mardi 29 avril 2025

Les réalisateurs : Hassan Helmy (1914-1966)

 حسن حلمي

Hassan Helmy est un acteur, scénariste et réalisateur égyptien né le 15 juillet 1914.

Il étudie le théâtre à Londres pendant plusieurs années puis rentre en Egypte en 1940. Il commence sa carrière cinématographique comme acteur et comme assistant réalisateur.

Hassan Helmy tourne son premier film en 1946, La Femme du Pacha (Haram Al Pacha) avec Ismaël Yassin et Amina Sherif.

Il réalisera en tout 14 fims et mettra fin à sa carrière égyptienne en 1952, année de la chute du roi Farouk et de l’arrivée au pouvoir des officiers libres.

Il semblerait qu’il se soit ensuite installé aux Etats-Unis et qu’il ait travaillé comme assistant de production à Hollywood.

Il meurt à Paris en 1966.

Sa filmographie ne comporte rien de notable et certains de ses films ont même disparu.


Un seul film d'Hassan Helmy a fait l'objet d'une présentation dans ce blog :


La Maison des Escrocs (beit el nattash, 1952)
avec Shadia (Malabesa), Ismail Yassin (Sukar, le cousin de Malabesa), Mohammad Kamal El Masry (Ghandour), Zinat Sedki (Madame Nafusa, la mère de Malabesa), Abd El Fatah El Kosary (Monsieur Saadoun), Zouzou Mohamed (la danseuse Souad), Abdel Salam Al Nabulsi (Mahboub Ghandour), Elias Moadab (Limoun), Othman Abaza (Khalil), Abbas Al Balidi (le chanteur), Mohsen Hassanein (Nadal)
Scénario : Nagdy Hafez, Ali Kamel Fahmy, Mohamed Metwally
Musique : Izzat El Gahely, Mohamed Elshref, Abbas Al Blaidi, Ahmed Sabra
Paroles des chansons : Fathy Koura


Ghandour est un escroc qui a tenté de duper Madame Nafusa dans l’achat d’une maison. Avant qu’elle ne s’aperçoive qu’elle a signé un faux contrat, il lui propose le mariage. Mais Madame Nafusa refuse d’envisager une nouvelle union tant que sa fille Malabesa est célibataire. Qu’à cela ne tienne, Ghandour a un fils, Mahboub, qui fera un excellent époux pour la jeune femme. Ce Mahboub est le portrait craché de son père, menteur et malhonnête comme lui. C’est alors que reparaît Sukar, le cousin de Malabesa. Le jeune homme vivait au Soudan où il a fait fortune comme commerçant. Très vite, les deux cousins vont se plaire mais Ghandour ne s’avoue pas vaincu : son fils épousera Malabesa…

Notre avis : l’avant dernier film d’Hassan Helmy dont la carrière cinématographique s’étendra sur à peine dix ans. Le film réunit des grands noms de la comédie de l’époque comme Ismaïl Yassin, Abdel Salam El Nabolsi ou bien Zinat Sedky. Shadia y tient le rôle principal féminin. Elle n’a que vingt et un ans et c’est déjà une star que tous les producteurs et cinéastes s’arrachent. En 1952, année de la sortie de « La Maison des Escrocs », elle est à l’affiche de douze autres films ! Malgré sa distribution « haut de gamme » , cette comédie ne décolle jamais. La mise ne scène est balourde, aucun sens de l’action, aucune invention, aucun gag. C’est étrange de vouloir réaliser une comédie quand on est manifestement si peu doué pour le comique. Les premières scènes sont particulièrement laborieuses. On va d’entretien en entretien entre personnages qui, assis autour d’une table, enchaînent les répliques avec la régularité et l’expressivité d’un métronome. Sans doute est-ce dû à une situation de départ inutilement complexe que le réalisateur a toutes les peines du monde à rendre intelligible. Bref, on s’ennuie et les acteurs aussi.

mercredi 16 avril 2025

A la télé : les films du jour (Rotana Classic du 16 au 30 avril)

روتانا كلاسيك

Quels films peut-on voir sur la chaîne Rotana Classic ? Les horaires donnés sont ceux de l'après-midi ou de la soirée (heure de Paris). La plupart des films sont ensuite rediffusés le lendemain matin.
Rotana Classic a remplacé Rotana Zaman en 2012. Cette chaine fait partie du groupe Rotana basé en Arabie Saoudite et spécialisé dans le divertissement (télévision et musique). Celui-ci a été créé par le prince Al-Walid ben Talal ben Abdelaziz Al Saoud, membre de la dynastie Al Saoud et petit-fils du fondateur de l'Arabie Saoudite. Comme son nom l’indique, Rotana Classic diffuse essentiellement les grands classiques du cinéma égyptien. Disponible en France.


Mercredi 30 avril à 16h

Le Pain Quotidien de Niazi Mostafa (Lukmet el aish, 1960)
avec Salah Zulficar (Mohsen), Maha Sabry (Samia), Adel Khairy (Fathy), Zouzou Madi (Madame Monira, la propriétaire de la pension), Hassan Fayek (le père de Samia), Said Abou Bakr (Basiony, le cousin de Samia), Abdel Halim Khattab (Ghazal, l’ancien gestionnaire du domaine), Houda Tawfiq (Kawthar, la fiancée de Fathy), Salwa Mahmoud (Mabrouka, une paysanne), Abbas Rahmy (le médecin)
Scénario : Abdel Fattah El Sayed, Mostafa Fouad, Niazi Mostafa
Musique de générique : Steve Bretton (Becky)Production : Les Films du Nouveau Monde (Mostafa Hassan)


Fathy et Moshen sont deux amis sans emploi. Il leur faut trouver de l’argent au plus vite pour payer la pension dans laquelle ils résident. Mohsen tombe sur une petite annonce dans un journal : une entreprise agricole recherche un responsable technique. Il se rend à l’adresse indiquée. En chemin, il sauve une jeune femme qui s’apprêtait à être piétinée par un troupeau de vaches. Ils font connaissance. Elle s’appelle Samia et elle est la fille du propriétaire du domaine où se rend Moshen. Elle est aussitôt tombée amoureuse de son sauveur et elle espère bien qu’il sera embauché. Mohsen passe avec succès les épreuves auxquelles on soumet tous les candidats mais pour obtenir le poste, il doit remplir une dernière condition, être marié. La solution est toute trouvée : Fahti s’habillera en femme et se fera passer pour l’épouse de son compagnon…

Notre avis : une comédie divertissante reposant sur un procédé qui n’est pas bien original : le travestissement de l’un des héros. Cela nous vaut un certain nombre de gags qu’on a déjà vus et qu’on reverra, les auteurs de comédies ne se lassant pas de ce ressort comique depuis la fameuse prestation d’Ismaïl Yassin dans "Mademoiselle Hanafi". Dans notre film, c’est à Adel Khairy* qu’échoit la charge de revêtir la robe et il ne s’en sort pas si mal. Ce « Pain Quotidien » se regarde sans déplaisir, en grande partie grâce à la présence de Maha Sabri, l’une des plus jolies actrices de l’époque, qui joue et chante à ravir.
*Adel Khairy est une figure attachante du monde artistique. Multi diplômé en droit, en économie et en théologie, il choisit la carrière théâtrale au milieu des années cinquante. Il jouera dans une quinzaine de pièces mais dans deux films seulement. Il mourra à l’âge de trente-deux ans.


Mardi 29 avril à 20h30

Jeunesse Très Folle de Niazi Mustafa (Shabab magnoun geddan, 1967)

avec Soad Hosny (Madiha), Mimi Chakib (la femme de Youssef), Samir Sabri (Esmat), Samir Ghanem (Rahfat), George Sedhom (Ishmat), Ahmed El Deif (Afat) , Ahmed Ramzy (Medhat, le fils de Youssef), Hoda Farid (Mona, la fille de Youssef), Ibrahim Zada (le maître d’hôtel de Youssef), Amin El Heneidy (Youssef, le propriétaire du casino)
Scénario : Abdel Hay Adib et Abou Al Seoud Al Ebiary
Musique : Hussein El Sayed et André Ryder


Comédie musicale avec les Trois Lumières du Théâtre.
Le groupe de musique pop « Les Fous » est composé de trois frères et de l’un de leurs amis, Esmat. Ils viennent de décrocher un contrat au casino de la plage de Mamoura à Alexandrie mais avant de partir, Esmat veut obtenir la main de Madiha, la sœur de ses trois partenaires. Ce n’est qu’à cette condition qu’il acceptera de poursuivre son activité au sein du groupe. Malheureusement pour lui, Madiha est une étudiante en art dramatique qui ne se laisse pas dicter sa conduite. Elle refuse catégoriquement ce mariage, Esmat restera donc au Caire. Pour honorer leur contrat, les trois frères et leur sœur ont une idée : c’est Madiha elle-même qui remplacera Esmat. Elle se déguisera en garçon et grâce à son talent de comédienne, tout le monde n’y verra que du feu. Dès leurs premiers concerts, le groupe rencontre un vif succès auprès des jeunes estivants et Madiha jongle sans peine avec ses deux identités. Tantôt elle est la sœur de ses trois frères, tantôt, elle se travestit en homme pour devenir Esmat, le guitariste des Fous. La jeune femme est néanmoins confrontée à des situations un peu délicates : Medhat, le fils du propriétaire du casino est tombé amoureux de Madiha tandis que Mona, sa soeur, éprouve une véritable passion pour Esmat…

Notre avis : une comédie « yéyé » avec des jeunes qui dansent sur la plage et une poignée de comiques qui chantent avec entrain. Ironie mise à part, un très bon divertissement. Soad Hosny est irrésistible et les Trois Lumières du Théâtre moins crispantes que de coutume. L’un des rôles principaux est tenu par Amin El Heneidy qui à cette époque fait partie du petit nombre de prétendants à la succession d’Ismaïl Yassin comme roi de la comédie (son concurrent le plus sérieux est Fouad El Mohandes.). Dans ce film on le retrouve fidèle à lui-même, tout en grimaces et vocalises burlesques, mais on sent que le réalisateur a cherché à le tempérer.
A noter que « Jeunesse très Folle » sort en septembre 67, trois mois après la guerre des six jours qui s’est conclue par une lourde défaite de l’Egypte.


Dimanche 27 avril à 20h30

Ismaël Yassin dans la Police de Fateen Abdel Wahab (Ismaïl Yassin fel Police, 1956)
avec Ismail Yassin (Zaki), Hussein Qandil (un officier de police), Ellen Deatto (la voisine de Zaki), Zahrat Al Oula (Sania), Zinat Sedki (la mère de Gamala), Roshdy Abaza (Roshdy, le fiancé de Gamala), Sherifa Mahear (Gamala), Reyad El Kasabgy (un agent de police), Mohamed Shawki (un soldat), Hassan Hamed (un voleur), Mohsen Hassanein (un agent de police), Ali Rushdy (le père de Sania), Noura (la danseuse), Ali Abd El Al (le pharmacien), Salah Abdel Hamid (le chanteur)
Scénario : Fateen Abdel Wahab, El Sayed Bedeir, Mahmoud Sobhy
Musique : Fouad El Zahery
Production : Abbas Helmy


Zaki est un policier débutant, plein de bonne volonté mais très maladroit. Une nuit alors qu’il patrouille, il tombe sur deux malfrats en train de dévaliser l’appartement de madame Shamma. Il arrête l’un des voleurs mais son complice parvient à s’échapper. De retour au commissariat, Zaki conduit son homme en cellule puis accompagne au bureau de l’officier enquêteur un autre individu. Il ne sait pas que ce dernier qu’il prend pour un malfrat travaille en fait pour la police. Il est justement chargé d’infiltrer le gang auquel appartient le voleur que Zaki a arrêté. Epuisé par cette nuit bien remplie, notre policier débutant rentre chez lui. Dans son immeuble, il retrouve la jeune femme dont il est amoureux. L’entrevue tourne à la dispute : la demoiselle lui reproche ses horaires de travail et elle ne lui cache pas qu’elle est très attirée par un autre garçon qui habite l’immeuble. Zaki est évidemment très déçu. Sur le plan professionnel, la situation va aussi se dégrader : une nuit, il arrête l’homme rencontré au commissariat alors que celui-ci a pris en filature le chef du gang qui terrorise la ville. Par son intervention, Zaki fait échouer toute l’opération…

Notre avis : Fateen Abdel Wahab et Ismaël Yassin vont tourner entre 1955 et 1959, six films à la gloire de l’armée et de la police. Le premier, c’est en 1955, « Ismaël Yassin à l’armée ». Le deuxième, c’est celui-ci, « Ismaël Yassin dans la police ». Il débute par un texte dans lequel les producteurs remercient le ministère de l’intérieur de son aide et déclarent que leur principal objectif a été de changer l’image des policiers en montrant qu’ils sont des citoyens ordinaires, des êtres humains avec leurs soucis et leurs joies. Effectivement, ce qui est tout à fait étonnant dans ce film, c’est qu’on n’assiste pas à une « héroïsation » des forces de l’ordre. Bien au contraire, le personnage principal incarné par Ismaël Yassin est un policier au bas de l’échelle d’une incompétence absolue (même si le dénouement lui donnera l’occasion de se racheter). De sorte que la comédie ne cède jamais devant les exigences de la propagande et que l’on peut encore apprécier ce film de commande. Une autre singularité d’ « Ismaël Yassin dans la Police », c’est son rythme débonnaire. Pas d’actions d’éclat, pas de courses poursuites, pas de bagarres mais on nous montre des policiers paisibles, au travail et surtout dans leur vie quotidienne. Et c’est ainsi que l’œuvre de propagande annoncée devient une chronique attachante sur des hommes et des femmes d’un quartier populaire de la capitale.


Samedi 26 avril à 20h30

La Lanterne Magique de Fateen Abdel Wahab (Al Fanous Al Serhi, 1960)
avec Ismaël Yassin (Moustafa), Abdel Salam Al Nabulsi (Morsi, le directeur du magasin), Sherifa Mahear (Mimi, la femme de Morsi), Cariman (Nahed, la secrétaire), Ikram Ezzo (la petite fille), Mahmoud Farag (le génie), Khayria Ahmed (la femme de chambre), Nazim Sharawi (le président du conseil d’administration), Omar Afifi (le père de Nahed), Mohamed Reda (le psychiatre), Badr Nofal (le client qui souhaite acheter un pyjama), Nemat Mokhtar (danseuse), Zeinat Olwi (danseuse), George Yordanis (le serveur), Mimi Gamal (invitée à la fête donnée par Morsi)
Scénario : Abou Al Seoud Al Ebiary
Musique : on peut entendre dans le film, Bob Azzam et son orchestre interpréter leur tube international « Chérie Je t’aime Ya Mustafa ». C’est l’adaptation d’une chanson traditionnelle égyptienne dont plusieurs compositeurs se sont disputés la paternité.
Production : la Compagnie du Cinéma Arabe
appréciation : 3/5


Comédie fantastique. Moustafa travaille comme homme d’entretien dans un grand magasin. Il est amoureux de l’une des employées qui s’est toujours montrée gentille à son égard. Malheureusement, le directeur du magasin, homme autoritaire et irascible, ne cesse de le persécuter. Un soir, Moustafa rapporte chez lui une lanterne. En sort un génie qui lui promet de réaliser tous ses rêves. D’abord incrédule, Moustafa finit par tenter l’expérience. Il commande un repas pantagruélique qui lui est aussitôt servi. Le génie n’a pas menti. Pour le petit employé, c’est la belle vie qui commence. Les soirs suivants, il sort dans des boîtes de nuit où il s’enivre et distribue des liasses de billets à tous ceux qu’ils rencontrent. Il finit par demander à prendre la place de son directeur. Evidemment, il l’obtient aussitôt. Mais l’ex-directeur n’est pas homme à se laisser faire sans réagir et Moustafa est trop bavard. Lors d’une soirée, ce dernier explique comment son destin a subitement changé grâce à une lanterne magique. Le directeur déchu s’introduit dans l’appartement du nouveau. Il dérobe la lanterne et le lendemain, il retrouve son fauteuil de direction. Mais le génie ne laissera pas tomber Moustafa…

Notre avis : cette comédie réunit à nouveau l’équipe à qui l’on doit tant de succès dans les années cinquante : le réalisateur Fateen Abdel Wahab, le scénariste Abou Al Seoud Al Ebiary ainsi que les deux acteurs comiques Ismaël Yassin et Abdel Salam Al Nabulsi. Pour ces deux derniers, c’est quasiment la fin de leur fructueuse (dans tous les sens du terme !) collaboration. Par la suite, ils n’auront l’occasion de jouer ensemble que deux fois, en 1962 et en 1967 tandis que leurs carrières respectives déclinent inexorablement. Abdel Salam Al Nabulsi meurt en 1968 et Ismaël Yassin en 1972. Cette « Lanterne Magique » apparaît un peu comme leur chant du cygne. Ce n’est pas d’une folle originalité et le scénariste s’est inspiré de manière évidente de nombreuses œuvres antérieures. Il n’empêche que ce film se laisse voir sans déplaisir et on rit de bon cœur (on peut aussi se contenter de sourire) au spectacle des déconvenues qui ne cesse de tomber sur la tête de ce petit patron tyrannique (Abdel Salam Al Nabulsi) mené par le bout du nez par son épouse aux formes sculpturales et au caractère bien trempé (Sherifa Mahear). Les deux acteurs vedettes du film rivalisent d’énergie et de fantaisie. Bien sûr, ils ont tendance à abuser des tics et des grimaces qui ont fait leur popularité mais ils jouent avec une telle sincérité et on sent un tel désir de séduire leur public qu’on ne peut leur en vouloir et qu’on doit par-dessus tout reconnaître leur immense talent. Grâce à sa prestation comme génie de la lanterne magique, Mahmoud Farag, le Monsieur Muscle du cinéma égyptien, deviendra lui aussi une vedette à part entière.


Vendredi 25 avril à 20h30

Soir de fête d’Helmy Rafla (Laylat al id, 1949)
avec Ismaël Yassin (Sosso), Shadia (Yasmina), Mahmoud Shoukoko (Shosho), Abdel Hamid Zaki (le propriétaire du théâtre), Farid Shawki (Sharif), Stephan Rosti (Nazih), Hussein Issa (Nadim), Lola Sedky (Lola, la sœur de Nazih, Sharif et Nadim), Nour El-Demirdash (Salah Ezzat, la victime des quatre escrocs), Elias Moaadab (Al-Khawaja Fares), Abd El Fatah El Qosary (Hamouda, propriétaire de la Rose Blanche), Zinat Sedky (la femme d’Hamouda), Hassan Fayek (le père de Salah), Gomaa Edriss (le gardien du théâtre), Monir El Fangary (l’employé du théâtre)
Une histoire d’Anwar Wagdi
Scénario et dialogues : Abou Al Saoud Al Ibiary
Musique : Mahmoud Al Sherif, Mohamed El Bakkar
Production : Anwar Wagdi


Comédie. Yasmina et ses deux frères chantent et dansent dans un théâtre. Un soir, le directeur de l’établissement importune plus que de coutume la jeune femme et ses deux frères finissent par intervenir. Ils rossent sans ménagement l’homme indélicat. Ce dernier les met aussitôt à la porte. Les trois artistes n’ont plus qu’à chercher un autre lieu où se produire. C’est alors qu’ils découvrent une annonce publiée dans le journal par le Casino de la Rose Blanche. Le célèbre cabaret recherche des chanteurs. Yasmina se rend à l’adresse indiquée. Malheureusement, elle s’est trompée et elle s’est introduite dans un appartement privé. A peine a-t-elle compris son erreur qu’un groupe de trois hommes et une femme fait son entrée. Yasmina a juste le temps de se cacher. A travers leur conversation, elle devine que ce sont des escrocs qui attendent l’une de leur victime : ils ont bien l’intention de la plumer au jeu. La proie arrive enfin. C’est un jeune homme qui semble doux et honnête. Il est reçu par la femme qui l’accueille seule. Ils se connaissent et ont manifestement de tendres sentiments l’un pour l’autre. Soudain les trois hommes font irruption dans la pièce. Ce sont les frères de la jeune femme et ils feignent l’indignation devant le spectacle de leur sœur dans les bras d’un inconnu. Ils exigent une promesse de mariage pour laver l’honneur de la famille. Le jeune homme accepte aussitôt. Les trois frères convient alors l’amoureux de leur sœur à une partie de poker. Yasmina s’est dissimulée sous la table de jeu et elle s’aperçoit que les trois escrocs trichent afin de dépouiller leur victime. Elle décide d’intervenir…

Notre avis : une comédie musicale enjouée par le spécialiste du genre. Tout le monde chante et danse sur un rythme échevelé et avec une énergie inépuisable. Shadia, Ismaël Yasin et Mahmoud Shoukoko forment un trio en parfaite harmonie. Saluons la performance de Shadia : elle n’a alors que dix-huit ans et elle joue à jeu égal avec ses deux partenaires qui en ont vingt de plus. Elias Moadab est désopilant en fantaisiste levantin (on retrouvera son allure et ses expressions plus tard chez l’acteur et chanteur turc Dario Moreno.). Comme nous avons eu maintes fois l’occasion de l’écrire, 1949 fut une année faste pour la comédie musicale égyptienne. « Soir de Fête » en est un bel exemple même si ce film n’atteint pas l’éclat de « Mademoiselle Diablesse » d’Henry Barakat ou de « La Fille du Maire » d’Abbas Kamel sortis la même année.


Jeudi 24 avril à 15h

Ismaël Yassin chez les fous d'Issa Karama (Ismaïl Yassin fi mostashfa el maganen, 1958)
avec Ismaël Yassin (Hassouna), Hind Rostom (Tema), Zinat Sedki (la mère de Tema), Abd El Fatah El Kosary (le père de Tema), Reyad El Kasabgy (chef de service à l’hôpital psychiatrique), Hassan Atla (un fou), Fouad Ratab (un fou), Farhat Omar (le docteur Shadid), Abdel Moneim Ibrahim (un fou), Abdel Moneim Ismaïl (le marchand de légumes), Hussein Ismaïl (le boucher), Hussein Asar (Zaki Al-Qahwaji), Mohsen Hassanein, Kitty (la danseuse), Helen (la folle qui fait un strip-tease), Salha Kasin, Abdel Hamid Zaki (le propriétaire de la pâtisserie), Ezzedin Islam (le directeur de l’hôpital), Abdel Ghany Kamar (l’astrologue)
Scénario : Abbas Kamel, Abdel Fattah El SayedMusique : Attya Sharara
appréciation : 3/5


Comédie. Tout le monde dans le quartier veut épouser Tema. Son père a emprunté de l’argent aux uns et aux autres en leur promettant à chaque fois de leur donner la main de sa fille. Tema est amoureuses de Hassouna, le pâtissier. Malheureusement, un chef de service à l’hôpital psychiatrique s’engage à éponger toutes les dettes du père si celui-ci consent à faire de lui son gendre. Les deux hommes font affaire mais il faut se débarrasser d’Hassouna. Ils décident de le faire passer pour fou et de l’interner à l’hôpital psychiatrique.

Notre avis : c’est une comédie typique des années cinquante qui mêle le burlesque et le glamour avec un seul objectif, plaire au plus grand nombre. Mais l’intérêt majeur de ce divertissement tout public réside sans aucun doute dans sa critique virulente de la famille traditionnelle et de la condition faite aux femmes. On voit un père, cynique et sans scrupule, promettre sa fille à qui voudra bien rembourser ses dettes et on voit aussi d’honnêtes artisans ou commerçants proposer « généreusement » leur aide au papa contre les faveurs de la belle Tema, incarnée avec brio par l’affriolante (et dans ce film, le mot est faible !) Hind Rostom.
Cela étant dit, « Ismaïl Yassin chez les fous » comporte quelques faiblesses. Une grande partie de l’intrigue se déroule au sein d’un hôpital psychiatrique et cela nous vaut des scènes interminables avec des « fous » se livrant à des pitreries puériles et répétitives.


Mercredi 23 avril à 15h

Une Ville se déchaîne d'Helmy Rafla (Thawrat el madina,1955)
avec Sabah (Fatima), Mohamed Fawzi (Ahmed), Hussein Riad (le père de Fatima), Qadria Kamel (la tante de Fatima), Ahmed Allam (Haj Saber, le propriétaire de l’usine), Doha Amir (Fatima enfant), Wedad Hamdy (la servante), Suleiman al-Guindy (le petit garçon Al Wadi Galal), Abdel Moneim Ismail (le père de Al Wadi), Ragaa Youssef (la danseuse), Horeya Hassan (la chanteuse)
Scénario : Nairuz Abdel Malek
Musique : Mamoun Al Shinnawi, Fathy Qoura, Riad El Sonbati, Mohamed Fawzi, Ali Farraj
Production : les films du Lotus (Assia Dagher)


Mélodrame musical. La mère de Fatima est morte en lui donnant naissance. Sa tante et sa grand-mère avaient perdu la vie dans les mêmes circonstances. Depuis ce drame, Salim, son père, est convaincu que toutes les femmes de la famille sont condamnées à subir le même sort. Il a décidé que Fatima ne se marierait jamais et qu’elle n’aurait jamais d’enfant. Dès son plus jeune âge, il lui a interdit de fréquenter les garçons et lui a imposé une éducation d’une grande sévérité. Un jour, ils partent tous les deux pour une courte escapade au Caire. A leur retour, ils découvrent que leur maison et l’atelier de verrerie du père ont été totalement détruits par un incendie. Ils n’ont plus rien. Heureusement, le riche propriétaire d’une usine de verrerie propose à Salim une place comme contremaître dans son établissement et il lui offre même un logement dans son domaine. Le père de Fatima accepte le travail mais refuse le logement : il sait que l’industriel a un fils de l’âge de sa fille. Les années passent. Fatima est devenue une jeune femme et Ahmed, le fils du propriétaire de l’usine qui avait séjourné à l’étranger pour ses études, est de retour…

Notre avis : Helmy Rafla abandonne provisoirement la comédie, genre dans lequel il excelle, pour s’aventurer sur les terres plus arides du mélodrame. Disons-le clairement : ce n’est pas son meilleur film. Le scénario repose sur une idée saugrenue. Une terrible malédiction pèse sur toutes les femmes d’une même famille : elles meurent en donnant naissance à leur premier enfant. Le père de Fatima n’a donc qu’une obsession, protéger sa fille de l’amour qui lui serait fatal. On se doute qu’il va s’opposer à tous les prétendants qui osent approcher sa fille mais on devine aussi que l’amour finira tout de même par triompher. Une trame prévisible donc mais un entrelacement de thèmes qui se prêterait fort bien à une interprétation psychanalytique (la mort et l’amour) ou théologique (le destin et le libre arbitre).


Mardi 22 avril à 15h

La Maison des Escrocs de Hassan Helmy (beit el nattash, 1952)
avec Shadia (Malabesa), Ismail Yassin (Sukar, le cousin de Malabesa), Mohammad Kamal El Masry (Ghandour), Zinat Sedki (Madame Nafusa, la mère de Malabesa), Abd El Fatah El Kosary (Monsieur Saadoun), Zouzou Mohamed (la danseuse Souad), Abdel Salam Al Nabulsi (Mahboub Ghandour), Elias Moadab (Limoun), Othman Abaza (Khalil), Abbas Al Balidi (le chanteur), Mohsen Hassanein (Nadal)
Scénario : Nagdy Hafez, Ali Kamel Fahmy, Mohamed Metwally
Musique : Izzat El Gahely, Mohamed Elshref, Abbas Al Blaidi, Ahmed Sabra
Paroles des chansons : Fathy Koura


Ghandour est un escroc qui a tenté de duper Madame Nafusa dans l’achat d’une maison. Avant qu’elle ne s’aperçoive qu’elle a signé un faux contrat, il lui propose le mariage. Mais Madame Nafusa refuse d’envisager une nouvelle union tant que sa fille Malabesa est célibataire. Qu’à cela ne tienne, Ghandour a un fils, Mahboub, qui fera un excellent époux pour la jeune femme. Ce Mahboub est le portrait craché de son père, menteur et malhonnête comme lui. C’est alors que reparaît Sukar, le cousin de Malabesa. Le jeune homme vivait au Soudan où il a fait fortune comme commerçant. Très vite, les deux cousins vont se plaire mais Ghandour ne s’avoue pas vaincu : son fils épousera Malabesa…

Notre avis : l’avant dernier film d’Hassan Helmy dont la carrière cinématographique s’étendra sur à peine dix ans. Le film réunit des grands noms de la comédie de l’époque comme Ismaïl Yassin, Abdel Salam El Nabolsi ou bien Zinat Sedky. Shadia y tient le rôle principal féminin. Elle n’a que vingt et un ans et c’est déjà une star que tous les producteurs et cinéastes s’arrachent. En 1952, année de la sortie de « La Maison des Escrocs », elle est à l’affiche de douze autres films ! Malgré sa distribution « haut de gamme » , cette comédie ne décolle jamais. La mise ne scène est balourde, aucun sens de l’action, aucune invention, aucun gag. C’est étrange de vouloir réaliser une comédie quand on est manifestement si peu doué pour le comique. Les premières scènes sont particulièrement laborieuses. On va d’entretien en entretien entre personnages qui, assis autour d’une table, enchaînent les répliques avec la régularité et l’expressivité d’un métronome. Sans doute est-ce dû à une situation de départ inutilement complexe que le réalisateur a toutes les peines du monde à rendre intelligible. Bref, on s’ennuie et les acteurs aussi.


Lundi 21 avril à 23h

Wakalet Al Balah de Houssam Al Din Mustafa (1982)
avec Nadia El Gendy (Naïma), Mahmoud Yassin (Abdallah), Mahmoud Abdel Aziz (Abdoun), Wahid Seif (Maître Riad Al-Dabash), Sayed Zayan (Maître Haloumi Al Gach), Somaya El Alfy (Mervat), Ahmed Loxer (Amgad Bey), Mohamed El Shewihy (le sorcier), Hafez Amin (Cheikh Makhlouf), Medhat Ghaly (le médecin)
Scénario : Mostafa Moharam
D’après une nouvelle de Naguib Mahfouz (tirée du recueil L’Amour au Pied des Pyramides)
Musique : Gamal Salamah
Production : Les Films Mohamed Mokhtar


Naïma est une commerçante fortunée qui domine le grand marché de Wekalet Al Balah. C’est une femme dure en affaires et elle est prête à tout pour se débarrasser d’un concurrent. Malgré sa réussite professionnelle, elle n’est pas heureuse : la solitude lui pèse. Elle jette son dévolu sur Abdallah, un jeune homme pauvre qu’elle a récemment embauché. Un jour, elle l’avait surpris à demi-nu en train de faire sa toilette et cela avait éveillé des désirs qu’elle maintenait depuis des années enfouis au fond d’elle. Elle use de tous ses charmes pour séduire Abdallah et finit par l’épouser. Le jeune homme change brutalement de condition sociale : il prend la direction des affaires de son épouse. Mais, progressivement, il découvre la vraie personnalité de cette dernière : c’est une femme sans coeur et sans scrupules. Il décide de la quitter et se remarie avec Mervat, la fille d’Amgad, un homme très puissant qui est un familier de Naïma…

Notre avis : dans les années 80, Nadia El Gendy est l’une des actrices les plus populaires d’Egypte et tous ses films battent des records au box office arabe. On va voir le dernier Nadia El Gendy comme en France on va voir le dernier Belmondo. Entre 1980 et 1985, l’actrice va tourner quatre films avec Houssam Al Din Mustafa. Et à chaque fois, le scénario suit le même canevas : grâce à son ambition et à sa ténacité, une femme parvient à s’imposer dans le monde des affaires (licites ou non) et à dominer les hommes qui travaillent pour elle. Dans cet opus, on retrouve aussi une intrigue et des personnages assez proches de ceux de « La Sangsue » tourné en 1956 par Salah Abou Seif avec Taheya Carioca dans le rôle principal. Les deux films évoquent de manière très explicite le désir sexuel d’une femme mûre pour un jeune homme qu’elle parvient à assujettir. L’intérêt de ce drame d’Houssam Al Din Mustafa réside essentiellement dans la seconde partie qui nous conte la chute de l’héroïne. Nadia El Gendy y adopte un jeu plus nuancé, plus vrai qu’à l’ordinaire.


Samedi 19 avril à 17h

La Vierge et les cheveux blancs d'Hussein Kamal (Al A'zraa wal Shaar Al Abyad, 1983)
avec Nabila Obeid (Dawlat), Mahmoud Abdel Aziz (Medhat), Mohamed Al Ramly (l’homme d’affaires), Sherihan (Buthaina, la fille adoptive de Dawlat et de Mehdat), Hayat Salah El Din (Buthaina, petite fille), Mariam Fakhr Eddine (la mère de Dawlat), Mamdouh Abdel Alim (Adel), Mahmoud El Qala'awy (Muhy, le mari d’Afaf), Afaf Rashad (Afaf, l’amie de Dawlat), Mervat Kazem (la mère de Buthania), Afaf Wagdi (la mère d’Adel), Hamdy Youssef (le médecin), Hanem Mohamed (Aziza), Medhat Ghaly (Othman), Ibrahim Kadri (le portier)
d'après un roman d'Ihsan Abdul Quddus
Scénario : Kawthar Heikal
La musique est de Tarek Sharara mais on peut aussi entendre à plusieurs reprises celle composée par Philippe Sarde pour Les Choses de la Vie de Claude Sautet.


Le premier mariage de Dawlat a été un échec en raison de la stérilité de son mari. Ne pouvant concevoir une vie sans enfant, elle avait demandé et obtenu le divorce. Elle a trouvé refuge chez sa mère et elle comble le vide de ses journées en s’adonnant à l’équitation, son sport favori. Un jour sa mère lui demande de s’occuper d’un immeuble qu’elle possède. C’est ainsi que Dawlat fait la connaissance de Medhat, un jeune homme pauvre qui vit sur le toit de l’immeuble. Il est désespéré car il vient de perdre sa mère. Bien qu’il occupe de manière illégale l’appartement, Dawlat a pitié de lui et décide de l’aider. La bourgeoise et son locataire sympathisent puis très vite l’amitié se transforme en amour. Malgré la différence sociale, ils se marient et grâce à Dawlat, Medhat devient un homme d’affaires avisé. Mais le destin frappe à nouveau la jeune femme : une opération chirurgicale la rend stérile. Le couple décide alors d’adopter une petite fille. Les années passent. La petite fille devient une ravissante adolescente. La situation se complique quand elle tombe amoureuse de son père adoptif.

Notre avis : Hussein Kamal fut l’un des chroniqueurs les plus lucides de son époque. Il ne s’est jamais laissé entraver par les convenances ou les interdits et n’hésita jamais à aborder les sujets les plus délicats. Dans ce film, il se montre particulièrement audacieux. Dans la première partie, il aborde le problème de la stérilité féminine considérée en Egypte comme l’un des pires malheurs que puissent vivre une femme, et dans la seconde partie, il évoque l’amour que ressent une jeune adolescente pour son père adoptif. A chaque fois, Hussein Kamal traite son sujet avec une franchise totale mais sans jamais se départir de ce tact et de cette élégance que l’on retrouve dans d’autres de ses réalisations. La direction d’acteurs, rigoureuse et précise, parvient à créer des scènes qui frappent par leur authenticité et leur tension dramatique. Nabila Obeid réussit à traduire tous les tourments intérieurs de son personnage de femme mûre à la fois fragile et sensuelle. Sherihan qui joue l’adolescente impressionne par son naturel et sa maîtrise de l’art dramatique. Il y a quelques années, Nabila Obeid a déclaré sur son compte Instagram que son rôle dans « La Vierge et les Cheveux Blancs » fut l’un des plus difficiles de toute sa carrière. On ajoutera que ce fut avant tout l’un de ses plus beaux rôles dans l’un de ses meilleurs films.


Vendredi 18 avril à 19h30

Un Bienfaiteur d’Helmy Rafla (Fa'el Kheir , 1953)
avec Mohamed Fawzy (Khaïry), Sabah (Soheir), Ismail Yassin (Afkar/Hamido), Zomoroda (Elham Anim), Abdel Ghany Kamar (Anis Effendi, le gérant de la société d’Elham), Menassa Fahmy (le père de Soheir), Zaki Ibrahim (le chirurgien) , Abdel Aziz Ahmed (le père de Khaïry), Ferdoos Mohamed (la mère de Khaïry), Zeinat Elwy (la danseuse), Abdel Moneim Basiony (le directeur du théâtre), Anwar Zaky (un ami d’Elham), Aziza Badr (la mère de Sonia), Kawthar Shafik (une des amies d’Elham), Fawzya Ibrahim (Sonia), Alya Fawzy (la servante)
Scénario : Abou Al Seoud Al Ebiary
Musique et chansons : Mohamed Fawzy, Abdel Aziz Salam, Fathy Qoura, Saleh Gawdat, Mustafa Abdel Rahman
Production : Mohamed Fawzy


Comédie musicale. Khaïry vit avec ses parents dans un quartier populaire de la ville. Il est réparateur de vélos et il travaille dans un petit atelier avec un ouvrier du nom d’Hamido. Toutes les maisons du secteur appartiennent à une riche jeune femme, Elham Anim, qui a confié la gestion de ses affaires à un homme impitoyable. Khaïry, lui, a le cœur sur la main et il n’hésite pas à venir en aide aux gens du quartier tant et si bien qu’il lui arrive d’avoir les plus grandes difficultés à payer son loyer. Un soir, il trouve sur la route un bébé abandonné. Dans ses langes, il y a une lettre écrite par la mère de l’enfant : elle annonce qu’elle s’est suicidée. Son mari est mort et son père a refusé de la reprendre, elle et son enfant, car elle s’était mariée sans son consentement. Khaïry décide de se rendre chez le grand-père avec le bébé. Le jeune homme est impressionné par le luxe de la demeure. Il fait la connaissance de Soheir, la sœur de la suicidée avec qui il sympathise immédiatement. Puis arrive le maître des lieux. Celui-ci reste intraitable et il le chasse, lui et l’enfant, tandis que Soheir est terrassée par le chagrin. Khaïry et ses parents décident donc de s’occuper du nourrisson. Peu après, Soheir frappe à la porte de leur appartement. Elle veut contribuer à l’entretien et à l’éducation de l’enfant contre la volonté de son père. Elle est accueillie à bras ouverts mais on refuse son argent. Un peu plus tard, Khaïry chante dans un mariage. Depuis la rue, Elham Anim, l’héritière fortunée qui possède toutes les maisons du quartier, entend la voix de notre héros. Elle est immédiatement sous le charme. Elle parvient à entrer en contact avec le jeune homme qui, grâce à son soutien, va connaître la gloire et la fortune. Bien évidemment, Khaïry n’a pas pour autant oublié Soheir…

Notre avis : c’est la troisième fois qu’Helmy Rafla réunit Mohamed Fawzy et Sabah dans une comédie musicale. On notera que les trois films sont produits par Mohamed Fawzy et il ne faut donc pas s’étonner si les personnages qu’il incarne sont toujours parés de toutes les vertus. A chaque fois, on retrouve l’acteur-chanteur en garçon doux, sensible et spirituel. Séducteur malgré lui, il suscite l’amour de plusieurs femmes même si lui n’en aime vraiment qu’une (Il est formidable !). Dans « Un Bienfaiteur », le héros est aussi d’une générosité et d’une compassion sans borne. Il accepte sans hésiter d’élever un nourrisson que sa famille très aisée a rejeté (Chapeau !). Malgré cet aspect un peu ridicule de l’intrigue, le film n’est pas sans qualités. Helmy Rafla parvient à mêler habilement tous les genres : nous passons sans à coups du drame social à la farce en passant par le drame sentimental et la satire. La tonalité comique repose pour l’essentiel sur Ismaël Yassin qui joue deux personnages, un frère et sa sœur : une idée amusante qui tourne un peu court. Nous avons tout particulièrement apprécié le jeu de Zomoroda parfaite en grande bourgeoise possessive et cynique. Evidemment, comme toujours avec Mohamed Fawzy, dont le talent est strictement proportionnel à l’ego, les numéros chantés et dansés sont un régal pour l’ouïe et la vue !


Mercredi 16 avril à 23h

La Chanson de la Fidélité d'Ibrahim Emara (Lahn el Wafaa, 1955)
avec Abdel Halim Hafez (Galal), Hussein Riad (Allam), Shadia (Siham), Wedad Hamdy (une chanteuse), Zouzou Nabil (Abla Zouzou), Abdel Wareth Asr (un musicien), Hassan El Baroudy (Ali Baba Allah), Zaki Ibrahim (l’oncle d’Allam), Mary Ezz El Din (une chanteuse), Nabil Al Zakzouky (Galal enfant), Hassan Hamed (le directeur de la troupe), Ragaa Youssef (une danseuse), Ellen Diatto (une danseuse), Mohamed Shawki (le cafetier)
Scénario et dialogues : Mohamed Mostafa Samy
Musique et chansons : Riad El Sonbati, Mohamed Al Ahmed, Mounir Mourad, Mahmoud Al Sharif, Mohamed Al Mogi, Kamal Al Tawil
Production : Ibrahim Emara


Comédie musicale. Allam est un musicien d’âge mûr qui vit à Alexandrie. Il est seul depuis que sa femme l’a quitté. Son vieil oncle Khalil lui confie Galal, son jeune fils, avant de mourir. Allam se consacre entièrement à l’éducation de l’enfant. Il n’oublie pas pour autant sa carrière artistique. Il décide de s’installer au Caire. Après quelques expériences malheureuses, il finit par être reconnu et il prend la direction d’un grand orchestre. Les années ont passé. Galal est devenu un jeune homme. Il a fait des études de droit mais il est passionné par le chant. Il rejoint l’orchestre de son père adoptif. C’est ainsi qu’il fait la connaissance de Siham, une jeune chanteuse. Les deux jeunes gens tombent amoureux l’un de l’autre. Le problème, c’est qu’Allam, lui aussi, s’est épris de Siham et rêve de l’épouser…

Notre avis : premier film et premier succès d’Abdel Halim Hafez. Le film comporte six chansons interprétées par le Rossignol Brun (surnom du jeune chanteur) seul ou en duo avec Shadia et c’est à chaque fois le même ravissement. Parmi les compositeurs, on compte les meilleurs de l'époque comme Mohamed Al Mogi et Kamal Al Tawil qui travailleront régulièrement pour Abdel Halim Hafez. Ce qui frappe à chaue fois, c'est comment les chansons s'insèrent le plus naturellement du monde dans l'intrigue du film. Sans doute est-ce dû à l'immense talent d'Abdel Halim Hafez : il joue comme il chante, avec la même aisance et le même naturel. Chaque chanson est comme une confidence susurrée à l'oreille des spectateurs. Cette comédie musicale est aussi un bel hommage à tous les musiciens et chanteurs égyptiens, qu'ils se produisent dans de petits cabarets ou bien dans les théâtres les plus prestigieux. Elle montre les grandeurs mais aussi les servitudes de ces existences entièrement dédiées à la musique. Hussein Riad est prodigieux dans le rôle d’Allam, cet artiste vieillissant et tourmenté qui se montre tour à tour d’une infinie générosité et d’un implacable égoïsme.



lundi 14 avril 2025

Festival international du film de femmes d' Assouan (Egypte)

مهرجان أسوان لأفلام المرأة


La neuvième édition du Festival international du film de femmes d'Assouan se tiendra du 2 au 7 mai 2025.
La direction de la manifestation vient de rendre public son affiche officielle, une création d'Hecham Ali qui rend hommage à la grande chanteuse Oum Kalthoum (1898-1975).
Le ministre de la culture égyptien avait en février désigné 2025 comme l'année Oum Kalthoum pour commémorer le cinquantième anniversaire de la mort de la diva.
Oum Klthoum a joué dans six films entre 1936 et 1947.


mardi 1 avril 2025

A la télé : les films du jour (Rotana Classic du 1er au 15 avril)

روتانا كلاسيك

Quels films peut-on voir sur la chaîne Rotana Classic ? Les horaires donnés sont ceux de l'après-midi ou de la soirée (heure de Paris). La plupart des films sont ensuite rediffusés le lendemain matin.
Rotana Classic a remplacé Rotana Zaman en 2012. Cette chaine fait partie du groupe Rotana basé en Arabie Saoudite et spécialisé dans le divertissement (télévision et musique). Celui-ci a été créé par le prince Al-Walid ben Talal ben Abdelaziz Al Saoud, membre de la dynastie Al Saoud et petit-fils du fondateur de l'Arabie Saoudite. Comme son nom l’indique, Rotana Classic diffuse essentiellement les grands classiques du cinéma égyptien. Disponible en France.


Mardi 15 avril à 17h

Ici Le Caire d’Omar Abdel Aziz (Hona Elqahera, 1985)
avec Mohamed Subhi (Sanussi), Souad Nasr (Sabrina), Medhat Ghaly (le directeur de l’hôtel), Ahmad Abu Abya (le chauffeur de taxi), Adawy Gheith (le directeur de la chambre d’agriculture), Sayed Sadek (le propriétaire du magasin de jouets), Mustafa Tawfiq (Fathy), Adel Abu Al Ghit (l’homme à l’arrêt de bus), Ahmad Al Adal (le conducteur agressif), Ali El Sherif El Sagheer (le pickpocket), Bondok Hassan (le vendeur d’eau), Fayza Abdel Gawad (la femme violente)
Scénario : Saïd Mohamed Marzouk
Adaptation du film américain Escapade à New York (The Out-of-Towners) réalisé par Arthur Hiller en 1970 avec dans les rôles principaux Jack Lemmon et Sandy Dennis.
Musique : Modi El Imam
Production : Films Mohamed Youssef


Sanussi est employé à la chambre d’agriculture de Louxor. Il a inventé un procédé pour améliorer la qualité du pain et augmenter sa conservation. Il doit se rendre au Caire pour présenter au ministère son invention. Sabrina, sa femme, l’accompagne. C’est la première fois qu’ils ont l’occasion de visiter la capitale. Après un voyage en avion qui fut une première épreuve, le couple est pris en charge par un taxi dès son arrivée à l’aéroport. Sanussi et Sabrina ne savent pas encore qu’ils vont devoir affronter bien des désagréments et bien des vicissitudes dans les rues effervescentes de l’une des plus grandes villes du monde…

Notre avis : un couple de provinciaux se retrouve plongé dans le tourbillon de la vie cairote et il devra affronter des épreuves auxquelles il n’était guère préparé. L’idée n’est pas neuve mais dans les années quarante et cinquante, il s’agissait souvent de se moquer de ces pauvres ruraux qui avaient toutes les peines du monde à s’adapter aux manières de vivre des citadins si raffinés et si élégants. Dans cette comédie, le propos est inversé : l’objet de la satire est la capitale. On nous la présente comme un monde de bruit et de fureur qui broie sans pitié les cœurs trop purs comme nos deux héros. Les péripéties sont un peu prévisibles et on ressent plus d’une fois une forte impression de déjà vu (l’inévitable scène du bus !) mais cette déambulation dans les rues du Caire des années quatre-vingt n’est pas sans intérêt. La capitale égyptienne nous est dépeinte avec un réalisme sobre, sans aucune concession ni au pittoresque ni au sordide. Les deux acteurs principaux Mohamed Subhi et Souad Nasr portent sur leurs seules épaules l’intégralité du film et ils ne s’en sortent pas si mal. On notera que le jeu de Mohamed Subhi est parfois très proche de celui d’Adel Imam. Il est vrai que son personnage aurait parfaitement convenu à ce dernier.


Lundi 14 avril à 23h

Kit Kat de Daoud Abdel Sayed (1991)
avec Mahmoud Abd El-Aziz (cheikh Hosny), Sherif Mounir (le fils de Sheikh Hosny), Aida Reyad (Fatima), Amina Risk (la mère de Sheikh Hosny), Nader Abdel Ghani (Subhi Al Faraji), Salah Sadeq (Ramadan), Ali Hassanein (cheikh Obaïd), Najah Al Mujy (le trafiquant de drogue), Mohamed Jibril (Al Housta Hassan), Ayman Abdel Rahman (Salem), Nadia Shams Eddin (la mère de Fatima), Galila Mahmoud (Fathia, la femme d’Al Housta Hassan), Othman Abdel Moneim (Attia, le propriétaire du café), Amel Ibrahim (Awatif, la mère de la femme du bijoutier), Ahmed Kamel (le bijoutier), Jihad Nasr (la femme du bijoutier)
Scénario : Daoud Abdel Sayed
d’après une histoire d’Ibrahim Aslan
Musique : Rageh Daoud, Saïd Mekawi, Saïd Hejab, Salah Gahin, Ibrahim Ragab, Mahmoud Abdel Aziz
Production : Hussein Al Qala
figure dans la liste des quinze meilleurs films égyptiens de tous les temps


Comédie sociale. Sheikh Hosny est un aveugle d’une quarantaine d’années. Il vit avec sa mère et son fils dans le quartier de Kitkat à Giseh. Veuf et sans travail, il ne désespère pas de l’existence. C’est un conteur hors pair et il aime chanter accompagné de son oud. Ses talents font le bonheur de ses amis qu’il réunit dans un ancien local commercial qui appartenait à son père. La petite bande passe des nuits entières dans ce lieu à bavarder, à rire et à fumer de la marijuana. Pour sa consommation de drogue, Sheikh Hosny a besoin de beaucoup d’argent. Il a résolu de vendre la maison familiale à un trafiquant de drogue qui en échange lui fournit toute la marijuana dont il a besoin. Youssef, le fils de Sheikh Hosny, a terminé ses études et il ne supporte plus de rester sans emploi. Il rêve de s’installer à l’étranger mais il n’a pas d’argent. Fatima, une jeune divorcée du quartier, est tombée amoureuse de lui. Malgré les réticences du jeune homme, elle finit par le séduire…

Notre avis : une chronique sociale qui porte un regard sans complaisance sur l’Egypte de son temps. Ce que dépeint Daoud Abdel Sayed, c’est le délabrement généralisé de la société égyptienne : délabrement physique et moral des êtres, délabrement des conditions matérielles de leur existence (les intérieurs comme les rues présentent le même aspect misérable et disloqué, à la limite de l’effondrement final.). Tout semble tomber en ruine inexorablement, et pour oublier cette sinistre réalité, les personnages du film s’évadent dans les paradis artificiels (le père) ou bien rêvent de fuir à l’étranger (le fils). Mais les auteurs, refusant tout fatalisme, montrent aussi comment ces hommes et ces femmes qui ont tout perdu n'ont jamais renoncé et comment ils gardent intact leur appétit de vivre (le personnage de Fatima, la jeune femme divorcée incarnée par l’excellente Aïda Reyad, nous apparaît emblématique à cet égard.). Tous les critiques ont loué la prestation de Mahmoud Abdel Aziz dans ce film. Effectivement, ce grand acteur accomplit ici une véritable performance mais nous trouvons que son jeu pêche parfois par une certaine grandiloquence.

 
Dimanche 13 avril à 19h30

Coiffeur pour Dames de Fateen Abdel Wahab (Hallak El Sayedat, 1960)
avec Ismail Yassin (Termos), Abdel Salam El Nabolsi (Zizou), Karima (Ahlam), Zinat Sedki (Ashgan, la femme très riche), Stephan Rosti (Rachid, le mari d’Ashgan), Layla Karim (Hoda, l’amie d’Ashgan), Imthethal Zaki (danseuse), Layla Yousry (danseuse), Abdel Ghani El Nagdi (Oukal), Khayria Ahmed (Amina), Mahmoud Lotfi (le père de Zizou), Gamal Zayed (la fiancé d’Oukal et la servante d’Ashgan)
Scénario : Abdel Salam El Nabolsi et Abou Al Seoud Al Ebiary
Production : les films Abdel Salam El Nabolsi


Comédie. Zizou, Termos et Oukal viennent de terminer leur service militaire. Ils reprennent la vie civile. Zizou travaille dans le salon de coiffure de son père et Oukal a repris son métier de vendeur ambulant. Termos reste sans emploi. Pour lui venir en aide, Zizou a l’idée de créer une nouvelle division dans son salon et c’est son ami qui en aura la responsabilité : il s’occupera des animaux. Un jour, une femme très riche contacte Zizou et Termos sur les conseils de sa servante qui est aussi la fiancée d’Oukal. Elle souhaite faire coiffer son petit chien de compagnie. Quand les deux amis pénètrent dans le palais de la dame, ils sont impressionnés par le luxe du lieu. Mais ils comprennent très vite qu’ils sont tombés en pleine crise conjugale. Le mari souhaite épouser une très une jeune femme et la dame enrage de devoir s’effacer devant celle qu’elle considère comme une petite intrigante. Zizou lui propose de changer sa coiffure afin que son mari la trouve à nouveau désirable et oublie les autres femmes. Mais c’est un échec. La dame alors a une idée : elle invite à une soirée Zizou et le fait passer pour un richissime propriétaire de puits de pétrole. Et cette fois-ci, ça marche : la maîtresse de son mari se jette dans les bras du faux millionnaire…

Notre avis : Abdel Salam El Nabolsi est l’un des plus grands seconds rôles comiques du cinéma égyptien. Dans ce film qu’il a produit et dont il a écrit le scénario, il s’est offert le rôle principal, une première pour lui à l’âge de soixante et un ans. Malheureusement, ce « Coiffeur pour Dames » n’est guère convaincant et à sa sortie il fut boudé par le public. Abdel Salam El Nabolsi le scénariste multiplie les scènes où Abdel Salam El Nabolsi l’acteur se lance dans d’interminables tirades tantôt comiques tantôt pathétiques, oubliant que la comédie c’est d’abord et avant tout une question de rythme. Il y a quelque chose de touchant dans le fait de voir ce grand acteur en fin de carrière vouloir nous prouver qu’il est un vrai comédien et il y a dans son jeu une fébrilité dont on se demande si elle n’est pas celle de l’acteur plutôt que celle du personnage. Sa partenaire est Karima, Miss Egypte 1955, qui a trente-cinq ans de moins que lui : là encore, Abdel Salam El Nabolsi s’est fait plaisir en imaginant cette histoire d’amour entre eux deux, même si pour cela il a dû malmener la vraisemblance !


Samedi 12 avril à 19h30

Poursuite amoureuse de Nagdi Hafez (Moutarada gharamia, 1968)

avec Fouad El-Mohandes (Mounir), Shweikar (Mona), Madiha Kamel (Maria, l’hôtesse italienne), Hassan Mostafa (Fantomas, le maître d’hôtel de Mounir), Abdel Moneim Madbouly (le psychiatre), Camelia (l’hôtesse française), Shahinaz Taha (l’hôtesse américaine), Kawthar Shafiq (l’hôtesse japonaise), Thérèse (l’hôtesse anglaise), Mahmoud Azmy (Sami)
Scénario : Farouk Sabry
Directeur de production : Kamal Hussein


Comédie. Adaptation de la comédie à succès « Boeing Boeing » de Marc Camoletti. Mounir travaille comme contrôleur aérien et c’est un dom juan impénitent qui entretient une relation amoureuse avec cinq hôtesses en même temps, toutes les cinq de nationalités différentes. Pour le soutenir dans ses entreprises amoureuses, Fantômas, son maître d’hôtel fait croire à toutes ses conquêtes que Mounir doit prochainement hériter de puits de pétrole qui feront de lui un homme immensément riche. Sur le plan fantasmatique, Mounir a développé une manie un peu singulière : il est obsédé par les chaussures de femmes qu’il collectionne chez lui. En plus de ses « liaisons internationales », il a une fiancée officielle, Mona, une hôtesse égyptienne. Cette dernière menace de le quitter s’il ne renonce pas à sa vie de play-boy et à sa collection de chaussures. Mounir, plein de bonne volonté, demande de l’aide à un psychiatre...

Notre avis : une adaptation très (ou trop) libre de la comédie de Marc Camoletti. Le scénariste a cru bon d’y ajouter des éléments pour étoffer son scénario. Il a notamment créé un personnage supplémentaire avec le psychiatre que consulte le héros (une idée elle-même empruntée au film américain « Quoi de Neuf, Pussycat ?» réalisé par Clive Donner en 1965 sur un scénario de Woody Allen). On ne peut pas dire que cet ajout fut bénéfique. Cela nous vaut deux séquences interminables dans lesquelles Fouad El Mohandes le héros, et Abdel Moneim Madbouly le psychiatre rivalisent de mimiques et de grimaces dont l’accumulation a mis à rude épreuve notre bienveillance naturelle. La seconde avec les deux compères ivres morts est particulièrement exaspérante. Fouad El Mohandes et Abdel Moneim Madbouly ont souvent joué ensemble au théâtre et cela se sent : on a l’impression d’assister à des numéros de vieux comédiens qui cabotinent à qui mieux mieux pour faire rire leur cher public. Le problème, c’est qu’on est au cinéma, pas au théâtre. Les danses et les chansons avec les hôtesses de l’air portant le costume traditionnel de leur pays n’améliorent pas l’ensemble, bien au contraire. Cette comédie est un festival de gags balourds et de plaisanteries de mauvais goût.


Vendredi 11 avril à 23h

La Porte Ouverte d'Henry Barakat (Elbab Elmaftouh,1963)
avec Faten Hamama (Layla), Saleh Selim (Hussein), Mahmoud Morsi (Fouad, le professeur de philosophie de Layla), Jacob Michaël (le père de Layla), Hassan Youssef (Isam, le cousin de Layla), Shweikar (Djamila, la cousine de Layla), Mimi Chakib (la tante de Layla), Mahmoud El Hedini (Mahmoud, le frère de Layla), Seham Fathy (une camarade de Layla), Nahed Samir (la mère de Layla), Nawal El Saghira (la petite fille), Hussein Ismail (le mari de Djamila), Khadiga Mahmoud (Saïda, la servante), Ali Mostafa (l’un des révolutionnaires arrêtés), Samir Shedid (Sedky, l’amant de Djamila)
d'après un roman de Latifa Al Zayyat
Scénario : Youssef Issa, Henry Barakat, Latifa Al Zayyat
Musique : André Ryder
Production : Henry Barakat


Nous sommes en 1951, à la veille de la chute du roi Farouk. Layla est une jeune lycéenne qui prend une part active dans toutes les manifestations organisées pour réclamer le départ du monarque. Quand son père découvre son implication dans le mouvement révolutionnaire, il devient fou de rage et la corrige de manière brutale. Heureusement, Layla trouve du réconfort auprès de son cousin Isam qui vit avec sa mère dans l’appartement au-dessus de celui de ses parents. Une idylle naît entre eux mais le comportement du jeune homme va décevoir Layla et elle va renoncer à l’amour jusqu’à sa rencontre avec Hussein, un militant révolutionnaire, ami de son frère…

Notre avis : un très grand film mettant en valeur le rôle des femmes dans la chute de la monarchie en 1952. Faten Hamama est incroyablement émouvante dans le rôle d’une jeune lycéenne qui combat un régime politique archaïque et qui en même temps doit affronter la domination des hommes de son entourage. Comme dans d’autres films, Henry Barakat sait avec une rare habileté mêler le politique et l’intime. La musique d’Andre Ryder, d’une grande force lyrique, n’est pas étrangère à la beauté de cette « Porte Ouverte ».


Jeudi 10 avril à 15h

La Mère Célibataire d'Helmy Rafla (al-anisa mama, 1950)
avec Mohamed Kamal Al Masri (Monsieur Okasha), Ismaël Yassin (Nabih, l’assistant de Monir), Sabah (Nimra), Mohamed Fawzy (Monir Yousri), Soliman Naguib (le père de Monir), Hagar Hamdy (Farawila, la fiancée de Monir), Zinat Sedki (Khoukha, la femme de Monsieur Okasha), Gracia Kassin (la directrice du refuge), Mohamed Sobeih (le serveur), Monir El Fangary (le vendeur de chocolat)
Scénario : Abou Al Seoud Al Ebiary
Musique : Mohamed Fawzy
Production : Mohamed Fawzy


Comédie musicale. Nimra rêve d’être chanteuse mais en attendant que la chance veuille bien lui faire signe, elle est vendeuse dans un magasin de disques à Alexandrie. Un jour, elle lit dans le journal une annonce publiée par Monir Yousri, un musicien célèbre qu’elle admire. Il prépare une nouvelle comédie musicale et recherche des chanteuses. Nimra décide de monter au Caire pour se présenter aux auditions. Elles sont dirigées par l’assistant de Monir tandis que celui-ci écoute les prestations depuis le bureau de son père, grâce à un haut-parleur relié au micro devant lequel défilent les candidates. La voix de Nimra impressionne le chanteur et Yousri Pacha, son père, mais un malentendu conduit l’assistant à la renvoyer du théâtre. Heureusement, Nimra ne s’avoue pas vaincue. Sa voix n’a pas convaincue son idole, pense-t-elle, alors c’est par l’amour qu’elle l’atteindra. Elle retrouve les deux hommes dans un cabaret. Ils s’installent à la même table. Yousri Pacha est aussitôt séduit par sa personnalité mais Monir les a rapidement laissés en tête à tête pour rejoindre à une autre table sa fiancée. Décidément, la partie ne va pas être facile…

Notre avis : au début des années cinquante, Helmy Rafla est le roi incontesté de la comédie musicale. Comme tous les films qu’il réalise à cette époque, « La Mère Célibataire » est une réussite totale. Sabah et Mohamed Fawzy forment un duo incroyable, aussi talentueux dans le jeu que dans le chant. Le rythme est effréné, les portes claquent, les répliquent fusent, les corps se croisent, s’étreignent ou s’affrontent. L’une des scènes les plus mémorables du film est celle où Nimra (Sabah) et la fiancée de Monir (Hagar Hamdy) se battent avec une sauvagerie réjouissante tandis que leurs partenaires masculins (Mohamed Fawzy et Ismaël Yassin) tentent vainement de s’interposer. Les très nombreux numéros chantés et dansés affichent la même invention et la même fantaisie : « La Mère Célibataire* » est aussi une déclaration d'amour au music-hall.

*Le titre est un peu curieux : il fait référence uniquement à la dernière partie de l’intrigue et il semble annoncer un drame social, bien loin de l’atmosphère enjouée qui règne de bout en bout dans cette comédie musicale.


Mercredi 9 avril à 17h

La ruelle du Bergwan d'Hussein Kamal (Harat Borgwan, 1989)
avec Nabila Obeid (Zinat), Hanem Mohamed (la mère de Zinat), Ahmed Abdelaziz (Hassan), Youssef Shabaan (le contremaître), Hamdy Gheith (Saïd Al Prince, le propriétaire de la blanchisserie), Noha El Amrousy (Amal),Olfat Sukar (la mère d’Amal), Ali Omar (le père d’Amal), Adawy Gheith (Cheikh Ashour), Fouad Khalil (Ramadan), Aziza Rached (Fatima), Sana Soliman (Fawzia), Badria Abdel Gawad (Sadia), Salah Awad (le mari de la mère de Zinat), Laila Abdel Hakim (Lola), Abdel Salaam El Dahshan (Fathy), Omran Bahr (le portier)
Scénario et dialogues : Mostafa Moharam
D’après une histoire d’Ismail Waly Eddin
Musique : Ammar El Sherei
Production : Screen 2000


Drame. Zinat est une jeune femme qui vit dans un appartement délabré avec la famille de Ramadan, son mari. Elle ne supporte plus sa belle-sœur et sa belle-mère et elle souhaite déménager. Son mari lui dit qu’il a trouvé un petit appartement mais qu’il n’a pas l’argent nécessaire pour le louer. Zinat propose de vendre ses bijoux. Ramadan refuse mais la jeune femme veut absolument quitter l’appartement familial : elle se sépare de ses bijoux contre une belle somme d’argent qu’elle remet aussitôt à son mari. Mais ce dernier va dépenser le pactole pour s’installer avec la mère de son fils. Zinat surprend le couple alors qu’il est au lit et elle entre dans une fureur noire. La séparation est inévitable, ils divorcent. Elle se retrouve seule, sans travail, sans domicile. Sa mère qui vit misérablement ne peut l’aider. Elle finit par trouver un emploi dans une grande blanchisserie appartenant à Maître Saïd Al Prince. Son père y travaillait autrefois et le propriétaire ému par sa détresse, lui trouve même un logement L’atelier est dirigé par Medhat qui a pour habitude d’abuser de ses employées. Il est très vite attiré par sa nouvelle employée. Celle-ci, peu sensible au charme de son supérieur, repousse fermement ses avances incessantes…

Notre avis : Hussein Kamal met tout son talent au service de la star Nabila Obeid qui apparaît pratiquement dans toutes les scènes du film. En 1989, elle a quarante-quatre ans, près de trente ans de carrière et soixante-six films à son actif. A l'aube de la dernière décennie du siècle, elle tient à montrer à tous qu'il faut toujours compter sur elle et qu'elle peut encore endosser des rôles de femmes fortes et sexy dans de grosses productions. Elle y réussit parfaitement dans ce drame social qui par certains aspects peut sembler un peu convenu. Il n’empêche que cette « Ruelle du Bergwan » est bien supérieure à tout ce qui se produit à la même époque en Egypte et l’une de ses principales qualités réside dans ce portrait très attachant d’une femme qui résiste à toutes les humiliations et à toutes les agressions, sans jamais s’apitoyer sur elle-même.


Mardi 8 avril à 19h30

La Dernière des Folies d’Issa Karama (Akhar Genan,1965)
avec Ahmed Ramzy (Monem), Mohamed Awad (Fathi, le frère de Monem), Zizi El Badraoui (Nabila), Imad Hamdi (Docteur Hamdi), Abdel Monem Madbouly (le père de Nabila), Thuraya Fakhry (tante Sherbat), Amal Zayed (tante Khaira),George Sedhom (Ezzat, le frère de Monem), El Deif Ahmed (El Deif, un fou), Samir Ghanem (Samir, un fou), Zakaria Mowafy (l’officier de police)
Scénario : Hussein Abdel Nabi, Abdel Moneim Madbouly
Inspiré d’Arsenic et Vieilles Dentelles (1941) du dramaturge américain Joseph Kesselring qui en 1944 fera l’objet d’une première adaptation au cinéma réalisée par Frank Capra
Musique : Michel Youssef
Production : les films Karama


Après un long séjour passé à l’étranger pour ses études, Moneim est de retour en Egypte. Pendant ces années, il s’est lié avec sa condisciple Nabila qui elle aussi a terminé ses études. Ils ont fait le voyage ensemble et ils se séparent à l’aéroport du Caire. Moneim promet à sa fiancée de venir la voir à Alexandrie pour faire auprès de son père sa demande en mariage. Il sera accompagné de ses deux tantes et de son frère Fathi. Moneim retrouve ses deux vieilles parentes qui fêtent son retour avec allégresse. Malheureusement, il découvre que son frère Fathi a sombré dans une démence profonde : il se prend tantôt pour Hitler, tantôt pour Napoléon ou bien encore pour Ramsès II. Moneim est d’autant plus bouleversé par cette nouvelle que son autre frère, Ezzat, est toujours interné en hôpital psychiatrique. Ce qu’il craint le plus au monde, c’est lui aussi un jour de devenir fou. Il se rend chez un médecin qui le rassure. L’entrevue avec le père de Nabila se passe au mieux. Moneim avait pris soin de ne venir accompagné que d’une seule de ses tantes. Mais peu après, Nabila et son père se présentent au domicile des deux tantes alors que Moneim est à son travail. Les deux visiteurs font la connaissance de Fathi en pleine crise de démence…

Notre avis : la folie est un thème maintes fois exploité par les auteurs de comédies des années cinquante et soixante (Rappelons qu’en 1958, Issa Karama avait déjà réalisé « Ismaël Yassin chez les Fous ».). La plupart du temps, cela donne des films médiocres dans lesquelles on demande à quelques comiques de faire les pitres affublés de costumes variés. Dans ce genre, « La Dernière des Folies » nous semble un cas d’école. L’intrigue empruntée à « Arsenic et Vieilles Dentelles » n’est qu’un prétexte à empiler les numéros des quatre fantaisistes engagés pour faire rire le public. On a d’abord Mohamed Awad qui se déguise en Hitler (pas franchement du meilleur goût) puis en Napoléon tout en se livrant aux mêmes contorsions et grimaces d’un bout à l’autre du film. Mais il y a surtout le trio comique formé par George Sedhom, El Deif Ahmed et Samir Ghanem. Comme à leur habitude, les trois « copains » exécutent des numéros de music-hall avec application et sans finesse. Le fait qu’ici ils jouent des fous rend leur prestation plus fastidieuse qu’à l’ordinaire. Tous ceux qui ont œuvré à cette « Dernière des Folies » semble avoir oublié une chose : pour déclencher le rire, il ne suffit pas de se déguiser et de faire des grimaces, il faut des gags. Et cette « comédie » en manque cruellement.


Lundi 7 avril à 19h30

Nos plus beaux jours d'Helmy Halim (Ayyamine el helwa, 1955)
avec Omar Sharif (Ahmed), Faten Hamama (Houda), Abdel Halim Hafez (Ali), Ahmed Ramzy (Ramzy), Zahrat Al Oula (Salwa, la cousine d’Ahmed), Zinat Sedky (Zenobia), Serag Mounir (Oncle d’Ahmed), Aziza Helmy (la folle), Saïd Khalil (le médecin), Ibrahim Hechmat (le chirurgien), Ahmed Saïd (docteur Shouqi Yassin), Fifi Sayed (la tante d’Houda), Abel Moneim Ismaël (Monsieur Gomah), Ali Rushdy (le frère de la folle)
Scénario et dialogues : Ali El Zorkani
Musique : Morsi Gamil Aziz, Kamal Al Tawil, Mohamed Al Mogi
Production : Helmy Halim
C‘est la deuxième fois qu’Omar Sharif et Faten Hamama se retrouvent dans un même film. Ils se sont rencontrés l’année précédente sur le tournage de Ciel d’Enfer de Youssef Chahine.


Houda est une jeune fille qui vient de sortir de l’orphelinat. Elle a trouvé un emploi de garde-malade et elle loue une chambre dans une grande maison tenue par madame Zenobia. Elle a comme voisins trois étudiants, Ahmed, Ramzy et Ali. Ils sont immédiatement conquis par la beauté et la gentillesse de la jeune femme et elle devient aussitôt le quatrième membre de la petite bande. Progressivement, Houda et Ahmed vont être attirés l’un par l’autre, ce qui va provoquer la jalousie de Ramzy. Mais la jeune femme tombe gravement malade et son état nécessite une opération chirurgicale qu’elle est incapable de payer. Les trois garçons vont tout entreprendre pour réunir la somme exigée par l’hôpital…

Notre avis : malgré une intrigue un peu mièvre, un film qui n'est pas sans charme. L’une des raisons à cela, c’est qu’on assiste à l’apparition d’une nouvelle génération d’acteurs particulièrement talentueuse : les cinq rôles principaux sont tenus par des garçons et des filles qui sont nés autour de 1930*. Ils ont donc une vingtaine d’années et ils ne sont pas encore les monstres sacrés qu’ils ne tarderont pas à devenir. On ne peut non plus rester insensible au duo formé par Faten Hamama et Omar Sharif (qui dans la vraie vie sont tombés amoureux l’un de l’autre quelques mois auparavant). L’une des plus belles scènes du film est celle de leur « colloque sentimental » au pied des pyramides.

*Omar Sharif est né en 1932 , Faten Hamama en 1931, Abdel Halim Hafez en 1929, Ahmed Ramzy en 1930, Zahrat Al Oula en 1934


Samedi 5 avril à 17h

Khaled après le changement de Yehya Al Alami ( Khaleel ba'd el-ta'deel, 1987)
avec Mahmoud Abdel Aziz (Khalil), Layla Olwy (Hala), Soad Nasr (Zeinab, la première femme de Khalil), Hussein El Sherbiny (Kamal Al Zafarani), Naima El Sogheir (Fathia, la mère de Hala), Mahmoud Abu-Zeid (Sobhi, le beau-père de Hala), Jihan Nasr (Amina, la fille de Khalil), Moamen Hassan (Mohamed, le fils de Khalil), Hussein Arar, Mohamed Atris (u employé de banque), Hosni Saqr (un administrateur de la banque), Hassan Anwar
Scénario et dialogues : G aber Abdel Salam et Nabil Gholam
Musique : Mukhtar El Sayed


Comédie. Khalil, simple comptable, devient directeur de l’établissement bancaire dans lequel il travaille. C’est un homme maladroit et timide, marié et père de deux enfants. Pour l’aider dans les lourdes tâches qui sont les siennes, il peut compter sur sa secrétaire, Hala. Cette jeune femme est non seulement très compétente mais aussi très séduisante. Elle vit avec sa mère et son beau-père. Ce dernier est sans emploi et il a sombré dans l’alcoolisme. Il contraint sa belle-fille à lui verser une grande partie de son salaire. Hala n’en peut plus et n’a qu’un rêve : quitter le toit maternel. Elle fréquente Kamal, le fils d’un pacha, qui lui fait une cour assidue mais elle se méfie de lui. Elle ne sait pas ce qu’il attend d’elle. En fait, on apprendra plus tard que ce Kamal est un ami de Kahlil et que c’est un coureur de jupons invétéré. Mais le destin semble enfin sourire à la jeune femme. Khalil est subjugué par son élégance et sa culture si bien qu’entre son patron et elle, les liens professionnels deviennent très vite amoureux. Hala entreprend de transformer Khalil, elle veut en faire un homme du monde : elle change intégralement sa garde-robe et le conduit dans les boites de nuit les plus branchées de la capitale. Ils finissent même par se marier…

Notre avis : un ratage parmi d’autres en ces années 80 fertiles en navets de tout acabit. Le scénario comporte bien des faiblesses avec notamment une construction bancale, des péripéties hautement prévisibles et un dénouement moralisateur. Mais le plus navrant, c’est l’interprétation. On a à la fois des acteurs peu inspirés et des erreurs manifestes de casting. Mahmoud Abdel Aziz a dû penser que ce film lui offrirait l’occasion de déployer tout son talent d’acteur dans un rôle de composition. Le résultat, c’est un jeu caricatural à l’excès qui ôte toute crédibilité à son personnage. Layla Olwy ne s’en sort pas mieux dans le rôle de la jeune secrétaire élégante et cultivée. Qu’est-ce qui a bien pu passer dans la tête des producteurs pour lui demander d’incarner un personnage qui lui ressemble si peu ? Nous paraît tout aussi incompréhensible le choix d’Hussein El Sherbiny pour jouer un fringant séducteur, fils de Pacha (lors du tournage du film, il a 52 ans !). Quant au beau-père alcoolique, il est interprété par un acteur d’un amateurisme sidérant. Pour finir sur une note positive, nous dirons que la musique du film est en parfaite harmonie avec tout le reste.


Vendredi 4 avril à 19h30

Les Jolies Belles-Mères d'Helmy Rafla ( Al Hamawat Al Fatenat, 1953)
avec Kamal el-Shennawi (Samir), Cariman (Nabila), Ismaïl Yassin (Baghat), Mary Moneib (la mère de Samir), Mimi Chakib (la mère de Nabila), Abdel Azim Kamel (le médecin), Abdel Salam El Nabulsi (Hanemm, le masseur), Wedad Hamdy (la nourrice), Zoheir Sabri (Gamal, le fils du directeur), Ibrahim Hichmat (le directeur), Abbas Rahmy (le juge), Abdel Moneim Saoudi (le mathoun)
Scénario et dialogues : Abou Al Seoud Al Ebiary
Musique : Fathy Qoura, Ahmed Sabra, Hassan Abou Zayed, Fouad El Zahry


Comédie. Samir est un jeune homme d’une vingtaine d’années qui jouit d’une bonne situation. Il épouse enfin Nabila, la jeune fille qu’il aime depuis des années. Behjat, son meilleur ami, le met en garde contre les inconvénients du mariage mais Samir passe outre. Le voyage de noces des deux tourtereaux est un enchantement et comble de bonheur, quelque temps après leur retour, ils apprennent que Nabila est enceinte. Malheureusement, par leur comportement jaloux et tyrannique, les deux futures grands-mères font vivre un véritable enfer au jeune couple…

Notre avis : après « Ma Belle-Mère est une Bombe Atomique », voici ‘Les Jolies Belles-Mères ». Cette nouvelle variation sur ce thème inépuisable de la belle-mère intrusive et despotique n’a pas le charme de la première. Le scénario se réduit à quelques idées pas très originales et pendant la majeure partie du film on assiste aux interminables disputes des deux grands-mères. Plus embêtant encore : Mary Moneib et Mimi Chakib ne jouent pas très bien et leur jeu devient même pénible dans le dénouement. A noter que c’est le premier film de Cariman. Elle a dix-sept ans et elle fait franchement moins, ce qui est un peu gênant pour incarner une jeune épouse qui vient d’être mère.


Jeudi 3 avril à 23h

Tuha d’Hassan El Seifi (1958)
avec Hind Rostom (Tuha), Mohsen Sarhan (Rashad, le chauffeur de bus), Zahrat Al Oula (Safaa, la sœur de Rachad), Mahmoud Ismail (Fagla, l’assistant de Tuha), Mohamed Sobeih (Sayed, le boulanger), Mohamed El Sabaa (Nahla), Abdel Ghani El Nagdi (Baqlaz, l’épicier), Nagwa Fouad (la danseuse), Mohamed Abdel Moteleb (le chanteur), Mohamed Tawfiq (Daqa, le boulanger), Qadria Kamel (la femme de Fagla), Abdel Moneim Ismail (Alula, le gérant de la compagnie de taxis), Ahmed Saïd (Cheikh Ibrahim), Abd Al Azim Kamel (le médecin de Tuha), Aly Abd El Al (le serveur du restaurant), Hussein Ismael (le vendeur de fruits et de légumes), Ali Kamal (le voisin de Tuha)
Scénario : Mahmoud Ismail
Musique : Attia Sharara
Production : Abdel Fattah Mansi

 

Tuha est une jeune femme belle et puissante. Elle règne sur tout un empire : elle possède une boulangerie, une épicerie et une compagnie de taxi. Dans le quartier, on la craint et elle exige une soumission totale de tous les hommes qui travaillent pour elle. Elle mène sa vie amoureuse comme sa vie professionnelle. Elle ne supporte pas qu’un homme sur lequel elle a jeté son dévolu puisse lui résister. Elle a été mariée onze fois et elle s’attaque aussi bien aux célibataires qu’aux hommes mariés. Rashad est un jeune homme qui vient de s’installer dans le quartier avec sa jeune sœur. Tuha a tout de suite repéré ce nouveau résident. Elle n’a plus qu’une idée en tête : le séduire. Malheureusement Rashad n’est pas du tout attiré par cette Dom Juan en jupons et il n’a de cesse de repousser ses avances. Tuha devient folle de désir : avec l’aide de son assistant Fagla elle est prête à tout pour conquérir le nouvel élu de son cœur…

Notre avis : Hassan El Seifi avec son scénariste Mahmoud Ismaïl tournera quatre films autour d’une héroïne forte qui parvient à s’imposer dans un monde d’hommes. C’est d’abord en 1956, « Samira » avec Taheya Carioca, et « Zanuba » avec Samia Gamal, puis en 1958, il y a « Mon Amour Brun » avec Taheya Carioca et Samia Gamal réunies et enfin « Tuha » avec Hind Rostom. Nous avons toujours apprécié le talent de Mahmoud Ismaïl, comme acteur mais surtout comme scénariste. Si dans ce film nous retrouvons bien son univers sombre et violent avec ses personnages sans scrupule uniquement préoccupés par la satisfaction immédiate de tous leurs désirs, le scénario comporte néanmoins certaines facilités et surtout certaines invraisemblances. Le jeu outré d’Hind Rostom, pourtant plus belle que jamais, n’évite pas toujours la caricature. Dans ce type de rôle, Taheya Carioca s’en sort bien mieux : elle ne se sent pas obligée de surjouer la virilité bourrue pour incarner l’autorité et la puissance.


Mercredi 2 avril à 17h

Monsieur le Concierge d'Hassan Ibrahim  (El Beih El Bawwab, 1987)
avec Fouad El-Mohandes (Fahrat), Ragaa Al-Gidawy (la femme de Fahrat), Mohamed Reda (Abdel Rahman Bey), Safia El Emari (la femme d’Abdel Rahman Bey), Sayed Zayan (l’escroc), Ahmed Zaki (Abdel Samia), Muhja Abdul Rahman (Zeinab, la femme d’Abdel Samia), Wael Nour (Salah, la fils de Fahrat), Azza Labieb (Samia, la fille de Fahrat), Raafat Labib (Mustafa, le plus jeune fils de Fahrat), Helmy Abdel Wahab (le garagiste), Farouk Soleiman (l’agent immobilier)
Scénario : Youssef Gohar
Musique : Hani Mehanna, Ibrahim Ragab, Ahmed Zaki



Abdel Samia et sa petite famille ont quitté la Haute-Egypte pour s’installer au Caire dans l’espoir d’une vie meilleure. Leur aventure commence très mal : dans le train, un escroc leur a dérobé leur argent et une partie de leurs affaires et, une fois arrivés dans la capitale, ils errent dans les rues à la recherche d’un travail et d’un logement. Après avoir essuyé de nombreux refus, ils finissent par rencontrer un garagiste qui aide Abdel Samia à obtenir un emploi de concierge dans une luxueuse résidence. La petite famille retrouve espoir. Abdel Samia gagne très vite la confiance des résidents de l’immeuble et il devient même le courtier officieux de certains d’entre eux…

Notre avis : une évocation pleine de truculence du Caire des années quatre-vingt et une illustration réjouissante de la dialectique du maître et de l'esclave chère à Hegel. Avec dans le rôle principal, un Ahmed Zaki magistral qui fait feu de tout bois. En ouverture, une scène d'anthologie : le héros et sa petite famille qui ont pris place dans le train pour la capitale se font escroquer par un Tartuffe joué par un Sayed Zayan époustouflant de verve et de drôlerie. Enfin, une galerie de personnages féminins haut en couleur. "Monsieur le Concierge" constitue une belle surprise en cette fin des années quatre-vingt qui nous ont habitués à tant de productions médiocres. 


Mardi 1er avril à 19h30

Trente Jours en Prison de Niazi Mostafa (30 youm fil sign, 1966)
avec Abou Bakr Ezzat (Medhat), Farid Shawki (Amshir), Nawal Abou Al Foutouh (Azhar), Hassan Hamed (Ibn Al Janawi), Soheir El-Barouni (l’employée de maison), Mimi Chakib (la mère de Soheir), Mohamed Reda (Hangal le voleur), Ibrahim Saafan (l’avocat), Madiha Kamel (Soheir), Samir Ghanem (son propre rôle), Ahmed El Deif (son propre rôle), George Sedhom (son propre rôle)
D’après une histoire de Naguib El Rihani et de Badie’ Khairy
Scénario : Abdel Hay Adib et Niazi Mostafa
Musique : Hussein Al Saïd
Chansons : Samir Ghanem, Ahmed El Deif, George Sedhom
Production : Films Ihab Leithi


Medhat dirige le cabaret « le Trocadéro » qui appartient à Madame Fawzia. Il doit épouser la fille de cette dernière mais il entretient aussi une relation amoureuse avec Azhar, une jeune actrice très ambitieuse. Pour garantir la sécurité de l’établissement qu’il dirige, il a embauché Amshir, un hercule de foire. Ce dernier est un brave garçon mais il a tendance a abusé de sa force à contretemps. Justement, ce soir-là, un personnage important dîne au cabaret. Il travaille dans le cinéma et il pourrait jouer un rôle déterminant dans la carrière d’Azhar. Medhat se trouve à sa table et par inadvertance, il brûle la moustache de l’homme. Fureur du « brûlé » qui frappe Medhat. C’est à ce moment-là qu’intervient Amshir : il assomme l’agresseur de son patron mais les hommes de celui-ci répliquent à leur tour. La mêlée devient générale. La police puis la justice s’en mêlent. Un procès a lieu. Medhat est condamné à trente jours de prison. Contre de l’argent, Amshir accepte de purger la peine à la place de son patron. Il rejoint le centre pénitentiaire sous le nom de Medhat tandis que le vrai Medhat est parti en voyage au Liban.

Notre avis : une comédie avec dans l’un des rôles principaux Abou Bakr Ezzat, un excellent comédien plutôt habitué aux seconds rôles. Dans « Trente Jours en Prison », il incarne avec une belle énergie un gérant de cabaret particulièrement veule et mufle. Malheureusement le scénario souffre cruellement d’un manque de punch. Les scènes s’étirent sans raison avec des dialogues inutilement explicatifs. Visiblement, les auteurs ne connaissent pas la fonction de l’ellipse dans la construction d'un récit. La partie la plus faible du film, et c’est aussi la plus longue, est sans conteste celle du séjour en prison d’Amshir. Il faut supporter pendant près d’une demi-heure un méli-mélo de gags puérils et de numéros de cabaret exécutés par Les Trois Lumières du Théâtre. Eprouvant ! A part ça, Nawal Abou Al Foutouh et Madiha Kamel sont charmantes.