samedi 16 novembre 2024

A la télé : les films du jour (Rotana Classic du16 au 30 novembre)

روتانا كلاسيك

Quels films peut-on voir sur la chaîne Rotana Classic ? Les horaires donnés sont ceux de l'après-midi ou de la soirée (heure de Paris). La plupart des films sont ensuite rediffusés le lendemain matin.
Rotana Classic a remplacé Rotana Zaman en 2012. Cette chaine fait partie du groupe Rotana basé en Arabie Saoudite et spécialisé dans le divertissement (télévision et musique). Celui-ci a été créé par le prince Al-Walid ben Talal ben Abdelaziz Al Saoud, membre de la dynastie Al Saoud et petit-fils du fondateur de l'Arabie Saoudite. Comme son nom l’indique, Rotana Classic diffuse essentiellement les grands classiques du cinéma égyptien. Disponible en France.


Samedi 30 novembre à 22h

Oum Ratiba d'El Sayed Bedeir (1959)
avec Mary Moneib (Oum Ratiba), Omar El-Hariri (le jeune frère d’Oum Ratiba), Thurya Fakhry (la mère de Sayed et de Souad), Abdel Moneim Ibrahim (le serviteur), Abdel Moneim Ismaïl (le boucher), Wedad Hamdy (Sonia, la servante), Mahmoud Shoukoko (le chanteur), Imad Hamdy (le client muet), Nagwa Fouad (Safia, l’amie de Souad), Ahmed Mazhar (l’inspecteur), Farid Shawki (un faux mage), Hussein Riad (un faux mage), Amal Farid (Souad), Fouad Shafik (le frère aîné d’Oum Ratiba), Hassan Fayek (Sayed, le frère de Souad)
Scénario et dialogues : Youssef Al Sebaï
Musique : Attya Sharara
Production : Al Hilal Films


Comédie. Oum Ratiba et son frère Suleiman vivent sous la coupe de leur frère aîné, Abdel. A l’égard de son entourage, ce dernier exerce une tyrannie de chaque instant. Il interdit même à sa sœur d’épouser leur voisin qui l’aime passionnément. Abdel est obsédé par la sorcellerie. Avec des amis, il organise des séances de magie noire auxquelles doivent se joindre son jeune frère et leur domestique Zenham. Suleiman souffre d’insuffisance cardiaque et il lui est impossible de mener une vie normale. Abdel a donc eu une idée : ils vont entrer en communication avec l’esprit du docteur Al Banasawi afin qu’il leur propose un remède. Soad, la jeune femme amoureuse de Suleiman, est révoltée par ces pratiques superstitieuses. Avec la complicité d’une amie danseuse, elle interrompt brusquement la petite cérémonie…

Notre avis : El Sayed Bedeir avait tous les talents, acteur, dialoguiste, scénariste, réalisateur. Travailleur infatigable, on retrouve son nom, à un titre ou à un autre, à l’affiche d’un nombre incroyable de grands classiques des années cinquante et soixante. Rien que pour cette année 1959, il réalise donc cette « Oum Ratiba » mais aussi « Elle vécut pour l’Amour » et il a écrit les scénarios de deux films très importants réalisés par Salah Abou Seif, » Entre Ciel et Terre » et « Je suis Libre ». « Oum Ratiba » se présente comme une satire très féroce à la fois de la superstition et du patriarcat tyrannique. A travers le personnage incarné avec brio par Fouad Shafik, El Sayed Bedeir s’en prend à tout un système qui emprisonne les âmes et les corps. Et il adopte des accents presque molièresques (El Sayed Bedeir est aussi un homme de théâtre) pour souligner les ridicules de ce chef de famille qui finira par capituler devant la révolte pleine de bons sens des personnages féminins.


Vendredi 29 novembre à 22h

Les Oiseaux des Ténèbres de Sherif Arafa (Toyour elzalam, 1995)
avec Adel Imam (Fathi Nofal), Riyad Al-Khouly (Ali Al-Zanati, l’un des amis de Fathi ), Ahmed Rateb (Mohsen, l’un des amis de Fathi), Yousra ( Samira Rashwan), Jamil Rateb (le ministre Rushdi Al-Khayal), Nazim Shaarawy (l’avocat Shawkat Atiya), Izzat Abu Aouf (Farouk, le secrétaire de Shaukat Atiya ), Nihal Anbar (Fayza Sharkas), Fouad Farghaly (un avocat), Kawthar Ramzy (la mère de Fathi), Lotfy Abdel hamid (le père de Fathi), Mahmoud Al Bezawy (le juge), Fathi Abdel Wahab (le terroriste)
Scénario : Wahid Hamed
Musique : Modi Al Imam
Production : Wahid Hamed


Mohsen, Ali et Fathi sont trois amis qui se sont connus sur les bancs de la faculté de droit. Après leurs études, leurs trajectoires ont divergé. Mohsen a abandonné le droit et travaille comme comptable dans une entreprise. Le deuxième, Ali, a choisi de défendre les intérêts des Frères Musulmans lors de leurs procès contre l’Etat. Enfin, Fathi, le troisième, est le héros de cette histoire. Lui aussi exerce le métier d’avocat. Il défend tous types de clients mais il a souvent bien du mal à se faire régler ses honoraires. Un jour, il doit défendre Samira, une prostituée. Il comprend que le juge chargé de l’affaire est un membre des Frères Musulmans. Il demande à son ami Ali d’intervenir et ils obtiennent l’acquittement de Samira. Cette dernière devient la maîtresse et la collaboratrice de Fathi. Le jeune avocat a tout pour réussir : de l’ambition et une absence totale de scrupule. Sa rencontre avec un ministre va être décisive…

Notre avis : c’est la troisième fois que Sherif Arafa réunit le couple star de l’époque, Yousra et Adel Imam. A chaque fois, le film est écrit et produit par le grand scénariste Wahid Hamed. « Les Oiseaux des Ténèbres » est dans la veine du premier, « Terrorisme et Kebab ». Il s’agit de dénoncer de manière virulente les travers de la société égyptienne. Ici, il est question de la corruption qui gangrène les plus hautes sphères du pouvoir et aussi l’emprise de l’islamisme sur un grand nombre d’institutions et plus particulièrement la justice. Comme d’habitude, Adel Imam excelle dans son rôle de ripoux cynique et sa partenaire Yousra dans celui de la jeune femme de petite vertu . « Les Oiseaux des Ténèbres » est un bon film (malgré son esthétique très VHS) même s’il n’a pas l’envergure de » Terrorisme et Kebab ». Certains commentateurs ont souligné le caractère superficiel de la critique du pouvoir, les auteurs se gardant bien d’attaquer le régime. Et on expliquerait cette frilosité par la proximité du réalisateur et du scénariste avec le Raïs de l’époque, Hosny Moubarak.


Jeudi 28 novembre à 14h

Aie Pitié de Moi ou Ismaël Yassin rencontre Frankenstein d’Issa Karama (Haram Alek, 1953)
avec Ismaïl Yassin (Ismaïl), Lola Sedky (Loula), Abdel El Fatah El Qosary (Abdel), Stephan Rosty (le professeur Assem), Sanaa Jamil (Afaf, la nièce du professeur Assem et la fiancée du docteur Mourad), Nabil El Alfy (docteur Mourad), Abdel Hamid Zaki (Marzouk), Mohamed Sobeih (la momie)
Scénario : Gamal Hamdy
Production : les studios Gizeh


Remake égyptien de la comédie américaine Abbott and Costello Meet Frankenstein réalisée par Charles Barton en 1948

Ismaïl et Abdel travaillent dans un magasin d’antiquités. Un jour, on leur apporte une caisse bien mystérieuse. En l’ouvrant dans l’arrière-boutique, ils découvrent qu’elle contient le corps momifié de Frankenstein. Un autre personnage a assisté à la scène, c’est le professeur Assem, sosie de Dracula. Pour échapper à l’attention des deux employés, il s’est caché dans un sarcophage. Avant de rejoindre Abdel qui a déjà quitté la pièce, Ismaïl ouvre le sarcophage et tombe nez à nez avec le visiteur. Ce dernier l’hypnotise puis se dirige vers la grande caisse contenant la momie du monstre. Grâce à un collier magique datant des pharaons, il parvient à réveiller le corps de celui-ci et à en prendre les commandes. Quand Abdel reparaît avec leur patron, le monstre et le professeur ont disparu tandis qu’Ismaïl recouvre progressivement ses esprits. Le professeur Assem a un projet diabolique : il veut redonner vie au monstre en lui greffant un cerveau humain. Pour cela, il besoin de l’aide du fiancé de sa nièce, le docteur Mourad, un médecin spécialisé en neurologie. Celui-ci refuse. Mal lui en a pris : peu après, à la nuit tombée, il se transforme en loup-garou…

Notre avis : c’est le deuxième film d’Issa Karama et c’est son second remake d’une comédie des deux acteurs comiques américains, Bud Abbott et Lou Costello. Dans le premier, « Tu le mérites bien » (1952), Ismaël Yassin avait pour compère Elias Moadab mais celui-ci meurt prématurément avant même la sortie du film. Pour cette seconde reprise, il est remplacé par Abdel El Fatah El Qosary et ce duo semble mieux fonctionner que le précédent. Elias Moadab avait la fâcheuse tendance à imiter de manière un peu maladroite le jeu des acteurs des comédies burlesques américaines. Dans ce « Aie Pitié de Moi », Issa Karama a su acclimater son modèle à l’esprit égyptien avec des effets comiques plus appuyés mais très efficaces et des chorégraphies exécutées par des danseuses particulièrement affriolantes. La réalisation est moins soignée que dans l’original mais son caractère un peu foutraque donne au film une tonalité nettement plus délirante.

 
Mercredi 27 novembre à 14h

L’Histoire de mon Amour d’Henry Barakat (Kesat Hoby, 1955)
avec Farid Al Atrache (Farid), Iman (Amira), Serag Mounir (le père d’Amira), Abdel-Wareth Asar (l’oncle de Farid), Mary Ezzel Din (la mère d’Amira), Wedad Hamdy (la servante), Thuraya Fakhry (l’animatrice de la vente de charité), Nelly Mazlom (la danseuse), Sharif Nour El Din (un médecin), Ali Kamal, Berlanti Abdel Hamid, Kawthar Shafik, Ehsan El Qalawy
Scénario : Youssef Assi, Henry Barakat, Farid Al Atrache
Musique et chansons : Farid Al Atrache et Abdel Aziz Salam
Production : Farid Al Atrache


Drame en chansons. Un chanteur célèbre tombe amoureux d’une jeune aristocrate qu’il rencontre dans une fête. Celle-ci est en fait amoureuse de lui depuis longtemps mais jamais elle n’avait osé se déclarer. Ils se fréquentent régulièrement et les parents de la jeune fille sont très heureux de cette relation. Mais le jour où l’artiste veut faire sa demande en mariage officielle il apprend que l’élue de son cœur est déjà fiancée au roi. Le chanteur est fou de chagrin. Il tombe malade…

Notre avis : dans la comédie, Farid Al Atrache est capable d’autodérision. Dans le drame, en revanche, il semble comme figé dans son personnage de chanteur célèbre, adulé par la foule mais malheureux en amour. Cette « Histoire de Mon Amour » bien sirupeuse ne fait pas exception à la règle. On peut voir Farid Al Atrache, le visage crispé et la démarche solennelle, déambuler parmi ses admirateurs extatiques avant de rejoindre la scène, où entouré de tous ses musiciens, il chante son désespoir infini. Et on retrouve cette situation pour quasiment toutes les chansons interprétées par le grand artiste avec moult gros plans sur les visages des auditeurs transportés de bonheur. Ici, cette unanimité dans la dévotion n’échappe pas au ridicule. On aurait aimé un adversaire, un rival qui manifeste de l’hostilité à l’égard de l’idole mais, pas une seule note discordante dans le concert de louanges ! Farid Al Atrache a participé au scénario et il n’est pas étonnant d’y retrouver de manière très explicite des épisodes de sa propre vie. En 1952, il était tombé follement amoureux de la seconde épouse du roi Farouk. Après la séparation du couple royal, le chanteur et la reine étaient devenus amants mais la famille de cette dernière avait mis un terme à leur relation. Farid Al Atrache avait alors sombré dans une profonde dépression. Dans ce film, la reine devient une jeune aristocrate incarnée par la toute jeune Iman dont Henry Barakat et son opérateur ont su exalter l’éclatante beauté.


Mardi 26 novembre à 16h

Une Ville se déchaîne d’Helmy Rafla (Thawrat el madina,1955)
avec Sabah (Fatima), Mohamed Fawzi (Ahmed), Hussein Riad (le père de Fatima), Qadria Kamel (la tante de Fatima), Ahmed Allam (Haj Saber, le propriétaire de l’usine), Doha Amir (Fatima enfant), Wedad Hamdy (la servante), Suleiman al-Guindy (le petit garçon Al Wadi Galal), Abdel Moneim Ismail (le père de Al Wadi), Ragaa Youssef (la danseuse), Horeya Hassan (la chanteuse)
Scénario : Nairuz Abdel Malek
Musique : Mamoun Al Shinnawi, Fathy Qoura, Riad El Sonbati, Mohamed Fawzi, Ali Farraj
Production : les films du Lotus (Assia Dagher)

Anecdote : lors de leur petit séjour au Caire, Fatima et son père assistent à une séance de cinéma. Le film projeté est Le Prince de la Vengeance réalisé par Henry Barakat en 1950, On voit pendant quelques secondes Samia Gamal danser.


Mélodrame musical. La mère de Fatima est morte en lui donnant naissance. Sa tante et sa grand-mère avaient perdu la vie dans les mêmes circonstances. Depuis ce drame, Salim, son père, est convaincu que toutes les femmes de la famille sont condamnées à subir le même sort. Il a décidé que Fatima ne se marierait jamais et qu’elle n’aurait jamais d’enfant. Dès son plus jeune âge, il lui a interdit de fréquenter les garçons et lui a imposé une éducation d’une grande sévérité. Un jour, ils partent tous les deux pour une courte escapade au Caire. A leur retour, ils découvrent que leur maison et l’atelier de verrerie du père ont été totalement détruits par un incendie. Ils n’ont plus rien. Heureusement, le riche propriétaire d’une usine de verrerie propose à Salim une place comme contremaître dans son établissement et il lui offre même un logement dans son domaine. Le père de Fatima accepte le travail mais refuse le logement : il sait que l’industriel a un fils de l’âge de sa fille. Les années passent. Fatima est devenue une jeune femme et Ahmed, le fils du propriétaire de l’usine qui avait séjourné à l’étranger pour ses études, est de retour…

Notre avis : Helmy Rafla abandonne provisoirement la comédie, genre dans lequel il excelle, pour s’aventurer sur les terres plus arides du mélodrame. Disons-le clairement : ce n’est pas son meilleur film. Le scénario repose sur une idée saugrenue. Une terrible malédiction pèse sur toutes les femmes d’une même famille : elles meurent en donnant naissance à leur premier enfant. Le père de Fatima n’a donc qu’une obsession, protéger sa fille de l’amour qui lui serait fatal. On se doute qu’il va s’opposer à tous les prétendants qui osent approcher sa fille mais on devine aussi que l’amour finira tout de même par triompher. Une trame prévisible donc mais un entrelacement de thèmes qui se prêterait fort bien à une interprétation psychanalytique (la mort et l’amour) ou théologique (le destin et le libre arbitre).


Lundi 25 novembre à 14h

Amour et Vengeance de Youssef Wahby (Gharam wa Intiqam, 1944)
avec Asmahan (Sohair), Anwar Wagdi (Wahid Ezzat), Youssef Wahby (Gamal Hamdy), Mahmoud El Meleigy (Safwat, le cousin de Wahid), Zouzou Madi (Inayat, l’amie de Sohair), Amina Sherif (Mounira, la sœur de Gamal), Beshara Wakim (le docteur Beshara), Fouad El Rashidi (le procureur), Menassa Fahmy ( le médecin de Gamal Hamdy), Gina (la danseuse), Mohamed Kamel (Oncle Rajab), Fakher Fakher, Soad Ahmed (la mère de Gamal Hamdy), Rashad Hamed (le chauffeur), Abbas Rahmy (un admirateur), Ibrahim Hechmat (expert dans la police scientifique)Scénario : Youssef Wahby
Une histoire inspirée du Cid, la célèbre tragédie du dramaturge français Pierre Corneille (1606-1684)
Musique : Mohamed Al Qasabji, Ryad Al Sunbati, Mohammad Hassan Al Shugai et Farid Al Atrache
Textes des chansons : Ahmed Rami, Bayram El Tunsi, Mahmoud Al Sinnawi
Production : les Studios Misr
figure dans la liste des 100 films les plus importants de l'histoire du cinéma égyptien


Sohair, une chanteuse célèbre décide d’abandonner sa carrière pour épouser l’amour de sa vie, Wahid, un homme à la sulfureuse réputation, alcoolique et coureur de jupons. Malheureusement, celui-ci est tué la veille de la cérémonie. Le principal suspect est le compositeur Gamal Hamdy. Il est arrêté et interrogé par la police mais on ne trouve aucune preuve contre lui. Il est libéré. Sohair croise à nouveau la route du musicien lors d’une fête donnée par l’une de ses amies. Elle décide de faire semblant de tomber amoureuse de lui pour connaître toute la vérité et se venger…
Asmahan meurt accidentellement avant la fin du tournage de ce film, ce qui contraint Youssef Wahby à modifier le dénouement de son scénario.

Notre avis : ce second et dernier film tourné par Asmahan joua un rôle essentiel dans la construction du mythe qu’elle est devenue après sa mort. Son visage de tragédienne, sa voix profonde, son regard énigmatique et son port d’impératrice, tout cela est resté gravé dans la mémoire de plusieurs générations de spectateurs. Et puis, il y a les chansons parmi les plus émouvantes de tout son répertoire (Notre préférée est Emta Hate'ref composée par Mohamed Al Qasabji sur un poème de Mamoun El Shinnawy.). Bien sûr, on pourra relever certaines naïvetés du scénario ou certains effets un peu appuyés dans telle ou telle scène mais l’essentiel est ailleurs. Au-delà de ses qualités et de ses défauts, « Amour et Vengeance » restera comme l’une des plus belles pages de l’histoire de la culture égyptienne et comme l’ultime témoignage de l’une des plus grandes chanteuses arabes de tous les temps.


Dimanche 24 novembre à 18h30

La Maison n°13 de Kamal El Sheikh (Al-Manzel Raqam 13, 1952)
Faten Hamama (Nadia, la fiancée de Sharif Kamal), Imad Hamdy (Sharif Kamal), Lola Sedky (Sonia Chahine, la maîtresse du docteur Assim Ibrahim), Mahmoud El Meleigy (le docteur Assim Ibrahim), Tawfik Ismail (Saber Amin), Serag Mounir (l’enquêteur), Ferdoos Mohamed (la mère de Sharif Kamal), Wedad Hamdy (la femme de chambre de Nadia), Zaki Ibrahim (le père de Nadia), Fawzia Mostafa (l’infirmière), Alia Ali (la danseuse), Omar Al Gizawi (le serviteur de la victime)
Une histoire de Kamel Attya et de Kamal El Sheikh
Scénario et dialogues : Ali El Zorkani
Production : les Studios Misr

Thriller. Un homme arrive en voiture près d’une villa isolée. Il se gare devant le portail et sort de son véhicule. Il gravit les marches qui mène jusqu’à la porte d’entrée. Il sort une clé de sa poche et l’introduit dans la serrure. La porte s’ouvre, il entre. L’individu se retrouve face à un autre homme qui lit son journal. Il l’abat de plusieurs coups de revolver. On retrouve dans son lit le meurtrier qui vient de se réveiller. Il s’appelle Sharif Kamal et il vit avec sa mère dans un grand appartement. On comprend que la scène du meurtre était un rêve. Mais Sharif reste troublé par ce rêve étrange dont les moindres détails lui sont restés en mémoire. Son malaise s’accroît quand il s‘aperçoit qu’il est sérieusement blessé à la main.
Sharif rejoint sa fiancée, la jeune et jolie Nadia et ils se rendent ensemble chez un bijoutier pour acheter un collier. De retour chez la jeune fille, ils retrouvent son vieux père avec qui Sharif échange quelques paroles avant de retourner à son bureau. C’est lors de cette conversation que le futur marié découvre qu’il a dans la poche de sa veste une clé qui ne lui appartient pas. Un peu plus tard, dans un café, il aperçoit une femme dont le portrait ornait l’un des murs de la maison de son rêve. L’inconnue quitte l’établissement et Sharif décide de la suivre. A son grand étonnement, elle se rend dans le cabinet médical de son psychiatre, le docteur Assim Ibrahim. Ce médecin le soigne depuis un certain temps pour une maladie nerveuse et ils sont devenus amis. A l’intérieur du cabinet, Sharif est accueilli par son médecin mais plus trace de la jeune femme. Sharif explique la raison de sa présence puis le docteur Assim Ibrahim lui présente une autre jeune femme qui porte les vêtements de celle que Sharif poursuivait mais le visage n’a rien avoir avec celui du portrait entrevu dans son rêve. En fait, ce que ne sait pas le jeune ingénieur, c’est qu’il est totalement manipulé par son médecin. C’est ce dernier qui par hypnose lui a ordonné de s’introduire chez un homme pour le tuer. Pour quelle raison ? Le docteur Assim Ibrahim entretient une relation amoureuse avec Sonia, une danseuse qui vit en couple avec la victime, un homme très riche qui a souscrit une assurance vie au bénéfice de sa jeune maîtresse. Pour récupérer le magot, le docteur Assim Ibrahim et Sonia ont décidé de supprimer cet homme et c’est ainsi que le psychiatre a eu l’idée d’utiliser son patient.
De retour à son bureau, Sharif tombe sur une revue qui présente en couverture, le visage vu en rêve. Il sait désormais que cette femme existe vraiment et qu’elle est danseuse. Avec son médecin, Sharif se rend dans le cabaret où elle se produit. C’est ainsi qu’il fait sa connaissance tandis que le docteur et Sonia feignent de se rencontrer pour la première fois.
Le lendemain, Sharif et Nadia se marient mais la fête est à peine commencée que le nouveau marié est arrêté et conduit dans la maison où a eu lieu le crime. L’y attend l'enquêteur qui procède au premier interrogatoire et qui l’informe des charges qui pèse contre lui…

Notre avis : un thriller hitchcockien réalisé par un grand styliste, une oeuvre envoûtante servie par des acteurs exceptionnels. En s’inspirant du film noir américain, Kamal Et Sheikh rompt avec une certaine tradition du cinéma égyptien dont les genres de prédilection étaient jusque alors le mélodrame, la comédie et la comédie musicale. Dès ce premier film, le jeune cinéaste s’affirme comme un artiste singulier, prodigieusement doué, ce que ses œuvres suivantes confirmeront avec éclat.


Samedi 23 novembre à 22h

La Panthère Noire d'Atef Salem (Alnemr Al Aswad, 1984)
avec Ahmed Zaki (Mohamed Hassan El Masry), Ahmed Mazhar (l’entraîneur de boxe grec), Wafaa Salem (Helga), Youssef Fawzi (le collègue raciste de Mohamed), Ehsan Sherif (la mère de Mohamed), Ibrahim Kadri (le père de Mohamed), Nabila Hassan (la cousine de Mohamed), Mohamed Al Serafy (le père d’Helga), Hussein Al Sharif (Medhat), Fatma Wagdi (une cliente du père de Mohamed), Ismaïl Abdel Majid (le chef d’atelier)
Scénario : Ahmed Abou El Fath, Bashir Al Diq
Musique : Gamal Salamah, Abdel Rahman Al Abnoudy, Ahmed Ibrahim


Biographie. Avec l’aide de sa mère, Mohamed Hassan El Masry émigre en Allemagne pour échapper à la pauvreté. Dans les premiers temps, il doit affronter maintes difficultés : il ne connaît ni la langue ni la culture allemandes, il est victime de racisme. Heureusement, il fait la connaissance d’une jeune femme qui connaît l’arabe. Elle lui apprend les rudiments de sa langue natale. Il commence par gagner sa vie comme ouvrier d’usine puis il se lance dans la carrière de boxeur professionnel. Grâce à son entraîneur d’origine grecque, il devient un champion célèbre. On le surnomme « la Panthère Noire ». D'après une histoire vraie.

Notre avis : un récit édifiant dans lequel Ahmed Zaki fait tout son possible pour donner du relief à son personnage qui en manque singulièrement. La jeune Allemande qui accompagne le héros est jouée par Wafaa Salem, une actrice d’origine syrienne âgée de vingt ans. Elle n’avait jusqu’ici tourné que dans un seul film quelques années auparavant. On raconte qu’Atef Salem l’avait rencontrée à l’institut supérieur du cinéma du Caire et lui avait aussitôt proposé le premier rôle féminin dans sa « Panthère Noire ». Nous avons peine à saisir les raisons de son enthousiasme. Ahmed Mazhar est en revanche très convaincant en vieil entraîneur de boxe, un rôle très éloigné de ceux qu’on lui confie d’ordinaire.


Vendredi 22 novembre à 16h

Les Femmes de Medhat El Sebaie (El Settat, 1992)
avec Mahmoud Yassine (Azmi Abou Alazm), Fifi Abdou (Shoukria), Eman (Nohran, l’actrice), Hala Sedqy (Suhair, la femme d’Azmi), Abla Kamel (Souad, la secrétaire), Ola Rami (Rawiah, la journaliste stagiaire), Nabil El-Hegrassy (Farid, un journaliste), Ibrahim Nasr (Fathi), Helali Mohamed (le chauffeur d’Azmi), Ateia Eweiss (rédacteur en chef)
Scénario : Magda Khirhalla
Musique : Hany Shenouda


Comédie. Azim est un journaliste à succès qui s’intéresse aux problèmes rencontrés par ses lecteurs dans leur vie quotidienne. Il s’oppose à Shukry, son rédacteur en chef qui défend une toute autre conception du métier de journaliste : pour celui-ci, il faut avant tout divertir le lecteur, lui faire oublier ses difficultés en faisant des articles sur les célébrités et leur existence dorée. Grâce à son talent et à son intégrité, Azim est nommé à la direction du journal en remplacement de Shukry. Pour lui, c’est enfin l’occasion tant espérée d’imposer ses principes à toute la rédaction mais il devra affronter maintes tentatives de corruption de la part de femmes qui souhaitent mettre sa plume au service de leur carrière artistique.

Notre avis : à la lecture du résumé ci-dessus, on pourrait s’attendre à une satire du petit monde journalistique. Déception assurée : de la presse, il n’en est peu question. « Les Femmes » est une comédie qui reprend un thème éculé d’un certain cinéma populaire : l’homme honnête et consciencieux assailli par de jolies jeunes femmes qui s’ingénient à lui faire quitter le droit chemin. Dans ce film, notre héros, joué avec application par Mahmoud Yassine, livre un combat acharné contre ses tentatrices mais il lui arrivera de succomber (C’est Fifi Abdo la grande gagnante grâce à une danse d’une rare laideur.). On pourra certes déplorer la misogynie de « l’œuvre » mais le plus grave, c’est son absence totale d’ambition artistique. Le réalisateur a tourné « à la paresseuse » : peu de décors (l’essentiel du film se déroule dans le bureau du héros), peu d’actions (la plupart des scènes mettent en présence deux personnages assis face à face ou côte à côte), un éclairage identique pour toutes les scènes, de jour comme de nuit. En revanche, la production n’a pas chipoté sur les costumes. Les actrices arborent d’innombrables tenues dont le seul point commun est le mauvais goût affiché et assumé. Les robes que porte Eman, la vedette du film, en sont l’exemple le plus saisissant. Nous terminerons par une question : avec ces « Femmes », peut-on encore parler de cinéma ?


Jeudi 21 novembre à 14h

La Fille des Aristocrates d'Anwar Wagdi (Bint Al Akkabir, 1953)
avec Layla Mourad (Layla), Anwar Wagdi (Anwar), Ismail Yassin (Chafchaq, le collègue d’Anwar), Zaki Rostom (Shawkat, le grand-père de Layla), Soliman Naguib (l’oncle Toufiq), Zinat Sedki (Alawyat, sœur d’Anwar), Ibrahim Emara (l’avocat), Mohamed Abdel Moteleb (chanteur), Kitty (danseuse), Mohamed Kamel (Idriss le serviteur)
Scénario : Abou Al Saoud Al Ebiary et Anwar Wagdi
Musique : Ryad Al Sonbati et Hussein El Sayed
Production : Anwar Wagdi



Layla vit avec son grand-père dans un immense palais. Elle souffre de la solitude qui lui est imposée : les visites et les sorties sont rares. Un jour son grand-père lui annonce qu’il doit s’absenter pour faire le pèlerinage. Il la confie à l’un de ses oncles. Quand celui-ci s’installe au palais après le départ du pacha, il constate que le téléphone fonctionne mal. Il prévient la compagnie des télécommunications qui lui envoie deux réparateurs. Entre Layla et Anwar, l’un des deux ouvriers, c’est le coup de foudre instantané. Le jeune homme cache d’autant moins ses sentiments qu’il pense avoir affaire à l’une des domestiques de la maison.

Dernier film que Layla Mourad et Anwar Wagdi tournent ensemble. Ils divorcent la même année pour la troisième et dernière fois.

Notre avis : il est amusant de constater que ce dernier film d’Anwar Wagdi avec Layla Mourad s’intitule « La fille des aristocrates » alors que le premier s’intitulait « Layla, fille de pauvres ». Dans ce film de 1953, une jeune fille « de la haute » s’éprend d’un jeune homme pauvre ; dans celui de 1945, une jeune fille pauvre s’éprenait d’un garçon « de la haute ». Mais comme de bien entendu, les deux opus se terminent par le triomphe de l’amour avec comme dernière image, le baiser des deux héros. Au-delà des clichés inévitables dans ce type de productions, « La fille des aristocrates » offre quelques agréments. Layla Mourad chante toujours aussi divinement. Son jeu peut sembler limité mais quand sa voix s’élève, toutes les réserves tombent. Les séquences musicales du film sont restées dans toutes les mémoires. Les facéties d’Ismaïl Yassin ainsi que l’improbable duo formé par Soleiman Naguib et Zinat Sedki empêchent le film de sombrer dans le sentimentalisme lénifiant. Et puis, pour tout dire, nous adorons cette scène incroyable dans laquelle Layla Mourad chante assise sur une balançoire au beau milieu d’un temple grec. Elle est entourée de danseuses en short agitant des voiles blancs et de petits cupidons tremblotants. Sans doute l’un des sommets de l’art kitsch ! Un regret pour finir : la grande danseuse Kitty n’apparaît que quelques secondes dans les dernières images du film. Frustrant !


Mercredi 20 novembre à 16h

L’Abattoir
de Houssam Al Din Mustafa (El Madbah, 1985)

avec Nadia El Gendy (Ifkar), Salah Kabil (Hamdan), Hatem Zoulficar (Gaber), Hamdy Ghaith (Shafi’i), Angel Aram (Samira), Anwar Ismail (Zeinhom), Sherif Salah El Din (Salama, l’orphelin)
Scénario : Abdel Gawad Youssef, Sherif Al-Menbawy
Musique : Hassan Abou El Saoud
Production : les Films Mohamed Mokhtar


Hamdan et Zeinhom sont deux figures importantes d’el Madbah, le grand marché de la viande. Zeinhom est un vieux sage, apprécié de tous. En revanche, Hamdan est un individu sans scrupule prêt à tout pour accroître son pouvoir et sa fortune. Par pur intérêt, il a épousé la fille de Shafi’i, un riche éleveur de bétail. Comme beaucoup d’hommes du marché, Hamdan n’est pas insensible au charme d’Ifkar, une modeste marchande de tripes. Un jour, il tente de la violer et la jeune femme ne doit son salut qu’à l’intervention de Zeinhom. Peu après, Ifkar accepte d’épouser son sauveur malgré leur grande différence d’âge. Elle apprécie sa gentillesse et sa générosité. Hélas ! leur union est de courte durée : Zeinhom est assassiné lors d’une rixe opposant ses hommes et ceux de Hamdan. Ifkar hérite de tous ses biens et c’est ainsi qu’elle devient la principale concurrente de son pire ennemi…

Notre avis : dans les années 80, Houssam Al Din Mustafa tournera quatre films avec en vedette Nadia El Gendy et « l’Abattoir » est le dernier de la série (le réalisateur et l’actrice se retrouveront pour un ultime film en 1994.). Nadia El Gendy reprend avec son punch légendaire ce rôle de femme forte qui parvient à s’imposer dans un monde exclusivement masculin. L’univers décrit dans ce film est celui des marchands de bétail et le cinéaste, spécialiste du film d’action, dépeint avec un plaisir évident la violence qui règne dans ce milieu. La cupidité de ces commerçants les conduit à considérer tous leurs concurrents comme des ennemis à abattre. Pour s’imposer, l’héroïne doit user des mêmes armes que ses adversaires et elle sait jouer des poings si nécessaire. L’un des intérêts du film est aussi son évocation très réaliste des fermes d’élevage et des hommes qui y travaillent. Dès l’ouverture, le réalisateur annonce la couleur : le générique défile sur des images tournées dans un abattoir et elles sont d’une crudité que certains jugeront insoutenable.


Mardi 19 novembre à 14h

Pour Mon Amour de Kamal El Sheikh (Min ajl hobi, 1959)
avec Farid Al Atrache (Wahid Hamdy), Magda (Wafaa), Layla Fawzy (Elham), Mahmoud El Meleigy (le gynécologue Saber Fahmy), Qadria Kamel (la nourrice), Mohamed Reda (un gynécologue), Ikram Ezzo (le fils adoptif de Magda)
Scénario : Salah Ezz El Din et Mohamed Othman
Musique : André Ryder
Chansons : Farid Al Atrache
Production : les Films Farid Al Artrache


Wafaa est mariée à Wahid, un chanteur célèbre qui l’adore. Elle serait la plus heureuse des femmes si elle avait pu avoir un enfant. Malheureusement, elle n’est jamais tombée enceinte. Depuis quatre ans, elle est suivie par leur ami, le gynécologue Saber Fahmy, mais il semblerait que sa stérilité soit définitive. Pour combler le manque qu’elle ressent cruellement, elle a adopté un petit garçon. Wahid est conscient du mal être de sa femme et il s’en sent en partie responsable : sa carrière artistique ne lui permet pas de rester auprès d’elle autant qu’il le voudrait. Pour elle, il décide de prendre quelques jours de congé pour séjourner à Marsa Matruh, l’une des plus belles stations balnéaires d’Egypte. Ils sont accompagnés du docteur Saber Fahmy et d’Elham, leur ancienne voisine devenue une amie très proche. Le séjour est idyllique, le petit groupe s’entend à merveille et on passe de longues heures sur la plage. Un jour Wafaa fait la connaissance d’un petit garçon qui travaille à l’hôtel. Elle lui demande de la conduire au fameux « bain de Cléopâtre », un bassin naturel au milieu des rochers. Lors de la visite, une vague très puissante s’engouffre dans le bassin et entraîne le jeune garçon qui se noie. Wafaa échappe de peu à la noyade mais elle demeure profondément marquée par l’accident. Traumatisée, elle perd l’usage de ses jambes…

Notre avis : un drame inspiré qui mêle l’amour, la maternité et la mort. Toutes les scènes baignent dans une atmosphère crépusculaire à laquelle concourt la tonalité élégiaque des chansons composées et interprétées par Farid Al Atrache. Les rares instants de bonheur que vivent les personnages sont bien vite engloutis par le malheur qui ne leur laisse aucun répit. Le réalisateur a su éviter les grosses ficelles du mélodrame pour évoquer les épreuves de ses héros et son style d’une rare élégance rappelle celui du grand cinéaste américain Douglas Sirk. Magda et Layla Fawzy, les deux actrices qui entourent Farid Al Atrache font preuve d’un égal talent même si notre préférence va plutôt à la seconde. Celle-ci est sublime dans la très belle scène nocturne où pour la première fois son personnage se jette dans les bras du mari de sa meilleure amie.


Lundi 18 novembre à 22h

Rendez-vous avec Satan de Kamel El Telmissani (Maw’id ma’ iblis, 1955)
avec Zaki Rostom (le docteur Ragab Ibrahim), Mahmoud El Meleigy (le docteur Nabil/Satan), Abdel Moneim Ibrahim (Hassan, l’assistant du docteur Ragab Ibrahim), Cariman (Nadia, la fille du docteur Ragab Ibrahim), Wedad Hamdy (la servante), Abdel Ghani El Nagdi (le concierge), Soleiman El Gendy (Adel, le fils du docteur Ragab), Mounir Mourad (Mounir, le neveu du docteur Ragab), Lotfi Al Hakim (le fabricant d’appareils médicaux), Mohamed Shawki (le vendeur de bicyclettes)
Scénario : Galil El Bendary, d'après Faust de Goethe.
Musique : Mahmoud Al Sharif et Mounir Mourad + Rossini, l’Ouverture de l’opéra Guillaume Tell
Production : Films Ahmed Darwish
appréciation : 4/5


Fantastique. Le docteur Ragab Ibrahim dirige une clinique privée dans le quartier de la mosquée Hussein. Les affaires ne vont pas bien, les patients aisés se font soigner dans d’autres établissements plus réputés. Les maigres honoraires du docteur suffisent à peine à payer les charges de la clinique. Ragab vit avec sa fille Nadia, son petit garçon, Adel et son neveu Mounir qui s’est installé chez eux depuis la mort de son père. Mounir rêve de devenir chanteur et il très amoureux de sa cousine. Le médecin a perdu sa femme il y a longtemps déjà et après son travail il se consacre tout entier à ses enfants qu’il ne peut gâter comme il le souhaiterait.
Un soir sa voiture tombe en panne sur une route isolée. Il est secouru par un certain docteur Nabil qui en réalité est Satan. La voiture redémarre et le docteur Ragab propose à son confrère de le ramener en ville. Pendant le trajet les deux hommes discutent et sympathisent. Ils promettent de se revoir.

Notre avis : en dépoussiérant le mythe de Faust et en mélangeant allègrement les genres et les registres, Kamel El-Telmissani a réussi à créer une œuvre unique, ne ressemblant à aucune autre. Il ne s’est pas laissé impressionner par l’ombre tétanisante de Goethe, le grand écrivain allemand du XIXe siècle dont les deux Faust constituent des œuvres majeures de la culture universelle. Contournant les références littéraires ou cinématographiques, Kamel El Telmissani a su s’approprier la légende germanique avec une totale liberté et une certaine impertinence pour nous offrir une œuvre pleine d’intelligence et d’humour. Ce «Rendez-vous avec Satan » constitue l’une des plus belles réussites d’un cinéaste égyptien dont la carrière a été gâchée par bien des vicissitudes.


Dimanche 17 novembre à 18h30

Traces dans le sable de Gamal Madkoor ( Athar Fi al-Rimal, 1954)
avec Faten Hamama (Ragia), Emad Hamdy (Ibrahim Mohsen), Hamdy Gheith (le docteur Ahmed Zaki), Wagdi Al Atrache (Ibrahim enfant), Zahrat Al Oula (Layla), Mohamed Abdul Qaddus (le cuisinier), Mohamed El Tokhy (le psychiatre), Abdul Aziz Ahmed (le grand-père de Ragia), Wedad Hamdy (Sounia), Aziza Helmy (la mère d’Ibrahim), Ali Roushdy (le père d’Ibrahim), Mahmoud Azmy (le cousin Abdel Rahman), Kawthar Shafik (l’infirmière)
Scénario : Gamal Madkoor et Youssef El Sebaei
Musique : Mohamed Hassan Al Shugai


Drame. Ibrahim Mohsen est un compositeur talentueux qui réside à Alexandrie. Ce jour-là, il doit se rendre chez son ami le docteur Ahmed Zaki. Sur la route, il est victime d’un choc nerveux qui le laisse totalement désorienté. Quand il reprend conscience, il est en compagnie de son ami qui l’emmène chez le psychiatre Tawfiq Mohamed. Ibrahim a totalement perdu la mémoire mais le médecin parvient à reconstituer des éléments de son passé. Le musicien était amoureux de Ragia, sa jeune voisine qui vit avec son grand-père, un homme exerçant de hautes fonctions. Tous les deux partageaient le même amour de la musique. Le médecin convoque la jeune femme. Celle-ci lui fait le récit de leur histoire d’amour. Grâce à elle, le psychiatre va découvir le traumatisme infantile qui est à l’origine de son malaise…

Notre avis : on ne compte plus les films dans lesquels Faten Hamama et Imad Hamdi sont fiancés ou amants. Leur différence d’âge, vingt-deux ans, ne semble pas avoir posé de problème aux producteurs et aux réalisateurs. Il est vrai que pour le public, Imad Hamdi est resté très longtemps l’archétype de l’amoureux romantique et tourmenté et c’est ce personnage que nous retrouvons ici. « Traces dans le Sable » est un joli mélodrame qui baigne dans une atmosphère d’une grande poésie. Les scènes enfantines, la mer, la musique, les voix off, tout concourt à donner un caractère onirique à cette histoire de traumatisme infantile. Le film doit beaucoup à Faten Hamama dont la beauté fragile et la voix inimitable possédaient ce pouvoir magique de plonger le spectateur dans une autre réalité, à la fois plus légère, plus pure et plus intense. Sa présence irradiante nous fait oublier certaines lourdeurs du scénario.


Samedi 16 novembre à 18h30

Ismaël Yassin chez les fous d'Issa Karama (Ismael Yassin fi mostashfa el maganen, 1958)
avec Ismaël Yassin (Hassouna), Hind Rostom (Tema), Zinat Sedki (la mère de Tema), Abd El Fatah El Kosary (le père de Tema), Reyad El Kasabgy (chef de service à l’hôpital psychiatrique), Hassan Atla (un fou), Fouad Ratab (un fou), Farhat Omar (le docteur Shadid), Abdel Moneim Ibrahim (un fou), Abdel Moneim Ismaïl (le marchand de légumes), Hussein Ismaïl (le boucher), Hussein Asar (Zaki Al-Qahwaji), Mohsen Hassanein, Kitty (la danseuse), Helen (la folle qui fait un strip-tease), Salha Kasin, Abdel Hamid Zaki (le propriétaire de la pâtisserie), Ezzedin Islam (le directeur de l’hôpital), Abdel Ghany Kamar (l’astrologue)
Scénario : Abbas Kamel, Abdel Fattah El Sayed
Musique : Attya Sharara
Production : les films Karama
Appréciation : 3/5


Comédie.Tout le monde dans le quartier veut épouser Tema. Son père a emprunté de l’argent aux uns et aux autres en leur promettant à chaque fois de leur donner la main de sa fille. Tema est amoureuses de Hassouna, le pâtissier. Malheureusement, un chef de service à l’hôpital psychiatrique s’engage à éponger toutes les dettes du père si celui-ci consent à faire de lui son gendre. Les deux hommes font affaire mais il faut se débarrasser d’Hassouna. Ils décident de le faire passer pour fou et de l’interner à l’hôpital psychiatrique.

Notre avis : c’est une comédie typique des années cinquante qui mêle le burlesque et le glamour avec un seul objectif, plaire au plus grand nombre. Mais l’intérêt majeur de ce divertissement tout public réside sans aucun doute dans sa critique virulente de la famille traditionnelle et de la condition faite aux femmes. On voit un père, cynique et sans scrupule, promettre sa fille à qui voudra bien rembourser ses dettes et on voit aussi d’honnêtes artisans ou commerçants proposer « généreusement » leur aide au papa contre les faveurs de la belle Tema, incarnée avec brio par l’affriolante (et dans ce film, le mot est faible !) Hind Rostom.
Cela étant dit, « Ismaïl Yassin chez les f.ous » comporte quelques faiblesses. Une grande partie de l’intrigue se déroule au sein d’un hôpital psychiatrique et cela nous vaut des scènes interminables avec des « fous » se livrant à des pitreries puériles et répétitives.


vendredi 15 novembre 2024

De grands classiques au festival du Caire

مهرجان القاهرة السينمائي الدولي

Entre Deux Palais d'Hassan Al Imam

Lors de cette 45ème édition du festival international de cinéma du Caire seront pojetés quatorze classiques du cinéma égyptien dans des versions restaurées. Le président de la manifestation, Hussein Fahmy, a rappelé lors de sa conférence de presse à quel point il était essentiel de maintenir un lien fort avec le prestigieux héritage du septième art égyptien.

Sur les quatorze films restaurés, sept sont des adaptations d'une oeuvre du prix Nobel de littérature, Naguib Mahfouz. 

Deux adaptations d'Hassan Al Imam :

Entre deux palais (Bayn El-Kassrayn, 1964) 

Le palais des désirs (Kassr El-Chouk, 1966)

Le Caire 30 de Salah Abou Seif

Deux adaptations de Salah Abou Seif :

Le début et la Fin (Bidaya Wa Nihaya, 1960) 

Le Caire 30 (Cairo 30, 1966)


Le Mendiant d'Houssam Al DIn Mustafa

Deux adaptations d'Houssam Al Din Mustafa

La Caille et l'Automne (Al-Seman W Al-Kahrif, 1967)

Le Mendiant (Al Shahat, 1973)

L'illusion d'Anwar El Shenawy

Une adaptation d'Anwar El Shenawy :

L’illusion (El-Sarab, 1970)


Et voici la liste des sept autres films égyptiens qui ont fait l'objet d'une restauration et qui seront projetés durant le festival :

Le Costaud de Salah Abou Seif (Al-Fituwa , 1957)

La Seconde Epouse de Salah Abous Seif  (Al-Zawja.Al-Thania, 1967)

Le Péché d'Henry Barakat (Al-Haram, 1965)

L'Impossible d'Hussein Kamal (Al Mostaheel, 1965)

Un Soupçon de Peur d'Hussein Kamal (Shai’ min Al-Khowf, 1969)

Le Chauffeur de Bus d'Atef El Tayyeb (Sawwaq Al-Utoubis, 1983)

Coqiuille de Noix de Khairy Bishara (Qashr albunduq,1995)

mercredi 13 novembre 2024

Festival International de cinéma du Caire (Egypte)

مهرجان القاهرة السينمائي الدولي


Le festival international de cinéma du Caire ouvre ses portes aujourd'hui et il prendra fin le 22 novembre. Le président de cette 45ème édition est le célèbre acteur Hussein Fahmy. Il l'était déjà  en 2022 pour la 44ème édition (le festival n'a pas eu lieu en 2023 en raison de la situation à Gaza.). Hussein Fahmy a commencé sa carrière artistique en 1970 et, à plus de quatre-vingt quatre ans, il continue à défendre le cinéma égyptien d'hier et d'aujourd'hui avec une énergie et un enthousiasme inlassables.
Lors de la cérémonie d'ouverture du festival, un hommage sera rendu au réalisateur égyptien Yousri Nasrallah (Femmes du Caire, Après la Bataille, Le Ruisseau, le Pré vert et le Doux Visage) pour l'ensemble de son oeuvre. Les invités assisteront ensuite à la projection du film Passing Dreams du cinéaste palestinien Rashid Masharawi.

dimanche 10 novembre 2024

Sherifa Mahear (1932-2024)

شريفة ماهر


L'actrice égyptienne Sherifa Mahear est morte le samedi 26 octobre 2024 à l'âge de 92 ans. Elle commence sa carrière en 1951 et elle jouera dans une quarantaine de films. Tout au long des années cinquante et soixante, on la retrouve dans un grand nombre de comédies, toujours dans des seconds rôles. A partir des années soixante-dix, ses apparitions se feront plus rares. Elle excella dans les rôles de femmes dominatrices qui mènent à la baguette leurs conjoints ou amants. Outre son talent, sa silhouette plantureuse contribua indéniablement à sa célébrité.    


Sherifa Mahear en quelques films :


J’ai failli détruire mon foyer d’Ahmed Kamel Morsi (Kedt Ahdem Baity, 1954)
avec Raqya Ibrahim (Raqya), Mohsen Sarhan (Hamdy), Mahmoud El Meleigy (Safwat), Zeinab Sedky (la mère de Raqya), Sherifa Mahear (Layla, l’amie de Raqya), Samiha Ayoub (Mounira, la baby-sitter), Sanaa Jamil (Sonia), Muhammad Tawfiq (le secrétaire d’Hamdi), Mahmoud El Sabaa (Mahmoud), Hermine (la danseuse), Nadia El Shennawi (la petite fille), Mahmoud Azmy (le cousin de Raqya), Mounir El Fangary (le serviteur de Safwat)
Scénario : Salah Zohni, Ahmed Kamel Morsi, Galil Al-Bendary
Musique : Ibrahim Haggag, Mounir Mourad, Tawfiq Al-Alaili


Début du film. Hamdi est un avocat prospère qui mène une existence paisible auprès de sa femme, Raqya et de ses deux enfants. Pour s’occuper de ces derniers, il y a Mounira, la baby-sitter. Mais celle-ci ne donne pas entièrement satisfaction à Raqya et elle est rapidement remplacée par une autre jeune femme. Un soir, alors qu’Hamdi est au club des avocats pour jouer au billard avec son ami Mahmoud, il ne peut s’empêcher d’écouter le discours que tient Safwat à quelques amis réunis autour de lui. Safwat se présente comme un grand connaisseur des femmes et il assure que toutes sont infidèles et que lui-même a une liaison avec une femme mariée. Il n’en faut pas plus à Hamdi pour douter de la fidélité de Raqya. Il devient d’une jalousie de chaque instant et en fouillant dans la maison, il finit par trouver des lettres d’amour signées Safwat. Ce qu’il ne sait pas, c’est que ces lettres étaient destinées à Mounira, leur ancienne baby-sitter. Il demande le divorce…


Qui se Contente de Peu de Baha Eddin Sharaf (min radiin biqalilih, 1955)
avec Nazha Younes (la chanteurs Riri, sœur de Didi), Houda Shams El Din (la danseuse Didi, sœur de Riri), Sherifa Mahear (Zeinab, la femme de Saïd), Omar El Hariri (Saïd), Wedad Hamdy (Nafisat, la femme de Mabsout), Mahmoud Shoukoko (Mabsout), Aziza Helmy (la sœur de Riri et de Didi), Abdel Hamid Zaki (Oncle Sayed El Koji), Laila Hamdy (Oum Hussein), Ibrahim Hechmat (le patron), Hussein Ismael (le contremaître)
Scénario : Mustapha Hassan
Dialogues : Abdallah Ahmed Abdallah
Production : Mustapha Hassan


Début du film. Saïd et Masbout travaillent tous les deux comme ouvriers dans la même usine. Ils sont mariés et leurs femmes respectives font tout leur possible pour leur rendre l’existence agréable. Malgré cela, les deux amis sont insatisfaits de leur sort. Ils n’en peuvent plus de travailler à l’usine et rêvent de mener une autre vie. Un soir, ils décident de se rendre au cabaret et c’est ainsi qu’ils font la connaissance d’une chanteuse et d’une danseuse. Les deux jeunes femmes sont sœurs. La première s’appelle Riri, la seconde Didi. Dans ce cabaret, tout le monde est convaincu que Saïd et Masbout sont deux personnages importants et très riches. Les deux sœurs comptent bien en profiter et les deux naïfs vont devoir se ruiner pour les satisfaire…


Ismaël Yassin dans la Police de Fateen Abdel Wahab (Ismaïl Yassin fel Police, 1956)
avec Ismail Yassin (Zaki), Hussein Qandil (un officier de police), Ellen Deatto (la voisine de Zaki), Zahrat Al Oula (Sania), Zinat Sedki (la mère de Gamala), Roshdy Abaza (Roshdy, le fiancé de Gamala), Sherifa Mahear (Gamala), Reyad El Kasabgy (un agent de police), Mohamed Shawki (un soldat), Hassan Hamed (un voleur), Mohsen Hassanein (un agent de police), Ali Rushdy (le père de Sania), Noura (la danseuse), Ali Abd El Al (le pharmacien), Salah Abdel Hamid (le chanteur)
Scénario : Fateen Abdel Wahab, El Sayed Bedeir, Mahmoud Sobhy
Musique : Fouad El Zahery
Production : Abbas Helmy


Début du film. Zaki est un policier débutant, plein de bonne volonté mais très maladroit. Une nuit alors qu’il patrouille, il tombe sur deux malfrats en train de dévaliser l’appartement de madame Shamma. Il arrête l’un des voleurs mais son complice parvient à s’échapper. De retour au commissariat, Zaki conduit son homme en cellule puis accompagne au bureau de l’officier enquêteur un autre individu. Il ne sait pas que ce dernier qu’il prend pour un malfrat travaille en fait pour la police. Il est justement chargé d’infiltrer le gang auquel appartient le voleur que Zaki a arrêté. Epuisé par cette nuit bien remplie, notre policier débutant rentre chez lui. Dans son immeuble, il retrouve la jeune femme dont il est amoureux. L’entrevue tourne à la dispute : la demoiselle lui reproche ses horaires de travail et elle ne lui cache pas qu’elle est très attirée par un autre garçon qui habite l’immeuble. Zaki est évidemment très déçu. Sur le plan professionnel, la situation va aussi se dégrader : une nuit, il arrête l’homme rencontré au commissariat alors que celui-ci a pris en filature le chef du gang qui terrorise la ville. Par son intervention, Zaki fait échouer toute l’opération…


La Lanterne Magique de Fateen Abdel Wahab (Al Fanous Al Serhi, 1960)
avec Ismaël Yassin (Moustafa), Abdel Salam Al Nabulsi (Morsi, le directeur du magasin), Sherifa Mahear (Mimi, la femme de Morsi), Cariman (Nahed, la secrétaire), Ikram Ezzo (la petite fille), Mahmoud Farag (le génie), Khayria Ahmed (la femme de chambre), Nazim Sharawi (le président du conseil d’administration), Omar Afifi (le père de Nahed), Mohamed Reda (le psychiatre), Badr Nofal (le client qui souhaite acheter un pyjama), Nemat Mokhtar (danseuse), Zeinat Olwi (danseuse), George Yordanis (le serveur), Mimi Gamal (invitée à la fête donnée par Morsi)
Scénario : Abou Al Seoud Al Ebiary
Musique : on peut entendre dans le film, Bob Azzam et son orchestre interpréter leur tube international « Chérie Je t’aime Ya Mustafa ». C’est l’adaptation d’une chanson traditionnelle égyptienne dont plusieurs compositeurs se sont disputés la paternité.
Production : la Compagnie du Cinéma Arabe


Comédie fantastique. Moustafa travaille comme homme d’entretien dans un grand magasin. Il est amoureux de l’une des employées qui s’est toujours montrée gentille à son égard. Malheureusement, le directeur du magasin, homme autoritaire et irascible, ne cesse de le persécuter. Un soir, Moustafa rapporte chez lui une lanterne. En sort un génie qui lui promet de réaliser tous ses rêves. D’abord incrédule, Moustafa finit par tenter l’expérience. Il commande un repas pantagruélique qui lui est aussitôt servi. Le génie n’a pas menti. Pour le petit employé, c’est la belle vie qui commence. Les soirs suivants, il sort dans des boîtes de nuit où il s’enivre et distribue des liasses de billets à tous ceux qu’ils rencontrent. Il finit par demander à prendre la place de son directeur. Evidemment, il l’obtient aussitôt. Mais l’ex-directeur n’est pas homme à se laisser faire sans réagir et Moustafa est trop bavard. Lors d’une soirée, ce dernier explique comment son destin a subitement changé grâce à une lanterne magique. Le directeur déchu s’introduit dans l’appartement du nouveau. Il dérobe la lanterne et le lendemain, il retrouve son fauteuil de direction. Mais le génie ne laissera pas tomber Moustafa…


La Plus Chère à Mon Coeur de Youssef Maalouf (Aazz Al habayib, 1961)
avec Amina Rizk (Amina, la femme d’Ibrahim), Zaki Rostom (Ibrahim Effendi), Sherifa Mahear (la fiancée puis la femme d’Abdullah), Chukry Sarhan (Makhtar, le fils cadet), Soad Hosny (Kawthar, la petite amie de Makhtar), Samia Roshdi (la mère de Kawthar), Thuraya Fakhry (la servante), Hassan El Baroudi (le propriétaire du café), Nour El Demerdash (Abdullah, le fils ), Soheir Al Baroni (Soad, la fille), Mary Ezz El Din (la belle-mère d’Abdullah), Abdel Moneim Basiony (un employé), Eskandar Menassa (le mari de Soad)
D'après une histoire d'Henry Barakat
Scénario : Ibrahim Aboud et Youssef Issa
Production : les films Barakat


Début du film. Ibrahim Effendi est un simple employé qui toute sa vie a travaillé pour que sa petite famille soit heureuse. Avec sa femme, il a eu trois enfants, deux garçons et une fille. Les années passent. Abdullah et Soad, les deux aînés, sont maintenant en âge de se marier. Mais Abdullah doit attendre que sa sœur ait trouvé un mari avant de pouvoir à son tour convoler avec la femme qu’il aime. Malheureusement, Soad ne parvient pas à attirer les prétendants : elle a un physique ingrat et la pauvreté de son père ne permet pas de compenser ce petit défaut par des atouts sonnants et trébuchants. La jeune fille ne supporte plus cette situation et sombre dans une grave dépression. Pour la guérir, il faut beaucoup d’argent et Ibrahim Effendi n’a pas d’économies. C’est à ce moment-là que le propriétaire d’un café lui fait une proposition. Pour arrondir ses fins de mois, ce commerçant s’est lancé dans le trafic de stupéfiants et il propose au petit employé de garder chez lui des sacs remplis de drogue contre un dédommagement qui mettra fin à tous ses soucis d’argent. Ibrahim Effendi accepte. A partir de là, tout change dans la famille : non seulement, Soad est soignée mais on finit par lui trouver un mari ; Abdullah de son côté peut enfin épouser sa bien-aimée. Comble de bonheur, le plus jeune de leurs enfants obtient son diplôme d’ingénieur. Ibrahim Effendi décide qu’il n’a plus besoin de continuer à travailler pour le trafiquant. Il veut mettre un terme à leur collaboration. Mais c’est trop tard : la police surgit dans la maison pour une perquisition. Afin de sauver l’honneur de son père, le plus jeune des fils s’accuse d’être le propriétaire des sacs de drogue. Il est condamné à cinq ans de prison. Ibrahim Effendi meurt peu après…


Rabia Al Adawia de Niazi Mostafa (1963)
avec Farid Shawki (Khalil) , Nabila Ebeid (Rabia Al Adawia) Imad Hamdy (Essam El Din) Hussein Riad (Sheikh Thawbaan), Sherifa Mahear (Dalal), Salwa Mahmoud (Abida), Zouzou Nabila (Alia), Abdallah Gheith, Abdelghany Kamar, Hassan Hamed, Samia Roshdi, Ibrahim Emara, Nazim Sharawy, Khaled El Agabany, Mohamed Sobeih, Victoria Cohen, Omar Afifi
Une histoire de Saneyya Ora'a
Scénario : Abdel Fattah Mostafa
Musique : Mohammed Almogi, Riad El Sonbati, Fouad El Zahry
Pour les chansons, Oum Kalthoum prête sa voix à Nabila Ebeid.


Ce film est une biographie de Rabia Al Adawia (717-801), poétesse et figure éminente du mysticisme soufi . Elle est née à Bassora, quatrième fille (Rabia signifie quatre en arabe) d’une famille pauvre. Dans sa jeunesse, elle est une esclave qui séduit les riches et les puissants par sa beauté, sa grâce et son talent. Au faîte de sa gloire, elle abandonne le chant, la danse, le luxe pour se consacrer à la prière et à la poésie.
Le scénario reprend les principaux épisodes de la vie de la sainte dont la légende s’est enrichie au fil des siècles.
Quand commence le film, Rabia est une jeune mendiante qui n’a qu’une idée en tête : quitter son village pour s’installer à Bassora. Un jour, alors qu’elle se repose sur la berge du fleuve, elle sauve la vie d’Essam Al Din, un riche seigneur que deux bandits s’apprêtaient à détrousser Pour la récompenser, l’homme lui remet une bourse remplie de dinars. Avec cet argent elle réalise son rêve : se rendre à Bassora.
Alors qu’elle se promène dans le souk de la ville, un marchand d’esclaves la repère. Il lui promet une vie luxueuse si elle accepte d’être vendue. Rabia finit par céder. Lors de la vente, sa beauté et sa voix font sensation. Dans l’assistance, elle retrouve l’homme dont elle a sauvé la vie. Khalil, un autre grand seigneur la convoite aussi. Essam Al Din remporte les enchères. Mais le perdant n’a pas dit son dernier mot. Il tue son rival dans un guet-apens...


Le Directeur Technique de Fateen Abdel Wahab (El Mudir el Fani, 1965)
avec Laila Taher (Zianat), Farid Shawki (Hamouda), Hassan Fayek (le directeur de l’école), Abdel-Moneim Ibrahim (Mahran), Sherifa Mahear (Laila), Adel Adham (Shawka), Adel Imam (l’agent d’entretien).
Scénario : El Sayed Bedeir d'après Topaze de Marcel Pagnol


Début du film. Hamouda enseigne dans une petite école. Il est amoureux de Zianat, la fille du directeur, enseignante elle aussi. Après la plainte d’un parent, Hamouda doit abandonner son poste. Il donne des cours particuliers au garçon d’un couple aisé et annonce son renvoi à la mère de famille. Elle lui propose aussitôt de travailler dans leur société et même d’en prendre la direction. L’ex enseignant accepte mais il va vite comprendre qu’on l’a sollicité pour camoufler des irrégularités comptables. Il redresse l’entreprise et assainit les comptes. Son collègue le cheikh Mehran l’a rejoint pour l’assister. Un jour, Zianat et son père se présentent dans les locaux de l’entreprise. Ils ont besoin d’aide car l’école est à deux doigts de fermer.


L'Honneur de ma Femme de Fateen Abdel Wahab (Karamet Zawgaty, 1967)
avec Adel Imam, George Sedhom, Sherifa Mahear, Shadia, Mahmoud Rashad, Salah Zulficar, Camilia, Ragaa El Geddawy, Thoraya Helmy
Scénario et dialogues : Mohamed Abou Youssef et Mohamed Mostafa Samy
Adaptation d'un roman d'Ihsan Abdul Quddus
Musique : Fouad El Zahiri
Production : Ramsès Naguib


Début du film. Mahmoud est un riche avocat qui multiplie les conquêtes amoureuses mais qui se refuse à envisager le mariage. Ses proies, il les déniche dans le club privé qu’il fréquente. C’est là qu’il retrouve Layla, une artiste peintre qui a toujours résisté à ses avances. Pourtant, elle n’est pas insensible au charme du jeune avocat mais elle refuse de nouer toute relation en dehors des liens du mariage. Mahmoud est obligé de s’avouer qu’il est vraiment tombé amoureux de Layla et finit par lui demander sa main. La jeune femme met une dernière condition à leur union : si elle apprenait qu’il l’avait trompée, il devrait accepter qu’elle agisse de la même manière. Mahmoud, sûr de son amour, y consent. Au début tout se passe au mieux pour les deux jeunes mariés. Mais un jour, une cliente au physique avantageux se présente au cabinet de l’avocat. Elle reviendra plusieurs fois et n’aura de cesse de provoquer Mahmoud.


Le Four d'Ibrahim Afify (El Forn, 1984)
avec Adel Adham (Dagher Al-Shahawi), Younes Shalaby (Al Shawat/Awad adulte), Maaly Zayed (Tohma), Abdel Moneim Ibrahim (Saber, le père de Tohma), Sherifa Mahear (la femme de Saber), Nabil Al Hegrassy (Abdo Katanila), Abdel Salam Mohamed (Tantawi), Samia Amin (Fawzia, la femme d’Al Shawat), Kassim Al Daly (Shawki), Ahmed Sami Ghonim (le jeune Awad), Wahid Hamdy (Sinbati, un ouvrier du four), Nadia Al Kilani (la femme de Sinbati)
Scénario : Ahmed Abdel Salam
Musique : Samir Noseir
Production : les films Al-Maqbadi


Début du film. Al Shawat travaille dans une boulangerie du Caire dirigée par Dagher Al-Shahawi. Ce dernier maltraite ses employés et abuse de leurs épouses ou de leurs filles. C’est un tyran auquel personne n’ose s’opposer, pas même son adjoint qui assiste, impuissant, aux turpitudes de son patron. Al Shawat est un homme simple et naïf : il a vendu tous ses biens pour devenir l’associé de Dagher Al-Shahawi. En fait, il a été trompé. Dagher a pris l’argent mais n’a jamais eu l’intention de lui céder une part de son affaire. Comprenant trop tard qu’il a été escroqué, Al Shawat meurt subitement, terrassé par le désespoir. Sa femme et son fils Awad retournent dans leur village.
Les années passent. Le fils d’Al Shawat a grandi et il travaille comme avocat. Sa mère meurt à son tour mais avant de mourir, elle a fait promettre au jeune homme de retrouver Dagher et de venger l’honneur de son père. Le garçon s’installe au Caire et se fait embaucher dans la boulangerie du despote. Il fait la connaissance de Tohma, une jeune femme qui elle aussi veut se venger de Dagher. Elle est la fille de son adjoint et il a tenté d’abuser d’elle la nuit même de son mariage. Son père n’a jamais rien fait pour la protéger car Dagher partage avec lui un terrible secret….



dimanche 3 novembre 2024

Mostafa Fahmy (1942-2024)

مصطفى فهمي


L'acteur égyptien Mostafa Fahmy est mort mercredi dernier à l'âge de 82 ans. Il était le frère de l'acteur Hussein Fahmy. Il fait sa première apparition au cinéma en 1974 dans le film "Où est ma raison ?" d'Atef Salem. Il a joué dans quarante-cinq films et dans plus de cent téléfilms. 

vendredi 1 novembre 2024

A la télé : les films du jour (Rotana Classic du 1er au 15 novembre)

روتانا كلاسيك

Quels films peut-on voir sur la chaîne Rotana Classic ? Les horaires donnés sont ceux de l'après-midi ou de la soirée (heure de Paris). La plupart des films sont ensuite rediffusés le lendemain matin.
Rotana Classic a remplacé Rotana Zaman en 2012. Cette chaine fait partie du groupe Rotana basé en Arabie Saoudite et spécialisé dans le divertissement (télévision et musique). Celui-ci a été créé par le prince Al-Walid ben Talal ben Abdelaziz Al Saoud, membre de la dynastie Al Saoud et petit-fils du fondateur de l'Arabie Saoudite. Comme son nom l’indique, Rotana Classic diffuse essentiellement les grands classiques du cinéma égyptien. Disponible en France.


Vendredi 15 novembre à 18h30

Le Secret du Bonnet Invisible de Niazi Mostafa (Ser Taqya el Ekhfa, 1959)
avec Tawfik El Deken (le bijoutier Amin), Berlanti Abdel Hamid (Lola, la maîtresse d’Amin), Abdel Moneim Ibrahim (Asfour), Mohamed Abdel Qodoos (le père d’Asfour), Ahmed Farahat (le frère d’Asfour), Zahrat Al Oula (Amal), Gamalat Zayed (la mère d’Asfour), Adli Kasseb (Salem, le rédacteur en chef), Samia Roshdi (la mère d’Amal)
Scénario : Abdel Hay Adib et Niazi Mostafa
Dialogues : El Sayed El Bedir
Musique : Mounir Mourad et Fathy Qora
Production : Khalil Diab


Comédie fantastique. Asfour est un reporter naïf et maladroit. Son incompétence notoire exaspère son rédacteur en chef. Il est amoureux d’une collègue, Amal. Malheureusement cette dernière doit épouser Amin, un cousin méchant et sournois, bijoutier de son état.
Asfour vit avec son petit frère Fasih et ses parents. Son père est un excentrique qui se consacre à l’alchimie. Il multiplie les expériences dans l’espoir de fabriquer un jour de l’or.
Amin ne supporte pas qu’Amal fréquente Asfour. Il menace son rival afin qu’il s’éloigne de la jeune femme. Le bijoutier a le soutien de la mère de celle-ci et rien ne pourra empêcher leur mariage. Asfour est désespéré.
Un soir, le petit Fasih est resté seul dans le laboratoire de leur père et il entreprend de jouer au petit chimiste. Il provoque une explosion qui libère d’une jarre un génie. L’enfant s’évanouit puis l’être surnaturel prend feu, ne laissant de son passage qu’une fine poussière qui s’est déposée sur un bonnet appartenant à Asfour.
Peu après, on s’aperçoit que le bonnet a le pouvoir de rendre invisible celui qui le porte. Asfour comprend tout de suite le parti qu’il va pouvoir en tirer. Tout d’abord, tourmenter Amin et empêcher son mariage avec Amal…

Notre avis : le seul film où l’éternel second rôle Abdel Moneim Ibrahim obtient le premier rôle. Même s’il peine à convaincre dans certaines scènes qui auraient exigé de sa part un petit grain de folie supplémentaire, reconnaissons qu’il propose un jeu très personnel, tout en retenue, bien loin de l’outrance de ses petits camarades. « Le Secret du Bonnet Invisible » est une comédie inégale : l’invisibilité du héros est prétexte à une accumulation de gags convenus et de farces pour potaches boutonneux. Heureusement, Berlanti Abdel Hamid, la Sza Sza Gabor égyptienne met du piment dans cette potion « magique » un peu fade. Sa danse du Hula Hoop est l’une des scènes les plus savoureuses du film.


Jeudi 14 novembre à 22h

L’Oeuf et la Pierre d’Ali Abdel Khalek (El-Baydha Wal Hagar,1990)
avec Ahmed Zaki (Taha Al Tahazi), Maaly Zayed (Qamar), Mamdouh Wafi (Tawali, l’ami de Taha), Ahmed Ghanem (Nabil, le propriétaire de l’immeuble), Hussein Al Sharif (le policier), Mahmoud El Sabba (Sibakh Al Tibi), Sayed Sadiq (le mari volé), Nagwa Fouad (Nathnatha), Ahmed Tawfiq (Jasser), Sabri Abdul Moneim (le portier), Fouad Khalil (Tarouta, le coiffeur), Naima El Saghaiar (la mère de Tarouta)
Scénario : Mahmoud Abou Zeid
Musique : Hassan Abou El Saoud
Production : Films Tamido (Medhat Al Sherif)


Taha Al Tahazi est un professeur de philosophie qui dans ses cours incite ses élèves à rejeter la société de consommation. Il mène une existence conforme à ses valeurs : il ne se déplace qu’en vélo et, à la recherche d’un logement, il s’installe dans une modeste chambre sur les toits d’un immeuble de la place Tahrir. Au début, ses voisins ne voient pas d’un très bon œil son arrivée et tentent par tous les moyens de le faire partir : son petit appartement était auparavant occupé par un homme qui prétendait détenir des pouvoirs surnaturels. Ses voisins avaient une très haute considération pour lui et quand il a été condamné à de la prison pour charlatanisme, ceux-ci avaient promis de protéger son antre contre toute tentative d’intrusion. Malgré cela, le propriétaire a repris possession de son bien et l’a loué à Taha. Malgré la situation, ce dernier parvient à se faire accepter par les autres résidents du toit. Peu après, il est licencié de son poste d’enseignant : on l’accuse de mener des activités politiques. Il lui faut trouver un autre gagne-pain. C’est ainsi que l’ancien professeur de philosophie se lance dans la sorcellerie. Grâce à son intelligence, il va exploiter la crédulité des gens et s’enrichir de manière inespérée…

Notre avis : dans ses films, Ali Abdel Khalek aborde en moraliste et en satiriste les problèmes de la société égyptienne de son temps. Ici, il s’en prend à la superstition qui reste si prégnante parmi les classes populaires et il dénonce ces intellectuels qui au lieu d’ouvrir les yeux de leurs contemporains préfèrent exploiter leurs croyances pour acquérir prestige et fortune. La charge manque parfois de subtilité mais Ahmed Zaki excelle dans ce rôle du professeur intègre qui devient progressivement un manipulateur sans scrupule (un personnage qui nous rappelle le Topaze de Marcel Pagnol). «LOeuf et la Pierre » est assurément l’un des films les plus réussis d’ Ali Abdel Khalek.


Mercredi 13 novembre à 18h30

Raya et Sakina de Salah Abou Seif (Raya wa Sakina, 1953)
avec Negma Ibrahim (Raya), Zouzou Hamdy El-Hakim (Sakina), Farid Shawki (le borgne de la bande de Raya et Sakina), Anwar Wagdi (Ahmed Yousri, l'officier de police qui mène l'enquête), Chukry Sarhan (Amin, l'homme qui attire les victimes), Samira Ahmed (Soad), Berlanty Abdel Hamid (fiancée d'Amin et amie de Soad), Saïd Khalil (le mari de Sakina), Reyad El Kasabgy (le mari de Raya), Abdel Hamid Zaki (le père de Dalal), Malika El Gamal (la mère de Bassima, une victime du gang), Zeinat Olwi (la danseuse), Suleiman El Gindy (le petit frère de Soad), Shafik Nour El Din (le coiffeur)
Scénario : Naguib Mahfouz, Salah Abou Seif
D’après une histoire de Lotfi Othman
Dialogues : El Sayed Bedeir
Musique : Ahmed Sedky et Hussein Guenid
Production : Ramses Naguib
appréciation : 4/5


Alexandrie a peur. Depuis quelque temps des femmes disparaissent dans des conditions mystérieuses. On compte pour l'instant 26 victimes mais nul doute que la liste ne va pas tarder à s'allonger. Ahmed Yousri, le chef du service des affaires criminelles, dirige l'enquête. Pour entrer en contact avec les kidnappeurs, il se déguise en marin et fréquente les cafés et les cabarets des quartiers populaires. Il va très vite obtenir de précieuses informations. L'un des premiers suspects est Amin, un séduisant jeune homme, employé de bureau dans un abattoir...
Ce film évoque un fait divers qui défraya la chronique en Egypte au début des années 20.

Notre avis : un excellent thriller écrit par le prix Nobel de littérature et pour lequel Salah Abou Seif a appliqué les recettes du film noir américain : une intrigue épurée, une atmosphère inquiétante et une mise en scène nerveuse qui privilégie l'action.
On pourra s'étonner du choix d'Anwar Wagdi pour incarner l'officier de police chargé de l'enquête. Certes, il jouit à l'époque d'une célébrité peu commune, et comme acteur et comme réalisateur, mais son univers est plutôt celui de la comédie ou du drame sentimental, bien loin du réalisme cher à Salah Abou Seif. A noter, qu'en cette même année 52, Anwar Wagdi joue à nouveau un inspecteur de police dans « Le Tigre », une comédie musicale d'Hussein Fawzy et que deux ans plus tard, en 1954, Salah Abou Seif l'engage une nouvelle fois pour jouer un enquêteur dans « Le Monstre ». (Anwar Wagdi avait une prédilection certaine pour l'uniforme !)
Auprès de l'acteur, on trouve deux toutes jeunes actrices promises à de belles carrières, Samirah Ahmed et Berlanti Abdel Hamid qui au moment du tournage ont respectivement 14 et 17 ans.


Mardi 12 novembre à 16h

La Rebelle de Mahmoud Zulficar (Al Moutamaridah, 1963)
avec Sabah (Sawsan), Ahmed Mazhar (Sami), Fouad El Mohandes (Wadji, l’ami de Sami), Mahmoud Morsi (Kamel Sabri, l’acteur de théâtre), Nadia El Noqrachi (Nabilah, la petite amie de Wadji), Abdel Khaleq Saleh (le père de Sawsam), Aziza Helmy (la mère de Sami), Edmond Tuema (Costa, le fabricant de soda), Samiha Ayoub (l’actrice Qadriah), Abdel Aziz Kamel (le collectionneur de tableaux), Ismaïl (un membre de la direction de l’usine textile)
Scénario : Diaa El Din Baybars
Chansons et musique : Hussein Al Sayed, Mohamed Al Muji, Mounir Mourad
Production : Les films Masr al Jadida


Sawsan est une jeune fille très riche qui croit que tout peut s'acheter, même les êtres humains. Son père est un chef d’entreprise prospère qui lui passe tous ses caprices. Elle s’est entichée d’un comédien Kamel Sabri et elle a acheté toute les places du théâtre dans lequel sa troupe se produit afin d’être la seule à assister à la représentation. Elle a organisé une petite réception en l’honneur de Kamel et de ses collègues. Le comédien est épaté par la fortune de Sawsan et de son père et il comprend très vite le bénéfice qu’il va pouvoir en tirer. Kamel est fiancé à l’une des comédiennes de sa troupe mais celle-ci consent non sans réticence à s’effacer pour le bien de leur compagnie. Peu après, le père de Sawsan meurt brutalement et c’est la jeune femme qui prend la direction de l’usine de textile paternelle. Parmi les employés, il y a Sami, un artiste peintre qui est chargé de concevoir de nouveaux motifs pour les tissus imprimés que produit l’entreprise. Il a accepté ce travail pour pouvoir soigner sa mère très malade. Sami est secrètement amoureux de Sawsan. Il a peint de nombreux portraits de la jeune femme mais il s’est toujours bien gardé de lui avouer son amour. Un jour, Sawsan, qui a beaucoup d’admiration pour les créations de Sami, lui demande de jouer son soupirant pour exciter la jalousie de Kamel et tester ses sentiments. Le peintre refuse net de se prêter à ce petit jeu…

Notre avis : une excellente comédie reposant sur une observation très fine des relations complexes qui se nouent entre l’amour, l’art, le pouvoir et l’argent. La grande force du film, c’est qu’il tourne le dos à tous les clichés attendus (l’artiste est forcément pur et désintéressé tandis que le patron ou la patronne d’une grande entreprise est nécessairement un vil exploiteur.). Dans le rôle de la riche héritière, tantôt exaspérante, tantôt attachante, Sabah se révèle une actrice de premier ordre. Avec « La Rebelle », Mahmoud Zulficar a su conjuguer élégance et intelligence pour nous offrir un divertissement de haute tenue. Se gardant de toute caricature facile, il pose sur les mœurs de ses contemporains un regard plein d’ironie mais aussi de bienveillance.


Lundi 11 novembre à 16h

O Mon Pays ! d'Hussein Kamal (Ah ya bld.. ah, 1986)
avec Hussein Fahmy (Magdy), Farid Shawki (Ayoub), Layla Olwi (Farida), Anwar Ismail (Radwan), Ahmed Morsi (un paysan), Hassan El Yamany (Hassan Fadel), Hassan Mostafa (le paysan Abdel Ati), Taheya Carioca (une ancienne danseuse), Thuraya Ezz Elddin (la femme d’Ayoub), Mohamed Abou Hashish (l’épicier du village), Amir Shahin (le jeune fils d’Ayoub), Atef Makram (le voleur)
Scénario : Saad Eldin Wahba
Inspiré de Zorba le Grec, un film gréco-anglo-américain de Michael Cacoyannis (1964)
Musique : Ammar El Sheraiey
Production : Mohsen Alam El Din


Magdy, un jeune ingénieur, retourne en Egypte pour enterrer son père et il apprend qu’il a hérité d’un terrain à la campagne. Après les obsèques, il décide donc de se rendre dans la localité où se trouve ce terrain pour le mettre en vente. A peine sorti de la gare, Magdy est victime d’une tentative de vol. Heureusement, l’intervention d’un vieil homme lui permet de récupérer sa mallette. Cet homme s’appelle Ayoub, il a combattu l’occupant britannique et il a perdu sa femme et son jeune fils dans des circonstances tragiques. Ayoub conduit le jeune homme chez une amie, la Signora, qui fut autrefois une grande danseuse. Les deux villageois conseillent à Magdy la plus grande prudence dans ses démarches car la région est sous la coupe d’un homme très puissant qui achète à vil prix toutes les terres des environs et qui n’hésite pas à user de violence pour obtenir ce qu’il convoite…

Notre avis : était-il vraiment utile d’aller chercher l’inspiration du côté d’un film grec des années soixante pour bâtir ce scénario qui reprend des thèmes et des péripéties abondamment exploités dans le cinéma égyptien ? Un exemple parmi d’autres : cette histoire comporte beaucoup de similitudes avec « Abou Rabi », un film réalisé en 1973 par Nader Galal. Dans celui-ci, on retrouve d’ailleurs Farid Shawki dans un rôle équivalent. « O mon Pays » a été tourné en 1986 mais il semble sans âge. Peut-être est-ce dû au fait qu’il évoque un monde rural qui quel que soit les époques, quel que soit le pouvoir en place est confronté aux mêmes difficultés, aux mêmes injustices. Hussein Fahmy qui incarne le héros principal paraît absent, presque en retrait si bien qu’on retiendra surtout la prestation de ces deux monstres sacrés, vieillis mais alertes, que sont Taheya Carioca et Farid Shawki. L’un des moments forts du film est le réveillon du nouvel an que leurs deux personnages passent ensemble et pendant lequel, la boisson aidant, ils perdent toute retenue et toute convenance, rivalisant de fantaisie et d’extravagance.


Dimanche 10 novembre à 22h

La Femme d'un Homme Important de Mohamed Khan (Zawgat Ragol Mohim, 1988)
avec Ahmed Zaki (Hisham), Mervat Amin (Mona), Ali Ghandour (le père de Mona), Alyah Ali (la mère de Mona), Zizi Mustapha (Samiha), Hassan Hosni (le brigadier Yousri), Thuraya Ezzelddin (la femme du brigadier Yousri), Nazim Sharawi (le directeur de la sécurité de l’état), Nahed Samir (la tante d’Isham), Othman Abdel Moneim (le directeur de la sécurité de la ville), Abdel Ghany Nasser (le député), Khairy Beshara (le mari de Samiha), Mohamed Dardiry (l’écrivain Magdy Ezz Al-Arab), Tarek Mandour (le chauffeur d’Hisham)
Scénario : Raouf Tawfiq
Musique : Georges Kazazian
figure dans la liste des quinze meilleurs films égyptiens de tous les temps

Dans l'Egypte des années soixante-dix. Mona Ismaïl est une jeune fille romantique qui adore le chanteur Abdel Halim Afez. Son père est ingénieur et pour des raisons professionnelles, il a dû s’installer avec toute sa petite famille à Minieh, une ville de Haute-Egypte. C’est là que Mona rencontre Hisham, un officier de police ambitieux et autoritaire. Elle est séduite par sa personnalité et elle accepte de l’épouser. Peu après le mariage, le jeune couple s’installe au Caire. Mona découvre très vite que son mari est un jeune homme brutal et arrogant qui exige d’elle une soumission totale. Parallèlement, Hisham comprend peu à peu les règles impitoyables de l'ascension sociale et il compte bien en user sans état d’âme. Les 18 et 19 janvier 1977 des émeutes éclatent dans tout le pays à cause de la hausse subite des prix d’un grand nombre de produits de première nécessité. Hisham veut exploiter ces troubles au profit de sa carrière personnelle…

Notre avis : l’un des meilleurs films de Mohamed Khan. Bien qu’il soit question des émeutes qui ébranlèrent le régime d’Anwar El Sadate en 1977 et que le personnage principal soit un officier de police cynique et violent, «La Femme d’un Homme Important » est davantage un drame psychologique qu’un film politique. Le réalisateur s’est surtout intéressé à la lente décomposition d’un couple et la situation sociale et politique du pays n’est évoquée que pour montrer comment elle influe sur la vie personnelle des deux héros. Ahmed Zaki et Mervat Amine sont impressionnants de justesse et de vérité dans des rôles particulièrement difficiles. On pourra regretter le caractère excessivement mélodramatique du dénouement.


Samedi 9 novembre à 22h

Rencontre au crépuscule de Saad Arafa (Liqa fil ghouroub, 1960)

avec Mariam Fakhr Eddine (Amal), Rushdy Abaza (Sharif), Adli Kasseb (Izzat), Ahmed Sabry (le fils d’Amal)
Scénario : Saad Arafa
Musique et Chansons : André Ryder, Baligh Hamdi, Mamoun Al Shennawi
Production : Films Al Shams


Drame sentimental. Nous sommes en été, à Alexandrie. Amal séjourne dans la station balnéaire avec son fils Mahmoud et son mari Izzat. Elle a tout pour être heureuse : ils vivent dans une villa luxueuse, son mari lui offre tout ce qu’elle désire et son fils est un garçonnet adorable qui la vénère. Pourtant elle n’est pas heureuse car sexuellement insatisfaite et sentimentalement meurtrie. Malgré toutes les qualités d’Izzat, elle ne l’aime pas. Son cœur appartient toujours à Sharif. C’était son premier amour. Ils devaient se marier mais Sharif avait dû s’installer à l’étranger un certain temps pour ses études. Ils s’étaient promis de rester en contact et de s’écrire très régulièrement. Malheureusement, les parents d’Amal avaient intercepté toutes les lettres de Sharif et la jeune femme avait cru que son amoureux l’avait oubliée. C’est ainsi que, sous la pression de ses parents, elle avait accepté d’épouser Izzat, un homme riche plus âgé qu’elle. Mais un jour, à la plage, elle tombe nez à nez avec Sharif. Celui-ci n’a jamais cessé de l’aimer. Ils se revoient régulièrement et deviennent amants. Mahmoud finit par les surprendre. Le garçon est bouleversé…

Notre avis : c’est le premier film que Saad Arafa tourne en tant que réalisateur et on ne peut pas dire que pour cette entrée dans la carrière, il ait fait preuve d’originalité ou d’audace. Le scénario dont il est aussi l’auteur brode sur des thèmes bien connus et l’intrigue repose sur une idée exploitée dans d’autres films de la même époque : des amoureux sont contraints de se séparer car le garçon doit poursuivre ses études à l’étranger ; pendant son absence, la fille se marie avec un homme riche et affectueux bien qu’elle reste éprise de son premier amour ; évidemment ce dernier reparaît et le drame peut commencer. Rien donc de bien nouveau. Le charme du film réside dans ses images d’Alexandrie à l’aube des années soixante et dans la beauté et l’élégance de Mariam Fakhr Eddine. « Rencontre au Crépuscule » nous offre de très jolies scènes à la plage ou à la fête foraine mais aussi des séquences plus ridicules comme celle où le héros, seul chez lui, relit avec émotion les lettres de sa bien-aimée devant un immense portrait de celle-ci (on peut s’amuser de voir Rushdy Abaza, le Dom Juan du cinéma égyptien incarner, une fois n’est pas coutume, un amoureux romantique* !) ou bien encore quand le héros sauve de la noyade l’héroïne alors qu’elle se baigne dans une mer d’huile.

*A la fin de sa vie, Mariam Fakhr Eddine racontait que Rushdy Abaza était fou amoureux d’elle et qu’il lui faisait une cour assidue. Elle avait toujours repoussé ses avances ce qui le mettait hors de lui.


Vendredi 8 novembre à 18h30

Jeunesse Très Folle de Niazi Mostafa (Shabab magnoun geddan, 1967)

avec Soad Hosny (Madiha), Mimi Chakib (la femme de Youssef), Samir Sabri (Esmat), Samir Ghanem (Rahfat), George Sedhom (Ishmat), Ahmed El Deif (Afat), Ahmed Ramzy (Medhat, le fils de Youssef), Hoda Farid (Mona, la fille de Youssef), Ibrahim Zada (le maître d’hôtel de Youssef), Amin El Heneidy (Youssef, le propriétaire du casino)
Scénario : Abdel Hay Adib et Abou Al Seoud Al Ebiary
Musique : Hussein El Sayed et André Ryder
Production : Les Films Sayed Al Defrawy


Comédie musicale avec les Trois Lumières du Théâtre.
Le groupe de musique pop « Les Fous » est composé de trois frères et de l’un de leurs amis, Esmat. Ils viennent de décrocher un contrat au casino de la plage de Mamoura à Alexandrie mais avant de partir, Esmat veut obtenir la main de Madiha, la sœur de ses trois partenaires. Ce n’est qu’à cette condition qu’il acceptera de poursuivre son activité au sein du groupe. Malheureusement pour lui, Madiha est une étudiante en art dramatique qui ne se laisse pas dicter sa conduite. Elle refuse catégoriquement ce mariage, Esmat restera donc au Caire. Pour honorer leur contrat, les trois frères et leur sœur ont une idée : c’est Madiha elle-même qui remplacera Esmat. Elle se déguisera en garçon et grâce à son talent de comédienne, tout le monde n’y verra que du feu. Dès leurs premiers concerts, le groupe rencontre un vif succès auprès des jeunes estivants et Madiha jongle sans peine avec ses deux identités. Tantôt elle est la sœur de ses trois frères, tantôt, elle se travestit en homme pour devenir Esmat, le guitariste des Fous. La jeune femme est néanmoins confrontée à des situations un peu délicates : Medhat, le fils du propriétaire du casino est tombé amoureux de Madiha tandis que Mona, sa soeur, éprouve une véritable passion pour Esmat…

Mon avis : une comédie « yéyé » avec des jeunes qui dansent sur la plage et une poignée de comiques qui chantent avec entrain. Ironie mise à part, un très bon divertissement. Soad Hosny est irrésistible et les Trois Lumières du Théâtre moins crispantes que de coutume. L’un des rôles principaux est tenu par Amin El Heneidy qui à cette époque fait partie du petit nombre de prétendants à la succession d’Ismaïl Yassin comme roi de la comédie (son concurrent le plus sérieux est Fouad El Mohandes.). Dans ce film on le retrouve fidèle à lui-même, tout en grimaces et vocalises burlesques, mais on sent que le réalisateur a cherché à le tempérer.
A noter que « Jeunesse très Folle » sort en septembre 67, trois mois après la guerre des six jours qui s’est conclue par une lourde défaite de l’Egypte.


Jeudi 7 novembre à 14h

Le Voyage sur la Lune  d' Hamada Abdel Wahab (Rehla Ela Al Qamar, 1959)
avec Ismaël Yassin (Ismaïl, le chauffeur du minibus), Rushdy Abaza (l’ingénieur Ahmed Roshdy), Safia Tharwat (Stella), Edmond Tuema (Monsieur Charvin), Ibrahim Younes (Monsieur Cosmo), Soad Tharwat (Tula), Gihan (Dana), Hassan Ismaïl (Farid)
Scénario : Hamada Abdel Wahab
Production : Delta Film Productions (Hamada Abdel Wahab)


Monsieur Charvin a terminé la construction de sa fusée. Tout est prêt pour ce grand voyage vers la Lune dont il rêve depuis si longtemps. Il compte bien être le premier homme à s’y poser et à l’explorer. Apprenant l’imminence du décollage de la fusée, l’ingénieur Ahmed Roshdy se rend au centre spatial de Monsieur Charvin afin de récolter un maximum d’informations sur ce qui s’annonce comme une avancée majeure dans la conquête de l’espace. Il est accompagné de journalistes du quotidien Al Akbar al Youm et de leur chauffeur Ismaïl. Sur la base, ils sont accueillis par Monsieur Charvin lui-même qui ne veut absolument pas qu’on photographie son invention. Seul, Ahmed est autorisé à le suivre et à monter dans la fusée. Mais Ismaïl le chauffeur a réussi à échapper à la surveillance des gardiens et il entre lui aussi dans l’engin. Sa présence est aussitôt repérée. Monsieur Charvin le prenant pour un espion, brandit un revolver et s’apprête à tirer. En voulant lui échapper, Ismaïl actionne par inadvertance des manettes du tableau de bord. Catastrophe ! Il vient d’allumer les moteurs. La fusée décolle. Ses trois passagers perdent connaissance. Quand ils retrouvent leurs esprits, la Terre est déjà loin. La suite de l’histoire aura pour cadre la Lune. Les trois astronautes découvriront que le satellite de la Terre est déjà habité par un certain Monsieur Cosmo qui y séjourne avec ses sept filles, aussi jolies les unes que les autres.

Notre avis : un film qui mériterait de devenir culte. Nous sommes très proche de l’esthétique des nanards d’Ed Wood : des décors en carton-pâte, une fusée et des robots tout droit sortis d’un dessin d’enfant, des effets spéciaux « faits maison ». Bref, de la science-fiction considérée comme un art naïf mais dans son genre, « Le Voyage sur la Lune » constitue une réussite éclatante. Les auteurs se sont visiblement inspirés du film américain « Fusée pour la Lune » (Missile to the Moon) de Richard Cunha sorti l’année précédente. Il n’empêche que la "copie" égyptienne nous semble bien supérieure à son modèle.
Et pour ne rien gâcher, les sept actrices qui incarnent les filles de Monsieur Cosmo sont d’une beauté à couper le souffle. Dans l’une des séquences du film, cinq d’entre elles exécutent une danse incroyable, très loin du style oriental habituel. La jeune femme au corps de déesse qui joue Stella, l’amoureuse de l’ingénieur Ahmed Rushdy, s’appelle Safia Tharwat. Elle fera une carrière d’actrice très brève car elle était avant tout une sportive de premier plan. Elle sera notamment à l’origine du développement en Egypte de la nage synchronisée. Tant pis pour le cinéma...


Mercredi 6 novembre à 18h30

Le Monstre de Salah Abou Seif (El Wahsh, 1954)
avec Anwar Wagdi (l’enquêteur), Samia Gamal (la danseuse), Mahmoud El Meleigy (Abdel Sabour), Abbas Fares (Radwan Pacha), Samiha Ayoub (la femme de l’enquêteur), Mohamed Tawfik (le mari de la danseuse), Omar El Gizawi (le domestique de l’enquêteur), Tousoun Motamad (homme de main du monstre), Ibrahim Moheb (le maire), Ahmed El-Hamaky (Hindawi), Fifi Sayed (la femme d’Hindawi), Ibrahim Hechmat (le chef de la police locale), Soleiman El Gendy (le fils de l’enquêteur)
Scénario : Naguib Mahfouz, Salah Abu Seif, El Sayed Bedeir
D’après l’histoire vraie du tueur en série Mohamed Mansour (1907-1947)
Musique et chansons : Fouad El Zahry, Ahmed Sedqi, Abdel Halim Nawira, Abdel Fattah Mustafa
Production : Pierre Zerbanelli
Le Monstre faisait partie des films en compétition au Festival de Cannes de 1954 (Président du jury : Jean Cocteau)


Western. Abdel Sabour est à la tête d’un gang qui fait régner la terreur dans un petit village de Haute-Egypte. Il force les paysans à lui vendre leurs terres à vil prix. Si ceux-ci résistent, il fait enlever leurs enfants et réclame une rançon. Abdel Sabour jouit d’une totale impunité car il est protégé par Radwan Pacha à qui il rend de précieux services lors des élections. Les autorités finissent par s’émouvoir d’une telle situation. Un officier de police s’installe avec femme et enfant dans le village. Sa mission : démanteler le gang et rétablir l’ordre…

Notre avis : Un très grand film. L’année précédente, Salah Abou Seif et son scénariste, l’écrivain Naguib Mahfouz, avaient réalisé un thriller sur Raya et Sakina, les célèbres tueuses en série d’Alexandrie. Cette fois-ci, ils s’intéressent à un criminel qui terrorisa paysans et villageois en Haute-Egypte dans les années quarante. Pour ce second opus rural, les références sont clairement du côté du western américain avec cet officier de police qui va devoir affronter pratiquement seul le truand et ses sbires. Le film prend une dimension politique dans sa dénonciation de la complicité qui unit le criminel et le notable, chacun trouvant dans l’autre un allié de poids pour affermir sa puissance et accroître sa fortune. Dans le rôle de l’officier de police, on retrouve Anwar Wagdi dont le choix nous laisse perplexe comme pour le film précèdent. En revanche, Mahmoud El Meleigy et Samia Gamal sont remarquables en amants diaboliques. C’est à propos de ce film que le critique français Georges Sadoul utilise pour la première fois l’expression « thriller social » pour en souligner le réalisme et le caractère quasi documentaire.


Mardi 5 novembre à 16h

La Fin de l’Amour d’Hassan El Seifi (Nihayat Hobb, 1957)
avec Sabah (Sawsan), Chukry Sarhan (Ahmed), Magda (Fatma), Serag Mounir (le père de Sawsan), Ferdoos Mohamed (la mère de Fatma), Adli Kasseb (le juge), Abdel Salam Al Nabulsi (le soupirant de Sawsan), Olwiya Gamil (la mère d’Ahmed), Mahmoud El Meleigy (le père d’Ahmed)
Scénario : Mohamed Othman
D'après "The Place in the Sun", film américain de George Stevens (1951) avec Elizabeth Taylor et Montgomery Clift.
Musique : Atiah Sharara 
Production : Les Studios Misr et les Films Hassan El Seifi


Drame sentimental. Fatma est très amoureuse de son voisin Ahmed et elle l’aide financièrement en lui versant une partie de son salaire. Même quand il est condamné à de la prison pour cambriolage, elle continue à l’aimer. Après sa libération, c’est encore grâce à Fatma qu’Ahmed trouve un emploi dans l’usine où elle travaille. Mais le jeune homme fait la connaissance de Sawsan, la fille du patron. Cette dernière n’est pas insensible au charme de ce nouvel employé et elle l’invite à la fête qu’elle donne pour son anniversaire. Lors de cette soirée, Ahmed boit plus que de raison et il rentre chez lui passablement alcoolisé. Dans l’escalier de l’immeuble, il tombe nez à nez sur Fatma qui l’attendait. Il se jette sur elle et la force à avoir un rapport sexuel. Après cette fête d’anniversaire, les relations entre Sawsan et Ahmed sont de plus en plus tendres. Ils passent de longues heures ensemble. Le père de la jeune femme ne voit pas d’un mauvais œil cette idylle naissante…

Notre avis : un remake honorable d'un chef d'oeuvre du cinéma américain même si Sabah n' a évidemment pas le magnétisme d'Elizabeth Taylor. Dans ce film, la chanteuse libanaise capte toute la lumière grâce à son abattage légendaire mais son personnage, très superficiel ne présente pas un grand intérêt. En revanche, celle qui retient l’attention du spectateur c’est l’autre vedette féminine du film, Magda qui par son jeu tout en retenue exprime avec une grande sensibilité les tourments de son personnage. L’une des plus belles scènes de ce drame, c’est assurément celle où Magda et Shukry Sarhan, sensationnel en jeune homme lâche et veule, se retrouvent en pleine nuit dans la cage d’escalier de leur immeuble : quelques paroles chuchotées, quelques gestes esquissés, de longs regards échangés et tout est dit.


Lundi 4 novembre à 18h30

La Boulangère d'Hassan Al Imam (Baiat al khoubiz, 1953)

avec Amina Rizq (Khadija/Halima), Shadia (Nehmat, la fille de Khadija), Magda Al Sabahi (Nelly Abdul Hakim, la fille de Raïs Abdul Hakim), Zaki Rostom (Raïs Abdul Hakim/Gharib Abu Shamah), Omar El Hariri (Sami, le fils de Khadija), Soliman Naguib (Shafiq, le peintre, neveu de l’imam), Chukry Sarhan (l’ingénieur Medhat, le fils du directeur assassiné), Mahmoud Shoukoko (le livreur de pain), Hussein Riad (Massoud, le complice d’Abdul Hakim), Thoraya Helmy (une amie de Nehmat), Ibrahim Hechmat (le directeur de l’usine), Tousoun Motamad (faux témoin)
Scénario : El Sayed Bedeir et Hassan Al Imam
Musique et chansons : Berlanty, Abdel Halim Hafez, Fathy Qoura, Mahmoud Al Sharif, Hussein Guenid


La Boulangère est l’adaptation du roman de l’écrivain français Xavier de Montépin, La Porteuse de Pain (1884).

Mélodrame. Après la mort de son mari, Khadija reste seule avec son jeune fils. Elle a confié sa fille à un parent. Elle habite un appartement dans l’enceinte de l’usine où travaillait le défunt. Raïs Abdul Hakimn, le contremaître, tourne autour de la jolie veuve mais celle-ci a toujours repoussé ses avances. Désespéré, il lui écrit une lettre dans laquelle il lui redit son amour et lui annonce qu’il provoquera un incendie dans l’enceinte de l’usine et s’emparera d‘une invention qui le rendra immensément riche. Après l’avoir lue, Khadija jette la lettre mais elle ne voit pas que son fils l’a récupérée et qu’il l’a cachée dans son petit cheval de bois. Le contremaître met son plan à exécution : à la nuit tombée, il se rend dans le bureau du directeur de l’usine, vide le coffre-fort et met le feu dans la pièce. En quittant le bureau, il tombe sur le directeur qu’il étrangle. Il se rend ensuite chez Khadija pour la supplier de fuir avec lui. Elle refuse. De dépit, Raïs Abdul Hakim fait croire à tous les ouvriers que c’est la veuve qui a provoqué l’incendie à l’usine. Khadija a trouvé refuge chez l’imam de la mosquée mais elle est arrêtée peu après et comparaît en justice. Le tribunal la condamne aux travaux forcés. Elle perd la raison et elle est internée dans un hôpital psychiatrique. Les années passent, elle recouvre la raison et apprend que l’imam à qui elle avait confié son fils est mort et qu’on n’a plus aucune trace de ses deux enfants. Après l’hôpital, elle retrouve la prison mais elle s’évade. Elle se rend au Caire…

Notre avis : un superbe mélodrame. Hassan Al Imam adorait la littérature française et il goûtait tout particulièrement les romans-feuilletons du XIXe siècle avec leur foisonnement de péripéties dramatiques et de coups de théâtre parfois bien improbables . En 1948, il avait déjà adapté avec succès « les Deux Orphelines » d'Ennery et d’Eugène Cormon. Cette fois-ci, il s’attaque avec le même bonheur à « la Porteuse de Pain ». Hassan Al Imam et son scénariste sont parvenus à conserver de manière très fidèle les multiples fils de l’intrigue du roman français, tout en les transplantant dans l’Egypte de leur époque. Le film dure plus de deux heures mais on ne voit pas le temps passer : chaque séquence comporte son lot de révélations qui tient en haleine le spectateur. L’interprétation est remarquable et Zaki Rostom en criminel hanté par son passé nous offre l’une de ses plus belles prestations.

 
Dimanche 3 novembre à 15h

Lettre d’Amour d'Henry Barakat (Risalat Gharam, 1954)
avec Farid Al Atrache (Wahid), Maryam Fakhr Eddine (Elham/Widad), Kamal Al Shennawi (Rafaat), Hussein Riad (Professeur Sami), Abdel Salam El Nabolsi (Dabour), Omar El-Hariri (Samir), Zomoroda (Mimi), Thuraya Fakhry (Anayat Haneim), Abdel Aziz Hamdy (le père d’Ilham), Hind Rostom (Latifa), Aly Abd El Al (oncle de Wahid), Abbas Rahmy (le bijoutier)
Scénario : Youssef Issa et Henry Barakat
D’après un roman de l’écrivain français, Alphonse Karr, Sous les Tilleuls (1832)
Musique : Farid Al Atrache, Mamoun Al Shinnawi, Saleh Gawdat
Production : Films Farid Al Atrache


Wahid, un vieux chanteur couvert de gloire, se souvient de sa jeunesse et de son seul amour : la jeune femme s’appelait Elham et ils étaient follement amoureux l’un de l’autre. Ils s’étaient juré une fidélité éternelle et rêvaient de se marier. Wahid fit sa demande en mariage au père de sa bien aimée mais celui-ci s’opposa catégoriquement à ce projet : Wahid, qui rêvait de faire carrière dans la chanson, était trop pauvre. Il décida alors de se consacrer entièrement à son art pour gagner la gloire et la fortune et ainsi obtenir la main d’Elham. Malheureusement, l’un de ses amis, profitant de son retrait parvint à conquérir la jeune femme et à l’épouser…

Notre avis : on est un peu étonné d’apprendre que ce drame sentimental est inspiré d’une œuvre d’un écrivain français du XIXe siècle complétement oublié aujourd’hui. Alphonse Karr (1808-1890) a écrit u nombre considérable de romans évoquant des histoires d’amour compliquées avec des héros et surtout des héroïnes à la sensibilité exacerbée. Les auteurs de « Lettre d’Amour » ont trouvé dans « Sous les Tilleuls » tous les ingrédients d’un bon mélodrame. Le sentimentalisme du film a certes un peu vieilli mais le personnage du « méchant » incarné par l’impeccable Kamel Al Shennawi retient l’attention du spectateur jusqu’à la fin. Cet « ami » du héros qui détruit tout autour de lui avec un cynisme ahurissant fait partie de la grande famille des « monstres » qu’on adore détester. On peut voir aussi dans l’une des scènes du film, la toute jeune Hind Rostom qui ne parvient pas à troubler le héros malgré sa manière très suggestive d’enfiler ses bas !


Vendredi 1er novembre à 18h30

Monsieur Omar de Niazi Mostafa (Si Omar, 1941)
avec Zouzou Chakib (Lola, la sœur d’Omar), Naguib Al Rihani (Gaber/Omar), Mohamed Kamal El Masry (Gamil Bey, l’oncle d’Omar), Abd El Fatah El Kosary (Abdul Majid Sattour, le complice de Berlanta), Mimi Chakib (Berlanta), Stefan Rosti (l’avocat), Serag Mounir (le cousin d’Omar), Eglal Zaki (la chanteuse), Ali Kamal (l’employé indélicat), Mary Moneib (la tante d’Omar), Victoria Hobeika (la mère d’Omar), Abdel Aziz Khalil (le directeur de la pension), Abdel Aziz El Gahely (le vieux serviteur), Ali Abd El Al (le commerçant), Ahmed Shoukry (l’astrologue indien), Abdel Aziz Al Ahmed (Kawara, le voleur de rue), Eskandar Menassa (le traducteur de l’astrologue)
Scénario : Naguib Al Rihani et de Badie Khairy d’après la pièce du premier Si j’étais beau (1938). Musique : Mohamed Hassan Al Shugai, Riad Al Sonbati, Badyah Sadek, Ibrahim Hussein, Mohamed El-Kahlawy
appréciation : 3/5


Gaber est un modeste employé travaillant dans l’exploitation agricole du très puissant Omar Al Alfy. Un jour il découvre dans les comptes du domaine de nombreuses irrégularités. Il en informe la direction. On le licencie aussitôt. Gaber décide de monter au Caire pour trouver du travail. Dans le train il se retrouve en compagnie d’une jeune femme très séduisante et d’un homme à la mine patibulaire. Ce dernier est un chef de gang du nom d’Abdel Majid Satour. Il est recherché par la police et pour échapper à l’arrestation en gare du Caire, il glisse un collier de très grande valeur dans la poche de Gaber. La jeune femme a surpris la manœuvre du voleur. En descendant du train, Abdel Majid Satour est intercepté par la police. La jeune femme en profite pour entraîner chez elle Gaber afin de récupérer le collier. Elle parvient à faire croire au pauvre employé qu’elle est la propriétaire de ce bijou et qu’elle pourrait très bien le dénoncer pour ce vol. Gaber la supplie de n’en rien faire. Cette femme qui se prénomme Berlanta est à la fois amusée et intriguée par sa « victime ». Elle est amusée par sa naïveté mais aussi intriguée par sa ressemblance frappante avec le milliardaire Omar Al Alfy dont elle prétend être l’épouse mais qui vit depuis plus de vingt en Inde. Elle est bien décidée à exploiter cette similitude. En attendant, Gaber se retrouve à la rue, ne sachant où dormir, et c’est la malchance qui le poursuit impitoyablement : il tombe entre les griffes d’un voleur qui le dépouille de tout ce qu’il possède, puis il se retrouve nez à nez avec Abdel Majid Satour. Ce dernier est très heureux de cette rencontre : il a cherché Gaber dans tous les hôtels de la ville afin de récupérer son collier. Quand Satour comprend que Gaber ne l’a plus, il décide de le séquestrer dans son repaire. Il va même le forcer à devenir un voleur comme lui. Un jour, Gaber voit par la fenêtre Berlanta monter dans une voiture. Avec Satour, il décide de la suivre. C’est ainsi qu’ils se retrouvent devant le palais de la famille d’Omar Al Alfy. Les domestiques qui les reçoivent sont convaincus d’être en présence de leur maître de retour après une si longue absence…

Si Omar est la deuxième collaboration entre Naguib Al Rihani et Niazi Mostafa. La première était Salama fi Khair (Salama va bien, 1937) qui figure dans la liste des cent meilleurs films de l’histoire du cinéma égyptien.

Notre avis : cette comédie se compose de deux parties aux styles très différents. Dans la première heure du film, on assiste à l’arrivée de Gaber au Caire après son renvoi. Il tombe sous la coupe du terrible Abd Al Majid Satour et progressivement devient son complice. Le réalisateur a fait ses études cinématographiques en Allemagne et l’influence de certains cinéastes européens est évidente dans la manière d’évoquer le petit peuple, honnête ou pas, de la capitale égyptienne. Les scènes se déroulant dans le repaire d’Abd Al Majir Satour rappellent aussi bien le réalisme poétique français que l’expressionnisme allemand.
La seconde partie, moins originale que la précédente, se passe dans un lieu unique : Gaber et son mentor s’installent dans l’hôtel particulier de la famille de Si Omar. Nous retrouvons l’atmosphère des comédies conventionnelles se déroulant dans un milieu aisé avec domestiques, jeunes femmes élégantes et messieurs en smoking. Le tout est un peu théâtral mais le talent du grand acteur Naguib Al Rihani nous fait bien vite oublier ce petit défaut.