le réalisateur et abandonne subitement toute l’équipe. Le metteur en scène est désespéré : il va devoir renoncer à terminer son film. Heureusement, l’un de ses assistants va trouver une solution. Il lui présente une jeune fille, Batah, qui est le sosie de Kawakeb. Batah est une jeune ouvrière qui vit avec sa mère et qui est fiancée à Monsieur Boulboul, un marchand ambulant. Le réalisateur et ses assistants découvrent qu’elle sait aussi jouer la comédie et chanter. On la coiffe, on la maquille et on l’habille. Le résultat laisse sans voix toute l’équipe : Batah est la doublure parfaite de leur ancienne vedette. Pendant ce temps-là, Kawakeb a décidé de quitter son mari pour s’enfuir à Louxor avec un amant…
 
Notre avis : à la fin des années quarante, Hussein Fawzi va réaliser un certain nombre de comédies musicales avec en vedette la chanteuse Sabah. La rencontre du cinéaste avec Naïma Akef mettra brutalement un terme à cette collaboration mais ceci est une autre histoire. Monsieur Boulboul est un excellent divertissement dans lequel la toute jeune chanteuse assure le spectacle, éclipsant presque son prestigieux partenaire, Farid Al Atrache. La partition musicale composée par ce dernier est remarquable par sa qualité et sa variété. La chanson « Ya Nagham » interprétée par Sabah et qui débute par un solo de clarinette est un petit chef d’œuvre.


Vendredi 19 avril à 17h

La Course des Fauves d'Ali Abdel Khalek (Gary El Wohosh, 1987)
avec Nour Al Sherif (Saïd), Mahmoud Abdel Aziz (Abdoul Qawi Shedid), Hussein Fahmy (Nabih), Noura (Nawashi, la femme d’Abdoul Qawi Shedid), Hussein El Sherbiny (l’avocat Abdel Hakim), Hoda Ramzi (Wafaa, la femme de Saïd), Fouad Khalil (le psychiatre), Rafat Ragi (l’enquêteur), Sayed Mustafa (un négociant en or), Lamia Al-Jeddawi (Miss Suzy)
Scénario : Mahmoud Abou Zeid
Musique : Hassan Abou Al Saoud, Amir Abdel Magid
Production : Hussein El Sabah


Fable philosophique. Saïd est un riche négociant en or. Il est marié depuis vingt ans avec Wafa. Il aime sa femme mais ils n’ont jamais pu avoir d’enfant. Nabih est un brillant chercheur en médecine qui travaille depuis de longues années sur la stérilité. Il rêve de vérifier la validité sur l’homme du traitement qu’il a expérimenté sur les singes. Nabil propose à Saïd une opération révolutionnaire : cela consiste à retirer l’hypophyse du crâne d’un homme fertile pour la lui greffer. Le donneur, ça sera Abdoul Qawi Shedid, un père de famille misérable qui est venu au Caire pour vendre un bracelet en or afin de payer l’avortement de sa femme…

Notre avis : un apologue bien laborieux sur les dérives de la science entre les mains d’individus cupides et sans scrupules. C’est la troisième fois que Nour Al Sherif, Mahmoud Abdel Aziz, Hussein Fahmy et Noura jouent ensemble et c’est la seconde sous la direction d’Ali Abdel Khalek. Que fallait-il attendre de cette nouvelle collaboration ? Nous n’en savons rien mais le résultat n’est guère convaincant. On frise parfois le grotesque, en partie à cause du jeu caricatural de Mahmoud Abdel Aziz. A l’inverse, Hussein Fahmy se la joue à l’économie : pour faire « scientifique », il se contente de tenir constamment une pipe au coin de la bouche ! « La Course des Fauves » est tout à fait symptomatique de l’évolution dans les années quatre-vingt d’un certain cinéma à prétentions politico-philosophiques.


Jeudi 18 avril à 23h

L'Evasion d'Atef El Tayyeb (Al Huroub, 1991)
avec Medhat El-Sherif; Ahmed Zaki (Montasser), Abdel Aziz Makhyoun (Major Salem Abdel Razek), Zouzou Nabil (la mère de Montasser), Hala Zedki (Sabah, la danseuse), Mahmoud El Bezawy (le frère aîné de Montasser), Nermin Kamal (la sœur de Montasser), Layla Sheir (la directrice de l’école), Mohamed Wafik (Colonel Fouad Al-Sharnoub), Abu Bakr Ezzat (le Général), Youssef Fawzy (Medhat, le directeur de la société), Samir Wahid (Farid Ezzat, l’agent de change), Aïda Fahmy (Zeinab, la cousine et la femme de Montasser), Salah Abdullah (le fabricant de faux papiers), Ezzat Al Machad (le rédacteur en chef du journal), Ahmed Adam (Aziz, le journaliste), Soheir Tawfiq (la femme de Medhat)
Scénario et dialogues : Mostafa Moharam
Inspiré du roman le Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas
Musique : Modi Al Imam
Figure dans la liste des 100 films les plus importants du cinéma égyptien.


Drame. Montasser travaille pour une société qui s’occupe d’envoyer des ouvriers égyptiens dans les pays du golfe. Ne supportant plus de voir ces travailleurs exploités et escroqués par son patron qui leur délivre des faux visas, il veut dénoncer ces pratiques frauduleuses à la police. Mais son chef est plus rapide que lui : il parvient à faire arrêter son employé pour détention de drogue. Montasser est condamné à deux ans de prison. Pendant sa détention, il n’a plus aucune nouvelle de sa femme. Quand il est enfin libéré, il veut la retrouver et se venger de son ancien patron. Il se rend au domicile de ce dernier et le tue dans son lit sous les yeux de son épouse. Le soir même, il fait la connaissance d’une danseuse avec qui il passe la nuit. Le lendemain matin, il part à la recherche de sa femme. Celle-ci a été manipulée par une entremetteuse qui l’a convaincue de partir en Turquie pour s’y prostituer. Il retrouve très vite cette mère maquerelle. Elle occupe une fonction fort honorable : directrice d’une école pour jeunes filles. La dame refuse de lui dire où se trouve sa femme. Alors Montasser tente de la faire avouer par la force. En tentant de résister, la directrice chute et sa tête vient frapper violemment l’accoudoir du canapé. Elle meurt sur le coup. Montasser doit fuir…

Notre avis : un drame social très sombre qui se présente un peu comme la version moderne du film de Kamal El Sheikh «Le Voleur et les Chiens » réalisé trente ans plus tôt (le rôle d’Hala Zedki dans « L’Evasion » semble même copié sur celui de Shadia !). Mais la situation du héros d’Atef El Tayyeb est encore plus tragique que celle du voleur de Kamal El Sheikh car lui sera trahi par ses amis et condamné par la société pour s’être élevé contre la corruption des puissants et l’exploitation des plus faibles. Ahmed Zaki incarne avec une grande vérité cet individu traqué et happé par un engrenage dont il ne sortira pas vivant. Cette tragédie moderne est l’un des meilleurs films d’Atef El Tayyeb, le réalisateur le plus doué de sa génération qui sut à la fois plaire à la critique et au grand public.


Mercredi 17 avril à 15h

Raya et Sakina de Salah Abou Seif (Raya wa Sakina - 1953)
avec Negma Ibrahim (Raya), Zouzou Hamdy El-Hakim (Sakina), Farid Shawki (le borgne de la bande de Raya et Sakina), Anwar Wagdi (Ahmed Yousri, l'officier de police qui mène l'enquête), Chukry Sarhan (Amin, l'homme qui attire les victimes), Samira Ahmed (Soad), Berlanty Abdel Hamid (fiancée d'Amin et amie de Soad), Saïd Khalil (le mari de Sakina), Reyad El Kasabgy (le mari de Raya), Abdel Hamid Zaki (le père de Dalal), Malika El Gamal (la mère de Bassima, une victime du gang), Zeinat Olwi (la danseuse), Suleiman El Gindy (le petit frère de Soad), Shafik Nour El Din (le coiffeur)
Scénario : Naguib Mahfouz, Salah Abou Seif
D’après une histoire de Lotfi Othman
Dialogues : El Sayed Bedeir
Musique : Ahmed Sedky et Hussein Guenid
Production : Ramses Naguib
appréciation : 4/5


Alexandrie a peur. Depuis quelque temps des femmes disparaissent dans des conditions mystérieuses. On compte pour l'instant 26 victimes mais nul doute que la liste ne va pas tarder à s'allonger. Ahmed Yousri, le chef du service des affaires criminelles, dirige l'enquête. Pour entrer en contact avec les kidnappeurs, il se déguise en marin et fréquente les cafés et les cabarets des quartiers populaires. Il va très vite obtenir de précieuses informations. L'un des premiers suspects est Amin, un séduisant jeune homme, employé de bureau dans un abattoir...
Ce film évoque un fait divers qui défraya la chronique en Egypte au début des années 20.

Notre avis : un excellent thriller écrit par le prix Nobel de littérature et pour lequel Salah Abou Seif a appliqué les recettes du film noir américain : une intrigue épurée, une atmosphère inquiétante et une mise en scène nerveuse qui privilégie l'action.
On pourra s'étonner du choix d'Anwar Wagdi pour incarner l'officier de police chargé de l'enquête. Certes, il jouit à l'époque d'une célébrité peu commune, et comme acteur et comme réalisateur, mais son univers est plutôt celui de la comédie ou du drame sentimental, bien loin du réalisme cher à Salah Abou Seif. A noter, qu'en cette même année 52, Anwar Wagdi joue à nouveau un inspecteur de police dans « Le Tigre », une comédie musicale d'Hussein Fawzy et que deux ans plus tard, en 1954, Salah Abou Seif l'engage une nouvelle fois pour jouer un enquêteur dans « Le Monstre ». (Anwar Wagdi avait une prédilection certaine pour l'uniforme !)
Auprès de l'acteur, on trouve deux toutes jeunes actrices promises à de belles carrières, Samirah Ahmed et Berlanti Abdel Hamid qui au moment du tournage ont respectivement 14 et 17 ans.


Mardi 16 avril à 19h30

Agent 77 de Niazi Mostafa (Aleamyl 77, 1969)
avec Farid Shawqi (le major Kamel Suleiman), Soheir El Bably (Maria, l’assistantre de Simon), Nawal Abou El Fotouh (Nadia), El Deif Ahmed (El Deif), George Sedhom (George), Samir Ghanem (Samir), Hassan Shafik (le faux réalisateur Simon), Ahmed Abaza (le propriétaire de Vénus Casino), Mohamed Refaat (Salah), Samir Waley Eddin (le trafiquant de drogue), Nasr Seif (Max), Mohamed Sultan (l’officier de police)
Scénario : Abdel Hay Adib
Musique : Johnny Kostanios
Production : les Studios Misr, les films Saad Dafraoui


Le major Salah a réussi à enregistrer sur microfilm des images d’une base militaire ultra-secrète. Ces documents sensibles sont destinés à des espions qui se sont introduits sur le territoire égyptien en se faisant passer pour une équipe de tournage d’un film d’action. L’homme qui sert d’’intermédiaire est le directeur du Vénus Casino, Petro di Roma. Celui-ci accompagne Salah sur le lieu du faux tournage où ils retrouvent Simon, le prétendu réalisateur, chef des espions. Salah demande l’argent qu’on lui a promis mais Simon l’abat d’un coup de revolver. Le réalisateur et Petro di Roma se battent pour récupérer le microfilm mais il finit par tomber dans l’une des guitares appartenant à trois artistes qui assistaient à la scène cachés derrière une rangée de costumes. Petro di Roma fuit avec les trois jeunes comédiens et il les embauche dans son cabaret, pensant ainsi récupérer rapidement le précieux microfilm….

Notre avis : les vraies vedettes de cette comédie familiale, ce sont Les Trois Lumières du Théâtre (El Deif Ahmed, George Sedhom et Samir Ghanem), un trio comique qui connut la célébrité à la fin des années soixante. On peut considérer "Agent 77" comme l’un de leurs meilleurs films. Comme à l’accoutumée, les trois compères enchainent saynètes rigolotes et numéros chantés mais leurs prestations semblent plus élaborées et mieux construites que dans d’autres productions. Niazi Mostafa a su habilement insérer leurs numéros dans une vraie histoire comportant de multiples péripéties et rebondissements avec des méchants qui font preuve d’une ingéniosité sans limite. La musique et les chansons sont particulièrement réussies. Leur compositeur serait un certain Johnny Kostanios (un pseudonyme ?) aussi inconnu que talentueux.

Sherein Seif Al Nasr (1967-2024)

شيرين سيف النصر


En 1994, avec Ahmed Zaki
 dans Le Chauffeur de Madame d'Hassan Ibrahim




En 2002, avec Adel Imam 
dans Le Prince des Ténèbres de Ramy Imam (le fils d'Adel Imam)



L'actrice égyptienne Sherein Seif Al Nasr est morte samedi 13 avril 2024 à l'âge de 57 ans. Diplômée en droit, elle a travaillé plusieurs années à l'ambassade d'Egypte en France. D'après le journal Al Ahram, c'est le cinéaste Youssef Francis qui va l'inciter à se lancer dans le cinéma. Dans les années quatre-vingt dix, elle tourne dans plusieurs films mais c'est surtout grâce à sa participation dans des séries télévisées qu'elle accède à la célébrité.  Elle s'était retirée du monde artistique depuis une quinzaine d'années.

lundi 1 avril 2024

A la télé : les films du jour (Rotana Classic du 1er au 15 avril)

روتانا كلاسيك

Quels films peut-on voir sur la chaîne Rotana Classic ? Les horaires donnés sont ceux de l'après-midi ou de la soirée (heure de Paris). La plupart des films sont ensuite rediffusés le lendemain matin.
Rotana Classic a remplacé Rotana Zaman en 2012. Cette chaine fait partie du groupe Rotana basé en Arabie Saoudite et spécialisé dans le divertissement (télévision et musique). Celui-ci a été créé par le prince Al-Walid ben Talal ben Abdelaziz Al Saoud, membre de la dynastie Al Saoud et petit-fils du fondateur de l'Arabie Saoudite. Comme son nom l’indique, Rotana Classic diffuse essentiellement les grands classiques du cinéma égyptien. Disponible en France.


Lundi 15 avril à 19h30

Les Trois Démons d’Houssam Al Din Mostafa (El Shayateen El Talata, 1964)
avec Rushdy Abaza (Saadawi), Ahmed Ramzy (Ezab), Hassan Youssef (Fatouh), Nasr Seif (Samiha), Samy Tamoum (l’officier de police), Nawal Abou El Fotouh (Zeinab), Berlanti Abdel Hamid (Hamia), Mohamed Sobeih (Madlouly), Hussein Ismaïl (Monsieur Wahdan), Saleh Al Eskandarani (Hanafi Al Sayad), Abdel Alim Khattab (Monsieur Abdel Razaq), Abdel Hamid Nasr (le père de Zeinab)
Scénario : Bahgat Amar, Mohamed Kamel Abdel Salam, Lucien Lambert
Production : Abbas Helmy


Saadawi, Ezab et Samiha sont trois amis qui ont été ensemble détenus pendant plusieurs années dans le centre pénitentiaire d’Abou Zaabal. Leurs conditions de détention étaient éprouvantes : ils passaient toutes leurs journées dans des carrières à casser des pierres sous un soleil accablant. Puis, un jour, ils apprennent qu’ils font l’objet d’une grâce exceptionnelle. En sortant de prison, ils sont bien décidés à reprendre une existence honnête. Ezab retourne à Suez où l’attend Zeinab, sa fiancée. Le père de celle-ci l’accueille comme un fils et l’installe dans un petit appartement sur le toit de leur immeuble. Ezab veut récupérer le camion qu’il a acheté à Monsieur Abdel Razaq, un puissant marchand de poissons de la ville. Durant sa détention, il lui a laissé le véhicule mais maintenant il veut récupérer ce qui lui appartient. Le marchand de poissons ne l’entend pas de cette oreille et refuse de restituer le camion. Pour intimider l’ancien prisonnier, il lui envoie ses hommes de main qui le passent à tabac. Ezab décide d’appeler à son aide ses deux anciens camarades qui se rendent aussitôt à Suez. Le trio réuni est prêt à affronter Abdel Razaq. Dans leur lutte, ils vont trouver un partenaire inattendue : Hamdia, une jeune femme qui possède un bateau de pêche et qui s’est toujours opposée aux méthodes du marchand…

Notre avis : un petit film d’action très sympathique qui exalte le mythe de la camaraderie virile entre hommes soudés par des épreuves communes. L’atmosphère rappelle parfois celle de certains films français de la même époque avec Lino Ventura ou Jean-Paul Belmondo. Comme il se doit, la réalisation est nerveuse, sans fioriture. Toutes les scènes d’affrontement sur le port, au milieu des bateaux et des marins, constituent les moments forts de ces « Trois Démons ». Bref, c’est du Houssam Al Din Mostafa à son meilleur. Dans ce film, les femmes ne brillent guère par leur présence. Il y a tout de même Berlanti Abdel Hamid mais avec un personnage de femme d’action à l‘opposé des séductrices qu’elle a incarné jusqu’alors. On est même étonné de la voir arborer des toilettes si sévères et surtout de la voir adopter une attitude si distante avec son « amoureux » Rushdy Abaza. Cette réserve inattendue sera mieux comprise si on précise que cette même année 1964, Berlanti Abdel Hamid épouse le maréchal Abdel Hakim Amer, vice-président de la République arabe d’Egypte ! (Une idylle qui se terminera tragiquement trois ans plus tard.)


Dimanche 14 avril à 15h

Apprenez-moi l’amour d’Atef Salem (Alamuni el hub, 1957)

avec Iman (Nawal), Saad Abdel-Wahab (Sami), Ahmed Ramzy (Mamdouh), Abdel Salam El Nabolsi (Ghourab), Nelly Mazlom (Mimi, la directrice de l’école de danse), Thuraya Fakhry (la directrice de l’école), Cariman (camarade de classe de Nawal), Serag Mounir (le père de Nawal), Mimi Chakib (la mère de Nawal)
Histoire : Amin Youssef Ghorab (qui s’est inspiré de Cyrano de Bergerac du dramaturge français Edmond Rostand)
Scénario et dialogues : Youssef Issa
Musique : Mohamed Abdel Wahab et Saad Abdel Wahab
Production : les Films Mohamed Abdel Wahab et les Films Barakat


Comédie musicale. Après deux ans d’absence, Sami revient au Caire pour devenir professeur de Physique et de Musique dans une institution pour jeunes filles. Dans la capitale, il retrouve deux amis d’enfance. D’abord Ghourab qui va l’héberger. Ghourab tient une boutique d’oiseaux exotiques et il très amoureux de Mimi, la directrice de l’école de danse qui se trouve en face de son appartement. Autre particularité : il possède une petite voiture à trois roues qu’il appelle sa Torpedo. Le second ami de Sami est Mamdouh. Il travaille dans la verrerie de son oncle et c’est un véritable Dom Juan qui collectionne les conquêtes féminines. Les trois jeunes gens sont heureux d’être enfin réunis et ils organisent dans l’appartement de Ghourab une grande fête à laquelle ont été conviées Mimi et ses amies. Au lycée, l’ambiance est moins détendue pour Sami. Il doit affronter l’insolence et l’agitation de certaines élèves. Heureusement parmi elles, il y a Nawal, la fille d’un grand parfumeur, qui partage sa passion pour la musique. Très vite le professeur tombe amoureux de son élève mais il n’ose se déclarer. Entretemps, Mamdouh a lui aussi fait la connaissance de Nawal grâce à son père qui lui a passé commande du verre nécessaire à la fabrication de ses flacons de parfum. Mamdouh trouve la jeune fille charmante et il se verrait bien devenir gendre d’un industriel fortuné. Pour séduire Nawal, il demande à Sami de lui écrire des lettres d’amour. Celui-ci accepte d’autant plus volontiers qu’il ne connaît pas l’identité de la destinataire…

Notre avis : une comédie gentillette agrémentée de jolies chansons. Le rôle principal est tenu par Saad Abdel Wahab, le neveu du grand musicien Mohamed Abdel Wahab. C’était un chanteur très sympathique mais son absence totale de charisme explique sans doute sa carrière cinématographique très brève. « Apprenez-moi l’amour « est son septième et dernier film.
Si cette comédie trop sentimentale ne sombre pas totalement dans l’insignifiance, c’est grâce à la fantaisie et l’exubérance d’Abdel Salam Al Nabolsi. Il joue un marchand d’oiseaux exotiques fou amoureux de sa robuste voisine et qui ne se déplace que dans une incroyable mini voiture à trois roues.


Samedi 13 avril à 19h30

Jeunesse Très Folle de Niazi Mostafa (Shabab magnoun geddan, 1967)

avec Soad Hosny (Madiha), Mimi Chakib (la femme de Youssef), Samir Sabri (Esmat), Samir Ghanem (Rahfat), George Sedhom (Ishmat), Ahmed El Deif (Afat), Ahmed Ramzy (Medhat, le fils de Youssef), Hoda Farid (Mona, la fille de Youssef), Ibrahim Zada (le maître d’hôtel de Youssef), Amin El Heneidy (Youssef, le propriétaire du casino)
Scénario : Abdel Hay Adib et Abou Al Seoud Al Ebiary
Musique : Hussein El Sayed et André Ryder


Comédie musicale avec les Trois Lumières du Théâtre.

Le groupe de musique pop « Les Fous » est composé de trois frères et de l’un de leurs amis, Esmat. Ils viennent de décrocher un contrat au casino de la plage de Mamoura à Alexandrie mais avant de partir, Esmat veut obtenir la main de Madiha, la sœur de ses trois partenaires. Ce n’est qu’à cette condition qu’il acceptera de poursuivre son activité au sein du groupe. Malheureusement pour lui, Madiha est une étudiante en art dramatique qui ne se laisse pas dicter sa conduite. Elle refuse catégoriquement ce mariage, Esmat restera donc au Caire. Pour honorer leur contrat, les trois frères et leur sœur ont une idée : c’est Madiha elle-même qui remplacera Esmat. Elle se déguisera en garçon et grâce à son talent de comédienne, tout le monde n’y verra que du feu. Dès leurs premiers concerts, le groupe rencontre un vif succès auprès des jeunes estivants et Madiha jongle sans peine avec ses deux identités. Tantôt elle est la sœur de ses trois frères, tantôt, elle se travestit en homme pour devenir Esmat, le guitariste des Fous. La jeune femme est néanmoins confrontée à des situations un peu délicates : Medhat, le fils du propriétaire du casino est tombé amoureux de Madiha tandis que Mona, sa soeur, éprouve une véritable passion pour Esmat…

Mon avis : une comédie « yéyé » avec des jeunes qui dansent sur la plage et une poignée de comiques qui chantent avec entrain. Ironie mise à part, un très bon divertissement. Soad Hosny est irrésistible et les Trois Lumières du Théâtre moins crispantes que de coutume. L’un des rôles principaux est tenu par Amin El Heneidy qui à cette époque fait partie du petit nombre de prétendants à la succession d’Ismaïl Yassin comme roi de la comédie (son concurrent le plus sérieux est Fouad El Mohandes.). Dans ce film on le retrouve fidèle à lui-même, tout en grimaces et vocalises burlesques, mais on sent que le réalisateur a cherché à le tempérer.
A noter que « Jeunesse très Folle » sort en septembre 67, trois mois après la guerre des six jours qui s’est conclue par une lourde défaite de l’Egypte.

 
Vendredi 12 avril à 19h30

Les Jolies Belles-Mères d’Helmy Rafla (Al Hamawat Al Fatenat, 1953)

avec Kamal el-Shennawi (Samir), Cariman (Nabila), Ismaïl Yassin (Baghat), Mary Moneib (la mère de Samir), Mimi Chakib (la mère de Nabila), Abdel Azim Kamel (le médecin), Abdel Salam El Nabulsi (Hanemm, le masseur), Wedad Hamdy (la nourrice), Zoheir Sabri (Gamal, le fils du directeur), Ibrahim Hichmat (le directeur), Abbas Rahmy (le juge), Abdel Moneim Saoudi (le mathoun)
Scénario et dialogues : Abou Al Seoud Al Ebiary
Musique : Fathy Qoura, Ahmed Sabra, Hassan Abou Zayed, Fouad El Zahry


Comédie. Samir est un jeune homme d’une vingtaine d’années qui jouit d’une bonne situation. Il épouse enfin Nabila, la jeune fille qu’il aime depuis des années. Baghat, son meilleur ami, le met en garde contre les inconvénients du mariage mais Samir passe outre. Le voyage de noces des deux tourtereaux est un enchantement et comble de bonheur, quelque temps après leur retour, ils apprennent que Nabila est enceinte. Malheureusement, par leur comportement jaloux et tyrannique, les deux futures grands-mères font vivre un véritable enfer au jeune couple…

Notre avis : après « Ma Belle-Mère est une Bombe Atomique », voici ‘Les Jolies Belles-Mères ». Cette nouvelle variation sur ce thème inépuisable de la belle-mère intrusive et despotique n’a pas le charme de la première. Le scénario se réduit à quelques idées pas très originales et pendant la majeure partie du film on assiste aux interminables disputes des deux grands-mères. Plus embêtant encore : Mary Moneib et Mimi Chakib ne jouent pas très bien et leur jeu devient même pénible dans le dénouement. A noter que c’est le premier film de Cariman. Elle a dix-sept ans et elle fait franchement moins, ce qui est un peu gênant pour incarner une jeune épouse qui vient d’être mère.

 

Jeudi 11 avril à 15h

Méfie-toi de Hawa (Eve) de Fateen Abdel Wahab (Ah min Hawwa, 1962)

avec Rushdy Abaza (docteur Hassan), Madiha Salem (Nadia, la sœur d’Amira), Abdel Moneim Ibrahim (Limaï), Aziza Helmy, Awatif Tikla (Fatia, la servante), Hussein Riad (le grand-père d’Amira), Loubna Abdel Aziz (Amira), Hussein Ismaïl (l’assistant du docteur Hassan), Nahed Sabri (danseuse)
Scénario et dialogues : Mohamed Abou Youssef
Musique : Ali Ismaïl
Production : Ramses Naguib


Une adaptation moderne de la Mégère Apprivoisée de William Shakespeare. Docteur Hassan Shukri est un vétérinaire qui doit s’installer chez un riche propriétaire terrien pour soigner les animaux du domaine. Sur la route, il porte secours à une jeune femme dont la grosse voiture est tombée en panne. La conductrice se montre agressive, traitant le docteur Hassan comme un domestique. Celui-ci découvre peu après que cette charmante personne est Amira, la petite-fille de son employeur. Le vétérinaire fait aussi la connaissance de Nadia, la jeune sœur du dragon qui, contrairement à Amira, est une fille douce et agréable. Nadia a un petit ami mais son grand-père refuse qu’elle se marie tant que l’aînée n’a pas trouvé un époux. Malheureusement, le mauvais caractère d’Amira décourage tous les prétendants qui se présentent. Le docteur Hassan promet au grand-père de l’aider à dresser sa petite-fille. Il la traite tout de suite sans ménagement ce qui déconcerte Amira habituée à plus d’égards. L’attitude cavalière du vétérinaire finit même par l’exaspérer, à tel point qu’un soir elle accuse le docteur Hassan de l’avoir agressée et d’avoir tenté de la violer. Son grand-père sait que c’est faux. Avec le vétérinaire, il monte alors une petite comédie pour donner à la menteuse une bonne leçon : afin de laver l’honneur de la famille, Amira doit épouser son agresseur !

Notre avis : dans cette adaptation très libre de la "Mégère Apprivoisée" de William Shakespeare, Fateen Abdel Wahab évite tous les pièges qu’un tel sujet pouvait comporter et se garde de toute misogynie grossière. Il nous conte avec élégance et ironie toutes les épreuves que s’imposent les deux héros et parvient à capter notre attention jusqu’à l’inévitable « happy end ». C’est une comédie à l’italienne dont la réussite repose en grande partie sur le talent de ses deux vedettes. Rushdy Abaza est toujours juste, sans rien d’affecté ni de forcé dans son jeu. Quant à Loubna Abdel Aziz, on se dit qu’elle avait bien du talent et que c’est vraiment dommage que sa carrière fût si courte. Fateen Abdel Wahab réunira à nouveau les deux acteurs l’année suivante dans "La Mariée du Nil".
Dans ce film, la voiture de Rushdy Abaza est une 2 cv Citroën. Pour un homme qui était habitué dans la vie comme à l’écran aux grosses limousines américaines, l’expérience a dû sembler bien exotique !


Mercredi 10 avril à 23h

Ismaël Yassin chez les fous d'Isa Karama (Ismael Yassin fi mostashfa el maganen, 1958)
avec Ismaël Yassin (Hassouna), Hind Rostom (Tema), Zinat Sedki (la mère de Tema), Abd El Fatah El Kosary (le père de Tema), Reyad El Kasabgy (chef de service à l’hôpital psychiatrique), Hassan Atla (un fou), Fouad Ratab (un fou), Farhat Omar (le docteur Shadid), Abdel Moneim Ibrahim (un fou), Abdel Moneim Ismaïl (le marchand de légumes), Hussein Ismaïl (le boucher), Hussein Asar (Zaki Al-Qahwaji), Mohsen Hassanein, Kitty (la danseuse), Helen (la folle qui fait un strip-tease), Salha Kasin, Abdel Hamid Zaki (le propriétaire de la pâtisserie), Ezzedin Islam (le directeur de l’hôpital), Abdel Ghany Kamar (l’astrologue)
Scénario : Abbas Kamel, Abdel Fattah El Sayed
Musique : Attya Sharara
Production : les films Karama
appréciation : 3/5


Comédie. Tout le monde dans le quartier veut épouser Tema. Son père a emprunté de l’argent aux uns et aux autres en leur promettant à chaque fois de leur donner la main de sa fille. Tema est amoureuses de Hassouna, le pâtissier. Malheureusement, un chef de service à l’hôpital psychiatrique s’engage à éponger toutes les dettes du père si celui-ci consent à faire de lui son gendre. Les deux hommes font affaire mais il faut se débarrasser d’Hassouna. Ils décident de le faire passer pour fou et de l’interner à l’hôpital psychiatrique.

Notre avis : c’est une comédie typique des années cinquante qui mêle le burlesque et le glamour avec un seul objectif : plaire au plus grand nombre. Mais l’intérêt majeur de ce divertissement tout public réside sans aucun doute dans sa critique virulente de la famille traditionnelle et de la condition faite aux femmes. On voit un père, cynique et sans scrupule, promettre sa fille à qui voudra bien rembourser ses dettes et on voit aussi d’honnêtes artisans ou commerçants proposer « généreusement » leur aide au papa contre les faveurs de la belle Tema, incarnée avec brio par l’affriolante (et dans ce film, le mot est faible !) Hind Rostom.
Cela étant dit, « Ismaïl Yassin chez les fous » comporte quelques faiblesses. Une grande partie de l’intrigue se déroule au sein d’un hôpital psychiatrique et cela nous vaut des scènes interminables avec des « fous » se livrant à des pitreries puériles et répétitives.


Mardi 9 avril à 23h

L'épouse n°13 de Fateen Abdel Wahab (al-Zaawgah raqam talata'ch, 1962)
avec Rushdy Abaza (Mourad), Shadia (Aïda), Abdel Moneim Ibrahim (Ibrahim, l’ami de Mourad), Shwikar (Karima, l’ancienne fiancée de Mourad), Hassan Fayek (le père d’Aïda), Shihab Nassim (Kamal), Zeinat Olwi (Nani), Wedad Hamdy, Zeinab Sedky (la mère de Mourad), Mahmoud Lotfi (Abdel Ghafour), Helen (Sonia), Ahmed Amer (le directeur de l’hôtel)
Scénario et dialogues : Abou Al Seoud Al Ebiary et Ali El-Zorkani
Inspiré des Mille et Une Nuits (la relation entre les deux personnages principaux est calquée sur celle unissant le sultan Shahryar et Shéhérazade)
Musique : Fouad El Zahry
Production : Gamal El Leithy Films
Anecdote : la voiture dans laquelle ont pris place Rushdy Abaza et Shadia pour la chanson « Dans un Nid d’Amour » est une splendide Cadillac qui appartient à l’acteur.
appréciation : 3/5


Comédie. Mourad est un homme d’affaires qui dirige une usine de textile. C’est aussi un véritable Dom Juan. A Alexandrie, il rencontre Aïda, fille d’un ancien ministre. Il entreprend de la séduire mais celle-ci résiste à ses assauts répétés. Il décide alors de s’attirer les bonnes grâces du père : il l’aide à régler de petites dettes, l’invite au restaurant et lui demande la main de sa fille. Mourad a bien l’intention de divorcer aussitôt qu’il aura obtenu les faveurs de la belle. Aïda ne pouvant lutter contre la coalition formée par son père et son amoureux, finit par accepter le mariage. A peine mariée, elle a la visite de Karima, une ancienne épouse de Mourad qui lui apprend qu’elle est la treizième jeune femme à convoler avec celui-ci.

Notre avis : L’un des films les plus célèbres de Fateen Abdel Wahab, une comédie féministe menée tambour battant par Shadia et son compère Rushdy Abaza. Ce dernier qui a bâti toute sa carrière comme l’archétype du mâle égyptien accomplit ici une performance d’autodérision particulièrement savoureuse. « L’Epouse n°13 » représenta l’Egypte au Festival de Berlin de 1962 où il fut ovationné. Rushdy Abaza rata de peu le prix d’interprétation masculine qui revint à James Stewart (La concurrence était rude !)


Lundi 8 avril à 19h30

Le Haffir du Quartier de Togo Mizrahi (Kafir el Derk, 1936)

avec Ali Al Kassar (Othman), Zakeya Ibrahim (Oum Ibrahim, la femme d’Othman), Salah Kasin (la patronne d’Othman), Bahiga El Mahdy (la femme de ménage), Lutfya Nazmy (l’une des conquêtes d’Othman), Ahmed El Haddad (Abdo), Ibrahim Hechmat (le gardien de la paix), Hassan Saleh (Azouz), Zouzou Labib (Yasmina, la femme d’Azouz), Taheya Carioca (la danseuse du cabaret), Abdel Hamid El Sakhawy (Ibrahim, le propriétaire de la maison)
Scénario : Togo Mizrahi et Ali Al Kassar
Musique : Izzat El Gahely
Production : Max Harari


Comédie. Othman est un pauvre homme sans emploi. Il est naïf, gentil mais surtout terriblement paresseux. Son activité préférée est la sieste. Sa femme doit user de la manière forte pour qu’il daigne sortir du lit et chercher un travail. Il en trouve un chez une riche étrangère comme homme à tout faire. Ce jour-là, il doit aider à la cuisine car sa patronne reçoit des invités. Elle charge Othman de la cuisson du plat principal. Pour cela, il doit se rendre au four du village. Voilà notre héros cheminant par les rues, le plat sur la tête. Soudain, il est attaqué par des oiseaux qui s’emparent de tous les morceaux de viande du ragoût. Furieux, il va au commissariat. L’officier refuse d’enregistrer sa plainte et le chasse. Dans la bousculade, Othman fait tomber son plat et les pommes de terre qui restaient roulent sur le sol. L'employé malchanceux retourne chez sa patronne avec un frichti bien piteux. Evidemment, il est renvoyé. Deuxième tentative : il devient vendeur ambulant de hummus. Las ! Il s’endort au coin d’une rue et des poules dévorent toute sa marchandise. Sa femme est exaspérée par ce mari qui échoue tout ce qu’il entreprend. Elle va se plaindre au gardien de la paix de son quartier qui convoque aussitôt le mari. A la suite d’un malentendu, Othman est engagé comme gendarme…

Notre avis : Togo Mizrahi est un pionnier dont le rôle a été essentiel dans la naissance puis l’essor du cinéma égyptien. Il a réalisé « Le Haffir du Quartier » dans ses studios d’Alexandrie. Othman, le personnage principal est joué par le grand comédien Ali Al Kassar qui en fut aussi l’inventeur au théâtre. Avec cette comédie, nous sommes dans la grande tradition de la farce et du burlesque. L’attention portée aux conditions d’existence des plus humbles donne à ce film une tonalité chaplinesque. « Le Haffir du Quartier » conserve ce caractère "bricolé" ou "amateur" des productions du début des années trente. Ce sont les Studios Misr qui feront entrer le cinéma égyptien dans l’ère de la professionnalisation et de l’industrialisation.
Notons que l’on retrouve dans ce film deux jeunes artistes qui sont au tout début de leur carrière : la chanteuse et actrice Zouzou Labib ainsi que la danseuse et actrice Taheya Carioca. Toutes les deux sont apparues pour la première fois à l’écran l’année précédente dans « Docteur Farahat » qui a aussi été réalisé par Togo Mizrahi.


Dimanche 7 avril à 15h

Le Chant de l’Espoir d'Ahmed Badrakhan (Nasheed Al-Amal, 1937)
avec Oum Kalthoum (Amal), Salwa (Salwa, la fille d’Amal), Hassan Fayek (l’assistant du réalisateur), Stephan Rosti (l’acteur Mourad), Fouad Shafik (le réalisateur, Mary Moneib (la mère d’Amal) et Zaki Toleimat (Docteur Assem), Abbas Fares (Ismaïl, l’ex-mari d’Amal), Abdel Aziz Khalil (le chef de gang), Abdel Meguid Choukry (le professeur de musique), Mahmoud Reda (Docteur Mahboub)
D’après un roman d’Edmond Tuema
Scénario et dialogues : Ahmed Badrakhan et Ahmed Rami
Musique : Aziz Sadek, Mohamed El Qasabji et Riad El Sonbati
Paroles des chansons : Ahmed Rami
figure dans la liste des 100 films les plus importants de l'histoire du cinéma égyptien


C’est le premier film réalisé par Ahmed Badrakhan et c’est le second interprété par la chanteuse Oum Kalthoum.

Amal a été abandonnée par son mari. Elle vit pauvrement avec sa mère et sa fille, Salwa. Cette dernière tombe malade et Amal consulte le docteur Assem. Tout en soignant la fille, le médecin découvre le talent de chanteuse de la mère. Il décide de l’aider à se lancer dans la carrière artistique. Les premières prestations publiques de la jeune femme provoquent l’enthousiasme des spectateurs. Très vite, un réalisateur des studios Misr lui propose de tourner un premier film. Comble de bonheur : le docteur Assem est tombé amoureux d’Amal et il manifeste une grande affection pour sa fille. C’est à ce moment-là que son ex-mari reparaît…

Notre avis : A l’époque, Ahmed Badrakhan est un tout jeune réalisateur mais il a su fort bien s’entourer. Le scénario et les paroles des chansons sont signés du grand poète Ahmed Rami. Cinq de ces chansons ont été composées par Mohamed Al Qasabji, le joueur de oud virtuose d'Oum Kalthoum et quatre par Riad Al Sunbati, l’un des compositeurs les plus importants du XXe siècle : neuf chefs d’œuvre qui contribuèrent à édifier la légende d’Oum Kalthoum. La mise en scène peut sembler statique mais quand on doit filmer la  voix et le visage de la diva, le plan fixe n’est-il pas la seule manière de souligner toute la pureté et toute la beauté de l’une comme de l’autre ? ("Je hais le mouvement qui déplace les lignes" écrivait Baudelaire dans son poème "la Beauté") En contrepoint, Ahmed Badrakhan se livre à une satire très amusante des réalisateurs qui travaillaient aux studios Misr (Dans plusieurs scènes, on en voit les bâtiments flambant neufs ; lors du tournage, ils ont à peine deux ans.). Fouad Shafik est impayable en cinéaste extravagant et vaniteux.


Samedi 6 avril à 19h30

Salama va bien de Niazi Mostafa (Salama fi Kheir, 1937)
avec Naguib Al Rihani (Salama), Amina Zehni (la belle-mère de Salama), Raqiya Ibrahim (Jihan Rostom), Hussein Ryad (le Prince Kindahar), Menassa Fahmy (l’assistant du prince), Mohamed Kamel Al Morsi (Bayoumi Morgan, le voisin de Salama), Rawhiya Khaled (Nahid, la servante de Jihan), Hassan Fayek (Fayek Rostom), Stephan Rosty (Rostom Pacha), Fouad Shafik (Khalil Hindawi, le propriétaire du magasin de tissus), Ferdoos Mohamed (la femme de Salama), Omar El Hariri (l’enfant), Fouad Al Masry (le directeur de l’hôtel), Edmond Tuema (un vendeur de tissus), Emile Asahiso (le comptable), Madame Gerbis (la mère de famille nombreuse, voisine de Salama)
Scénario : Badie Khairy et Naguib Al Rihani
Musique : Abdul Hamid Abdul Rahman et Mohamed Hassan Al Shugai
Production : les Studios Misr
figure dans la liste des 100 films les plus importants de l'histoire du cinéma égyptien


Comédie. Salama, employé dans un grand magasin de tissus, doit porter à la banque une grosse somme d’argent. Un incident sur le parcours le contraint à rester plusieurs heures au commissariat. Une fois libéré, il reprend sa course mais trop tard : la banque est déjà fermée. Il retourne au magasin et comble de malchance, la grille de l’entrée est baissée. Un panneau annonce une fermeture exceptionnelle en raison d’un heureux événement survenu dans la famille du directeur. Son domicile n’étant pas sûr, Salama décide de passer la nuit dans le luxueux Nefretiti Palace Hotel et de déposer sa précieuse sacoche dans le coffre de l’établissement. La situation se complique lorsqu’à la suite d’un quiproquo, il est pris pour le richissime Prince Kindahar du Baloudestan…

Notre avis : ce premier long métrage de Niazi Mostafa est devenu un classique. On est frappé par la grande maîtrise de tous les aspects du septième art dont font preuve le jeune cinéaste et ses collaborateurs. « Salama va bien » est l’un de ces films qui grâce aux studios Misr vont permettre au cinéma égyptien de s’aligner sur les standards internationaux. C’est une comédie brillante dans laquelle le grand comédien Naguib Al Rihani déploie toutes les facettes de son immense talent. A ses côtés, Raqiya Ibrahim subjugue par sa beauté et son maintien tout aristocratiques. Et puis c’est une comédie d’une extrême élégance : les auteurs n’ont jamais recours aux facilités de la farce et la satire sociale ne tombe jamais dans la caricature grossière. On se demande encore comment avec de tels films l’Egypte n’a pas conquis le monde !


Vendredi 5 avril à 19h30

Une Ville se déchaîne d’Helmy Rafla (Thawrat el madina,1955)
avec Sabah (Fatima), Mohamed Fawzi (Ahmed), Hussein Riad (le père de Fatima), Qadria Kamel (la tante de Fatima), Ahmed Allam (Haj Saber, le propriétaire de l’usine), Doha Amir (Fatima enfant), Wedad Hamdy (la servante), Suleiman al-Guindy (le petit garçon Al Wadi Galal), Abdel Moneim Ismail (le père de Al Wadi), Ragaa Youssef (la danseuse), Horeya Hassan (la chanteuse)
Scénario : Nairuz Abdel Malek
Musique : Mamoun Al Shinnawi, Fathy Qoura, Riad El Sonbati, Mohamed Fawzi, Ali Farraj
Production : les films du Lotus (Assia Dagher)
Anecdote : lors de leur petit séjour au Caire, Fatima et son père assistent à une séance de cinéma. Le film projeté est "Le Prince de la Vengeance" réalisé par Henry Barakat en 1950, On voit pendant quelques secondes Samia Gamal danser.


Mélodrame musical. La mère de Fatima est morte en lui donnant naissance. Sa tante et sa grand-mère avaient perdu la vie dans les mêmes circonstances. Depuis ce drame, Salim, son père, est convaincu que toutes les femmes de la famille sont condamnées à subir le même sort. Il a décidé que Fatima ne se marierait jamais et qu’elle n’aurait jamais d’enfant. Dès son plus jeune âge, il lui a interdit de fréquenter les garçons et lui a imposé une éducation d’une grande sévérité. Un jour, ils partent tous les deux pour une courte escapade au Caire. A leur retour, ils découvrent que leur maison et l’atelier de verrerie du père ont été totalement détruits par un incendie. Ils n’ont plus rien. Heureusement, le riche propriétaire d’une usine de verrerie propose à Salim une place comme contremaître dans son établissement et il lui offre même un logement dans son domaine. Le père de Fatima accepte le travail mais refuse le logement : il sait que l’industriel a un fils de l’âge de sa fille. Les années passent. Fatima est devenue une jeune femme et Ahmed, le fils du propriétaire de l’usine qui avait séjourné à l’étranger pour ses études, est de retour…

Notre avis : Helmy Rafla abandonne provisoirement la comédie, genre dans lequel il excelle, pour s’aventurer sur les terres plus arides du mélodrame. Disons-le clairement : ce n’est pas son meilleur film. Le scénario repose sur une idée saugrenue. Une terrible malédiction pèse sur toutes les femmes d’une même famille : elles meurent en donnant naissance à leur premier enfant. Le père de Fatima n’a donc qu’une obsession, protéger sa fille de l’amour qui lui serait fatal. On se doute qu’il va s’opposer à tous les prétendants qui osent approcher sa fille mais on devine aussi que l’amour finira tout de même par triompher. Une trame prévisible donc mais un entrelacement de thèmes qui se prêteraient fort bien à une interprétation psychanalytique (la mort et l’amour) ou théologique (le destin et le libre arbitre).


Jeudi 4 avril à 15h

Avec le Temps d’Ahmed Diaa Eddine (maha al Ayyam, 1958)
avec Magda (Afaf), Imad Hamdi (Adel), Olwiyya Gamil (Madame Mounira), Ahmed Allam (Docteur Talaat), Wedad Hamdy (Fatima), Farouk Agrama (Samir), Sana Gamil (Ihsan), Karim Diaa Eddine (Karim), Mohamed Nabih (Basioni), Abdel Moneim Ibrahim (docteur Fawzi), Hourria (l’infirmière), Nagwa Fouad (la danseuse)
Scénario : Youssef Gohar
Production : les Films Diaa Eddine


Afaf est une jeune femme séduisante aux journées bien remplies : elle est médecin et son mari est mort la laissant seule avec leurs deux enfants en bas âge. Elle consacre sa vie à ses obligations professionnelles et à ses tâches maternelles jusqu’au jour où elle fait la connaissance d’Adel, un ingénieur qui est venu dans son hôpital pour se faire soigner. Ils se sentent attirés l’un par l’autre et Afaf redécouvre le bonheur de plaire. Mais sa belle-mère qui vit toujours avec elle compte bien s’opposer à cet amour naissant. Elle invite Adel à venir la voir. Elle lui apprend qu’Afaf est veuve et qu’elle a deux enfants. Pour le bien de ces derniers, elle lui demande de renoncer à son projet de mariage. Adel prend congé de la vieille dame, déconcerté mais sans rien lui promettre…

Notre avis : un drame sentimental avec en amoureux transi, l’inusable Imad Hamdi. Ce film semblera bien daté aux spectateurs d’aujourd’hui pourtant il n’est pas sans qualités. La première de toutes est sans doute sa grande sincérité : Ahmed Diaa Eddine est un incorrigible romantique qui ne se lasse pas de nous raconter des histoires d’amour. Et dans « Avec le Temps », il parvient à nous captiver grâce à l’élégance de sa réalisation et à la subtilité de sa direction d’acteurs. Ajoutons que Magda, la partenaire d’Imad Hamdi, n’a jamais été aussi belle (la blouse de médecin comme la robe de soirée lui vont à ravir !) et qu’elle est bouleversante dans ce rôle de jeune femme fragile ballottée par des vents contraires.


Mercredi 3 avril à 23h

Le Four d'Ibrahim Afify (El Forn, 1984)
avec Adel Adham (Dagher Al-Shahawi), Younes Shalaby (Al Shawat/Awad adulte), Maaly Zayed (Tohma), Abdel Moneim Ibrahim (Saber, le père de Tohma), Sherifa Mahear (la femme de Saber), Nabil Al Hegrassy (Abdo Katanila), Abdel Salam Mohamed (Tantawi), Samia Amin (Fawzia, la femme d’Al Shawat), Kassim Al Daly (Shawki), Ahmed Sami Ghonim (le jeune Awad), Wahid Hamdy (Sinbati, un ouvrier du four), Nadia Al Kilani (la femme de Sinbati)
Scénario : Ahmed Abdel Salam
Musique : Samir Noseir
Production : les films Al-Maqbadi

Al Shawat travaille dans une boulangerie du Caire dirigée par Dagher Al-Shahawi. Ce dernier maltraite ses employés et abuse de leurs épouses ou de leurs filles. C’est un tyran auquel personne n’ose s’opposer, pas même son adjoint qui assiste, impuissant, aux turpitudes de son patron. Al Shawat est un homme simple et naïf : il a vendu tous ses biens pour devenir l’associé de Dagher Al-Shahawi. En fait, il a été trompé. Dagher a pris l’argent mais n’a jamais eu l’intention de lui céder une part de son affaire. Comprenant trop tard qu’il a été escroqué, Al Shawat meurt subitement, terrassé par le désespoir. Sa femme et son fils Awad retournent dans leur village.
Les années passent. Le fils d’Al Shawat a grandi et il travaille comme avocat. Sa mère meurt à son tour mais avant de mourir, elle a fait promettre au jeune homme de retrouver Dagher et de venger l’honneur de son père. Le garçon s’installe au Caire et se fait embaucher dans la boulangerie du despote. Il fait la connaissance de Tohma, une jeune femme qui elle aussi veut se venger de Dagher. Elle est la fille de son adjoint et il a tenté d’abuser d’elle la nuit même de son mariage. Son père n’a jamais rien fait pour la protéger car Dagher partage avec lui un terrible secret….

Notre avis : un drame social qui offre à ses quatre acteurs principaux des rôles qui ont marqué leur carrière : Adel Adham Younes Shalaby, Maaly Zayed, Abdel Moneim Ibrahim, chacun joue sa partition avec le même brio. On soulignera plus particulièrement la grande qualité de la prestation des deux plus jeunes, Maaly Zayed en jeune femme révoltée et Younes Shalabi, d'abord en père humilié puis en fils taciturne et déterminé. La dénonciation de la tyrannie exercée par un petit patron abject impressionne par sa justesse et sa véhémence. On regrettera que certaines séquences tirent en longueur et que le réquisitoire use de certains procédés de manière très répétitive.


Mardi 2 avril à 15h

Le Mari de ma Femme d’Abbas Kamel (A'ris Mirati, 1959)
avec Ismail Yassin (Somha), Lola Sedky (Lola), Abdel Salam El Nabolsi (Fawzy, le couturier), Zinat Sedki (Howida, la sœur de Fawzy), Fayza Ahmed (la chanteuse du cabaret), Hermine (la danseuse), Tawfik El Deken (Nabil, le candidat éconduit et rancunier), Fouad El-Mohandes (Mahmoud, le voisin de Somha et Lola), Khayria Ahmed (la femme de Mahmoud), Soheir El Baroni (la femme de chambre d’Howida), Gamalat Zayed (Oum Kamal, la voyante), Mohamed Abu El Sa'ud (un candidat obèse)
Scénario : Abbas Kamel, Ismail El-Habrouk
Musique : Ibrahim Haggag, Fouad Helmy, Mohamed Abdel Wahab
Le générique nous informe que les toilettes portées par Lola Sedky sont de la maison Sabrina.
Production : Lola Sedky


Somha et Lola forment un couple heureux mais Somha a perdu son travail et ne fait pas grand-chose pour en retrouver un. Lola découvre une petite annonce postée par le directeur d’une maison de couture qui recherche un secrétaire. La femme exige que son mari postule à cet emploi. Quand Somba arrive dans la maison de couture, il découvre qu’ils sont plusieurs candidats pour ce poste de secrétaire et que c’est Howida, la sœur du couturier, qui se charge de la sélection. Somba devine qu’une seule condition est requise : il faut être impérativement célibataire. Il décide donc de cacher sa situation familiale et c’est ainsi qu’il devient l’assistant du couturier Fawzi. Il comprend assez vite pourquoi le célibat était une condition indispensable à l’embauche : la sœur de Fawzi, plus âgée que ce dernier, n’est toujours pas mariée. L’intention secrète du frère et de la sœur, c’est de faire du nouveau secrétaire le mari depuis si longtemps espéré. Evidemment, la situation devient très embarrassante pour Somha qui doit sans cesse affronter les avances de la vieille fille. Un jour, Lola se présente sur le lieu de travail de son mari. Paniqué, Somba lui demande de surtout ne pas révéler qu’elle est sa femme. Arrive Howida, dont le comportement très affectueux à l’égard de son mari déconcerte Lola. Cette dernière décide de se venger en réservant une surprise à son mari : lors du défilé organisé par Fawzi, Somba découvre que le mannequin vedette qui ouvre la présentation de la collection n’est autre que Lola, sa propre épouse. A l’issu de la manifestation, le couturier montre tout l’intérêt qu’il porte à sa nouvelle recrue. Somha a bien du mal à maîtriser sa colère contre celle qui se fait passer pour sa sœur. Fawzi n’a plus qu’un seul désir : épouser Lola. Ce mariage, évidemment ne pourra avoir lieu qu’après celui de sa sœur et de son secrétaire…

Notre avis : une comédie échevelée dans laquelle se succèdent les scènes les plus extravagantes, au mépris de la logique et de la vraisemblance mais pour la plus grande joie des spectateurs. Lola Sedky, qui est aussi la productrice du film, s’est octroyée le premier rôle féminin et on ne peut que lui donner raison : elle nous ravit en épouse qui se métamorphose en redoutable séductrice et flirte outrageusement avec son patron pour rendre fou de jalousie son mari. Elle nous gratifie même d’une danse complétement folle dans le plus pur style latino-américain. Zinat Sedky quant à elle est désopilante (comme toujours !) en femme passionnément amoureuse du pauvre Ismaïl Yassin. A voir aussi pour le plaisir d'entendre Abdel Salam El Nabolsi parler en français !


Lundi 1er avril à 19h30

La Matrone d’Hassan Reda (El moallema, 1958)
avec Taheya Carioca (Tuha), Yahia Chahine (Maître Abbas), Mahmoud El Meleigy (Maître Hafez), Omar El-Hariri (Fathi, le jeune comptable de Tuha), Wedad Hamdy (la servante de Tuha), Mohamed Tawfik (Madbouly), Nagwa Fouad (la fille de la patronne de la maison close), Rafia Al Shal (la patronne de la maison close), Roheya Jamal (une prostituée), Nawal Attia (une prostituée), Suzi Khairy (la danseuse)
Scénario : El Sayed Bedeir et Hassan Reda (d’après Othello de William Shakespeare)
Musique : Fouad El Zahry, Ahmed Fouad Hassan, Saïd Morsi
Production : les films Taheya Carioca


Hafez est un commerçant véreux qui se livre au trafic de drogue. Il est amoureux de Tuha, une commerçante elle aussi. C'est une femme d'âge mûr au caractère bien trempé. Elle dirige la petite boutique d’épices que son père avait fondée. Ses affaires sont prospères et elle a toute confiance en Fathi, son jeune comptable honnête et dévoué. Hafez lui a manifesté sa flamme de manière insistante mais, malheureusement pour lui, le cœur de Tuha est déjà pris : elle aime Abbas, un bel homme qui travaille avec elle. Hafez ne renonce pas : le jour de leur mariage, il provoque une bagarre qui se conclut par l’arrestation d’Abbas et sa condamnation à deux ans de prison. Pendant l’absence du mari de sa bien-aimée, Hafez va multiplier les tentatives de séduction, en vain. Tuha reste une femme fidèle. Quand Abbas est enfin libéré, Hafez change de stratégie. Feignant d’être son ami, il fait croire à Abbas que sa femme le trompe avec leur jeune comptable. Sous son influence pernicieuse, le mari de Tuha devient alcoolique, violent et infidèle…

Notre avis : un drame de la jalousie avec trois monstres sacrés du cinéma des années cinquante : Taheya Carioca dans un rôle de femme puissante, un peu semblable à ceux qu’elle incarne dans d’autres films de la même époque (ex : la Sangsue se Salah Abou Seif, 1956), Mahmoud El Meleigy en méchant qu’on adore détester et Yahia Chahine en brave homme crédule. Certes, on retrouve dans ce film un certain nombre de stéréotypes mais la réalisation et l’interprétation impressionnent par leur justesse et leur vigueur. Et puis, on aime tout particulièrement la reconstitution très soignée d’un quartier populaire avec ses commerçants, ses employés, ses drogués et ses prostituées, un univers très proche de celui de certains romans de Naguib Mahfouz.