jeudi 31 octobre 2013

Nuit et Désir (Layla wa Raghba - 1977)

ليل ورغبة
إخراج : يحيى العلمى



Nuit et Désir a été réalisé par Yehya Al Alami en 1977.

Distribution : Hussein Fahmy (Yousri),  Hussein El Sherbini (Shawki, le frère), Salah Mansour (Hussein, le père), Nagwa Fouad (Fifi), Farida Saif Al Nasr (Houda), Mervat Amine (Layla), Hayatem (la prostituée)
Scénario : Samir Nawar
Production : les films Mohamed Younès

L’histoire est inspirée d’A l’Est d’Eden du cinéaste américain Elia Kazan (1954), film qui est l’adaptation du roman éponyme de John Steinbeck (1952).
A noter qu’Hassan Al Imam avait déjà réalisé un remake du film d’Elia Kazan, en 1974, sous le curieux titre d’Etrange O Temps.

Hussein El Sherbini
                          


Hussein Fahmy et Mervat Amine
                                                                                            


Farida Saif Al Nasr
                      


Hussein Fahmy et Salah Mansour
                                                                                            


Hayatem
                               


Nagwa Fouad et Hussein Fahmy
                                                                                       


Nagwa Fouad et Hussein Fahmy



Résumé

Hussein est un chef d’entreprise intransigeant et un père de famille tyrannique. Il a deux fils : Shawky qu’il a toujours favorisé et qui sera son successeur à la tête de la société et Yousry qui n’a pas fait d’études supérieures comme son frère et qui occupe un rôle subalterne dans l’usine.
Yousry est tombé amoureux de Layla, la fille de l’adjoint de son père. Les deux jeunes gens souhaitent se marier mais Hussein ne veut pas entendre parler de ce projet. Il exige que Layla épouse Shawky. Le père de la jeune fille ne peut s’opposer au désir de son patron. Le mariage a lieu bien que Shawky lui-même soit amoureux d’une ouvrière qui travaille dans l’usine familiale. La nouvelle union est vouée à l’échec : Layla se refusera obstinément à son mari qui humilié se consolera dans les bras d’une prostituée.
Quant à Yousry, il n’a plus remis les pieds dans l’usine et oublie son désespoir en entretenant une liaison avec Fifi, une danseuse.
En père égoïste, Hussein savoure sa victoire et se réjouit d’avoir fait le malheur des siens.
Quelque temps après, l’entreprise connaît des difficultés et malgré les efforts de tout le personnel, le dépôt de bilan est inévitable. Hussein meurt d’une crise cardiaque.
En accord avec son frère, Yousry prend la direction de l’usine avec pour mission de la faire renaître. Il renonce aussi à son amour pour Layla qui retourne chez son père.


Critique

Un mélodrame poussif avec comme bande son dans une scène sur deux, le thème musical composé par Gilbert Bécaud pour le film de René Clément  «  la Maison sous les Arbres ». Excellent choix de la part de  Yehya El Alami : « la Maison sous les Arbres »  est le plus mauvais film de R Clément et la musique  de Bécaud atteint des sommets dans la mièvrerie kitch.
Une mise en scène minimale. Les comédiens sont à peine dirigés. Le corps pétrifié, ils débitent sans conviction leurs répliques face à leurs partenaires d’infortune. Mervat Amine semble totalement absente. Seule, Nagwa Fouad tire son épingle du jeu grâce à quelques apparitions incendiaires.

Appréciation : 2/5
**
Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

lundi 28 octobre 2013

Danse : Naima Akef


نعيمة عاكف


Naima Akef (1929-1966)
Toute son enfance se passe dans le cirque que son grand-père a fondé au début des années trente. Ses parents s’y  produisent comme acrobates. Naima se forme à toutes les disciplines de la piste  mais on prétend que c’est au trapèze qu’elle fait surtout sensation.

En 1943, ses parents divorcent et le cirque s’arrête. Grâce à ses relations son grand-père lui fait passer une audition devant Badia Masabni. Cette dernière est impressionnée par le talent de la jeune fille. Elle l’engage aussitôt et Naima devient très vite la danseuse vedette de son cabaret, l’Opera Casino.

Son premier film est le Pain et le Sel (connu aussi sous le titre Le Pain Partagé) de Hussein Fawzi en 1949. Ce dernier l’épousera et la fera jouer dans une quinzaine de films qui seront tous des succès commerciaux. En 1957, elle est élue meilleure danseuse du monde au festival de la Jeunesse mondiale ayant lieu à Moscou.

En 1958, Naima et Hussein Fawzi divorcent et mettent un terme à leur collaboration artistique. Elle abandonne le cinéma en 1964 et meurt d’un cancer deux ans plus tard. Elle avait 36 ans.

Filmographie :

 1964
Le Prince Habile (Amir El Daha) de Henry Barakat
 Pour Hanafi (Min agl Hanafi) Hassan al Saifi

1963
 La marchande de journaux (Bayya’at al Garayid) de Hassan al Imam

1962
La Malette Noire de Hassan al Saifi

1960
Le Bandit de Grand Chemin de Hassan al Saifi
le Khoulkhal de ma Bien-aimée (kholkhal Habiby) de Hassan Reda

1958
Je t'aime, Hassan (Ahibbak ya Hasan) de Hussein Fawzi

1957
Fleur de Henné (Tamr Henna) de Hussein Fawzi

1955
 L’école des Filles (madrasat al banat) de Kamel al Telmessani
 Un Océan d'Amour (bahr al gharam) de Hussein Fawzi

1954
Aziza  de Hussein Fawzi
Lumière de mes Yeux (Nour Ouyouni) de Hussein Fawzi
Quatre filles et un officier (Arba banat wa dabit) d'Anwar Wagdi

1953
Un million de livres (Million Ginih) de Hussein Fawzi

1952
Le Tigre (Al Nimr) de Hussein Fawzi
C'est beau l’amour (Ya  Halawat al Houb) de Hussein Fawzi

1951
La Fille du Cirque (Fatat al Sirk) de Hussein Fawzi
Tout s'arrange (Fourigat) de Hussein Fawzi

1950
Papa se marie (Baba ‘aris) de Hussein Fawzi
Populaire et Sympathique (Baladi wa Khiffah) de Hussein Fawzi

1949
Le Pain Partagé (al ich wa l milh) de Hussein Fawzi
Lahalibo de Hussein Fawzi
Le Paradis et l’Enfer de Hussein Fawzi
La Maîtresse de Maison (Sit al bayt) de Ahmed Kamel Morsi

Naima Akef dans C'est Beau l'Amour de Hussein Fawzi (1952)

samedi 19 octobre 2013

Où est ma vie ? (Aina Omri - 1956)

أين عمري
إخراج : أحمد ضياء الدين


Où est ma vie ? a été réalisé par Ahmed Diaa Eddine en 1956.
Distribution : Yehia Chahine (Docteur Khaled), Magda al-Sabahi (Aliah), Zaki Rostom (Aziz), Ahmed Ramzy (Adel), Mimi Chakib (Houria Hanim), Ferdoos Mohamed (la gouvernante) Scénario : Ali El Zorkani
Où est ma vie ? est la première adaptation au cinéma d’un roman de l'écrivain Ihsan Abdul Quddus (sans doute l’auteur qui a inspiré le plus grand nombre de cinéastes égyptiens : plus de quarante de ses œuvres ont été portées à l’écran).
Musique : Edvard Grieg (Peer Gynt)
Production : Magda al Sabahi
figure dans la liste des 100 films les plus importants du cinéma égyptien


Magda Al Sabahi et Ferdoos Mohamed



                                                                                         












   Ahmed Ramzy et Magda Al-Sabahi
             
Zaki Rostom et Mimi Chakib
















Magda Al Sabahi et Mimi Chakib

                                                                                            


              











Yehia Chahine



                                                                                                         












Résumé
 
Aliah vit entre sa mère et sa gouvernante dans une villa confortable d’Héliopolis (ville créée par le baron Empain au début du XXe siècle. Avec l’extension du Caire, c’est devenu un quartier cossu de la capitale). Elle est scolarisée dans une institution pour jeunes filles de bonnes familles. Malgré cette situation privilégiée, Aliah est lasse de sa vie de petite lycéenne. Et quand Aziz, un ami de ses parents la demande en mariage, elle est folle de joie. Malgré la grande différence d’âge, sa mère consent à l’union. Il est vrai que celle-ci connaît des difficultés financières et que son futur gendre jouit d’une grande fortune.
Malheureusement, très vite, Aziz va révéler son véritable caractère : jaloux et violent. Il installe sa jeune femme dans l’une de ses propriétés loin du Caire. Y vivent déjà ses deux sœurs, vieilles filles aigries et méchantes. Aliah se sent prisonnière.
Lors d’une escapade à cheval, elle rencontre un jeune médecin. Elle en tombe aussitôt amoureuse. Elle ne peut le dissimuler à son mari. Ce dernier devient de plus en plus violent. Il la séquestre et la bat régulièrement. Un soir n’en pouvant plus, Aliah se sauve à cheval du domicile conjugal. Elle pense trouver refuge chez le docteur Khaled mais celui-ci refuse de l’accueillir : ce serait contraire à la morale, elle doit retourner chez son mari. Il referme sa porte, laissant la pauvre Aliah face à Aziz qui l’avait suivie. Alors qu’il s’apprête à la frapper, le cheval qu’Aliah tenait par la bride se cabre et le projette à terre. Le jaloux meurt sous les coups de sabots de l’animal.
Aliah, veuve, est retournée vivre chez sa mère. Le docteur Khaled a tenté de renouer avec la jeune femme mais celle-ci lui en veut de l’avoir abandonnée quand elle lui demandait de l’aide. Bien qu’il se soit installé dans le même quartier que sa mère, elle refuse de le revoir. Elle passe ses journées à se promener. Lors d’une de ses sorties elle rencontre un jeune homme prénommé Adel. Ils conviennent de se retrouver à la terrasse d’un café pour faire plus ample connaissance. Leur entrevue a un témoin très intéressé : Houria, une femme qui tient un club où de riches hommes mûrs rencontrent des jeunes filles peu farouches. Elle entre en contact avec Adel et le convainc de venir dans son club avec son amie.
Aliah est destinée à l’un des meilleurs clients d’Houria et tout est mis en œuvre pour que la jeune femme tombe dans ses bras sans résister. Adel a bu plus que de raison et n'est plus en état de la défendre. C’est sans compter sur le Docteur Khaled qui fait son apparition au moment le plus critique. Il distribue quelques coups de poing aux hommes présents et raccompagne Aliah chez sa mère.
Au milieu de la nuit, Adel, ivre mort, s’introduit dans la chambre de la jeune femme et tente de la violer. Aliah parvient à échapper à son emprise et sort de la maison. Son agresseur saute dans sa voiture et la poursuit alors qu'elle se dirige vers le domicile du docteur Khaled en hurlant son nom. Celui-ci sort aussitôt de chez lui, Aliah se jette dans ses bras.


Critique

Un très beau mélodrame de facture classique avec des actrices et des acteurs de grand talent. Où est ma vie ? évoque le destin d'une femme au lendemain de la chute de la monarchie et de la prise de pouvoir par les officiers libres. Aliah,  l'héroïne, est un personnage tragique dont toutes les tentatives pour échapper aux hommes sont vouées à l'échec. On la voit fuir, à pied, à cheval, on la voit frapper du poing des portes pour qu'enfin elles s'ouvrent. Rien n'y fait. Elle ne quittera pas la prison à laquelle sa condition de femme la condamne. Et on se doute que son sauveur, le docteur Khaled, ne sera pas plus "progressiste" que son premier mari.
A propose de Où est ma vie ? Kamal Ramzi écrit dans le catalogue de l'exposition Egypte, Cent Ans de Cinéma (Editions Plume, 1995) : "Le film s'accorde avec le climat psychologique de l'époque : quatre ans à peine se sont écoulés depuis la révolution, et les idées d'indépendance politique, d'équité sociale et économique sont à leur faîte. La certitude confiante de pouvoir dépasser le pessimisme, les difficultés du passé, de déterminer librement son destin collectif et individuel prédomine. (...) Outre son vieux mari égoïste, [l'héroïne] affronte tout son entourage, faisant fi des interdits, résolue à sauver les années qui lui restent à vivre."
Commentaire un peu étrange ! Difficile de trouver dans cette oeuvre d'Ahmed Diaa Eddine, une vision optimiste de la condition féminine dans l'Egypte nassérienne. Au contraire ! Le dénouement affirme nettement que le désir de la femme de se libérer de l'emprise de l'homme est illusoire. Tout est fait pour convaincre la femme qu'elle ne trouvera la sécurité et le bonheur qu'auprès d'un mari. Hors du mariage, point de salut ! Aliah devra donc abandonner tous ses rêves d'émancipation et d'indépendance.  
Et si l’on souhaite vraiment considérer Où est ma vie ? comme un indicateur de l’état d’esprit qui régnait en Egypte au milieu des années cinquante, il faudrait plutôt parler de scepticisme généralisé qui tend à regarder le mouvement des officiers libres de 1952 comme une révolution en trompe l’œil. Quatre ans après la prise de pouvoir par Nasser et ses amis, les fondements traditionnels de la société sont plus solides que jamais et ce que nous montre très bien ce film, c'est que les femmes n'ont pas grand chose à attendre de cette nouvelle ère politique. Un constat d'une lucidité rare !


Appréciation : 4/5
****                                                                                    

dimanche 13 octobre 2013

Danse : Zeinat Olwi, 1955

زينات علوي


Zeinat Olwi a 25 ans. Elle danse dans le film d'Henry Barakat Des Jours et des Nuits (1955). Le rôle principal est tenu par le chanteur Abdel Halim Hafez et la musique est composée par Mohamed Abdel Wahab.
Zeinat Olwi a commencé très jeune sa carrière de danseuse. Comme Samia Gamal et Taheya Carioca, elle a été repérée par Badia Masabni qui en fait l'une des vedettes de son club. Elle apparaît pour la première fois au cinéma en 1951 dans un film de Habbas Kamel, Shebbak Habibi (My Beloved's Window). Elle arrête sa carrière en 1970 et meurt en 1988.

jeudi 10 octobre 2013

Ma Soeur (Oukhti - 1971)

أختي
إخراج : هنري بركات


 


Ma Soeur a été réalisé par Henry Barakat en 1971. 
Distribution : Nagla Fathy (Sawsan), Madiha Kamel (Madiha), Samir Sabri (Ezzat), Zizi Mustafa (Samira), Mahmoud Yassin (Hassan), Alia Abdel Moneim (la mère de Sawsan)
Scénario :Mohamed Mostafa Samy
d'après une histoire d'Ihsan Abdul Quddus
Production : Naguib Ramsès

Madiha Kamel




Samir Sabri et Madiha Kamel
















Nagla Fathy et Mahmoud Yassin







Zizi Mustafa et Samir Sabri


Zizi Mustafa


 
Résumé

Hassan est un jeune ingénieur encore célibataire. Un soir il rencontre Sawsan, une jeune femme très libre . Il en tombe amoureux. Quelque temps après Hassan est muté en Haute-Egypte. L’isolement lui pèse malgré la sympathie que lui manifestent ses voisins, un vieux couple d’origine grecque. Heureusement, Sawsan accepte de le rejoindre. Pour ne pas choquer la population locale, elle se fait passer pour sa sœur. Au début tout va pour le mieux. Sawsan est tout de suite acceptée par les femmes de la petite ville. Mais très vite, les rumeurs et les ragots transforment la vie des deux tourtereaux en un véritable enfer. La situation est devenue intenable : Sawsan retourne au Caire, laissant Hassan seul et abattu. Elle retrouve son amie Madiha…  


Critique

Ma Soeur ne compte pas parmi les chefs d'oeuvre du cinéaste mais c'est un film attachant servi par une interprétation sans aucune fausse note (Madiha Kamel y est remarquable.). La distribution réunit trois des plus belles actrices de l'époque et le spectateur aurait tort de bouder son plaisir. A travers cette chronique douce-amère, Henry Barakat et son scénariste jettent un regard lucide et désenchanté (déjà !) sur la condition féminine dans l'Egypte de la fin des années soixante. On soulignera la position courageuse des auteurs concernant la prostitution. Elle est présentée de manière explicite dès l'affiche. On peut y lire la traduction arabe des paroles du Christ à propos de la femme adultère : " Que celui qui n'a jamais péché lui jette la première pierre. " (Evangile selon Saint-Jean) On pourra déplorer que la bande son fasse un usage excessif du concerto d’Aranjuez de Joaquín Rodrigo, un défaut récurrent dans le cinéma égyptien des années soixante-dix.

Appréciation : 3/5
***

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

vendredi 4 octobre 2013

Danse : Nagwa Fouad, 1976

نجوى فؤاد




Nagwa Fouad a 37 ans. Elle danse pour le film de Helmy Rafla, Non, toi qui fus mon amour (traduction mot à mot du titre en langue arabe : La Ya Min Kont Abibi). Le couple qui a pris place à l'une des tables du cabaret est constitué de deux des vedettes du film : Nagla Fathy et Samir Sabri.
En 1976, Nagwa Fouad est au sommet de sa carrière de danseuse. C'est cette même année que le célèbre compositeur Mohamed Abdel Wahab écrit pour elle la musique de son spectacle Qamar Arba'tashar. Cette partition va la conduire à révolutionner la danse orientale en lui donnant une dimension dramatique.