ولد وبنت والشيطان
Hassan Youssef a réalisé un garçon, une fille et le Diable en 1971.
Distribution : Biligh Habashy, Nagla Fathy, Hassan Youssef, Brigitte Haryar ( ?), Naeima Wasfi, Ahmed El-Gezeiry, Abdelbadie El Arabi, Nour Al Sherif, Zizi Mustafa, Samir Ghanem
Scénario : Mohamed Salem
Musique : Baligh Hamdy
Zizi Mustafa et Samir Ghanem |
Nour Al Sherif |
Nagla Fathy |
Brigitte Haryar et Hassan Youssef |
Brigitte Haryar et Hassan Youssef |
Ahmed El-Gezeiry et Naeima Wasfi |
Brigitte Haryar |
Biligh Habashy |
Abdelbadie El Arabi |
Résumé
Adel quitte sa famille et sa fiancée Fayza pour tenter sa chance en Europe. Il s’installe à Munich. Avec un ami installé depuis longtemps en Allemagne, Adel découvre les multiples plaisirs que l’occident offre à profusion : alcool, sexe, drogue. Il rencontre Monica, une jeune femme libre et sensuelle. Ensemble, ils voyagent à travers l’Europe. Ils se promènent au pied le la Tour Eiffel, ils grimpent sur les cimes enneigées des Alpes, ils se baignent dans de grands lacs transparents. A son retour à Munich, une triste nouvelle l’attend : Fayza lui a écrit pour lui annoncer que son père est gravement malade. Adel est bouleversé. Peu après, lors d’une soirée dans une boite, il s’aperçoit que Monica flirte avec un jeune homme. Il décide de rompre et de chercher sérieusement un travail. Malheureusement, c’est beaucoup plus difficile qu’il ne le pensait. Sans ressources, il ne peut plus payer son loyer. Il dort dans les rues. L’ami qui l’avait accueilli à son arrivée en Allemagne est ému par sa condition misérable. Il décide de l’aider : il lui offre son billet retour pour l’Egypte. Adel retrouve les siens et surtout Fayza qu’il a failli perdre pour toujours.
Critique
Un garçon, une Fille et le Diable est la première réalisation d’Hassan Youssef. C’est un film à thèse dans lequel l’acteur réalisateur producteur met en garde les jeunes égyptiens tentés par l’émigration. A travers l’histoire d’Adel il montre que le départ pour l’’Europe n’est pas la solution à leurs problèmes. En France ou en Allemagne . ils ne trouveront que l’exclusion et la misère et ne récolteront que des désillusions. Ainsi, le film est construit sur l’opposition entre le pays natal et l’occident. D’un côté, les vraies valeurs : la solidarité, l’affection, la famille ; de l’autre la liberté totale qui conduit à l’extrême débauche : le sexe, l’alcool, la drogue. Et cette liberté, le jeune émigré la paiera au prix fort. Il devra subir l’exploitation et pour finir la solitude.
Avec ces belles intentions moralisatrices, on pouvait craindre le pire. Pourtant le film n’est pas déplaisant car le regard que porte Hassan Youssef sur ses personnages est empreint d’une grande innocence. Il ne joue pas les prédicateurs ombrageux qui vouent aux flammes de l’enfer les Sodome et Gomorrhe d’aujourd’hui. Sans jamais se départir de son équanimité naturelle, il nous présente l’Europe comme le fruit défendu : savoureux mais empoisonné. Et cette ambivalence, Hassan Youssef devait l’éprouver au plus profond de son être car après avoir collaboré aux films les plus osés des années soixante-dix, il optera la décennie suivante pour la pratique religieuse la plus stricte avec sa seconde épouse, la sulfureuse Chams Al Baroudi (Rappelons que le couple redécouvrira la foi après un pèlerinage à la Mecque en 1980).
Bien sûr, nous retrouvons dans Un garçon, une Fille et le Diable tous les poncifs du cinéma populaire de l’époque. Les différents pays européens traversés par le héros sont évoqués façon carte postale : Venise et ses gondoles, Athènes et son Acropole, Paris,et sa Tour Eiffel. On retrouve aussi l’esthétique du cinéma érotique des années soixante-dix: des scènes de baisers lascifs dans des décors exotiques (L’Allemagne a remplacé la Thaïlande !) avec un accompagnement musical dans le style de Burt Bacharach. A noter qu’Adel et Monica font souvent l’amour à l’extérieur, ce qui nous vaut cette séquence incroyable dans laquelle on les voit entièrement nus se livrer debout à leur exercice favori, à peine dissimulés par le tronc d’un arbre rachitique qui ne cache de leur anatomie que le strict nécessaire. Précisons, en passant, que la jeune actrice européenne qui joue le rôle de Monica est d’une beauté et d’une sensualité sensationnelles. Il semblerait qu’elle n’ait tourné que dans ce seul film.
Enfin, Un Garçon, une Fille et le Diable n’est pas aussi manichéen que cette chronique pourrait le laisser penser : concernant l’Egypte, Hassan Youssef dénonce le harcèlement sexuel (déjà en 1971 !) dont sont victimes les femmes dans les transports en commun et les lieux publics. Un exemple : le héros et sa fiancée vont au cinéma, ce qui nous vaut quelques secondes du générique d’un navet britannique « The Last Shot You Ear » de 1969 qui raconte une liaison torride entre deux personnages d’âge mûr. Dans la salle, beaucoup d’hommes très excités par les images gentiment sensuelles du film. Ils tiennent des propos salaces et tentent de toucher l’héroïne. L’atmosphère devient explosive. Adel et Fayza doivent quitter la salle précipitamment.
Au final, ce film est une bonne surprise. Si ses qualités artistiques peuvent parfois sembler minces, en revanche, c’est un document très intéressant sur le regard qu’un jeune arabe au début des années 70 porte sur le monde occidental, mêlant les clichés et les fantasmes, le désir et le rejet.
Avec ces belles intentions moralisatrices, on pouvait craindre le pire. Pourtant le film n’est pas déplaisant car le regard que porte Hassan Youssef sur ses personnages est empreint d’une grande innocence. Il ne joue pas les prédicateurs ombrageux qui vouent aux flammes de l’enfer les Sodome et Gomorrhe d’aujourd’hui. Sans jamais se départir de son équanimité naturelle, il nous présente l’Europe comme le fruit défendu : savoureux mais empoisonné. Et cette ambivalence, Hassan Youssef devait l’éprouver au plus profond de son être car après avoir collaboré aux films les plus osés des années soixante-dix, il optera la décennie suivante pour la pratique religieuse la plus stricte avec sa seconde épouse, la sulfureuse Chams Al Baroudi (Rappelons que le couple redécouvrira la foi après un pèlerinage à la Mecque en 1980).
Bien sûr, nous retrouvons dans Un garçon, une Fille et le Diable tous les poncifs du cinéma populaire de l’époque. Les différents pays européens traversés par le héros sont évoqués façon carte postale : Venise et ses gondoles, Athènes et son Acropole, Paris,et sa Tour Eiffel. On retrouve aussi l’esthétique du cinéma érotique des années soixante-dix: des scènes de baisers lascifs dans des décors exotiques (L’Allemagne a remplacé la Thaïlande !) avec un accompagnement musical dans le style de Burt Bacharach. A noter qu’Adel et Monica font souvent l’amour à l’extérieur, ce qui nous vaut cette séquence incroyable dans laquelle on les voit entièrement nus se livrer debout à leur exercice favori, à peine dissimulés par le tronc d’un arbre rachitique qui ne cache de leur anatomie que le strict nécessaire. Précisons, en passant, que la jeune actrice européenne qui joue le rôle de Monica est d’une beauté et d’une sensualité sensationnelles. Il semblerait qu’elle n’ait tourné que dans ce seul film.
Enfin, Un Garçon, une Fille et le Diable n’est pas aussi manichéen que cette chronique pourrait le laisser penser : concernant l’Egypte, Hassan Youssef dénonce le harcèlement sexuel (déjà en 1971 !) dont sont victimes les femmes dans les transports en commun et les lieux publics. Un exemple : le héros et sa fiancée vont au cinéma, ce qui nous vaut quelques secondes du générique d’un navet britannique « The Last Shot You Ear » de 1969 qui raconte une liaison torride entre deux personnages d’âge mûr. Dans la salle, beaucoup d’hommes très excités par les images gentiment sensuelles du film. Ils tiennent des propos salaces et tentent de toucher l’héroïne. L’atmosphère devient explosive. Adel et Fayza doivent quitter la salle précipitamment.
Au final, ce film est une bonne surprise. Si ses qualités artistiques peuvent parfois sembler minces, en revanche, c’est un document très intéressant sur le regard qu’un jeune arabe au début des années 70 porte sur le monde occidental, mêlant les clichés et les fantasmes, le désir et le rejet.
Appréciation : 3/5
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